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897. (1893) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Première série

Œuvres ou actions, tout ce que vous faites, dit l’Évangile, doit être fait pour la gloire de Dieu, en d’autres termes, sanctifié par une vue désintéressée et idéale. […] Qu’il continue à vivre, le pauvre vieux papisme, tant qu’il sera capable de fortifier ou de consoler une âme, d’inspirer une vie pieuse ou une bonne action !  […] C’est généralement toute celle dont le beau n’est pas l’objet principal et qui est action plutôt qu’art. […] Celui qui se prend complètement au sérieux comme professeur de la bonne doctrine, qui a en lui et dans sa mission une foi naïve et forte, ne veut être qu’homme d’action et ne se soucie aucunement de faire œuvre d’artiste. […] Trente ans plus tôt, sous Louis XIII et Richelieu, il risquait fort de n’être pas apprécié dans une cour si maussade, et le cardinal-poète ne lui eût pas laissé sa liberté d’action.

898. (1889) Derniers essais de critique et d’histoire

La personne a disparu, le mannequin reste ; un code minutieux et complet est le ressort qui désormais tire les cent mille fils de ses actions. […] puissent les dieux accorder — à ton action et à ta bonté la récompense qu’elles méritent ! […] Libri contre tes juges et contre l’opinion ; c’était l’action d’un chevalier qui, à lui seul, combat une armée. […] Pareillement, avant d’apprécier une action ou un écrit, M. de Loménie se croyait astreint à de longues recherches collatérales. […] Deux forces principales déterminent les pensées et les actions des hommes : l’une qui est la nature, l’autre qui est la culture.

899. (1898) Impressions de théâtre. Dixième série

Oui, c’est une thèse, mais était-ce une thèse qui pût être développée sous la forme d’une action dramatique ? […] Entrons maintenant dans l’action. […] Il est seulement fâcheux, si l’on considère l’action, que nous ne soyons pas plus avancés qu’à la fin du premier acte. […] Une idée morale, toute simple, y est développée en une action ingénieuse. […] L’action n’est que de vaudeville, mais les personnages sont de comédie.

900. (1890) Nouvelles questions de critique

et interrogatifs, trop d’adjurations et de supplications, trop de « mouvements » enfin, et, d’un seul mot, trop d’action ! […] C’est que, justement, pour être lui-même et renouveler en chacun de nous l’émotion de son ancien auditoire, le véritable orateur, Démosthène ou Bossuet, n’a pas besoin de tout cet appareil, ni du secours extérieur de l’action ou du geste. […] Les choses, pour lui, n’ont rien de commun avec l’action qu’elles exercent sur la sensibilité de l’homme. […] Renan dont il semble que l’ancienneté nous permette aujourd’hui de reconnaître le sens et de mesurer l’action. […] L’action ne suit pas plus promptement la pensée.

901. (1896) Les idées en marche pp. 1-385

L’action morale, qui se moque de la cause, de la fin, de l’espace et du temps, prime l’action intellectuelle, plus variable et transitoire, moins foncière et que la connaissance limite. […] Leur action fut lente, souterraine et durable. […] Enfin la cigale d’or, pieux emblème, exerce son action magique. […] Les grandes, les terribles, les sanglantes actions ne périssent point. […] Il est aussi une très bonne action.

902. (1881) Le roman expérimental

Ce n’est là que de l’excitation sensuelle aux belles actions. […] Il y a pour cela des types tout faits qu’on introduit dans une action sans aucune peine. […] Victorien Sardou en soigne moins l’ébénisterie ; mais, s’il a élargi le cadre et fait de l’escamotage en plus grand, il n’en reste pas moins le représentant de l’action au théâtre, de l’action affolée, dominant tout, écrasant tout. […] Quant aux actes, ils sont de l’analyse en action, la plus saisissante qu’on puisse faire. […] Pas de tempérament, pas d’action.

903. (1929) Les livres du Temps. Deuxième série pp. 2-509

L’action, extrêmement dispersée, ne se soumet point aux conditions du théâtre. […] Faguet estime que sa fidélité à Fouquet est sa seule bonne action : c’est du moins une bonne action qui ne s’est jamais démentie et qu’il a payée cher, sans faiblir. […] Point d’action, point de récit : rien que de l’analyse. […] Avant tout, elle a le goût de l’action. […] Ils oublient que si la pensée est aussi une action, l’action ne peut se passer d’une direction et d’une parure intellectuelle.

904. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Baudouin » p. 233

Lorsque l’orateur eût écarté le voile qui couvrait sa tête, on aurait vu ses belles épaules, ses beaux bras, sa belle gorge, et par son attitude je l’aurais fait concourir à l’action de l’orateur au moment où il disait aux juges : Vous qui êtes assis comme les vengeurs des dieux offensés, voyez cette femme qu’ils se sont complu à former, et, si vous l’osez, détruisez leur plus bel ouvrage.

905. (1906) La rêverie esthétique. Essai sur la psychologie du poète

Les scènes de pure poésie, qui nous charment le plus à la lecture, risquent à la représentation de paraître languissantes : elles suspendent l’action. […] Mais agissant à ce point sur la sensibilité, comment n’exercerait-elle pas indirectement une action sur l’imagination ? […] Un poète qui réussirait à s’interdire toute émotion n’aurait fait que renoncer à son moyen d’action le plus efficace. […] Il est encore une occasion où la méthode d’inspiration s’impose : c’est dans le développement de l’action dramatique. […] Telle est donc la situation paradoxale faite au poète ; dans le développement de l’action dramatique, il faut qu’il se conforme à des lois qu’il ignore.

906. (1930) Physiologie de la critique pp. 7-243

Pour que la deuxième racine soit coupée, il suffît d’une activité sociale déversée tout entière vers le futur, vers l’action immédiate, et d’un art jeté à l’impression momentanée. […] Écrire, publier, ce sont des formes de l’action, et, bien que l’action suppose la mémoire, il n’y aurait pas d’action possible si toute la mémoire de notre passé se conservait en nous ; il n’y aurait pas de livre possible si on y voulait impliquer toute la mémoire réelle qui cristallise autour d’une œuvre passée. […] Bien que la mémoire du passé doive toujours éclairer l’action présente, néanmoins le sens du présent qui fait l’homme d’action et le sens du passé qui fait l’historien jouent sur deux registres qui ne se mêlent presque pas ; la nature ne les pousse un peu loin qu’en les spécialisant en des individualités distinctes. […] Parce qu’il est dans un moment et dans un état d’action, et que l’action c’est la décision ; agir c’est être certain, ou bien faire comme si on était certain. Du point de vue de l’orateur public, Antoine et Crassus on en somme raison, parce que, si on parle en public, c’est pour enlever une décision, pour déterminer une action, ou pour l’empêcher par une contre-action de même nature que l’action.

907. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « La Esmeralda » (1836) »

Si par hasard quelqu’un se souvenait d’un roman en écoutant un opéra, l’auteur croit devoir prévenir le public que, pour faire entrer dans la perspective particulière d’une scène lyrique quelque chose du drame qui sert de base au livre intitulé Notre-Dame de Paris, il a fallu en modifier diversement tantôt l’action, tantôt les caractères.

908. (1892) Un Hollandais à Paris en 1891 pp. -305

Parce que l’action est achevée ? […] L’action peut-être n’existe pas dans le livre : mais au premier abord il y a de l’action entre le livre et moi. […] Le milieu extérieur n’exerce qu’une action indirecte. […] L’action y est resserrée en un seul moment et l’exposition même renferme la crise. […] « Il y a une action mutuelle entre le monde et l’artiste.

909. (1887) George Sand

Plus tard elle en retrouvait la trace et l’action naissante dans les souvenirs les plus lointains de sa vie. […] C’est à qui fera les plus belles actions et parlera le plus longtemps. […] Ce qu’il faut, au théâtre, c’est la science du relief, l’instinct de la perspective, l’habileté des combinaisons et surtout l’action, encore l’action et toujours l’action ; c’est la gaieté naturelle qui enlève le rire, ou le secret des émotions fortes et l’imprévu qui saisissent l’esprit. L’action vive et rapide n’était pas le fait de Mme Sand. […] Je n’insisterai pas, je veux seulement indiquer la note qui domine dans cette étrange action de grâces.

910. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Valéry, Paul (1871-1945) »

La poésie doit nous exprimer tout entiers : passions, douleurs et joies mêlées, aspirations, désirs, actions, confondus, dans les limites que lui marque le goût, faculté qui préside au choix, l’acte esthétique par excellence… M. 

911. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 75-77

Dans l’une & l’autre Piece, c’est un amour excessif qui forme l’action, c’est la jalousie qui en est le ressort, c’est une méprise qui enfante la catastrophe.

912. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 424-425

La Philosophie du Siecle y est mise en action & ridiculisée par une apologie ironique de ses principes les plus dangereux, fidélement puisés dans les écrits de ses Apôtres.

913. (1761) Salon de 1761 « Gravure —  Casanove  » pp. 163-164

Le feu, la poussière, et la fumée, éclairent d’un côté et couvrent de l’autre une multitude infinie d’actions qui remplissent un vaste champ de bataille.

914. (1895) Nouveaux essais sur la littérature contemporaine

Quelle peine ou quel prix pouvez-vous attendre pour des actions dont la plus indifférente n’aura pas dépendu de vous !  […] L’influence de Lamennais s’est surtout fait sentir comme qui dirait aux confins de l’action et de l’idée, dans cette région intermédiaire où l’abstrait et le concret se mêlent, dans ce domaine mal délimité où les idées, descendues des hauteurs, se transforment en moyens d’action. […] Mais, de plus, Lamennais a essayé de susciter cet homme « qui se placerait au milieu de l’action divine », — ou de suppléer à son absence par l’organisation du catholicisme en parti. […] L’action en change de nature. […] Fondée sur l’hostilité naturelle des races, elle est aussi nécessaire ou fatale « que l’est en tout ordre de choses la perpétuité d’action des forces qui y prennent part ».

915. (1926) La poésie pure. Éclaircissements pp. 9-166

Tout poème doit son caractère proprement poétique à la présence, au rayonnement, à l’action transformante et unifiante d’une réalité mystérieuse que nous appelons poésie pure. […] L’action que produisent sur nous certains vers, ainsi détachés de leur contexte, est également immédiate, soudaine et dominatrice. […] Pour lui la poésie est une action simultanée du silence et de la parole. […] Comme les mots, les couleurs ont leur magie propre, qu’il ne faut pas confondre avec l’action immédiate qu’elles produisent sur toute rétine bien constituée. […] Non, non, c’est André Chénier qui a raison : tout s’allie et se forme et tout va naître ensemble. sans quoi l’action poétique et l’action mystique n’auraient rien de commun, — ce qui serait contraire à la conclusion même de ce pénétrant philosophe.

