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905. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Œuvres complètes de Molière »

Dans ces éditions des Classiques que de grandes maisons de librairie entreprennent, on commence le plus volontiers par Molière. […] L’année suivante, Molière part pour la province, à la tête de sa troupe qui a quitté son titre magnifique et renouvelé en partie son personnel ; il commence sa vie aventureuse de comédien de campagne, qui ne se terminera qu’en 1658. […] Pour comble d’à-propos, la France, participant tout entière à cette ébullition fantasque (la Fronde) qui avait commencé à Paris, s’étalait palpitante sous le regard curieux qui l’étudiait.

906. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Oeuvres inédites de la Rochefoucauld publiées d’après les manuscrits et précédées de l’histoire de sa vie, par M. Édouard de Barthélémy. »

Je ne sais si beaucoup de gens sont comme moi, mais j’avoue que par moments je commence a en avoir assez de la littérature du XVIIe siècle. […] Un père me disait un jour, en voyant son fils pâlir dès l’âge de douze ans sur les vieux livres, non pour les lire et en tirer des pensées, mais pour en admirer les vignettes, les fermoirs, les reliures (et le fils est devenu depuis un bibliophile féroce) : « Au moins il a un noble goût. » Un galant marquis, âme ardente, qui avait connu toutes les passions, chasse, amour, cavalcades effrénées, et qui finissait par les livres, répondait à quelqu’un qui s’en étonnait : « Après tout, c’est encore moins ruineux que les femmes, les chevaux et les chiens. » Ainsi il peut être utile en même temps qu’il est honorable à un jeune homme de s’adonner aux curiosités des livres, et c’est rassurant pour les siens de le voir commencer par là ; mais alors pourquoi ne pas s’en tenir au simple goût d’amateur ? […] Je me borne à signaler, pour les cas où l’on me trouverait bien sévère, quelques autres passages qui achèveront de prouver la précipitation et l’incurie de l’écrivain et de l’éditeur : à la page 110, la phrase qui commence par ces mots : « Liancourt se décida à tenter l’aventure… » est inintelligible.

907. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite) »

La conquête de l’Angleterre par les Normands (1066) est la dernière en date des grandes invasions territoriales qui ont précédé partout le Moyen-Age, et le Moyen-Age était déjà commencé partout ailleurs quand elle eut lieu ; la langue, et partant la littérature anglaise qui en devait sortir, se trouva ainsi en retard sur les autres littératures du continent, particulièrement sur la française : elle s’inspira, elle s’imprégna d’abord de celle-ci, et elle n’acquit qu’avec le temps son juste tempérament, sa saveur propre. […] En un mot, n’allez pas donner raison à ce pessimiste qui me disait pas plus tard qu’hier encore : « Le moment n’est pas bon pour Pope, et il commence à devenir mauvais pour Horace. » 19. […] Mézières (1 vol. in-8°, librairie Charpentier, 1863); et aussi les Contemporains de Shakespeare, à commencer par Ben Jonson, traduits par M. 

908. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « La comédie de J. de La Bruyère : par M. Édouard Fournier. »

Son talent regarde deux siècles ; sa figure appartient à tous les deux ; il termine l’un : on dirait qu’il commence et introduit l’autre. […] « Et d’abord, pour commencer par la fin, je ne puis comprendre que La Bruyère étant mort bien authentiquement d’apoplexie, vous mentionniez ces sots bruits de poison autrement que pour les rejeter. […] Mon regret est celui-ci : c’est que vous ne commenciez jamais par présenter tout nettement le fait ou le texte positif, bien dégagé ; mettant à part et ensuite les interprétations et inductions que vous en tirez.

909. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 193-236

L’enfant alluma les cierges et la messe commença. […] Nous nous assîmes sur le bord de son lit, la main dans la main, puis il m’embrassa pour la première fois, sans que je fisse de résistance, et la nuit de nos noces commença par ces mots cachés au fond du cœur, qu’on ne dit qu’une fois et qu’on se rappelle toute sa vie. […] J’irai moi-même vous visiter souvent dans cette cahute et vous porter les consolations et les encouragements que votre figure honnête commence à m’inspirer.

910. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre IV. L’Histoire »

Dès 1820 il avait commencé à appliquer la même méthode à l’histoire de France : il s’était mis à lire la grande collection des historiens de France et des Gaules : et une indignation l’avait saisi en voyant comment les historiens modernes avaient « travesti les faits, dénaturé les caractères, imposé à tout une couleur fausse et indécise », combien de niaises anecdotes, de fables scandaleuses s’étaient substituées à la savoureuse simplicité de la vérité832. […] Il commença, dans ce double esprit, ses Lettres sur l’Histoire de France : mais son chef-d’œuvre, ce sont les Récits mérovingiens (1840). […] Michelet, désormais, se voue à la prédication démocratique ; et pour commencer, laissant là l’histoire de l’ancienne France, il court à la Révolution.

911. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Henry Rabusson »

On le savait avec une quasi-certitude aux deux derniers siècles et peut-être sous la Restauration, et on pouvait dire où il commençait et où il finissait. […] Il s’agirait de fixer ce qu’il faut de revenu à un homme intelligent et bien élevé pour commencer à être du monde, et ce qu’il en faut à un imbécile ou à un rustaud. […] Quand il se décide à faire un peu violence à Edmée, on pressent que c’est par logique, parce qu’il faut toujours en venir là, pour achever l’œuvre commencée et aussi « pour voir ».

912. (1829) De la poésie de style pp. 324-338

Mais une tentative directement contraire à celle-là commençait alors, qui, au lieu des abstractions de la physique, allait introduire partout les images physiques, c’est-à-dire le symbolisme. […] Or l’auteur de la Chaumière indienne commence déjà cette révolution dans le style. […] Qu’une coupe vidée est amère, et qu’un rêve Commencé dans l’ivresse avec terreur s’achève !

913. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Mme du Châtelet. Suite de Voltaire à Cirey. » pp. 266-285

Je ne crois pas qu’il existe en français de page plus sanglante, plus amèrement et plus cruellement satirique, que le portrait de Mme du Châtelet, de la divine Émilie, tracé par Mme Du Deffand (une amie intime), et qui commence par ces mots : « Représentez-vous une femme grande et sèche, sans etc., etc. » C’est chez Grimm qu’il faut lire ce portrait, qui a été mutilé et adouci ailleurs ; on n’ose en rien transcrire, de peur de brûler le papier. […] Elle commence par poser en principe « que nous n’avons rien à faire en ce monde qu’à nous y procurer des sensations et des sentiments agréables ». […] L’éclat de l’accident de Mme du Châtelet commença la réputation de Saint-Lambert et le lança brillamment dans le monde.

914. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Balzac. » pp. 443-463

Il commençait à arriver à la réputation en même temps que s’installait le nouveau régime promu en juillet 1830. […] Telle est la loi assez ordinaire dans ces influences réciproques entre le peintre et ses modèles : le romancier commence, il touche le vif, il l’exagère un peu ; la société se pique d’honneur et exécute ; et c’est ainsi que ce qui avait pu paraître d’abord exagéré finit par n’être plus que vraisemblable. […] Il y a un moment où, dans son analyse, le plexus véritable et réel finit et où le plexus illusoire commence, et il ne les distingue pas : la plupart de ses lecteurs, et surtout de ses lectrices, les ont confondus comme lui.

915. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Frédéric le Grand littérateur. » pp. 185-205

Voilà comme il se juge, et il avait raison à cette date ; cet homme de vingt-cinq ans sent qu’il n’est rien encore et qu’il n’a pas même commencé : « Quand des personnes d’un certain rang, fait-il remarquer, remplissent la moitié d’une carrière, on leur adjuge le prix que les autres ne reçoivent qu’après l’avoir achevée. » Et il s’indigne de cette différence de mesure, comme si l’on jugeait les princes d’une nature moindre que les autres hommes, et moins capables d’une action entière. […]  » Il ne semble pas se douter qu’ils ont, en effet, commencé de luire vers la fin de sa vie, et que Goethe déjà est venu. […] Il commence par causer quatre heures de suite avec d’Alembert ; il lui parle avec simplicité, avec modestie, de la philosophie, des lettres, de la paix, de la guerre, de toute chose.

916. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La princesse des Ursins. Lettres de Mme de Maintenon et de la princesse des Ursins — I. » pp. 401-420

Les lettres qu’elle écrit à Mme de Maintenon, et qui commencent aussitôt après son départ de Paris, ne nous rendent pas son esprit tout entier dans son vif et son brillant, elles nous le font du moins deviner par endroits ; et elles nous donnent bien les lignes principales de son caractère. […] Elle finit par soumettre ses vues sur les moyens de se défendre au plus tôt d’une invasion commencée tant du côté du Portugal que de celui de la Catalogne. […] Et puis n’oublions pas qu’elle avait soixante-quatre ans alors, un œil malade et un rhumatisme, ce qui fait un ensemble de conditions fâcheuses pour commencer le métier des armes en qualité de maréchal de camp d’une jeune princesse.

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