On n’écrit pas dans tel ou tel but. […] D’autres, il est vrai, manquent le but par une excessive ellipse on par une surcharge de détails. […] Mon seul but est de constater. […] L’ambitieux a un but. […] Il marchait les mains en avant, à la recherche d’un bonheur ou d’un but.
L’art, à mon avis, n’a pas son but en lui-même. […] Il doit y avoir toujours énigme en poésie, et c’est le but de la littérature, — il n’y en a pas d’autres — d’évoquer les objets. […] C’est l’art altruiste, en but humanitaire, pour le Mieux intellectuel et moral. […] Il faudra que petit à petit je fasse oublier le but de mon voyage pour réussir à fondre un peu ce mutisme blond. […] Bonnetain, Descaves, Margueritte, Guiches et lui, signèrent, dans ce but, le fameux « manifeste des Cinq » qui fit un certain bruit à l’époque.
Sa mémoire, puissance qu’on multiplie en la chargeant, le servait avec fidélité, mais aussi avec cette liberté qu’elle doit laisser à l’improvisation, tout en rappelant l’orateur à son but et à son texte ; sa diction, sans être théâtrale, était modulée. […] Je viens même de me détourner un peu sur la droite pour voir le tombeau de Périclès : mais, dans cette ville-ci, les souvenirs sont inépuisables ; il semble, à chaque pas que l’on y fait, que du sol jaillisse l’histoire. — Les recherches, lui dit Pison, quand on les fait dans la vue d’imiter un jour les grands personnages, sont d’un excellent esprit ; mais, quand elles n’ont pour but que de nous mettre sur les traces du passé, elles témoignent seulement d’un esprit curieux. […] C’est ainsi que ces exercices oratoires d’autrefois, où j’avais pour but de me préparer au forum, et dont j’ai continué l’usage plus que personne, sont aujourd’hui remplacés par un exercice de vieillard.
Je sentais trop qu’à ce jeu de théâtre, sans autre but que des applaudissements de parterre, les légitimistes perdaient l’honneur et ne gagnaient aucune popularité sérieuse dans le fond du pays. […] Quel concert de vues et d’hommes peut-on établir entre les chefs, tous antipathiques les uns aux autres, de cette incroyable agglomération d’assaillants qui, en vous donnant l’assaut, ont tous un but et un drapeau différents ? […] Si jamais j’avais besoin de chercher des vengeurs de ce rire à contre sens, qui se trompe de but et qui s’attache au revers, je sais où je les trouverais !
Ils savent ce qu’ils veulent, et je ne le sais pas ; et, si j’ai des troubles qu’ils ne connaissent pas, qui m’assure que je ne suis pas traître à mon âme et à ma destinée, autant et plus qu’ils ne le sont eux-mêmes au but final de la vie ? Mais quel est-il, ce but mystérieux, invisible ? […] C’est bien en vue de la vie éternelle, mais c’est aussi, et très formellement, pour diminuer les douleurs de la vie présente (les deux buts devant d’ailleurs être atteints par les mêmes voies) que Veuillot se soucie de l’humanité, étant lui-même trop vivant, trop débordant d’énergie et trop épris de l’action pour se désintéresser, à la façon des ascètes, de cette vie mortelle et transitoire.
