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726. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — L’abbé Boileau, et Jean-Baptiste Thiers. » pp. 297-306

Quelqu’un lui demandant à propos, de son livre des Attouchemens impurs & de toutes les matières licencieuses qu’il y traite, comment il avoit pu choisir de tels sujets : Je ne sçais , répondit l’abbé, mais je n’ai jamais pratiqué rien de pareil.

727. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre quatrième. Éloquence. — Chapitre IV. Bossuet orateur. »

» Le poète (on nous pardonnera de donner à Bossuet un titre qui fait la gloire de David), le poète continue de se faire entendre ; il ne touche plus la corde inspirée ; mais, baissant sa lyre d’un ton jusqu’à ce mode dont Salomon se servit pour chanter les troupeaux du mont Galaad, il soupire ces paroles paisibles : « Dans la solitude de Sainte-Fare, autant éloignée des voies du siècle, que sa bienheureuse situation la sépare de tout commerce du monde ; dans cette sainte montagne que Dieu avait choisie depuis mille ans ; où les épouses de Jésus-Christ faisaient revivre la beauté des anciens jours ; où les joies de la terre étaient inconnues ; où les vestiges des hommes du monde, des curieux et des vagabonds ne paraissaient pas ; sous la conduite de la sainte Abbesse, qui savait donner le lait aux enfants aussi bien que le pain aux forts, les commencements de la princesse Anne étaient heureux200. » Cette page, qu’on dirait extraite du livre de Ruth, n’a point épuisé le pinceau de Bossuet ; il lui reste encore assez de cette antique et douce couleur pour peindre une mort heureuse.

728. (1896) Les Jeunes, études et portraits

Le moment peut donc être bien choisi pour esquisser la physionomie de l’écrivain. […] Ils ont choisi le cas le plus grave, celui où la faute a eu des conséquences matérielles. […] Lavedan a traité le sujet qu’il s’était choisi. […] Elle vient au rendez-vous qu’il lui a fixé, dans la villa qu’il lui a choisie, à San Vito, au bord de la mer. […] … Il dépend d’eux de choisir la place qu’ils tiendront dans l’histoire des lettres.

729. (1911) Psychologie de l’invention (2e éd.) pp. 1-184

Bientôt il s’aperçoit que le choix de l’homme, le triage des individus choisis pour propager l’espèce, la sélection, est le grand facteur de la transformation. […] L’idée directrice générale intervient pour choisir, pour accepter ou rejeter les éléments qui lui sont offerts, mais, ces éléments, ce n’est généralement pas elle qui les évoque. […] Ce jeu fait naître continuellement, ou il isole et prépare de nouvelles idées, de nouvelles images, parmi lesquelles la tendance directrice choisit pour opérer la synthèse inventive. […] Poë, ayant à choisir un animal parlant, hésite entre le corbeau et le perroquet, M. Sardou doit choisir entre divers pays pour y situer l’action de son drame.

730. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome II

Éduquer un enfant, c’est lui apprendre à bien choisir, mais, pour cela, j’en reviens à la donnée même du problème posé par M.  […] Il nous disait l’art de Tolstoï pour choisir le détail évocateur, celui qui suggère tout un paysage. […] Taine, à choisir, pour élever un bien modeste monument à sa grande mémoire, ce coin retiré de Paris. […] Il a choisi le poème intitulé l’Aire périlleux. […] Plusieurs de ceux-ci ont été choisis par M. 

731. (1896) Psychologie de l’attention (3e éd.)

L’attention choisit entre plusieurs degrés de pression pour les comparer. […] Je demande à ne pas choisir entre ces trois hypothèses d’une valeur purement logique et dialectique et à poser la question autrement. […] Ici le but n’est plus donné par le hasard ou les circonstances ; il est voulu, choisi, accepté ou du moins subi ; il s’agit de s’y adapter, de trouver les moyens propres à maintenir l’attention : aussi cet état est-il toujours accompagné d’un sentiment quelconque d’effort. […] Le travail de direction consiste à choisir les états appropriés, aies maintenir (par inhibition) dans la conscience eu sorte qu’ils puissent proliférer à leur tour, et ainsi de suite par une série de choix, d’arrêts et de renforcements. […] L’exemple choisi est grossier à dessein, pour être clair.

