On dit que les Comédiens se préparoient à la jouer, lorsque l’Auteur, qui ne s’étoit jamais proposé de travailler pour eux, obtint un ordre pour en arrêter la représentation.
» On se dispose à le faire périr. « Arrêtez !
Ce n’était pas sa coutume de s’arrêter pour un tel motif ; cependant on lui offrit de s’abriter dans une maison située au milieu des bois et appartenant à un officier des chasses de la cour de Saxe. […] Le moment était critique, car si l’infanterie russe n’était pas arrêtée, elle allait aborder le cimetière, centre de la position, et Napoléon n’avait pour le défendre que les six bataillons à pied de la garde impériale. […] Les premières lignes, arrêtées par le feu, ne pénètrent pas, et, se repliant à droite et à gauche, viennent se reformer derrière celles qui les suivent, pour charger de nouveau. […] « Napoléon, après avoir serré Lannes dans ses bras, et se disant certainement à lui-même ce que le héros mourant ne lui avait pas dit, car le génie qui a commis des fautes est son juge le plus sévère, Napoléon remonta à cheval et voulut profiter de ce qui lui restait de jour pour visiter l’île de Lobau et arrêter ses dispositions de retraite. […] Arrêtons-nous ici, et voyons si l’écrivain aura la constance de conduire son héros jusqu’à Waterloo, où il tombe enfin dans le sang de ses derniers compagnons d’armes pour ne plus se relever que dans l’imagination sans mémoire des peuples.
Il s’arrêta d’abord à Bologne, chez son ami Constantin ; la ville savante se pressa tout entière à la porte de son hôte ; de là il alla à Loretto ; arrivé sans argent à la porte de la ville, il écrivit à don Ferrante Gonzagua, qui se trouvait par dévotion à Loretto, de lui prêter dix écus pour continuer son voyage. […] Enfin, après de longues réflexions, elle se détermine à s’arrêter dans cette solitude, au moins jusqu’à ce que la fortune favorise son retour. […] « Il y arrive, et voit du sein d’un rocher jaillir une onde claire et limpide, qui se précipite et roule avec un doux murmure sur un lit bordé de gazon : en proie à sa douleur, il s’arrête, il jette un cri ; l’écho seul y répond ; enfin l’aurore se lève, etc., etc. » Si l’on ajoute à cette situation et à ces images la mélodie évanouie des stances, trouvera-t-on dans Homère ou dans Virgile un plus délicieux contraste des champs de bataille et de la nature pastorale ? […] « Les derniers liens qui arrêtaient son âme se brisaient l’un après l’autre : elle allait suivre l’âme de son amante, quand le hasard ou le besoin amena dans ces lieux une troupe de chrétiens. […] Mais ici son courage lui fut inutile, son nom avait suffi : le brigand Sciarra, qui chantait déjà, dans ses rochers, les stances épiques de la Jérusalem, ainsi que les gondoliers de Venise les chantent encore sur les lagunes, ayant appris que le Tasse était au nombre des voyageurs arrêtés par la peur de sa bande à Mola di Gaëta, lui envoya un sauf-conduit avec les expressions du respect et de l’enthousiasme.
Arrivée au sommet du Lena, la troupe s’arrête sur les noires bruyères, semblable à un brouillard d’automne, lorsque rassemblant ses flocons épars dans la plaine, il monte sur les collines obscurcies et, de leur cime, élève sa tête dans les cieux. […] « Reviens, mon fils, lui criai-je, reviens, ne poursuis plus l’ennemi, quoique Ossian soit derrière toi. » Il obéit à ma voix et revient sur ses pas ; c’était un charme pour mon oreille que le bruit des armes d’Oscar. « Pourquoi, me dit-il, arrêtes-tu mon bras avant que la mort les ait tous enveloppés de ses ombres ? […] Cromla répondit à ses sons, et ses guerriers fuyants s’arrêtèrent. […] Swaran aperçoit le terrible roi de Morven, et s’arrête au milieu de sa course. […] Trois fois il voulut courir au combat, et trois fois Connal arrêta ses pas. « Chef de l’île des Brouillards, lui dit-il, Fingal triomphe, ne cherche point à lui ravir une portion de sa gloire : il ravage et détruit comme la tempête. » « Eh bien, Carril, reprit Cuchullin, va féliciter le roi de Morven.
Si un tel effort pouvait se généraliser, ce n’est pas à l’espèce humaine, ni par conséquent à une société close, que l’élan se fût arrêté comme à une impasse. […] On poussera donc de plus en plus loin ; on ne s’arrêtera, bien souvent, que devant l’imminence d’une catastrophe. […] S’il en était ainsi, l’humanité serait vouée à une matérialité croissante, car le progrès de la science ne s’arrêtera pas. […] Là s’arrêtait l’évolution de la vie. […] Demain la voie sera libre, dans la direction même du souffle qui avait conduit la vie au point où elle avait dû s’arrêter.
