Je crois bien qu’on s’occupe d’idées plus larges, de théories plus radicales et plus absolues ; mais il en est peut-être à ce sujet des littératures qui se décomposent, comme des corps organiques en dissolution, lesquels donnent alors accès en eux par tous les pores aux éléments généraux, l’air, la lumière, la chaleur : ces corps humains et vivants étaient mieux portants, à coup sûr, quand ils avaient assez de loisir et de discernement pour songer surtout à la décence de la démarche, aux parfums des cheveux, aux nuances du teint et à la beauté des ongles.
Tels sont les seuls éléments à l’aide desquels Hartley construit sa psychologie.
La phonétique elle-même n’a pu rester complètement indifférente à la signification des mots dont elle analysait les éléments, et c’est ainsi qu’elle est arrivée à établir l’origine et la filiation de presque tous les vocables de la langue française.
La régularité ne s’attache qu’à la forme extérieure ; l’ordre résulte du fond même des choses, de la disposition intelligente des éléments intimes d’un sujet.
Et les catholiques français peuvent justement dire qu’ils se battent pour se soustraire et soustraire le monde au Dieu des Allemands, Dieu tout mêlé d’éléments grossiers et locaux.
Il ne disconvient point que les familles n’aient été les éléments dont se composèrent les cités.
Avec de pareils éléments, avec les ressources d’un style dont chaque nuance est soigneusement étudiée, chaque trait délicatement choisi, on écrit un beau drame psychologique, mais on doit renoncer aux grands effets et aux grands succès de la scène. […] Ou plutôt c’est un essai de conciliation audacieuse entre deux éléments qui semblaient incompatibles, la forme antique et l’idée chrétienne ; c’est une fable païenne spiritualisée, domptée par un effort victorieux, contrainte à recevoir le souffle chrétien, à s’animer, à se féconder par lui. Le mélange de ces deux éléments étonne d’abord. […] Chaque loi nouvelle devient ainsi un élément plus précis et plus délicat de l’ordre. Chaque découverte est comme une révélation inattendue de l’unité, poursuivie à travers la variété et même la contradiction apparente des phénomènes ; les lois nous paraissent être les éléments indestructibles de la trame divine des choses.
La concurrence, c’est la bataille pour le succès laissée absolument libre, avec une prime pour chaque élément d’immoralité que chaque individu pourra apporter avec lui. […] De ses deux éléments, l’un est impuissant, l’autre trop rare. […] Sans y entrer nous-mêmes, nous nous bornerons à rappeler qu’il n’y a pas là seulement, comme Lamennais semble le croire, le divorce de deux « éléments intellectuels », mais l’antagonisme de deux principes. […] En cela, comme en antres choses, la raison est organisatrice d’abord, destructrice ensuite (et par suite) de l’élément primitif fécond, qui est fait de sentiment et de foi. […] qu’en savons-nous, et de ce que, par exemple, les hommes ont toujours été bons et méchants, conclurons-nous qu’il doit y avoir un jour conciliation de ces éléments longtemps contraires !
De là cette formule de la Préface générale : « Si la pensée, ou la passion qui comprend la pensée et le sentiment, est l’élément social, il est aussi l’élément destructeur de la société. » De là cette conclusion qui suit immédiatement la phrase que l’on vient de lire : « La pensée, principe des maux ou des biens, ne peut être préparée, domptée, dirigée que par la religion, et l’unique religion possible est le Christianisme. » Comme on le voit, Balzac est catholique — car il déclare aussi que le catholicisme est la forme supérieure du christianisme. […] Il reconnaît dans le christianisme « un système complet de répression des tendances dépravées de l’homme et le plus grand élément d’ordre social ». […] Considérons-en d’abord les éléments vigoureux. […] Unifié de nouveau par Charles le Gros, il fut démembré rapidement, et, au dixième siècle, commença une lutte entre les éléments militaires et les éléments séparatistes dont cette simple appellation de Saint-Empire Romain Germanique indique la nature contradictoire et chaotique. […] On a compris en revanche que la discipline militaire des Hohenzollern était l’élément actif qui rendait cette unité inacceptable pour une Europe répartie elle-même en États modérés.
Donc, vous faites du laid un type d’imitation, du grotesque un élément de l’art ! […] Il y a tout dans tout ; seulement il existe dans chaque chose un élément générateur auquel se subordonnent tous les autres, et qui impose à l’ensemble son caractère propre. […] On commence à comprendre de nos jours que la localité exacte est un des premiers éléments de la réalité. […] Choqués de la roideur, de l’apparat, du pomposo de cette prétendue poésie dramatique, ils ont cru que les éléments de notre langage poétique étaient incompatibles avec le naturel et le vrai. […] Car le génie moderne a déjà son ombre, sa contre-épreuve, son parasite, son classique, qui se grime sur lui, se vernit de ses couleurs, prend sa livrée, ramasse ses miettes, et semblable à l’élève du sorcier, met en jeu, avec des mots retenus de mémoire, des éléments d’action dont il n’a pas le secret.
Mais la liberté du travail ne donne pas les mêmes éléments de travail à celui qui n’a que ses bras et à celui qui possède des milliers d’arpents sur la surface du sol. […] Dans les desseins de Dieu, le temps paraît être un élément de la vérité elle-même ; demander la vérité définitive à un seul jour, c’est demander à la nature des choses plus qu’elle ne peut donner. […] L’histoire se demande à son tour si le triomphe de la Gironde au 31 mai aurait sauvé la république ; s’il y avait dans ces hommes de paroles, dans leurs conceptions, dans leur union, dans leurs caractères et dans leur génie politique, les éléments d’un gouvernement à la fois dictatorial et populaire, capable de comprimer les convulsions de la France au dedans, de faire triompher la nation au dehors, et de procurer l’avènement d’une république régulière en la préservant des rois et des démagogues.
Les faits ne sont rien pour lui par leurs formes extérieures et sensibles : ils lui apparaissent abstraitement, causes, effets, éléments de prévision, et pièces de raisonnement. […] Sa psychologie est un élément considérable de sa diplomatie. […] Je ne puis même résumer ici, mais il faut voir avec quelle incomparable maîtrise Commynes décompose tous les éléments, toutes les étapes de la ruine de son ancien maître, toutes les occasions de salut gâchées ou refusées et, d’autre part, le jeu de son nouveau maître, les commodités qu’il offre à son ennemi pour aller « où le conduisait son malheur130 », les multiples assurances qu’il prend pour ne rien perdre, et pour gagner à tout événement, la fiévreuse activité dont il recueille, après la mort de Charles, les résultats de son apparente indolence, l’échafaudage de motifs, le balancement de pour et contre, qui précèdent chaque démarche, chaque parole décisive : si on lit cette partie de la chronique, on comprendra du même coup et Louis XI et Commynes.