Ceux qui font leur amusement de la poësie dramatique, parlent plus souvent et avec plus d’affection des tragedies que des comedies qu’ils ont vûës ; ils sçavent un plus grand nombre de vers des pieces de Corneille et de Racine, que de celles de Moliere.
C’est la manière de Racine. […] … Racine parla de son rival avec justice et noblesse. […] Et alors Racine et La Fontaine ne le cèdent peut-être qu’à l’antiquité. […] Mais alors, enfermons-nous dans notre cabinet et jouissons tranquillement des beautés sublimes de Racine. […] Avons-nous retrouvé un Racine ?
Corneille l’a prouvé, et Racine n’a pas supprimé Corneille. […] Racine a appelé Tacite le plus grand peintre de l’antiquité. […] Auguste Vacquerie n’aimait pas Racine et le disait crûment. […] C’est Boileau qui apprit à Racine à faire de beaux vers et à rompre la banalité de Quinault. […] La gloire de Racine ne fut pas du tout ce qu’on croit.
S’est-on avisé d’aller chercher dans Racine des renseignements sur le « système protecteur », ou dans Molière des informations sur « l’inscription maritime ? […] Et pareillement, s’il aime la tragédie de Corneille et de Racine, il ne peut pas aimer en même temps les Mystères. […] S’il se trouve que nous en ayons un de la langue de Racine, et de la langue de La Bruyère, c’est un hasard heureux, parce que Racine et La Bruyère figurent dans la belle collection des Grands Écrivains de la France. […] l’exemplaire qui garde encore la trace de la main de Corneille ou de Racine ? […] Une tragédie de Racine ou un drame de Shakespeare n’ont pas besoin non plus d’être joués pour être sentis, admirés, et compris ; même, on a soutenu qu’ils y perdraient plutôt.
La liste est courte ; elle est imposante : “Malherbe, Corneille, Racine, Molière, La Fontaine, Boileau, Regnard et Voltaire.”
Racine, ce peintre de l’amour, dans ses tragédies, sublimes à tant d’autres égards, mêle souvent aux mouvements de la passion des expressions recherchées qu’on ne peut reprocher qu’à son siècle : ce défaut ne se trouve point dans la tragédie de Phèdre ; mais les beautés empruntées des anciens, les beautés de verve poétique, en excitant le plus vif enthousiasme, ne produisent pas cet attendrissement profond qui naît de la ressemblance la plus parfaite avec les sentiments qu’on peut éprouver.
À triompher dans les rôles de Phèdre et d’Andromaque, elle nous fera aimer Racine qu’elle a sorti de l’exil où l’avait confiné l’anathème romantique et sèmera ainsi les germes d’une future renaissance classique.
La comparaison qu’on fait ordinairement de Massillon à Racine, seroit assez exacte, si leurs objets n’étoient pas si différens.
Pourquoi cet Auteur, qui a joui d’une si grande réputation pendant sa vie ; que Vaugelas consultoit comme l’oracle de la Langue Françoise ; à qui Despréaux & Racine s’empressoient de lire leurs Ouvrages, comme à un juge plein de lumieres & de goût ; pour qui l’Académie avoit une déférence qui tenoit du respect ; qu’on regardoit au Barreau, comme un des Orateurs les plus éloquens ; pourquoi est-il aujourd’hui totalement oublié ?
Racine, Esther.
Or, il y a deux manières de sauver du naufrage des temps l’idée vitale d’un chef-d’œuvre ; l’une c’est de la transporter, par une œuvre nouvelle, dans un milieu intelligible à nos contemporains, de l’environner de leurs mœurs, de leurs croyances : c’est la tâche du poète : c’est ainsi que Virgile refait Homère, et que Racine refait Euripide. […] Vous entendiez parler de Fénelon et de Pascal ; on revenait souvent à Walter Scott ; on vous disait : « pourquoi on applaudit Racine » ; on osait lui préférer Molière ; on intervenait avec toute l’autorité des principes, avec toute la netteté de la démonstration, entre l’école de l’idéal qui efface la forme, et l’école du réel qui l’exagère. […] Racine s’est montré libre malgré les règles : c’est un exemple dangereux. […] « Racine est une vieille botte éculée. » Un critique moderne, 1856.
Racine restauré par Rachel. […] Nulle part l’action n’est vraie, directement tirée de la réalité commune, simplement fondée sur les passions universelles : les Grecs et les Turcs de Racine sont bien plus près de nous, et par leurs actes, et par leurs sentiments, que les Espagnols et les Français de V. […] C’était la tragédie qui ressuscitait, mais la vraie tragédie, la vivante, l’humaine, celle de Corneille et celle surtout de Racine.