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771. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVII et dernier » pp. 442-475

Quinault même n’était pas loin du moment où il dirait : Je n’ai que trop chanté les jeux et les amours ; Sur un ton plus sublime il faut me faire entendre. […] Il tint parole à sa muse, car il chanta les dragonnades sous le titre de L’Hérésie détruite.

772. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le comte-pacha de Bonneval. » pp. 499-522

On le vit une fois, en entendant chanter à un dîner je ne sais quel air italien, éclater tout à coup en larmes. […] Cela est bon à dire et surtout à chanter ; mais l’homme en lui n’était pas d’accord.

773. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Bernardin de Saint-Pierre. — I. » pp. 414-435

Hennin le 7 février 1781 ces paroles qui sont comme un chant ; il y a au fond de Bernardin une âme pastorale qui, du milieu de ses douleurs, s’éveille au moindre motif et se met à chanter : J’irai, dit-il, vous voir à la première violette ; j’aurai bien près de cinq lieues à aller, j’irai gaiement, et je compte vous faire une telle description de mon séjour, que je vous ferai naître l’envie de m’y venir voir et d’y prendre une collation. […] Comme il s’en faut bien que ma fortune approche de sa médiocrité d’or, je ne vous donnerai que des fraises et du lait dans des terrines ; mais vous aurez le plaisir d’entendre les rossignols chanter dans les bosquets des Dames-Anglaises, et de voir leurs pensionnaires et leurs jeunes novices folâtrer dans leur jardin.

774. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre I. Shakespeare — Son génie »

Desdemona chante la chanson du saule sous lequel l’eau entraîne Ophélia. […] Qu’est-ce que cette vaste chanson immodérée qu’il chante dans les siècles, chanson de guerre, chanson à boire, chanson d’amour, qui va du roi Lear à la reine Mab, et de Hamlet à Falstaff, navrante parfois comme un sanglot, grande comme l’Iliade !

775. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Plan, d’une université, pour, le gouvernement de Russie » pp. 433-452

Ils veulent chanter, ils ont du gosier ; mais, faute de connaissances, ils ne chantent que des fadaises mélodieuses.

776. (1894) La bataille littéraire. Cinquième série (1889-1890) pp. 1-349

Debout, le cou insolent, la face altière, le soldat chantait maintenant le Chant du Départ. […] Puyjoli ne le voyait plus, — mais il l’entendait encore chanter là-haut. […] Chanter juste est chose difficile en poésie, car il faut l’émotion d’abord, qui appartient à la jeunesse, et l’expression, résultat de l’expérience. […] J’avais les yeux pleins de larmes ; dès l’entrée j’entendis rire, chanter. […] Le Te Deum fut chanté par l’archevêque et son clergé ; une salve de 101 coups de canon tirée ; puis on passa la revue de la garde nationale et de la garnison.

777. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Appendice. — Post-scriptum sur Alfred de Vigny. (Se rapporte à l’article précédent, pages 398-451.) »

Trop préoccupé du Cénacle qu’il avait chanté autrefois, il lui a donné dans ma vie littéraire plus d’importance qu’il n’en eut dans le temps de ces réunions rares et légères.

778. (1874) Premiers lundis. Tome I « A. de Lamartine : Harmonies poétiques et religieuses — I »

Ici, point de méditation amère sur les choses de la vie, point de question trop pressante adressée aux doutes éternels de l’âme, point de retour douloureux et prolongé du poète sur lui-même ; le poète n’est plus que le dernier du temple, le plus humble et le plus fervent ; il chante, il s’exhale, il rayonne : Élevez-vous, voix de mon âme, Avec l’aurore, avec la nuit !

779. (1874) Premiers lundis. Tome I « A. de Lamartine : Harmonies poétiques et religieuses — II »

Sa morale est celle que nous savons ; il nous répète avec un charme nouveau ce qu’on nous a dit mille fois, nous fait repasser avec de douces larmes ce que nous avons senti, et l’on est tout surpris, en l’écoutant, de s’entendre soi-même chanter ou gémir par la voix sublime d’un poète.

780. (1897) La crise littéraire et le naturisme (article de La Plume) pp. 206-208

Selon lui, au lieu d’entraîner les naïves imaginations vers de fantastiques empyrées, des forêts féeriques et de légendaires paysages, ce qui contribue, en quelque sorte, à détacher de leur existence habituelle les hommes pour qui nous chantons, il s’agirait de les persuader, au contraire, de la beauté, de la grandeur même et de la pompe dont sont empreints leurs actes ordinaires et leurs occupations courantes.

781. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Contes de Noël »

De plus, il doit chanter un solo à la messe de minuit ; et Méniquette sera là !

782. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Vielé-Griffin, Francis (1864-1937) »

André Fontainas L’action, sans surcharges d’inutiles ornements, court rapide et noble, en vers énergiques ou assouplis selon l’hymne qu’ils chantent ; de brutale fureur, de dédain hautain ou d’amour qui s’éveille, le drame est puissant et fort beau, en dépit d’un défaut d’unité trop apparent : de Swanhilde renonciatrice et superbe, de Swanhilde que l’amour attendrit, s’est, brusquement après l’épisode, déplacé l’intérêt pour se fixer au deuil et aux seules douleurs d’une mère.

783. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre premier. Prostitués »

Les prostitués les ont appelés : « Envieux. » Et le Maître a répondu : « Leur intelligence a justement mérité à ceux-ci la meilleure part. » Et : « Il faut que tout le monde vive. » Et encore : « Tout travail mérite salaire. » Bien que penser, chanter, sculpter, donner son âme et son esprit aux jeunes gens ne soient que des repos et des joies, le Maître avait raison d’employer le mot travail.

784. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre V. Le mouvement régionaliste. Les jeunes en province » pp. 221-231

— Or j’ai fait desceller pour toi la tombe ancienne Où dorment les aïeux, où ma place m’attend, Et descendre moi-même au fond, pieusement, Ton cercueil de bois blanc sur les bières de chêne, Et j’ai pleuré…………………………… Puis, un jour, par hasard j’ai connu ton histoire, Pastoure qui chantais dans les seigles d’été, J’ai compris ton amour maternel, ta bonté, L’énigme de tes yeux qui hantait ma mémoire, Servante dont les doigts noueux étaient câlins… Je me sens aujourd’hui, sacrilège, ô servante, Dors, l’orgueil d’un poème est indigne de toi… Ô pays, le printemps va fleurir tes sous-bois : Les tourdelles déjà grapillent dans le lierre ; Plateaux et vous, blés noir, qu’un aïeul cultiva Terre dont j’ai compris la pauvreté hautaine C’est peut-être, en mon cœur, elle, qui réveilla L’atavisme endormi de ma race lointaine, L’orgueil des champs, l’orgueil des fruits, l’orgueil du sol Et dans le dernier fils des aïeux cévenols !

785. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 21, du choix des sujets des comedies, où il en faut mettre la scene, des comedies romaines » pp. 157-170

Thesée est le dernier opera où Monsieur Quinault ait introduit des bouffons, et le soin qu’il a pris d’annoblir leur caractere, montre qu’il avoit déja senti que ces rolles étoient hors de leur place dans des tragedies faites pour être chantées, autant que dans des tragedies faites pour être déclamées.

786. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Topffer »

Malgré les grâces de sa diction, malgré ce qui chante dans cet humouriste en gaieté, dans ce pèlerin du matin ou de la vesprée, après avoir parcouru avec lui les sites qu’en passant il enlève à la pointe de son crayon, on est toujours tenté de dire le mot froid et terrible : « Eh bien, après ? 

787. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Comte de Gramont »

En vain nous chante-t-il Endymion et Phœbé, comme un Grec réveillé tout à coup du sommeil d’Épiménide, et nous traduit-il Sannazar une parenté en génie ; puis, las de tordre et d’assouplir cette ferme langue française qui reste toujours de l’acier, même quand on en fait de la dentelle, se met-il à écrire le sonnet dans sa langue maternelle, la langue italienne, qu’il manie avec une morbidesse fleurie qui eût charmé Pétrarque et qui convient si bien à la nature ingénieuse et raffinée de sa pensée, Gramont est plus qu’un écrivain qui se joue dans les difficultés de deux langues, un archaïste d’une exécution supérieure.

788. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Charles Monselet »

Le pouce cruel de la Réalité appuie souvent sur la gorge du pauvre rouge-gorge qui ne demandait qu’à chanter, et empêche le son de sortir.

789. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIe entretien. Le Lépreux de la cité d’Aoste, par M. Xavier de Maistre » pp. 5-79

L’empereur eut tort dans son intérêt ; les nouveaux Jésuites lui étaient tous dévoués ; ils s’efforçaient de nous élever dans son fanatisme, ils nous faisaient célébrer ses victoires et chanter ses apothéoses. […] Il était également impossible de lui plaire et de la fâcher ; en lui faisant apprendre à chanter, en lui donnant un jeune maître, elle faisait tout de son mieux pour l’émoustiller ; mais cela ne réussit point. […] Je demeurai pour Mme de Menthon le maître à chanter de sa fille et rien de plus ; mais je vécus tranquille et toujours bien vu dans Chambéry.

790. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 mars 1886. »

Il faut que les beautés du théâtre allemand, nous soient révélées dans leur intégralité, et pour cela, je demande qu’elles nous soient montrées dans un local spécial où chacun viendra juger, sans passion, sans idée préconçue autre que celle d’entendre chanter ou parler autrement, qu’on ne le fait en France. […] Talazac puisse attaquer avec sa voix merveilleuse l’admirable « Adieu au Cygne » que Lohengrin chante au premier acte ? […] Léon Carvalho l’avait engagée à 19 ans, pour chanter le rôle-titre de Mignon d’Ambroise Thomas en 1880.

791. (1856) Cours familier de littérature. I « Ve entretien. [Le poème et drame de Sacountala] » pp. 321-398

De distance en distance, sur les rives du fleuve, on voyait la fumée des sacrifices s’élever entre les cimes des arbres vers le ciel ; des groupes de brahmanes, prêtres et religieux, dissertaient entre eux sur les mystères, ou chantaient en vers les exploits historiques des anciens héros ; d’autres se livraient, pour atteindre à la perfection spirituelle, à des contemplations extatiques, à des pénitences qui domptent et anéantissent les sens. […] « Quoique formé de petites mailles très-serrées », continue à chanter le héros, « le tissu d’écorces, négligemment jeté sur ses blanches épaules, ne peut déguiser entièrement les contours de sa taille : telle la fleur à demi voilée par les feuilles jaunissantes déjà flétries autour de son calice. […] Le vénérable anachorète, supérieur de l’ermitage, chante en ses vers ces adieux et ses vœux à Sacountala, sa favorite : « Divinités de cette forêt sacrée, que dérobe à nos regards l’écorce de ces arbres majestueux que vous avez choisis pour asile ; « Celle qui jamais n’a approché la coupe de ses lèvres brûlantes avant d’avoir arrosé d’eau pure et vivifiante les racines altérées de vos arbres favoris ; celle qui, par pure affection pour eux, aurait craint de leur dérober la moindre fleur, malgré la passion bien naturelle d’une jeune fille pour cette innocente séduction ; celle qui n’était complètement heureuse qu’aux premiers jours du printemps, où elle se plaisait à les voir briller de tout leur éclat ; Sacountala vous quitte aujourd’hui pour se rendre au palais de son époux ; elle vous adresse ses adieux.

792. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre III. Poëtes françois. » pp. 142-215

Racine le fils a chanté la Grace & la Religion dans deux Poëmes, pleins de beaux vers. […] Un grand Roi, célébre par plusieurs victoires, a chanté l’art de la guerre, art qu’il n’a pas étudié en vain. […] On avoit beaucoup de chansons avant ce Poëme ; (car nous avons toujours aimé à chanter) mais on n’avoit aucun ouvrage de cette étendue.

793. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre dixième. Le style, comme moyen d’expression et instrument de sympathie. »

La richesse des rimes est nécessaire quand on veut surtout parler aux oreilles ou aux yeux, quand on veut chanter ou peindre ; dans les vers descriptifs, trop à la mode aujourd’hui, elle est à sa place ; mais, quand il s’agit de sentiments ou d’idées à exprimer, la rime doit se subordonner au rythme d’une part, et à la pensée d’autre part. […] Chantez, oiseaux ! […] Il n’est pas vrai de dire avec Cartyle : « La forme métrique est un anachronisme, le vers est une chose du passé ;  » non, le vers subsistera, parce qu’il est un organisme défini et merveilleusement, propre à l’expression sympathique des sentiments ou des idées : Le vers s’envole au ciel tout naturellement, Il monte ; il est le vers, je ne sais quoi de frêle Et d’éternel, qui chante et pleure et bat de l’aile. […] Sans ce métier, fatal au repos de ma vie, Mes jours, pleins de loisirs couleraient sans envie, Je n’aurais qu’à chanter, rire, boire d’autant, Et, comme un gras chanoine, à mon aise et content, Passer tranquillement, sans souci, sans affaire, La nuit à bien dormir, et le jour à rien faire.

794. (1904) Essai sur le symbolisme pp. -

Et ce qu’il y a derrière la charmille qui tremble, l’eau qui chante, le nuage qui passe ? […] Me prend-il fantaisie, à cette heure où tout chante la joie de vivre, de célébrer le bois magnifique, de magnifier en des stances lyriques la ferveur des arbres séculaires, d’exalter les profondeurs calmes et palpitantes de mystère que mon esprit suppose par-delà les houles de ce sylvestre océan, — alors deux procédés me sollicitent. […] Les oiseaux chantent, ils disent mes transports. […] Après avoir poliment éconduit, couronnées de roses, les Elvires et les Charlottes, pour n’enregistrer, parmi les convulsions de leurs âmes viriles, que les plus représentatives de la génération actuelle, pour mieux chanter l’infini des souffrances terrestres que chacun porte en soi45, — ils se sont efforcés de nous donner une poésie pleine, une poésie pure, une poésie complète sur le modèle de Pindare et des tragiques grecs46, une poésie noble, « haute comme un ciboire47 », une poésie d’idées où s’atteste le souci contemporain d’approfondir jusqu’à la passion les rapports de l’homme avec la nature et de l’homme avec l’homme.

795. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « M. Denne-Baron. » pp. 380-388

Cela se vit vers 1811, lorsque Millevoye chantait et qu’on entendait le prélude encore éloigné, mais déjà sensible, de ce monde élégiaque nouveau, qui n’aura sa puissance de génie qu’avec Lamartine.

796. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXVIII » pp. 266-276

Il vient de faire, pour sa santé, le voyage d’Ischia où il a pris les eaux, il est revenu par Florence, et rapporte, dit-on, des fruits nouveaux de son inspiration dans ces contrées déjà chantées par lui et gardiennes de ses plus beaux souvenirs43.

797. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Poésies d’André Chénier »

Les noms des amies chantées par André Chénier dans ses Élégies sont maintenant connus, du moins presque tous : il n’était pas de ceux qui se choisissent des « maîtresses poétiques », et qui font des élégies en l’air.

798. (1874) Premiers lundis. Tome I « Ferdinand Denis »

Il s’étonne de l’indifférence de ses compagnons, qui chantent la beauté des femmes, chassent le jaguar et s’enivrent tour à tour ; sa passion l’a tout d’un coup civilisé ; elle lui a révélé l’isolement de son existence, et, pour la première fois, les forêts lui ont paru solitaires.

799. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — Poésie — I. Hymnes sacrées par Édouard Turquety. »

Une jeune fille qui, après avoir été virginalement aimée, se serait faite religieuse, pourrait presque lire et chanter, sous la grille, cette mystique romance inspirée par son chaste souvenir : Dans sa cellule A vous, ma Colombe voilée, A vous les roses de l’espoir, Et les brises de la vallée, Et les enchantements du soir !

800. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre VI. De la littérature latine sous le règne d’Auguste » pp. 164-175

Ce n’est pas avec une vertueuse sensibilité que ces poètes nous peignent la passagère destinée de l’homme ; si leur âme se montrait capable d’émotions profondes, on leur demanderait de combattre la tyrannie, au lieu de chanter l’usurpateur.

801. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre sixième. »

Sur celle qui chantait quoique près du tombeau.

802. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre III. Suite des Époux. — Adam et Ève. »

» C’est ainsi que l’armée des Grecs chante tout à coup, après la mort d’Hector : Ἠάρμεθα μέγα κῦδος, ἐπέφνομεν Ἔκτορα δῖον, etc.

803. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Michel Van Loo » pp. 66-70

Si elle s’étoit mise à son clavecin et qu’elle eût préludé ou chanté (…), ou quelqu’autre morceau du même genre, le philosophe sensible eût pris un tout autre caractère, et le portrait s’en seroit ressenti.

804. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 37, des défauts que nous croïons voir dans les poëmes des anciens » pp. 537-553

Les peuples encore grossiers, composent donc des especes de cantiques pour célebrer les loüanges de ceux de leurs compatriotes qui se sont rendus dignes d’être imitez, et ils les chantent en plusieurs occasions.

805. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Les honnêtes gens du Journal des Débats » pp. 91-101

« Je suis brave », chante aussi le poltron, et il raconte des choses incroyables.

806. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre V. Swift. » pp. 2-82

. —  Un autre jour, chez le comte de Burlington, en quittant la table, il dit à la maîtresse de la maison : « Lady Burlington, j’apprends que vous chantez. Chantez-moi un air. » La dame irritée refuse. « Elle chantera, ou je l’y forcerai. […] Chantez quand je vous le commande. » Le comte s’étant mis à rire, la dame pleura et se retira. […] En France, une théorie paraît, éloquente, bien liée et généreuse ; les jeunes gens s’en éprennent, portent un chapeau et chantent des chansons en son honneur ; le soir, en digérant, les bourgeois la lisent et s’y complaisent ; plusieurs, ayant la tête chaude, l’acceptent et se prouvent à eux-mêmes leur force d’esprit en se moquant des rétrogrades.

807. (1892) Impressions de théâtre. Sixième série

L’œuvre nouvelle de l’harmonieux poète de Mireille et des Iles d’Or et d’un des meilleurs troubadours qui aient jamais chanté la gloire du soleil est qualifiée par son auteur de « tragédie provençale. » Tragédie ? […] Tout en accédant à votre douce autorité, là chaque ville vit de son droit naturel, et librement travaille, ou dort, ou chante, ou crie. […] C’est le petit page Dragonet qui chante dans le jardin, en s’accompagnant de la guitare : « Au chemin des amoureux, — l’un y perd et l’autre y gagne, — Quel regret ! […] Encore une scène avortée… C’est que, voyez-vous, c’est bien difficile à mener jusqu’au bout une scène de tragédie, quand le soleil crépite aux pointes des chaumes coupés et que les cigales chantent dans le feuillage fin des oliviers bleu d’argent. […] Cela ne prend pas. « Qu’il chante sa complainte, dit Renato.

808. (1926) La poésie pure. Éclaircissements pp. 9-166

Une paysanne bien née s’épanouit sans effort à la poésie des psaumes latins, même non chantés, et plus d’un enfant a goûté la première églogue avant de l’avoir comprise. […] Une plume experte fait chanter la page comme « un petit roseau… la forêt ». […] « les beaux vers sont ceux qui s’exhalent comme des sons ou des parfums. » tout bruit modulé n’est pas un chant, et toutes les voix qui exécutent de beaux airs ne chantent pas. […] jamais, dans ce temps-là, je n’ai cherché le sens des chants que tu chantais pour moi ; ma voix se contentait d’en saisir l’air, et mon cœur de danser sur la même cadence. […] Distinguons bien d’abord les moyens rationnels des sentimentaux, employons-les bien ensuite contre l’obstacle qu’ils ont dressé, c’est alors seulement que l’âme doit prendre son vol, et, sur le terrain déblayé, chanter victoire.

809. (1927) Des romantiques à nous

Qu’ils l’aient chanté avec génie et de manière à saisir l’âme des générations qui les escortaient, cela suffirait à faire de leur poésie, l’héritière vivante de la chaire sacrée veuve d’auditeurs, d’eux-mêmes, les hommes de la place publique. […] Il n’y en a pas de plus sûre preuve que la chute réservée aux plus grands, quand fantaisie leur prend de chanter en langue étrangère. […] Après que l’harmonie, la polyphonie eurent vu le jour, l’homme des champs, qui n’en avait que faire, continua de chanter ces airs nus, créés pour le divertissement des grands, et qui étaient parvenus jusqu’à lui de la même manière que Mon père, tu m’as dû maudire se fait connaître au jeune ouvrier de Toulouse, auditeur assidu de Guillaume Tell, au théâtre du Capitole. […] Ils chantent ici divinement. […] Avec une voix d’autant plus apte à tous les emplois qu’elle n’existait point, je chantais à volonté, les basses, les ténors et les soprani.

810. (1904) Le collier des jours. Souvenirs de ma vie

— Je trouve que les feuilles bougent beaucoup et qu’il y a un gros oiseau qui chante, disait tante Zoé… Quand il y avait des visites, on apportait des chaises et des rafraîchissements, et on restait là, sous l’ombre du catalpa. […] Deux folles, qui se mirent danser et à chanter, dans la joie d’être délivrées des maîtres pour toute une soirée, et firent sauter ma sœur d’une façon désordonnée, à laquelle elle semblait accoutumée, car elle ne réclama pas. […] L’auteur de Mademoiselle de Maupin n’était probablement pas en odeur de sainteté ; de plus, ma mère chantait au théâtre ; ma tante dansait ; Julia Grisi était ma cousine ; tout cela m’entourait d’une atmosphère particulière, qui avait, pour les unes, l’attrait du fruit défendu et inspirait aux autres la réprobation et l’horreur. […] On lui fit endosser la robe de bure et l’étole blanche ; puis on la reconduisit dans le chœur, où elle se prosterna, la face contre terre ; on jeta alors sur elle un drap funèbre qui la recouvrit complètement et on chanta l’office des morts, sur celle qui était morte au monde. […] Cependant, pour nous faire comprendre la grande musique, ou peut-être simplement, parce que nous étions, là, en famille, on nous conduisait souvent au Théâtre-Italien, où chantaient tous les merveilleux artistes d’alors : Gulia Grisi, Frezzolini, Borghi-Mamo, Mario, etc.

811. (1889) La bataille littéraire. Première série (1875-1878) pp. -312

Ce n’est pas tout ; la pauvre infirme chante des chansons, et quelles chansons ! — Comment les chantes-tu ? […] Je ne peux pas chanter très fort, comme vous pensez bien ; mais on peut m’entendre. […] Attendez, je vais vous en chanter une. […] Voulez-vous boire ou chanter avec nous ?

812. (1882) Essais de critique et d’histoire (4e éd.)

Voilà ce qu’ils font habituellement tout le long du jour ; mais le témoin n’a jamais entendu Nayler chanter comme ci-dessus. […] Et Martha Simons, dans la posture susdite, chanta : Voilà le jour heureux ! […] Et, pendant que John Stranger chantait ces paroles, il regardait parfois en haut, parfois James Nayler. […] Ce qu’il chante, c’est son amour, sa douleur, ses joies, ses espérances infinies. […] Il avait appris à lutter, à jouer de la cithare, à chanter les vers des poètes, mais rien de plus.

813. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 mai 1885. »

. — Eternelle Femme, — hors du gouffre, où tu sièges, — glisse vers la hauteur : — je chante ton chant d’éveil, — pour que tu t’éveilles ; — hors du Pensant Sommeil, — je t’incante. — Tout-Sachante, — Première-Terrestre-Sage, — Erda, Erda, — Eternelle Femme, — éveille toi, Wala, éveille toi. […] Cette nécessité de produire une version qui puisse être chantée est aujourd’hui caduque et la question de la traduction se pose très différemment. […] La première est nécessaire pour être chantée sur la scène au risque de la trahison.

814. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIIe entretien » pp. 87-159

Il s’ensuit que les poètes, ces organes réputés divins de l’imagination du genre humain, ont été forcés d’introduire dans le poème épique, ce grand résumé chanté des deux mondes, un monde invisible à côté et au-delà du monde visible, la matière et l’esprit, l’homme complet, héros ou martyr sur la terre, demi-dieu dans les olympes, ou supplicié dans les enfers. […] … En sorte que toute l’humanité naissante, déchue, gémissante, priante, chancelante, vivante, morte, ressuscitée, est contenue et exprimée dans cette épopée des races hébraïques ; que le prêtre et le poète n’est qu’un seul homme pour les peuples de cette théogonie ; et que toutes les fois que le peuple assiste à ses mystères dans les temples, il entend le pontife réciter ses annales, chanter ses hymnes, commémorer ses drames, et qu’il assiste ainsi à sa propre épopée en action ! […] Les prédicateurs prêchaient en latin, les premiers poètes chantaient en italien ou en langue romane, patois italien ; ou en languedocien, patois méridional ; ou en langue celtique corrompue, patois des deux Bretagnes ou du pays de Galles.

815. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Un petit album où elle notait ses impressions ne nous représente pourtant que des notes brisées ; mais c’est là qu’elle conçut et chanta sa belle invocation au Soleil : Ami de la pâle indigence, Sourire éternel au malheur, D’une intarissable indulgence Aimante et visible chaleur ; Ta flamme, d’orage trempée, Ne s’éteint jamais sans espoir : Toi, tu ne m’as jamais trompée Lorsque tu m’as dit : Au revoir ! […] Pendant une nuit d’insomnie, de jour en courant, sur un quai, pendant une pluie sous une porte cochère, dans les circonstances les plus vulgaires ou les plus tristes de la vie, quelque chose se mettait à chanter en elle, et elle se le rappelait ensuite comme elle pouvait.

816. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SUE (Jean Cavalier). » pp. 87-117

Il n’a vu, il n’a voulu voir qu’un côté, le petit et le vilain, d’un grand règne ; il a parlé de Louis XIV en opprimé, presque en homme lésé ; il s’est mis passionnément de la cabale des gens d’esprit et des libertins contre le grand roi, il a fait cause commune avec Vardes, Bussy, Lauzun, Rohan, les Vendôme, avec tous ceux qui regrettaient ou qui appelaient la précédente ou la future régence ; durant une oraison funèbre de Bossuet, durant les chœurs d’Athalie ou d’Esther, il a continué de chanter à la cantonade quelque noël satirique. […] Sue s’aperçoit qu’il est allé trop loin en un sens, vite il fait chanter les oiseaux de Rigolette. » — Je ne prétends pas que l’homme de talent, une fois lancé dans l’exploitation de cette veine socialiste et humanitaire, n’ait pas trouvé en effet des scènes dramatiques et pathétiques, n’ait pas touché avec l’habileté dont il est capable quelque fibre vive et saignante ; cela seul peut expliquer l’étendue de son succès.

817. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Racine — I »

Un jour, au milieu d’un festin, Néron ivre, pour le rendre ridicule, le força de chanter ; Britannicus se mit à chanter une chanson, dans laquelle il était fait allusion à sa propre destinée si précaire et à l’héritage paternel dont on l’avait dépouillé ; et, au lieu de rire et de se moquer, les convives émus, moins dissimulés qu’à l’ordinaire, parce qu’ils étaient ivres, avaient marqué hautement leur compassion.

818. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLIXe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

Celui qui avait chanté Dieu comme poëte le pria comme mourant. […] Le cardinal Bembo chanta sa mort et l’attribua à sa véritable cause, le désespoir de la mort de Laurent de Médicis.

819. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XIV, l’Orestie. — Agamemnon. »

Pour ne point s’endormir, il « chante et fredonne » ou il gémit sur cette maison, dont il a surpris les mystères. […] Comme le cygne, elle a chanté son chant de mort.

820. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1861 » pp. 361-395

De cette grande loge à salon qui est sur le théâtre, on voit les acteurs et les actrices avec leurs sabrures de bouchon et la tache de leur rouge ; on perçoit, quand on danse, le bruit mat des danseuses retombant sur le plancher et le fouettement sec de leur talon contre la cheville ; on entend, quand on chante, le souffleur qui souffle tout haut. […] Salvandy était légèrement intrigué de cet homme un peu peuple, mais dans lequel il percevait une certaine finesse, quand, au milieu du dîner, son commensal lui dit tout à coup : « Je vais vous chanter une petite chanson pour me tenir en haleine ! 

821. (1913) La Fontaine « IV. Les contes »

Il y a eu, vers 1640 environ, il y a eu une négresse très jolie qui a fait l’admiration de tout Paris et qui a été chantée par plusieurs poètes. […] Il fait si bien que l’on n’est plus le même, Témoin Hercule et témoin Polyphème, Mangeurs de gens… L’un, sur un roc assis, Chantait au vent ses amoureux soucis, Et, pour charmer sa nymphe joliette, Taillait sa barbe, et se mirait dans l’eau ; L’autre changea sa massue en fuseau Pour le plaisir d’une jeune fillette.

822. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre x »

Un soir qu’arrivés trop tard, le petit instituteur et moi, nous n’avions plus trouvé de place sous les baraquements, nous nous sommes étendus côte à côte au pied d’un grand hêtre, et presque tout de suite la pluie s’est mise à chanter sous les feuilles. […] … » Une autre nuit, dans un vallon perdu, j’ai entendu un rossignol chanter si merveilleusement que sa voix nous a fait taire longtemps… La nature me console ; elle est mon amie, je suis dans son intimité ; j’ai épié tous les moments de la nuit et du jour.

823. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « M. de Sénancour — Oberman, édition nouvelle, 1833 »

Tout récemment, dans les feuilles d’un roman non encore publié, qu’une bienveillance précieuse m’autorisait à parcourir, dans les feuilles de Lélia, nom idéal qui sera bientôt un type célèbre, il m’est arrivé de lire cette phrase qui m’a fait tressaillir de joie : « Sténio, Sténio, prends ta harpe et chante-moi les vers de Faust, ou bien ouvre tes livres et redis-moi les  souffrances d’Oberman, les transports de Saint-Preux.

824. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Verhaeren, Émile (1855-1916) »

Il chante simplement celle qu’il aime, très simplement, avec une ardeur simple et une ferveur latente, sans romanesque, ni sentimentalité, ni emphase, car son amour est simple.

825. (1767) Salon de 1767 « Les deux académies » pp. 340-345

Plus loin à gauche, ce sont des femmes qui dansent, qui chantent, qui accordent leurs instrumens.

826. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. de Gères. Le Roitelet, verselets. »

Imagination qu’aurait préservée l’ignorance et qui n’était pas assez forte pour résister à la culture, M. de Gères ne sait pas ou peut-être a-t-il oublié que la fraternité tue les poètes autant que les peuples, et qu’ils doivent ressembler, pour être aussi impressifs qu’elle, à cette Tour seule qu’il a si bien peinte et chantée dans une de ses poésies le plus genuines par la rêverie et par le rythme : Au faîte où le sentier se plie Et plonge vers l’autre vallon, Droite sur son dur mamelon, Qu’au paysage rien ne lie, Sans arbre, sans maison autour, Sans voisinage qu’une meule, S’élève, muette, la tour               Seule !

827. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Victor de Laprade. Idylles héroïques. »

Sur le sommet de sa montagne, M. de Laprade s’est ressouvenu qu’en fin de compte il était un homme de son temps, de ce temps essentiellement endoctrineur et professeur, et il a prêché sa poésie après l’avoir chantée, dans une préface de soixante pages, encore plus Revue des Deux-Mondes que tout le reste.

828. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Louis Bouilhet. Festons et Astragales. »

Les dieux velus, les dieux malins, Aux forêts ont chanté victoire, Voyant par-dessus tes moulins Voler la toque du prétoire !

829. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Paul Bourget »

Paul Bourget est bien plus homme et bien plus poète quand il ne parle que de lui, de sa propre pensée, de ses propres sentiments, quand il ne chante que pour son propre compte, et quand lui, lui seul, s’agite dans les mystérieuses et prophétiques anxiétés de la destinée.

830. (1912) Chateaubriand pp. 1-344

Depuis dix-neuf siècles on chante tous les ans : « Venez, divin Messie », comme si le Messie n’était pas venu encore. […] Oblige-t-elle à recourir à des philtres pour ramener un amant volage, à chanter la lune, à conjurer le seuil de la porte ? […] … » Etc… Ainsi chante cette petite chrétienne, qui ignore le langage et le vocabulaire chrétiens. C’est une chose étrange : toutes les fois qu’il s’agit de décrire une fête païenne ou de chanter un chant païen, le poète retrouve son génie. […] Chantons de Pompignan les cantiques sacrés !

