L’œuvre, dès lors, manque aux conditions fondamentales de la bonne création littéraire : elle n’est pas vraiment honnête. […] Lemaître ne voulait pas s’engager lui-même : il engage son prochain… « Mais il y faut, je crois, deux conditions… » Eh ! […] Deux conditions ! […] Si elle avait méconnu les conditions de la santé nationale ? […] Il y a des animaux qui se tuent, préférant la mort à de fâcheuses conditions d’existence.
Je n’ai plus d’idées très nettes ; mais je songe que tous ces gens-là étaient des hommes et que c’est là, comme dit un ancien, « une dure condition », et ma pitié tombe dans le tas. […] Nous ne sommes heureux qu’à la condition d’ignorer, de n’être point curieux, de respecter le mystère des joies qui nous sont offertes. […] Car, dans ces conditions-là, la campagne c’est vraiment le refuge et l’asile. […] Mais, d’autre part, je ne tiens en aucune façon à voir mes semblables se faire étriper, même héroïquement et dans les conditions les plus propres à ravir des yeux d’artiste. […] Mais à une condition expresse : ils devaient se montrer alors d’autant plus scrupuleusement soumis au roi et d’autant plus étroitement attachés à sa personne.
Mais le discours académique est un genre vivant qui transforme, qui embellit, qui a pour objet avant tout de réussir et de plaire, qui a pour premier devoir et pour condition de savoir tirer parti de chaque défunt et d’en dégager, ne fût-ce que pour un jour, un immortel.
Mais c’est à condition que les choses parlent d’elles-mêmes, qu’elles imposent sans y tâcher des conclusions démontrables !
Costar lui tient les propos les plus offensans & les plus ridicules, ne lui parle que « de l’accabler à coups de langue & de plume, de faire revenir l’usage de cet ancien tems, où de jeunes Romains de condition se promenoient par les rues tout le long du jour, cachant sous leurs robes de longs fouets pour châtier l’insolence de ceux qui n’approuvoient pas le poëte Lucilius, s’ils étoient assez malheureux que de se rencontrer en leur chemin ».
Les généraux de Vespasien font offrir des conditions favorables à Vitellius, s’il veut abdiquer l’empire qui s’écroule ; il penche vers ce parti. […] « Cependant, par une monstrueuse émulation des sénateurs, on vota des prières publiques dans tous les sanctuaires, des jeux annuels, des fêtes à Minerve, en commémoration du jour où le prétendu complot d’Agrippine avait été prévenu, et le jour de la naissance d’Agrippine fut mis au nombre des jours néfastes. » LIII « Pætus Thraséa, qui avait l’habitude de flétrir les bassesses ordinaires de son silence, ou de les laisser passer avec un bref et dédaigneux consentement, sortit alors du sénat, se vouant ainsi lui-même au dernier péril, sans donner aux autres le courage de la liberté. »… LIV Quelle condition du beau dans l’histoire manque dans ce récit de Tacite ? […] On verra que je n’apostasie rien que l’erreur dans laquelle je suis une ou deux fois tombé, et quelques expressions mal sonnantes ou mal interprétées par mes nombreux lecteurs ; que j’ai mûri mes idées sur les conditions naturelles du pouvoir ; que j’ai profité de l’expérience et des temps, mais que je suis après ce que j’étais avant, l’homme qui se corrige des moyens sans se détourner du but : la liberté par l’honnêteté, le gouvernement spiritualiste.
Peinture de caractères généraux dans les conditions bourgeoises ou populaires. […] Il était collectionneur, amateur de bibelots et de curiosités, et bien qu’il ait un peu trop complaisamment donné dans l’étalage du bric-à-brac, il assortit en général très finement les mobiliers à la condition et au moral des personnages. Il distingue très bien aussi les groupes sociaux, monde élégant, bourgeoisie riche, petit commerce, peuple de Paris, aristocratie et bourgeoisie provinciales ou campagnardes, paysans, fonctionnaires, employés, journalistes, toutes les coteries, toutes les professions, toutes les conditions : dans chaque groupe, les individus-types, qui accusent un des travers, un des instincts, un des manèges spéciaux du groupe.
Le principe de l’encouragement affectueux, de la poignée de main consolatrice, donnée à un homme de talent inconnu, me semble excellent, mais à la condition que le jury ne se transforme pas en comité électoral où l’on donnera la R. P. et le panachage majoritaire, à la condition que les candidats ne prennent pas les habitudes des plus plats larbins. […] Si un jeune écrivain, capable de la dignité de se suffire sans rien quémander, semble digne d’être encouragé dans sa qualité de travail pour qu’il y parvienne à la maîtrise et peut-être à l’invention, est-ce le maintenir dans de bonnes conditions que risquer de le troubler par une forte somme dont il n’a pas l’habitude.
Les paroles de Du Bellay sont du plus grand prix : « Si deux peintres, dit-il, s’efforcent de représenter au naturel quelque vifpourtrait, il est impossible qu’ils ne se rencontrent pas en mesmes traits et linéaments, ayantmesmeexemplairedevantlesyeux. » Rien de plus élevé et de plus juste, mais il y faut une condition : c’est que les deux peintres soient supérieurs. […] Aussi est-il du devoir de la critique de rappeler à quelles conditions on obtient les succès durables, à quels risques on recherche les succès d’un moment. […] Il ne vit pas que les langues ne s’enrichissent que par les pensées ; que le secret de la noblesse du langage est tout entier dans la hauteur modérée et égale des pensées ; que l’harmonie est moins une musique qui flatte l’oreille, que l’effet général d’un langage qui réunit toutes les conditions de propriété de noblesse, de clarté.
Le caractère de Montaigne, tel que nous le montrent les Essais, est celui d’un homme nonchalant par humeur, non moins que par la faveur d’une condition qui lui permettait le repos ; irrésolu, tantôt par l’effet des lumières, qui font voir autant de raisons pour s’abstenir que pour agir, tantôt par la fatigue de délibérer, détestant l’embarras des affaires domestiques, et préférant l’inconvénient d’être volé à l’ennui de veiller sur son bien ; ennemi de toute contrainte, jusqu’à regarder comme un gain d’être détaché de certaines personnes par leur ingratitude ; ne donnant prise sur lui à rien ni à personne, ne se mettant au travail qu’alléché par quelque plaisir simple, naïf, vrai avec lui-même et avec les autres ; ayant le droit de parler de sa facilité, de sa foi, de sa conscience, de sa haine pour la dissimulation, dans un temps où toutes ces qualités étaient autant de périls142 ; « ouvert, dit-il, jusqu’à décliner vers l’indiscrétion et l’incivilité » ; délicat à l’observation de ses promesses jusqu’à la superstition, et pour cela prenant soin de les faire en tous sujets incertaines et conditionnelles143 ; franc avec les grands, doux avec les petits ; le même homme que le besoin d’ouverture pouvait rendre incivil ; poussant la civilité jusqu’à être prodigue de bonnetades 144, notamment en été, dit-il, sans doute parce qu’on risque moins en cette saison de s’enrhumer en général, ayant les vertus de l’honnête homme, et sachant, en un cas pressant, en montrer ce qu’il en fallait, mais n’en cherchant pas l’occasion un mélange de naïveté et de finesse, d’ouverture et de prudence, de franchise et de souplesse ; modérant ses vertus comme d’autres modèrent leurs vices ; mettant pour frein à chacune ce grand amour de soi, dont il ne se cache pas et qui formait son état habituel ; enfin, s’il fut vain, ne l’étant guère moins de ses défauts que de ses qualités. […] Sa condition n’y servit guère moins que son caractère. […] Enfin, à tous ces avantages du caractère de la condition, du spectacle d’un siècle laborieux et agité, qui vécut de toutes les vies, Montaigne joignait une qualité qu’aucun autre écrivain de son temps n’a possédée à ce degré où elle est la marque même du génie, je veux dire la modération.
sans doute, il y a une condition indispensable pour qu’elle ne fasse pas de mal en croyant faire du bien. […] Sans doute c’est à condition que le poète soit poète ; qu’il sache transformer des idées en émotions ; qu’il ne rime pas des formules techniques, mais les sentiments éprouvés par une âme enthousiaste ; qu’il ne se pique pas d’enseigner, mais qu’il travaille à suggérer des impressions ; qu’il s’appuie sur les données fournies par les savants, mais pour s’élancer jusqu’à des élévations qui les dépassent ; qu’il soit en un mot capable de comprendre et d’appliquer ce précepte d’André Chénier : L’art ne fait que des vers ; le cœur seul est poète ; ou, mieux encore, qu’il se conforme à cette définition de l’art proposée par Tolstoï124 : « C’est un organe vital de l’humanité, qui transporte dans le domaine du sentiment les conceptions de la raison. » Ces conditions marquent une fois de plus la limite que la science ne peut franchir dans son alliance avec la littérature sans lui faire tort.
Seize représentations n’en ont point épuisé le succès et l’on peut être assuré qu’une reprise faite dans des conditions analogues provoquerait un redoublement d’intérêt, MM. […] Mais ira-t-on s’en tenir là, et ne pensera-t-on pas avec nous que le Vaisseau fantôme, Tannhaeuser, Lohengrin et les Maitres Chanteurs, devraient constituer, autant que possible, comme eu Allemagne, le fond du répertoire courant, aux mêmes conditions que les opéras de Meyerheer, d’Halévy, de Verdi et autres. […] Hewig ne croit cependant pas à la réalisation de ce rêve ; le théâtre ne peut être réformé, il est le résultat naturel de conditions qui existent et qui agissent encore.
