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675. (1767) Salon de 1767 « De la manière » pp. 336-339

Vous vous moquez ; ils ne sont que mal faits. " ces copistes d’un modèle bizarre sont insipides, parce que leur bizarrerie est d’emprunt ; leur vice ne leur appartient pas ; ce sont des singes de Sénèque, de Fontenelle et de Boucher.

676. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Bernardin de Saint-Pierre »

Bernardin de Saint-Pierre Le sentiment qu’on a de la nature physique extérieure et de tout le spectacle de la création appartient sans doute à une certaine organisation particulière et à une sensibilité individuelle ; mais il dépend aussi beaucoup de la manière générale d’envisager la nature et la création elle-même, de l’envisager comme création ou comme forme variable d’un fonds éternel ; d’apprécier sa condition par rapport au bien et au mal ; si elle est pleine de pièges pour l’homme, ou si elle n’est animée que d’attraits bienfaisants ; si elle est, sous la main d’une Providence vigilante, un voile transparent que l’esprit soulève, ou si elle est un abîme infini d’où nous sortons et où nous rentrerons. […] Comme science, il ne nous appartient pas de juger les Études, et nous ne hasarderons qu’un mot. […] Ferdinand Denis, auteur de Scènes de la Nature sous les Tropiques et d’André le Voyageur, est dans nos générations un représentant très-pur et très-sensible de l’inspiration propre venue de Bernardin de Saint-Pierre : par les deux ouvrages cités, il appartient tout à fait à son école ; mais c’est sa famille qu’il faut dire.

677. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre III. Combinaison des deux éléments. »

. — Jusqu’ici ce gouvernement appartenait à la tradition. […] Elle parlera aussi haut que les précédentes, en souveraine légitime à qui la dictature appartient de naissance, et contre laquelle toute révolte est un crime ou une folie. […] Que des vaincus ou des fous aient, il y a mille ans, engagé le consentement de toutes les générations suivantes : si l’on contracte pour un mineur, on ne contracte pas pour un adulte, et, quand l’enfant est parvenu à l’âge de raison, il n’appartient plus qu’à lui-même.

678. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXVIe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (2e partie) » pp. 417-487

En paraissant à la lumière, et avant de pouvoir exercer ses organes, il s’approprie par sa bouche et par ses deux mains les mamelles, ces sources de vie, périssant à l’instant si on le dépossède de ce lait qui lui appartient, car il a été filtré pour lui dans les veines de la femme. Il s’approprie une partie de l’espace, dans une part à lui destinée par la mesure de ses membres qui le remplissent, et qui lui appartient, en s’agrandissant, à la mesure de ses bras, de ses pas, de ses mouvements dans le nid ; et, s’il en est dépossédé, il périt étouffé, faute de place au soleil. […] Il faut leur réserver leur part des biens qui leur appartiennent par droit de temps. » XXII Mais si la souveraineté de la nature, dont les décrets se manifestent par la nécessité, proclame clairement la loi de la propriété et celle de l’hérédité des biens, cette loi naturelle n’est ni aussi claire ni aussi unanime en ce qui concerne la part plus ou moins égale dans laquelle la propriété héréditaire doit se diviser entre les veuves, les fils, les filles, les enfants, les parents du chef de la famille.

679. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (3e partie) » pp. 81-152

Or, comme si cette dénégation imprimée ne suffisait pas au successeur d’Alfieri, il l’inscrivit de sa main sur l’exemplaire qui lui appartenait. […] Son âme généreuse et fière appartenait à ces siècles de grandeur et de gloire que j’ai cherché à faire connaître. Né comme par miracle hors de son siècle, il appartenait tout entier à des temps qui ne sont plus, et il avait été donné à l’Italie comme un monument de ce qu’avaient été ses enfants, comme un gage de ce qu’ils pouvaient être encore.

680. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre deuxième »

L’existence révélée par la pensée plus sûrement que par la vie physique ; la raison juge du vrai et du faux ; l’évidence, signe infaillible du vrai ; l’âme vivant d’une vie à part, et concevant spontanément l’idée de l’infini ; Dieu, se révélant comme l’objet qui répond à cette idée : que peut revendiquer le philosophe, dans ces vérités capitales, qui n’appartienne également au poète, au moraliste, à l’historien ? […] Sitôt qu’elle est apparue à un esprit supérieur, elle cesse de lui appartenir ; il faut qu’il la rende incontinent au public, appropriée à l’intelligence de tous, et à peine signée, en un coin, du nom de l’inventeur. […] Il ne manque à la langue de Descartes que ce qui n’y était pas nécessaire : et c’est une beauté de cette langue que de s’être privée des beautés qui n’appartenaient pas au sujet.

681. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre IV. Le Séminaire d’Issy (1881) »

Sa mysticité est d’un genre qui lui appartient ; son Catéchisme chrétien pour la Vie intérieure, qu’on ne lit plus guère hors de Saint-Sulpice, est un livre des plus extraordinaires, plein de poésie et de philosophie sombre, flottant sans cesse de Louis de Léon à Spinoza. […] Après la mort de la reine Margot, le casin fut vendu et appartint à diverses familles parisiennes, qui l’habitèrent jusque vers 1655. […] Sa famille appartenait à cette partie de l’ancienne bourgeoisie qui, sans être affiliée aux jansénistes, partageait l’attachement extrême de ces derniers pour la religion.

682. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « III »

Deux pays, la France et l’Allemagne, sont en présence, deux pays unis par un séculaire échange d’idées et d’efforts, un jour séparés par une guerre folle et à jamais détestable : mais la paix a été faite, les anciennes relations, si amicales, ont été retrouvées ; depuis des générations, c’était, entre les deux, une réciprocité de salutaires influences, un constant retour, au-dessus des rives du vieux Rhin, de ces choses intellectuelles et morales dont vivent les peuples ; à grand peine donc, et malgré les fanatismes un instant renouvelés, l’œuvre de mutuelle régénération est reprise ; et voilà que l’un de ces pays enfin a produit l’œuvre qui résume son âme, l’artiste absolu lui est né en qui aboutissent les qualités nationales éminentes, l’homme par excellence dont l’œuvre résume toutes les aspirations d’une race ; à son tour, ce pays offre à l’autre, à travers les frontières, ce magnifique tribut d’idéalité nouvelle : appartient-il à quelqu’un de protester ? […] « Ce qui appartient à l’œil (111, 78), dit Wagner, c’est l’extérieur de l’homme. […] Quand elle apparaît, comme une fleur plus resplendissante que les autres fleurs, revêtue d’un costume étrange qui n’appartient à aucune époque, elle représente la séduction profonde opposée à ce charme joyeux des jeunes filles, exercée contre le pur et l’ignorant.

683. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre II. Le comique de situation et le comique de mots »

Envisagée dans l’espace, elle étale à nos yeux des éléments coexistants si intimement solidaires entre eux, si exclusivement faits les uns pour les autres, qu’aucun d’eux ne pourrait appartenir en même temps à deux organismes différents : chaque être vivant est un système clos de phénomènes, incapable d’interférer avec d’autres systèmes. […] Voici peut-être comme il faudrait le définir : Une situation est toujours comique quand elle appartient en même temps à deux séries d’événements absolument indépendantes, et qu’elle peut s’interpréter à la fois dans deux sens tout différents. […] Prenez le mot, épaississez-le d’abord en scène jouée, cherchez ensuite la catégorie comique à laquelle cette scène appartiendrait : vous réduirez ainsi le mot d’esprit à ses plus simples éléments et vous aurez l’explication complète.

684. (1892) La vie littéraire. Quatrième série pp. -362

L’édition de 1889 établit qu’il lui appartient en propre ? […] Mais les actions qu’on lui prête ne lui appartiennent pas : ce sont des facéties traditionnelles. […] Il ne m’appartient pas de le défendre au point de vue de l’orthodoxie. […] De la sorte, Molière prit à Scarron un bien qui n’appartenait pas à celui-ci. […] Quant à Molière, tout ce qu’il prend lui appartient aussitôt, parce qu’il y met sa marque.

685. (1901) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Deuxième série

Quelqu’un fit alors la remarque que le vénérable doyen de la Faculté à laquelle appartenait ce jeune homme n’avait pas la croix, et l’on s’avisa qu’il serait convenable de régler en même temps l’affaire de cet ancien. […] Le royaume de la gloire est aux violents et aux habiles d’abord ; il appartient aussi à quelques heureux, que choisit le hasard, pour se moquer de nous. […] C’est à lui qu’il appartenait de faire triompher l’idée que j’avais lancée, moi chétif. […] En conséquence, Saurin, qui appartient au même temps de l’histoire, aurait pu avoir, lui aussi, une classique célébrité, s’il avait été un pur Français ; quais aucune éloquence ne saurait compenser pour Monod l’inconvénient de ne pas appartenir à l’âge d’or de la littérature. […] Les écrivains qui appartiennent délibérément et d’intention à l’une ou à l’autre école, ont en commun une préoccupation extrême de bien écrire.

686. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1888 » pp. 231-328

Il m’affirme qu’il appartient au contraire à une grande famille italienne, qui se rattache au cardinal Gonsalvi, et à des papes. […] quand je verrai que je vais tout à fait appartenir à la maîtresse rousse, je me remettrai à fumer. […] À la suite de la mort de cet enfant, de ce tout jeune homme, deux proches parentes qui l’avaient élevé, amoureusement soigneuses de la mémoire du cher petit, voulant que la fortune qui devait un jour appartenir au jeune savant, appartînt tout entière à la science qu’il avait cultivée, par une donation anticipée, fondaient au Collège de France, une rente annuelle en faveur d’un étudiant pauvre, ayant déjà fait ses preuves dans les hautes études mathématiques. […] Mardi 27 novembre En maniant ces jolités, — c’est le nom que leur donne le : Catalogue de feu Son Altesse Royale le duc Charles de Lorraine et de Bar, ces jolités faisant partie de cette vitrine, que je commence, d’objets à l’usage de la femme du dix-huitième siècle, en touchant et retouchant ces étuis, ces flacons, ces ciseaux, ces navettes, qui ont été, pendant des années, les outils des travaux d’élégance et de grâce des femmes du temps, il vous arrive de vouloir retrouver les femmes, auxquelles ils ont appartenu, et de les rêver ces femmes, — le petit objet d’or ou de saxe, caressé des doigts de votre main.

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