831. (1927) Les écrivains. Deuxième série (1895-1910)

L’Angleterre se reconnaît, se mire, s’exalte, se purifie dans Shakespeare, qui chanta ce vice infâme et le commit. […] C’est dans l’infection du pus et le venin du sang corrompu, qu’éclosent les formes, par qui notre rêve chante et s’enchante. […] Il est bon pour les armateurs que les ouvriers pleurent ; il n’est pas bon qu’ils chantent. […] Hier, ce brave nègre — je parle de mon ami le Dahoméen — a voulu me chanter des chansons de son pays… Ce sont de très vieilles chansons, dont les auteurs sont complètement ignorés. […] Ils étaient cinq qui venaient, pèlerins, l’écouter chanter comme un printemps : Luc, Martial, Claude, Philarque et M. 

832. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIVe entretien. Alfred de Vigny (1re partie) » pp. 225-319

Et, lorsque du grand mont il atteignit le faîte, Lorsque son front perça le nuage de Dieu Qui couronnait d’éclairs la cime du haut lieu, L’encens brûla partout sur les autels de pierre, Et six cent mille Hébreux, courbés dans la poussière, À l’ombre du parfum par le soleil doré, Chantèrent d’une voix le cantique sacré ; Et les fils de Lévi, s’élevant sur la foule, Tels qu’un bois de cyprès sur le sable qui roule, Du peuple avec la harpe accompagnant les voix, Dirigeaient vers le ciel l’hymne du Roi des Rois. […] J’aime le son du cor, le soir, au fond des bois, Soit qu’il chante les pleurs de la biche aux abois, Ou l’adieu du chasseur que l’écho faible accueille, Et que le vent du nord porte de feuille en feuille. […] Le luth du troubadour S’accordait pour chanter les saules de l’Adour ; Le vin français coulait dans la coupe étrangère ; Le soldat, en riant, parlait à la bergère. […] Il peut encore, si son cœur ne se soulève pas trop violemment, courber et amoindrir sa pensée, et cesser de chanter pour écrire.

833. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Régnier, Henri de (1864-1936) »

Gaston Deschamps Il serait parfaitement vain de vouloir analyser la mélancolie de cette poésie subtile et précieuse… Le songeur qui a fait chanter sous ses doigts, en mélodies lointaines et langoureuses, les Flûtes d’avril et de septembre est un des deux ou trois hommes qui gardent pieusement, dans nos cohues affairées et ahuries, le culte de la Beauté.

834. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XV. La commedia dell’arte au temps de Molière et après lui (à partir de 1668) » pp. 293-309

, où Dominique-Arlequin chantait plusieurs chansons françaises, notamment une chanson à boire commençant ainsi : Paye chopine, Ma voisine… Dans Le Théâtre sans comédie (Il Teatro senza commedie), pièce dont Cintio del Sole était l’auteur et qui fut jouée au mois de juillet suivant, un panégyrique de Scaramouche (Fiurelli absent) était prononcé en français par le Scaramouche qui le remplaçait, panégyrique que Gueulette suppose avoir été écrit par M. de Fatouville, conseiller au parlement de Rouen.

835. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « F.-A. Cazals » pp. 150-164

Il a chanté le Bonnet à poil de Coppée, les Pieds de Péladan, le Rhum et eau de Verlaine, le monocle et les cigares de Moréas, la jaquette de du Plessys, le Geste de Laurent Tailhade, etc.

836. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préfaces des « Odes et Ballades » (1822-1853) — Préface de 1824 »

Ses chants célébreront sans cesse les gloires et les infortunes de son pays, les austérités et les ravissements de son culte, afin que ses aïeux et ses contemporains recueillent quelque chose de son génie et de son âme, et que, dans la postérité, les autres peuples ne disent pas de lui : « Celui-là chantait dans une terre barbare ».

837. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre huitième. »

Un savetier chantait, etc….

838. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Paul de Saint-Victor » pp. 217-229

De l’organisation la plus heureuse, fait essentiellement pour les lettres, il y débuta en se jetant éperdument dans le feuilleton dramatique, alors florissant, et malgré tous les Mentors, — il en avait plusieurs, — qui craignaient les Eucharis du théâtre pour ce Télémaque en plein feu d’imagination et de jeunesse… La grande littérature du milieu du dix-neuvième siècle était morte ou allait mourir : Balzac et Stendhal n’étaient plus ; Gozlan vivait encore, mais les deux plus grands poètes du siècle, de Musset et Lamartine, étaient tombés, l’un des bras d’une indigne femme dans le désespoir enivré qui devait le tuer, l’autre dans la vie politique, qu’on pourrait appeler la mort littéraire, où il s’engloutit, la lyre à la main, comme Sapho, qu’il avait chantée, dans la mer !

839. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Chastel, Doisy, Mézières »

C’est ainsi que partout, dans le livre des Études sur la Chanté chrétienne, Notre-Seigneur Jésus-Christ n’est jamais appelé que « le plus grand des révélateurs », et que les miracles enseignés par l’Église sont regardés de cet œil tout ensemble défiant et superficiel que nous connaissons.

840. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Gérard de Nerval  »

Écho de l’époque, ce n’était pas en lui la personnalité qui chantait.

841. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Maurice Bouchor »

Ce poème du Faust moderne donne le volume d’une voix qui chantera prochainement dans un registre plus à elle, — le registre de sa propre originalité… Maurice Bouchor qui, aujourd’hui, a voulu ranimer le vieux Faust et le rajeunir, a fini par le tuer dans un épilogue qui est la revanche de l’âme contre la matière, comme tout le poème est la revanche du sentiment religieux contre l’athéisme pleurant le dieu qu’il dit n’être pas, — inconséquence vengeresse !

842. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre V. Des Grecs, et de leurs éloges funèbres en l’honneur des guerriers morts dans les combats. »

Partout le peuple reconnaissait les images de ses grands hommes ; et sous le plus beau ciel, dans les plus belles campagnes, parmi des bocages ou des forêts sacrées, parmi les cérémonies et les fêtes religieuses les plus brillantes, environnés d’une foule d’artistes, d’orateurs et de poètes, qui tous peignaient, modelaient, célébraient ou chantaient des héros, marchant au bruit enchanteur de la poésie et de la musique, qui étaient animées du même esprit, les Grecs victorieux et libres ne voyaient, ne sentaient, ne respiraient partout que l’ivresse de la gloire et de l’immortalité.

843. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1864 » pp. 173-235

9 juin À cent pas de moi, bruit vaguement la vanne du moulin ; dans le bois dont les feuilles trempent dans l’eau, des oiseaux chantent, et sur l’autre bord, ainsi que des musiciens se répondant des deux rives, d’autres oiseaux crient parmi les roseaux, croisant leurs hampes frissonnantes. […] Gautier chante l’éloge physique du poète allemand, et dit que, tout jeune, il était beau comme la beauté même, avec un nez un peu juif : « C’était, voyez-vous, Apollon, mélangé de Méphistophélès ! […] Une dernière fois, les oiseaux se mettent à chanter : une traînée de piailleries qui s’allume, part, court tout le bord du bois, puis s’éteint.

844. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — III. Le Poëme épique, ou l’Épopée. » pp. 275-353

A la prière de cette duchesse de Mazarin, si célèbre par son esprit, son goût & ses malheurs, il chanta, dans quelques stances, la gloire du siècle présent : Pourquoi révérer, comme antique, Ce que les Grecs ; dans leur attique, Aimoient comme des nouveautés ? […] L’imagination, échauffée par les grands objets que le poëte a chantés d’abord, se réfroidit sur le reste. […] Quant à l’abbé Langlet, après avoir donné la préférence aux romans sur l’histoire, il a eu ses raisons pour chanter la palinodie dans un livre intitulé l’Histoire justifiée contre les romans.

