Au xviie siècle donc, il y eut la grande et originale école de paysagistes qui rendirent tour à tour la beauté italienne dans ses splendeurs et son élégante majesté, et la nature rustique du Nord dans ses tranquilles verdures, ses rangées d’arbres le long d’un canal, ses chaumines à l’entrée d’un bois, en un mot dans la variété de ses grâces paisibles, agrestes et touchantes. […] Nous supplions seulement qu’on ne l’imite pas, et qu’on n’aille pas faire un genre littéraire, une école, de ce qui, chez le libre amateur genevois, a été précisément l’absence d’école et une inspiration forte et combinée.
Il y eut dès lors dans la jeunesse toute une école choisie, une génération éparse d’admirateurs qui se répétaient le nom du Guérin, qui se ralliaient à cette jeune mémoire, l’honoraient en secret avec ferveur, et aspiraient au moment où l’œuvre pleine leur serait livrée, où l’âme entière leur serait découverte. […] Rien n’était exagéré dans la première impression reçue en 1840 ; tout aujourd’hui se justifie et se confirme ; l’école moderne compte bien en effet un poète, un paysagiste de plus. […] Guérin, sans aucun système et par libre choix, par affinité de talent, est de son école.
Biot, rétabli, se retrouve peu après en qualité d’élève, et des plus zélés, à l’École polytechnique, une belle fondation de la Convention délivrée, et qui, avec l’établissement de l’École normale, honore à jamais le génie de cette première époque restauratrice, où l’esprit humain revenu à peine d’une terrible oppression n’avait pourtant rien perdu encore, comme cela se vit plus tard, de sa hardiesse et de sa grandeur. […] Ce n’est point d’ordinaire la chaleur ni aucune inspiration émue ou éloquente qui distingue les écrits littéraires sortis de cette plume de savant ; soignés, élégants, d’une justesse ornée, parfois d’une simplicité un peu coquette, ils sont en général destitués de mouvement et de vie : un seul de ses écrits fait exception, c’est le précis intitulé : Essai sur l’Histoire générale des Sciences pendant la Révolution française, qui avait été composé pour servir de préface à une nouvelle édition du Journal des Écoles normales, et qui fut publié séparément (1803). […] Biot trouve de nobles paroles pour caractériser ce nouvel effort héroïque d’où sortirent l’École polytechnique dans sa première forme plus ouverte et plus libre que depuis, et surtout l’École normale d’alors qui dura peu, mais qui donna, dans cette résurrection des esprits, une impulsion puissante et décisive, — assez pour que sa destinée fût remplie : « On voulut qu’une vaste colonne de lumière sortit tout à coup du milieu de ce pays désolé, et s’élevât si haut, que son éclat immense pût couvrir la France entière et éclairer l’avenir… Ce peuple, qui avait vu et ressenti en peu d’années toutes les secousses de l’histoire, était devenu insensible aux impressions lentes et modérées ; il ne pouvait être reporté aux travaux des sciences que par une main de géant. » Ces géants civilisateurs et pacifiques qui remirent alors en peu de mois l’édifice entier sur ses bases, se nommaient Lagrange, Laplace, Monge, Berthollet… moment immortel !
Viollet-Le-Duc à l’École des Beaux-Arts, où se pressait une affluence d’auditeurs inaccoutumée. Cette École, on le sait, a été réformée d’après un décret de l’Empereur, venu à la suite de considérations exposées dans un double rapport du ministre et du surintendant des Beaux-Arts. […] Giraud, intitulée : De la réorganisation de l’École des Beaux-Arts : Réponse à la Lettre de M.
On serait embarrassé de le rapporter à l’une des écoles qui ont régné depuis quarante ans, et de le ranger sous l’un des drapeaux, même les plus modernes ; il n’imite pas, il ne porte la livrée de personne ; il profite du bon librement, partout où il le trouve. […] Professeur pendant quatre années à Strasbourg, puis quatre autres années à Aix, du temps de Prevost-Paradol et de Weiss, il a, dans cette vie laborieuse de province, amassé des provisions de savoir qu’il accroît journellement et qu’il distribue désormais avec bon sens, gravité, justesse, avec un talent très-remarquable d’ordonnance et de composition, aux fortes générations d’élèves qu’il est chargé d’enseigner, les élèves de l’École normale et ceux de l’École polytechnique. […] Berger et Havet, à l’École normale, avant de le répéter à la Faculté des Lettres et au Collège de France… Enfin, M.
Le poëte du Jour des Morts et celui de la Chute des Feuilles sont des précurseurs de Lamartine comme Le Brun l’est pour Victor Hugo dans l’ode, comme l’est André Chénier pour tout un côté de l’école de l’art. […] Il vint à Paris âgé de quinze ou seize ans, et suivit en 1795 le cours de belles-lettres professé à l’École centrale des Quatre-Nations par M. […] Il trouva en ce nouveau maître, qui succédait cette année-là à M. de Fontanes, un élève affaibli, mais encore suffisant, de la même école littéraire, un homme instruit et doux, qui s’attacha à lui et l’entoura de conseils, sinon bien vifs et bien neufs, du moins graves et sains.