C’est à la troisième attaque de la tranchée de Lubeck que Joseph Hudault trouva la mort, dans les conditions que précise sa citation à l’ordre de l’armée : Officier très distingué, animé de sentiments très élevés et d’un patriotisme ardent, a été blessé au bras le 28 septembre 1915, en tête de sa section, qu’il conduisait sur le terrain pour la placer face à son objectif d’attaque ; a refusé de se faire soigner pour ne pas manquer l’assaut qui devait suivre ce mouvement ; est glorieusement tombé au cours de cet assaut. […] Je laisse à cette page curieuse sa couleur romaine, son accent à la Saint-Just, toute la sainte exaltation de ces jeunes hommes dévoués à la Révolution pour l’ordre et qui voyaient dans le salut de la France la première condition pour l’accomplissement de leur « nationalisme intégral ». […] Il y avait en lui la paix surhumaine de s’être consacré exclusivement au Devoir tracé pour toute la vie, soit qu’elle fût remplie durant de longues années par le vaste labeur de la renaissance nationale et de la reconstruction de l’ordre français, soit qu’il dût tomber bientôt pour cette victoire qui était la condition nécessaire de nos espérances et, actuellement, la seule tâche qui importât.
Personne n’a su, avec autant de profondeur et de pénétration que lui, démêler et déterminer les conditions et les limites de la connaissance. […] Il ne s’éloigna jamais des parents de condition plus que modeste qu’il avait conservés en Bretagne. […] Il avait été bouleversé jusqu’au fond de l’âme par la guerre, par les conditions cruelles de la paix, par les atrocités de la Commune. […] Elle s’était trompée en prenant pour un principe de l’art la liberté, qui n’en est qu’une condition. […] Une idée ne se produit qu’à la condition d’être dans l’esprit humain et d’aider au développement général de l’humanité.
Or, c’est là une condition bien rigoureuse. […] Il y faut trop de conditions, et trop extraordinaires. […] Heureusement, le prince de Maëda vient à passer ; il adopte l’enfant, à condition que sa nourrice ne le reverra jamais. […] Une autre fois, on lui annonça qu’il était nommé gouverneur des enfants du roi de Prusse, mais à condition d’abjurer. […] Il n’y faut qu’une condition (et encore !
Je me figure que ces conditions seront très supportables. […] Les conditions de l’art ont peu changé depuis Homère. […] Il faut qu’il soit aimable sans conditions. […] C’était la condition nécessaire du fakirisme, tel qu’on le concevait alors. […] cette condition est dure ; mais c’est la condition humaine.
Delacroix a reçu le génie ; qu’il avance avec assurance, qu’il se livre aux immenses travaux, condition indispensable du talent… » Je ne sais pas combien de fois dans sa vie M. […] Ainsi d’un côté le bric-à-brac (élément sérieux), de l’autre la transposition des vulgarités de la vie dans le régime antique (élément de surprise et de succès), suppléeront désormais à toutes les conditions requises pour la bonne peinture. […] Mais, dans de pareilles conditions, il n’y a plus de tableau, ou du moins il n’y a qu’un tableau de tactique et de topographie. […] Il résulte des conditions barbares dans lesquelles la sculpture est enfermée qu’elle réclame, en même temps qu’une exécution très-parfaite, une spiritualité très-élevée. […] Je m’impose à moi-même les dures conditions que je voudrais voir chacun s’imposer ; je me dis sans cesse : à quoi bon ?
On l’a déjà fait : soit, mais on effaçait la condition devant le caractère : qu’on subordonne le caractère à la condition ; on montrait un financier, qu’on montre le financier. […] Assurément : « nous ne croyons pas que le mensonge et la bassesse soient nécessairement attachés à la condition domestique ! […] Il est des instants où des comédies comme Tartuffe, L’Avare, Don Juan touchent de bien près à la tragédie, sinon par la condition des personnages qui y paraissent, au moins par la nature de l’émotion qu’on y éprouve : la pièce du Misanthrope, sans être la tragédie bourgeoise qu’on en veut faire, n’est point précisément gaie. […] Diderot exprima plus d’une fois la même idée, bien que dans la pratique il ait enchéri sur les abstractions classiques en ne donnant aux êtres qu’il créait qu’un nom générique, celui de leur condition ou de leur fonction. […] Le Chiffonnier de Paris, donné au public en 1847 par Félix Pyat, fut une nouveauté, mais à l’heure présente il n’est pas une condition peut-être qui n’ait eu son historien romancier.
Le passage de Sévère Sulpice, cité tout à l’heure, nous montre un homme d’assez humble condition, qui craint d’estropier le latin et qui s’en excuse ; mais enfin estropier le latin, c’est le parler. […] Mais on ne voit aucune raison suffisante à cette grande uniformité première, et tout indique, au contraire, que la diversité, d’abord, dut être extrême, infinie ; que sur chaque point, dans chaque bassin, les choses ont dû se former d’après quelques conditions générales sans doute, mais aussi d’après les éléments particuliers préexistants et avec des différences que la raison indique, et que deux ou trois mots, une phrase grossière transmise par hasard, dans quelque chronique latine, et commentée à grand renfort de science, ne sauraient effacer ni démentir. […] Ampère pour avoir tenté de reconnaître et d’établir des règles de syntaxe qui eussent tiré la vieille langue de cette condition irrégulière propre aux patois. […] Cette exactitude n’est possible qu’à une condition, c’est que chaque langue aura un système qu’elle suivra, et que les permutations ne seront pas indéterminées d’une langue à une autre.
VI « Le 28 août 1749 », dit-il lui-même dans son mémorial domestique, « je vins au monde à Francfort-sur-le-Main, pendant que l’horloge sonnait midi. » Il était né dans une ville libre ; heureusement né, ni trop haut, où l’on est facilement corrompu par l’orgueil de la naissance, ni trop bas, où l’on est facilement avili par la servilité d’une condition inférieure ; il était né à ce degré précis de l’échelle sociale où l’on voit juste autant d’hommes au-dessus de soi qu’au-dessous, et où l’on participe, par égale portion, de la dignité des classes aristocratiques et de l’activité des classes plébéiennes ; heureux milieu qui est le vrai point d’optique de la vie humaine. […] Des jeunes gens de son âge, mais d’une condition très inférieure à la sienne, l’entraînèrent dans des compagnies suspectes des faubourgs de Francfort. […] Cette jeune fille se nommait Gretchen, abréviation familière du nom de Marguerite ; elle fut évidemment pour Goethe le type de ces deux figures de Marguerite et de Mignon, figures de femmes dégradées par la condition, divinisées par la nature, qui devinrent les plus touchantes créations de son génie. […] XXXVI Faust se plaint à Marguerite de sa triste condition de voyageur, qui le condamne à ne rien aimer de permanent ; il touche de pitié le cœur naïf de la belle enfant.
Il y a cette intermittence, cette alternative, cette jeunesse et cette vieillesse, cette fin et ce recommencement qui sont la condition et la loi de toutes choses intellectuelles ou matérielles. […] Avoir l’héroïsme de protéger sans avoir l’ambition de conquérir, voilà la condition prodigieusement rare du libérateur futur de l’Italie ! […] Vous jugerez après si j’étais dans les conditions voulues pour soulever, garantir et médiatiser l’Italie, à moi tout seul. […] Mais il n’était pas même nécessaire de combattre dans ce moment : la révolution combattait pour nous en Hongrie, en Prusse, à Francfort, à Rome, à Naples, en Toscane, à Vienne, et l’Autriche, qui n’existait plus que dans son unique armée d’Italie, ne songeait pas à se jouer elle-même dans une seule bataille ; elle ne songeait qu’à se ménager des conditions honorables de retraite.
Au lieu de réfléchir et de se demander si tel vice ou tel [caractère, si telle tradition, tel arbitraire ou telle violence n’avait point, en somme, sa raison d’être non pas dans une nécessité physique inéluctable, mais dans un plus grand bien dont ces maux relatifs seraient la condition, ils préférèrent s’emporter et décrire avec amertume et cruauté ce qu’ils étaient incapables de comprendre. […] Ils ne se rendaient pas compte que ni les sociétés ni les individus ne se gouvernent d’après des principes abstraits, mais d’après des lois identiques à celles de la biologie ; que le moindre de ces individus est un organisme infiniment complexe, où se retrouvent pourtant les instincts vitaux d’ordre et d’harmonie qui font la dignité des créatures supérieures ; qu’un portefaix, comme un membre de l’Institut, a son intelligence, sa morale, voire sa philosophie et son esthétique, lesquelles dérivent des conditions de son être et de son état, et qu’il est absurde de nier chez lui les manifestations d’une mentalité qui n’est pas la nôtre, comme il serait puéril de vouloir lui en imposer une qui ne serait pas la sienne ? […] Au contraire, la santé de la race est la condition première et nécessaire de tout art classique, c’est-à-dire vraiment social et vraiment humain. […] S’il en est ainsi, si la race est pour nous la condition première de notre art, notre plus urgent effort sera d’en ranimer ou d’en entretenir la vigueur.
On y lit, dès le début, des paroles bien touchantes sur la souffrance universelle, apparente ou cachée, qui est de toutes les conditions, de tous les états, de toutes les âmes. […] La condition la plus heureuse en apparence a ses amertumes secrètes qui en corrompent toute la félicité : le trône est le siège des chagrins comme la dernière place ; les palais superbes cachent des soucis cruels, comme le toit du pauvre et du laboureur ; et, de peur que notre exil ne nous devienne trop aimable, nous y sentons toujours, par mille endroits, qu’il manque quelque chose à notre bonheur.
