/ 1848
679. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SOUZA » pp. 42-61

Adèle de Sénange fut donc écrite sans aucun apprêt littéraire, dans un simple but de passe-temps intime. […] La maréchale tient dans l’action toute la partie moralisante, et elle en use avec un à-propos qui ne manque jamais son but ; Athénaïs et Eugène sont le caprice et la poésie, qui ont quelque peine à se laisser régler, mais qui finissent par obéir, tout en sachant attendrir leur maître.

680. (1892) Boileau « Chapitre VI. La critique de Boileau (Fin). La querelle des anciens et des modernes » pp. 156-181

Mais lorsque, amenant la littérature au but qu’elle poursuivait depuis un siècle, il édifia son système, il y fit entrer deux pièces, qui ne lui étaient point fournies d’ailleurs : et ces deux pièces sont ce qu’il y a d’essentiel et de caractéristique dans le système. […] Et pour Boileau, les règles ne sont pas autre chose : des moyens, non le but.

681. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Henry Rabusson »

Leur but suprême est qu’on les désire. Et, de même, le dernier but des mondains dont c’est le métier d’être mondains est de plaire aux tentatrices, de leur plaire jusqu’au bout, de plaire à toutes celles qui sont désirables.

682. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Mme du Châtelet. Suite de Voltaire à Cirey. » pp. 266-285

Quelle est mon intention et mon but en revenant volontiers ici sur ces sujets du xviie et du xviie  siècle ? […] Elle indique avec élévation, et comme dans un lointain où elle aspire, le noble but de la gloire.

683. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « De la poésie et des poètes en 1852. » pp. 380-400

Il est aujourd’hui un assez grand nombre de personnes, hommes ou femmes, qui cultivent la poésie sans autre but qu’elle-même, comme on cultive entre soi la musique, le piano ou le chant. […] Théophile Duchapt, magistrat, conseiller à la cour d’appel de Bourges, a publié également un recueil de Fables (1850), irréprochables par le sens et par le but, et dont plus d’une s’anime d’un tour de grâce et de finesse.

684. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le duc d’Antin ou le parfait courtisan. » pp. 479-498

Ce piège, c’était de ne pouvoir plus vivre qu’en vue de la Cour, sous le regard et le rayon du maître, n’attendant, n’espérant rien que de lui, lui sacrifiant tout son être, et ne subsistant que de sa présence : voilà l’unique but de d’Antin, comme l’amoureux qui n’a de pensées que pour sa maîtresse, comme le dévot qui n’a d’autre fin que son Dieu. […] Au retour des campagnes, il ne bougeait de Meudon où était Monseigneur, et il réalisait le miracle d’être vu en plusieurs lieux à la fois ; car on ne rencontrait que lui à Versailles : « Je ne manquais à rien, à l’égard du roi, de tout ce que l’envie de plaire peut suggérer à un courtisan éveillé. » Pour mieux gagner dans l’estime du roi, il mettait sa délicatesse à ne lui rien demander, et visait, par une sorte de platonisme courtisanesque, à n’acquérir que la considération de son maître : c’était le but de toutes ses espérances.

685. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre deuxième. Rapports du plaisir et de la douleur à la représentation et à l’appétition »

« Les peines des organes internes, dit Grant Allen, sont dues non aune provision spéciale de nerfs ayant pour but spécial la production de la peine ou du plaisir, mais à la sensibilité générale que présentent toutes les libres cérébro-spinales sous les actions destructives et désintégratives. » Si, au lieu de placer l’action sous le sentiment, on place au contraire le sentiment sous l’action, on aboutit alors, avec Horwicz et Stumpf, à des sentiments détachés, à des sortes d’atomes de sentiments qui n’ont aucune raison d’être : ici un rudiment de plaisir, là un rudiment de peine, sans qu’on sache pourquoi, sans que la modification agréable ou pénible soit la modification, la passion d’une activité antécédente. […] Dans le plaisir, la volonté s’abandonne, va toujours devant elle, s’épand dans le présent sans se concentrer vers un but à venir.

686. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre III. Personnages merveilleux des contes indigènes »

Il y a lieu de les distinguer de ceux qui ne prennent cette forme qu’accidentellement et en vue d’un but à réaliser. […] Ses apparitions terrifiantes semblent surtout avoir pour but d’éprouver le courage des voyageurs (v.

687. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « J. de Maistre » pp. 81-108

Bien avant les abatteurs de frontière, qui dressent sur le pavois, embrassée et entrelacée, la grande figure de l’Humanité, le comte de Maistre, l’anti-philosophe, l’anti-progressif, le retardataire, montrait de son doigt prophétique l’Europe, et par l’Europe le monde, ascendant vers ce but de tout : l’unité ! […] Si le livre que voici avait une origine suspecte, s’il avait été publié par un homme opposé d’opinion ou de religion au comte de Maistre, dans le but d’abaisser sa gloire ou de la lui voler, ah !

688. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre III : M. Maine de Biran »

Vous avez beau regarder votre bras, connaître les muscles convenables, leur donner ordre, vouloir atteindre le but, si vous ne voulez rien d’autre, vous n’atteindrez pas le but avec cette pierre.

689. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre X : M. Jouffroy psychologue »

« Quand bien même quelques vies de philosophes se consumeraient à ce travail, ce ne serait pas trop, et il ne faudrait pas les regretter, si ce but était atteint. » C’est qu’à son avis, toute espérance reposait désormais sur les progrès de la psychologie. […] C’est que votre but et votre marche auront été les mêmes que ceux des sciences positives.

690. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « I » pp. 1-8

Ici pourtant Lamennais par l’injure a dépassé le but, et lui-même, ce me semble, à force de manier et de verser le poison, il a flétri son âme ; il en accuse les secrètes noirceurs.

691. (1874) Premiers lundis. Tome I « M.A. Thiers : Histoire de la Révolution française Ve et VIe volumes — I »

De là encore l’emprunt forcé, le cours forcé des assignats, le taux forcé des denrées ou maximum ; toutes conséquences nécessaires dérivant des mêmes besoins, concourant au même but.

692. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XIX. De la littérature pendant le siècle de Louis XIV » pp. 379-388

Cette littérature, sans autre but que les plaisirs de l’esprit, ne peut avoir l’énergie de celle qui a fini par ébranler le trône.

693. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Maeterlinck, Maurice (1862-1949) »

Et sans avoir peut-être cette unité dans la gradation qui produisit de si énormes effets dans les deux drames précédents, les scènes sont menées vers le but avec une puissance magistrale.

694. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Sully Prudhomme (1839-1907) »

Théophile Gautier Dans son premier volume, qui date de 1865 et qui porte le titre de : Stances et poèmes, les moindres pièces ont ce mérite d’être composées, d’avoir un commencement, un milieu et une fin, de tendre à un but, d’exprimer une idée précise… Dès les premières pages du livre, on rencontre une pièce charmante, d’une fraîcheur d’idée et d’une délicatesse d’exécution qu’on ne saurait trop louer et qui est comme la note caractéristique du poète : Le Vase brisé… C’est bien là, en effet, la poésie de M. 

695. (1863) Molière et la comédie italienne « Préface » pp. -

Désireux de donner tous les renseignements utiles, de mettre dans tout leur jour les monuments immortels que je reproduisais, je ne pouvais pourtant dépasser le but ; il ne m’était pas permis de les perdre de vue, de m’éloigner trop ; je devais me borner à en explorer, pour ainsi dire, attentivement les alentours.

696. (1911) La valeur de la science « Deuxième partie : Les sciences physiques — Chapitre VII. L’Histoire de la Physique mathématique. »

Le but et les méthodes de cette science vont-ils apparaître dans dix ans à nos successeurs immédiats sous le même jour qu’à nous-mêmes ; ou au contraire allons-nous assister à une transformation profonde ?

697. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XII » pp. 100-108

Elles trouvaient la reine et Mazarin assez ridicules pour être justiciables de leur autorité ; les motifs d’une guerre étaient si frivoles, le but des grands qui en parlaient si médiocre, qu’elles n’y voyaient qu’un amusement de courte durée, une tracasserie armée, un trigaudage travesti en entreprise guerrière, dont elles n’étaient pas indignes de partager la gloire.

698. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » pp. 124-134

C’est-là ce qui forme son essence ; c’est-là le but qu’elle se propose ; c’est-là ce qui la rend si agréable, si intéressante, & ce qui a de tout temps établi son empire sur les ames sensibles.

699. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre second. Philosophie. — Chapitre II. Chimie et Histoire naturelle. »

quel peut être son but ?

700. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 41, de la simple récitation et de la déclamation » pp. 406-416

Tous ceux qui exercent un de ces arts dont le but est d’émouvoir les autres hommes, doivent s’attendre d’être jugez suivant la maxime d’Horace : que pour faire pleurer les autres il faut être affligé.

701. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 42, de notre maniere de réciter la tragédie et la comedie » pp. 417-428

Section 42, de notre maniere de réciter la tragédie et la comedie Puisque le but de la tragedie est d’exciter la terreur et la compassion, puisque le merveilleux est de l’essence de ce poëme ; il faut donner toute la dignité possible aux personnages qui la representent.

702. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Conclusion »

Mais ce n’est pas le but où nous tendons.

703. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « XVI »

Mais mon but était plus pratique.

704. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Léon Feugère ; Ambroise-Firmin Didot »

Ce livre, dont le but était simplement littéraire, incline, par le fait, à une conclusion philosophique que l’auteur semble avoir redoutée, mais qu’il ne saurait éviter.

705. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Jean-Jacques Rousseau »

dans quel but ?

706. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « Introduction »

Introduction L’esprit nouveau Mon premier mot aura pour but de dissiper une équivoque.‌

707. (1915) La philosophie française « II »

. — Allèguera-t-on qu’en se faisant moins systématique la philosophie s’écarte de son but, et que son rôle est précisément d’unifier le réel ?

708. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome I pp. 5-537

La simple, où l’action est continuée sans obstacles au but annoncé pour son dénouement. […] Ce serait sortir de mon sujet que de le suivre ici : ne tendons maintenant qu’au but proposé, qui est d’éclaircir les principes d’instruction. […] Ces lieux communs, toujours rebattus, n’usent pas moins le temps que la patience ; car l’esprit engagé dans un discours dont la suite ne détermine pas le but, s’agite comme égaré dans un labyrinthe dont il craint de ne plus sortir. […] , ni ses discours, ni son but, ne doivent être les mêmes que dans la comédie : or, ne lui prenant rien, elle ne la dénature pas. […] On l’excuse de ce vice en raison du but moral et politique où tendait sans cesse la marche de son talent, et trop de beautés compensent en lui ce défaut, pour qu’il soit permis de le condamner.

709. (1882) Types littéraires et fantaisies esthétiques pp. 3-340

Le poète sait bien que tous ces incidents confus et multipliés finiront par converger vers un but fatal, et qu’ils s’harmoniseront dans une unité souveraine comme le destin qui se charge de dénouer le drame. […] Voilà un bien maigre point de départ, et on peut dire en toute vérité que, si telle a été la pensée de Cervantes, son œuvre est trop magnifique pour un but après tout aussi mesquin. […] Goethe lui apprend ce qu’il doit fuir ou rechercher dans la vie, sur quels principes il doit s’appuyer, vers quel but il doit tendre de préférence. […] Sérénité, sécurité, domination de soi-même, claire intelligence des lois du monde et du but de l’existence, voilà le vrai bonheur, celui qui nous rend maîtres ès arts de la vie. […] Le but suprême de la sagesse consiste à trouver le moyen de ne plus revivre.

710. (1902) La formation du style par l’assimilation des auteurs

— But de la lecture […] Ce qui séduit d’abord, c’est l’intérêt, le mouvement, la vie, le but de la composition. […] Il n’a de valeur que comme moyen de métier, et n’est pas un but par lui-même. […] Sans doute ; seulement il a voulu l’imiter, c’était son but. […] Notre but pour l’instant est de décomposer le procédé.

711. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome II pp. 5-461

« L’homme en tous ses travaux a donc pour but le ventre ! […] Si je tentai le panégyrique de l’ancienne, en étudiant ses desseins et son but, je dois faire une plus grande apologie de la nouvelle. […] Une fois cette généralité bien comprise, il cherche comment la comédie parvient à son but. […] Il veut que tout aille au but, que tous les ressorts tendent à l’action, et retranche les mobiles étrangers qui n’y concourent pas. […] Si le but moral de celle-ci n’apparaît pas au premier regard, néanmoins on le saisit en le cherchant bien.

712. (1855) Louis David, son école et son temps. Souvenirs pp. -447

Plusieurs sont encore au monde, mais vivent obscurs et peu satisfaits, comme il arrive toujours quand on a manqué dans la vie le but que l’on s’était proposé d’atteindre. […] Et enfin dans quel but cet artiste et ses nombreux élèves ont-ils cherché à établir un corps de doctrine pour fonder une école ? […] Ceux des académiciens à qui ce choix déplaisait, voyant leur attente de réforme trompée, sentirent alors qu’il fallait agir révolutionnairement pour arriver à leur but. […] Ce n’est pas seulement en charmant les yeux que les monuments des arts ont atteint le but, c’est en pénétrant l’âme, c’est en faisant sur l’esprit, une impression profonde, semblable à la réalité. […] L’art, dans ce cas, n’est plus un but, mais un moyen, l’art ne doit être employé qu’au profit de certaines idées et pour affermir et faire triompher un système déterminé.

713. (1911) Nos directions

L’acte du poète est intérieur à son chant ; le but de son chant n’est pas l’acte, mais son chant même. […] Il a son but, à son but il s’arrête. Mais ce but dépassé n’était-ce pas une autre action ? […] Aussi bien, plus de paraphrase ; jamais d’oubli du but. […] Sommes-nous loin du but ?

714. (1907) Le romantisme français. Essai sur la révolution dans les sentiments et dans les idées au XIXe siècle

Ses vilenies n’ont pas du tout pour but la curée. […] Notre but n’était pas de peindre un individu, mais de caractériser, d’après l’individu qui en a été le prophète et qui en a tiré sa gloire, cette corruption intégrale des hautes parties de la nature humaine, qu’on appelle Romantisme. […] Mais où Kant nous paraît avoir tracé une infranchissable limite, c’est quand il montre que les vues propres de l’esprit, nécessaires pour éclairer la nature, sont impuissantes à jeter le moindre jour sur-ce que Faust se plaint de devoir ignorer éternellement : la cause première et universelle (s’il est une telle cause), le but dernier et universel (s’il est un tel but). […] Si la religion chrétienne a des symboles pour chacun des événements spirituels qu’il est son but et son essence de susciter, c’est pour subvenir à la faiblesse de l’homme charnel. […] Ce drame est un pas de plus vers ce but rayonnant, le seul qu’il ait cherché au théâtre, de dégager perpétuellement le grand à travers le vrai, le vrai à travers le grand.

715. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « L’abbé de Bernis. » pp. 1-22

Dans cette épître Sur la paresse, la seule que La Harpe ait distinguée, on voit Bernis au naturel, assez gracieux, mais sans force, sans élévation de but et sans idéal. […] Marquer ainsi son but tout d’abord, et ne point le placer plus haut, c’est donner sa mesure comme poète.

716. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Mémoires ou journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guetté. Tomes iii et iv· » pp. 285-303

Il est dans une lutte sourde continuelle avec l’abbé Bossuet, ce neveu actif et ambitieux dont je n’ai pas à faire l’apologie ; mais le rôle de l’abbé Le Dieu à son égard n’est pas beau ; il joue au plus fin, et n’a d’autre but que d’en tirer le plus de profit qu’il pourra. […] Le prélat mangea très peu, et seulement des nourritures douces et de peu de suc, le soir, par exemple, quelques cuillerées d’œufs au lait ; il ne but aussi que deux ou trois coups d’un petit vin blanc faible en couleur, et par conséquent sans force : on ne peut voir une plus grande sobriété et retenue.

717. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Maine de Biran. Sa vie et ses pensées, publiées par M. Ernest Naville. » pp. 304-323

Il m’est impossible de faire autrement ; mon malheur et mon trouble, mon inutilité, tout vient de n’être pas commandé, de n’être soutenu par rien : je manque d’idée fixe et de but. Et en réfutant un ouvrage de M. de Bonald, ce qui pourtant devait lui convenir et lui fournir un but précis : « Je me fatigue chaque jour en pure perte et fais avec un grand labeur des pages qui seleront effacées le lendemain.

718. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. De Pontmartin. Causeries littéraires, causeries du samedi, les semaines littéraires, etc. »

Je n’ai jamais lu, sans en chercher l’application autour de moi, ce beau passage de l’Essai sur la Critique de Pope ; « But where the man… Où est-il l’homme qui peut donner un conseil sans autre attrait que le plaisir d’instruire, et sans être orgueilleux de son savoir ; bien élevé, quoique savant ; et quoique poli, sincère… ?  […] Vous voulez le rapprocher du but ; vous l’en éloignerez.

719. (1890) La fin d’un art. Conclusions esthétiques sur le théâtre pp. 7-26

Jean Jullien : « Le but est d’intéresser le spectateur et surtout de l’émouvoir. » Barberou l’écrivait à Bouvard : « Le théâtre est un objet de consommation comme un autre, cela, entre dans l’article Paris. […] Non point, car nous ne considérons pas le public comme une foule étrangère à amuser ; comme un but, principal ou accessoire.

720. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XX. La fin du théâtre » pp. 241-268

Jean Jullien : « Le but est d’intéresser le spectateur et surtout de l’émouvoir. » Barberou l’écrivait à Bouvard : « Le théâtre est un objet de consommation comme un autre, cela entre dans l’article Paris. […] Non point, car nous ne considérons pas le public comme une foule étrangère à amuser ; comme un but, principal ou accessoire.

721. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur Théodore Leclercq. » pp. 526-547

C’est seulement à cette date que son talent, jusqu’alors borné au cercle du salon et de la société, put sortir au-dehors et se donner un but, qu’il put véritablement entrer dans le public, et devenir à son moment, et sans se dénaturer, une des armes de la France. […] De même, dans la scène entre les deux sœurs, et dans laquelle Mme de Goury a tant de peine à comprendre le bonheur domestique de Mme de Verna et à y croire, elle revient sur cette idée d’une place qui est son unique but : « Vous voyez bien, dit-elle, qu’il faut nécessairement que M. de Goury ait une place.

722. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Le duc de Lauzun. » pp. 287-308

Il avait de bons chevaux de course en Angleterre, il envoya l’un de ses meilleurs coureurs à Ipswich : Un petit garçon vêtu de noir suivit bien ses instructions ; resta modestement pendant toute la course derrière le cheval de sir Marmaduke, et, à cent pas du but, passe comme un éclair. […] Je lui répondis, continue M. de Bouillé : Mais comment, vous qui êtes un honnête homme et qui avez de l’esprit, n’avez-vous pas pris l’ascendant sur votre ami, et n’avez-vous pas dirigé sa conduite vers un but utile et honnête ?

723. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Mémoires du cardinal de Retz. (Collection Michaud et Poujoulat, édition Champollion.) 1837 » pp. 40-61

Il était déjà de cette race de ceux qui, en fait d’agitations et de révolutions, aiment le jeu encore plus que le dénouement, grands artistes en intrigues et en influences et s’y complaisant, tandis que les plus ambitieux plus vrais et plus positifs tendent au but et aspirent au résultat. […] Et Retz, dans cette comparaison, a le désavantage d’avoir survécu, d’avoir assisté à l’entier avortement de ses espérances, de s’y être en partie démoralisé, rabaissé et dégradé, comme il peut arriver aux plus fortes natures à qui le but échappe.

724. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Grimm. — II. (Fin.) » pp. 308-328

Le but, pourtant, et l’utilité de cette méthode, à une époque où les communications étaient moins faciles, était de tenir les savants des divers pays au courant des écrits nouveaux, et de les leur offrir du moins par extraits fidèles et sûrs, en attendant qu’ils pussent se procurer l’ouvrage même. […] Mais, encore une fois, Grimm, en y voyant les défauts, ne sacrifie pas la tragédie française à celle de nos voisins ; il reconnaît que chaque théâtre est approprié à la nation et à la classe qu’il émeut et qu’il intéresse : « L’un (le théâtre anglais) ne paraît occupé qu’à renforcer le caractère et les mœurs de la nation, l’autre (le théâtre français) qu’à les adoucir. » Grimm va plus loin ; il pense que ces mêmes tableaux que l’une des deux nations a pu voir sans aucun risque, quelque terrible et quelque effrayante qu’en soit la vérité, pourraient bien n’être pas présentés sans inconvénient à l’autre, qui en abuserait aussitôt : « Et n’en pourrait-il pas même résulter, se demande-t-il, des effets très contraires au but moral de la scène ? 

725. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre sixième. Genèse et action des idées de réalité en soi, d’absolu, d’infini et de perfection »

L’usage de cette idée est donc, selon le mot de Kant, régulateur, c’est-à-dire qu’elle dirige l’entendement vers un certain but, où convergent les lignes qu’il suit. […] La preuve que notre boussole intellectuelle n’est pas affolée, c’est qu’en nous guidant d’après elle nous atteignons le but.

726. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « APPENDICE. — M. DE VIGNY, page 67. » pp. -542

Avenel, « il y a dans l’affaire de Cinq-Mars deux choses fort distinctes : une intrigue et un crime ; une intrigue pour faire perdre au cardinal la confiance du roi, un crime dont le but était d’ouvrir la France aux ennemis.

727. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Sur l’École française d’Athènes »

Sans se croire tout à fait au temps où le savant Philelphe épousait une femme grecque pour mettre la dernière main à son érudition et se polir à la langue jusque dans son ménage, on peut se dire que, du moment que la Grèce renaît aux doctes et sérieuses études de son passé, elle est plus voisine que nous du but et infiniment plus près de redevenir vivante.

728. (1874) Premiers lundis. Tome I « A. de Lamartine : Réception à l’Académie Française »

Pourtant nous aimons à entendre des voix puissantes et graves nous le redire ; car, par moment, dans les fatigues de la marche, au milieu des inégalités du terrain, l’horizon échappe à nos yeux, et nous nous prenons à douter du but où notre ardeur aspire.

729. (1874) Premiers lundis. Tome I « Vie, poésies et pensées de Joseph Delorme. Deuxième édition. »

La génération surtout qui était venue trop tard pour participer à l’effervescence politique et s’embraser à l’illusion révolutionnaire évanouie vers 1824 ; cette génération étouffée, qui était au collège durant la plus belle ardeur de la Charbonnerie ; qui manquait la classe, le jour où l’on chassait Manuel, et qui, à son premier pas dans le monde, trouvant tout obstrué, allait se ronger dans la solitude ou se rétrécir dans les coteries ; cette génération cadette, dont Bories et ses compagnons furent les aînés, intelligente, ouverte, passionnée sans but, amoureuse indifféremment de Napoléon et de la République, de madame de Staël et de madame Roland, folle de René et des lettres de Mirabeau à Sophie, emportant sous le bras Diderot à la classe de rhétorique et Béranger à la classe de philosophie ; noble et chaleureuse jeunesse, qui se consuma trop longtemps dans des idées sans suite, dans des causeries sans résultat, dans d’interminables analyses ; dont les plus pressés s’affadirent si vite aux tièdes clartés des bougies, et s’énervèrent chaque soir dans l’embrasure de quelque fenêtre d’un salon doctrinaire ; cette génération-là surtout a souffert profondément, et a ressenti jusque dans la moelle de ses os la consomption de l’ennui et le mal rêveur.

730. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section III. Des ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre II. De la philosophie. »

Vous le pouvez facilement ; et lorsqu’aucun des événements de la vie n’est précédé, ni suivi par de brûlants désirs, ni d’amers regrets, l’on trouve une part suffisante de félicité, dans ces jouissances isolées que le hasard dispense sans but.

731. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Préface »

J’ose déclarer ici que je n’ai point d’autre but ; on permettra à un historien d’agir en naturaliste.

732. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre VI. De l’emploi des figures et de la condition qui les rend légitimes : la nécessité »

Mais l’homme qui écrit par besoin, pour défendre ce qu’il croit ou ce qu’il aime, pour réaliser un idéal d’art, ou même pour satisfaire son ambition, son égoïsme ou ses vices, ne songe qu’à parler juste, et qu’à trouver les mots qui rendent sa pensée et l’approchent de son but : celui-là est aussi éloigné de concerter ses figures que l’homme du peuple, qui, en jurant, ne pense guère à faire une imprécation.

733. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Prosper Mérimée. »

Il atteignit son but, mais sa victoire lui coûta cher.

734. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « La Tolérance »

Si l’on diffère sur les moyens, il n’est pas si difficile de s’accorder sur le but.

735. (1890) L’avenir de la science « XIV »

Le but de la société est la réalisation large et complète de toutes les faces de la vie humaine.

736. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 39-51

S’il se plaint que nous avons renchéri sur notre premiere critique, qu’il se souvienne que le but de cet Ouvrage est de tendre à la perfection ; & s’il nous accusoit de contradiction à son sujet, qu’il apprenne que se corriger n’est pas se contredire, & qu’en fait de jugemens littéraires, comme en matiere de testamens, les derniers sont toujours les meilleurs.

737. (1888) La critique scientifique « Appendice — Plan d’une étude complète d’esthopsychologie »

Appendice — Plan d’une étude complète d’esthopsychologie Ayant exposé la méthode et le but de la critique scientifique avec le plus d’exemples et le plus de faits probants que nous avons pu, il reste à l’appliquer et à l’atteindre.

738. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Seconde Partie. De l’Éloquence. — Éloquence du barreau. » pp. 193-204

Les changemens qu’y apportèrent le Maître & Patru font quelques pas vers le but qu’on devoit se proposer ; mais on étoit encore, de leur temps, bien loin de la perfection.

739. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 2, de l’attrait des spectacles propres à exciter en nous une grande émotion. Des gladiateurs » pp. 12-24

trabit sua quemque voluptas. en cela les hommes ont le même but ; mais comme ils ne sont pas organisez de même, ils ne cherchent pas tous les mêmes plaisirs.

740. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Renan — III »

« Une vie retirée, libre, indépendante des volontés ou des caprices d’un autre, une vie d’études et de travail », voilà le but et le désir de cet enfant merveilleusement intelligent et totalement dépourvu.

741. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — VII »

Taine a très bien senti l’insuffisance, le verbalisme où aboutissent tant d’efforts, tant d’enthousiasmes dépensés et tant de sang versé ; mais si le but qu’on déclarait viser n’a pas été atteint, si, dans l’entreprise révolutionnaire, il y a des puérilités, de l’agitation et du vide, une grandeur pourtant y apparaît : certaines dépenses d’énergie, fussent-elles infécondes, contribuent à manifester les hommes ; elles accroissent sinon le bien-être, du moins la beauté et puis aussi la dignité de notre espèce.

742. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME GUIZOT (NEE PAULINE DE MEULAN) » pp. 214-248

Celle-ci, de plus, avait un peu pour idée, nous l’avons vu, que le temps seul ramène les hommes à la raison et à la vérité ; mais que la raison et la vérité n’ont presque jamais convaincu personne. » Elle disait encore que « la raison, par malheur, n’est faite que pour les gens raisonnables. » Le jeune homme, sorti de Nîmes et de Genève, ayant gardé des ferveurs du calvinisme une croyance de christianisme unitairien et une sorte d’enthousiasme rationnel, se sentait le devoir et le besoin d’aller à un but, d’y pousser les autres, de convaincre, de faire preuve au dehors de cette pensée avant tout influente et active. […] Avec des principes fixes et élevés, tout d’elle tendra désormais à un but pratique. […] Les lettres xii et xiii, d’une grande beauté philosophique, démontrent les principes de conscience et de raison sur lesquels elle fonde le devoir, et expliquent comment tout son soin est de faire apparaître et se dessiner par degrés la règle à la raison de l’enfant, pour qu’il y dirige librement de bonne heure, et dans les proportions de son existence, sa jeune volonté. — Faire régner de bonne heure autour de ces jeunes esprits une atmosphère morale, où ils se dirigent par le goût du bien, les faire gens de bien le plus tôt possible, c’est là son but, son effort, et, à moins de préjugés très-contraires, on lui accorde, en l’entendant, qu’elle a et qu’elle indique les vrais moyens de réussir.

743. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre III. Combinaison des deux éléments. »

 » Ceci nous montre l’esprit, le but et l’effet de la société politique. — À l’origine, selon Rousseau, elle fut un contrat inique qui, conclu entre le riche adroit et le faible dupé, « donna de nouvelles entraves au faible, de nouvelles forces au riche », et, sous le nom de propriété légitime, consacra l’usurpation du sol  Aujourd’hui elle est un contrat plus inique, « grâce auquel un enfant commande à un vieillard, un imbécile conduit des hommes sages, une poignée de gens regorge de superfluités, tandis que la multitude affamée manque du nécessaire ». Il est dans la nature de l’égalité de s’accroître ; c’est pourquoi l’autorité des uns a grandi en même temps que la dépendance des autres, tant qu’enfin, les deux conditions étant arrivées à l’extrême, la sujétion héréditaire et perpétuelle du peuple a semblé de droit divin comme le despotisme héréditaire et perpétuel du roi. — Voilà l’état présent, et, s’il change, c’est en pis. « Car423 toute l’occupation des rois ou de ceux qu’ils chargent de leurs fonctions se rapporte à deux seuls objets, étendre leur domination au dehors, et la rendre plus absolue au dedans. » Quand ils allèguent un autre but, c’est prétexte. « Les mots bien public, bonheur des sujets, gloire de la nation, si lourdement employés dans les édits publics, n’annoncent jamais que des ordres funestes, et le peuple gémit d’avance, quand ses maîtres lui parlent de leurs soins paternels. » — Mais, arrivé à ce terme fatal, « le contrat du gouvernement est dissous ; le despote n’est maître qu’aussi longtemps qu’il est le plus fort, et, sitôt qu’on peut l’expulser, il n’a point à réclamer contre la violence ». […] Pascal, Pensées (sur l’origine de la propriété et des rangs), Provinciales (sur l’homicide et le droit de tuer). — Nicole, Deuxième traité de la charité et de l’amour-propre (sur l’homme naturel et le but de la société).

744. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIe Entretien. Marie Stuart, (Reine d’Écosse). (Suite et fin.) »

Elle écrivit au cardinal de Lorraine dans le même but. […] La reine, attendrie, but à leur santé, les invitant à boire à son salut. […] On a voulu nier sa participation directe et personnelle au meurtre de son jeune époux ; rien, excepté des lettres suspectes, ne prouve en effet qu’elle ait accompli ou permis personnellement le forfait ; mais qu’elle ait attiré la victime dans le piége, qu’elle ait donné à Bothwell le droit et l’espérance de succéder au mort sur le trône et dans son cœur ; qu’elle ait été le but, le moyen et le prix avéré du crime ; enfin, qu’elle l’ait absous en unissant sa main à la main du meurtrier, aucun doute sur tout cela n’est possible.

745. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre III. Pascal »

Leur principe, excellent et fécond, était que toutes les connaissances où consiste la matière de l’instruction ne sont pas à elles-mêmes leur but, mais sont seulement des moyens d’élever, de fortifier l’intelligence. […] Non : c’était montrer la valeur de la question : car il est certain que la vie chrétienne est le but, et le dogme de la grâce un moyen. […] Pascal rend justice à la pureté de la vie des Pères, et ne leur prête nulle part le dessein exprès de favoriser la corruption : il dit que la Société poursuit un but politique, la domination des consciences pour le compte de Rome, et fait plier la morale de l’Évangile à sa politique, pour attirer les âmes par la religion aimable et le salut facile.

746. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre troisième »

Des situations inattendues, amenées par des moyens artificiels sans aucune ressemblance avec la vie, les situations pour but, l’intrigue pour moyen. […] Cet art parasite qui a les situations pour but, et l’intrigue pour moyen, gâte toutes les pièces où Corneille a suivi le système espagnol. […] Dans la tragédie de caractère l’action est si forte, l’événement marche d’un pas si rapide, que les personnages ne peuvent s’en arracher un moment, et qu’ils ressemblent à des coureurs emportés vers le but.

747. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 mai 1886. »

Ainsi s’explique la nécessité du Réalisme dans l’art : mais non point d’un réalisme transcrivant, sans autre but, les apparences que nous croyons réelles : d’un réalisme artistique, arrachant ces apparences à la fausse réalité intéressée où nous les percevons, pour les transporter dans la réalité meilleure d’une vie désintéressée. […] Il prépara le terrain par des articles dans le Monthly Musical Record, par des traductions de plusieurs œuvres théoriques de Wagner, et il fit le premier grand pas en avant dans l’établissement d’une Société Wagnérienne (ne pas confondre cette société avec la Société Wagnérienne actuelle) qui avait pour but des représentations orchestrales des œuvres de Wagner. […] La Société de Dannreuther vécut deux ans ; elle accomplit son but, et nos nourrices cessèrent d’employer le nom de Wagner pour nous effrayer quand nous étions méchants.

748. (1908) Dix années de roman français. Revue des deux mondes pp. 159-190

Tandis qu’ils se livrent au démon intérieur qui fixe à leur activité un but, une pensée d’apostolat, de solidarité ou d’enseignement, d’autres, très nombreux, continuent à n’écrire que pour faire œuvre d’art, à ne conter que pour le plaisir de conter. […] Ce groupe initial pourra réunir les romanciers qui se sont tout uniment imposé pour but de peindre dans leurs œuvres la misère du peuple et l’infortune des prolétaires industriels ou agraires, d’interroger la vie des pauvres diables, et de tenter de l’adoucir, soit en montrant sous des couleurs désolées et terrifiantes les plaies dont ils souffrent, soit en proposant quelque remède pour les guérir. […] Obligé de souligner le mal, de le peindre, de s’en servir comme d’un élément, suivant son but quand même et conformant son œuvre au secret idéal qu’il porte en son imagination de poète, il a fait du grand art et, sans pose ni artifice, de l’art fier et réconfortant.

749. (1920) Action, n° 3, avril 1920, Extraits

Dans la marée humaine ceux qui ont cette puissance sont en haut, ceux qui ne la possèdent pas mais qui ont néanmoins le même désir de la posséder pour les mêmes buts sont en bas. […] Ce fut en même temps la santé, l’équilibre de l’homme domptant les chevaux emballés, et qui les dirige tantôt à gauche, tantôt à droite, et révèle néanmoins dans chaque mouvement la grâce d’une statue et une précision consciente du but. […] Peut-être la recherche d’une phrase concise et mathématique est-elle le but de l’écrivain.

750. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Victor Hugo. Les Contemplations. — La Légende des siècles. »

X « J’ai eu pour but, — nous dit M. Hugo dans une préface où il nous explique didactiquement ses intentions, au lieu de les faire reluire dans les lignes pures d’une composition, explicite et parfaite, — j’ai eu pour but de peindre l’humanité sous tous ses aspects », et de fait, cela n’est pas irréprochablement exact…. […] Hugo avec austérité : pour cela il ne faut point porter soi-même sur ses facultés les troubles d’une époque moins forte qu’elles, car, en tant que ces facultés ont voulu demeurer poétiques, cette époque ne les a ni distraites de leur but, ni étouffées, quand elle pouvait, comme dans tant d’autres, les distraire et les étouffer.

751. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre I. Du comique en général »

Le rire ne relève donc pas de l’esthétique pure, puisqu’il poursuit (inconsciemment, et même immoralement dans beaucoup de cas particuliers) un but utile de perfectionnement général. […] Sans doute c’est un art qui exagère et pourtant on le définit très mal quand on lui assigne pour but une exagération, car il y a des caricatures plus ressemblantes que des portraits, des caricatures où l’exagération est à peine sensible, et inversement on peut exagérer à outrance sans obtenir un véritable effet de caricature. Pour que l’exagération soit comique, il faut qu’elle n’apparaisse pas comme le but, mais comme un simple moyen dont le dessinateur se sert pour rendre manifestes à nos yeux les contorsions qu’il voit se préparer dans la nature.

752. (1836) Portraits littéraires. Tome I pp. 1-388

Absente, elle veut encore servir de guide et de mentor à son enfant ; et, pour atteindre ce but honorable, elle ne regrette ni son temps ni son éloquence. […] S’il a été nouveau, c’était à son insu ; il se livrait à l’élan spontané de sa pensée, et ne prévoyait pas lui-même le but où il marchait. […] L’esprit irrésolu, sans quitter la voie où il est entré, marche paresseusement et sans trop s’inquiéter si le but se rapproche. […] Pour les hommes il n’y a qu’un but avoué, la richesse. […] Ceci est un ressort hardi, mais indispensable selon moi : Raymond, une fois débarrassé de ce premier obstacle, doit marcher pins sûrement à son but.

753. (1863) Causeries parisiennes. Première série pp. -419

Personne ne se déclare satisfait ; et pourtant, si le but des expositions est d’encourager la production des œuvres d’art, on devrait être bien content. […] Mais, après avoir lu, on se demande quel but l’auteur s’est proposé. […] Le but de l’ouvrage était de montrer, dit la préface, « comment le journalisme renverse la société en détruisant toutes ses religions ». […] Si l’homme, ainsi qu’il le dit fort bien, n’est pas le centre et le but de l’univers, comme on l’a trop longtemps cru, il reste toujours le centre et le but légitime des études humaines. […] Cette mission, entreprise, à ce qu’on assure, dans un but tout commercial, ne semble pas avoir jeté les fondements d’une grande intimité future.

754. (1901) Figures et caractères

Nulle ne fut menée à un même but par des chemins plus secrets, plus inattendus. […] Il but au Meschacebé et au Jourdain. […] Il y joint de l’ambitieux qui recule son but à mesure qu’il en approche. […] Son action visa un but précis et noble, mais limité. […] En effet, qui dit école dit communauté de but et de moyens.

755. (1925) Promenades philosophiques. Troisième série

La nature, qui ne fait rien en vain, n’a point ordonné sans but ce simulacre végétal. […] Le but du Collège était, en effet, dit M.  […] Sans doute, en tous les cas, le but est le même, mais les sentiers font des détours différents. […] Se donner un but : quelle fanfaronnade ! Le but que l’on se donnait, c’est celui que l’on a atteint.

756. (1772) Discours sur le progrès des lettres en France pp. 2-190

Abstraction faite des sujets qu’ils choisissoient, & qui doivent être l’objet, plutôt de nos méditations & de notre respect, que de notre amusement, ils saisissoient le vrai but de la Tragédie, qui est de toucher, d’émouvoir & d’intéresser. […] dont le but est d’attaquer des vérités consacrées à jamais, & d’ôter à l’humanité ses sentimens, à l’ame ses vertus, son espérance & ses consolations, à l’esprit son calme & sa gaïeté, aux mœurs leur pureté, leur candeur & leur frein ! […] Si cette manière de peindre les passions n’a rien de révoltant, elle n’a rien non plus qui serve à nous en corriger ; & ce n’étoit pas sans doute le but de de l’Auteur de Mélanide. Cette pièce, une des meilleures productions de la Chaussée, doit servir de modèle à tous ceux, qui, comme lui, ne peuvent pas atteindre au véritable but de la Comédie. […] Romans, dont souvent le seul but est de fronder les usages reçus, d’établir des opinions nouvelles, & de faire l’Apologie des écarts & des erreurs dans lesquels les passions jettent une jeunesse indocile & fougueuse, en lui faisant contracter des alliances également condamnées par la raison, par l’honneur & par les loix.