845. (1926) L’esprit contre la raison

Au contraire, nous savons à quelle pourriture se condamnait l’individu qui, non satisfait de sa créature terrestre, mais tout de même incapable d’assigner à cette créature un simple rôle relatif, non seulement ne la limitait point, mais encore pour donner, vis-à-vis de soi-même et des autres, illusion de bonheur ou de dignité quotidienne, pour étouffer les cris du doute, chantait la Marseillaise de sa médiocrité, se galonnait de mensonges éthiques, esthétiques et autres. Et le plus beau de toute cette aventure, c’est que les idolâtres de l’apparence à tout prix mènent sabbat, chantent pouille, s’agitent, parlent de sauver l’esprit, alors que, sous couvert de raison, ils ne négligent rien pour aider à sa décomposition. […] L’espoir, certes, demeure et chante à demi-voix : Et cum vorandi vicerit libidinum Late triumphet imperator spiritus [vainqueur de l’appétit vorace,/ Que l’esprit souverain étende loin son triomphe] Mais l’espoir n’est que la méfiance de l’être à l’égard des prévisions précises de son esprit.

846. (1895) Impressions de théâtre. Huitième série

Il lui offre des fleurs et des couronnes, et lui adresse des prières qui rappellent de très près les cantiques qu’on chante dans les catéchismes de persévérance. […] Ils sont chantés à l’unisson, de manière queje n’ai pu en entendre un traître mot. […] La chanson lue et commentée, ou la chante… Mais le vieux Baumert, les mains sur son ventre, sort un instant. […] Mais le socialisme d’à présent est malheureusement fort impie, pour des raisons historiques que je n’ai pas besoin de vous remémorer ; et qui lui parle de Dieu lui fait toujours l’effet d’un calotin… Et l’on chante la Chanson du Linceul. […] Gigolette a deux tableaux vraiment curieux : le duel au couteau de Mlle Mallet et de Mlle Silviac, étonnant de vérité, — et la romance des Blés d’or chantée par Mlle Mallet avec des cadences et des notes portées d’une impayable drôlerie, et dont le refrain est gravement accompagné par les voix attendries des « petits joyeux » et de leurs compagnes.

847. (1888) Poètes et romanciers

Ce sont des mystères qui chantent et qui souffrent. […] à mes regards ardents ; Et chantait. […] comme les oiseaux chantaient au fond des bois ! […] Anglès, le préfet de police, reçut un rapport où on lui faisait savoir que j’avais chanté chez M.  […] C’est là l’esprit même de cette poésie chantée qui devait voyager si vite et si loin.

848. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire (suite et fin). »

Après une promenade en Sologne : « J’ai fait une lieue ce matin dans des plaines de bruyères, et quelquefois entre des buissons qui sont couverts de fleurs, et qui chantent. » S’il fait une épître (et il en fit en ce temps-là de délicieuses pour la cordialité), et si la veine découle aisément : « Je travaille innocemment et avec plaisir comme un bûcheron qui chante dans ses bois en faisant ses fagots. » « Il y a dans mon clavecin poétique des jeux de flûte et de tonnerre ; comment cela va-t-il ensemble ?

849. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 août 1885. »

Mais nous, la multitude, que tient une héréditaire ignorance du technique, une héréditaire paresse intellectuelle, qu’une éducation primitive et rustique laisse grossiers, nous qui ne savons pas entendre les partitions seulement lues, — car de même qu’il fallait aux hommes, il y a dix siècles, parler le poème, il nous faut encore, aujourd’hui, que des voix et des instruments nous chantent et nous jouent la symphonie ; — ne pouvant pas lire le Livre de musique et de paroles, nous avons besoin, pour connaître l’Œuvre d’art, du théâtre matériel. […] Sous le péristyle de pierre trois fois, les trompettes et les trombones chantent l’appel du Très Saint Gral ; et, insoucieux, nous entrons.

850. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 janvier 1886. »

Endormez-vous, les mauvais rêves, abimés Dans l’éveil évoquant la Vision jolie : L’Oiseau chante, la Gloire enivre, l’Ame oublie ; Et le Joyeux Orgueil s’épand aux bleus sommets ! […] Et il a été chanté en italien, en anglais, en français, sans que son succès en ait paru diminué.

851. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre septième. L’introduction des idées philosophiques et sociales dans la poésie. »

Voici du reste comment il définit la poésie : Chanter, rire, pleurer, seul, sans but, au hasard. […] Vous souvient-il, lecteur, de cette sérénade Que don Juan déguisé chante sous un balcon ?

852. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Sainte-Beuve » pp. 43-79

qu’il écrivit de sa déesse, et de tels signes, oui, même en face de l’énorme Homère, ont quelque chose de si surnaturel et de si nouveau dans le poète de cette mystérieuse heure d’histoire où chantait Virgile, qu’on ne l’explique pas entièrement avec de l’analyse littéraire et le trotte-menu des petites lois qui régissent ordinairement les biographies. […] De même, aussi, peut-on se méprendre sur le pauvre la que donnèrent les premières lettres de Sainte-Beuve, qui devait toujours chanter sur ce ton ; de Sainte-Beuve, cet homme de lettres qui ne l’était que dans ses livres, ou plutôt qui l’était hors de ses livres pédantesquement toujours, et, pour parler franc, qui en dehors de leur laborieuse confection n’était plus personne.

853. (1773) Discours sur l’origine, les progrès et le genre des romans pp. -

Mais ses vers ne chantent guere moins la débauche que l’amour ; Bathyle y est trop souvent le rival de Lycoris. On sait aussi que Sapho ne chanta Phaon que très tard, & on l’accuse d’avoir loué plus d’une fois l’amour à contre-sens.

854. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Charles Nodier après les funérailles »

Il aimait le sommeil, comme La Fontaine, et il l’a chanté en des vers délicieux, peu connus et que nous demandons à citer, comme exemple du jeu facile et habituel de cette fantaisie sensible : LE SOMMEIL.

855. (1874) Premiers lundis. Tome I « Victor Hugo : Odes et ballades — II »

Mais que ces révélations, d’ordinaire fugitives et rares, se succèdent et se reproduisent incessamment dans une âme ; qu’elles se mêlent à toutes ses idées et à toutes ses passions ; qu’elles jaillissent, éblouissantes et lumineuses, de chaque endroit où se porte la pensée, des récits de l’histoire, des théories de la science, des plus vulgaires rencontres de la vie ; que, cédant enfin à ces innombrables sensations qui l’inondent, l’âme se mette à les répandre au dehors, à les chanter ou à les peindre, là est le signe, là commence le privilège du poète.

856. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre V, la Perse et la Grèce »

Anacréon chantait à Téos, Simonide et Bachylide à Céos, Arion à Sardes, Archiloque à Paros, Alcée et Sapho à Lesbos.

857. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — II. La versification, et la rime. » pp. 257-274

Ecrire en prose, c’est parler, c’est marcher ; écrire en vers, c’est chanter, c’est danser. » On a comparé la poësie sans versification aux desseins de Le Brun, qui ne sont point coloriés.

858. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre neuvième. »

J’ai chanté des animaux.

859. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « La Société française pendant la Révolution »

l’ancienne société, qui chantait son chant du cygne au moment où Edmond et Jules de Goncourt commencent leur histoire et quand l’émigration en dispersait déjà l’élite aux quatre vents de l’adversité, la société française n’était pas claquemurée à quelques salons de Paris !

860. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Abailard et Héloïse »

Comme vos vers chantaient nos amours, mon nom commençait de devenir célèbre et la jalousie des autres femmes fut enflammée. » Être célèbre !

861. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Valmiki »

de passage pareil, pour l’émotion, la main plongée au cœur, le secret de la passion, l’empire enfin sur la sensibilité humaine, vous n’en trouverez pas dans tout le long poème de Valmiki, lequel peut bien être un mystagogue, un fakir, un thériaki, tout ce qu’il y a de plus prisé et de plus estimé aux Indes, mais qui n’est pas un poète, du moins dans le sens inspiré que les hommes, depuis qu’on chante leur bonheur, leur gloire et leur misère, ont donné à ce titre-là.

862. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XIX. Abailard »

Comme vos vers chantaient nos amours, mon nom commençait de devenir célèbre et la jalousie des autres femmes fut enflammée. » Être célèbre !

863. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Léon Aubineau. La Vie du bienheureux mendiant et pèlerin Benoît-Joseph Labre » pp. 361-375

Seulement dans la littérature moderne la plus rapprochée de nous, rappelez-vous le vieil Edie Ochiltrie de Walter Scott, le vieux pauvre de Cumberland de Wordsworth, et jusqu’au vieux vagabond de Béranger, qui, lui, le bourgeois et le voltairien, le grand poète des épiciers, n’a été réellement poète que quand il a chanté les Bohémiens, les Gueux, enfin les pauvres, exécrés par Voltaire !

864. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Henri Cantel »

et, enfin, s’il échappe à Dorat, qui tient trop de place dans ce recueil, et veut remonter vers Desportes, il chante Raphaël.

865. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Auguste Vacquerie  »

car Hugo pense tout cela de lui-même, et de ses vers et de ses drames et de ses romans, mais n’oserait peut-être pas le dire à la première personne ; seulement, comme Figaro, qui dit : « Ce qu’on ne peut pas parler, on le chante ! 

866. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. J. Autran. Laboureurs et Soldats, — Milianah. »

Mais nous disons qu’il faut chanter la vie agricole et la guerre, parce que ces choses sont grandes, magnifiques, éternelles, et qu’en multipliant les formes sous lesquelles elles se traduisent aux yeux des hommes, elles n’ont pris ni un jour, ni une heure, aussi belles et plus belles peut-être qu’aux premiers moments de la création.

867. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Ronsard »

même Lamartine, le Virgile chrétien, qui, tout chrétien qu’il fut, n’en chanta pas moins Socrate, Psyché et Sapho ; prenez Hugo, de Vigny, de Musset, Amédée Pommier, Sainte-Beuve, Gautier, Hégésippe Moreau, et jusqu’à Béranger, et regardez s’ils n’ont pas tous le souffle de Ronsard sur la tête, s’ils ne sont pas tous les fils et les successeurs de Ronsard !

868. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVII. Des panégyriques ou éloges adressés à Louis XIII, au cardinal de Richelieu, et au cardinal Mazarin. »

Loué par une foule d’orateurs, chanté par Malherbe, célébré à sa mort par Lingendes, placé par la nature entre Richelieu et Corneille, il prouva que le caractère seul peut donner du prix aux actions, aux vertus, aux succès même, et que les panégyristes, malgré leurs talents, ne donnent pas toujours le ton à la renommée.

869. (1853) Portraits littéraires. Tome II (3e éd.) pp. 59-300

Pour chanter la colère, comme pour célébrer les vainqueurs des jeux olympiques, il faut plus que de la finesse, plus que de l’élégance ; il faut de la force, de la grandeur : à ces conditions seulement il est permis de tenter la satire lyrique. […] S’il veut chanter en même temps qu’il étudie, son chant devient vulgaire et descend peu à peu jusqu’à la prose. […] Ne pas chanter parce qu’il n’apercevrait pas autour de lui un besoin évident qui demande un organe, ce serait de sa part une défiance puérile. […] Il est visible que le poète respire et chante sous un ciel plus chaud et contemple un paysage plus richement coloré. […] Ils chantent leur passion et oublient d’être passionnés.

870. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre I. Les idées et les œuvres. » pp. 234-333

C’est à la fin de l’automne, les feuilles grises roulent dans les rafales du vent ; une joyeuse troupe de vagabonds, bons diables, viennent faire ripaille au cabaret de Poosie Nansie. « Ils trinquent et rient, ils chantent et se démènent, ils cognent et sautent, tant que les tourtières résonnent1163. » Le premier, auprès du feu, en vieux haillons rouges, est un soldat avec sa commère : la gaillarde a bien bu ; il l’embrasse et lui tend encore sa bouche goulue ; les gros baisers font clic-clac comme un fouet de charretier, et chancelant sur sa béquille, d’un air crâne, il entonne à pleins poumons sa chanson : « J’étais avec Curtis aux batteries flottantes, —  et j’y ai laissé en témoignage un bras et une jambe. —  Pourtant, que mon pays ait besoin de moi, et me donne Elliot pour commandant, —  on entendra ma jambe de bois se démener au son du tambour1164. » Le chœur reprend et les voix ronflent : les rats effrayés se sauvent au plus profond de leurs trous. […] S’il fait des vers, ce n’est point par calcul ni obéissance à la mode. « Je n’avais jamais eu la moindre idée ou inclination de devenir poëte, dit-il, jusqu’au moment où je devins amoureux pour tout de bon, et alors la rime et la chanson devinrent en quelque façon le langage spontané de mon cœur. » — « Mes passions se démenaient comme autant de démons tant qu’elles n’avaient point trouvé un débouché dans les vers1174. » Les vers faits, il se sentait soulagé, consolé de ses misères ; il les chantonnait, en poussant sa charrue, sur les vieux airs écossais, qu’il aimait passionnément, et qui, dit-il, sitôt qu’on les chante, apportent aux lèvres les idées et les rimes. […] Il employait le reste de la journée, comme un méthodiste, à lire l’Écriture ou des sermons, à chanter des hymnes avec ses amis, et à s’entretenir de matières spirituelles. […] Cependant les danseuses posent la main sur leur cour avec une émotion délicate et profonde, les jeunes premiers chantent qu’ils sont prêts à mourir, les tyrans font gronder leur voix de basse, l’orchestre se démène, accompagnant les variations des sentiments par les soupirs doucereux de ses flûtes, par les clameurs lugubres de ses trombones, par les mélodies angéliques de ses harpes ; jusqu’à ce qu’enfin, au moment où l’héroïne met le pied sur la gorge du traître, il éclate triomphalement par ses mille voix vibrantes réunies en un seul accord. […] Nous n’avions pas fait dix pas que nous étions à rire ou à crier et à chanter.

871. (1864) Le roman contemporain

Ayant appris qu’il était né à la campagne, je passais des heures entières à lui chanter d’anciennes chansons de village auxquelles je cherchais à donner l’expression la plus touchante. […] Placez un poète en face d’une rose, il la chantera ; un artiste, il la peindra ; un botaniste la desséchera et la collera fanée et morte dans son herbier. […] Robespierre, on le sait, était plein de sensibilité pour les souffrances des serins qu’il a chantés, et sa sensibilité lui permettait d’envoyer des hécatombes humaines à la guillotine. […] Hugo et son conventionnel, que loin « de chanter un Te Deum sur les dragonnades », Bossuet les blâma formellement, qu’il condamna toujours les violences, et que ce fut sur son avis persévérant que Louis XIV adoucit les mesures rigoureuses que le marquis de Louvois lui avait fait adopter. […] Voilà comment Bossuet chantait le Te Deum sur les dragonnades !

872. (1925) Portraits et souvenirs

Plus d’un de ses poèmes, et non des moins beaux, les évoquent et les chantent. […] Son vers sonore, brillant et ailé, chante, luit, palpite en ma mémoire. […] » N’y entendons-nous pas comme un écho de la voix qui chantait à la Belle Viole la chanson du Vanneur de blé ? […] Ce retour vers les « ferventes Espagnes » a, ainsi que disait la poétesse Marcelline Desbordes-Valmore, fait chanter dans nos mémoires de précieux souvenirs. […] Je te défends de jamais chanter de pareilles horreurs ! 

873. (1803) Littérature et critique pp. 133-288

Ne rêve-t-on pas délicieusement à la voix de ce rossignol qui chante les beaux jours, non loin des vieillards qui regardent un tombeau ? […] Quand un missionnaire rencontrait ainsi les restes d’un de ses compagnons, il s’empressait de leur rendre les honneurs funèbres ; et, plein d’une grande joie, il chantait un Te Deum solitaire, sur le tombeau du martyr. […] Les néophytes répétaient les airs, comme des oiseaux privés chantent pour attirer dans les rets de l’oiseleur les oiseaux sauvages. […] En effet, si Milton est sublime, ce n’est point quand il peint la Divinité reposant dans elle-même, et jouissant de sa propre gloire au milieu des chœurs célestes qui la chantent éternellement. […] J’aimerais mieux une beauté qui chantât plus souvent, et qui n’analysât qu’au besoin son être avec Locke.

