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1530. (1767) Salon de 1767 « Dessin. Gravure — Cochin » p. 332

Quelle folie de chercher à caractériser autour d’un fait, d’un instant individuel, l’intervalle d’un règne !

1531. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Littré. »

C’était un Normand, d’Avranches, fils d’un orfèvre ; il avait reçu une certaine éducation et était déjà en mesure d’en profiter, lorsque, s’ennuyant de la maison paternelle où il avait une belle-mère avec laquelle il ne s’accordait pas, il alla chercher fortune à Paris. […] « On ne doit pas aller là, dit-il, pour apprendre la médecine ; mais, quand on est pourvu d’une instruction forte et solide, il faut y chercher un complément qui agrandisse l’esprit, affermisse le jugement, excite la méditation, genre de service que tous les livres ne rendent pas. […] Je remarquerai seulement, à propos du Dictionnaire de médecine, de chirurgie, etc., pour lequel on lui a cherché chicane, comme s’il avait voulu se couvrir du nom de Nysten, que c’est sa délicatesse même qui, dans ce cas, lui a nui. […] Et le tout est relevé d’une grandeur d’âme qui n’accorde rien à l’ostentation, mais qui rapporte tout à la conscience ; qui cherche la récompense du bien, non pas dans le bruit public, mais dans le sentiment du bien même… » Bel éloge, en effet, qu’il faut lire surtout dans ce charmant latin de Pline, et qui s’applique si parfaitement à M.  […] La ville prise, elle et sa mère se hâtaient sur la route de Lyon, quand elles rencontrèrent quelqu’un de leur connaissance qui leur annonça que Johannot était mort dans les prisons : cette nouvelle leur perce le cœur ; la mère refuse de faire un pas de plus, la fille veut aller chercher le corps de son père ; elle chemine pleurant ; puis au loin, sur la route, elle aperçoit… son père lui-même vivant et délivré ; qu’on juge des émotions de ces tragédies !

1532. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Delille »

Le jugement, d’ailleurs, vu hors du cadre, et si l’on y cherchait une conclusion définitive, ne soutiendrait pas l’examen ; il est parfaitement faux que Delille, en vieillissant, ait enfanté des beautés plus hardies et plus fières  ; c’est le contraire plutôt qu’il faudrait dire […] Madame Lebrun, qui nous le fait connaître à merveille, raconte qu’à la Malmaison, chez madame du Moley, il était convenu, pour plus de liberté, qu’en se promenant dans les jardins, on tiendrait à la main une branche de verdure, si l’on désirait ne pas se chercher ou s’aborder : « Je ne marchais jamais sans ma branche, dit-elle ; mais je la jetais bien vite, si j’apercevais l’abbé Delille. » Madame Lebrun elle-même, avec sa facilité, son goût vif à peindre et sa séduction de coloris, me semble avoir été, dans ce même monde, une chose légère, assez semblable à l’abbé Delille. […] En septembre, il rencontre le poëte Delille qui l’aborde en disant : « Je vous cherchais, mon ami ; je suis occupé de mon poëme ; je voudrais être solitaire pour y travailler. […] Ginguené encore a jugé dans la Décade la traduction de l’Énéide, et cette fois sa sévérité plus rigoureuse va chercher les négligences et le faux jusque dans les moindres replis de ce faible ouvrage45. […] Le jugement, d’ailleurs, vu hors du cadre, et si l’on y cherchait une conclusion définitive, ne soutiendrait pas l’examen ; il est parfaitement faux que Delille, en vieillissant, ait enfanté des beautés plus hardies et plus fières  ; c’est le contraire plutôt qu’il faudrait dire

1533. (1875) Premiers lundis. Tome III « Du point de départ et des origines de la langue et de la littérature française »