757. (1883) Essais sur la littérature anglaise pp. 1-364

Ils n’abolirent pas ces instincts de combat que nous avons signalés, mais ils leur donnèrent un but ; ils régularisèrent l’esprit d’anarchie et tracèrent des limites à l’indépendance personnelle. […] La civilisation les a transformées et les a appliquées à des objets dignes d’être conquis, à un but digne d’être poursuivi. […] C’est là le grand vice de tous les esprits solitaires ; les outils leur manquent, et sinon le but élevé et lointain, au moins le but direct et quotidien. […] Poètes, critiques, romanciers, historiens littéraires marchent tous au même but. […] Et si encore vous étiez sûr d’atteindre ce but secondaire !

758. (1730) Discours sur la tragédie pp. 1-458

Si son but n’eût été que de s’amuser, il ne produiroit pas l’ouvrage au grand jour ; et il n’iroit pas subir l’examen de mille gens qui ne pensoient point à lui. […] Quelque esprit, quelque talent qu’ils déployent, on ne sçauroit les convaincre de vanité, puisqu’ils peuvent en cela ne songer qu’à remplir leur devoir et non pas à devenir célébres : mais ceux, qui, si j’ose m’exprimer ainsi, sont comme hors d’oeuvre dans la république, et qui n’ont d’autre affaire que de présenter au loisir des autres des ouvrages d’imagination, ceux-là n’ont assurement d’autre but que les applaudissemens et les louanges, et c’est ce but, dès qu’il n’est pas subordonné au devoir, que j’appelle la vanité. […] Leur but est de briller, aux dépens d’un ouvrage qui vient d’avoir quelqu’éclat ; et de se donner tout à la fois un air de supériorité sur l’auteur qu’ils censurent, et sur le public qui s’en est laissé séduire. […] C’est de là qu’il part ; et il imagine ensuite ce qui doit être dit ou fait pour parvenir à son but. […] Il prit une nouvelle route dans Andromaque : il mit ses acteurs dans des situations plus vives ; et par la chaleur des passions il atteignit le vrai but de la tragédie, il arracha des larmes.

759. (1899) La parade littéraire (articles de La Plume, 1898-1899) pp. 300-117

Ceux-ci ne négligent jamais de se complimenter, de se féliciter, ou de se louanger, dans le but de s’attirer les mêmes compliments, les mêmes félicitations, les mêmes louanges dont ils accablent les autres avec une si large prodigalité. […] Leur autonomie est complète, seuls des buts moraux et une communauté de tendances les dirigent. […] « L’art moderne, nous dit-il, rompt d’une manière décisive avec l’idéalisme, c’est-à-dire que, respectueux de ce qu’il voit et de ce qu’il sent, il ne se reconnaît pas le droit de trahir les formes dans le but de leur faire exprimer un autre sens que celui qu’elles possèdent réellement. […] Et quel était son but en écrivant le Napoléon ? On le devine facilement ; son but véritable, son but immédiat était de ternir la mémoire napoléonienne, d’abaisser cette ancienne gloire, dont le troisième Empire tirait sa force et tout son éclat.

760. (1925) Dissociations

On croirait d’abord qu’il n’y a là qu’un cas de folie contagieuse, qui ne se connaît aucun but. […] Le miracle étant absurde semble tout indiqué comme preuve de l’absurde, mais souvent il dépasse le but. […] Avec cela des idées guerrières, mais sans but déterminé. […] Je ne sais plus si van Gennep s’en est occupé dans ses Rites de passage, qui concernent surtout la vie humaine et en marquent les étapes, mais l’inauguration est évidemment un acte rituel et qui, dans l’origine, eut pour but de conjurer les puissances naturelles et de leur imposer le respect d’une nouveauté. […] Ce m’est d’ailleurs une bien singulière fatalité : moi qui ne sors jamais sans but, j’ai trouvé cet homme, qui n’en a d’autres que la locomotion, dans un tas d’endroits où un motif raisonnable me poussait, souvent même la nécessité.

761. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — III. (Fin.) » pp. 371-393

Il connaissait de plus le caractère et la manière de sentir du premier consul, que des attaques et des chicanes de ce genre allaient à l’instant porter au-delà du premier but. […] Ce directeur imprévu de l’enseignement, qui s’était formé lui-même, qui n’avait point hérité des anciennes traditions classiques, et qui n’était pas non plus du groupe polytechnicien proprement dit, mais homme d’esprit, rempli d’observations et d’idées fines, un peu particulières, se mit aussitôt en devoir de les appliquer : J’avais depuis longtemps remarqué, dit-il, les caractères qui distinguent l’esprit des géomètres et des physiciens, de celui des hommes appliqués aux affaires, et de celui des personnes vouées aux arts d’imagination ; dans les premiers (je ne parle que généralement), exactitude et sécheresse ; dans les seconds, souplesse allant quelquefois jusqu’à la subtilité, finesse allant quelquefois jusqu’à l’artifice ; dans les troisièmes, élégance, verve, exaltation portée jusqu’à un certain dérèglement… Ce que je projetais d’après ces observations, ajoute-t-il, était : 1º de faire marcher de front, dès les plus basses classes des collèges, les trois genres de connaissances, littéraires, physiques et mathématiques, morales et politiques, en mesurant à l’intelligence des enfants dans chaque classe les notions de chaque science ; 2º de faire enseigner dans chaque classe, même les plus basses, les trois sciences par trois professeurs différents, dont chacun serait spécialement consacré à l’une des trois… Le but était défaire cesser le divorce entre les diverses facultés de l’esprit, de les rétablir dans leur alliance et leur équilibre, et d’arriver à une moyenne habituelle plutôt que de favoriser telle ou telle vocation dominante.

762. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Étienne de La Boétie. L’ami de Montaigne. » pp. 140-161

En 89, et plus récemment, en des années rapprochées de nous, on a remis en lumière ce traité toujours dans le même but, et pour en faire un brûlot et un brandon. […] Tout son soin, dans l’amitié, est de n’en point flétrir en lui l’image par des vices ; mais c’est moins de lui-même à cet égard qu’il s’inquiète que de son ami ; car, lui, il se considère comme moins propre aux grandes perfections, et moins sujet par là même aux grandes maladies morales : « Pour toi, au contraire, dit-il à Montaigne, il y a plus à combattre, toi, notre ami, que nous savons propre également aux vices et aux vertus d’éclat. » Toute la pièce d’où ceci est tiré a pour but de montrer les inconvénients du libertinage et du plaisir.

763. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — II. (Fin.) » pp. 257-278

Mais ce qui m’a soutenu, c’est la persuasion que notre Révolution ayant un grand but et un grand mobile, on doit s’estimer heureux toutes les fois qu’on se trouve pour quelque chose dans ce grand mouvement, surtout quand c’est de cette manière-là, où il ne s’agit ni de juger les humains, ni de les tuer. […] Je les regarde au contraire comme des postillons qui ont fait leur poste ; mais ils ne sont que des postillons de province, il en faudra d’autres pour nous faire arriver au but du voyage, qui est de nous faire entrer dans la Capitale de la Vérité. » (Mars 1801.)

764. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire de la querelle des anciens et des modernes par M. Hippolyte Rigault — II » pp. 150-171

Mœurs, caractères, il traite tout cela avec le même esprit de simplification. « Le mot de mœurs, appliqué singulièrement aux personnages du poème, n’est autre chose que les penchants habituels et les sentiments qui constituent le caractère du personnage. » Le but moral comme l’entend Mme Dacier, le but d’instruction expresse, le dessein prémédité de former les mœurs, il ne le voit pas, — pas plus dans Homère que dans Racine : Racine, dit-il, n’a pas blessé la morale dans ses tragédies ; je vois bien des gens qui les envisagent comme des poèmes favorables aux mœurs, mais ils ne font pas pour cela honneur à Racine de ne s’être proposé aucune autre fin que l’instruction.

765. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

Je t’avoue que le cœur m’a battu en voyant le terme et le but de mon voyage, les plus hautes montagnes du grand Atlas se développant devant le spectateur. […] « Pour en revenir au but de mon voyage, disait Horace Vernet en terminant sa lettre, j’ai dessiné d’une part et recueilli de l’autre tout ce dont j’aurai besoin pour mon grand tableau.

766. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Josèphe de Saxe, dauphine de France. »

Mais, même en tenant compte de la fantaisie qui évidemment y a eu très grande part et qui s’y donne toute carrière, le comte Vitzthum croit avoir trouvé le sens et le but de l’ouvrage : selon lui, lorsqu’il le composa, Maurice, qui avait l’œil sur le Nord et qui était dans le secret de certains projets menaçants, songeait surtout à une guerre éventuelle en Pologne et à la manière de l’y conduire : Mes Rêveries seraient donc moins un traité théorique qu’un mémoire ad hoc pour un but spécial déterminé, un ensemble de notes et d’instructions adressées au roi Auguste, son père, et qui reviendraient à cette conclusion : « Si vous voulez faire la conquête de la Pologne, voici comment il faut organiser votre armée : donnez-moi carte blanche et quarante-cinq mille hommes, en deux campagnes, sans livrer une seule bataille, je vous rendrai maître de la république ; cela ne vous coûtera pas un sou. » — Ce point de vue ingénieux et nouveau, qui donnerait une clef à une production un peu bizarre, me paraît exagéré et ne saurait guère s’appliquer qu’à deux ou trois chapitres du livre : l’exemple de la Pologne et les plans de guerre qui s’y rapportent ne viennent à l’auteur que chemin faisant.

767. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Le comte de Ségur »

Mais comment avertir à temps et avec convenance une fantaisie impérieuse qui d’ordinaire marchait assez droit à son but ? […] En louant les qualités saines de jugement, de composition et de diction qui ne cessent de recommander ce long et utile travail, nous n’essayerons pas de le discuter par comparaison avec tant d’autres plus modernes qui ont eu pour but et même pour prétention de renouveler presque tous les aspects d’un si vaste champ.

768. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXIe Entretien. Chateaubriand »

Nous n’avons plus affaire à ce jeune et sincère désabusé qui a écrit l’Essai en toute rêverie et en toute indépendance, y disant des vérités à tout le monde et à lui-même, et ne se tenant inféodé à aucune cause : ici il se pose, il a un but, et le rôle est commencé. […] « Je dirai encore, écrivait M. de Chateaubriand dans sa Préface d’Atala, je dirai que mon but n’a pas été d’arracher beaucoup de larmes ; il me semble que c’est une dangereuse erreur avancée, comme tant d’autres, par M. de Voltaire, que les bons ouvrages sont ceux qui font le plus pleurer.

769. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre II. Boileau Despréaux »

Cependant, si l’on ne s’arrête pas aux détails, on voit que son but reste en somme l’équivalence de l’image à l’objet, la vraisemblance (au sens étymologique), l’illusion. […] De cette conception du but de l’art, résultent certaines particularités du langage de Boileau ; au vrai, au simple, au naturel, qu’il réclame, s’ajoutent des expressions faites d’abord pour inquiéter : le pompeux, le noble, le fin, l’agrément, l’ornement.

770. (1911) La valeur de la science « Troisième partie : La valeur objective de la science — Chapitre X. La Science est-elle artificielle ? »

On ne peut même pas dire que l’action soit le but de la science ; devons-nous condamner les études faites sur l’étoile Sirius, sous prétexte que nous n’exercerons probablement jamais aucune action sur cet astre ? À mes yeux au contraire, c’est la connaissance qui est le but, et l’action qui est le moyen.

771. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XII. La littérature et la religion » pp. 294-312

Les œuvres les plus légères sont sanctifiées par le but qu’on leur donne. […] Le sérieux de l’auteur ne se dément pas et à travers tous les incidents scabreux il ne perd point de vue son but, qui est d’amener des fidèles à la benoîte Vierge Marie.

772. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « V »

J’honore en Beethoven celui qui a éveillé en moi la passion pour l’art et pour ses plus sublimes buts ; dès lors il a été mon étude et comme je me sens la force de parler dignement sur ce sujet enthousiasmant, j’ai pris la résolution intime d’écrire l’histoire de sa vie. […] « Mon seul désir, en toute cette affaire, est d’obtenir la satisfaction à laquelle j’ai droit : celle d’entendre proclamer que je suis seul à supporter le poids de la responsabilité que j’ai assumée en montant Lohengrin, dans le but unique de servir la cause de l’art dans mon pays.

773. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mirabeau et Sophie. — II. (Lettres écrites du donjon de Vincennes.) » pp. 29-50

Pour être juste, n’oublions jamais le point de départ et le but : le point de départ, c’est-à-dire le style abrupt, accidenté, escarpé, de ses ancêtres, d’où il lui fallait descendre à tout prix pour conquérir à lui les masses et déployer ses larges sympathies ; le but, c’est-à-dire l’orateur définitif qui sortit de là et qui domina puissamment son époque dans la plus grande tourmente sociale qui fut jamais.

774. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame Necker. » pp. 240-263

Quoique la malignité mondaine ait pu trouver à redire à cette solennité d’un époux louant sa compagne, ici, je l’avoue, le sourire expire en présence de l’élévation du but et de la grandeur du bienfait. […] Mais ces défauts se rachètent ici plus aisément qu’ailleurs : le sujet l’inspire ; c’est élevé, c’est ingénieux ; et quand elle en vient à la considération du mariage dans la vieillesse, à ce dernier but de consolation et quelquefois encore de bonheur dans cet âge déshérité, elle a de belles et fortes paroles : « Le bonheur ou le malheur de la vieillesse n’est souvent que l’extrait de notre vie passée. » Et montrant, d’après son expérience de cœur et son idéal, le dernier bonheur de deux époux Qui s’aiment jusqu’au bout malgré l’effort des ans, elle nous trace l’image et nous livre le secret de sa propre destinée ; il faut lire toute cette page vraiment charmante : Deux époux attachés l’un à l’autre marquent les époques de leur longue vie par des gages de vertus et d’affections mutuelles ; ils se fortifient du temps passé, et s’en font un rempart contre les attaques du temps présent.

775. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Rollin. » pp. 261-282

Il les avait fait instruire par les plus habiles maîtres en tout genre, n’épargnant pour cela aucune dépense, quoiqu’il n’eût qu’un bien très médiocre… L’union intime de notre Scipion avec Polybe acheva de perfectionner en lui les rares qualités qu’un heureux naturel et une excellente éducation y faisaient déjà admirer… Cette allusion, sur laquelle insistait Rollin, avait pour but de déterminer le duc d’Aremberg à augmenter les appointements d’un très bon précepteur, M.  […] Les générations d’aujourd’hui sont positives, sans rêverie, sans tristesse ; radicalement guéries du mal de René, elles ont en elles l’empressement d’arriver, de saisir le monde, de s’y faire une place, et d’y vivre de la vie qui leur semble due à chacun à son tour : générations scientifiques ou industrielles, peu idéales, avides d’application, estimables pourtant en ce que la plupart font entrer le travail dans leurs moyens et ne reculent point devant les études spéciales qui mènent au but.

776. (1899) Esthétique de la langue française « Le cliché  »

Hors de l’art, c’est-à-dire dans les œuvres qui n’ont plus pour but la transposition de la vie en écritures, en formes, en sonorités ; dans les œuvres abstraites ou dans celles où l’auteur doit s’astreindre à l’exactitude historique221, le style se passe de cette nouveauté sans laquelle un poème, par exemple, est inexcusable : un poème, un roman ou toute fiction, car en littérature il n’y a que des poèmes. […] Le but a gâté l’œuvre, mais elle garde des parties excellentes (février 1899).

777. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre I. Shakespeare — Son génie »

. — Dépasser le but. — Avoir trop d’esprit. — N’avoir pas d’esprit. — Faire « trop grand ». — « Faire grand ». […] Le poëte ne se limite que par son but ; il ne considère que la pensée à accomplir ; il ne reconnaît pas d’autre souveraineté et pas d’autre nécessité que l’idée ; car, l’art émanant de l’absolu, dans l’art comme dans l’absolu, la fin justifie les moyens.

778. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Plan, d’une université, pour, le gouvernement de Russie » pp. 433-452

Rollin, le célèbre Rollin, n’a d’autre but que de faire des prêtres ou des moines, des poètes ou des orateurs ; c’est bien là ce dont il s’agit ! […] Le but en sera le même dans tous les siècles : faire des hommes vertueux et éclairés.

