Mais pour en dire mon avis, ce vêtement qui étale et fait bouffer cette énorme paire de tétons aura toujours à mes yeux un air barbare et de mauvais goût.
Deux scènes après, le tuteur s’acquitte si bien de la commission, qu’il débite à Isabelle, sans se tromper d’un seul mot, les douze vers que lui a dit Valère ; il a la mémoire heureuse, va me dire un plaisant : il est vrai ; mais ne serait-il pas plus naturel que Sganarelle eût, du moins, l’air de chercher, l’air de faire travailler sa mémoire, et la crainte scrupuleuse d’oublier une syllabe de cette singulière commission ? […] Habits d’été, d’hiver, de printemps, de cour, de ville, de campagne, de deuil, tous ont pris l’air : Montrez-nous des talents, et non pas des habits. […] Les deux vers espagnols et les suivants n’ont-ils pas un air de famille ? […] » Et l’on s’en passe encore très souvent, ou l’on met les nuages sur roulettes, afin que la Nuit et Mercure ne soient pas effrayés en s’élevant dans les airs. […] Il avait en même temps la dignité, le sérieux et l’air d’ironie nécessaires pour représenter un grand personnage, pour en imposer à un sot, et pour rappeler sans cesse au public qu’il était témoin d’une mystification.
Tu attelais à ton char, pour coursiers, tes moineaux rapides, et ils descendaient en agitant coup sur coup leurs ailes noires à travers l’air immense. […] Moins poignantes que certaines élégies, les jolies romances de Mme Valmore coururent, volèrent du premier jour sur toutes les lèvres de quinze ans, grâce aussi à la musique des plus grands ou des plus aimables compositeurs d’alors : Garat, Paër, en notèrent quelques-unes ; mais surtout Mme Pauline Duchambge, née tout exprès, y trouva ses airs les plus agréables, les plus chers au cœur et les mieux assortis. […] En lui l’amour respire : Sous l’air imposant du courroux Il cache son sourire. […] » Et qui a connu Mme Valmore en ces longues années d’épreuves, qui l’a visitée dans ces humbles et étroits logements où elle avait tant de peine à rassembler ses débris, qui l’y a vue polie, aisée, accueillante, hospitalière même, donnant à tout un air de propreté et d’art, cachant ses pleurs sous une grâce naturelle et y mêlant des éclairs de gaîté, brave et vaillante nature entre les plus délicates et les plus sensitives, qui l’a vue ainsi et qui lira ce qui précède se prendra encore plus à l’admirer.
Les pommettes de ses joues étaient saillantes et nuisaient à la courbe de l’ovale ; la bouche, grande et presque toujours entr’ouverte, respirait à grands souffles l’air et l’enthousiasme. […] Peut-être sa main débile, qui n’a pas été façonnée pour l’effort, ne peut-elle jamais parvenir à tendre assez puissamment la corde de l’arc pour que la flèche du vers atteigne le but et touche l’âme en la charmant, comme le trait invisible de l’archer qui déchire l’air en le traversant et qui résonne à l’oreille en perçant le cœur ? […] L’air des montagnes avait retrempé même son talent politique affadi par l’air des cours.
« Or, en quête sous les ramures, il s’est lassé, et la nuit est venue sur la vanité de son espoir présomptueux : parmi l’air le plus pur de désastre, en le plus plaisant lieu une voix disparate, un pin sévèrement noir ou quelque rouvre de trop d’ans s’opposait à l’intégral salut d’amour, et la velléité dès lors inerte demeurait muette, sans même la conscience mélancolique de son mutisme. […] Sans doute une des portes de la salle donne sur l’étable où sont les vaches et le cheval, et, dans l’obscurité, des pailles luisent parmi la litière… Mais, tandis que la voix parle, le poète, complètement abruti, regarde d’un air effaré une guêpe qui bourdonne autour de son verre. « N’aie pas peur, lui dit sa compagne : des guêpes, il y en a toujours dans cette saison. […] » Ici le poète ouvre et ferme, d’un air de malaise, sa bouche pâteuse « Allons, bois un bon verre d’eau fraîche, et dors », Le reste va de soi. […] Il a un « art poétique » tout à fait subtil et mystérieux (qu’il a, je crois, trouvé sur le tard) : De la musique avant toute chose, Et pour cela préfère l’impair Plus vague et plus soluble dans l’air, Sans rien en lui qui pèse ou qui pose.
