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1177. (1907) Propos littéraires. Quatrième série

Il n’aperçoit aucun mal. […] Or il ne s’aperçoit pas — et en vérité cela m’étonne si fort que je ne puis m’empêcher de le soupçonner de ne point vouloir s’en apercevoir — que toutes les objections qui, selon lui, ruinent radicalement le monothéisme, battent en ruine exactement aussi fort, et peut-être plus, son monisme panthéistique. […] Elle fait peu de cas de son grand-père et nous regarde à peine, mon fils et moi ; mais dès qu’elle aperçoit Mme de Maintenon elle lui sourit et va à elle les bras ouverts. […] Certainement Sainte-Beuve a lu les Mémoires imprimés ; mais s’apercevoir que quelque chose n’est pas dans un très long ouvrage, ce n’est pas si facile que cela ! […] Et je m’aperçois que je n’ai pas parlé de toute une partie de ce roman qui est bien intéressante encore pour l’étude des mœurs anglaises.

1178. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Appendice. »

La colère du suffète va en augmentant à mesure qu’il aperçoit les déprédations commises dans sa maison. […] Mais, Monsieur et Révérend Père, je m’aperçois que j’outrepasse la mesure et que j’en dis plus que vous ne m’avez fait l’honneur de m’en demander.

1179. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Sa vie et sa correspondance (suite) Mardi 20 avril 1869 On ne peut tout dire à la fois, et quand on a exprimé les traits principaux d’un caractère, on s’aperçoit presque aussitôt qu’on en a omis d’autres qui les corrigent, qui les complètent et qui doivent entrer aussi pour une part essentielle dans le portrait vivant de la personne. […] Toute petite, dans la vallée de la Scarpe, ayant aperçu à la haute tourelle d’un donjon un vieux prisonnier qui lui avait tendu les bras, elle était partie à pied le jour même avec son frère pour aller à Paris chercher la liberté qu’on lui avait dit résider là-bas pour ce captif.

1180. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — I. » pp. 166-193

Autant il y avait de candeur aux âmes girondines d’alors à ne pas s’apercevoir sitôt du point radical qui les séparait de leurs futurs adversaires, autant il y en aurait peu aux âmes girondines actuelles, éclairées par l’expérience, à le dissimuler. […] Sous son air modeste, on apercevait son rayonnement et sa joie d’être ainsi active aux choses publiques.

1181. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Diderot »

Du plus loin qu’il m’aperçut, il laissa son ouvrage, il s’avança sur sa porte et se mit à pleurer. […] Ces messieurs niaient le sens moral inné, le motif essentiel et désintéressé de la vertu, pour lequel plaidait Diderot. « Le plaisant, ajoute-t-il, c’est que, la dispute à peine terminée, ces honnêtes gens se mirent, sans s’en apercevoir, à dire les choses les plus fortes en faveur du sentiment qu’ils venaient de combattre, et à faire eux-mêmes la réfutation de leur opinion.

1182. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre premier. Mécanisme général de la connaissance — Chapitre II. De la rectification » pp. 33-65

Nous ne pouvons apercevoir notre main droite comme chaude et en même temps comme froide. […] Il en est d’un simple son, d’une couleur aperçue en un clignement d’œil, d’une brève sensation de chaleur, d’odeur ou de contact dont nous ne distinguons pas les parties successives, comme d’une course en voiture ou d’une promenade à pied dont nous distinguons les parties successives, et chaque sensation, partant chaque image, possède, comme toute série de sensations et d’images, son commencement et sa fin.

1183. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

À ce moment, ils ouvrirent les fenêtres du palais sur la place et aperçurent Giacomo Pazzi qui appelait le peuple à l’insurrection et annonçait l’assassinat du tyran dans l’église. […] Si, au contraire, les projets du roi sont d’anéantir notre liberté, nous nous en apercevrons bientôt ; et il vaut mieux acquérir cette lumière par la ruine d’un seul que par celle de tous… D’un autre côté, comme j’ai joui au milieu de vous de plus d’honneurs et de considération sans doute que je n’avais droit d’en attendre, et que peut-être on n’en a accordé à aucun simple citoyen, je me crois plus particulièrement obligé qu’aucun autre à servir les intérêts de mon pays, même aux dépens de ma propre vie.

1184. (1824) Observations sur la tragédie romantique pp. 5-40

et pourquoi d’ailleurs ne pas m’avoir averti que sur le théâtre, personne, excepté Macbeth, n’aperçoit cette ombre ? […] Ce véritable et terrible amour est celui de Roxane, près de laquelle on n’aperçoit plus Bajazet ; celui d’Hermione devant qui disparaissent Pyrrhus, Oreste et ses furies elles-mêmes.

1185. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre deuxième »

Il est sans doute intéressant de chercher quel a été le but d’un auteur, et par quelle diversité de chemins il y est arrivé ; mais si l’on s’opiniâtrait à demander à Rabelais le sens général de son livre, on risquerait de ne pas apercevoir le sens des détails, dont chacun a été tour à tour l’unique objet et le seul plan de l’auteur. […] Platon n’a jamais plus de séduction qu’alors qu’il descend des hauteurs de la spéculation la plus sublime à des peintures familières de la vie, ou qu’il mêle un sourire aimable ou railleur aux plus graves entretiens, faisant couler l’âme, pour ainsi dire, d’un ton à un autre, par un mouvement si insensible et si naturel, qu’elle ne s’aperçoit pas du passage.

1186. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre premier »

Ses critiques n’avaient pas manqué de s’en apercevoir. […] Les écrivains du parti des politiques, à la fin du seizième siècle, Bodin, les auteurs de la Ménippée, l’avaient indiqué, et c’est peut-être un titre pour Balzac que, l’ayant manqué, il l’ait néanmoins aperçu.

1187. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quinzième. »

De même que Bossuet trouvait dans sa croyance passionnée à la tradition de l’Église, la sagacité historique qui en aperçoit l’enchaînement sous la mobilité et sous les contradictions des grands corps qui la perpétuent, le sens du moraliste qui découvre au fond des cœurs les causes de la longue obéissance des peuples, l’intelligence qui comprend les grands orthodoxes, et je ne sais quelle amitié, à travers les siècles, qui fait de lui leur frère d’armes dans leurs luttes théologiques ; de même la prévention de Saint-Simon pour une monarchie absolue appuyée sur la noblesse, lui inspira une pénétration impitoyable pour découvrir les vices de la monarchie absolue remplaçant par des roturiers la noblesse disgraciée. […] A voir de quelle hauteur le premier regarde les choses, on pourrait croire qu’il n’aperçoit rien sur la terre qui soit digne d’admiration, sinon ce qu’il appelle le dessein de Dieu dans les choses humaines.

1188. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre VI. Premiers pas hors de Saint-Sulpice  (1882) »

Mais je m’aperçois que je manque outrageusement à la première règle que mes excellents maîtres m’avaient donnée, qui est de ne jamais parler de soi. […] Désormais, je n’apprendrai plus grand’chose ; je vois bien à peu près ce que l’esprit humain, au moment actuel de son développement, peut apercevoir de la vérité.

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