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267. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXIX » pp. 117-125

Pour la gravité, elle en vaut une autre ; c’est comme chez vous cette question de la séparation de l’Église et de l’État. […] Sa lettre à Villemain sur la liberté de l’enseignement commence en ces termes : « Vous n’aurez point de vacances cette année, monsieur le ministre, ni votre successeur l’année prochaine, s’il plaît à Dieu, car les catholiques ne veulent plus interrompre la guerre qu’ils livrent à l’enseignement de l’État… » Au nom d’un article de la Charte, au nom des serments d’août 1830, voici en fait ce que les catholiques, par l’organe de Veuillot, réclament : 1° Liberté pour tout citoyen d’ouvrir école ; 2° Liberté pour tout citoyen de fréquenter telle école que bon lui semblera, et d’y envoyer ses enfants ; 3° Formation d’un jury d’examen pour le baccalauréat, réunissant aux garanties nécessaires de science et de sévérité, les garanties non moins indispensables de moralité et d’impartialité, afin que devant ce jury, tout citoyen, sous le seul patronage de sa capacité et de son honneur, puisse demander le diplôme, quelle que soit l’école qu’il ait fréquentée, et quand même il n’en aurait fréquenté aucune.

268. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Sur l’École française d’Athènes »

Le nombre des personnes qui ont visité la Grèce s’accroît chaque jour, et leur impression à toutes est que ce jeune État régénéré est dans une veine croissante d’activité et de progrès ; nul autre État n’a eu plus à faire et n’a plus fait en vingt-cinq ans.

269. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Introduction. Origines de la littérature française — 1. Éléments et développement de la langue. »

Dans l’âge moderne, les frontières de l’État sont à peu près les limites de la langue, et l’instrument littéraire est le même pour les Français du nord et du midi. […] Elle occupe, depuis les origines, certaines régions de la Belgique et de la Suisse : et ces deux États ont développé, à côté de notre littérature nationale, des littératures de langue française aussi, robustes et modestes, qui, dans leur longue durée, ont eu parfois des heures brillantes4.

270. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 312-324

Le libertinage dérobe chaque jour des Citoyens à l’Etat : sa main recueille les tristes créatures qui lui échappent, & les conserve par ses secours. […] Pour tout dire en deux mots, qu’on compare les fruits qu’a produits dans tous les Etats une Philosophie raisonneuse, turbulente & destructive, principe de leur altération, de leur dépérissement, & de leur chute, avec les avantages qu’ils doivent à la Religion, qui les a tirés du chaos, les a rendus florissans, les maintient ; & l’on saura que penser des déclamations de tant d’Ecrivains, qui n’ont pas rougi de dissimuler ses bienfaits, de lui imputer des crimes qu’elle condamne, & de lui reprocher des désordres, dont elle a bien pu être le prétexte, mais qui ont cessé aussi-tôt qu’on en est revenu à son esprit & à ses vrais sentimens.

271. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIe entretien. Biographie de Voltaire »

Newton, qui venait de mourir, pour les sciences physiques ; Bacon, pour la philosophie réaliste et rationnelle ; Shaftesbury, pour l’audace de ses négations religieuses ; Bolingbroke, l’homme d’État célèbre, retiré en France et avec lequel Voltaire avait été lié précédemment en Touraine, pour son mépris des révélations ; le grand poëte anglais Pope pour l’éclectisme élégant de ses poésies didactiques, furent ses maîtres dans la pensée et dans le style. […] L’influence de Voltaire reprit son ascendant sous le Directoire jusqu’au consulat de Bonaparte, qui restaura une religion d’État comme base de sa monarchie future et comme piédestal sacré de son trône. […] La République de 1848, en proclamant la neutralité complète de l’État en matière de culte et la respectueuse liberté des consciences, enleva à l’influence de Voltaire le point d’appui d’opposition qui la soutenait au-dessus de son niveau naturel. Les prêtres furent d’autant plus respectés du peuple qu’ils furent moins protégés par la force officielle de l’État. Le gouvernement du second empire, par sa campagne de Rome en faveur du pouvoir temporel du pape et par son alliance avouée à l’intérieur avec la religion d’État, atténua en apparence, mais exalta en réalité l’influence future de Voltaire sur l’esprit français.

272. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VII. La littérature et les conditions économiques » pp. 157-190

La France est alors paisible et puissante ; les coffres de l’État sont remplis ; le commerce cherche et trouve des débouchés aux Indes comme au Canada. […] Les sourires du prince coûtèrent au banquier quelques millions qui passèrent de ses coffres dans ceux de l’État. […] Fontenelle esquisse, à la façon de Platon, un État idéal qu’il intitule Ma République, et non seulement il y introduit l’égalité civile et politique, le suffrage universel, mais il va jusqu’à y proposer des mesures presque socialistes, témoin celle-ci : « Un homme qui offrira de cultiver les terres d’un autre mieux qu’il ne les cultive y sera reçu en payant au propriétaire le revenu quelles lui produisaient. […] Ecrire est pour lui un pis-aller ; son bonheur eût été d’être un fondateur d’Etat. […] Il n’est pas jusqu’aux comédiens qui par reflet ne soient devenus dans l’État d’importantes personnes.