D’autres esprits cependant prirent l’alarme ; ce procédé didactique mettait trop en lumière le désaccord de quelques opinions de l’auteur avec sa condition de prêtre et de théologien ; et comme l’a dit Voltaire : Montaigne, cet auteur charmant, Tour à tour profond et frivole, Dans son château paisiblement, Loin de tout frondeur malévole, Doutait de tout impunément, Et se moquait très librement Des bavards fourrés de l’école ; Mais quand son élève Charron, Plus retenu, plus méthodique, De sagesse donna leçon, Il fut près de périr, dit-on, Par la haine théologique. […] Ce qui parlait surtout en sa faveur, c’était sa vie, la pureté de ses mœurs, l’égalité et la tranquillité de son âme : « C’est une science divine et bien ardue, disait-il, que de savoir jouir loyalement de son être, se conduire selon le modèle commun et naturel, selon ses propres conditions, sans en chercher d’autres étranges. » Cette science pratique, à laquelle, sauf de rares et courts instants de passion, il avait toujours été disposé, il paraît qu’il l’avait tout à fait acquise en vieillissant ; l’équilibre de son humeur et de son tempérament l’y aidait ; il avait pris pour sa devise : Paix et peu, et il la justifiait par toute sa vie.
En ce temps-là, on était apprenti aux divisions ; en celui-ci, tout le monde y est maître. » Et ce n’est point par intérêt personnel qu’il parle, dit-il, car « j’avais assez et trop de connaissance de la jalousie qu’il (Henri IV) portait à ceux de ma condition et religion, et connais bien que nous ne fûmes jamais plus considérables qu’à présent. » Mais cet intérêt qu’il a comme religionnaire et comme l’un des grands du royaume, il le met sous ses pieds un moment et le subordonne (ce qu’il ne fera pas toujours) à sa qualité de Français : Je regrette, s’écrie-t-il, en la perte de notre invincible roi, celle de la France. […] L’assemblée des protestants, convoquée à La Rochelle, croyant les Églises menacées dans leurs garanties, dans les conditions mêmes de l’Édit de Nantes, et excitée quelle était par le vicomte de Favas, poussa à une rupture : la prudence de Rohan lui en faisait voir les périls ; le point d’honneur et l’instinct de guerrier les lui firent braver.
Si vous pouviez préparer l’esprit des Français à s’expliquer envers vous des conditions de la paix, pour que l’on pût juger de leurs intentions et voir s’il y aurait quelque chose à faire avec eux ; si vous les priiez de vous confier leurs demandes, assurant de n’en point faire un mauvais usage, et leur répondant des bonnes dispositions dans lesquelles j’étais, peut-être verrait-on si ce traité est vrai, qu’on les suppose avoir fait avec les Autrichiens, et du moins pourrait-on juger par leurs propositions à quoi l’on peut s’attendre d’eux en cas de besoin. […] Il n’avait pas en sa veine de quoi justifier cet autre mot du même poète, et qui porte avec lui sa preuve lumineuse : « Elle vit plus longtemps que les actions, la parole que la langue a tirée d’un esprit profond avec la rencontre des grâces. » Les grâces, il les rencontrait souvent, il les accostait volontiers, mais c’étaient les grâces familières ; et cette autre condition que veut Pindare, la profondeur, était absente.
Il avait été auparavant, et sans doute après quelque revers de famille, dans une condition moins heureuse, et l’un de ses contemporains nous l’a montré dans une chambre voisine du ciel et « séparée en deux par une légère tapisserie que le vent soulevait », — une pauvre chambre d’étudiant. […] Après avoir peint dans toutes les conditions, et depuis les plus sordides jusqu’aux plus hautes, les mœurs de son temps, l’auteur en vient donc à considérer l’humanité en général ; on voit la gradation.
Il avait gardé de cette disposition comme journaliste et devant le public, et c’est peut-être une des conditions du métier. […] J’en fus charmé et je lui en sus gré, non que je haïsse les coups ni que je craigne d’en recevoir à la condition d’en rendre, mais il vaut toujours mieux avoir les gens d’esprit pour soi que contre soi.
Un critique pur est entièrement à la merci de son examen, du moment qu’il y a apporté toutes les conditions d’exactitude et toutes les précautions nécessaires ; il trouve ce qu’il trouve, et il le dit tout net : le chimiste nous montre le résultat de son expérience, il n’y peut rien changer : Letronne, dans sesleçons, appliquait son esprit d’analyse à une question archéologique, biblique quand il avait bien prouvé l’impossibilité de telle ou telle solution qu’il combattait, quand il avait mis l’opinion de son adversaire en pièces et en morceaux, — en tout petits morceaux comme avec un canif, — il n’en demandait pas davantage, il se frottait les mains d’aise et il s’en allait content. […] C’est même pour lui une des conditions de la critique complexe et nuancée telle qu’il l’entend : « L’esprit délicat et dégagé de passion, critique pour lui-même, voit, dit-il, les côtés faibles de sa propre cause et est tenté par moments d’être de l’avis de ses adversaires. » Le contraire lui paraît presque de la grossièreté, de la violence à l’usage seulement des hommes d’action, des chefs de secte ou de parti, non des penseurs.
En étudiant et en voyant de près la nature, le savant a reconnu que la destruction est perpétuellement la loi et la condition de la vie, de sa croissance et de son progrès ; les uns sont invariablement sacrifiés aux autres, sans quoi les autres ne prospèrent pas ; la vie s’étage et s’édifie ainsi sur la mort même et sur de larges assises d’hécatombes ; le faible est mangé par le fort : et cette dure nécessité se retrouve partout, dans l’histoire comme dans la nature ; on la masque tant qu’on peut ; mais regardez bien, elle dure encore. […] Oui, sans doute, mais à la condition que dans la Bible il n’ira pas au-delà d’une certaine interprétation.
Notre condition, si préférable à celle de nos pères par tant de douceurs et de garanties acquises, est moins bonne pourtant sur un point : nos luttes sont plus intestines. […] Le Play s’applique à la définir comme on ne l’avait pas fait encore, et il en détermine excellemment les conditions véritables.
L’habile et prudent monarque ne s’engagea point cependant à la légère dans une querelle où il ne lui convenait d’entrer qu’à la condition d’être le plus fort. […] L’empereur son époux, qui n’osait se mêler des affaires du gouvernement, se jeta dans celles du négoce… » Suivent quelques détails piquants et caustiques sur François Ier, cet époux tant adoré d’elle et si subordonné, qui, lui laissant tout l’honneur et toute la gloire de l’empire, s’était fait l’intendant, le fermier général, le banquier de la Cour, homme de négoce jusqu’à fournir au besoin en temps de guerre le fourrage et la farine aux ennemis eux-mêmes pour en tirer de l’argent ; puis reprenant le ton grave et sévère, Frédéric continue : « L’impératrice avait senti dans les guerres précédentes la nécessité de mieux discipliner son armée ; elle choisit des généraux laborieux, et capables d’introduire la discipline dans ses troupes ; de vieux officiers, peu propres aux emplois qu’ils occupaient, furent renvoyés avec ces pensions, et remplacés par de jeunes gens de condition pleins d’ardeur et d’amour pour le métier de la guerre.
Il y a des temps décisifs dans la vie des individus, où leur constitution physique ou morale subit de graves changements et se fonde comme derechef, où l’on refait bail, pour ainsi dire, sur un certain pied et à de certaines conditions avec ses idées, avec ses moyens ; il y a, enfin, des années critiques, climatériques, comme disaient les anciens médecins, palingénésiques, comme disent de modernes philosophes. […] Mais la première condition de toute communauté littéraire, c’est l’égalité morale, toute part faite à la supériorité des talents.
Dès le début, l’historien analyse et expose la condition diverse des divers peuples d’Italie soumis à la domination romaine, les Latins les plus favorisés, les Italiotes ; quelque différence de régime qui parût d’abord entre ces peuples de la péninsule et les étrangers proprement dits ou barbares, leur liberté se réduisait au fond à une satisfaction d’amour-propre accordée à des vaincus, tandis que la toute-puissance restait en réalité au peuple conquérant. […] La Providence permet quelquefois ces tardives et terribles réparations. » Maintenant voici le récit du préteur battu de verges : la condition des Italiens, c’est-à-dire des plus favorisés des sujets de Rome, de ceux qu’on appelait alliés, en va cruellement ressortir.
Il a les mêmes affinités et les mêmes répugnances que la représentation, les mêmes empêchements et conditions d’existence, la même étendue et les mêmes limites de présence : affinités et répugnances, empêchements et conditions d’existence, étendue et limites de présence, tout ce qui se rencontrerait en elle se rencontre en lui par contrecoup. — Par cette équivalence, les caractères généraux des choses arrivent à la portée de notre expérience ; car les noms qui les expriment sont eux-mêmes de petites expériences de la vue, de l’ouïe, des muscles vocaux, ou les images intérieures, c’est-à-dire les résurrections plus ou moins nettes de ces expériences.
Une radicale impuissance d’imaginer, qui avait concouru à faire prendre en gré le réalisme des classiques, la sécheresse de sentiment où glissent facilement les natures trop intellectuelles, l’impuissance de penser en dehors de certaines conditions générales, l’anéantissement de la spontanéité et le culte de la forme convenue, trois conséquences d’une vie enfermée dans les bienséances du monde, qui défendent à l’homme de se faire remarquer sous peine de ridicule et de mauvais ton, voilà les traits de cette société qui fera la littérature à son image. […] N’ayant pas plus l’oreille que l’âme du poète, ils ont évité l’hiatus et l’enjambement, coupé les alexandrins à l’hémistiche, apparié des rimes plates et sourdes, aligné des lignes de dix ou douze syllabes sévèrement comptées : ils ont réduit la poésie au vers, le vers aux procédés matériels, au mécanisme ; et ils se sont applaudis d’avoir pris tant de peine pour écrire à des conditions si rigoureuses comme ils auraient écrit librement en prose.
