Les mots heurtent le front comme l’eau le récif : Ils fourmillent, ouvrant dans votre esprit pensif Des griffes ou des mains, et quelques-uns des ailes ; Comme en un âtre noir errent des étincelles, Rêveurs, tristes, joyeux, amers, sinistres, doux, Sombre peuple, les mots vont et viennent en nous : Les mots sont les passants mystérieux de l’âme… Et de même que l’homme est l’animal où vit L’âme, clarté d’en haut par le corps possédée, C’est que Dieu fait du mot la bête de l’idée.
On sent que c’est quelque chose de voulu, de convenu, et que l’écrivain a jugé bienséant, à certains endroits, de parler de Dieu.
Ce qu’ils s’assuraient les uns aux autres par la mise en commun de leur pauvreté, ce n’était point leur part intégrale des jouissances terrestres, telle que la peut concevoir un ouvrier, et qui comporte, très naturellement, une nourriture copieuse et les plaisirs qu’on trouve chez le marchand de vin et ailleurs : ce n’était que quelques figues sèches et la douceur d’attendre ensemble le royaume de Dieu.
… C’est la vie que Dieu veut ainsi, non autrement. » [L’Ermitage (mai 1898).]
Un succès formidable accueillait toujours le Cheval de fiacre, brisé de fatigue et de coups de fouet : Dont nous ferions un saint si Dieu l’avait fait homme.
Il écrivit contre quelques saints & contre quelques reliques apocryphes, contre la sainte larme de l’abbaye des Bénédictins de Vendôme, & contre l’inscription du couvent des Cordeliers de Reims, à Dieu & à saint François, tous deux crucifiés.
Dieu donna géniture.
Que faire d’un homme qui vous assure l’existence de Dieu et qui vous nie, le moment suivant, la certitude des sens et de la raison ?
Justin martyr qui vivoit dans le second siecle, on en trouve une, qui décide que les fideles pouvoient emploïer à chanter les loüanges de Dieu des airs composez par les payens pour des usages prophanes, à condition qu’on executât cette musique avec modestie comme avec décence.
« Sa vie passée dans le luxe, dit Bossuet, ne lui faisait point sentir la durée, tant elle coulait doucement17. » C’est le mot ordinaire ; mais si je veux, spontanément par trouvaille, ou volontairement par effort, si je veux donne ; à ce mot plus de hardiesse, l’accoupler à des pensées imprévues, ce simple verbe peut devenir admirable, la plume de Bossuet : « Laissez couler sur le prochain cet amour que vous avez pour vous-même18. » Et ailleurs « Dieu a tant d’amour pour les hommes et sa nature est si libérale qu’on peut dire qu’il semble qu’il se fasse quelque violence quand il retient pour un temps ses bienfaits et qu’il les empêche de couler sur nous avec une entière profusion19. » Et toujours de Bossuet dans cet ordre d’idées : « Les générations des hommes s’écoulent comme des torrents. » Encore une fois, ces trouvailles, ces images, ces transpositions de sens peuvent n’avoir pas coûté d’effort à Bossuet.
Pour les fidèles, c’est le drame des drames et un drame réel auquel le Fils de Dieu participe en personne chaque matin. […] Ce fut bientôt la vie même du Fils de Dieu, puis la vie de la Sainte Vierge et ses miracles, puis les miracles de nos Saints. […] Il y a encore, grâce à Dieu, à côté des salons, une société au sens large du mot, dans la France du xviie — et il en fait partie. […] L’homme à sa place, Dieu à sa place, l’univers évoqué par les plus beaux accents et, sous la main de Dieu, les âmes qui s’affrontent. […] Si l’art est la plus haute expression de l’homme, de quel droit en chasser les sentiments et les pensées par lesquels il s’élève à Dieu ?
Ce n’est pas à tort que les héritiers des maçons gothiques ont appelé Dieu le grand architecte. L’architecte est un petit Dieu. […] Après ce poème discours, passez au poème final de la Légende des Siècles, Abîme, où parlent tour à tour l’homme, la terre, les planètes, le soleil, les constellations, la Voie Lactée, et enfin Dieu. […] Comme las de son pur spectacle Dieu lui-même a rompu l’obstacle De sa parfaite éternité. […] C’est donc par la réflexion sur nous-même, par notre intérieur, que nous prenons contact avec l’univers, que nous pouvons essayer de penser l’univers, de penser universellement, de penser métaphysiquement, d’atteindre Dieu.