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671. (1885) La légende de Victor Hugo pp. 1-58

Cette étude, écrite sur des notes recueillies en 1869, n’a pas la prétention d’épuiser le sujet, mais simplement de mettre en lumière le véritable caractère de Victor Hugo, si étrangement méconnu. […] Quand on étudiera le romantisme d’une manière critique, les études faites jusqu’ici n’ayant été que des exercices de rhétorique, où l’on s’occupait de louer ou de dénigrer, au lieu d’analyser, de comparer et d’expliquer, on verra combien exactement les écrivains romantiques satisfaisaient, par la forme et le fond, les exigences de la bourgeoisie : bien que beaucoup d’entre eux n’aient pas soupçonné le rôle qu’ils remplissaient avec tant de conscience. […] La célébration du centenaire de Victor Hugo, qui donne de l’actualité à cette étude, nous a suggéré l’idée de la republier : écrite le lendemain de sa mort, elle n’a pas encore perdu son originalité, le côté de la vie publique qu’elle expose n’ayant été ni discuté, ni analysé. […] Pièce de vers Sur le bonheur de l’Étude, envoyé au concours de poésie de 1817 : tout lui devenait occasion pour outrager son héros. […] Ces détails biographiques, que par une modestie déplacée, Victor Hugo supprima dans l’autobiographie, qu’il dicta à sa femme, ont été rétablis dans l’étude si érudite et si spirituellement écrite de M. 

672. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIIe entretien. Littérature italienne. Dante. » pp. 329-408

Ce grand homme fit le premier, pour l’Occident tout entier, ce que les Médicis firent plus tard pour l’Italie ; il ordonna les fouilles dans la cendre du passé, recueillit les monuments épars, restitua les langues mortes, évoqua, par les études encouragées et rémunérées, le génie de l’antiquité pour y rallumer le génie de l’avenir. […] Mais, depuis qu’une étude plus approfondie nous a permis de mesurer, au moins par des fragments, les grandeurs de l’intelligence de saint Thomas d’Aquin, nous sommes resté convaincu que, si ce génie universel avait pu s’émanciper de la théologie scolastique et de la mauvaise latinité, il aurait donné, longtemps avant le Dante, un Dante, supérieur encore, à l’Italie. […] Le feu de l’étude le consuma avant l’âge, et il expira sur la route en se rendant en 1274 au concile de Lyon. […] On verra, dans la suite de cette étude approfondie sur le Dante et sur son poème, que ce que nous pensons aujourd’hui ne diffère pas considérablement de ce que nous écrivions dans le Siècle. […] L’italien avait été la langue de son berceau, de graves études l’avaient initié depuis à tous les arcanes du moyen âge.

673. (1890) Le réalisme et le naturalisme dans la littérature et dans l’art pp. -399

Nous avons pris tout le temps nécessaire pour approfondir une étude d’un intérêt présent et qui a suscité dans ces dernières années d’éminents travaux, comme ceux de MM.  […] Mais, pour les rejeter de notre étude, il nous suffit de constater qu’elles dénaturent la réalité par l’enlaidissement, comme d’autres la transforment par l’embellissement. […] Il suit à la fois toutes les manœuvres qui font entrechoquer les masses. — Ainsi le réalisme au lieu de chercher à se rendre compte des ensembles se contente d’études fragmentaires. […] Ils exposèrent des portraits, des groupes, des scènes, des études le long de galeries indéfiniment prolongées, croisées parfois les unes avec les autres, sans vestibule d’entrée, ni porte de sortie. […] Il consiste « simplement dans l’application de la méthode expérimentale à l’étude de la nature et de l’homme ».

674. (1888) La vie littéraire. Première série pp. 1-363

Maintenant, nous courons, par l’étude, à la paralysie générale. […] Un si beau talent ne s’était pas formé sans étude. […] Mais la source de son inspiration n’était pas tout entière dans l’étude du passé. […] Je porte aux études latines un amour désespéré. […] Il conviendrait d’analyser méthodiquement cette étude méthodique.

675. (1903) La pensée et le mouvant

La psycho-physiologie d’une part, la psycho-pathologie de l’autre, dirigèrent le regard de notre conscience sur plus d’un problème dont nous aurions, sans elles, négligé l’étude, et que l’étude nous fit poser autrement. […] Au lieu d’arriver à la fin des études, comme un ornement, il devrait être au début et partout, comme un soutien. […] Telle sera la conclusion de notre étude. […] Il fit ses études au collège Rollin. […] Déjà le mémoire couronné témoignait d’une étude serrée et pénétrante des textes.