Valmore y jouait le rôle de Jupiter ; à la dernière scène, lorsqu’il apparaît dans un nuage, armé de sa foudre, appuyé sur son aigle, la corde qui le retenait en l’air se brisa, et précipita de quarante-cinq pieds de haut le dieu amoureux. […] Ceci n’est point amour en l’air ni paroles de romances. » Et il lui fit, soit de vive voix, soit par lettres (car ces fâcheuses idées lui revenaient plus aigrement quand il était seul) des scènes de jalousie. […] mais ces ailes d’aigle qui battaient dans l’air ! […] S’éteignant de plus en plus par le progrès de la maladie, cette voix déchirait le cœur de la mère lorsque l’enfant faisait de vains efforts pour moduler certains airs flottant dans sa mémoire : ils ne sortaient plus qu’étouffés de cette gorge brûlante et sèche.
La bourgeoisie d’ailleurs a eu parfois le tort de chercher à revenir aux vieux airs de la noblesse ; à quoi elle n’a nullement réussi, et par là elle s’est rendue ridicule. […] Ce seraient les mœurs des poèmes et des romans idéaux, où les sentiments humains se feraient jour dans toute leur naïveté première, sans air bourgeois ni raffiné. […] Les Vies des Pères du désert n’offrent rien à comparer au tableau suivant extrait du Mahâbhârata : « Le roi s’avança vers le bosquet sacré, image des régions célestes ; la rivière était remplie de troupes de pèlerins, tandis que l’air retentissait des voix des hommes pieux qui répétaient chacun des fragments des livres sacrés. […] Mais je ne puis lui pardonner ses airs d’athéisme et d’irréligion.
Il renaquit et il vécut de leur héroïsme, de l’air d’enthousiasme qu’elles soufflèrent sur la Grèce, et qui fut son élément pendant tout un siècle. […] Un long roucoulement se mêle à ses râles ; le golfe sanglant reflète un vol de ramiers effrayés, qui s’égrène dans l’azur de l’air. […] L’air de la vie la ranime, il circule dans son être vide comme un sang subtil ; il y réveille non point seulement la mémoire, mais le don prophétique qui couve chez les Mânes. […] » — Comme un Chorège désigne à ses chanteurs l’air sur lequel ils doivent moduler leurs strophes, il indique à ses pleureurs la mélopée qu’il leur faut mettre en sanglots. — « Frappe la poitrine !
. — Son égide, qui la soutient dans les airs, palpite sous sa main, comme une voile enflée par le vent. […] La sérénité de l’air éclairci par la fraîcheur qui suit les tempêtes s’était ensuite répandue sur sa première forme. […] De l’air natal, elle gardait la chasteté vive et l’énergie fortifiante, la limpidité des eaux s’était fixée dans ses yeux brillants (Glaucopis). […] Que les brebis toujours fécondes, lourdes d’une double portée, mettent bas au temps fixé deux agneaux » La grâce de Pallas les touche, la douceur de l’air et des mœurs d’Athènes les pénètre ; elles abdiquent la haine et elles abjurent le talion.
Quoi qu’il en soit de cette conjecture, qui, de ma part, n’implique pas un blâme, cette respectable personne que nous nous représentons toujours à genoux, en oraison, comme dans le beau tableau de Philippe de Champagne, avait des qualités de spiritualité, de tendresse, d’onction, d’indulgence, d’égalité et d’enjouement dont, à travers un premier air d’étrangeté, il transpire quelque chose dans ses lettres. […] Un jour donc, un matin que l’odorat lui était subitement revenu, Mme de Sablé crut sentir, et elle ne se trompait pas, une odeur de cire ; elle s’en effraya aussitôt, craignant par-dessus tout le mauvais air et ses suites.
En effet, à chaque époque littéraire, il y a, dans l’atmosphère spirituelle pour ainsi dire, des éléments subtils et comme dissous que chaque génération naissante respire avec l’air même, qu’elle s’incorpore, et que chacun ensuite exhale plus ou moins à la première production juvénile. […] A sa forme, on sentait la femme gracieuse ; On la saluait reine à son air froid et doux ; Et quand elle marchait, ombre silencieuse, Devinant la déesse, on tombait à genoux.
Par ennui de la régularité imposée, il quitte l’air de cour, se fait vulgaire, emploie les mots des paysans, des ouvriers, les tours osés, vieillis, la conversation triviale qui rabaisse les belles choses jusqu’au niveau des mains sales. […] Tous les sentiments chez lui sont tour à tour effleurés, puis quittés ; un air de tristesse, un éclair de malice, un mouvement d’abandon, un élan d’éloquence, vingt expressions passent en un instant sur cet aimable visage.