L’habitude de la concentration, c’est-à-dire de l’attention exclusivement portée sur la pensée et son expression intérieure, se prend dans le jeune âge, et d’autant mieux que l’âme est naturellement plus calme, plus intellectuelle, moins fréquemment détournée du but qu’elle s’est fixé par l’éveil subit de la passion ou de l’imagination, puissances de caprice et de distraction. […] Jeanne reçoit donc, en vue du but spécial qu’il lui a été ordonné de poursuivre, une direction morale complète, qui semble ne l’abandonner jamais. […] Si l’excitation intérieure continue à croître, l’état de l’âme doit s’exprimer par un phénomène qui lui soit égal en intensité ; alors la parole intérieure vive ne suffit plus ; l’âme a besoin de sensations fortes, de bruit et de mouvement ; la parole extérieure, qui ébranle fortement les nerfs du toucher comme ceux de l’ouïe, jaillit des lèvres ; aux mouvements de la phonation se joignent ceux de la physionomie, des bras, des jambes : on gesticule, on se promène sans but, uniquement pour se sentir vivre, comme si le degré maximum de la sensation était pour l’état mental le plus intense un complément esthétique à l’attrait irrésistible ; l’âme envahie par un sentiment violent ou par une conception vive de l’imagination n’a plus de conscience pour le milieu qui l’entoure ; elle l’oublie, elle l’ignore momentanément, et, avec lui, les convenances, la réserve, les habitudes sociales qu’il impose ; par les sensations qu’elle se donne, elle se crée un milieu artificiel en accord avec le phénomène dominant et exclusif qui la possède ; elle est tout à son rêve ou à sa passion, et ce qui s’est emparé d’elle tout entière est par là même maître absolu du corps comme de l’âme220.
Il y eut dans le romantisme deux éléments contraires qui devaient nécessairement se combattre, et dont l’un devait détruire l’autre : monarchique et catholique par son point de départ, il était révolutionnaire par son action et son but. […] Nous estimons trop la mission et le rôle de la critique pour l’assujettir à ces alternatives, pour la faire dépendre des agitations ou du silence de la rue, pour lui permettre de regarder à son baromètre avant de condamner ou d’amnistier un mauvais livre, pour ne pas demander à ses enseignements un plan général, un ensemble où tout s’accorde et concoure au même but, le triomphe du vrai, du beau et du bien. […] Comment est-ce rendre un éminent service aux lettres chrétiennes et à l’histoire, que de dégager et de montrer, dans le tableau de cette époque décisive, ce double esprit, cette double influence, où se manifeste et se continue la double nature du Dieu fait homme ; la société antique abdiquant dans le sein de l’Église, l’Église en conservant tout ce qui n’était pas incompatible avec son origine, son essence et son but ? […] Jamais je n’avais mieux compris cette variété de caractères, d’esprits et d’efforts, marchant en des sentiers différents et concourant au même but. […] Les grands et glorieux résultats, obtenus par des moyens violents et sanguinaires, ont cela de particulier que les contemporains, frappés surtout des violences et du sang répandu, leur rendent rarement justice, et que la postérité, n’étant plus blessée ni émue de ce qui a coûté tant de larmes, pardonne aux moyens en faveur du but.
Il devait savoir se dédoubler, s’occuper d’une affaire en la conduisant au but, mais en même temps en l’étudiant pour elle-même, et les hommes qui y étaient mêlés comme objets très intéressants pour le curieux de choses humaines. […] » Et c’est ici l’homme d’action réfléchi, qui ne laisse rien au hasard, et qui se rend compte de son désir, de son intention, de ses moyens et de son but. — Ensuite : « pourquoi tel obstacle ? […] Elle a pour objet la conquête, et dans la philosophie de l’histoire des romanciers on sait que la conquête est le but des plus grands cœurs. […] Il est l’illusion d’un être qui croit remplir une mission parce qu’il la connaît, exécuter un ordre parce qu’il l’entend, aller au but parce qu’il y est porté par un fleuve qui l’entraîne. […] Le but qu’elle poursuit en cette affaire est rétablissement d’une langue et d’un style poétiques distincts de la prose, à l’imitation des anciens.
Deux artifices de méthode nous conduisent au but. […] Elle a pour but le dégagement de leurs concordances. […] Elle a pour but le dégagement des différences. […] En plusieurs cas, et notamment dans ceux où nous ne pouvons suivre rigoureusement la méthode des différences, ce troisième moyen est très utile et nous conduit par une autre voie au même but.