273. (1888) Petit glossaire pour servir à l’intelligence des auteurs décadents et symbolistes « Petit glossaire »

. — État de ce qui est décati. […] — État de ce qui se fond. […] — État de ce qui est miré. […] — État de ce qui est navré. […] — État de ce qui est terne.

274. (1889) Derniers essais de critique et d’histoire

Pourquoi tels impôts dans tels États ? […] Quelle est, dans chaque Etat, l’histoire de la dette, et de chaque sorte principale d’impositions ? […] Presque tous les États depuis cent ans sont gouvernés par deux Chambres et par un président, roi ou empereur. […] Je dois à l’Etat mes sueurs, ma peine, mon sang, ma vie, pourvu qu’on ne me vexe pas dans mon honneur. […] Je pense avoir acquitté, autant que cela m’a été permis, ma dette envers l’État.

275. (1875) Premiers lundis. Tome III « Sur le sénatus-consulte »

Un des plus grands politiques, et qu’il est bon quelquefois de relire, le cardinal de Retz faisant le récit de la Fronde, ne peut s’empêcher de se demander, lui aussi, comment de l’état de somnolence et de léthargie où l’on était tombé, où l’on était encore « trois mois avant la petite pointe des troubles » qui faillirent bouleverser tout l’État et l’ordre même de la monarchie en France, on passa presque subitement à une commotion violente et universelle. […] » Mais si un autre jour, et cela a dû arriver bien des fois, on disait à quelqu’un de ces hommes d’État qui ne comptaient point dans leur spécialité l’opinion, qui n’en paraissaient pas même soupçonner l’existence et les courants cachés persistants : « Mais prenez garde ! […] Fould, alors ministre d’État, n’y a effacé que deux mots)73.

276. (1766) Le bonheur des gens de lettres : discours [graphies originales] « Le Bonheur des gens de lettres. — Premiere partie. » pp. 12-34

Ne nous étonnons pas si le génie est singuliérement ami de la liberté, il a en horreur le despotisme, il redoute ses caprices & ses absurdités ; il lui faut des objets qui puissent nourrir & fortifier sa propre élevation ; voilà pourquoi il a fleuri sous le Ciel pur de la Grece, & qu’il a fui ces Etats où un seul homme est tout, & où par conséquent tout le reste est vil(b). […] Trop grand pour s’occuper sérieusement d’objets frivoles, & s’il faut le dire trop amoureux de la gloire pour daigner rabaisser quiconque ignore qu’il en est une, il ne jugera dignes de ses coups que ceux qui par leur puissance influent sur la destinée des Etats, & s’il médit, ce ne fera des Rois de leurs Ministres & du vice des Empires. […] Par ce mot, liberté, on ne veut exprimer que le droit légitime de conduire sa vie privée selon ses goûts, en n’offensant ni les Loix politiques, ni celles de l’Etat.

277. (1863) Molière et la comédie italienne « Textes et documents » pp. 353-376

État de la dépense faite pour la comédie-ballet intitulée Le Bourgeois gentilhomme, dansée à Chambord au mois d’octobre dernier, et pour la répétition faite à Saint-Germain au mois de novembre suivant64, auquel état est jointe la dépense de quelques comédies représentées à Versailles pendant ledit mois de novembre 1670. […] Au bout de ce temps, une autre dame de la cour d’Auguste, qui, à cette époque, avait du crédit sur le cœur et l’esprit du roi de Pologne, engagea ce prince à visiter sa prison d’État. […] Toutefois, cette dame travailla si bien l’esprit du roi que, quelques mois après, Costantini fut mis en liberté, à condition de sortir immédiatement des États du prince rancunier.

278. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Joseph de Maistre »

… Confondons les intérêts des deux États, et que les Français s’accoutument à se croire nos concitoyens. […] Quant à cette noblesse proprement dite, elle avait des privilèges sans doute, mais des privilèges très-limités ; la qualité de noble était avant tout un titre honorifique qui obligeait plus étroitement envers l’État. […] Lorsqu’il vit Charles-Emmanuel IV, qui venait de succéder à Victor-Amédée III, obligé d’abandonner ses États de terre-ferme, il se réfugia lui-même à Venise. […] La Constitution de l’an III, dont l’auteur des Considérations se moque, tenait déjà compte à sa manière, autant qu’elle le pouvait dans l’effervescence, de cette moyenne encore informe de la nation que les journées de Fructidor et autres coups d’État refoulèrent. […] Indépendamment du titre de Premier Président, il eut la charge de ministre d’État et de régent de la Grande-Chancellerie.

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