Il part d’une boutique de la rue Saint-Denis ; et le voilà tour à tour horloger, musicien, officier de la maison du roi, gentilhomme, agent demi-policier, demi-politique, homme de finance, négociant, homme de lettres : égal à toutes les affaires par son esprit, à toutes les conditions par son impertinence, emprisonné, calomnié, déshonoré, réhabilité, applaudi, populaire, illustré, envié, plaint, jamais sérieusement respecté, ni simplement considéré. […] La jolie Rosine triomphe sur Bartholo, mais elle triomphe aussi sur Lindor, le très noble comte Almaviva, qui va se tenir heureux d’épouser cette petite bourgeoise : Beaumarchais a suivi le conseil de Diderot, il a enveloppé les caractères dans les conditions, et il y a trouve le moyen de caresser les goûts philosophiques du public.
A quelles conditions un peuple a-t-il des idées générales en assez grand nombre et assez clairement pour en faire le fond de sa littérature ? A deux conditions qui d’ordinaire s’accomplissent dans le même temps, la connaissance du passé et une expérience assez longue de la vie sociale pour appliquer au présent les enseignements du passé.
C’est qu’aussi jamais l’éclatement des cadres n’avait rendu, entre condisciples de conditions aussi mêlées, les contacts si âpres et multiplié à ce point, pour les sensibilités délicates, les causes de froissement. […] Leur grief n’était pas de servir, mais les conditions du service, et d’être jetés, sans transition, du milieu intelligent des écoles à la crudité rustique des chambrées et de la vie sédentaire des livres à l’activité physique des camps.
Il faut une longue série d’observations prudentes et méthodiques pour déterminer les effets multiples et infiniment variés que tel ou tel aspect de la nature produit sur les imaginations, que telles ou telles conditions atmosphériques exercent sur les différents tempéraments. […] L’homme contribue à l’opérer par son travail, et de la sorte il modifie lui-même les conditions où ses descendants vont se développer.
Gourville raconte l’état de désordre où était dans ce temps (1657) l’administration des finances ; la place était remplie de billets décriés qui provenaient de la banqueroute qu’avait faite quelques armées auparavant le maréchal de La Meilleraye (alors surintendant) ; on achetait ces anciens billets pour rien, et, en faisant des affaires avec le roi, on obtenait de Fouquet, comme condition, qu’il réassignât ces billets pour les sommes entières : « Cela fit beaucoup de personnes extrêmement riches, dit Gourville ; cependant, parmi ce grand désordre, le roi ne manquait point d’argent, et, ayant tous ces exemples devant moi, j’en profitai beaucoup. » Le roi ne manquait point d’argent, là est un point essentiel dont Pellisson s’est ensuite servi très habilement dans les Défenses qu’il a données de Fouquet. […] Il l’avait tiré de la province et fixé à Paris ; il lui avait donné une pension à cette condition qu’il en paierait chaque terme par une pièce de vers ; et le paresseux s’en acquitta toujours.
Un historien qui a bien connu Marguerite et qui ne lui est point hostile, Dupleix, a dit d’elle : « Elle avait aimé Henri duc de Guise, qui fut tué à Blois, et avait logé si avant dès sa jeunesse toutes les affections de son cœur en ce prince qui avait des conditions attrayantes, qu’elle n’aima jamais le roi de Navarre, depuis roi de France, de très heureuse mémoire, qu’on lui fit haïr du commencement, et enfin épouser malgré elle et contre les lois canoniques. » Nous n’en sommes pas encore au roi de Navarre. […] Ce qu’il faut rappeler à l’honneur de la reine Marguerite, c’est son esprit, c’est son talent de bien dire, c’est ce qu’on lit à son sujet dans les Mémoires du cardinal de Richelieu : « Elle était le refuge des hommes de lettres, aimait à les entendre parler ; sa table en était toujours environnée, et elle apprit tant en leur conversation qu’elle parlait mieux que femme de son temps, et écrivit plus élégamment que la condition ordinaire de son sexe ne portait. » C’est par là, c’est par quelques pages exquises qui sont une date de la langue, qu’elle est entrée à son tour dans l’histoire littéraire, ce noble refuge de tant de naufrages, et qu’un rayon dernier et durable s’attache à son nom.
. — Il est évident que tout grand poète ayant perçu d’une façon plus ou moins théorique les conditions élémentaires du vers, Racine a empiriquement ou instinctivement appliqué les règles fondamentales et nécessaires de la poésie et que c’est selon notre théorie que ses vers doivent se scander. […] Tandis que le vers classique ou romantique n’existe qu’à la condition d’être suivi d’un second vers, ou d’y correspondre à brève distance, ce vers pris comme exemple possède son existence propre et intérieure.
J’aime assez ce rappel brutal, en plein mensonge, de la condition humaine. […] Mais on m’y force, et dans des conditions bien fâcheuses pour moi. […] C’est là une fâcheuse condition pour juger ce qui se passe hors du boulevard. […] — Dans quelles conditions la bonté paraîtra-t-elle le plus désintéressée et le plus héroïque ? […] Dans quelles conditions l’amant sera-t-il le plus torturé ?
Autrement dit, les conditions du genre comique excluent-elles de façon rigoureuse toute manifestation de bonté ? […] Diderot, et c’est par là surtout qu’il se distingue de ses prédécesseurs, exige que le but même et le but unique du drame nouveau soit de montrer les devoirs des conditions, leurs avantages, leurs inconvénients et leurs dangers. » Ce doit être là la base de « l’intrigue et de la morale de nos pièces. » Il veut que le caractère, d’où l’on tirait jusqu’alors toute l’intrigue, soit remplacé par la condition. « Jusqu’à présent, dans la comédie, le caractère a été l’objet principal, et la condition ou la profession n’a été que l’accessoire ; il faut que la profession devienne aujourd’hui l’objet principal et que le caractère ne soit que l’accessoire. » — Certes nous ne nierons point que le pli de la profession ou de la condition ne puisse ajouter à la réalité d’un personnage dramatique (et je crois qu’on s’en était avisé avant Diderot), ni qu’il ne se puisse livrer des combats intéressants entre le devoir humain et le devoir professionnel. […] Baliveau accepte la condition en grommelant. […] La Titane est si belle que Jupiter l’épargne, mais à condition qu’elle prendra un mari. […] Justement ces conditions se rencontraient dans l’aventure du prince Charles-Édouard.
J'ai cité, dans mon article de la Revue des Deux Mondes, un passage de Bossuet qui indique les conditions à remplir dans une biographie de Rancé.
Il fut même compétiteur de ce dernier à l’Académie de Dijon, pour le sujet de l’inégalité des conditions entre les hommes ; il avait déjà été ministre alors, et c’est ainsi qu’il ennoblissait sa disgrâce.
Si donc, après avoir considéré le vêtement comme utile, nous l’envisageons comme décoratif, il est évident qu’il ne pourra orner le corps qu’à la condition d’en respecter les contours, de n’en point briser l’ensemble harmonieux et l’unité.
Vous prévoyez quelles tortures morales attendent les deux époux, et que l’enfant lui-même ne saurait être que malheureux dans ces conditions.
Il faut réunir les deux conditions.
Cependant les circonstances le contraignaient à fréquenter le monde des publicistes, auxquels il est permis de croire que son âpre jeunesse répugnait, et il sut encore tourner à profit des fréquentations qu’il n’avait acceptées d’abord que comme des conditions regrettables de son indépendance.
Et il me semble intéressant de mettre, dans ce moment, sous les yeux du public, une page puissante et inédite, où le grand écrivain examine quelle est, en France, la condition des sociétés autres que l’État et marque la qualité morbide d’un tel régime.
» Il insistait sur l’importance des idées religieuses, sur leur influence morale, leurs jouissances touchantes, « indépendantes du pouvoir des hommes et des coups du sort », les consolations dont elles sont pour les âmes à travers les inégalités des conditions et les vicissitudes de la vie : « Leur besoin est senti surtout par les peuples en révolution : alors il faut aux malheureux l’espérance ; elles en font luire les rayons dans l’asile de la douleur, elles éclairent la nuit même du tombeau, elles ouvrent devant l’homme mortel et fini d’immenses et magnifiques perspectives. […] Discutant les conditions essentielles de cette liberté, Camille Jordan en venait à montrer l’iniquité et l’inutilité du serment ; il rappelait ce dilemme si simple et que chacun, disait-il, répétait au-dehors : « Les bons seront fidèles sans serment, les méchants seront rebelles malgré tous les serments. » La loi ne distinguait plus le prêtre du simple citoyen : pourquoi donc l’en distinguer sur ce seul article du serment ? pourquoi ne pas le laisser se renfermer en cela dans le silence des conditions privées ? […] Mais ce qui lui importe, c’est de recueillir des votes indépendants, c’est de savoir ce qu’entendent dans cette grande circonstance, sous quelle condition viennent de souscrire tous ces hommes qui ont une opinion, une conscience, et dont la voix semble l’interprète naturel de la vérité et de la justice. […] » À cela j’ai répondu que louer l’empereur, lorsqu’il me retenait mon bien et m’exilait de ma patrie, me semblait une pétition et non une louange, et que j’aurais cru manquer de respect en me le permettant, — Il a dit encore, le duc, « que l’État avait besoin de mes talents ; qu’il fallait me décider pour ou contre comme au temps de la Ligue, que j’avais tort de louer les Prussiens, qu’on ferait plutôt du vin muscat avec du verjus que des hommes avec des Prussiens, etc. » La saison trop avancée ne m’a pas permis d’aller en Amérique ; mais, cher Camille, qui pourrait vivre a de telles conditions ?