Les rhéteurs, les panégyristes à la suite de Pline, les Eumène, les Nazaire, les Pacatus, que vous pouvez chercher dans le recueil des Panegyrici veteres, continuent de justifier la réputation des Gaulois, et leur prétention à bien dire, à parler avec hardiesse, subtilité et bel esprit. […] La manière d’écrire et de composer de Fauriel lui a nui ; il cherchait toujours et il n’en finissait jamais. […] Il compare encore ce grand phénomène aux formations géologiques : « Ce ne sont pas, dit-il, des amas çà et là disséminés par l’action turbulente et saccadée de mille courants variables, mais ce sont des dépôts lents et uniformes produits par l’action également lente et uniforme de vastes mers et de grands lacs. » Il cherche et retrouve la filiation jusque dans le désordre apparent ; il la dégage et la démontre souvent avec bonheur à travers tous les déguisements qui la masquent, et les irrégularités qui sautent aux yeux. […] Edélestand Du Méril, qui a publié lui-même des ouvrages approfondis sur le moyen âge français et bas-latin, et qui a regardé de très-près à toutes ces questions d’origines, a exprimé des doutes, et soutenu que tenter d’appliquer à notre vieux français cette rigueur grammaticale, cette précision philologique, vouloir en traiter les textes manuscrits comme l’on a fait les livres venus de l’antiquité, c’était rapprocher des choses profondément dissemblables, c’était faire une création rétroactive, supposer aux monuments du vieux français une pureté systématique qui lui est le plus étrangère, et chercher, dans ce qui est de soi informe et variable à l’infini, un ordre et une règle qu’on peut y mettre à toute force, mais qui ne s’y trouvent point35. […] Journal des Savants, 1856, p. 232. — C’est la vue la plus opposée à celles d’autres érudits, qui cherchent la source du roman dans la seule corruption du latin et qui disent : « L’origine du roman remonte donc au premier barbarisme que les Gaulois ajoutèrent à la langue latine. » (Edélestand Du Méril, Essai philosophique sur la formation de la langue française, 1852, p. 135.)

1534. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIIe entretien. Cicéron » pp. 81-159

Enfin c’était un petit nombre de jeunes gens des premières maisons de Rome, tels que Clodius, César, Catilina, Crassus, Céthégus, qui, ayant gardé le crédit en perdant les vertus de leur ancêtres, corrompus de mœurs, pervertis de débauche, ruinés de prodigalités, signalés de scandales, indifférents d’opinions, avides de fortune, trahissant leur sang, leur caste, leurs traditions, la gloire de leur nom, se faisaient les flatteurs, les instigateurs, les tribuns, les complices masqués ou démasqués de la populace, et cherchaient leur richesse perdue et leur grandeur future dans l’abîme de leur patrie ! […] César, patricien corrompu, cherchait un appui dans la plèbe romaine ; il commençait la tyrannie, comme elle commence toujours, par la licence ; il soutenait, à ce titre, Clodius ; il affectait de l’intérêt pour Catilina. […] Le sauveur de Rome chercha asile en Grèce : c’était la patrie de son âme. […] Au moment où la galère cherchait à franchir les dernières lames pour jeter l’ancre au pied du promontoire, une nuée de corbeaux, oiseaux fatidiques qui perchaient sur les corniches du temple, s’élevèrent du toit avec de grands cris, et, voltigeant au-devant de la galère, parurent vouloir repousser ses voiles et ses vergues vers la grande mer, comme pour lui signaler un danger sur le bord. Cicéron, soit que sa philosophie s’élevât au-dessus de ces superstitions populaires, soit qu’il acceptât l’augure sans chercher à l’écarter, n’en monta pas moins les rampes qui conduisaient à sa maison.

1535. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XV. La littérature et les arts » pp. 364-405

Si nous cherchons cependant une action directe de l’architecture sur la littérature, il faut avouer que nous trouvons peu de chose. […] Il y avait autant de taches de couleur que de taches d’encre sur les marges de ces beaux livres sans cesse feuilletés. » En fournissant ainsi des sujets, des motifs, des types à la peinture, il se peut que la littérature l’ait parfois poussée hors de son vrai chemin ; qu’elle ait incité les artistes à chercher l’intérêt ailleurs que dans la combinaison des tons et des jeux de lumière, je veux dire dans la représentation de scènes pathétiques, émouvantes. […] On comprend que dans l’enfilade de ces salles élégamment aménagées, embaumées du parfum des fleurs, revêtues de tapis mœlleux, illuminées de l’éclat des bougies, grands seigneurs et grandes dames aient pu prendre plaisir à mille jeux d’esprit impossibles ailleurs, s’amuser à des bouts-rimés et à des énigmes, se divertir à tracer des caractères ou à chercher des formules brillantes à leurs pensées ; on comprend que les jeunes filles s’y soient parfois déguisées en nymphes et en bergères ; que la galanterie et la poésie légère y aient germé comme sur leur terrain naturel139. […] Ne cherchez plus le sérieux d’un Boileau, l’austérité d’un Bossuet : C’est en souriant que Fontenelle prépare le renouvellement de la philosophie. […] § 5. — De même qu’il est utile à l’historien de chercher le goût d’une époque dans les objets dont l’homme aime à s’entourer, de même il lui importe de connaître les types de femmes qui ont été tour à tour à la mode.