En prononçant ces mots, Ivan atteignit sans doute le but qu’il se proposait ; son père fut tellement abasourdi, qu’il écarquilla les yeux et resta un instant immobile ; mais il revint à lui presqu’aussitôt, et tel qu’il était, dans son touloup doublé de fourrure, ses pieds nus dans de simples souliers, il s’élança les poings levés contre son fils. […] Et toujours, en tout temps, la vie est ici triste et lente ; celui qui entre dans son cercle doit se résigner ; ici, point de trouble, point d’agitation ; il n’est permis de toucher au but qu’à celui qui fait tout doucement son chemin, comme le laboureur qui trace son sillon avec le soc de sa charrue. […] Le soleil s’incline doucement sur le ciel bleu et limpide ; les nuages flottent lentement dans l’éther azuré ; ils paraissent avoir un but et savoir où ils vont. […] Mais Lise ne ressemble pas à l’autre ; ce n’est pas elle qui m’aurait préparé une vie d’humiliations ; elle ne m’aurait pas détourné de mes occupations ; elle m’aurait inspiré elle-même une activité honnête et sérieuse, et nous aurions cheminé ensemble vers un noble but.
Bientôt, l’étonnement devient stupeur ; on se trouve errant au milieu d’un pêle-mêle qui n’a non plus d’ensemble ni de but, qu’un magasin de curiosités, vous avez la mémoire encore fraîche et le cœur ébranlé des anathèmes les plus audacieux contre toutes les puissances du ciel et de la terre, votre lèvre murmure ces vers méprisants : Vous me demanderez si j’aime ma patrie : Oui ! […] Il n’en use que pour entasser descriptions sur descriptions et pour se jeter presqu’à chaque page dans des digressions dignes d’une marchande de modes ou d’un tapissier ; le but du livre paraît être de rendre le plus exactement possible la coupe d’une robe, la forme d’un fauteuil, la tenture d’une chambre ; il semblerait que tous les êtres supérieurs rassemblés là ont réduit le bonheur à se connaître en étoffes. […] un des grands buts de la littérature romantique ! […] Ces pensées sanglantes, familières aux poètes de l’Allemagne moderne, à ceux du moins qui se présentent comme novateurs, ne nous font pas l’effet de tendre à un autre but qu’à se poser en hommes plus prévoyants que les girondins, les jeunes artistes se piquent de ne pas être surpris par les excès inséparables des Révolutions, et pour prouver qu’ils sont bons jacobins, ils évoquent d’eux-mêmes les spectacles les plus horribles et se lavent les mains dans un sang idéal.
Il a fait d’elles un moyen et non un but. […] Ils ont eu la charmante liberté d’esprit, la surabondance de gaieté inventive, la gracieuse ivresse d’imagination qui poussent l’enfant à fabriquer et à manier incessamment de petits poëmes, sans autre but que de donner carrière aux facultés neuves et trop vives qui tout d’un coup s’éveillent en lui. […] Si le personnage se meut énergiquement vers un but, comme le Discobole de Rome, le Combattant du Louvre34 ou le Faune dansant de Pompéi, l’effet tout physique épuise tous les désirs et toutes les idées dont il est capable ; que le disque soit bien lancé, que le coup soit bien porté ou paré, que la danse soit vive et bien rhythmée, il est content ; son âme ne vise pas au-delà. […] Tel est le sentiment qu’avait nourri l’éducation, et qui, à son tour, agissant sur elle, lui donnait pour but la formation de la beauté. […] Ainsi pendant deux siècles nous avons vu les deux institutions qui forment le corps humain, l’orchestrique et la gymnastique, naître, se développer, se propager autour de leurs points de départ, se répandre dans tout le monde grec, fournir l’instrument de la guerre, la décoration du culte, l’ère de la chronologie, offrir la perfection corporelle comme principal but à la vie humaine, et pousser jusqu’au vice56 l’admiration de la forme accomplie.