. — Conditions du pamphlet littéraire. — Conditions du pamphlet efficace. — Ces pamphlets sont spéciaux et pratiques. — L’Examiner. — Les Lettres du Drapier. — Le Portrait de lord Wharton. — Argument contre l’abolition du christianisme. […] — Son jugement sur la société, le gouvernement, les conditions et les professions. — Comment il diffame la nature humaine. — Derniers pamphlets. — Construction de son caractère et de son génie. […] Il l’épousa par devoir, mais en secret, et à la condition qu’elle ne serait sa femme que de nom. […] Par cette négligence, un jeune seigneur de grande espérance, qui venait à une audience, avait malheureusement été empoisonné, bien que le roi à ce moment n’eût aucun dessein contre sa vie ; mais cet excellent prince eut la touchante bonté de remettre le fouet au pauvre page, à condition qu’il promettrait de ne plus jamais recommencer sans un ordre spécial 1013. » Toutes ces fictions de géants, de pygmées, d’îles volantes, sont des moyens de dépouiller la nature humaine des voiles dont l’habitude et l’imagination la couvrent, pour l’étaler dans sa vérité et dans sa laideur. […] And as to the young labourers, they are now in almost as hopeful a condition ; they cannot get work, and consequently pine away for want of nourishment to a degree, that, if at any time they are accidentally hired to common labour, they have not strength to perform it.
. — Sa condition et son caractère. — Liaison de sa perspicacité et de son rigorisme. — Son talent, sa minutie, ses combinaisons. — Paméla. […] Quand il cherche un emplacement pour sa tente, il numérote les quatre conditions que l’endroit doit réunir. […] Puis, relisant ces paroles : « jamais, jamais je ne t’abandonnerai, — à l’instant l’idée me vint que ces paroles étaient pour moi ; car pourquoi m’auraient-elles été adressées de cette façon, juste au moment où je m’affligeais de ma condition, me croyant abandonné de Dieu et des hommes1033 ? […] Pour y pénétrer jusqu’au fond, le squatter n’a besoin que de sa Bible ; il emporte avec elle sa foi, sa théologie et son culte ; tous les soirs il y trouve quelque application à sa condition présente ; il n’est plus seul ; Dieu lui parle, et fournit à sa volonté la matière d’un second travail pour soutenir et compléter le premier. […] Why else should they be directed in such a manner, just at the moment when I was mourning over my condition, as one forsaken from God and man ?
Ils n’imaginent pas que pour honorer les dieux, il faille se mortifier, jeûner, prier avec tremblement, se prosterner en déplorant ses fautes mais qu’il faut prendre part à leur joie, leur donner le spectacle des plus beaux corps nus, parer pour eux la cité, élever l’homme jusqu’à eux en le tirant pour un instant de sa condition mortelle par le concours de toutes les magnificences que l’art et la poésie peuvent assembler. […] Combien plus de choses encore dans la toilette d’une femme, même de la condition moyenne ; deux ou trois armoires n’y suffisent pas. […] Jusqu’à la venue des Romains, il n’y en a pas eu de meilleure ; pour la former et former le parfait soldat, deux conditions sont requises et ces deux conditions sont données par l’éducation commune, sans instruction spéciale, sans école de peloton, sans discipline ni exercices de caserne. […] La civilisation grecque est la seule qui ait rempli ces deux conditions. […] Ils veulent contempler l’homme proportionné à ses organes et à sa condition, doué de toute la perfection qu’il peut avoir dans ces limites ; rien d’autre ni de plus ; le reste leur eût semblé excès, difformité ou maladie.
C’est qu’il y avait contradiction entre l’esprit du temps et les conditions mêmes d’existence ou de développement du lyrisme. […] si l’espace et le temps sont des « choses » ou de pures conditions de notre sensibilité ? […] — On sait d’autre part qu’à Metz, la seule ville de France où les juifs eussent un état légal, leur misérable condition avait éclaté aux yeux de Bossuet, tout jeune encore, comme une preuve vivante de la Providence de Dieu. […] L’entière liberté du langage lui paraissait évidemment une condition absolue de la liberté de la pensée. […] Autre progrès, autre transformation, plus intérieure, et de plus de portée : les classes se mélangent, les conditions s’égalisent, et les « lumières » se répandent.
Quelles causes, sinon les conditions sociales et politiques où ces états de sensibilité sont apparus ? […] Si elle avait méconnu les conditions de la santé nationale ? […] Ce relief physique ou psychologique lui semblait la condition essentielle d’une création d’art ou de littérature. […] Le roman de Barbey remplit encore ces conditions. […] Pour que les libertés soient possibles, pour que l’apaisement se fasse entre les haines civiles, il faut des conditions.
Ne pas être beau, ne pas avoir de génie, ne pas être tout-puissant, ne pas être dieu… rien ne serait plus triste que cette mesquine et misérable condition si elle devait durer toujours !
Si, partis de principes « philosophiques » sensiblement analogues, la Grande Catherine ou Frédéric II conclut à la monarchie absolue, et nos collectivistes à la nécessité d’un « chambardement général », c’est peut-être que la différence des conditions sociales et des intérêts entraîne ici la différence des applications.)
Songez-y bien : s’il y a quelque fond de vérité dans cette oraison, un peu cynique et vantarde, d’un de mes amis : « Seigneur, épargnez-moi la souffrance physique ; quant à la souffrance morale, j’en fais mon affaire », l’anesthésie et l’antisepsie ont peut-être plus sérieusement amélioré la misérable condition humaine que n’avaient fait soixante siècles d’inventions.
Chez nous, on resta longtemps encore dans cette alternative, ou d’être imitateur en perdant son originalité propre, ou de ne conserver son originalité qu’en dehors de toutes les conditions d’un art élevé et d’une littérature proprement dite.
Celle-ci (Mélite) a fait son effet par l’humeur enjouée de gens, d’une condition au-dessus de ceux qu’on voit dans les comédies de Plaute et de Térence. » En effet, dans cette pièce, l’auteur ne se bornait pas à produire des personnages décents, au lieu des bouffons de fantaisie : il leur donna, dit-il, un style naïf qui faisait une peinture de la conversation des honnêtes gens .
La seconde querelle de Malherbe fut avec un jeune homme de la plus grande condition dans la robe.
Justin martyr qui vivoit dans le second siecle, on en trouve une, qui décide que les fideles pouvoient emploïer à chanter les loüanges de Dieu des airs composez par les payens pour des usages prophanes, à condition qu’on executât cette musique avec modestie comme avec décence.
Il faut donc que Bodin, et tous les politiques avec lui, reconnaissent les monarchies domestiques dont nous avons prouvé l’existence dans l’état de famille, et conviennent que les familles se composèrent non-seulement des fils, mais encore des serviteurs (famuli), dont la condition était une image imparfaite de celle des esclaves, qui se firent dans les guerres après la fondation des cités.
C’est ainsi que, pour lui, l’entente du passé devient la condition d’une intelligence étendue des choses humaines. […] En tout cas, la gaieté ne lui semble plus ici un « singulier oubli de la destinée humaine et de ses conditions ». […] Le milieu moral auquel l’homme s’était habitué par une installation séculaire se modifie ; il faudra nous adapter à de nouvelles conditions d’existence et de lutte. […] Comment nous divertir de cette misérable condition ? […] Le génie n’est qu’une réussite très belle et très rare, qui résulte du concours de certaines conditions.
Cet état d’esprit apparaissait alors libre et discipliné tout ensemble, cohérent et diffus, dans une réunion de deux cents personnes de toute condition et de tout âge. […] Ce serait tout profit pour nous si nous étions devenus plus scrupuleux sur la probité, à la seule condition d’être moins petits-maîtres. […] L’amour comble les distances, et il n’y a point de condition sociale méprisable pour les cœurs bien épris ; c’est la morale de la pièce. […] Les conditions atmosphériques auxquelles le nôtre est soumis n’y sont point connues. […] La fantaisie, en bouleversant les conditions ordinaires du réel, transforme nos jugements et change le cours de nos impressions.
Il y omettait Benoît Malon et tous ceux qui, avec lui, font du socialisme, non seulement un effort pour améliorer les conditions économiques de l’humanité, mais une noble aspiration vers un idéal moral supérieur. […] L’égalité économique (une égalité non parfaite, mais approximative, obtenue en rendant la grosse part à la propriété collective, en laissant la petite à la propriété privée) est la condition même de la liberté individuelle. […] Il a des pages émues sur le droit des pauvres aux jouissances élevées de la vie, sur la triste condition où le travail de l’atelier réduit les femmes et les enfants du peuple. […] Une volonté ferme n’est-elle pas un avantage précieux dans toutes les conditions de la société ? […] Mais n’oublions pas que ce renouveau a pour condition préalable et nécessaire une transformation économique !
Et l’on pourrait dire, du reste, que le monde moderne ne réussit à concevoir des types féminins, qu’à la condition d’altérer leur essence même, soit en leur attribuant un caractère viril, comme à lady Macbeth ou à Julie, soit en les reléguant dans une sphère nébuleuse et fantastique, comme pour Béatrice. […] J’admire et je respecte les grands poètes qui se sont succédés depuis Homère ; mais je ne puis me dissimuler que leurs travaux se sont produits à des conditions on ne peut plus défavorables. […] Le poète, le créateur d’idées, c’est-à-dire de formes visibles ou invisibles, d’images vivantes ou conçues, doit réaliser le Beau, dans la mesure de ses forces et de sa vision interne, par la combinaison complexe, savante, harmonique des lignes, des couleurs et des sons, non moins que par toutes les ressources de la passion, de la réflexion, de la science et de la fantaisie ; car toute œuvre de l’esprit, dénuée de ces conditions nécessaires de beauté sensible, ne peut être une œuvre d’art. […] Un poète ne saurait être populaire, en France, qu’à cette inexorable condition de rimer des chansons à boire ou de combiner les palpitantes péripéties de quelque complainte immonde. […] Il a su transmuter la substance de tout en substance poétique, ce qui est la condition expresse et première de l’art, l’unique moyen d’échapper au didactisme rimé, cette négation absolue de toute poésie ; il a forgé, soixante années durant, des vers d’or sur une enclume d’airain ; sa vie entière a été un chant multiple et sonore où toutes les passions, toutes les tendresses, toutes les sensations, toutes les colères généreuses qui ont agité, ému, traversé l’âme humaine dans le cours de ce siècle, ont trouvé une expression souveraine.