1536. (1767) Salon de 1767 « Peintures — La Grenée » pp. 90-121

Imaginez un aigle qui cherche à s’élever dans les airs, et qui est arrêté dans son essor par un soliveau. […] Sa main gauche va chercher celle d’Armide. […] Et chienne de bête, si tu n’as point d’idées, que n’en vas-tu chercher chez ceux qui en ont, qui t’aiment, qui estiment ton talent et qui t’en soufleroient. […] Maître La Grenée, vous n’avez donc pas la moindre idée de la coquetterie, des artifices d’une femme perfide qui cherche à tromper, à séduire, à retenir, à réchaufer un amant ; vous n’avez donc jamais vu couler ces larmes de crocodile… eh si bien moi ! […] Je cherchais une occasion de vérifier mes jugements.

1537. (1903) Propos de théâtre. Première série

Arréat était de chercher dans la littérature dramatique les traces de l’évolution morale au cours des siècles. […] La diction simple ne semble pas l’idéal cherché par l’auteur. […] Il cherche à lui échapper. […] Il faut en chercher les modèles dans le récit du procès de Chicaneau (acte II), et dans les plaidoyers de l’intimé et de Petit-Jean à l’acte III. […] Heureuse si je puis trouver par son secours Cette paix que je cherche et qui me fuit toujours !

1538. (1936) Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours pp. -564

Il avait été chercher en Amérique, rapporté d’Amérique, le Génie littéraire de l’Amérique. […] Il faut voir ou chercher plus haut. […] Il allait chercher dit-il « de la gloire pour se faire aimer ». […] Il a fouillé consciemment dans les musiques cachées du vers français, il en a cherché, exploité patiemment les ressources. […] Le monde qu’il cherche le fuit.

1539. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Malherbe »

Malherbe était un homme pratique, même en poésie ; il n’était pas de ceux qui s’inquiètent de chercher par-delà et d’élargir les horizons. […] Il eût peut-être appris à traiter l’Ode de cette manière, s’il eût mieux lu, étudié, compris la langue et le ton de Pindare, qu’il méprisait beaucoup, au lieu de chercher à le connaître un peu. » Tout cela est vrai et le paraîtra surtout, si on relit l’Ode en question. […] Réjouissons-nous, perdons la mémoire des misères passées ; nous avons trouvé ce que nous cherchions, ou pour mieux dire, nous avons trouvé ce qu’il n’y avait point d’apparence de chercher. […] Non, non ; il est de l’applaudissement universel comme de la quadrature du cercle, du mouvement perpétuel, de la pierre philosophale et telles autres chimères : tout le monde le cherche, et personne ne le trouve. […] On peut chercher ces deux sonnets, dont l’un au moins est curieux, dans les Obros et Rimos provvenssalos du Loys de la Rellavdiero (Marseille, 1595).

1540. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre dixième. Le style, comme moyen d’expression et instrument de sympathie. »

D’autre part, le style simple est fort souvent figuré, par la raison qu’il n’est pas abstrait ; plus une langue est populaire, plus elle est concrète et riche en images ; seulement ce ne sont pas des images cherchées, mais empruntées au réel. […] Pour le vers de onze syllabes, les poètes ont peu cherché à tourner la difficulté en multipliant les césures du vers, de manière à le ramener à cette forme régulière : 4-4-3, ou à cette autre, meilleure, 3-3-3-2. […] Il s’évertuerait à chercher un mot, comme passager, pour rimer avec voyager. […] Hugo, lui, eût probablement cherché ici deux rimes riches, coûte que coûte, et le résultat eût été de ne plus faire sentir aussi bien la richesse des deux belles rimes masculines, qui viennent à l’endroit où elles étaient vraiment nécessaires : pas tremblants et pieds sanglants. […] Le poète a cherché les mots rudes et sauvages, les noms de montagnes âpres et pittoresques ; puis il a trouvé moyen de les relier par des images parfois sublimes, toujours inattendues et grandioses.

1541. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXXII » pp. 328-331

De nos jours on a essayé de rendre à la poésie sa langue propre, son style, ses images, ses priviléges, mais l’entreprise a pu paraître bien artificielle, parce qu’il a fallu aller chercher ses exemples dans le passé par delà Malherbe, et encore des exemples très-incomplets et sans autorité éclatante.

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