916. (1856) Jonathan Swift, sa vie et ses œuvres pp. 5-62

Pour conclure, le commerce ne profiterait pas, comme il l’espère, de cet acte pour l’extirpation du christianisme, et six mois après le vote, la banque et les actions de la compagnie des Indes orientales baisseraient au moins d’un pour cent. […] Les mêmes déceptions l’attendaient dans ce nouveau camp, moins libre encore que le premier dans son action sur l’Église. […] Il n’est pas douteux que Swift l’aimait ; mais rompre avec Stella et épouser Miss Vanhomrigh, était au-dessus de ses forces ; il voyait aussi dans cette action la ruine de sa réputation, et une prise offerte aux sévères jugements du monde. […] « Les sages de tous les temps (5 juillet 1721) ont pensé que la meilleure méthode est de prendre les minutes comme elles volent, et de faire un plaisir de toute action innocente… Écrivez-moi gaîment, sans plaintes et sans prières ; autrement Cadenus le saura et vous punira. » Un an plus tard (13 juillet 1722), il écrivait : « Montez à cheval, faites-vous suivre de deux domestiques, et allez voir vos voisins, les plus petits de préférence ; il y a du plaisir à être respecté, et vous le pouvez toujours par votre esprit et votre fortune. […] Si l’homme ne vivait que pour lui-même, et s’il fallait juger toutes ses actions par le profit qu’il en tire, le passage de Swift en ce monde ne serait qu’une rigueur inutile de la destinée, et ce serait à bon droit qu’il demandait compte au ciel de cette existence, qui avait commencé dans les dégoûts, langui dans les déceptions, et qui devait finir dans les tortures.

917. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre quatrième. L’idée du temps, sa genèse et son action »

Chapitre quatrième L’idée du temps, sa genèse et son action I. […] Le prestidigitateur divin serait déjoué, malgré l’artifice de sa lanterne magique, tant qu’Adam immobile n’aurait pas encore agi et, par l’action, par l’effort, réalisé en soi le temps, au moins une première fois. […] IV Influence de l’idée du temps L’influence de l’idée du temps, comme idée directrice de nos actions et condition de changement en nous, est considérable. […] Les actions réciproques des phénomènes sont des déterminations mutuelles dans l’espace ; si on dit que la pierre qui tombe accélère son mouvement en fonction du temps, ce n’est réellement point le temps qui agit, ce sont des actions moléculaires qui s’exercent à travers l’espace, qui s’accumulent, qui sont autres aux divers instants du temps, mais indépendamment du temps lui-même. […] Si un astronome veut se transporter en Amérique pour y observer, à tel jour et à telle minute, une éclipse de soleil invisible en Europe, il prend une détermination et réalise une action qui n’auraient pas existé sans la conscience du temps et sans l’idée même du futur.

918. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VII : Instinct »

Cette comparaison donne, je crois, une notion très exacte de la disposition mentale en vertu de laquelle s’accomplit une action instinctive, mais nullement de son origine. […] On pourrait encore faire ressortir d’autres points de ressemblance entre l’instinct et l’habitude : comme on répète une chanson bien connue, de même une action instinctive en suit une autre avec une sorte de régularité rythmique. […] Ils les pourchassent bien quelquefois, sans nul doute ; mais comme ils sont châtiés d’abord et tués ensuite, s’ils se montrent incorrigibles, il en résulte que l’habitude, jointe à une certaine action sélective, a concouru à les civiliser héréditairement. […] Il sera à jamais impossible de rendre complétement compte du travail des Abeilles, tant qu’on leur refusera toute intelligence, toute liberté d’action et surtout le sentiment esthétique de la forme et de la mesure. […] Les individus stériles d’une société d’insectes exercent cependant une action réciproque sur les individus féconds.

919. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (2e partie) » pp. 305-367

Une histoire écrite dans cet esprit sera pour le peuple une haute leçon de moralité révolutionnaire, utile à l’instruire et à le contenir la veille d’une prochaine révolution. » Voilà le but moral que je me proposais en pensant d’avance à ce commentaire en action du crime et de la vertu dans la politique populaire. Je voulais faire un code en action de la république future, si, comme je n’en doutais déjà plus guère, une république, au moins temporaire, devait recevoir prochainement de la nation et de la société françaises le mandat de la nécessité, le devoir de sauver la patrie après l’écroulement de sa monarchie d’expédient sur la tête de ses auteurs ; que la prochaine république fût au moins girondine au lieu d’être jacobine. […] C’est la plus difficile des libertés à établir consciencieusement, mais c’est la plus sainte et la plus favorable à l’action religieuse sur les sociétés dont l’âme est toujours une foi libre. […] C’était un commentaire en action sans doute assez explicite, et j’oserai dire en ce moment, assez dévoué, de ma prétendue apothéose de Robespierre.

920. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série «  M. Taine.  »

Il descend des grands Italiens, hommes d’action de l’an 1400, aventuriers militaires, usurpateurs et fondateurs d’Etats viagers ; il a hérité, par filiation directe, de leur sang et de leur structure innée, intellectuelle et morale. […] C’est, au fond, la psychologie plausible de tous les individus qui ont exercé matériellement une très puissante action sur les affaires humaines… L’espace me manque pour conclure. […] Taine me ravissent, le volume du prince Napoléon ne me déplaît point ; que celui-ci juge en « homme d’action » et celui-là en « philosophe » (je n’ai pas le loisir d’extraire la substance de ces deux mots), et qu’il faut des uns et des autres pour la variété du monde. […] Bien que l’action se passe dans des régions ultra-terrestres, c’est bien un drame de la terre ; et, quoiqu’il ait pour titre : le Bonheur, c’est un drame d’une mélancolie profonde.

921. (1839) Considérations sur Werther et en général sur la poésie de notre époque pp. 430-451

Il s’est trouvé un homme qui, sentant, lui aussi, au fond du cœur la misère du présent, a eu la force de renoncer d’abord au lyrisme et de tourner la poésie à l’action, faisant à la fois œuvre de poète, de philosophe et d’homme d’État. […] Et n’a-t-on pas vu d’ailleurs le poète de l’action, quand la méditation des grands problèmes l’a pris, incliner son front sous la force divine, et aspirer vers l’avenir avec autant de verve et d’audace que les plus hardis penseurs ? […] La Révolution interrompit pendant trente ans la marche de l’esprit poétique ; la rêverie ne put pas avoir cours au milieu d’une action si terrible et si merveilleuse. […] Et plus tard, dans sa longue carrière, quel mouvement a-t-il donné à sa patrie, aux jours d’action et de péril ?

922. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre sixième. »

Avec les hautes spéculations de l’antiquité, on en renouvela les grandes actions et les morts héroïques. […] Il put apprécier, dans ces deux circonstances, à quelles interprétations incertaines et diverses sont sujettes les actions publiques, et il apprit, par les jugements qu’on faisait de sa conduite, ce qu’il faut penser de l’opinion et des réputations qu’elle fait ou détruit. […] Le scepticisme de Montaigne proclame la liberté de la conscience, et conserve saine et sauve la moralité des actions. […] Puis il compare, sur chaque point particulier, le présent avec le passé, les opinions que d’autres en ont eues avec celle qu’il en a lui même, les actions qui s’y rattachent avec sa conduite personnelle.

923. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIV. La littérature et la science » pp. 336-362

. — Comment la littérature peut-elle exercer sur la science une action heureuse et légitime ? […] § 2. — Mais il faut regarder la contrepartie : l’action de la science sur la littérature. […] Je pourrais noter encore le rôle important dévolu souvent aux inventeurs, aux savants, aux médecins, les tirades sur les vibrions ou sur la liquéfaction de l’oxygène, et même l’emploi, en qualité de ressorts dramatiques, de certains engins nouveaux tels que le télégraphe et le téléphone : ressorts qui, pour le dire en passant, auraient été bien précieux au temps où régnait la règle des trois unités, puisqu’ils permettent de faire parler et prendre part à l’action les personnages absents. […] J’aurais terminé là tâche que je me suis proposée dans ce chapitre, si je ne tenais encore à signaler brièvement entre ces deux sections du mouvement intellectuel des rapports qui n’impliquent pas une action directe de l’une sur l’autre, mais qui révèlent un véritable parallélisme dans leur marche simultanée.

924. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1883 » pp. 236-282

Ce roman, il le cherche, dans ce moment, mais en se promenant dans les rues de Paris, sans en avoir encore trouvé l’action, car à lui, il faut une action, n’étant pas du tout, dit-il, un homme d’analyse. […] Il vient m’apporter son admiration, en m’apprenant qu’à l’heure actuelle, les intelligents, les piocheurs, les lettrés du collège sont divisés sen deux camps : les futurs normaliens qui appartiennent à About et à Sarcey, et les autres sur lesquels Baudelaire et moi, serions les deux auteurs contemporains, qui ont le plus d’action. […] — Un enfant qu’on ne voit jamais lire, est destiné par avance à une carrière seulement de mouvement et d’action.

925. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre II : Règles relatives à l’observation des faits sociaux »

Produits de l’expérience vulgaire, ils ont, avant tout, pour objet de mettre nos actions en harmonie avec le monde qui nous entoure ; ils sont formés par la pratique et pour elle. […] Les lois proprement dites y sont peu nombreuses ; même celles qu’on a l’habitude d’appeler ainsi ne méritent généralement pas cette qualification, mais ne sont que des maximes d’action, des préceptes pratiques déguisés. […] Bien loin qu’ils soient un produit de notre volonté, ils la déterminent du dehors ; ils consistent comme en des moules en lesquels nous sommes nécessités à couler nos actions. […] Or ceux qui se sont constitués en dehors de son action ne répondent pas à cette condition.

926. (1833) De la littérature dramatique. Lettre à M. Victor Hugo pp. 5-47

De jeunes écoliers, sous le prétexte de briser les entraves qui enchaînaient leur génie, ont rompu tous les liens qui, en resserrant l’action d’un drame, donnaient à toutes ses parties plus de mouvement, plus d’intérêt et plus de vraisemblance. […] Vous ne voulez pas croire qu’une action présentée au bon sens du public veut être coordonnée par la raison, liée dans toutes ses parties, rompue et renouée avec vraisemblance, et terminée sans effort par une catastrophe ou par un dénouaient. […] Mais des trois unités, il en est une que l’on ne peut jamais violer, c’est celle de l’action ; et c’est cependant, dans votre nouveau système, ce qui se fait tous les jours. […] Cependant au milieu de cette confusion de genres, de ces actions heurtées et sans suite, de ces personnages grotesques, rodomonts et ampoulés, de ce cliquetis de pensées hardies et tout à la fois neuves, élevées et communes, il est impossible de ne pas reconnaître dans vos productions dramatiques une imagination vive, une verve surabondante, une manière pittoresque d’exprimer une belle pensée, quelques scènes savamment creusées, et enfin, si vous voulez rétrograder vers le simple bon sens, l’espoir d’un talent vif et original.

927. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vii »

De même on peut prendre de l’action sur le paysan.Mais une chose est nécessaire, le contact. […] Je savais la résolution de mon ami, sa valeur, ce que m’avaient dit de lui ses compagnons d’armes et enfin le rôle de son régiment dans l’action imminente, rôle de premier plan et du plus grand danger… »‌ Telle est cette vie. […] Je ne sais pas de meilleur texte pour nous faire voir en action le « joyeusement » que prononcent tous ces traditionalistes, quand ils respirent l’atmosphère d’une France guerrière et spiritualisée. […] Ces républicains « démocrates et laïques » trouvent leur principe d’action dans la Déclaration des Droits de l’homme : « Nous combattons, disent-ils, le militarisme allemand. » Pour eux, c’est une guerre d’indépendance plus que de « nationalité ».

928. (1870) La science et la conscience « Chapitre II : La psychologie expérimentale »

Ces antécédents moraux sont des désirs, des aversions, des habitudes, des dispositions combinées avec des circonstances extérieures propres à mettre en action les mobiles internes19. » Stuart Mill en appelle, avec toute l’école qui nie le libre arbitre, à l’observation que chacun de nous fait de ses propres volitions, aussi bien que des actions volontaires de ceux avec qui nous sommes en contact. Il invoque la possibilité de prévoir ces actions avec un degré d’exactitude proportionné à notre connaissance préalable de l’esprit et du caractère des agents, et souvent avec une certitude presque égale à celle qui s’attache à la prévision des mouvements des agents purement physiques. […] C’est ainsi que, sans sortir de nous-mêmes, nous pouvons distinguer et circonscrire les deux domaines opposés de la nécessité et de la liberté, faire la part du moi et de la nature, de l’action et de la passion, de l’homme et de l’animal.

929. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 188-189

La morale en est d’autant plus facile à saisir, & son effet est d’autant plus assuré, qu’elle s’y trouve mise en action.

930. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Une petite guerre sur la tombe de Voitture, (pour faire suite à l’article précédent) » pp. 210-230

Cette action est de très mauvais exemple. […] … L’impression d’un excellent livre ne doit pas être un larcin, ne doit pas être une action de surprise, une action de ténèbres et de nuit.

931. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « I » pp. 1-20

L’influence de M. de Chateaubriand (juge d’ailleurs assez équitable de Voltaire), celle de Mme de Staël, c’est-à-dire de Rousseau toujours, le réveil d’une philosophie spiritualiste et respectueuse pour la nature humaine, l’action aussi de la renaissance religieuse qui atteignait au moins les imaginations quand ce n’était pas les cœurs, l’influence littéraire enfin qui soufflait tantôt de la patrie de Goethe et de Schiller, tantôt de celle de Shakespeare, de Walter Scott et de Byron, ces diverses causes générales avaient fort agi sur plusieurs d’entre nous, jusque dans nos premières lectures de Voltaire. […] Le défaut, c’était le besoin d’action à tout prix, le besoin de bruit et de renommée qui ne se passait ni des intrigues ni des manèges, et qui jouait avec les moyens scabreux : de là toute une suite d’indiscrétions, de déguisements, de rétractations, de désaveux, de mensonges. […] Je crois voir, en un mot, dans ces travaux de Voltaire, sinon le germe, tout au moins un élément très essentiel de l’action qu’il a exercée sur son siècle… » — Nous autres, Français, nous sommes un peu lestes dans nos conclusions, et nous avons beau faire, nous ressemblons plus ou moins à ce seigneur Pococurante que Voltaire lui-même a introduit dans Candide.

932. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire de l’Académie française, par Pellisson et d’Olivet, avec introduction et notes, par Ch.-L. Livet. » pp. 195-217

Il n’est pas de ceux qui ayant tout vu, tout essayé dans l’action, comme Retz, et tout osé, se risquent à tout dire, sauf à se faire une langue à leur image et qu’ils sont seuls à parler de cet air-là, bien assurés qu’ils sont d’ailleurs d’être toujours de la bonne école et de la bonne race : il est un de ces auteurs de profession qui, ayant commencé par la plume et ne la perdant jamais de vue, se retrancheraient plutôt (comme Fontanes) des idées ou des accidents de récit, s’ils croyaient ne pouvoir les rassembler et les rendre en toute correction et en parfaite élégance. […] Une maladie qui le défigura, et qui fit de lui le plus laid des gens d’esprit, l’obligea de quitter le barreau et l’action publique. […] De tels jugements formeraient aujourd’hui une suite et comme une jurisprudence critique bien mémorable, et n’auraient pas été sans action certainement sur les vicissitudes et les variations du goût public.

933. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers (suite et fin.) »

La distinction, l’élévation d’esprit et de sentiments de Mme de Boufflers nous sont suffisamment attestées et prouvées par tout ce que nous avons vu de ses actions et de ses paroles : c’est une personne qui a tout droit d’occuper l’historien littéraire ; nous ne l’inventons en rien, nous la retrouvons. […] » De même pour tout et dans toutes ses actions. […] Elle avait donc, à côté des dons et du goût de l’esprit, la bonté, et, mieux que l’indulgence, une bienfaisance efficace et pratique ; elle usait de son crédit auprès du prince, et de sa faute même, pour se dédommager et se recommander par de bonnes actions : elle se piquait d’être une providence pour tous ceux qu’elle était à même de secourir : je ne sais si c’est là une prétention aussi, mais ce serait assurément celle d’une belle âme.

934. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Dominique par M. Eugène Fromentin »

Exprimer l’action du soleil sur cette terre ardente en disant que cette terre est jaune, c’est enlaidir et gâter tout. […] La vallée du Chéliff, ou plutôt la plaine inégale et caillouteuse ravinée par le Chéliff, s’offre à nous avec son caractère d’aridité surprenante ; le peintre ici se montre tout à nu et nous rend le terrain dans sa crudité géologique, comme le ferait un Saussure qui saurait colorer aussi bien que dessiner : « Imagine (il s’adresse toujours à son ami) un pays tout de terre et de pierres vives, battu par des vents arides et brûlé jusqu’aux entrailles ; une terre marneuse, polie comme de la terre à poterie, presque luisante à l’œil, tant elle est nue ; et qui semble, tant elle est sèche, avoir subi l’action du feu ; sans la moindre trace de culture, sans une herbe, sans un chardon ; — des collines horizontales qu’on dirait aplaties avec la main ou découpées par une fantaisie étrange en dentelures aiguës, formant crochet, comme des cornes tranchantes ou des fers de faux ; au centre, d’étroites vallées, aussi propres, aussi nues qu’une aire à battre le grain ; quelquefois, un morne bizarre, encore plus désolé, si c’est possible, avec un bloc informe posé sans adhérence au sommet, comme un aérolithe tombé là sur un amas de silex en fusion ; — et tout cela, d’un bout à l’autre ; aussi loin que la vue peut s’étendre, ni rouge, ni tout à fait jaune, ni bistré, mais exactement couleur de peau de lion. » Après de telles pages, on n’a plus rien à demander au peintre pour le technique de son art : il s’est traduit en prose avec un ton égal à son objet. […] Ces vues de haut me plaisent toujours, et toujours j’ai rêvé de grandes figures dans une action simple, exposées sur le ciel et dominant un vaste pays.

935. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid(suite et fin.)  »

Une imagination forte et sobre nous transporte à l’action et nous fait tout voir de nos yeux, tout ce qui importe et rien que ce qui importe : « Cette obscure clarté qui tombe des étoiles, Enfin, avec le flux, nous fit voir trente voiles ; L’onde s’enflait dessous, et d’un commun effort Les Maures et la mer entrèrent dans le port. […] On n’a juste que le temps de se battre, pour que la pièce finisse avant que l’horloge ait sonné la même heure que la veille au moment où l’action commençait. […] Dans le temps de la seconde démarche de Chimène auprès du roi, quand le monarque se décide à publier le cartel proposé par elle et annonçant qu’à celui qui lui apportera la tête de Rodrigue elle donnera, s’il est noble et son égal, tous ses biens avec sa main, sur ces entrefaites Rodrigue est allé en pèlerinage pour l’expiation de ses péchés à Saint-Jacques de Galice, accompagné de deux écuyers ; et c’est en route que lui arrive une aventure des plus touchantes, léguée de longue main par la tradition, et en apparence des plus étrangères à l’action principale.

936. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite.). Guerre des Barbets. — Horreurs. — Iniquités. — Impuissance. »

La proposition des députés suisses fut faite dans une assemblée générale convoquée au Chiabas le 23 mars ; la séance s’ouvrit par une prière que prononça le pasteur Arnaud ; retenez ce nom, déjà porté avec tant d’honneur en France depuis plus de quarante ans par un illustre persécuté : ici, dans les vallées, cet Arnaud n’est pas seulement un théologien, c’est un homme pratique, un grand caractère en action ; né dans le Dauphiné et d’abord pasteur français, il était devenu pasteur Vaudois, et de pasteur il devint capitaine quand il le fallut, et plus tard, comme Josué, conducteur de peuple. […] — Louis XIV, à la nouvelle de la victoire, écrivait de sa main à Catinat, le 22 août : « L’action que vous venez de faire me donne tant de joie, que je suis bien aise de vous le dire moi-même et de vous assurer que je vous sais le gré qu’elle mérite. […] Catinat rentrait trop aisément dans le second rôle : bien faire le jour de l’action, et puis se tenir en deçà plutôt qu’aller au-delà.

937. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite.) »

Mais il a une vraie valeur comme témoin et annotateur à certains moments de l’action, et il convient de lui savoir gré de n’avoir point quitté l’Assemblée après les 5 et 6 octobre, à l’exemple de Mounier et de quelques autres. […] Si vous voulez savoir ensuite ceux auxquels j’impute le plus de sottises, de fausses vues et de mauvaises actions, ce sont M.M… » « Cette intéressante conversation se serait prolongée jusqu’au jour, si nous ne l’avions vu épuisé de fatigue, couvert de sueur, avec une fièvre assez forte et ne pouvant plus parler. » 92. […] … il faut le croire puisque Malouet le dit ; mais la curiosité y était pour beaucoup, et une première fois n’est pas coutume. — Malouet adoucit les traits quand il parle de l’abbé Raynal ; évidemment il avait pour lui un faible, comme on en a pour les gens d’esprit sur lesquels on exerce de l’action.

938. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre V. Des ouvrages d’imagination » pp. 480-512

La tragédie met en action cette sublime vérité. […] L’action infatigable de la peine fait passer et repasser sans cesse dans notre cœur des idées et des sentiments qui tourmentent notre être en dedans de nous-mêmes, comme si chaque instant amenait un événement nouveau. […] On n’est donc curieux que des ouvrages qui peignent les caractères, qui les mettent en action de quelque manière, et l’on n’admire que les écrits qui développent dans notre cœur la puissance de l’exaltation.

939. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre II. De l’expression »

De l’expression Au-dessous de la grande action principale, il y a de petites actions subordonnées qu’elle comprend, et chaque phrase en contient une ; la grande représentait la mort de l’agneau, la chute du chêne ; les petites représentent les circonstances de cette mort et de cette chute ; ce sont autant de menus événements découpés dans l’événement total. […] Il faut que la rapidité et la légèreté des sons nous égayent, pour que la pétulance et la vivacité de l’action nous amusent.

940. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre III. Montesquieu »

Les excellents Oratoriens qui l’ont instruit à Juilly lui ont découvert la riche source d’énergie morale qui jaillit pendant toute la durée des antiquités grecque et romaine ; les grands ouvrages de l’esprit, les coups d’héroïsme dans l’action politique ont ravi l’imagination du jeune Gascon, dont le bon sens aiguisé goûte ce qu’il y a toujours de pratique et de mesuré dans les traits les plus étonnants de l’antiquité. Ses propres études, une fois qu’il aura échappé au collège, l’affermiront dans sa passion pour l’histoire ancienne, et particulièrement pour l’histoire romaine : car, peu touché de l’art, c’est des mœurs, des caractères, des actions, de l’histoire par conséquent, qu’il s’éprend. […] Par la raison que leurs crimes, leurs injustices, le mal qu’ils justifient par l’utilité et le bien public, que tout cela ne sert à rien : leurs agitations sont vaines et ne changeront rien à l’action toute-puissante de causes éternelles.

941. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Victor Duruy » pp. 67-94

Né du peuple et dans le plus large courant de l’esprit de la Révolution française — en sorte qu’il n’eut ni à changer ni à se contraindre pour être « avec son temps », — la vie de Victor Duruy, exemplaire, tout unie dans son fond, mais avec un air de merveilleux, et, au milieu de son cours, un coup de baguette des fées, ressemble à quelque beau récit de la « morale en action », à mettre entre les mains des écoliers, de ces écoliers de France pour qui il a tant travaillé. […] Qu’il y ait « deux morales », il l’avait cru à son heure, le prince aux yeux troubles et aux pensées vagues qui allait faire une des meilleures actions de son règne en élevant au premier rang le professeur du lycée Saint-Louis. […] L’épopée de son oncle, l’étrangeté merveilleuse de sa propre aventure, lui étaient une sorte d’opium, d’autant mieux qu’il avait été extraordinairement servi par les circonstances, qu’on avait beaucoup agi pour lui et qu’il avait passé d’une extrémité de fortune à l’autre sans être proprement un homme d’action.

942. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Herbert Spencer — Chapitre I : La loi d’évolution »

N’explique-t-on pas de même l’histoire par des interventions surnaturelles, par l’action prépondérante des grands hommes ; au lieu de comprendre que le grand homme ne peut que troubler, retarder ou aider l’évolution générale, mais que, prise dans sa totalité, elle reste en dehors de son atteinte. […] Tout se tient : la haute civilisation n’est possible que par la culture des sciences ; mais qu’on y prenne garde, la culture des sciences n’est possible non plus que par la civilisation ; ainsi la cause devient effet et l’effet devient cause ; parce que, dans tout ce qui vit, la loi suprême, c’est la réciprocité d’action. […] De même, quoique l’analyse des actions mentales puisse l’amener fatalement aux sensations comme aux matériaux originels dont est tissée toute pensée, il ne peut aller plus loin, car il ne peut comprendre le moins du monde la sensation, il ne peut même concevoir comment la sensation est possible.

943. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XI, les Suppliantes. »

L’homme, non plus seulement ajouté à la nature, comme Bacon définissait l’art, mais l’absorbant et l’incorporant, dramatisant ses phénomènes et substituant ses actions à ses forces ; toute la mythologie hellénique est là. […] Dans la plupart des trilogies d’Eschyle, la pièce intermédiaire suspendait à demi l’action, avant de la relancer vers le dénouement. […] Sa grande lyre a des mouvements aussi pathétiques que pourraient être ceux de l’action scénique.

944. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre IV »

Augier est une œuvre de sentiment et de beau langage ; peu d’action, des situations simples, l’entrain et les incidents de la vie commune, mais des émotions vraies, des indignations généreuses, la chaleur de l’idée, l’esprit du détail, et, par-dessus tout, le charme du style. […] Je vous donne cet acte pour un chef-d’œuvre de vie, d’action, de rapidité dramatiques. […] L’action marche, elle entraîne, comme un événement de la vie réelle ; le second acte est un chef-d’œuvre, le dénouement une inspiration.

945. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XII »

L’action tardive s’engage enfin avec M. de Montègre, un des invités de la fête. […] Le Casino d’Étretat, où l’action se passe, est un vrai champ de combat social. […] Celle qui va engager l’action ne fait qu’y paraître.

946. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Adrienne Le Couvreur. » pp. 199-220

Je voyais dernièrement le drame plein d’action dans lequel deux hommes de talent (et l’un d’eux le plus habile ingénieur dramatique de notre âge) ont reconstruit et remis en jeu sa mémoire13 : ils ont conçu le rôle au point de vue d’une grande actrice, l’Adrienne de nos jours, en le lui appropriant par d’heureux traits. […] Sa physionomie annonce d’abord son esprit : un air du monde, répandu dans toute sa personne, le rend aimable dans toutes ses actions. […] Propre aux commerces les plus délicats, quoique les délices des savants ; modeste dans ses discours, simple dans ses actions, la supériorité de son mérite se montre, mais il ne la fait jamais sentir… Nous retrouvons ici cette langue excellente et modérée que j’ai déjà essayé de caractériser plus d’une fois, la langue des commencements du xviiie  siècle, remarquable surtout par le tour, par la justesse et la netteté, la langue d’après Mme de Maintenon, et que toute femme d’esprit saura désormais écrire, celle des Caylus, des Staal et des Aïssé.

947. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Le duc de Lauzun. » pp. 287-308

Et puis ce n’étaient pas seulement les paroles, mais les actions du duc de Lauzun, qui avaient de l’extraordinaire et qui enlevaient par leur imprévu. […] Il ne fut jamais donné à Biron de réparer ses torts par une action d’éclat avant l’échafaud. […] J’ai sous les yeux une lettre de remerciement et d’action de grâces qui lui fut adressée à la date du 28 mars, le lendemain de l’article, par une noble dame d’alors, Mme la duchesse d’Es… On y lit42 : Je désire qu’on sente ici, mon prince, l’importance du service que vous rendez.

948. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Mémoires du cardinal de Retz. (Collection Michaud et Poujoulat, édition Champollion.) 1837 » pp. 40-61

Retz appartient à cette grande et forte génération d’avant Louis XIV, dont étaient plus ou moins, à quelques années près, La Rochefoucauld, Molière, Pascal lui-même, génération que le régime de Richelieu avait trouvée trop jeune pour la réduire, qui se releva ou se leva le lendemain de la mort du ministre, et se signala dans la pensée et dans le langage (quand l’action lui fit défaut) par un jet libre et hardi, dont se déshabituèrent trop les hommes distingués sortis du long régime de Louis XIV. […] C’est cet air de grandeur que Retz prisait le plus, qu’il ambitionna d’abord en tout, dans ses paroles, dans ses actions, et qu’il porta dans tous ses projets ; mais, s’il affectait la gloire, il avait en lui bien des qualités de premier ordre pour en former le fonds. […] Mais, dans ses Mémoires, Retz, évincé de l’action et de la pratique, n’est de plus en plus qu’un écrivain, un peintre, un grand artiste ; il lui est impossible désormais d’être autre chose, et l’on s’arme aisément contre lui-même, contre ce qu’il aurait pu être et devenir autrefois, de cette qualité dernière qui fait à jamais sa gloire.

949. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « M. Fiévée. Correspondance et relations avec Bonaparte. (3 vol. in-8º. — 1837.) » pp. 217-237

Et quant au moral de l’homme, il a dit : « On l’avait surnommé l’incorruptible ; il l’était en effet comme ceux qui veulent tout prendre à la fois. » Il a rendu avec une entière vérité, comme témoin et comme acteur, le mouvement impétueux et confus, le sentiment d’explosion de cette jeunesse thermidorienne qui savait ce dont elle ne voulait plus, mais pas encore ce qu’elle voulait, qui avait appuyé la Convention contre Robespierre, et qui prétendait chasser la Convention devant une opinion qui n’était pas mûre encore : « Jamais peut-être, nous dit Fiévée, l’ancienne royauté ne fut plus complètement oubliée qu’à cette époque ; nous n’étions pas encore assez difficiles pour y penser. » Pour lui, paresseux, une fois sorti de ses habitudes, il est précis, prudent, prévoyant, très hardi les jours d’action. […] Fiévée, qui sait le monde, se méfie même des plus grandes folies, comme pouvant avoir action sur les cerveaux : On a pris l’habitude, dit-il, de monter les esprits si haut par de grands projets et d’incroyables découvertes, que, si demain les journaux annonçaient qu’on a trouvé le secret de refaire le monde sur un plan tout neuf, la moitié de l’Europe ajouterait foi au miracle, et se soulèverait pour en hâter l’accomplissement. […] Par penchant et par habitude, il était encore plus homme de presse qu’il ne l’avait été de consultation et de cabinet : « Comme écrivain, disait-il, entre m’adresser au public ou à un souverain, fût-il dix fois plus élevé que la colonne de la place Vendôme, je n’hésiterai jamais à préférer le public ; c’est lui qui est notre véritable maître. » En laissant dans l’ombre les côtés faibles et ce qui n’est pas du domaine du souvenir, et à le considérer dans son ensemble et sa forme d’esprit, je le trouve ainsi défini par moi-même dans une note écrite il n’y a pas moins de quinze ans : Fiévée, publiciste, moraliste, observateur, écrivain froid, aiguisé et mordant, très distingué ; une Pauline de Meulan en homme (moins la valeur morale) ; sans fraîcheur d’imagination, mais avec une sorte de grâce quelquefois à force d’esprit fin ; — de ces hommes secondaires qui ont de l’influence, conseillers nés mêlés à bien des choses, à trop de choses, meilleurs que leur réputation, échappant au mal trop grand et à la corruption extrême par l’amour de l’indépendance, une certaine modération relative de désirs, et de la paresse ; — travaillant aux journaux plutôt par goût que par besoin, aimant à avoir action sur l’opinion, même sans qu’on le sache ; — Machiavels modérés, dignes de ce nom pourtant par leur vue froide, ferme et fine ; assez libéraux dans leurs résultats plutôt que généreux dans leurs principes ; — sentant à merveille la société moderne, l’éducation moderne par la société, non par les livres ; n’ayant rien des anciens, ni les études classiques, ni le goût de la forme, de la beauté dans le style, ni la morale grandiose, ni le souci de la gloire, rien de cela, mais l’entente des choses, la vue nette, précise, positive, l’observation sensée, utile et piquante, le tour d’idées spirituel et applicable ; non l’amour du vrai, mais une certaine justesse et un plaisir à voir les choses comme elles sont et à en faire part ; un coup d’œil prompt et sûr à saisir en toute conjoncture la mesure du possible ; une facilité désintéressée à entrer dans l’esprit d’une situation et à en indiquer les inconvénients et les ressources ; gens précieux, avec qui tout gouvernement devrait aimer causer ou correspondre pour entendre leur avis après ou avant chaque crise.

950. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — I. » pp. 224-245

Lorsque son Testament politique parut en 1687, de bons juges y reconnurent le cachet du maître : Ouvrez son Testament politique, dit La Bruyère, digérez cet ouvrage : c’est la peinture de son esprit ; son âme tout entière s’y développe ; l’on y découvre le secret de sa conduite et de ses actions ; l’on y trouve la source et la vraisemblance de tant et de si grands événements qui ont paru sous son administration : l’on y voit sans peine qu’un homme qui pense si virilement et si juste a pu agir sûrement et avec succès, et que celui qui a achevé de si grandes choses, ou n’a jamais écrit, ou a dû écrire comme il a fait. […] Pendant qu’il goûtait la douceur de ce travail, ses maladies et la faiblesse de sa complexion encore plus que les affaires l’avaient forcé de s’interrompre, et il y avait suppléé alors par la Succincte narration qui forme le premier chapitre ou plutôt l’introduction du Testament politique ; cette narration est un tableau raccourci, comme il l’appelle, un beau et noble discours abrégé, dans lequel il raconte au roi toutes les grandes actions de ce même roi depuis sa seconde entrée au ministère en 1624 jusqu’en 1641. […] Avenel, qui le rapporte à la date de 1621 environ : S’il plaît à la divine bonté, par l’intercession du bienheureux apôtre et bien-aimé saint Jean, me renvoyer ma santé et me délivrer dans huit jours d’un mal de tête extraordinaire qui me tourmente, (je promets) de fonder en ma maison de Richelieu une messe qui se célébrera tous les dimanches de l’année, et, pour cet effet, donnerai à un chapelain de revenu annuel trente-six livres pour les messes qui seront célébrées en action de grâces.

951. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Émile Zola » pp. 70-104

Zola, notamment dans Nana, le Bonheur, Germinal, le romancier, tout en conservant une vue très nette des lieux où se passe son action, et d’excellentes aptitudes descriptives, a si bien simplifié le mécanisme de ses personnages, leur prête des conversations si banales et des caractères si généraux, qu’ils perdent toute individualité nette. […] Tous les héros qu’il exalte sont des hommes forts, se dépensant en action, accomplissant une grande œuvre ou couronnant une grande ruine. […] Le Bonheur des Dames met en opposition Octave Mouret, l’action, et Valagnose, pessimiste inactif.

952. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XI : M. Jouffroy moraliste »

Puisque chaque être a sa fin, la création, qui n’est que l’ensemble des êtres, a sa fin ; « et les fins particulières de tous les êtres qui peuplent et composent l’univers ne sont que des moyens divers qui concourent à l’accomplissement de cette fin totale et suprême. » — « Ce concours des fins éparses aspire à un but unique, celui-là même que Dieu s’est proposé en laissant échapper l’univers de ses mains. » Jusqu’ici les conceptions et les déductions qu’on vient de lire ne sont que spéculatives ; la remarque suivante les rend pratiques ; elles n’étaient que des œuvres de science, elles deviennent des ressorts d’action. […] De même que, dans une grande machine composée de mille rouages, nous savons que chaque rouage accomplit un certain mouvement, et nous croyons que ce mouvement contribue pour sa part au mouvement de la machine entière ; de même dans ce vaste univers, peuplé de tant d’êtres différents, non-seulement nous croyons que chacun de ces êtres agit selon sa nature, mais encore que son action importe à celle de l’ensemble. […] L’action qui a pour motif cette maxime universelle ou une de ses suites universelles est vertueuse.

953. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Alfred de Musset » pp. 364-375

Alfred de Musset, comme plus d’un des personnages qu’il a peints et montrés en action, s’était dit qu’il fallait tout voir, tout savoir, et, pour être l’artiste qu’il voulait être, avoir plongé au fond de tout. […] » Ce n’est pas un artiste que Lorenzo, il veut être, lui, un homme d’action, un grand citoyen : il s’est proposé un héroïque dessein, il s’est dit de délivrer Florence, sa patrie, de l’ignoble et débauché tyran Alexandre de Médicis son propre cousin ; et pour y réussir, qu’imagine-t-il ?

954. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance de Voltaire avec la duchesse de Saxe-Golha et autres lettres de lui inédites, publiées par MM. Évariste, Bavoux et Alphonse François. Œuvres et correspondance inédites de J-J. Rousseau, publiées par M. G. Streckeisen-Moultou. — I » pp. 219-230

Ce qui plaît toujours quand on rouvre Voltaire et ce qui fait qu’on s’intéresse, c’est (avec cette jolie manière de dire) qu’il met de l’action à tout ; les moindres choses, ou celles même qui chez d’autres feraient l’effet de la raison et de la sagesse, prennent avec lui un air d’entrain et de diablerie. […] Toute cette troisième lettre ne serait guère qu’un résumé sérieux et lumineux des objections de Montaigne, si de doute en doute, de conjecture en conjecture, elle ne se terminait tout d’un coup par la supposition toute spiritualiste d’une infinité d’intelligences de mille ordres différents, répandues à tous les étages de l’univers, espèces d’anges que Cicéron et le plus sage des Scipions ne désavoueraient pas, « éternels admirateurs du jeu de la nature et spectateurs invisibles des actions des hommes. » Non, Rousseau a beau user de la méthode des sceptiques, il n’est pas sceptique lui-même, et la méthode se rompt brusquement entre ses mains, au moment où il la poussait à bout : il en jaillit au contraire l’illumination la plus imprévue, et faite à souhait pour ravir un idéaliste.

955. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Béranger — Béranger, 1833. Chansons nouvelles et dernières »

Au théâtre pourtant, il y eut encore pour lui une chance ouverte de popularité et d’action vaste, immédiate, dont plus d’un génie s’empara ; mais cette ressource même du théâtre paraîtra bien bornée pour le poëte, si on la compare à l’influence première. […] Le côté individuel de son talent, les sentiments capricieux ou tendres qu’il avait si heureusement entrelacés mainte fois, comme des myrtes autour de l’épée, lui restaient sans doute ; il pouvait s’y récréer à l’aise : mais s’en tenir là, après la vaste action publique qu’il avait exercée, c’était déchoir.

956. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — Lamennais, Paroles d'un croyant »

Il y a un an environ, abreuvé de tous les dégoûts, renonçant par convenance et soumission au journal dont il avait cru l’action salutaire, voyant se disperser et se détacher même entièrement de lui des disciples si regrettables, il se mit, un matin d’été à la campagne, à vouloir déposer quelque part, pour lui seul, sa secrète pensée, son jugement amer sur le présent, son vœu et son coup d’œil d’apôtre touchant l’avenir. […] Prenez dans chaque famille les jeunes gens les plus robustes et donnez-leur des armes, et exercez-les à les manier, et ils combattront pour vous contre leurs pères et leurs frères ; car je leur persuaderai que c’est une action glorieuse. 

957. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo, Les Feuilles d'automne, (1831) »

Pour qui a lu avec soin les livres IV et V des Odes, les pièces intitulées l’Âme, Épitaphe, et tout ce charmant poëme qui commence au Premier Soupir et qui finit par Actions de Grâces, il est clair que le poëte, sur ces cordes de la lyre, s’était arrêté à son premier mode, mode suave et simple, bien plus parfait que celui des Odes politiques qui y correspond, mais peu en rapport avec l’harmonie et l’abondance des compositions qui ont succédé. […] Et pourtant il s’était écrié autrefois, dans les Actions de Grâces rendues au Dieu qui avait frappé d’abord, puis réjoui sa jeunesse :  J’ai vu sans murmurer la fuite de ma joie ; Seigneur, à l’abandon vous m’aviez condamné.

958. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « FLÉCHIER (Mémoires sur les Grands-Jours tenus à Clermont en 1665-1666, publiés par M. Gonod, bibliothécaire de la ville de Clermont.) » pp. 104-118

Cette double action du récit fait d’abord un peu l’effet de la fameuse lettre de madame de Sévigné, lorsqu’elle badine sur les émeutes et les exécutions en Bretagne : Nous ne sommes plus si roués… On se demande si ce n’est pas montrer quelque légèreté que de prendre ainsi le côté sombre et sanglant de la justice comme matière ou contraste à divertissement. […] On ne doit en conclure que plus d’actions de grâces pour le jeune monarque qui aspirait du premier jour à l’unité du royaume et à celle de la loi.

959. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre III. Les dieux »

Dieu ne peut déroger ; il s’est interdit le caprice, le changement, les petits moyens ; il est grand, il faut que son action soit toujours grande. […] Le premier est la faculté d’imiter intérieurement et de reproduire en soi-même tout sentiment, tout geste, toute forme, toute chose particulière et sensible, tout détail de la vie et de l’action.

960. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre II. Définition. — Énumération. — Description »

Tout s’y fait par une chaleur inconsidérée ; et comment accoutumer à la règle, à la solitude, à la discipline, cet âge qui ne se plaît que dans le mouvement et dans le désordre, qui n’est presque jamais dans une action composée, « et qui n’a honte que de la modération et de la pudeur » ? […] On ne l’isole pas, mais on l’étudie comme le chimiste fait certains corps, dont il saisit seulement l’action sur d’autres corps qu’on met en leur présence.

961. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre III. Association des mots entre eux et des mots avec les idées »

Et même, les mots abstraits par l’impossibilité où l’on est de se représenter l’état, l’action, la qualité qu’ils désignent en dehors d’un individu qui fasse cette action, soit dans cet état ou possède cette qualité, se prêtent merveilleusement à la suggestion qui multiplie leur force et porte l’esprit bien au-delà de leur définition littérale.

962. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre I. Renaissance et Réforme avant 1535 — Chapitre I. Vue générale du seizième siècle »

Aux Latins, toujours présents et vénérés, elle avait, dans le cours du xve  siècle, ajouté les Crées : si superficiellement que soit hellénisée la Renaissance, si clairsemés qu’aient toujours été les vrais hellénistes, en Italie et ailleurs, cependant l’action des Grecs fut immense et heureuse : de Platon découvert et d’Aristote mieux compris, d’Homère et de Sophocle, sont venues les plus hautes leçons de libre pensée et d’art créateur, et ils ont peut-être le principal mérite de l’heureuse évolution par laquelle la Renaissance, échappant aux creux pastiches et aux grâces bâtardes, atteignit l’invention originale et la sérieuse beauté. […] Rompant tous ses liens, rejetant la gêne de la loi morale, l’oppression des préjugés et des respects traditionnels, l’individu tend à être le plus longtemps possible : il affirme que sa valeur est en lui, et de lui ; le mérite seul inégalise l’égalité naturelle des hommes ; l’idée de la gloire raffine l’égoïsme instinctif, et fournit un principe d’action suffisamment revêtu de beauté ; par elle, l’individu emploie sa vie à se créer une vie idéale après la mort, plus prochaine et plus humaine en quelque sorte que l’éternité promise au juste chrétien.

963. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre VII. Développement des idées de Jésus sur le Royaume de Dieu. »

La seule chose qu’il dut à Jean, ce furent en quelque sorte des leçons de prédication et d’action populaire. […] Il semble aussi que son séjour près de Jean, moins par l’action du baptiste que par la marche naturelle de sa propre pensée, mûrit beaucoup ses idées sur « le royaume du ciel. » Son mot d’ordre désormais, c’est la « bonne nouvelle », l’annonce que le règne de Dieu est proche 340.

964. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre III, naissance du théâtre »

La grande invention de Thespis, c’est l’acteur substitué au coryphée et au narrateur, le personnage fictif incarné dans l’homme vivant et présent, qui simule son être et s’approprie ses actions. […] Tour à tour dieu et roi, guerrier et messager, l’histrion, changeant de rôle et de visage, fit face à tous les incidents d’un mythe, s’adapta à toutes les péripéties d’une action.

965. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — L’abbé d’Aubignac, avec Ménage, Pierre Corneille, Mademoiselle de Scudéri et Richelet. » pp. 217-236

On n’avoit point touché la continuité de l’action, la liaison des scènes, les intervalles des actes, & toutes les particularités qui concourent à la perfection des drames, à l’exécution, & que l’abbé d’Aubignac appelle la pratique du théâtre. […] Du caractère dont étoient ces deux écrivains, on ne doutoit point qu’ils ne se portassent à quelque action de violence.

966. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — M. de Voltaire, et M. de Maupertuis. » pp. 73-93

Il affirme que, dans tous les cas possibles, l’action est toujours un minimum, ce qui n’est pas moins faux. […] Kœnig, ainsi que d’autres mathématiciens, a écrit contre cette assertion étrange ; & il a cité, entr’autres choses, un fragment d’une lettre de Léibnitz, où ce grand homme disoit avoir remarqué que, dans les modifications du mouvement, l’action devient ordinairement un maximum, ou un minimum.M. de Maupertuis crut qu’en produisant ce fragment, on vouloit lui enlever la gloire de sa prétendue découverte, quoique Léibnitz eut dit précisément le contraire de ce qu’il avance.

967. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre IV. La folie et les lésions du cerveau »

Éveillez-le : s’il continue la série d’actions et de pensées que vous avez interrompue, c’est un fou. […] Selon lui, la folie consiste précisément dans la suspension de toute action volontaire et dans l’entraînement fatal avec lequel les idées se reproduisent d’elles-mêmes sans être appelées.

968. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Deshays » pp. 208-217

Quand on l’a bien regardée, on n’est surpris ni de son action, ni du reste de son histoire. […] Ne voyez-vous pas combien cette action faible et vague du ressuscité portée vers le ciel et distraite des assistants, rendra la joie et l’étonnement de ceux-ci énergiques ?

969. (1824) Notice sur la vie et les écrits de Chamfort pp. -

« Je suis un homme libre, ajouta-t-il, jamais on ne me fera rentrer vivant dans une prison. » Il signa cette déclaration où respire l’énergie du plus ferme caractère ; et sans daigner s’apercevoir qu’il pouvait être entendu des nombreux agents de la tyrannie, il continua de s’expliquer librement sur les motifs de l’action qu’il venait de commettre. […] On s’afflige en songeant que Pope et Swift, en Angleterre, Voltaire et Rousseau, en France, jugés, non par la haine, non par la jalousie, mais par l’équité, par la bienveillance, sur la foi des faits attestés ou avoués par leurs amis et par leurs admirateurs, seraient atteints et convaincus d’actions très condamnables, de sentiments quelquefois pervers1. » Les événements de la vie de Chamfort prouvent que la trempe de son âme était naturellement forte, et qu’habitué de bonne heure à lutter contre l’adversité, il ne s’en laissa jamais abattre.

970. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Le Sahara algérien et le Grand Désert »

Ce n’est pas uniquement parce que l’habitude de l’action influe sur l’habitude de la pensée, et qu’apprendre à se décider, c’est aussi apprendre à bien voir. […] Pour nous, c’était le plâtre, posé d’une main d’artiste, pour en garder l’empreinte, sur le visage d’un peuple qui va expirer ; car se transformer sous l’action du vainqueur, pour un autre peuple, c’est mourir.

971. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « La Papesse Jeanne » pp. 325-340

Eh bien, c’est là pourtant ce qu’a fait Emmanuel Rhoïdis, historien avant d’être romancier, et romancier pour atteindre plus loin que l’historien dans l’erreur et dans le mensonge, et c’est aussi ce qui a donné à son livre, tout avorté de talent et de gaîté qu’il soit, la gravité dangereuse d’une mauvaise action ! Et c’est une mauvaise action recouverte par de l’hypocrisie, l’hypocrisie de la superficialité.

972. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XI. MM. Mignet et Pichot. Charles Quint, son abdication, son séjour et sa mort au monastère de Yuste. — Charles V, chronique de sa vie intérieure dans le cloître de Yuste » pp. 267-281

Mignet et Pichot publient, nous savons à n’en pouvoir plus douter maintenant que l’impérial Cénobite, transformé par d’autres histoires en horloger et en moine, garda son ancien personnage et n’étouffa pas son regard, son action et sa volonté politique, sous la cagoule du pénitent. […] Certes, quand un peuple a de pareilles légendes sur le plus grand et le plus absolu de ses monarques, on peut demander si, pour en expliquer la vie, il est loisible d’oublier l’action de ce peuple et de s’en tenir aux infiniment petits de l’anecdote et des détails personnels… ?

973. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. H. Wallon » pp. 51-66

Sa politique, à lui, son action sur les hommes, c’était l’exercice des plus belles et en même temps des plus charmantes vertus ; car, j’en demande bien pardon à Messieurs les pécheurs, les vertus peuvent être charmantes… Fra Angelico, pour les peindre, se mettait à genoux. […] Comme la Croix avait attiré le monde à elle, il l’attira à lui par le prestige de cette Croix qu’il portait en son cœur, dans son action et sur ses lèvres, bien avant qu’il la mît sur son épaule et sur son manteau de croisé.

974. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Le comte de Gobineau » pp. 67-82

ce qu’ils font la est autrement difficile que de décrire une action, quand même on la décrirait divinement, et d’appliquer sur elle et sur ceux qui la commirent le laurier de la gloire ou le fer rouge du châtiment. […] Quand l’auteur de La Renaissance fait parler un de ces personnages dont on ne voit que l’action morte dans les autres histoires, il le fait positivement renaître, et son livre mérite d’être appelé Renaissance deux fois.

975. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « II. Jean Reynaud »

Ne comprenant jamais l’action divine que comme il comprend l’action humaine, l’auteur de Terre et Ciel se croit fondé à tirer une impertinente induction de nous à Dieu, et cet abus de raisonnement, qui revient dans son livre comme un tic de son intelligence, produit pour conséquence de ces énormités qui coupent court à toute discussion.

976. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XVI. Buffon »

Flourens nous l’a écrite, ainsi qu’un homme d’action qui n’abstrait pas l’action humaine de l’existence du plus grand des contemplateurs.

977. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXX. Saint Anselme de Cantorbéry »

Il n’a pas écrit une biographie intellectuelle du penseur, et replacé, après coup, les idées de l’homme, sous le jeu de ses facultés bien étudiées et par l’étude redevenues vivantes, pour voir comment ces idées s’étaient formées, développées et fixées, dans l’action et sous la pression de ces facultés. […] L’action de la foi par l’obéissance est humainement, si on peut risquer l’expression, la physique du catholicisme.

978. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXXI. Sainte Térèse »

ces deux Rêveurs, d’âge de page, tous les deux, mais qui voulaient l’action, — et quelle action ! 

979. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Raymond Brucker. Les Docteurs du jour devant la Famille » pp. 149-165

Travaillée par leur enseignement, décapitée de l’autorité paternelle, ouverte à tout, amollie, presque dissoute, la Famille, qui liait le faisceau des nations, est-elle capable aujourd’hui, contre ceux qui la menacent dans sa vie et dans son action, de la décision d’une énergie ou de la cohésion d’une résistance ? […] Blessée même par la main de Napoléon, qui dut en frémir jusque dans le fin fond de son génie, mais qui eut la révolutionnaire faiblesse d’en circonscrire l’action et d’en diminuer la puissance, la Paternité, menacée davantage chaque jour, de toutes parts, est le symptôme accusateur d’une société qui s’écroule, et c’est ce que vit tout d’abord et avant tout Brucker, quand il s’agit de donner le robuste appui de son épaule à cette pauvre société chrétienne, ébranlée dans son fondement même.

980. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Paul Féval » pp. 145-158

Il faut bien le dire : il a diminué la notion du roman, de cette chose complexe et toute-puissante, égale au drame par l’action et par la passion, mais supérieure par la description et par l’analyse, car le romancier crée son décor et descend, pour l’éclairer, dans la conscience de ses personnages, ce que le poëte dramatique ne fait pas et ne peut pas faire. […] Il le sait mieux que moi, sans doute, mais moi, je parierais avec assurance que c’est un événement extérieur d’une forte action sur sa pensée qui a poussé dès l’origine l’esprit de M. 

981. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Prosper Mérimée. » pp. 323-336

Une autre raison encore de ce succès chez le peuple de vaudevillistes, que nous avons le bonheur d’être, c’est la simplicité de la donnée de ces petits romans, tout en action extérieure, d’un sentiment brutal ou sinistre, et racontés avec cette impassibilité de roué qui aura toujours, en France, pays de vanité, un immense empire. […] Alexandre Dumas fils, parachève présentement dans le drame, le décharmement de tout ce qui n’est pas l’action même.

982. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XVI. Des sophistes grecs ; du genre de leur éloquence et de leurs éloges ; panégyriques depuis Trajan jusqu’à Dioclétien. »

Cet art, outre une imagination très vive et prompte à s’enflammer, supposait encore en eux des études très longues ; il supposait une étude raisonnée de la langue et de tous ses signes, l’étude approfondie de tous les écrivains, et surtout de ceux qui avaient dans le style, le plus de fécondité et de souplesse ; la lecture assidue des poètes, parce que les poètes ébranlent plus fortement l’imagination, et qu’ils pouvaient servir à couvrir le petit nombre des idées par l’éclat des images ; le choix particulier de quelque grand orateur avec qui leur talent et leur âme avaient quelque rapport ; une mémoire prompte, et qui avait la disposition rapide de toutes ses richesses pour servir leur imagination ; l’exercice habituel de la parole, d’où devait naître l’habitude de lier rapidement des idées ; des méditations profondes sur tous les genres de sentiments et de passions ; beaucoup d’idées générales sur les vertus et les vices, et peut-être des morceaux d’éclat et prémédités, une étude réfléchie de l’histoire et de tous les grands événements, que l’éloquence pouvait ramener ; des formules d’exorde toutes prêtes et convenables aux lieux, aux temps, à l’âge de l’orateur ; peut-être un art technique de classer leurs idées sur tous les objets, pour les retrouver à chaque instant et sur le premier ordre ; peut-être un art de méditer et de prévoir d’avance tous les sujets possibles, par des divisions générales ou de situations, ou de passions, ou d’objets politiques, ou d’objets de morale, ou d’objets religieux, ou d’objets d’éloge et de censure ; peut-être enfin la facilité d’exciter en eux, par l’habitude, une espèce de sensibilité factice et rapide, en prononçant avec action des mots qui leur rappelaient des sentiments déjà éprouvés, à peu près comme les grands acteurs qui, hors du théâtre, froids et tranquilles, en prononçant certains sons, peuvent tout à coup frémir, s’indigner, s’attendrir, verser et arracher des larmes : et ne sait-on pas que l’action même et le progrès du discours entraîne l’orateur, l’échauffe, le pousse, et, par un mécanisme involontaire, lui communique une sensibilité qu’il n’avait point d’abord.

983. (1895) La vie et les livres. Deuxième série pp. -364

Le meilleur remède aux vulgarités et aux souffrances de l’action, c’est la contemplation. […] Ces nobles formes d’arbres et de collines, ces belles façons de penser et de dire, vous en retrouverez, malgré vous, l’action inévitable dans la trame de vos sentiments, de vos paroles et de vos actions à venir. […] Il faut créer de nouveaux motifs d’action. […] La promptitude avec laquelle tu t’enthousiasmes pour ces hommes d’action m’inquiète. […] Il n’est point de livre où il soit plus question de bonté, de charité, de douceur, d’actions de grâce, de piété.

984. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — F — Fuster, Charles (1866-1929) »

Sans analyser en détail l’action de l’œuvre de M. 

985. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Préface de la première édition »

Persuadé que les lettres doivent être un supplément de l’expérience personnelle une force active et présente, une discipline qui s’ajoute aux exemples du foyer domestique, à la religion, aux lois de la patrie, j’ai cherché dans nos grands écrivains moins l’habileté de l’artiste que l’autorité du juge des actions et des pensées, moins ce qui en fait des êtres merveilleux, dont la gloire nous peut troubler, que ce qui les met de tous nos conseils et les mêle à notre vie, comme des maîtres aimés et obéis.

986. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 302-304

On eût souhaité, pour la gloire de cet Auteur, qu’on lui eût également défendu de faire imprimer son Drame d’Albert le Grand, Piece plus médiocre encore que les Druïdes, & dont la langueur de l’action théatrale égale la froideur du style.

987. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 418-420

Il fut varier les divertissemens, les lier à l’action, les animer, & se former une versification un peu froide à la vérité, mais naturelle, & propre à développer les talens du célebre Rameau, qui se chargea de la musique de ses Poëmes.

988. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — J. — article » pp. 531-533

Pourquoi sommes-nous dans le cas de reprocher à ce joli Poëme un peu de longueur dans l’action, de trop longs discours qui le refroidissent, & de petites incorrections qui en déparent quelquefois le style, fait pour n’admettre rien de vicieux, ni même de médiocre ?

989. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 55-57

Des violentes passions, Qui la tenoient enveloppée, Comme d’un dédale échappée, A bien régler ses actions Elle est seulement occupée….

990. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 260-261

La Comédie du Persifleur mériteroit aussi des reproches du côté de l'intrigue & de l'action ; mais la finesse avec laquelle l'Auteur a saisi ce caractere si délié dans ses nuances, l'agrément des détails, la gaieté & la vérité des tableaux, la peinture des travers de nos mœurs, & surtout l'aisance de la versification, lui obtiendront grace aux yeux des connoisseurs, & justifieront le succès dont cette Piece a joui.

991. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Mystères. » pp. 35-37

On allait au-devant d’eux en procession avec les bannières des églises ; on chantait à leur louange des cantiques composés de passages de l’écriture sainte, cousus ensemble pour faire allusion aux actions de leurs règnes.

992. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  Dumont le Romain  » pp. 115-116

pourquoi cette action ne l’écrase-t-elle pas ; ne lui tient-elle pas la bouche entrouverte, ne lui fait-elle pas sortir les yeux de la tête ; ne me la montre-t-elle pas prête à être étouffée ?

993. (1866) Dante et Goethe. Dialogues

Les conjonctures étaient très-propices à ce complet développement de la personnalité, qui fait l’homme à la fois propre à l’action et capable de contemplation. […] Placé sur le devant de la scène, un coryphée récitait ou chantait, en prose ou en vers, l’action que les personnages de bois exprimaient par leurs gestes. […] Et comme aussitôt l’artiste se déclare dans la manière tout imagée dont il expose l’action ! […] Dans cette planète, où sont les âmes qui par amour de la gloire ont fait des actions vertueuses, Dante met un épisode charmant. […] Par le rayonnement d’une chaleureuse sympathie, il attire, il groupe dans une action commune les plus belles intelligences.

994. (1897) Aspects pp. -215

Il dit : l’Action ; il dit la révolte. […] L’action est multiforme. […] Bakounine, c’est l’homme d’action. […] À force de mérite et d’actions parlantes, voulez-vous aller plus loin ? […] Ils subissent l’action d’autrui et au lieu de réagir, ainsi que le demande le jeu normal, naturel de nos facultés, ils répercutent cette action en l’affaiblissant.

995. (1892) Sur Goethe : études critiques de littérature allemande

Tous ont leur caractère propre et leur rôle dans l’action. […] Voilà dans le poème le vrai nœud de l’action. […] Et comment eût-il été poète s’il ne se fût réjoui dans la conscience de son action créatrice ? […] Mais se rencontre-t-il sur la route quelque action perverse dont elles soient victimes ? […] De semer les ruines et de se faire complice de beaucoup de vilaines actions, rien de plus.

996. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre I. Les personnages »

Il donne au loup un titre honorable, l’appelle « beau sire. » Le principal mérite de Louis XIV et de son siècle fut l’établissement de cette politesse qui répand de l’agrément sur toutes les petites actions de la vie, et lie de prime abord des étrangers, même des ennemis. […] Ces pauvres bonnes gens ne sont guère politiques ; ils sont faits pour être mangés et le prouvent surabondamment par leurs actions. […] Celui-ci veut imiter le petit chien qui jappe, donne la patte ; il prétend être baisé à son tour, porte son sabot tout usé sur le menton de son maître, l’en caresse amoureusement « non sans accompagner de son chant gracieux cette action hardie. »91 Décidément, son éducation est à refaire, et il faut y employer le grand maître, Martin Bâton. […] La Fontaine les montre ayant chez eux « fortes femelles et d’assez bon aloi pour telles gens qui n’y raffinent guères. » Chacun d’eux vante la sienne comme il ferait de sa vache. « Tiennette n’a ni surot, ni malandre ; Jeanne a le corps net comme un petit denier. » Les gros mots trottent en pareil monde, et les actions brutales aussi. […] Il faut bien que toutes les parties de l’homme se mettent en équilibre ; il mourrait si son intelligence ne prenait pas le train lent et monotone de son action.

997. (1898) Émile Zola devant les jeunes (articles de La Plume) pp. 106-203

Il se préoccupe avant tout de régler, selon un ordre naturel, l’entrée, le geste, l’action et les paroles de ses personnages. […] L’action de ses livres s’interrompt régulièrement, et ce sont alors de fortes prosopopées qui évoquent le milieu dans lequel elles se passent. […] On ne sait rien de ses origines, on ignore tout des péripéties de son existence et de ses occupations journalières, qui agissent avec tant de force sur notre action intérieure. […] Émile Zola a donné aux arbres, à la lumière, aux vents et aux parfums une place véritable dans l’action de ses livres. Le décor, chez lui, vit et chante, se consume et s’exalte, influe véritablement sur les actions de ses héros.

998. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre II. La parole intérieure comparée à la parole interieure »

Ainsi, l’habitude tendant toujours à affaiblir la conscience des phénomènes qui se répètent incessamment, l’attention toujours en éveil ravive et régénère sans cesse la conscience de l’image sonore, et la maintient ainsi à un degré suffisant d’intensité, tandis que l’image tactile, l’associée naturelle et primitive de l’image sonore, est livrée par l’inattention à l’action destructive de l’habitude [ch. […] Pour représenter aux yeux un tel phénomène, les créateurs de l’écriture hiéroglyphique ont fait appel aux rapports de la pensée avec la parole et de la parole avec la bouche, et, comme la pensée est un acte, un fait passager, ils l’ont représentée par un homme en action, qui fait un geste, le geste de montrer sa bouche, organe de l’expression audible de la pensée. […] Les premiers sont souvent reliés entre eux par un rapport spécial, qui est l’acte propre de l’esprit, le rapport d’analogie, racine et type de tous les rapports logiques ; ils ont encore un autre lien, celui-ci plus constant : c’est l’action toujours sensible d’une force permanente, la volonté mentale ou l’attention, qui, à différents degrés, s’exerce à chaque moment sur eux et de laquelle dépendent, dans une certaine mesure, leur intensité, leur durée, leur ordre même. […] Le contenu de l’espace et le contenu du passé sont les deux objets sur lesquels s’exerce l’action du sujet pensant ; toute connaissance phénoménale est aperçue ou située par lui dans l’une de ces deux formes ou dans toutes les deux à la fois ; seulement, il distingue le passé immédiat du passé lointain ; il appelle le premier présent, le second seul est pour lui le passé. […] Or tout fait que l’attention abandonne subit l’action déprimante et, à la longue, destructive de l’habitude négative.

