XII Son repos était magnifique comme son caractère ; Laurent aimait surtout le palais des champs qu’il venait de construire à Poggio-Caiano, sur les bords de l’Umbra, qui fut son Tibur. […] « Vous n’ignorez pas l’importance extrême du caractère dont vous êtes revêtu, car vous savez très bien que le monde chrétien jouirait de la paix et du bonheur si les cardinaux étaient ce qu’ils devraient être, puisque alors les papes seraient toujours vertueux, et que le repos de toute la chrétienté est essentiellement dans leurs mains. […] Soyez toujours en état de vous rendre à vous-même ce témoignage, que jamais vous n’avez l’intention d’offenser personne dans vos discours ; et si l’impétuosité du caractère vous porte à faire à quelqu’un une offense involontaire, comme son inimitié sera sans fondement légitime, elle ne saurait être de longue durée. […] C’est une attention que vous devez avoir pour notre saint-père, que de ne pas le fatiguer de prières indiscrètes, de ne l’aborder jamais qu’avec des choses qui lui fassent plaisir ; ou, si vous vous y croyez obligé, une requête humble et modeste lui plaira davantage et sera plus agréable à son humeur et à son caractère. » Voilà l’âme d’un père chrétien et politique unissant le ciel à la terre pour protéger son fils. […] C’était un des caractères les plus pervers et les plus ambigus qu’on pût haïr.
Le caractère mélancolique de la poésie décadente a aussi singulièrement agacé le critique du Temps, défenseur du rire gaulois. […] L’Idée, à son tour, ne doit point se laisser voir privée des somptueuses simarres des analogies extérieures ; car le caractère essentiel de l’art symbolique consiste à ne jamais aller jusqu’à la conception de l’Idée en soi. […] Comme notre grand Molière avait raison quand il a dit : Ce style figuré dont on fait vanité Sort du bon caractère et de la vérité. […] Notre grand Molière commit là deux mauvais vers qui eux-mêmes sortent autant que possible du bon caractère. De quel bon caractère ?
Du caractère général de cet esprit, manifesté par les qualités et les défauts de Montaigne, et de ce que le xvie siècle laissait à désirer. — § V. […] Mais les caractères en ont de la vérité, soit comme personnages historiques, soit comme hommes de tous les temps ; et l’on se prête volontiers à une fiction qui fait dire aux orateurs ce qu’ils ont le plus d’intérêt à taire. […] Du caractère général de cet esprit, manifesté par les qualités et les défauts de Montaigne, et de ce que le xvie siècle laissait à désirer. […] Tel est le caractère de Calvin, et généralement de tous les écrivains engagés dans les querelles de religion. […] L’esprit de curiosité et de libre examen, avec le doute, son compagnon inséparable, tel est le caractère le plus général des écrivains du xvie siècle.
Ce n’était ni fierté de caractère ni timidité du génie ; ce fut sa toilette négligée qui le sauva. […] Il y en a de plus sensibles pour tout le monde : le genre même de la fable, la forme que La Fontaine lui a donnée, la place qu’il y fait à la description, la perfection de son goût, sa langue, le caractère de sa morale. […] Dans l’enfance, ce n’est pas la morale de la fable qui frappe, ni le rapport du précepte à l’exemple ; mais on s’y intéresse aux propriétés des animaux et à la diversité de leurs caractères. […] Les plus avisés, ceux devant lesquels on ne dit rien impunément, vont plus loin ; ils savent saisir une première ressemblance entre les caractères des hommes et ceux des animaux : j’en sais qui ont cru voir telle de ces fables se jouer dans la maison paternelle. […] Les animaux n’y sont pas représentés avec leurs caractères, et c’est à peine si leurs espèces et leurs formes sont respectées.
Ces classifications résultent : 1° du caractère intrinsèque des représentations, 2° de leurs rapports mutuels, 3° de leur rapport au sujet pensant et voulant. […] Ce qui cause ici l’embarras de l’école anglaise et l’expose aux objections, c’est toujours le caractère linéaire qu’elle attribue à la conscience. Mais ce caractère n’est qu’apparent, et la « ligne » de nos états intérieurs n’est pas plus une ligne véritable que toute autre ligne visible et concrète. […] C’est ce qui établit entre l’image mnémonique du plaisir et la réalité du plaisir une différence, et cette différence est appréciable pour la conscience par son caractère même de discontinuité, de contraste : elle enveloppe un sentiment de contrariété, parce que le réel résiste à notre désir et ne s’y adapte plus. […] Dans ce second sentiment, nous montrerons plus loin qu’il existe encore un caractère d’activité trop méconnu82.
