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372. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 193-236

Le père Hilario leur dit seulement qu’il viendrait les chercher le lendemain secrètement, avant le lever du jour, pour donner devant eux la bénédiction mortuaire et la bénédiction nuptiale à leurs enfants. […] CCLXII Pour moi, elle me confia à la grande maîtresse du palais, pour qu’elle me fît recevoir au couvent des Madeleines à Lucques, jusqu’au jour où mon père et ma tante viendraient m’y chercher pour me conduire au châtaignier. […] CCLXVI Je marchai du lever du soleil jusqu’à son coucher, mon mezaro rabattu et refermé sur mon visage pour que les passants ne m’embarrassent pas de leurs rires et de leurs mauvais propos sur la route, pensant en eux-mêmes, en me voyant si jeune et si seule, que j’étais une de ces filles mal famées de Lucques qui vont chercher à Pise et à Livourne les bonnes fortunes de leurs charmes, auprès des matelots étrangers. […] Je sonnai : la sœur portière ne voulait pas m’ouvrir si tard ; mais, à la vue de mon visage innocent, qu’elle entrevit à travers mon mezaro, quand je fus obligée de l’écarter pour chercher la lettre de la duchesse, elle me fit entrer et porta la lettre à sa supérieure. […] La concierge du couvent alla chercher la sage-femme ; mais quand elle arriva j’avais déjà un bel enfant sur mon sein.

373. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Le père Monsabré »

Enfin, comme c’est par l’accroissement de leur propre puissance qu’ils cherchent le bien spirituel des âmes, il leur arrive, à leur insu, de s’attacher au moyen plus qu’à la fin et de ne pas paraître entièrement désintéressés. […] Mais, puisque ses auditeurs acceptent de confiance tout ce qu’il leur dit, il n’est peut-être pas de bon goût de chercher à les éblouir. […] Il faut étouffer, si l’on veut vivre encore, l’honnêteté de ses bons instincts, le saint amour du bien, et chercher l’oubli dans l’ivresse continue de l’iniquité. […] N’est-ce pas que je crois reconnaître dans ce signe une sorte de sacrement par lequel votre cœur vient chercher mon cœur ? […] D’autres, à l’exemple de Lacordaire, agitent les questions de l’heure présente, combattent le siècle sur son propre terrain, mais à leur façon et sans chercher à imiter la manière du grand dominicain.

374. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Balzac. » pp. 443-463

À notre arrivée, la châtelaine et ses dames de compagnie s’empressent ; une de ces dernières quitte, dès le premier moment, le salon pour aller nous chercher des rafraîchissements. […] Il a des suites d’expressions vives, inquiètes, capricieuses, jamais définitives, des expressions essayées et qui cherchent. […] Il avait trouvé la forme voulue, qu’il la cherchait encore. […] Enfin, lui, qui admirait tant Napoléon, et que ce grand exemple, transposé et réfléchi dans la littérature, éblouissait comme il en a ébloui tant d’autres, j’aurais voulu qu’il laissât de côté, une bonne fois, ces comparaisons, ces émulations insensées et à l’usage des enfants, et, s’il lui fallait absolument chercher son idéal de puissance dans les choses militaires, qu’il se posât quelquefois cette question, bien faite pour trouver place dans toute bonne rhétorique française : « Lequel est le plus beau, un conquérant d’Asie entraînant à sa suite des hordes innombrables, ou M. de Turenne défendant le Rhin à la tête de trente mille hommes ?  […] Ceux qui cherchent joie, gaieté, épanouissement, la veine satirique et franche du Tourangeau rabelaisien, ne sauraient méconnaître les illustres Gaudissart, les excellents Birotteau et toute leur race.

375. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Les Confessions de J.-J. Rousseau. (Bibliothèque Charpentier.) » pp. 78-97

Le siècle pourtant demandait plus ; il voulait être ému, échauffé, rajeuni par l’expression d’idées et de sentiments qu’il se définissait mal et qu’il cherchait encore. […] J’ai cent fois projeté d’écrire à Paris pour faire chercher le reste des paroles, si tant est que quelqu’un les connaisse, encore : mais je suis presque sûr que le plaisir que je prends à me rappeler cet air s’évanouirait en partie, si j’avais la preuve que d’autres que ma pauvre tante Suzon l’ont chanté. […] si Fénelon vivait, s’écria Rousseau tout en larmes, je chercherais à être son laquais pour mériter d’être son valet de chambre. » On saisit le manque de goût jusque dans l’émotion. […] Les dimanches, mes camarades venaient me chercher, après le prêche, pour aller m’ébattre avec eux. […] La description de ces années de l’Ermitage, et de la passion qui vient l’y chercher, a bien de la séduction encore, et peut-être plus de relief que tout ce qui a précédé ; il aura raison de s’écrier pourtant : Ce n’est plus là les Charmettes !

376. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Saint François de Sales. Son portrait littéraire au tome Ier de l’Histoire de la littérature française à l’étranger par M. Sayous. 1853. » pp. 266-286

La réponse de saint François de Sales est admirable de sagesse et de prudence : « Vous requérez de moi, répond-il à cette dame, une chose également difficile et inutile » ; et il montre en quoi la solution est difficile, non pas tant en soi et pour les esprits simples qui la cherchent par le chemin de la charité, mais parce qu’en cet âge qui abonde « en cervelles chaudes, aiguës et contentieuses », il est malaisé de dire une chose qui n’offense pas ceux qui, « faisant les bons valets soit du pape, soit des princes, ne veulent jamais qu’on s’arrête hors des extrémités ». […] Faisant la part des différences du siècle et du goût, j’ai cherché à aller au-delà, et à me bien définir la différence d’esprit des deux méthodes, et la double famille des deux âmes. […] Je cherche bien loin : il a l’humanité, il lui manque proprement la charité. […] Pendant que je suis en train de l’étudier et de chercher encore moins à le juger qu’à le définir, je rencontre, au chapitre des « Jugements téméraires », cette remarque qui s’applique à nous autres critiques moralistes, et qui est faite pour nous modérer dans nos conjectures. […] Un jour, si je venais à parler de la correspondance de Fénelon et de ses lettres spirituelles, ce serait l’occasion de revenir sur celles de saint François de Sales, et de chercher en quoi ces deux aimables et fins esprits se rapprochent et se ressemblent, tout en gardant chacun leurs avantages36.

377. (1899) Esthétique de la langue française « Le vers libre  »

Victor Hugo désarticulait l’alexandrin, parfois jusqu’à la disgrâce, mais sans briser les liens d’airain qui maintenaient droite sa forme traditionnelle  ; agrandissant très peu le geste, il ajoutait aux membres des ornements nouveaux et obligatoires : après lui, la césure demeure et les douze syllabes que l’œil compte et que l’oreille cherche ; l’entrave inédite est la rime riche. […] Peu à peu l’absurdité des rimes pour l’œil a été perçue  ; des oreilles ont en vain cherché à différencier tels sons masculins, mer, de tels sons féminins, mère : on a connu que les e muets n’étaient plus (hormis en un petit nombre de circonstances) que la vibration d’une consonne. […] Le poète, qui se croyait tenu à de certaines règles typographiques, s’est dégagé de ces règles et aussi de la rime obligatoire ; au lieu de chercher, par la rime, à donner l’illusion qu’il perpétuait la tradition de l’alexandrin, il se libère et d’un usage absurde et du souci de duper l’oreille ; maintenant il coupe le vers, non plus au commandement du nombre Douze, mais quand le sens s’y prête, d’accord avec un rythme secret et propre à dire une émotion particulière ; s’il use de la rime ou de l’assonance, c’est en vue soit de renforcer le rythme, soit de donner à la pensée une signification plus musicale. […] Si discrète qu’il faut la chercher, redevenue fleur, sous le feuillage des mots. […] Mais le véritable vers libre latin doit être cherché dans la séquence.

378. (1892) L’anarchie littéraire pp. 5-32

Simple dans sa mise, correct dans ses mœurs, il a pour idéal le Beau dans le Bien et cherche à conformer ses actes avec ses théories. […] Impuissants à créer, ils ont cherché à accaparer l’œuvre des Décadents : ce sont les parasites d’une idée. […] Il combat le Christianisme, qui est une cause d’affaiblissement cérébral chez les nations méditerranéennes et cherche à lui substituer le culte de la Beauté tel qu’on le pratiquait chez les Grecs. […] En voici un extrait : « Nous sommes des socialistes, et si nous entrevoyons l’Art comme but suprême de la vie, c’est dans la Science que nous voulons le chercher, non dans la Révélation. […] Mais si nombreuses que soient leurs écoles, elles peuvent facilement se ramener à deux : l’une qui cherche son idéal dans le passé, l’autre dans l’avenir.

379. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Bossuet. Œuvres complètes publiées d’après les imprimés et les manuscrits originaux, par M. Lachat »

Bossuet, doué par la nature d’une parole puissante, abondante, qui se verse d’elle-même et tombe comme les fleuves « du sein de Jupiter », n’a pas besoin de chercher des idées si loin ni d’inventer un ordre de choses autre que celui qu’il trouve tout fait autour de lui. Quand on a une si belle sonnerie, on n’a pas besoin de chercher midi à quatorze heures. Ce soin de chercher, de s’ingénier, de creuser sans cesse, de prétendre reconstruire l’entendement humain de fond en comble, appartient surtout aux esprits tournés en dedans, à parole rentrée et difficile comme Hegel, à parole rare et dense comme Sieyès ou Spinoza. […] Malebranche aussi, tout chrétien qu’il était d’habitude et de pratique, s’est posé les grands problèmes, et a cherché à élargir l’idée un peu étroite, et trop matérielle selon lui, de la vieille métaphysique chrétienne.

380. (1925) Méthodes de l’histoire littéraire « III. Quelques mots sur l’explication de textes »

J’en connais — et d’illustres — qui n’ont jamais fait autre chose que chercher dans les auteurs des passages conformes à leurs jugements préconçus, et qui pouvaient leur servir à construire l’édifice sévère de leur doctrine. […] On cherche à remplir le temps réglementaire de l’exercice. […] Tout est légitime, pourvu qu’on regarde son texte de près, et qu’on s’efface devant son auteur ; pourvu qu’on cherche le vrai, la nuance du vrai par tous les moyens qui sont à notre disposition. […] Dans l’exercice littéraire, cela conduirait à penser qu’il est vain de chercher un sens aux Essais ou aux Pensées, et qu’on ne peut que constater, sans le contester jamais, le sens que leur donne M. 

381. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XIII. Dernière semaine de Jésus. »

Il semble qu’on cherchât par un redoublement de respects extérieurs à vaincre la froideur du public et à marquer fortement la haute dignité de l’hôte qu’on recevait. […] L’homme qui a sacrifié à une grande idée son repos et les récompenses légitimes de la vie éprouve toujours un moment de retour triste, quand l’image de la mort se présente à lui pour la première fois et cherche à lui persuader que tout est vain. […] Ils trouvèrent ce qu’ils cherchaient dans Juda de Kerioth. […] Juda était présent ; peut-être Jésus, qui avait depuis quelque temps des raisons de se défier de lui, chercha-t-il par ce mot à tirer de ses regards ou de son maintien embarrassé l’aveu de sa faute.

382. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre II. La relativité complète »

Il nous suffira de chercher comment on doit les comprendre dans l’hypothèse d’Einstein. […] Mais, du moment qu’un physicien tenait pour radicale la relativité du mouvement uniforme, il devait chercher à envisager comme relatif le mouvement accéléré. […] Et elle peut avoir de grands avantages pour le philosophe, qui cherchera par exemple dans quelle mesure les Temps d’Einstein sont des Temps réels, et qui sera obligé pour cela de poster des observateurs en chair et en os, des êtres conscients, en tous les points du système de référence où il y a des « horloges ». […] Déjà, pour conserver l’éther, on avait cherché à utiliser certaines idées de Larmor.

383. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVII. Des éloges en Italie, en Espagne, en Angleterre, en Allemagne, en Russie. »

Il semble que cette nation spirituelle et vive, dans un climat doux et voluptueux, livrée à tout ce qui peut amuser l’imagination et enchanter les sens, s’occupe plutôt à jouir des impressions qu’elle reçoit qu’à les transmettre, et dans l’expression des arts même, cherche encore plus à intéresser les sens que l’âme et l’esprit. […] Plusieurs figures animaient par leur mouvement cette décoration ; le Génie ardent et les ailes déployées ; une Minerve douce et austère, et qui mêlait le goût à ta fierté ; l’Étude méditant et dans un repos actif, la proportion légère marquée par une des Grâces ; l’âme de Michel-Ange sous l’emblème d’un génie céleste, s’élevant et semblant se perdre et se confondre dans des flots de lumière ; plus loin l’Envie ceinte de serpents, une vipère à la main, voulant vainement exhaler son poison sur la Gloire ; et la Haine enchaînée qui se débattait, qui cherchait, en frémissant, à se relever, et retombait sous ses fers. […] Il avait, comme Fontenelle, voulu orner la philosophie par les grâces ; il chercha de même à copier sa manière dans les éloges. […] On s’est contenté de graver son nom sur une pierre avec ces mots : « Tu cherches un monument, regarde autour de toi. » Si monumentum quæris, circumspice.

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