Oui, c’est vrai, je ne suis pas un ami de la plèbe révolutionnaire, qui cherche le pillage, le meurtre et l’incendie ; qui, sous la fausse enseigne du bien public, n’a vraiment devant les yeux que les buts les plus égoïstes et les plus vils. […] Ils tiraient habituellement, à une distance de soixante ou quatre-vingts pas, sur une feuille de papier collée à un mur d’argile détrempée ; ils tiraient vivement l’un après l’autre et laissaient leurs flèches fixées au but. […] Et puis, quelles émotions, quelle joie quand la flèche part, siffle et perce le but ! […] Il me pria de tirer aussi horizontalement, et me donna pour but une tache dans les volets de son cabinet de travail. […] La flèche n’arriva pas loin du but, mais elle s’enfonça tellement dans ce bois tendre, que je ne pus la retirer.
Ce but dont nous approchons tous les jours, le génie prophétique de Vico nous l’a marqué longtemps d’avance. […] les tours ne vinrent que de la difficulté de s’exprimer ; les épisodes de l’inhabileté qui ne sait pas distinguer et écarter les choses qui ne vont pas au but. […] La sagesse consiste alors dans un usage habile des paroles, dans l’application précise, dans l’appropriation du langage à un but d’intérêt. […] Voilà la république que Platon devait déduire de sa métaphysique ; mais il ne le pouvait, ignorant la chute du premier homme. » Les ouvrages philosophiques de Platon, d’Aristote et de Cicéron, dont le but est de diriger l’homme social, l’éloignèrent également « et des épicuriens, toujours renfermés dans la molle oisiveté de leurs jardins, et des stoïciens qui, tout entiers dans les théories, se proposent l’impassibilité ; ce sont morales de solitaires. […] Ce sont toujours des sujets généraux « où la philosophie descend aux applications de la vie civile ; il y traite du but des études et de la méthode qu’on doit y suivre, des fins de l’homme, du citoyen, du chrétien. » Ces discours, généralement admirables par la hauteur des vues, ont une forme paradoxale et quelquefois bizarrement dramatique.
On incrimine leurs théories, on suspecte leur but, on redoute leur arrière-pensée, on dénonce leur conscience. […] Leur but était lointain sans doute, vague peut-être et reculant devant l’effort ; mais grand. […] L’absorption hiératique ou marchande amoindrit le rayonnement d’un peuple, abaisse son horizon en abaissant son niveau, et lui retire cette intelligence à la fois humaine et divine du but universel, qui fait les nations missionnaires. […] Non, quel est le but de tout cela ?
J’entends ici par gestes les attitudes, les mouvements et même les discours par lesquels un état d’âme se manifeste sans but, sans profit, par le seul effet d’une espèce de démangeaison intérieure. […] Non Seulement, en effet, la comédie nous présente des types généraux, mais c’est, à notre avis, le seul de tous les arts qui vise au général, de sorte que lorsqu’une fois on lui a assigné ce but, on a dit ce qu’elle est, et ce que le reste ne peut pas être. […] Tantôt il ira droit au but ; il appellera, du fond à la surface, les passions qui font tout sauter. […] Il n’atteindrait pas son but s’il portait la marque de la sympathie et de la bonté.
L’ardente jeunesse se presse de vivre ; elle prodigue des années pour quelques moments de gloire, et jamais elle ne se plaint lorsqu’elle a frappé ce but. […] Ceux qui parlent ainsi n’avaient pas présent au souvenir le remarquable passage où Vicq d’Azyr commente ce mot de Buffon : « Voilà ce que j’aperçois par la vue de l’esprit », et où il le montre dans ses diverses théories faisant en effet tout ce qu’on peut attendre de l’esprit, devançant l’observation, et arrivant au but sans avoir passé par les sentiers pénibles de l’expérience.
Après avoir raconté qu’il a vu mourir sous ses yeux une vieille amie, une femme âgée et d’un esprit supérieur, avec qui il avait souvent épuisé, en conversant, toutes les réflexions morales et anticipé l’expérience de la vie : Cet événement, continue Adolphe, m’avait rempli d’un sentiment d’incertitude sur la destinée, et d’une rêverie vague qui ne m’abandonnait pas… Je trouvais qu’aucun but ne valait la peine d’aucun effort. […] De plus sérieux contradicteurs, et plus désintéressés, soutiennent qu’il est pénible, à travers ce déploiement continu de force et de talent, d’être constamment obligé (soi, lecteur) d’avoir en perspective ce qui est l’idée fixe de ce malheureux et maniaque Roger, c’est-à-dire l’image toute matérielle d’un partage physique ; que c’est une fin peu digne d’un art aussi vivant et aussi expressif, que c’est un but peu en proportion avec une monodie aussi déchirante.