676. (1891) La bataille littéraire. Quatrième série (1887-1888) pp. 1-398

Sous prétexte d’études scientifiques, combien d’écrits obscènes, sortis de cerveaux malades, sont jetés chaque jour sur le marché littéraire. […] C’est une des meilleures études sur les mœurs militaires contemporaines qui aient paru jusqu’à ce jour. […] C’est la jalousie qui sert d’étude, cette fois, à M.  […] Ce roman, tout autre l’eût prétentieusement intitulé : Étude. […] Malot, toute son étude psychologique, tiennent dans ces trois phrases.

677. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — III. (Fin.) » pp. 371-393

Une fois, Roederer proposait au choix du premier consul, sur une liste d’inspecteurs des études, le chevalier de Boufflers ; le premier consul l’arrêta à ce nom et lui dit : « Comment voulez-vous donner pour inspecteur aux lycées l’auteur de poésies si libres et si connues ? […] Investi de la sénatorerie de Caen dont le siège était à Alençon, Roederer s’y livra à l’étude du pays, et il fit un beau travail, un rapport sur l’état économique, moral et politique de ces provinces qui confinaient au foyer de la guerre civile et qui elles-mêmes en avaient été atteintes. […] Ces gens-là veulent écrire et n’ont pas fait les premières études de littérature. […] C’est alors que, retiré absolument des affaires, au seuil d’une robuste vieillesse, vivant de préférence en sa charmante habitation du Bois-Roussel (dans l’Orne), au milieu des libertés champêtres ou des joies de la famille, il se livra à ses goûts d’étude et de société combinés, et à la composition d’ouvrages moitié littéraires, moitié historiques, où il se développa avec une originalité entière.

678. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — II » pp. 112-130

M. d’Argenson désirait depuis longtemps savoir avec précision vers quoi on le voulait diriger, afin de s’y préparer et de se rendre digne de l’emploi par l’étude approfondie et le travail : il était de cette nature d’esprits probes qui n’aiment à traiter et à raisonner des choses qu’après s’en être instruits à fond. […] Il aimait la réflexion, l’étude, le vrai pour le vrai, le bien pour le bien ; il avait un sentiment de justice, de droiture, de cordialité que rien n’altéra, et qu’il exprime en des termes d’une sensibilité incomparable : Je suis tout accoutumé, disait-il, à cette espèce d’ingratitude ordinaire, qui est l’oubli des bienfaits, qui ne consiste qu’à ne pas rendre le bien pour le bien. […] Cependant il faut convenir que la faculté y manque, aussi bien que l’étude et l’acquis. […] Quand la passion du bien de la monarchie se joint au génie inventeur, alors le cœur se remplit de bien d’autres choses que de soi-même ; ordinairement même, le soi s’oublie et s’abandonne absolument, comme cela se voit chez ces chasseurs qui le sont par goût, chez tous les hommes à passions ardentes, à passions de goût et de curiosité, dans les amours violents comme celui de Moïse pour son peuple, et chez les savants qui ont recherché l’objet de leur étude en se détruisant visiblement17.

679. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Don Carlos et Philippe II par M. Gachard Don Carlos et Philippe II par M. Charles de Mouy »

Un jeune écrivain français, de ceux qui s’occupent d’études sérieuses, M. de Mouy, venait de publier sur ce même épisode un volume très consciencieux, très estimable, puisé en partie aux mêmes sources et arrivant à très peu près aux mêmes résultats. […] Son grand-père fut obligé de lui dire : « Tu l’auras quand je serai mort. » On rapporte cet autre mot très-probable du vieil empereur à la reine Éléonore : « Il me semble qu’il est très-turbulent ; ses manières et son humeur ne me plaisent guère ; je ne sais ce qu’il pourra devenir un jour. » Son gouverneur, don Garcia de Tolède, dans une lettre à l’empereur où il rend compte du régime et de l’éducation du prince, le montre en bonne santé à cet âge, « quoique n’ayant pas bonne couleur », peu avancé dans ses études, s’y livrant de mauvaise grâce ainsi qu’aux exercices du corps qui forment le cavalier et le gentilhomme, ne faisant rien en aucun genre que par l’appât d’une récompense, et en tout « très évaporé. » On insista beaucoup auprès de Charles-Quint, retiré à Yuste, pour qu’il y laissât venir quelque temps le jeune prince ; on espérait que l’autorité de l’aïeul aurait quelque influence sur lui pour le réformer et l’exciter. […] Par suite d’une aussi longue maladie, mais plus encore de celle dont il a été atteint en dernier lieu, et dont, selon l’opinion commune, il a été délivré miraculeusement, il est demeuré extrêmement faible et languissant, outre que, de sa nature, il n’a pas beaucoup de santé ni de vigueur… Lorsqu’il est passé de l’enfance à la puberté, on ne l’a vu prendre plaisir ni à l’étude, ni aux armes, ni à l’équitation, ni à d’autres choses vertueuses, honnêtes et plaisantes, mais seulement à faire mal à autrui. […] Villemain, lu à la séance du 23 juillet 1863 : « Une étude d’histoire bien faite et dictée par un grand scrupule de vérité, une réhabilitation — partielle, il est vrai, — de Philippe II, obtient la même distinction (il venait d’être question d’un livre sur Turgot).

680. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [II] »

de détourner de l’étude des langues anciennes ; mais il est pour l’abréviation de cette étude et pour la divulgation de la vérité en toute langue. […] Il traduit et répète les préceptes de l’Épître aux Pisons, en nous les appropriant ; il conseille l’étude avant tout, le travail, de tenter le difficile ; se choisir de bons modèles ou ne pas s’en mêler ; qu’on ne lui allègue point le Nascuntur poetæ, mais parlez-moi de la méditation, des veilles, de l’abstinence et du jeûne : Qui studet optatam cursu contingere metam Multa tulit fecitque puer, sudavit et alsit, Abstinuit venere et vino105……………… Il faut laisser aux poètes courtisans la paresse et la facilité épicurienne, qui ne mena jamais à la gloire. […] Il y a des degrés encore après Homère et Virgile, remarque Du Bellay, qui nous rend en ceci comme un écho de Cicéron : « Nam in poetis, non Homero soli locus est (ut de Græcis loquar), aut Archilocho, aut Sophocli, aut Pindaro, sed horum vel secundis, vel etiam infra secundos 106. » À chaque pas, avec Du Bellay, on a affaire à des citations des Anciens, directes et manifestes ; mais il y a aussi, à tout moment, les citations latentes et sous-entendues, comme celle qu’on vient de lire ; et encore, lorsque plus loin, parlant des divers goûts et des prédilections singulières des poètes, il nous les montre, les uns « aimant les fraîches ombres des forêts, les clairs ruisselets murmurant parmi les prés », et les autres « se délectant du secret des chambres et doctes études » : à ces mots, tout ami des Anciens sent les réminiscences venir de toutes parts et se réveiller en foule dans sa pensée ; ainsi, par exemple, ces passages du Dialogue des Orateurs : « Malo securum et secretum Virgilii secessum… Nemora vero, et luci, et secretum ipsum… tantam mihi afferunt voluptatem 107. » On a, en lisant ce discours de Du Bellay, le retentissement et le murmure de ces nombreux passages dont lui-même était rempli.

681. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo en 1831 »

Cette même année, il avait envoyé de sa pension, au concours de l’Académie française, une pièce de vers sur les Avantages de l’Étude, qui obtint une mention. […] Jamais il n’a fait si bien qu’au début. » En 1818, les deux frères obtinrent du général Hugo la grâce de ne pas entrer à l’École polytechnique, bien qu’ils fussent prêts par leurs études. […] Amour, politique, indépendance, chevalerie et religion, pauvreté et gloire, étude opiniâtre, lutte contre le sort en vertu d’une volonté de fer, tout en lui apparut et grandit à la fois à ce degré de hauteur qui constitue le génie. […] Les traductions de Lucain et de Virgile, par M. d’Auverney, les Tu et les Vous, Épître à Brutus, par Aristide, appartiennent réellement à Victor Hugo ; la facture de ces vers est classique, c’est-à-dire ferme et pure ; ce sont d’excellentes études de langue, et, dans la satire, l’auteur a la verve amère et mordante.

682. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LE COMTE XAVIER DE MAISTRE. » pp. 33-63

Tandis que le comte Joseph, dans de fortes études qui semblaient tenir tout d’une pièce à l’époque d’Antoine Favre et du xvie  siècle, suivait en magistrat gentilhomme la carrière parlementaire et sénatoriale, le comte Xavier entra au service militaire ; sa jeunesse se passa un peu au hasard dans diverses garnisons du Piémont. […] M. de Maistre a beaucoup plus peut-être réfléchi et raisonné sur celui des deux arts auquel il ne doit pas sa gloire : il manie l’autre sans tant d’étude et d’analyse des couleurs. […] Xavier de Maistre l’a lui-même remarqué à propos de sa jeune Sibérienne : « L’étude approfondie du monde, dit-il, ramène toujours ceux qui l’ont faite avec fruit à paraître simples et sans prétentions, en sorte que l’on travaille quelquefois longtemps pour arriver au point par où l’on devrait commencer. » Ainsi Hamilton est aisé et simple de goût, comme l’est Voltaire. […] Cette étude a précédé en date mes articles sur le comte Joseph (Portraits littéraires, tome II) ; je m’étais dès longtemps occupé de ce dernier, mais avant de l’aborder décidément, je reculais toujours.

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