779. (1759) Réflexions sur l’élocution oratoire, et sur le style en général

En effet, combien de traits vraiment éloquents qui n’ont pour but que d’émouvoir, et nullement de convaincre ? […] Il arrive souvent d’être aussi obscur en fuyant la brièveté qu’en la cherchant ; on perd sa route en voulant prendre la plus longue ; la vraie manière d’arriver à un but, c’est d’y aller par le plus court chemin, pourvu qu’on y aille en marchant, et non pas en sautant d’un lieu à un autre.

780. (1868) Curiosités esthétiques « VII. Quelques caricaturistes français » pp. 389-419

Dans le fond, se profilent tristement deux ou trois petits corbillards attelés de haridelles comiques, et, au milieu de ce forum de la désolation, un pauvre chien désorienté, sans but et sans pensée, maigre jusqu’aux os, flaire le pavé desséché, la queue serrée entre les jambes. […] Comme lui, il va droit au but.

781. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Première partie — Chapitre II. Réalité des idées égalitaires »

— Soit, mais n’oublions pas notre but : nous ne cherchons nullement ici à connaître, dans ce qui caractérise et distingue, chacun d’eux, les différents systèmes élaborés par les théoriciens mais bien à discerner le sens général des idées qui ont « réussi », c’est-à-dire s’imposent aux sociétés modernes, et pénètrent leur organisation. […] Le régime démocratique du concours, proclamant l’égalité des droits des concurrents, a justement pour but de mesurer les différences de leurs facultés.

782. (1874) Premiers lundis. Tome I « Victor Hugo : Odes et ballades — I »

Lorsqu’il est las de chanter aux hommes, c’est au sein de Dieu qu’il va se reposer des fatigues et des dégoûts du message : Je vous rapporte, ô Dieu, le rameau d’espérance ; Voici le divin glaive et la céleste lance : J’ai mal atteint le but où j’étais envoyé.

783. (1874) Premiers lundis. Tome I « A. de Lamartine : Harmonies poétiques et religieuses — I »

Cette pièce, pourtant, n’est pas toujours onction et douceur ; elle devient parfois une extase, un délire, la voix du poète s’élève, éclate, et il s’écrie avec la trompette des anges, avec la lèvre ardente des prophètes : Mon âme a l’œil de l’aigle, et mes fortes pensées Au but de leurs désirs volant comme des traits, Chaque fois que mon sein respire, plus pressées Que les colombes des forêts, Montent, montent toujours, par d’autres remplacées, Et ne redescendent jamais !

784. (1874) Premiers lundis. Tome II « Adam Mickiewicz. Le Livre des pèlerins polonais. »

Son but, dans ce petit livre, est de prémunir ses compatriotes contre la dispersion des pensées, contre la perte des coutumes, l’attiédissement de la foi et du dévouement en terre étrangère.

785. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XVIII. Pourquoi la nation française était-elle la nation de l’Europe qui avait le plus de grâce, de goût et de gaieté » pp. 366-378

Il n’y avait pas sans doute beaucoup de philosophie dans la conduite de la plupart des hommes éclairés ; ils avaient souvent eux-mêmes les faiblesses qu’ils condamnaient dans leurs ouvrages : néanmoins ce qui relevait les écrits et les conversations, c’était une sorte d’hommage à la philosophie, qui avait pour but de montrer que l’on connaissait de la raison tout ce que l’esprit eu peut savoir, et qu’au besoin on pourrait se moquer de son ambition, de son orgueil, de son rang même, quoique l’on fût bien résolu à n’y point renoncer.

786. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section III. Des ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre IV. De la bienfaisance. »

La multitude de peines que savent causer les hommes les plus médiocres en tous genres, conduit à penser qu’un être généreux, quelle que fut sa position, se créerait, en se consacrant uniquement à la bonté, un intérêt, un but, un gouvernement, pour ainsi dire, malgré les bornes de sa destinée.

787. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XVII. Conclusion » pp. 339-351

Ils lui apprirent surtout à donner un relief vigoureux aux idées comiques ; ces incidents variés à l’infini, ces situations singulières, ces jeux de théâtre, ces pantomimes expressives, jusqu’à ces lazzi que les Italiens multipliaient et prodiguaient souvent sans autre but que l’action elle-même, Molière les employa avec réflexion.

788. (1911) La valeur de la science « Deuxième partie : Les sciences physiques — Chapitre IX. L’avenir de la Physique mathématique. »

Alors les faits qui d’abord nous apparaissaient comme simples ne seraient plus que les résultantes d’un très grand nombre de faits élémentaires que les lois seules du hasard feraient concourir à un même but.

789. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Le lyrisme français au lendemain de la guerre de 1870 » pp. 1-13

Même quand vous en semblerez le plus éloignés, vous ne perdrez jamais de vue le grand but : venger la France par la fraternité des peuples, défaire les empires, faire l’Europe.

790. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre V : Rapports du physique et du moral. »

Bain a publié un livre : On the study of character including an estimate of phrenology, 1861, dans le but de raviver les études analytiques sur le caractère humain, a qui semblent avoir suivi le déclin de la phrénologie. » Après avoir passé en revue les très rares travaux consacrés à la science du caractère avant Gall (Théophraste, la Bruyère, Fourier), et après avoir consacré une moitié de l’ouvrage à la critique détaillée et impartiale des classifications phrénologiques, M. 

791. (1897) Manifeste naturiste (Le Figaro) pp. 4-5

Rousseau conta les amours de Julie, dans le but unique de tromper son cœur et d’utiliser les flammes de sa passion, la plupart des auteurs ne composent des odes et des tragédies que par une sorte de subterfuge à l’aide duquel ils oublient leur fortune, les voluptés que leur refusent d’exquises amantes et les guerrières expéditions à quoi semblaient les destiner leurs mérites et leurs sentiments.

792. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre I. Les travaux contemporains »

Enfin, puisque nous parlons ici de l’alliance de la physiologie et de la psychologie, signalons une Société scientifique établie depuis une vingtaine d’années, et qui a précisément pour but d’accomplir et de consolider cette alliance : je veux parler de la Société médico-psychologique.

793. (1879) Balzac, sa méthode de travail

Balzac plaidant pour son propre compte dans le mémoire ayant trait au Lys dans la vallée, Balzac prétendant soustraire la tête de Peytel au bourreau, est un avocat de talent sans doute ; mais il fatigue et n’atteint pas le but qu’il se propose.

794. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Mon mot sur l’architecture » pp. 70-76

On réplique qu’il n’est pas étonnant que l’homme consente à perdre de sa grandeur apparente, en acceptant des proportions rigoureuses, parce qu’il n’ignore pas que c’est de cette exactitude rigoureuse dans la proportion de ses membres, qu’il obtiendra l’avantage de satisfaire le plus parfaitement qu’il est possible, aux différentes fonctions de la vie, que c’est d’elle que dépendront la force, la dignité, la grâce, en un mot la beauté dont l’utilité est toujours la base ; mais qu’il n’en est pas ainsi d’un édifice qui n’a qu’un seul objet, qu’un seul but.

795. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 21, du choix des sujets des comedies, où il en faut mettre la scene, des comedies romaines » pp. 157-170

La comedie n’a pas besoin d’élever ses personnages favoris sur des piédestaux, puisque son but principal n’est point de les faire admirer pour les faire plaindre plus facilement : elle veut tout au plus nous donner quelqu’inquiétude pour eux par les contretems fâcheux qui leur arrivent, et qui doivent être plûtôt des traverses que de veritables infortunes, afin que nous soïons plus satisfaits de les voir heureux à la fin de la piece.

796. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 23, que la voïe de discussion n’est pas aussi bonne pour connoître le mérite des poëmes et des tableaux, que celle du sentiment » pp. 341-353

En un mot, comme le premier but de la poësie est de plaire, on voit bien que ses principes deviennent plus souvent arbitraires que les principes des autres arts, à cause de la diversité du goût de ceux pour qui les poëtes composent.

/ 1848