J’examine les conditions où ces affections se produisent : je trouve qu’elles viennent toujours s’intercaler entre des ébranlements que je reçois du dehors et des mouvements que je vais exécuter, comme si elles devaient exercer une influence mal déterminée sur la démarche finale. […] Faire du cerveau la condition de l’image totale, c’est véritablement se contredire soi-même, puisque le cerveau, par hypothèse, est une partie de cette image. […] À cette condition seulement la science de l’univers devient possible ; et puisque cette science existe, puisqu’elle réussit à prévoir l’avenir, l’hypothèse qui la fonde n’est pas une hypothèse arbitraire. […] Pour répondre à cette question, nous allons d’abord simplifier beaucoup les conditions où la perception consciente s’accomplit. […] Or, nous essaierons de montrer plus loin que, la perception une fois admise telle que nous l’entendons, la mémoire doit surgir, et que cette mémoire, pas plus que la perception elle-même, n’a sa condition réelle et complète dans un état cérébral.
Mme de Vergennes éleva gravement et même sévèrement ses deux filles, en idée des conditions nouvelles qu’elle prévoyait dans la société. […] Les conditions d’une société nouvelle et d’un avenir laborieux se vinrent démasquer de toutes parts dans la lutte : elle y appliqua ses méditations et ses prévoyances de mère. […] La Révolution avait changé les conditions des diverses classes de la société, et déplacé, en quelque sorte, le centre des forces : il tendait à se fixer désormais dans les classes moyennes.
Si l’on cherche la condition psychologique de cette supériorité, on la trouvera dans une plus grande aptitude aux idées générales. Si l’on en cherche la condition physiologique, on la trouvera dans un développement plus grand et dans une structure plus fine de l’encéphale. La preuve en est que, si cette double condition manque, l’homme ne peut plus acquérir le langage ni les talents distinctifs dont on a parlé.
Tout ce qui contrarie ce plan, c’est-à-dire tout ce qui tend à constituer des inégalités de lumières, de rang, de condition, de fortune parmi les hommes, est impie. […] Le possible est la condition de la misérable sagesse humaine. […] L’histoire n’hésite pas à répondre : Non, les Girondins n’avaient en eux aucune de ces conditions.
D’autre part, le travail sui generis qu’on effectue, en acquérant le souvenir, pour favoriser l’effort intelligent de rappel ou au contraire pour le rendre inutile, nous renseignera sur la nature et les conditions de cet effort. […] On verra tout à l’heure à quelle condition particulière l’opération satisfait quand l’effort s’y joint. […] En général, quand plusieurs images différentes sont sur les rangs, c’est qu’aucune d’elles ne satisfait entièrement aux conditions du schéma.
Le règne du bon Louis XII, qu’il nous a exposé avec tant de charme, ne remplit lui-même que bien imparfaitement ces conditions. […] Un courrier expédié au duc qui était alors à Soissons, courrier dont les dépêches avaient pour objet de l’apaiser et de le retenir, ne put partir faute de vingt-cinq écus, et le duc passa le Rubicon : Telle est, dit Mézeray, la condition des plus grandes affaires, que, lorsqu’elles sont à un certain point où elles ne peuvent pas subsister longtemps, il ne faut que le moindre incident pour les faire tomber d’un côté ou d’autre ; et, si la fortune permettait qu’il fût évité, les choses pourraient se mieux tourner et prendre toute une autre pente.
Et dans le même ouvrage, à un autre endroit, parlant des gens à la mode et montrant l’inconvénient de cette prétention pour les diverses conditions du magistrat, du militaire, il ajoutait : « L’homme de lettres, qui, par des ouvrages travaillés, aurait pu instruire son siècle et faire passer son nom à la postérité, néglige ses talents et les perd, faute de les cultiver : il aurait été compté parmi les hommes illustres, il reste un homme d’esprit de société. » Ces deux passages rapprochés renferment toute la destinée de Duclos comme homme d’esprit et comme écrivain. […] Au resteh, à cette date, Duclos ne songeait qu’à vivre, à se livrer à l’ardeur et à la fougue de ses sens, à cette vivacité courante de son esprit qui se dépensait chaque jour, qui faisait feu à bout portant ; et l’idée de composer des livres ne lui vint qu’ensuite et par degrés : encore ne s’y appliqua-t-il jamais dans le silence du cabinet, avec cette passion concentrée et dominante qui est le signe et la condition de toute œuvre littéraire mémorable.
Mais, d’une autre part, ce besoin d’un état n’était pas distinct, chez un grand nombre, de la poursuite d’un emploi, d’une place ; et de ce côté, la presse et l’encombrement aussi se produisant, on avait dû établir des conditions, des difficultés, une sorte de barrière : des certificats d’études, des diplômes littéraires étaient exigés pour l’entrée et pour les moindres emplois dans les administrations ; et ces diplômes, souvent en disproportion avec le but nouveau de la carrière, devenaient, dans bien des cas, un obstacle. […] Mais quand vous faites une expérience fondamentale, analysez-en les conditions essentielles avec soin ; faites-en bien ressortir les conséquences immédiates.
Ne lui demandons point d’ailleurs un idéal qui n’est pas son fait, — ni le véritable idéal qui ennoblit la condition humaine et cherche à lui donner toute la beauté dont on la croit susceptible à de certaines heures, — ni ce faux idéal qui ne s’attache qu’aux apparences et qui se prend aux illusions ou ne songe qu’à s’en décorer. […] Il va sans doute un peu loin lorsqu’il dit : « De tout ce qui a été en place de nos jours, je puis dire que personne n’a plus ressemblé par le grand au cardinal de Richelieu que feu mon père. » La première condition, en effet, pour être un Richelieu, c’est de sentir qu’on l’est, et de ne pas se confiner au détail comme le fit l’ancien lieutenant de police d’Argenson.
Or, elle n’avait obtenu du feu roi cette jeune personne qu’à la condition expresse et sur sa parole d’honneur qu’elle ne la marierait pas hors de Prusse. Se croyant dégagée de sa promesse par la mort du roi son père, elle passa outre à cette condition et fit épouser à Mlle de Marwitz un officier du régiment impérial dont le margrave était propriétaire.
Tracer ce caractère, raconter cette vie, ce serait remonter aux droits primitifs de l’homme, ce serait toucher à toutes les conditions sociales, ce serait appeler l’attention du philosophe et du législateur sur des questions qui n’ont pas encore été soulevées… Un tel caractère serait sans doute un modèle que je me suis plus d’une fois proposé. » Émile a résolu, depuis, le problème, un peu autrement sans doute que dans cette donnée première qui supposait alors une société monarchique, à demi aristocratique et parfaitement régulière. […] Mais, à travers tout, les faits sociaux s’accomplissent ; les entraves devenues trop étroites se brisent ; les cercles s’élargissent à l’infini ; la publicité coule à pleins bords : si c’est l’inconnu, c’est aussi la vie et la condition de l’avenir.
» — « Je ne saurais réellement le dire au juste, répondit-il : tous deux ont extrêmement de charme. » Il est certain, toutefois, qu’il était loin de remplir le programme détaillé que Bowles propose au poète et les conditions pittoresques qu’il exige ; Wordsworth seul, depuis, a pu y suffire. […] Notez que le prix dont il s’agit, dans les termes posés par le testateur, n’implique que des conditions de science et de talent.
Transportons-nous un peu en idée à ce moment-là et demandons-nous quelles étaient les conditions d’une publication pareille. […] Dauban est bonne dans son ensemble et doit être suivie dans la généralité de l’usage, à la condition toutefois qu’on y mettra un correctif : c’est que lorsqu’on est appelé à publier les écrits inédits d’un auteur mort d’hier, les considérations les plus respectables peuvent déterminer celui qui en est l’éditeur non pas à altérer (il ne le faut jamais), mais à affaiblir ou mieux à ajourner en quelque point l’expression entière des pensées ou des jugements.
S’ils furent des artistes, ils ne furent en rien des artistes originaux, et Mme Roland, supérieure à la plupart, et je dirais hardiment, à tous s’il n’y avait Vergniaud, n’échappe point en cela à la condition commune. […] Les conditions qu’elle eût désiré trouver associées et réunies, elle ne les rencontrait que séparées.
Les honnêtes gens dont parle la reine écrivant à la duchesse de Polignac, ce sont messieurs de la Noblesse à qui elle demande de soutenir le roi, sans toutefois s’exposer inutilement ; mais, en bonne souveraine, elle ajoute qu’il y a d’honnêtes gens ailleurs, dans toutes les classes d’hommes, c’est-à-dire même dans le Tiers-État, et que le roi et elle ne veulent que du bien aux bons, dans quelque condition qu’ils soient. […] La première condition du plan de Mirabeau est notre éloignement avec toute la famille hors de Paris, non pas à l’étranger, mais en France… » Si la reine avait été charmée de Mirabeau, celui-ci, comme nous l’apprend de son côté M. de La Marck, sortit de l’entrevue plein de flamme et d’enthousiasme, « La dignité de la reine, la grâce répandue sur toute sa personne, son affabilité lorsque avec un attendrissement mêlé de remords il s’était accusé lui-même d’avoir été une des principales causes de ses peines, tout en elle l’avait charmé au-delà de toute expression. » Quand on la voit plus tard produire exactement le même effet sur Barnave, il faut reconnaître qu’elle avait de près ce don des femmes, le charme, la fascination.