732. (1899) Préfaces. — Les poètes contemporains. — Discours sur Victor Hugo pp. 215-309

Cette absence de principes esthétiques, ce dénûment déplorable de toute perception d’art, l’ont contrainte de choisir pour critérium d’examen la somme plus ou moins compacte d’enseignement moral contenu dans les œuvres qu’elle condamne ou qu’elle absout, et dont elle vit, si c’est là vivre. […] J’entends parler ici d’un public choisi, lettré, et qui, plus est, doué d’une certaine compréhension du Beau ; car les Méditations ne sont pas moins inaccessibles que les Harmonies elles-mêmes aux adorateurs du Dieu des bonnes gens. […] L’autre, au contraire, exige que le créateur se transporte tout entier à l’époque choisie et y revive exclusivement. […] Pour qu’un seul homme, toutefois, pût réaliser complètement un dessein aussi formidable, il fallait qu’il se fût assimilé tout d’abord l’histoire, la religion, la philosophie de chacune des races et des civilisations disparues ; qu’il se fit tour à tour, par un miracle d’intuition, une sorte de contemporain de chaque époque et qu’il y revécût exclusivement, au lieu d’y choisir des thèmes propres au développement des idées et des aspirations du temps où il vit en réalité. […] Notre-Dame de Paris, injustement critiquée par Gœthe, restera une vivante reconstruction archéologique et historique, telle que Victor Hugo l’a conçue et voulue, et quelles que soient les différentes façons de concevoir et de reproduire, dans une invention romanesque, les mœurs, les caractères, la vie des hommes du quinzième siècle, au moment de leur histoire choisi par l’auteur.

733. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre septième »

Sur les qualités de la personne, comme sur l’esprit de Louis XIV, on n’en est pas réduit à choisir entre des jugements contradictoires. […] « Il choisit le plus triste et le plus ingrat de tous les lieux » : où donc les embellissements étaient-ils plus nécessaires ? […] Il est vrai que la mort parut choisir, tout exprès, les plus nobles têtes, pour fournir matière à cette éloquence sans exemple dans l’histoire des lettres. […] De loin il étonne, de près il attache ; industrieux par sa bonté à faire trouver mille secrets agréments dans un seul bienfait ; d’un esprit vaste, pénétrant, réglé, il conçoit tout, il dit ce qu’il faut ; il connaît et les affaires et les hommes ; il les choisit, il les forme, il les applique dans le temps, il sait les renfermer dans leurs fonctions. […] Elle se trouve des forces que les siècles précédents ne savaient pas… Si les Français peuvent tout, c’est que leur roi est partout leur capitaine ; et après qu’il a choisi l’endroit principal qu’il doit animer par sa valeur, il agit de tous côtés par l’impulsion de sa vertu… Les politiques ne se mêlent plus de deviner ses desseins.

734. (1856) Cours familier de littérature. II « Xe entretien » pp. 217-327

Toutes les fois que vous donnerez à choisir à une société entre un échafaud ou un trône, elle choisira le trône ; et qui osera s’en étonner ? […] Chacun de nous se choisissait ensuite ses volumes de prédilection pour les savourer à loisir dans sa chambre pendant la nuit ou dans les bois pendant le jour. […] Si son génie et son grand cœur avaient pu se choisir une forme, il n’aurait pas pu en choisir une qui le satisfît davantage.

735. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE VIGNY (Servitude et Grandeur militaires.) » pp. 52-90

Une société choisie et lettrée se rassemblait chez M. […] Oui, dans cette muse si neuve qui m’occupe, je crois voir, à la Restauration, un orphelin de bonne famille qui a des oncles et des grands-oncles à l’étranger (Dante, Shakspeare, Klopstock, Byron) : l’orphelin, rentré dans sa patrie, parle avec un très-bon accent, avec une exquise élégance, mais non sans quelque embarras et lenteur, la plus noble langue française qui se puisse imaginer ; quelque chose d’inaccoutumé, d’étrange souvent, arrête, soit dans la nature des conceptions qu’il déploie, soit dans les pensées choisies qu’il exprime. […] Longtemps harcelé et raillé pour cette pièce de vers bonne ou mauvaise, mais sincère, qui a paru à quelques-uns une laideur et une énormité, il ne me déplaît pas que De Vigny, le noble et le pur, l’art précisément choisie exprès pour la distinguer.

736. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre II. Les bêtes »

Il choisit le miel et les fruits aussi habilement que l’homme ; il fait le dégoûté jusque chez le lion, et bouche sa narine. […] 129 On ne pouvait pas choisir d’arbitre plus imposant et plus grave. […] Il choisira parmi les oiseaux, « le peuple au col changeant, au coeur tendre et fidèle », la colombe compatissante qui jette un brin d’herbe à la fourmi qui se noie, qui met la paix entre les vautours ses ennemis.

737. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « M. Paul Verlaine et les poètes « symbolistes » & « décadents ». »

Dis-moi tout sans un mot d’orgueil ou de reprise Et m’offre le bouquet d’un repentir choisi ; Puis franchement et simplement viens-à ma table, Et je t’y bénirai d’un repas délectable Auquel l’ange n’aura lui-même qu’assisté. […] me voici tout en larme D’une joie extraordinaire ; votre voix Me fait comme du bien et du mal à la fois ; Et le mal et le bien, tout a les mêmes charmes… J’ai l’extase et j’ai la terreur d’être choisi ; Je suis indigne, mais je sais votre clémence. […] Il faut aussi que tu n’ailles point Choisir tes mots sans quelque méprise : Rien de plus cher que la chanson grise Où l’indécis au précis se joint… Car nous voulons la nuance encor Pas la couleur, rien que la nuance Oh !

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