Et c’est même la femme comme il faut qui confisque l’artiste quelquefois en elle (comme, par exemple, dans ce roman de l’Orpheline).
Mettez un badaud ancien mercier et un archéologue un peu artiste devant Saint-Germain des Prés : comparez les deux physionomies : le premier a l’impression ; le second, l’idée.
Cet artiste fameux était mort à Rome, et le pape voulait le faire enterrer avec la plus grande pompe, dans l’église de Saint-Pierre, qu’il avait contribué à embellir par son génie82 ; mais Florence, sa patrie, ne put consentir à le céder.
Un canton de la Grèce, une île de quelques lieues de tour, donnait parfois plus de rares talents, plus d’artistes inspirés que n’en porte ailleurs un grand pays, même civilisé.
Ce sont de capricieux et abondants artistes en paravents et en potiches ; mais, si un enfant de cinq ans avait leur œil et leur main, il ferait, je crois, exactement ce qu’ils font, et y mettrait juste autant de pensée… J’en étais là de ma méditation anti-japonaise, quand j’ai lu l’étude de M. […] Grâce à quoi — et peut-être aussi parce qu’il y a des soirs où les excellents artistes de la Comédie-Française ne se donnent plus du tout la peine d’articuler, — nous n’avons guère entendu que la moitié des vers. […] Jamais on n’a, je crois, plus heureusement exprimé cette pénétration de la vie réelle d’un artiste dramatique par sa vie artificielle, de ses sentiments par ses souvenirs de théâtre, de son cœur par son métier. […] Pepa, vingt-six ans, non mariée (car je n’ose dire ni jeune fille ni vieille fille), Pepa, fille d’artiste, Espagnole par sa mère et Batignollaise par son père, représente le « débraillé » contemporain. […] Quel adolescent, principalement dans le monde des lettres, n’a été tourmenté de la passion de voir de près les grands écrivains et les grands artistes, de leur parler, d’exister pour eux une minute ?
Il avait des « goûts d’artiste », comme nous disons maintenant, l’amour des beaux ameublements, des œuvres d’art, d’un intérieur riche et un peu fastueux ; ces goûts étaient assez rares, à cette époque, dans la bourgeoisie. […] Il n’est rien qui puisse arrêter l’impétuosité de mes désirs : je me sens un cœur à aimer toute ta terre ; et comme Alexandre, je souhaiterais qu’il y eût d’autres mondes, pour y pouvoir étendre mes conquêtes amoureuses. » Dès le second acte, il n’est plus le même, il en est à supprimer ce qu’il aimait tant jadis : les petits progrès lents et insensibles ; et donc, déjà, il n’est plus artiste. […] Verconsin, dramatiste médiocre du xixe siècle, a fait une pièce excellente sur le bourgeois qui se donne des airs d’artiste. C’est le Bourgeois gentilhomme transposé et mis au goût d’une société où les artistes sont une classe aussi tranchée que la caste des hommes de qualité l’était autrefois. […] Il est infiniment susceptible, et la vanité d’artiste, la plus vive peut-être qui soit, lui fait oublier toute prudence, et l’auteur en lui l’emporte sur l’intrigant, trait extrêmement caractéristique, lorsque sa vanité a reçu une piqûre.
De vaillants et excellents artistes ont fait de leur mieux dans cette soirée. […] Signoret qui, en sa qualité de grand artiste, ne se trompe pas à demi, a complètement manqué le rôle du fou. […] On n’a pas besoin de commentaire avec un artiste si intelligent. […] Elle s’est déclarée artiste supérieure. […] Mme Lavallière n’a d’autre tort que d’un peu trop jouer Mariette en grande artiste ; je souhaite ce défaut à beaucoup de comédiennes.
