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470. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Moreau, Hégésippe (1810-1838) »

Félix Pyat Il chanta sans profit, sans salaire la misère seule avait entendu, la misère seule répondit ; la misère le marqua pour être abattu.

471. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Villehervé, Robert de la = Le Minihy de La Villehervé, Robert (1849-1919) »

Mais ce fier sonnet, que j’ai bien chanté, Gardera le nom dont je le décore Et dans ce temps-là sera jeune encore.

472. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préface et poème liminaire des « Châtiments » (1853-1870) — Au moment de rentrer en France. — 31 août 1870 »

Naguère, aux jours d’orgie où l’homme joyeux brille,                                Et croit peu, Pareil aux durs sarments desséchés où petille                                Un grand feu, Quand, ivre de splendeur, de triomphe et de songes,                                Tu dansais Et tu chantais, en proie aux éclatants mensonges                                Du succès, Alors qu’on entendait ta fanfare de fête                                Retentir, Ô Paris, je t’ai fui comme noir prophète                                Fuyait Tyr.

473. (1856) Cours familier de littérature. I « Épisode » pp. 475-479

Et la nuit s’écoulait dans ces chastes délires, Et l’amour sous la table entrelaçait vos doigts, Et les passants surpris entendaient ces deux lyres, Dont l’une chante encore, et dont l’autre est sans voix… Et quand du dernier vin la coupe fut vidée, J’effeuillai dans mon verre un bouton de jasmin ; Puis je sentis mon cœur mordu par une idée, Et je sortis d’hier en redoutant demain !

474. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre II. Le théâtre. » pp. 2-96

Le roi7 « s’exerce tous les jours à tirer, chanter, danser, lutter, jeter la barre, jouer du flageolet, de la flûte, de l’épinette, arranger des chansons, faire des ballades. » Il saute les fossés à la perche et manque une fois d’y périr. […] Dans chaque grande maison, il y a un fou « dont le métier est de lancer des plaisanteries mordantes, de faire des gestes baroques, des grimaces, de chanter des chansons graveleuses », comme dans nos cabarets. […] » Elle rit, l’excès de l’opprobre et de la peur l’a relevée ; elle l’insulte en face ; elle chante ; que cela est bien femme ! […] Elle chante — les plus tristes choses que jamais une oreille ait entendues, —  puis soupire et chante encore. […] je défaille. » Elle meurt, demandant quelque douce voix qui lui chante un air plaintif, un air d’adieu, un doux chant funèbre.

475. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre I. Roman de Renart et Fabliaux »

L’Église n’est pas plus ménagée, ni la religion : Bernart l’âne est archiprêtre ; Primaut le loup, ivre du vin que Renart lui a fait boire, revêt l’étole, sonne les saints, et chante l’office à tue-tête devant l’autel ; Rosnel le mâtin joue le corps saint sur lequel on doit jurer, et machine un miracle, en promet faut de ressusciter au bon moment pour happer le parjure. Et voici tout le service funèbre de Renart (qui du reste n’est pas mort) : d’abord on chante auprès du corps les leçons, répons et versets des vigiles des morts ; puis le lendemain on sonne les sains, on porte le corps à l’église, on le dépose devant l’autel, et l’office commence. […] Après quoi, l’épître, l’évangile « secundum le goupil Renart », et sire Bernart achève de chanter la messe.

476. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre premier »

` Cette lettre de Marguerite, il la lit ou la chante, tantôt haut, tantôt à voix basse ; de cette façon dit-il, je me console. […] Ces Psaumes, chantés d’abord par les protestants et les catholiques, devinrent bientôt, grâce à Calvin, le chant de guerre des protestants. […] Marot chante, comme Villon, ses amours, sa prison ; mais ses amours sont plus délicats et sa prison plus honorable.

477. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre IV, Eschyle. »

Avec le génie, Eschyle a eu la vaillance ; il a agi ce qu’il a chanté. […] Pindare était son joueur de lyre, et il a chanté dans ses Olympiques « l’homme » qui tient le sceptre de la justice dans la Sicile aux « grands troupeaux » ; il a célébré « sa table hospitalière, retentissante de douces mélodies » : Hiéron combla Eschyle de dons et d’honneurs, mais le vieux poète n’habita pas son palais, trouvant sans doute aussi dure que Dante « la montée de l’escalier des patrons ». […] Qui chante à Zeus un chant d’espérance, verra son vœu s’accomplir.

478. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre II »

Mais voilà que ce dialogue nous rappelle, comme un air, joué sur un piano de salon bourgeois, pourrait rappeler quelque idéale mélodie de harpe éolienne suspendue aux branches d’un pin d’Italie dans l’Isola bella, le duo virginal de la Ninon et de la Ninette d’Alfred de Musset : Ninon L’eau, la terre et les vents, tout s’emplit d’harmonies Un jeune rossignol chante au fond de mon cœur. […] Elle mêle des phraséologies d’harmonica à ses gorges chaudes ; elle chante la verdure en dînant sur l’herbe. […] C’était une idylle de la vie intime : ils en ont presque fait un drame ; c’était la fable du Savetier et du Financier, de la Fontaine, chantée sur la flûte de Werther : ils l’ont grossie et renforcée à plaisir.

479. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE XIV »

Tandis que Claude rêve, accoudé au coin de la table, elle vient se poser auprès de lui ; et, là, droite dans sa robe blanche aux plis droits, elle lui chante, en ut mineur, une déclaration d’amour surnaturelle et incorporelle qui l’ajourne aux hymens lumineux du ciel, aux calendes de l’Éternité. « Leur sublime s’amalgame », comme dit Saint-Simon de madame Guyon et de Fénelon. […] Elle lui chante une invitation à je ne sais quelle valse infernale ; elle lui dit quelle l’a perdu, qu’il est son damné, que la passion, le vice et le crime sont les trois étapes de la voie qu’ils vont parcourir ensemble, à bride abattue. […] Cette gamme de sentiments, graduée comme un exercice de solfège, n’est pas plus dans la voix d’une enfant de douze ans que les autres airs qu’elle chante.

480. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’art et la sexualité »

A travers les stériles et bruyantes agitations du songe vital, faisons le silence en nous-mêmes, soyons toujours plus silencieux ; que le silence étende un voue entre la chasteté de nos élans et ces vaines formes, là-bas ; que le silence croisse en nous, jusqu’à ce qu’il chante… Ô le chant du silence ! […] Aucun virtuose n’a pu et ne pourra donner l’illusion de posséder la vie par les sens, s’il n’a pas vécu avant de chanter. ‌ […] Mes sens fleurissent d’une flamme vive, Mon âme chante des psaumes allégresse, Mon sang projette des hymnes, Mes membres se gonflent de force pour tout travail.

481. (1829) Tableau de la littérature du moyen âge pp. 1-332

Le troubadour faisait des vers, et souvent les chantait lui-même, mais de plus il était suivi d’un et parfois de deux jongleurs, qui chantaient ses vers, ou récitaient de longs romans et des histoires de chevalerie. […] Malgré mes pertes, j’ai le cœur de chanter. […] Non, c’était surtout en France que les troubadours chantaient la guerre sainte ; mais très peu allèrent en partager les périls. […] Le premier des troubadours qui ait chanté la croisade, se croisa : c’est Guillaume, comte de Poitiers. […] Et tous à haulte voix commencèrent à chanter ce bel igne, Veni Creator Spiritus, tout de bout en bout.

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