999. (1903) Articles de la Revue bleue (1903) pp. 175-627

… » Il est las de sa vie présente ; son âme rêve d’actions démesurées, et la disproportion qu’il sent perpétuellement entre son désir et la réalité, l’énerve et le démoralise. À défaut d’actions étonnantes, il a besoin de voyager dans des pays étranges et lointains pour tromper son goût d’aventures. […] Ses actions démesurées lui paraissent vaines. […] Les écrivains les plus notoires qui se recommandaient d’elle, ou bien n’écrivent presque plus, ou bien se sont tournés du côté de l’action politique, ou bien ont fait de riches mariages : quelques-uns sont même en passe d’arriver à l’Académie. […] Notre âme, libérée de toutes les contraintes, peut vivre à la fois pour la beauté, pour la vérité scientifique et pour l’action juste.

1000. (1929) Amiel ou la part du rêve

Non, il ne semble point un candidat à cette peur de l’action, que ses critiques croient reconnaître chez lui. […] Tout doit être apporté et passé au feu de l’examen, et l’âme se doit la conscience de son action et de sa volonté. […] On comprend qu’il ait décrié l’enseignement de nos lycées, exprimé son mépris pour nos Facultés, chanté son cantique d’actions de grâces devant la liberté critique d’une Faculté allemande. […] Cinq mille hommes sont montés du Molard à Saint-Pierre, avec leurs musiques, portant les bannières de 1813, pour un service d’actions de grâces. […] Pour qu’un homme remplisse une fonction, exerce une action déterminée et utile, il faut que l’univers s’anéantisse, ou du moins s’obscurcisse autour d’un point, le sien, que des obstacles, des écrans ou des écrous soient posés ou serrés, ne laissant passer, comme dans la chambre noire, que le filet de lumière et d’être nécessaires à l’action, canaliseurs ou catalyseurs de l’image utile.

1001. (1823) Racine et Shakspeare « Préface » pp. 5-7

Enfin, et c’est ce qui lui vaudra l’immortalité, il s’aperçut que le genre niais de l’ancienne école française ne convenait plus au goût sévère d’un peuple chez, qui commençait à se développer la soif des actions énergiques.

1002. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Pichat, Laurent = Laurent-Pichat, Léon (1823-1886) »

Laurent Pichat s’est fait remarquer par ses Libres Paroles (1847), où il a trouvé, pour l’expression de ses sentiments, de ses doutes, de ses interrogations généreuses, plus d’une action et d’un cri où l’on surprend comme un écho de Byron.

1003. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VI. La littérature et le milieu social. Décomposition de ce milieu » p. 155

Tantôt on reconnaîtra une action exercée sur la nation qu’on étudie par quelqu’une des époques de sa propre histoire ou bien par les sociétés se trouvant en contact avec elle ; ainsi en France, par une espèce d’atavisme, le moyen âge, le seizième siècle, le commencement du dix-septième ont obtenu, sous le premier Empire et lors de la Restauration, un regain de popularité qui est sensible dans le développement de notre école romantique ; ainsi encore on sait quelle déviation la résurrection de l’antiquité grecque et latine fit subir au génie français, lors de la Renaissance, ou à quel point nos écrivains du siècle dernier furent les disciples de l’Angleterre.

1004. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 249-251

C’est un homme que la Providence met au dessus des autres, mais qui doit s’y mettre lui-même par son mérite ; qui, chargé du plus grand & du plus difficile de tous les emplois, doit avoir ces qualités éminentes qui sont nécessaires pour régner sur les autres, pour soutenir le poids d’une grande autorité & d’une grande fortune, pour régler l’usage d’un pouvoir indépendant, & pour trouver dans sa propre vertu une loi sévere & impérieuse qui regle ses désirs & ses actions.

1005. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 380-382

Il a composé, il est vrai, la Vie d’Epicure, mais en Historien qui sait condamner, lorsqu’il le faut, les égaremens de celui dont il raconte les actions.

1006. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 416-419

En suivant cette méthode, qui prouve beaucoup de sagacité, beaucoup de connoissances, il est parvenu à donner non seulement une Collection intéressante des actions principales des Saints que l’Eglise révere dans ses Fastes, mais encore de présenter dans l’ensemble de l’Ouvrage un tableau assez suivi de l’Histoire de l’Eglise.

1007. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » pp. 392-394

En un mot, les actions des plus Grands Hommes acquierent, sous sa plume, un nouveau degré d’intérêt & d’admiration.

1008. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 441-443

Mais s’il est peu connu par ses Ouvrages, il l’est beaucoup par ses actions.

1009. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  Bachelier  » pp. 147-148

J’aimerais mieux avoir croqué ces figures-là où l’on ne discerne presque rien encore que leur action avec l’ordonnance générale, que de m’être épuisé après ce mauvais Milon de Crotone.

1010. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DE LA MÉDÉE D’APOLLONIUS. » pp. 359-406

Ce thème prêtait à l’érudition géographique et généalogique, aux épisodes, et il y en a d’agréables, même de charmants, et à tout instant éclairés de comparaisons ingénieuses ou grandes, d’images vraiment homériques ; mais tout cela est successif, développé dans l’ordre des faits et des temps, sans beaucoup de feu ni d’action, et surtout sans ce flumen grandiose continu, qui est le courant d’Homère. […] L’intérêt véritable est là ; on tient le nœud ; l’action se resserre, elle est vive, pressante, à la fois naturelle et merveilleuse, unissant les combinaisons mythologiques et les peintures du cœur humain. […] Qu’on se garde de conclure pourtant qu’il ne se rencontre pas encore de beaux passages, et dignes de souvenir, notamment l’épisode des noces en Phéacie ; ce que je veux marquer, c’est que l’action, si heureuse et si pleine dans son milieu, est véritablement sur le retour, c’est que l’intérêt principal se traîne et n’a plus d’objet. […] Il y a longtemps que Pline le Jeune, dans une agréable lettre où il raconte plusieurs beaux traits de la célèbre Arria, femme de Pætus, a remarqué qu’ils sont tout aussi grands et aussi mémorables que le fameux mot d’elle, le seul qu’on cite (Pæte, non dolet) ; et il en conclut que la renommée est quelque peu capricieuse, et que, des actions ou des paroles entre lesquelles elle fait choix dans une vie pour la célébrer, les unes ont plus d’éclat et les autres plus de grandeur, alia esse clariora, alia majora. […] J’étois surprise de quelque frayeur lorsque vous le faisiez passer dans un endroit difficile : enfin je m’intéressois secrètement à toutes vos actions.

1011. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CIXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (1re partie) » pp. 5-79

Il aurait dû réclamer légalement le nom de Brunacci, famille plus illustre de Sienne que la famille Consalvi à Rome ; il n’en fit rien par respect pour son père, et persuadé, dit-il, que la plus précieuse noblesse est celle du cœur et des actions. […] Elle n’avait pas pour habitude de recevoir quand on lui venait offrir des actions de grâces. […] Ayant rendu à Sa Sainteté les actions de grâces qui lui étaient dues, je crus de mon devoir de lui en garder, ainsi qu’à sa famille, une éternelle reconnaissance. […] Jamais l’action providentielle ne se donna plus évidemment en spectacle au monde ; le conclave nomma celui qu’il ne cherchait pas, et le cardinal Consalvi lui-même fit nommer celui auquel il n’avait pas pensé : le hasard inspire la sagesse. […] En effet, l’empereur s’abstint de toute initiative dans son gouvernement, et ne garda aucune action que comme police militaire.

1012. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Robert » pp. 222-249

Avec un fond d’inertie plus ou moins considérable, nature qui veille à notre conservation nous a donné une portion d’énergie qui nous sollicite sans cesse au mouvement et à l’action. […] C’est qu’il y a, dans une certaine contrée, des marchands de bonnes actions qui cèdent à des coquins ce qu’ils en ont de trop pour quelques pièces d’argent qu’ils en reçoivent ; espèce de commerce fort extraordinaire. […] Vous ne ferez plus des figures pour faire des figures, vous ferez des figures pour rendre des actions et des incidens. […] Peintres de ruines, si vous conservez un fragment de bas relief, qu’il soit du plus beau travail et qu’il représente toujours quelque action intéressante d’une date fort antérieure aux temps florissans de la cité ruinée. […] Le mouvement, l’action, la passion même sont indiqués par quelques traits caractéristiques, et mon imagination fait le reste.

1013. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. FAURIEL. —  première partie  » pp. 126-268

L’action de Fauriel sur le public se fit longtemps et surtout à travers ses amis. […] Mais ce qu’il importait de constater, c’est que, bien jeune et dès 1800, Fauriel eut, l’un des premiers, sur Mme de Staël une action intellectuelle. […] Son action sur les débuts de M. […] car c’était de près, de très-près-seulement, on le sait, et dans le cercle intime des entretiens, que Fauriel avait sa plus grande action, et qu’il aurait mérité d’être qualifié ce qu’il était véritablement, un esprit nourricier. […] C’est une action courageuse et un écrit de talent ; et la manière dont elle a été lue subrepticement me paraît l’indice d’une époque nouvelle dans l’opinion.

1014. (1896) Le IIe livre des masques. Portraits symbolistes, gloses et documents sur les écrivains d’hier et d’aujourd’hui, les masques…

Dujardin, à la même époque   ; déjà il avait fondé la Revue Wagnérienne, dont l’action, peu étendue, fut profonde. […] De l’extérieur il ne peut guère nous venir que la science, mais « c’est un peu le mal du temps d’avoir compté sur l’action du savoir plus que sur l’énergie spontanée ». […] Au théâtre, on s’adresse à la fois à un seul et à tous, à un homme et à une foule ; il faut être poète et tribun, artiste et logicien ; mettre en action une idée, mais que l’action se puisse comprendre au vu de son mouvement propre. […] D’autres, après de brèves périodes d’action, entrent en sommeil ; ou bien, le jeu de leur imagination est si lent qu’il faut des années de moulin pour que la farine pleuve autour du blutoir. […] Chacun des livres des Goncourt fut une de ces belles actions, chacune d’une beauté différente et neuve.

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