Les amis de M. de Tocqueville eurent besoin eux-mêmes de quelques explications pour être assurés de sa pensée fondamentale et de son but, lorsque les deux premiers volumes de La Démocratie en Amérique parurent. […] Noble but, noble effort, et par lequel il réalisait un des vœux de sa première jeunesse, lorsqu’après le récit d’une de ses courses opiniâtres à travers les montagnes de la Sicile, il s’écriait en finissant : « Pour moi, je ne demande à Dieu qu’une grâce : qu’il m’accorde de me retrouver un jour voulant de la même manière une chose qui en vaille la peine !
Il n’a qu’une feuille de papier et qu’une heure pour exposer le litige, battre l’adversaire et donner son avis ; s’il dit un mot qui n’aille au but, s’il prononce une phrase que le lecteur ne comprenne pas tout d’abord, il n’entend point le métier. […] Grave dans le combat, légère dans la joute, Tu vas droit à ton but, et tu n’as pas besoin De lâcher de la corde au mot qui fuit trop loin.
Nature fine et forte, il s’est de bonne heure proposé son but, et n’en a pas dévié un seul jour. […] Un autre jour, le poëte, errant dans Rome, vient à découvrir qu’une église y est dédiée au pauvre évêque breton, à Malo, sous le nom italien de saint Mauto, et dès ce moment, pendant bien des journées, il ne pense plus qu’à son patron chéri ; si Saint-Pierre est, un soir, illuminé en l’honneur de quelque saint inconnu, il se dit que c’est pour le sien ; et, tout fier d’avoir signalé la basilique cachée, il s’écrie : Patron des voyageurs, les fils de ton rivage, Venus à ce milieu de l’univers chrétien, Connaîtront désormais ton nom italien, Et tu seras un but dans leur pèlerinage.
Mais peut-être a-t-elle aussi un peu dépassé le but à présent. […] Par les contours du vers aussi bien que par les images y incluses, (malgré quelques passages un peu faibles de rythme ou de syntaxe), certaines pièces s’érigent comme d’un seul bloc indestructible ; je veux nommer les Sites surtout, et les Sonnets ; mais il en est ailleurs, dans les Épisodes par exemple : À la source des seins impérieux et beaux J’ai bu le lait divin dont m’a nourri ma Mère Pour que, plus tard, le glaive étrange et solitaire Ne connût point la honte aux rouilles des fourreaux ; Dans l’éblouissement de métal des barreaux D’un casque grillé d’or, orné d’une chimère, J’eus une vision vermeille de la terre Où les cailloux roulaient sous les pas des Héros ; Et fidèle à la gloire antique et présagée, J’ai marché vers le but ardu d’un apogée Pour que, divinisé par le culte futur Des temps, Signe céleste, au firmament, j’élève, Parmi les astres clairs qui constellent l’azur, Une Étoile à la pointe altière de mon glaive.
Or celui qui juge n’est pas tenu de remplacer ce qu’il juge, il use de son droit en approuvant ou en désapprouvant ; mais son but n’est pas d’ajouter à la somme des vérités nouvelles et de résoudre les problèmes inexplorés. […] Connaître les lois du système du monde est par soi-même, une chose noble, excellente, et c’est là le véritable but de la curiosité scientifique.
Sénèque, si excellent à citer et si fatigant à lire de suite, qui tourne sans cesse avec une rapidité brillante autour du même objet, différent en cela de Cicéron, qui avance toujours vers son but, mais avec lenteur ; Lucain, le Sénèque des poètes, si plein de beautés mâles et vraies, mais trop déclamateur, trop monotone, trop plein de maximes et trop dénué d’images ? […] Les morceaux que j’avais déjà publiés sont retouchés en plusieurs endroits, et la plupart des changements ont pour but de rendre la traduction encore plus énergique et plus concise, sans rien perdre du sens de l’original, et sans donner au style de la dureté et de la sécheresse.