874. (1825) Racine et Shaskpeare, n° II pp. -103

Est-ce enfin la fausse sensibilité, la prétentieuse élégance, le pathos obligé de cet essaim de jeunes poètes qui exploitent le genre rêveur, les mystères de l’âme, et qui, bien nourris, bien rentés, ne cessent de chanter les misères humaines et les joies de la mort ? […] On voit les grenadiers s’embarquer ; on les entend chanter sur le brick l’Actif. […] à Vienne, en 1787, don Juan, donna Anna et donna Elvire, chantaient pendant cinq minutes dans la scène du bal : Viva la libertà ! À Louvois, en 1825, au moment où nous sommes forcés de souffrir les discours du général Foy et de M. de Châteaubriand, il bien fallu ordonner à don Juan de chanter Viva l’ilarità !

875. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre huitième. L’introduction des idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Victor Hugo »

Tout comme toi gémit, ou chante comme moi, Tout parle. […] Brunetière, Victor Hugo, fils d’un soldat, Jeté comme la graine au gré de l’air qui vole, traîné de ville en ville dans les bagages de son père, a pu chanter indifféremment ses « Espagnes », ou plus tard la maison de la rue des Feuillantines ; il n’a pas eu de « patrie locale, et à peine un foyer domestique. » Hugo n’a vu la Nature « qu’avec les yeux du corps, en touriste ou en passant ; l’on peut, même douter s’il l’a comprise et aimée, autrement qu’en artiste. » Lamartine, au contraire, « l’a vue avec les yeux, de l’âme, l’a aimée jusqu’à s’y confondre, quelquefois même jusqu’à s’y perdre, et l’a aimée tout entière. » Lamartine est donc chez nous « le poète de la nature, le seul peut-être que nous ayons, en tout cas le plus grand, et il l’est pour n’avoir pas appris à décrire la nature, mais pour avoir commencé par la sentir. » — Ainsi Hugo, n’ayant pas été élevé dans une maison de campagne, n’a pas dû sentir la nature ! […] » Les Contemplations se terminent dans l’hymne de pardon et d’apaisement le plus sublime que notre poésie ait jamais chanté : Paix à l’ombre ! […] Avoir continuellement à ses côtés une femme, une fille, une sœur, un être charmant, qui est là parce qu’elle ne peut se passer de vous, se savoir indispensable à qui nous est nécessaire, pouvoir incessamment mesurer son affection à la quantité de présence qu’elle nous donne et se dire : — puisqu’elle me consacre tout son temps, c’est que j’ai tout son cœur — voir la pensée à défaut de la figure, constater la fidélité d’un être dans l’éclipsé monde, percevoir le frôlement d’une robe comme un bruit d’ailes, l’entendre aller et venir, sortir, rentrer, parler, chanter ; et songer qu’on est le centre de ces pas, de cette parole, de ce chant ; manifester à chaque minute sa propre attraction, se sentir d’autant plus puissant qu’on est plus infirme… peu de félicités égalent celle-là.

876. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire de la querelle des anciens et des modernes par M. Hippolyte Rigault — [Introduction] » pp. 132-142

Ainsi dogmatisait le triomphant bossu de M. de La Motte ; ainsi chantait en chœur avec lui ce public léger qui effleurait tout, jugeait tout, défaisait la gloire d’Homère en feuilletant une gazette, et tranchait sur L’Iliade aussi lestement que sur un opéra.

877. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « quelque temps après avoir parlé de casanova, et en abordant le livre des « pèlerins polonais » de mickiewicz. » pp. 512-524

Au clairon de la veille, à ce pressant qui vive, Maint beau rêve lointain, et sans cela dormant, S’arme, accourt, mais trop tard, et voit l’endroit fumant, Et se met avec l’aube à chanter sur la rive.

878. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre II. — De la poésie comique. Pensées d’un humoriste ou Mosaïque extraite de la Poétique de Jean-Paul » pp. 97-110

— Le sublime chante que l’homme est le roi de la création ; mais le comique le montre tremblant de peur entre les bras d’un grand singe qui le flatte doucement avec sa patte148. — Le sublime est le troubadour qui récite, tôle nue et à distance, des vers épiques à la table des rois ; le comique est le petit chien impertinent qui saule sur la table du festin, salit les plats d’argent et d’or, met les rois en colère, le menu peuple en liesse, et mord en se sauvant le pied du troubadour. — L’architecte héroïque se cache derrière son œuvre, qui semble s’élever toute seule aux sons de sa musique, comme Thèbes aux doux accords de la lyre d’Amphion.

879. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre I. Malherbe »

Il chante la paix rendue à la France, l’ordre restauré avec la monarchie, la haine de la guerre religieuse et civile : choses qui lui tiennent au cœur, mais à tout le monde avec lui.

880. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre X. Mme A. Craven »

Encore une fois, elle aurait mieux fait de se taire, après avoir pleuré et chanté cette élégie du Récit d’une sœur.

881. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « La Femme au XVIIIe siècle » pp. 309-323

C’est lui et son frère qui ont donné le la de l’horrible musique qu’à présent on chante.

882. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XII. MM. Doublet et Taine »

Mais nous écoutera-t-il et faudra-t-il donc l’y conduire, comme ces jeunes filles qui ne veulent pas chanter par obstination de modestie et que l’on conduit au piano ?

883. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XX. M. de Montalembert »

S’il y a un de ces traits de peintre qui restent, vivants et tenaces, sur la toile de nos esprits, comme, par exemple, celui de ces « loups affamés qui, de leurs flancs amaigris, faisaient ceinture aux monastères, et, de leurs hurlements, répons aux psaumes chantés par les moines, aux offices de nuit », allez !

884. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Matter. Swedenborg » pp. 265-280

Est-ce en Angleterre, dans ce lord John Manners, qui a chanté l’Église établie sur son maigrelet accordéon ?

885. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Guizot »

Guizot, qui ne dit pas son dernier mot dans ce livre, car il n’y a pas de dernier mot pour cette loquacité, tenace et vivace ; Guizot, qui ne tient pas moins, dans ce livre, à faire solennellement la cène protestante et à chanter, non pas son cantique de saint Siméon, mais de Marot, en l’honneur du protestantisme, devait laisser là saint Louis et saint Vincent de Paul, qui n’ont que faire et qui détonnent un peu dans des litanies protestantes, et, s’il n’y a pas quatre grands hommes pour lui dans les rangs du protestantisme, se contenter fièrement de deux !

886. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Le Marquis Eudes de M*** »

Notre mission n’est pas de chanter un hymne, mais de conjurer un fléau. » Et il ajoute : « Nous prendrons de plus l’engagement de n’appeler à notre aide que l’élite de la science, ou les autorités les plus graves, car ce premier mémoire n’est guères qu’une exposition sur pièces officielles, exposition raisonnée, il est vrai, discutée et terminée par des conclusions ; mais ces conclusions auront leur conséquence et ne sont, en définitive, que le prélude de débats et de questions bien autrement graves, réservés pour un second mémoire. » Après avoir tracé et déterminé les caractères qui doivent donner son autorité à tout témoignage et garantir l’authenticité de chaque fait, il commence l’histoire de ces phénomènes qui ne sont pas d’hier dans le monde, mais qu’une science infatuée et superficielle y croit d’hier, parce qu’elle les a nommés de noms nouveaux.

887. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Gustave Rousselot  »

Victor Hugo, ce ballon qui chante les ballons, a, dans une de ses dernières poésies, appelée, je crois, l’Aérostat, exprimé l’idée que Gustave Rousselot tourne et retourne, concentre ou dilate dans son poème tout à la fois humanitaire et panthéistique, où Hégel coudoie Condorcet.

888. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « La Fontaine »

Il le dit lui-même : « Je suis chose légère. » Les femmes qui l’aimèrent, l’aimèrent surtout comme de belles marraines qui lui firent chanter sa romance à Madame jusqu’à sa dernière heure, à ce Chérubin attardé qui devint une barbe grise avant de cesser d’être un enfant, mais qui finit, tout en la chantant, par rire de sa romance.

889. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Auguste Barbier »

Ailleurs, ce terrible dévoré d’envies non contentées, devenu plus calme et moins plaintif, se prend à chanter sur un flageolet plus guilleret : Merci !

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