La peste décimait Florence ; les vivants ne suffisaient plus à ensevelir les morts ; les cantiques funèbres qui accompagnent les cortéges aux campo santo se taisaient, faute de voix pour gémir ; les tombereaux précédés d’une clochette pour annoncer leur passage aux survivants s’arrêtaient le matin de porte en porte, pour emporter comme des balayeuses, sans honneurs, tout ce que ce souffle de la mort avait fait tomber de tous les étages pendant la nuit ; on ne se fiait pas même pour une heure à l’amitié ou à l’amour ; on n’était pas sûr de retrouver en rentrant ceux qu’on laissait, encore jeunes et sains, à la maison en gage à la contagion invisible ; le moindre adieu était un éternel adieu, le lendemain n’existait plus, l’avenir était mort avec tant de morts. […] On s’y arrête un moment pour respirer la fraîcheur humide du bassin, et pour contempler les belles images renversées des frênes qui se peignent dans son miroir noirâtre, et pour voir les beaux insectes ailés appelés dans le pays demoiselles des lacs, patiner dans les rayons tremblotants de soleil sur la surface, semblable à l’acier, bleue et liquide, de l’étang. Mais l’extrême fraîcheur de ces feuilles, éternellement trempées dans le froid et dans l’eau de cette grotte d’ombre, empêche de s’y arrêter longtemps ; un petit sentier humide conduit en quelques pas à une halte, aussi ombragée, mais moins ténébreuse. […] Maudite soit la France, qui s’arrêterait tout entière pour arracher une épine du pied nu d’un passant, mais qui ne se détournerait pas de son sentier pour arracher une épine morale du cœur d’un homme sensible, puni d’avoir trop aimé !
« Avant de passer aux considérations générales, il nous paraît bon de nous arrêter, un moment, à un cas particulier, et d’étudier, dans les écrits d’un témoin oculaire, la vive impression que peut causer l’aspect inattendu d’un phénomène de ce genre. » VIII « Lorsque je quittai l’Allemagne pour retourner dans les îles danoises, dit Tycho Brahé, je m’arrêtai ( ut aulicæ vitæ fastidium lenirem ) dans l’ancien cloître admirablement situé d’Herritzwald, appartenant à mon oncle Sténon Bille, et j’y pris l’habitude de rester dans mon laboratoire de chimie jusqu’à la nuit tombante. […] « Je me sens saisi devant tes œuvres, non-seulement de ce tressaillement sacré qui m’écrase d’enthousiasme devant tes immensités et tes perfections réunies, mais encore de la passion de te rendre gloire dans tes ouvrages, comme un insecte qui, ayant vu la trace du pied d’un géant imprimée sur le sable, s’arrête épouvanté d’admiration, la mesure, l’adore et la baise, comme une mesure de la grandeur de l’Être inconnu, — avant de la décrire pour lui et pour les autres. […] La terre est encombrée de plantes dont rien n’arrête le développement.
Ceci dit, j’entre dans l’action : les détails s’y accumulent, les difficultés y abondent ; ne vous étonnez point si elle nous arrête à chaque pas. […] Tenancier fait lire au fils rassuré, et qui prouve qu’elle s’est arrêtée au bord de la faute. […] Hippolyte, ayant arrêté ses coursiers qui ont fini par reconnaître que le Monstre était en carton, viendrait galamment comprend la vertu de Phèdre. […] Le vieux Tenancier, jadis aussi clairvoyant que Zadig, maintenant crédule comme Orgon, sanglote déjà dans son mouchoir à carreaux, Lucien est attendri, la parodie marche à merveille, lorsque André Lagarde l’arrête court par un éclat de rire ironique.
Aucune foi ne la captive, aucun dogme ne l’arrête. […] En ces quatre volumes à peine, — par l’histoire des Révolutions d’Italie s’arrête vers le milieu du quatrième, où l’auteur nous apprend tout à coup que sa tâche est finie parce qu’il touche à l’époque de Charles-Quint, et qu’à cette époque l’ère des révolutions est fermée, — il n’y a pas moins (l’auteur s’en est assez vanté) que sept mille révolutions qu’il a mesurées « à l’équerre et au compas », nous dit-il, avec l’orgueil d’un Képler de l’Histoire, Assurément, sept mille révolutions, poussées, bousculées en quinze cents pages à peu près, font un entassement formidable, et on aurait vraiment le droit de se demander comment elles sont passées sous l’angle d’un compas si peu ouvert, pour peu qu’elles méritent le nom qu’on leur donne et qu’elles soient réellement des révolutions ! […] Les révolutions sont des catastrophes qui ont quelque chose d’arrêté, de final et de définitif, tandis que les révolutions d’Italie sont, pour emprunter à M. […] arrêtez-vous !
La sagesse de la conduite dépend presque entiérement de la connoissance de soi-même : il indique les moyens de parvenir à cette connoissance, d’en tirer des fruits, & de soustraire son ame à la tyrannie des passions ; il met sous les yeux de la raison, les principes qui les éveillent, les alimens qui les fortifient, & les contre-poids qui peuvent les arrêter.
Considérée par cet aspect, son Histoire ressemble à une belle et longue retraite devant des nuées d’ennemis : il n’a pas l’impétuosité ni le feu, mais il a la tactique et l’ordre ; il campe, s’arrête et se déploie partout où il peut. […] Je dirai donc aussi qu’en maint cas Gibbon ne produit point la parfaite lumière : il s’arrête en deçà du sommet où peut-être elle brille. […] Loin de brusquer sa fin, Gibbon se plaît à la prolonger : il achève cette longue carrière presque comme une promenade, et, au moment de poser la plume, il s’arrête à considérer les derniers alentours de son sujet ; il s’y repose. — Il n’a rien du cri haletant de Montesquieu abordant le rivage ; il n’en avait pas eu non plus les élans, les découvertes d’idées en tous sens et le génie.