Maurice du Plessys, esprit ferme et lucide, toujours en quête de beaux modèles, venait de quitter La Fontaine pour s’engager à l’école de Jean-Baptiste Rousseau, dernier dépositaire de la lyre d’Alcée. […] La preuve en est que, quelques jours après, me rencontrant sur le boulevard des Capucines, au sortir de l’hôtel où il était descendu, il vint à moi de bonne grâce : « J’approuve, me dit-il, Moréas et son école de vouloir rétablir l’harmonie grecque et de ramener chez nous l’état d’esprit dionysien. […] Le poète péruvien disait lui-même : ”Je ferai école parce que mon vers c’est la révolution.”
Mais il est important de remarquer, que notre auteur a vu plus clair que l’École écossaise22, qui s’en tenant aux cinq sens traditionnels, n’a pu aboutir qu’à une analyse tronquée des sensations. […] Depuis Aristote qui disait : « Nous ne pensons pas sans images, et ce sont des images que les mots », jusqu’au groupe presque contemporain des idéologues, l’école sensualiste a compris de tout temps l’importance du langage. James Mill est de leur école sur ce point ; sa grammaire générale ressemble à celle de Condillac ou de Destutt de Tracy.
On vient de voir le jeune Gargantua livré aux pédagogues de la vieille école, et les tristes résultats de cette éducation crasseuse, routinière, pédantesque et tout à fait abrutissante, dernier legs du Moyen Âge expirant. […] Nous avons dans ce cours d’éducation et d’étude à l’usage du jeune Gargantua le premier modèle de ce qu’ont représenté depuis plus au sérieux, mais non plus sensément, Montaigne, Charron, l’école de Port-Royal par endroits et parties, cette école chrétienne qui ne se savait pas si fort à cet égard dans la même voie que Rabelais, l’étrange précurseur !
On a fort discuté au sujet des opinions de Byron sur Pope, et on a cherché à expliquer cette espèce de contradiction par laquelle le chantre de Don Juan et de Childe-Harold exaltait l’école purement classique et la déclarait la seule bonne, tout en procédant lui-même si différemment. […] Si l’école de Pope avait conservé, comme Byron le désirait, la suprématie et une sorte d’empire honoraire dans le passé, Byron aurait été l’unique et le premier de son genre ; l’élévation de la muraille de Pope masquait aux yeux la grande figure de Shakespeare, tandis que, Shakespeare régnant et dominant de toute sa hauteur, Byron n’est que le second. […] Non loin de lui, et avec le regret d’être séparé d’un ami si cher, Horace présiderait à son tour (autant qu’un poète et qu’un sage si fin peut présider) le groupe des poètes de la vie civile et de ceux qui ont su causer quoiqu’ils aient chanté, — Pope, Despréaux, l’un devenu moins irritable, l’autre moins grondeur : Montaigne, ce vrai poète, en serait, et il achèverait d’ôter à ce coin charmant tout air d’école littéraire.
Huysmans l’expédie en quelques phrases et consacre ses chapitres non plus au récit d’une série d’événements, mais à la description d’une situation, d’une scène, procède non par narrations successives avec de courtes haltes, mais par de larges tableaux reliés de brèves indications d’action ; et, comme tous les écrivains de cette école avec de profondes différences personnelles il possède un vocabulaire étendu et un style riche en tournures, apte, par des procédés divers, à rendre l’aspect extérieur des choses, à reproduire les spectacles, les parfums, les sens, toutes les causes diverses et compliquées de nos sensations, de façon à les renouveler dans l’esprit du lecteur par la voie détournée des mots. […] Plus tard, au Luxembourg, comme il passe en revue avec André, ses souvenirs d’école, qu’ils évoquent avec horreur, il finit par affirmer que tous ses camarades sont nécessairement ruinés et en peine d’argent. […] Huysmans, par son dernier livre surtout, a donné plus que des promesses de talent ; on peut légitimement compter, sans illusion amicale, que ses travaux aideront à maintenir et à exalter l’excellence actuelle de notre école littéraire.
Je sais bien qu’elle est proclamée, comme un dogme, par toute une école de publicistes qui prétendent que l’art n’a pas de règle, n’a pas de pudeur et n’a pas de danger. […] Presque tous les écrivains ont rencontré, une ou plusieurs fois, et ils ont traité des sujets dont l’affabulation peut être exposée, résumée, expliquée, devant un auditoire d’école primaire. […] Mais, pour cette leçon difficile, je récuse l’école du roman.