Fourcaud avait bien raison d’écrire, il y a quelques jours « Comment, une nation si vaine de ses écoles, et qui consacre, annuellement, un milliard à ses armées, se voit à la merci, en face de l’étranger, de quelques douzaines de turbulents ? […] J’y vois deux très grands services rendus aux compositeurs français : le premier, de ne plus les obliger à aller chercher en pays étranger des auditions nécessaires à leur éducation musicale : le second, d’ouvrir un débouché aux œuvres nouvelles de nos nationaux. […] Le Figaro du 21 avril annonce officiellement la première de Lohengrin pour le samedi 23 ; fait un tableau encourageant des préparatifs ; donne la liste des gens inscrits pour la première, public bizarrement mêlé d’anciens wagnéristes connus, de quelques noms respectables, et de beaucoup d’inconnus, d’étrangers, de faux-mondains et de rastaquouères : d’où cette étrange première aux costume ; cérémonieux et vieille mode, si différente des grandes simples fêtes de Bayreuth ! […] Lamoureux déclare publiquement qu’il ne tentera pas de tournée à l’étranger pour Lohengrin ; en outre, qu’il renonce, non seulement à son entreprise théâtrale, mais aussi il ses concerts. […] Lamoureux réunit tout son personnel et propose d’aller représenter Lohengrin dans une ville étrangère, « distante de Paris de dix heures de chemin de fer. » Refus de quelques musiciens instrumentistes et d’un assez grand nombre de choristes.
Contempler l’œuvre d’un artiste, être frappé de ses beautés, choqué de ses défauts, appliquer à distinguer les unes des autres un goût plus ou moins délicat par sa nature, plus ou moins perfectionné par ses études, c’est ce qui est arrivé mille fois à ceux même qui se croient les plus étrangers aux choses littéraires. […] La France, qui, avec la Restauration, s’ouvrit aux idées comme aux armées étrangères, ne pouvait rester immobile sous cette double impulsion. […] Les grammairiens ont été souvent de petits esprits, étrangers à toute étude philosophique, incapables d’écrire et même de sentir une page éloquente. […] Pourquoi, remplies de travaux originaux d’un incontestable mérite, ne s’occupent-elles pas davantage des travaux étrangers à la rédaction ? […] Suard a été successivement rédacteur ou collaborateur du Journal étranger, de la Gazette littéraire de l’Europe, de la Gazette de France, du Journal de Paris, du Publiciste, de l’Indépendant.
Il l’est précisément quand il écrit à ses amis intimes, mais il ne l’est pas — et n’a pas à l’être envers la société ou les étrangers. […] Mais c’est là une conception étrangère à tous ceux de nos contemporains qui sont dominés par cette idée que la vie n’est pas autre chose qu’un marchandage. […] Vivant, il était pareil à un étranger, sans protection. […] Ils déclaraient aux amis et aux étrangers qui voulaient en rapportant leurs souvenirs, contribuer à étendre sa renommée : « Patientez ! […] Cette transmission automatique d’un capital familial à des familles étrangères n’est justifiée en rien, n’a aucun sens.
En souvenir et en reconnaissance de cette constante harmonie qui m’a rendu facile et douce la carrière de professeur en pays étranger, j’ai voulu laisser à ceux et à celles dont je fus le maître un instrument de travail que j’eusse éprouvé par un long usage et qui leur permit de se passer de moi.
Tant qu’il a travaillé au Journal Etranger & à la Gazette Littéraire, on a reconnu dans les articles de sa façon, le Savant, l’Homme de goût & le Juge éclairé.
Nous nous garderions bien de donner une pareille preuve en faveur de certains Ouvrages de notre siecle, qui, sans être bons, ont eu le même sort ; mais du temps du Pere Caussin, les Auteurs n’avoient pas l’adresse d’envoyer leurs Productions aux Princes étrangers : l’utilité seule en faisoit la vogue.
Le premier Ouvrage a eu une vogue étonnante, & cette vogue se soutient encore dans les Provinces & les Pays étrangers.
Le style de cet Auteur est coulant & rapide, mais incorrect, négligé ; défaut ordinaire à ceux qui écrivent en pays étranger, où l’Ecrivain oublie son langage, & où les Lecteurs ne sont pas difficiles à contenter.
Il y avait d’ailleurs, dans le nombre, des conférences données à l’étranger et qui n’avaient pas été publiées en France.
Or il doit y avoir, à coup sûr, quelque chose de semblable chez les étrangers. […] La fable lui a été fournie par une main étrangère. […] Le cas de l’Etrangère est différent. […] Aussi n’ai-je point fait celle de l’Étrangère, je vous prie de le remarquer. […] Ma voix elle-même m’effraye comme un son étranger.
Stendhal reste presque étranger à son heure et se date de l’avenir. […] Joris-Karl Huysmans serait étranger au Classicisme comme au Romantisme, s’il n’en persistait un écho chez Flaubert et M. de Goncourt. […] Ni la Sculpture n’est restée étrangère à cette impulsion : M. […] Le principe ancien d’un assemblage étranger à toute pré-entente de doctrines y présidait. […] Elle prétendait rester étrangère aux « vaines agitations décadentes », mais là n’est pas son vrai sens.
Il est des races d’esprit, des espèces séparées qui demeurent étrangères l’une à l’autre et qui ne se pénètrent pas. […] Cette préférence se marque volontiers encore dans l’opinion des étrangers, et tout récemment Landseer, le célèbre peintre anglais, se trouvant à une réunion d’artistes et d’amateurs, disait : « Les tableaux de Vernet l’emportent sur ceux de tous ses rivaux, parce qu’en dehors de leur propre mérite, ils ne procèdent que de lui-même et de l’observation de la nature ; chez tous les autres peintres, et dans toutes leurs œuvres sans exception, vous trouverez toujours une réminiscence de quelque ancien maître. » Mais à côté du miel, la piqûre : Horace Vernet, ainsi apprécié des étrangers, souffrit d’autant plus des préférences françaises hautement déclarées en faveur de M. […] Une d’elles, qui le reconnaît pour étranger, s’approche, regarde et lui dit : « Mais il me semble que ce n’est pas tout à fait ça. » Elle avait le droit de se croire très forte sur son lac Léman qu’elle voyait tous les jours.