On n’aurait pas l’idée, d’ailleurs, de s’occuper particulièrement de lui : il n’offre qu’un intérêt assez médiocre comme individu ; il était assez spirituel, mais sans pouvoir passer pour véritablement distingué : c’est comme existence, comme variété et bizarrerie de condition sociale, que le personnage est curieux à connaître : prince du sang, abbé, militaire, libertin, amateur des lettres ou du moins académicien, de l’opposition au Parlement, dévot dans ses dernières années, il est un des spécimens les plus frappants, les plus amusants à certains jours, les plus choquants aussi (bien que sans rien d’odieux), des abus et des disparates poussés au scandale sous un régime de bon plaisir et de privilège. […] Et nous tous, qui que nous soyons, nés heureusement à une époque d’égalité, — de presque égalité, — quand nous avons à juger ces régimes antérieurs et les hommes qui en font partie, qui nous les représentent par des aspects criants, justice est que nous nous disions : Qu’aurions-nous été nous-mêmes, qu’aurions-nous fait, si nous étions venus dans des conditions pareilles où l’on se croit tout permis ?
Cette renaissance, qui n’a plus à s’appliquer à la lettre de l’antiquité, va au fond, à l’esprit des temps, remonte plus haut que la Grèce, ne s’arrête plus à la décadence de Rome : en particulier, elle a pour objet le moyen âge, toute cette époque dont l’oubli et le rejet avaient été une condition de la renaissance aux xve et xvie siècles. […] Hier encore (mai 1868), il m’insultait sans nécessité, sans motif suffisant129 ; il ne se disait pas que j’étais son confrère, que je l’avais toujours salué et respecté en public ; que j’avais allumé le premier un cierge à sa chapelle de sainte Élisabeth ; que je l’avais célébré orateur dans le Constitutionnel, journal habituel des voltairiens ; que, si hautain et aristocratique de nature qu’on soit, un peu de sympathie envers les bonnes gens d’une autre étoffe que nous n’est jamais un tort ; que si, depuis quelques années, il est éprouvé, je le suis aussi, et que cela peut-être devait faire un lien ; que là où la Providence a jugé à propos de le frapper douloureusement, la nature aussi m’a affligé presque de la même manière ; que nous sommes à quelque degré compagnons de maux… Mais M. de Montalembert répondra qu’il sévit au nom des principes. — Les principes, soit ; mais à la condition qu’ils ne se séparent jamais de l’humanité !
Nulle plaisanterie dans ses vers, nul jeu de mots sur sa condition habituelle ; le four ne revient pas là sous toutes sortes de formes, et le poëte, un moment soustrait aux soins vulgaires, s’efforce bien plutôt de les oublier, de les ennoblir en les idéalisant. […] Sa femme, née dans la même condition que lui, mais d’esprit naturel, d’imagination, et d’un parler pittoresque, sa femme, qui d’abord était ennemie jurée des vers et lui cachait plumes et papier, maintenant qu’elle sait le prix de la rime, lui offre toujours, d’un air gracieux, la plume la plus fine et le papier le plus doux : « Courage !
La seule que je trouve, et qui me paraisse satisfaire peut-être à cette condition d’anthologie, se compose en tout de cinq stances : Quand tu me vois baiser tes bras, etc. […] Or, Théophile, poëte, s’en est trop passé, et il a, dans mainte rencontre, excédé avec énormité la mesure, soit que, s’adressant au duc de Luynes qu’il avait jusqu’alors négligé de célébrer, il s’écrie, comme pour réparer le temps perdu : Ceux que le Ciel d’un juste choix Fait entrer dans l’âme des rois, Ils ne sont plus ce que nous sommes, Et semblent tenir un milieu Entre la qualité de Dieu Et la condition des hommes.
A partir de 1828, un temps d’arrêt se présente : il se trouve en face de générations plus inquiètes, plus enhardies, qui se mettent à contester et qui réclament dans les conceptions dramatiques, et même dans le style, certaines conditions nouvelles, plus historiques, plus naturelles, que sais-je ? (car je ne nierai pas qu’il n’y eût quelque confusion en plus d’une demande), enfin des conditions un peu différentes de celles qui, la veille encore, suffisaient.
Dès que la porte de la rue s’ouvrait et qu’un visage paraissait à la grille, la jeune fille était debout, élancée, polie, prévenante pour chacun (comme si elle n’avait été élevée qu’à cela), recevant de sa main blanche les gros sous des paysans qui affranchissaient pour leur pays ou payse en condition à Paris. […] Son mal réel l’obligeant à garder le repos, on ne se tenait plus dans la pièce du devant ; une personne qu’Hervé avait indiquée, une ancienne femme de charge, capable et sûre, y passait le jour, à des conditions modiques, et, tout en suivant son travail d’aiguille, répondait aux venants.
Il s’est rendu compte, en partie, des conditions faites par la misère des temps à la prédication chrétienne, et c’est à cause de cela que son Carême nous a paru intéressant. […] Et c’est déjà bien beau, dans ces conditions, de se faire entendre.
Ce sont là des talents qui se rapprochent, qui se ressemblent, et qu’on est tenté de confondre, mais qui diffèrent par des conditions intimes. […] Les hommes supérieurs qui ont passé par les affaires, et qui en sont sortis, ont un grand rôle encore à remplir, mais à condition que ce rôle soit tout différent du premier et que même ce ne soit plus un rôle.
La première condition pour bien apprécier les anciens critiques et leurs productions de circonstance, c’est donc de se remettre en situation et de se replacer en idée dans l’esprit d’un temps. […] Il lisait tout ce dont il avait à parler, condition essentielle et pourtant rare dans le métier de critique, et que Dussault lui-même ne remplissait pas toujours.
On trouverait bien encore, au commencement du xviiie siècle, cette autre Mme de Staal (Mlle de Launay), auteur des charmants Mémoires, esprit élevé et ferme autant que fin ; mais elle n’a pas assez longtemps vécu, et, par les circonstances de sa condition première, elle n’a jamais été assez avant mêlée dans le plein milieu de la société, pour la personnifier de loin à nos yeux. […] je ne voudrais pas redevenir jeune, à la condition d’être élevée comme je l’ai été, de ne vivre qu’avec les gens avec lesquels j’ai vécu, et d’avoir le genre d’esprit et de caractère que j’ai ; j’aurais tous les mêmes malheurs que j’ai eus : mais j’accepterais avec grand plaisir de revenir à quatre ans, d’avoir pour gouverneur un Horace… Et là-dessus elle se traçait l’idéal de tout un plan d’éducation sous un homme éclairé, instruit, tel que l’était son ami Horace Walpole.
Rousseau n’est pas seulement un ouvrier de la langue, apprenti avant d’être maître, et qui laisse voir par endroits la trace des soudures : c’est au moral un homme qui, jeune, a passé par les conditions les plus mêlées, et à qui certaines choses laides et vilaines ne font pas mal au cœur quand il les nomme. […] René, en effet, n’est autre que ce jeune homme de seize ans transposé, dépaysé au milieu d’une autre nature et au sein d’une autre condition sociale ; non plus un apprenti graveur, fils d’un bourgeois de Genève, d’un bourgeois du bas, mais chevalier, noble, voyageur en grand, épris des muses : tout, au premier aspect, revêt une couleur plus séduisante, plus poétique ; l’inattendu du paysage et du cadre rehausse le personnage et caractérise une nouvelle manière ; mais le premier type sensible est là où nous l’indiquons, et c’est Rousseau qui, en regardant en lui-même, l’a trouvé.
Petite-fille de l’illustre capitaine d’Aubigné du xvie siècle, fille d’un père vicieux et déréglé, d’une mère méritante et sage, elle sentit de bonne heure toute la dureté du sort et la bizarrerie de la destinée ; mais elle avait au cœur une goutte du sang généreux de son aïeul, qui lui redonnait de la fierté, et elle n’aurait pas changé sa condition contre une plus heureuse, et qui eût été de qualité moindre. […] Telle était Mme de Maintenon à demi reine, imposante à la fois et contenue, celle qui disait : « Ma condition ne se montre jamais à moi par ce qu’elle a d’éclatant, mais toujours par ce qu’elle a de pénible et de sombre. » Dans cette position élevée, quel service Mme de Maintenon a-t-elle rendu à Louis XIV et à la France ?
Pour les gagner, il est obligé de partir et de se mettre en condition quelque temps. […] Tout en restant dans les conditions de sa belle nature, ce qu’on peut souhaiter à M. de Laprade, c’est qu’il fasse intervenir plus distinctement dans ses compositions la personne humaine : Regarde dans ton cœur, c’est là que sont les dieux, a-t-il dit lui-même, et il n’a qu’à suivre son précepte.
Il se trouva que la princesse des Ursins réunissait seule les conditions difficiles de cet emploi : elle avait habité l’Espagne, en savait la langue et les usages, y jouissait de la grandesse par son mari. […] Et puis n’oublions pas qu’elle avait soixante-quatre ans alors, un œil malade et un rhumatisme, ce qui fait un ensemble de conditions fâcheuses pour commencer le métier des armes en qualité de maréchal de camp d’une jeune princesse.