Quarante poëtes, parmi eux dix hommes supérieurs, et le plus grand de tous les artistes qui avec des mots ont représenté des âmes ; plusieurs centaines de pièces et près de cinquante chefs-d’œuvre ; le drame promené à travers toutes les provinces de l’histoire, de l’imagination et de la fantaisie, élargi jusqu’à embrasser la comédie, la tragédie, la pastorale et le rêve ; jusqu’à représenter tous les degrés de la condition humaine et tous les caprices de l’invention humaine ; jusqu’à exprimer toutes les minuties sensibles de la vérité présente et toutes les grandeurs philosophiques de la réflexion générale ; la scène dégagée de tout précepte, affranchie de toute imitation, livrée et appropriée jusque dans ses moindres parties au goût régnant et à l’intelligence publique : il y avait là une œuvre énorme et multiple, capable par sa flexibilité, sa grandeur et sa forme, de recevoir et de garder l’empreinte exacte du siècle et de la nation1. […] Pour eux, ils gesticulent, ils jurent en italien, en français, en anglais2 ; ils plaisantent tout haut avec des mots recherchés, composites, colorés ; bref, ils ont les manières énergiques, originales et gaies des artistes, la même verve, le même sans-gêne, et, pour achever la ressemblance, la même envie de se singulariser, les mêmes besoins d’imagination, les mêmes inventions saugrenues et pittoresques, la barbe taillée en éventail, en pointe, en bêche, en T, les habits voyants et riches, empruntés aux cinq ou six nations voisines, brodés, dorés, bariolés, incessamment exagérés et remplacés par d’autres ; il y a un carnaval dans leur tête comme sur leur dos. […] Ce sont des corps de charretiers avec des sentiments de gentilshommes, des habits d’acteurs et des goûts d’artistes. « À quatorze ans6, un fils de lord va aux champs pour chasser le daim et prendre de la hardiesse ; car chasser le daim, l’égorger et le voir saigner donne de la hardiesse au cœur. […] On voit bien que, même après cette hausse, le métier d’auteur donne à peine du pain ; pour gagner quelque argent, il faut, comme Shakspeare, se faire entrepreneur, tâcher d’avoir une part dans la propriété du théâtre ; mais le cas est rare, et la vie qu’ils mènent, vie de comédiens et d’artistes, imprévoyante, excessive, égarée à travers les débauches et les violences, parmi les femmes de mauvaise vie, au contact des jeunes galants, parmi les provocations de la misère, de l’imagination et de la licence, les mène ordinairement à l’épuisement, à l’indigence et à la mort.
non pas, et c’est l’œuvre très virile d’un véritable artiste. […] Dans Sapho est racontée l’histoire d’un jeune homme sans fortune qui, tout en préparant son examen aux consulats, tombe un soir dans un bal d’artistes. […] Lui aussi n’a pu s’empêcher de se peindre, au milieu de ses amis, die ceux qu’il a vus passer dans sa vie d’artiste. […] Octave Mirbeau ; elle lui indique nettement sa route d’écrivain ; ce qui prouve une fois de plus que tout artiste doit prêter l’oreille et les yeux à la nature, et que sans elle il n’y a pas de salut. […] — C’est un poète, peut-être, me disais-je, un artiste ; il est bon, puisqu’il s’attendrit.
Ils réclamaient le renom de savants et d’artistes et, parmi les artistes, le renom des plus étonnants écrivains que l’on connût. […] Voilà l’écriture artiste : le style d’écrivains mal doués et qui n’ont pas de résignation. […] Un sentiment d’artiste ? […] Les poètes et les artistes du moyen âge ont cru l’allégorie réelle. […] Pierre Hamp n’admet-il, écrivains, poètes ou artistes, que les plus grands ?
Je saute quelques pages ; il s’agit pour nos artistes ambulants de donner un concert. […] Ceux qui n’ont pas nativement la juste mesure dans l’esprit pour apprécier la valeur d’un artiste ont besoin de le comparer à un autre. […] Un procès compliqué contre les quinze derniers directeurs du théâtre Saint-Marcel absorbe le peu d’argent que les artistes gagnent à cette industrie de commissionnaire. […] Pour dîner et déjeuner à la cuisine chez le marchand de vins des artistes, je fais chaque soir ce saut terrible ! […] Sous l’athée et le libertin, l’artiste se dérobe sans doute, mais point assez pour ne pas reparaître et s’émouvoir au bon moment.
Que toute cette phraséologie, que cette « écriture artiste », que ces gentillesses forcenées, ces brutalités et ces « cruautés » sont fastidieuses, écœurantes ! […] Si les citoyens d’une décadence sont inférieurs comme ouvriers de la grandeur du pays, ne sont-ils pas très supérieurs comme artistes de l’intérieur de leur âme ? […] Je me demande si nos effroyables malchances sont suffisamment compensées par les jolis effets que les artistes savent en tirer. […] Ce qui est lointain attire, par le mystère de l’inconnu, son instinct d’artiste, de poète et de peintre. […] Plusieurs artistes, dont quelques-uns sont très grands, nous ont enseigné que tout est indifférent, sauf l’expression magnifique de la Beauté.