Il faut se rendre compte du mensonge et de l’équivoque que comporte cette dénomination même ; car l’idée générale ne possède le caractère d’universalité auquel elle prétend que par rapport à un groupe d’hommes déterminé, celui-là seul qui la résuma à son usage, comme le résultat d’une série d’expériences concrètes et particulières. […] Or, cette origine fictive, où disparaît leur caractère humain, leur donne accès dans l’esprit de tous les hommes. […] Lorsque l’empire de cette religion est passé ou s’est affaibli, il fait place à la coutume morale, à un ensemble de manières d’être, de conceptions, de préjugés où se marque avec plus de force encore que dans la religion elle-même le caractère distinctif du groupe : car cette coutume morale est un compromis entre le dogme religieux et le caractère que telle ou telle collectivité humaine tient de sa physiologie, de son habitat et des circonstances historiques. […] C’est d’autre part que cette croyance ainsi qu’on l’avait annoncé, se survit à elle-même, dans les textes religieux et législatifs où ses prescriptions conservent un caractère impératif et une autorité réelle, alors que depuis longtemps déjà, elles ont cessé de répondre à une utilité. […] D’ailleurs, si les lois de Solon lèvent les défenses antérieures, le caractère sacré de l’ancienne prohibition montre encore le pouvoir qu’il exerce sur les esprits à ceci : que le vendeur perd, par le fait de la vente, ses droits de citoyen.
De 1820 à 1830, quelques ouvrages, vrais brandons d’idées, comme l’Essai de Jepp sur le caractère particulier de l’Église anglicane, et la Théosophie de Coleridge, furent introduits dans l’Université5. […] Un simple fellow du collège d’Oriel semblait seul contrebalancer, à force de génie et de caractère, l’impression de respect que produisait dans ce monde si officiel d’une université anglaise, le savant professeur d’hébreu. […] elles n’ont aucun des grands caractères qui marquent ordinairement ces cataclysmes de l’erreur, dans la conscience foudroyée, que l’on appelle des conversions. […] Et cela est si certain et si démontré, dans la conscience même de tous ceux qui vivent de la vieille organisation universitaire et anglicane, que les résistances opposées dernièrement au libre mouvement anglo-catholique ont contracté ce caractère décharnement qu’un grand danger inspire autant que la peur. […] Il n’a pas ce sentiment de la fraternité qui efface le caractère toujours répulsif des nationalités trop marquées.
Ce serait manquer à la bonne méthode historique que d’écouter trop ici nos répugnances, et, pour nous soustraire aux objections qu’on pourrait être tenté d’élever contre le caractère de Jésus, de supprimer des faits qui, aux yeux de ses contemporains, furent placés sur le premier plan 761. […] Mais les quatre narrateurs de la vie de Jésus sont unanimes pour vanter ses miracles ; l’un d’eux, Marc, interprète de l’apôtre Pierre 762, insiste tellement sur ce point que, si l’on traçait le caractère du Christ uniquement d’après son évangile, on se le représenterait comme un exorciste en possession de charmes d’une rare efficacité, comme un sorcier très puissant, qui fait peur et dont on aime à se débarrasser 763. […] Mais la direction toute morale et nullement politique du caractère de Jésus le sauvait de ces entraînements.
L’invulnérabilité, cette qualité presque surhumaine, fut le caractère de la critique de Fréron et de sa personne, — le caractère de son caractère tout entier.
Aussi, le caractère suprême de Ronsard est-il justement le caractère que nous ne pouvons pas ne point supposer au premier homme. […] Quand on lit ces vers d’un caractère si vivement, si surabondamment plastique, on est tenté de voir dans Ronsard un Rubens littéraire, sinon dans toute l’exécution de son œuvre, au moins dans la richesse de sa palette et l’exubérance de son dessin.
Ce n’est pas qu’on prétende attaquer ici les qualités que peut avoir ce ministre ; on convient qu’il eut du courage, un grand caractère, cette fermeté d’âme qui en impose aux faibles, et des vues politiques sur les intérêts de l’Europe ; mais il me semble qu’il eut bien plus de caractère que de génie : il lui manqua surtout celui qui est utile aux peuples, et qui, dans un ministre, est le premier, s’il n’est le seul. […] Il ne sera pas mis non plus parmi ces grands hommes d’état nés pour être conquérants et législateurs, puissants par leur génie, grands par leur propre force, qui ont créé leur siècle et leur nation, sans rien devoir ni à leur nation ni à leur siècle : cette classe des souverains n’est guère plus nombreuse que la première ; mais il en est une troisième qui a droit aussi à la renommée : ce sont ceux qui, placés par la nature dans une époque où leur nation était capable de grandes choses, ont su profiter des circonstances sans les faire naître ; ceux qui avec des défauts ont déployé néanmoins un esprit ferme et toute la vigueur du gouvernement, qui, suppléant par le caractère au génie, ont su rassembler autour d’eux les forces de leur siècle et les diriger, ce qui est une autre espèce de génie pour les rois ; ceux qui, désirant d’être utiles, mais prenant l’éclat pour la grandeur, et quelquefois la gloire d’un seul pour l’utilité de tous, ont cependant donné un grand mouvement aux choses et aux hommes, et laissé après eux une trace forte et profonde.
. — Caractères généraux de la vie : organisation, génération, nutrition, évolution, caducité, maladie, mort. — Essais de définitions tirées de ces caractères. — Dugès, Béclard, Dezeimeris, Lamarck, Rostan, de BLainville, Cuvier, Flourens, Tiedemann. — Le caractère essentiel de la vie est la création organique. […] Nous devons nous préoccuper seulement d’en fixer les caractères en les rangeant dans leur ordre naturel de subordination. […] Examinons maintenant quels sont les caractères généraux des êtres vivants. […] Nous voyons des êtres qui ne vivent en quelque sorte que virtuellement, sans manifester aucun caractère de la vie. […] On voit par là que la distinction établie par Haller a un caractère pratique et expérimental.