Cherchant à rassembler dans sa raison toutes ses forces et tous ses motifs de renoncement, il se dit qu’il n’a guère plus de quarante ans ; qu’il y a moyen, après avoir consacré sa jeunesse au service du roi et de sa patrie, de vivre chez soi en honnête homme ; il se trace le plan d’une vie heureuse et privée : « Avoir du bien honnêtement, n’avoir rien à se reprocher (et, pour cela, commencer par payer toutes ses dettes), avoir mérité d’avoir des amis, et savoir s’amuser des choses simples. » Toutes ces conditions pourtant ne laissent pas d’être difficiles à rencontrer dans le même homme, et il suffit d’une seule qui échappe, ou d’un goût étranger qui se réveille, pour faire tout manquer, et pour corrompre ce tranquille bonheur. […] Quoique cette place ne semblât point faite pour honorer un homme de sa condition, il la désirait surtout par le motif de l’accès qu’elle procurait auprès du roi, et de l’assiduité qui était pour d’Antin la vie même.
Elle est d’avis qu’il achète sa liberté à tout prix, qu’il revienne à n’importe quelles conditions ; car le marché ne peut être mauvais, pourvu qu’on le revoie en France, et ne peut être bon, lui étant à Madrid. […] Elle suppose, dans son prologue, que plusieurs personnes de condition, tant de France que d’Espagne, s’étant réunies au mois de septembre aux bains de Cauterets, dans les Pyrénées, se séparèrent après quelques semaines ; que ceux d’Espagne s’en retournèrent le mieux qu’ils purent par les montagnes, mais que les Français furent empêchés dans leur chemin par la crue des eaux qu’avaient causée de grandes pluies.
Mercredi 25 février De Nittis déjeune chez moi, et tout en mangeant, il sort de sa bouche un récit de sa vie : un de ces récits qu’on ne fait qu’une fois, dans de certaines conditions de bonheur, de plaisir, d’expansion. […] » Et il remarche, jetant des phrases comme celle-ci : « Enfin nous sommes dans un monde tout nouveau, où toutes les conditions de l’existence sont changées, sans qu’on ait l’air de s’en apercevoir… Autrefois un ouvrier chaudronnier gagnait 6 francs par jour… Il pouvait mettre 3 francs de côté… Donc au bout de cinq ans, il avait 5 000 francs et pouvait se faire chaudronnier… Aujourd’hui il faut 800 000 francs pour établir un chaudron… donc il n’y a plus moyen pour le peuple de sortir du peuple… et le peuple ne veut pas rester peuple… Savez-vous avec quelle somme s’est fondée, sous Louis-Philippe, la plus grande fabrique de produits chimiques… Chabrol vous l’apprend… avec 60 000 francs… Allez maintenant chez Salleron, il vous demandera 15 000 francs pour une cheminée… un fourneau sans luxe, c’est une affaire de 50 000 francs… Et tout comme cela… une confiserie se fonde avec un capital de 1 200 000 francs… une épicerie, vous connaissez la maison Potin ?
M. de Régnier a parfois reçu aussi sa visite secrète et il lui est arrivé, croyant faire des vers libres, de tracer le dessin vague de la strophe de Malherbe et de Lamartine, à condition que l’on ne compte pas certains e muets : A la fontaine où l’eau goutte à goutte pleurait | Avant l’aube et que vinssent les filles de la plaine, | A l’heure où pâlissent les étoiles, | à la fontaine, | Y laver leurs pièces de toiles | et encore : De la maison où l’âtre en cendre | croûle en décombres ; | Ferme la porte | et que la paix du soir apporte | Son ombre sur ton ombre Et les soirs | apaisés ou tragiques ou calmes | Se reflétaient avec mon âme, | en ton miroir | (Poèmes.) […] L’e muet, qu’il faut appeler féminin, se prononce après ou avant certains groupes de consonnes contenant une liquide ou une sifflante : les prêtres frivoles, — et encore à condition que la récitation soit oratoire et non familière.
Un Anglais du seizième siècle, génie sublime et inculte, ignorant les règles du théâtre, et les suppléant par tous ces artifices qu’un heureux instinct suggère, avait, dans ses drames monstrueux, étendu indéfiniment l’espace et la durée, renfermé des lieux et des années sans nombre, confondu les conditions et les langages, méconnu ou violé le costume distinctif des époques et des contrées diverses ; mais, observateur attentif et peintre fidèle de la nature, il avait répandu, dans ses compositions désordonnées et gigantesques, une foule de ces traits naïfs, profonds, énergiques, qui peignent tout un siècle, révèlent tout un caractère, trahissent toute une passion. […] Un sujet de la Grèce antique, où l’homme de tous les lieux et de tous les siècles sera peint fidèlement, sous le costume rigoureusement observé de Mycènes, d’Argos ou de Sparte, réunira, pour des spectateurs modernes, les deux conditions qui constituent cette vérité : un sujet moderne pourra les enfreindre l’une ou l’autre, si les sentiments naturels sont faussement exprimés, ou les mœurs sociales inexactement rendues.
Soit qu’elles s’appellent : Fragment sur la France, Bienfaits de la Révolution, Études sur la Souveraineté, L’Inégalité des conditions, Du Protestantisme et de la Souveraineté encore, c’est toujours le même problème, posé dès qu’il a pensé, je crois, et que de Maistre a passé sa vie à retourner sur toutes les faces. […] Il en élève les coutumes et jusqu’aux préjugés à la hauteur de lois immuables, et si le xviiie siècle lui apparaît le plus profondément perdu de raison de tous les siècles, et, dans ce siècle, Jean-Jacques Rousseau le plus perdu des philosophes, c’est que le xviiie siècle et Rousseau, l’auteur du Contrat social et de l’Inégalité des conditions, sont, de tous les temps et de tous les hommes, ceux qui ont le plus méconnu la voix infaillible et l’autorité souveraine de l’Histoire.
Ils avaient l’un et l’autre une misanthropie foncière, un grand mépris de leurs semblables ou des conditions d’existence de beaucoup de leurs semblables. […] Bien que l’opinion contraire coure les rues ou mieux les librairies, on ne s’ennuie pas plus en province qu’à Paris, à condition d’avoir un esprit capable d’autre chose que d’amusement.
Il serait absurde que la vapeur d’eau ayant poussé le piston une première fois, elle ne pût le pousser une seconde fois, toutes les conditions étant exactement les mêmes. […] Nous érigeons cette dépendance en loi générale ; nous sentons que toutes les conditions restant les mêmes, il serait absurde que cette loi fût démentie ; nous prévoyons que la résolution étant donnée, le mouvement se fera ; nous jugeons nécessaire qu’il se fasse, et transportant cette nécessité dans la résolution, nous disons que la résolution est une force et produit le mouvement.
À un moment donné, pendant une période, ils font une œuvre, et leur nature, jointe à celle de leur œuvre, est la condition de l’œuvre qui suit, comme dans un corps organisé le tempérament primitif, joint à l’état antérieur, est la condition de l’état suivant. Ici comme dans le monde physique, la condition est suffisante et nécessaire ; si elle est présente, l’œuvre ne peut manquer ; si elle est absente, l’œuvre ne peut apparaître. […] Lorsque nous sommes parvenus à connaître la condition suffisante et nécessaire d’un fait, la condition de cette condition, et ainsi de suite, nous avons sous les yeux une chaîne de données dans laquelle il suffit de déplacer un anneau pour déplacer ceux qui suivent ; en sorte que les derniers, même situés au-delà de notre action, s’y soumettent par contrecoup, dès que l’un des précédents tombe sous nos prises. […] Dans l’une et dans l’autre, chaque état de l’être organisé a pour double condition l’état précédent et la tendance générale du type. […] Ils dirent qu’ils les rendraient à condition qu’on ne brûlerait pas leurs villages.
Il a tout changé pour elle, patrie, condition, figure, esprit.
La Révolution a brisé ces conditions.
c’est qu’il n’y a guère que les gens de. campagne, fermiers ou petits propriétaires-laboureurs, qui poussent quelqu’un de leurs fils au petit séminaire, où il est élevé le plus souvent gratis ; ils considèrent cette prêtrise comme un avancement social relativement à leur obscure condition.
En voilà bien assez, j’espère, si tout est prouvé et nous renvoyons nos lecteurs à la réfutation pour faire descendre cette production si prônée de son haut rang d’histoire, et pour la réduire à la simple condition des Mémoires piquants et Suspects, dont on peut retirer quelque profit, quand on les consulte avec beaucoup de défiance.
C’est d’abord la vieillesse de la littérature, qui rend l’invention plus difficile en effet, plus inquiète, plus tourmentée, et qui fait ainsi, d’une certaine excitation maladive des nerfs, une des conditions de « l’écriture artiste ».
La condition de simple particulier convient mieux à mes goûts.
C’est que les personnes très riches sont privilégiées de plus de façons encore qu’il ne paraît à première vue ; c’est que, en même temps que la charité sous sa forme la plus élémentaire, qui est l’aumône en argent, semble devoir être plus facile aux gens qui en ont beaucoup, ceux-ci, à mérite égal — et en vertu de leur richesse même, qui les signale à l’attention et leur permet des largesses d’un chiffre imposant — sont singulièrement plus assurés de la reconnaissance publique que les gens de condition médiocre ou petite, et, ainsi, ne manquent guère de recevoir, dès ici-bas, la récompense de leur bonne volonté.
Américain d’origine, il est bien le compatriote de ce suprême et grand Edgar Poë, de celui qui osa penser que la poésie était la création rythmique de la beauté, lorsqu’il écrivit que cette beauté était une des conditions de la parfaite vie « au même titre que la vertu et la vérité ».
Un soldat qui verroit le ciel s’entr’ouvrir ne doit pas même avoir peur comme une personne d’une autre condition.
La condition essentielle de tout romancier est d’être, avant tout, un observateur.