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652. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Jasmin. (Troisième volume de ses Poésies.) (1851.) » pp. 309-329

Il rasait bien, il chantait mieux, et peu à peu chalands et curieux de venir, si bien qu’un peu d’aisance, un petit ruisselet argentin, comme il dit, le visita, lui le premier de sa race, et qu’il devint même propriétaire de sa modeste maison. […] M. l’archevêque, homme d’esprit, et qui comprend la race des poètes, promit d’essayer au dessert d’introduire la pièce de vers entre le fromage et le café : « Mais vous aurez un fort rival dans le café ! 

653. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Paul-Louis Courier. — II. (Suite et fin.) » pp. 341-361

Tu es de race un peu suspecte (à cause de M.  […] Ce Simple discours fut incriminé : « Sachez, avait-il dit, qu’il n’y a pas en France une seule famille noble, mais je dis noble de race et d’antique origine, qui ne doive sa fortune aux femmes : vous m’entendez. » C’était là une impertinence historique, et qui parut attentatoire à tout l’ordre de la monarchie.

654. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre II : La littérature du xviie  siècle »

Comment, vous critiques, qui regrettez sans cesse dans notre littérature l’élément gaulois et populaire, comment n’avez-vous pas vu que ce poëte est de race gauloise, de race populaire, que c’est là le Parisien, mais le Parisien à l’âge mûr, frère de Molière et de la Fontaine, quoique au-dessous.

655. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre III : Concurrence vitale »

L’exemple de plusieurs d’entre nos races domestiques redevenues sauvages en diverses parties du monde est encore plus frappant. […] I est même douteux que toutes le variétés de nos plantes cultivées ou de nos animaux domestiques aient si exactement les mêmes formes, les mêmes habitudes et la même constitution, que les proportions premières d’une masse mélangée puissent se maintenir pendant une demi-douzaine de générations, si rien n’empêche la lutte de s’établir entre elles, comme entre les races sauvages, et si les graines et les petits ne sont annuellement assortis.

656. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Henri Heine »

Il était vraiment de race immortelle ! […] Il est de la race du grand poète, impie au stoïcisme, qui disait : « Je les attends, les plus enragés stoïques, à leur première chute de cheval. » Ce n’est qu’un épicurien, sentant trop la douleur pour la nier, — mais un épicurien de la Pensée, un voluptueux de l’Idéal et de la Forme, ayant la sensibilité nerveuse de la femme et l’imagination des poètes qui s’ajoute à cette sensibilité terrible… Et, dans les livres où il parle de ses souffrances avec une expression tout à la fois délicieuse et cruelle, il ne songe pas une minute à se poser comme un résistant de force morale et de volonté héroïque… En ces livres, parfumés de douleur, il n’est que ce qu’il a été toute sa vie, dans ses livres de bonheur et de jeunesse, — c’est-à-dire bien moins une créature morale qu’une charmante créature intellectuelle, intellectuelle jusqu’au dernier soupir.

657. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XX. Le Dante, poëte lyrique. »

À elle appartenait ce premier âge des troubadours, qui sécularisa l’esprit en Europe, suscita devant l’Église une autre puissance d’opinion, commença le débat de la pensée libre contre le plus fort, et forma dans le midi de la France une race de chanteurs hardis et de poëtes populaires. […] Quelle ode à la Fortune égale l’image et la leçon contenues dans ces vers : « Maintenant, ô mon fils, tu peux voir la coupe remplie de tous les biens pour lesquels se tourmente la race humaine.

658. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXIX » pp. 117-125

Louis Veuillot était un peu à l’origine de cette race des condottieri ; sans prétendre qu’il ne porte pas dans ses excès un fond de conviction sincère, il y garde du moins et y nourrit toutes les passions et les grossièretés humaines et inhumaines.

659. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Sur l’École française d’Athènes »

Ceux-ci en général (le grand Coray à part), se sentant après tout les fils de la vraie race, ont trop négligé l’érudition proprement dite ; ils se sont trop conduits comme les descendants d’une grande famille ruinée, mais qui, fiers de parler la langue de leur nourrice, la langue de leur maison, s’y tiennent et négligent les autres sources d’instruction et les autres moyens d’éclaircissement comme n’étant proprement qu’à l’usage des étrangers.

660. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Pronostics pour l’année 1887. »

Et voici les premières lignes : « Tous les observateurs ont remarqué ce qu’il y a de troublant, d’alliciant et de profondément nostalgique dans le regard des femmes qui offrent cette particularité d’avoir des yeux bleus avec des cheveux bruns, surtout quand ces femmes appartiennent à une race douloureusement affinée par des siècles de vie élégante et artificielle.

661. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — K — Kahn, Gustave (1859-1936) »

Une douceur en émerge, c’est le lied : restitution d’humanité, définitive en sa musique suave et brève, où chante l’âme de banales et divines aventures plébéiennes ou de ces souvenirs que les héroïsmes, les joies ouïes malheurs séculaires incrustent en le cœur des races ; le lied, dont l’adaptation au verbe français est le bien évident de M. 

662. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « L’état de la société parisienne à l’époque du symbolisme » pp. 117-124

Je sais bien que sous cette veulerie apparente, la qualité de la race subsiste et qu’il a suffi d’un coup de clairon en 1914 pour redresser tous les courages et faire craquer ce masque d’indifférence et de niaiserie.

663. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préface des « Rayons et les Ombres » (1840) »

Aucune haine contre le roi dans son affection pour le peuple ; aucune injure pour les dynasties régnantes dans ses consolations aux dynasties tombées ; aucun outrage aux races mortes dans sa sympathie pour les rois de l’avenir.

664. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre quatrième. Éloquence. — Chapitre V. Que l’incrédulité est la principale cause de la décadence du goût et du génie. »

Sur leur front dur respirent l’égoïsme et le mépris de Dieu ; ils ont perdu et la noblesse de l’habit et la pureté du langage : on les prendrait, non pour les fils, mais pour les baladins de la grande race qui les a précédés.

665. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre IV. Personnages des fables. »

Pour la plupart des races, c’est l’éléphant, la plus robuste, sinon la plus féroce, des bêtes de la brousse ; pour d’autres, c’est le lion ; pour quelques autres ce sera l’hyène et même… l’araignée.

666. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « III »

L’influence de la race, du milieu, du climat sur le style est évidement incontestable ; mais il y a une autre influence, beaucoup plus considérable, dont on a tort de ne pas tenir compte : c’est l’influence de la lecture.

667. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — VII »

De quelle race sont-ils ?

668. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre cinquième. Retour des mêmes révolutions lorsque les sociétés détruites se relèvent de leurs ruines — Chapitre II. Comment les nations parcourent de nouveau la carrière qu’elles ont fournie, conformément à la nature éternelle des fiefs. Que l’ancien droit politique des romains se renouvela dans le droit féodal. (Retour de l’âge héroïque.) » pp. 362-370

Bodin avoue que le royaume de France eut, non pas un gouvernement, comme nous le prétendons, mais au moins une constitution aristocratique sous les races mérovingienne et carlovingienne.

669. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (2e partie) » pp. 365-432

Parce que ce Valjean est au fond un très vilain homme, un homme si pervers, si incorrigible, que moi, qui ai fréquenté les bagnes, j’en ai vu bien peu d’aussi foncièrement scélérats, d’aussi dénaturés, soit par leur dépravation naturelle, soit par le défaut de bonne éducation dans leur famille, soit par la passion innée et organique du vol et du meurtre, passion qu’on dit héréditaire dans certaines races d’hommes, comme chez le renard, le loup ou le tigre. C’est peut-être un préjugé, Monsieur, je n’ose pas le décider, mais il n’en est pas moins vrai que, même parmi nous, les plus pauvres, les plus ignorantes des familles du peuple, soit à la ville, soit à la campagne, un instinct, absurde peut-être, mais invincible, nous inspire partout et toujours une répugnance naturelle pour certaines familles entachées de crimes fameux dans quelques-uns de leurs membres, et capables, nous le supposons du moins, de retrouver cette capacité du crime de génération en génération ; nous nous en éloignons tant que nous pouvons, nous disons que cette race est mal famée, nous ne leur donnons pas nos filles, nous ne permettons pas à nos garçons de chercher des femmes parmi eux. […] Celui qui était peuple dans un siècle n’est-il pas devenu, par la rotation des choses et des races, aristocrate dans un autre siècle ?

670. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Hugo, Victor (1802-1885) »

À plus forte raison, pour les races futures en sera-t-il ainsi de notre génération qui vénère Hugo dans le splendide épanouissement d’une gloire impérissable. […] Éternel honneur de notre race ! […] Il est de la race, désormais éteinte sans doute, des génies universels, de ceux qui n’ont point de mesure, parce qu’ils voient tout plus grand que nature ; de ceux qui, se dégageant de haute lutte et par bonds des entraves communes, embrassent de jour en jour une plus large sphère par le débordement de leurs qualités natives et de leurs défauts non moins extraordinaires ; de ceux qui cessent parfois d’être aisément compréhensibles, parce que l’envolée de leur imagination les emporte jusqu’à l’inconnaissable, et qu’ils sont possédés par elle plus qu’ils ne la possèdent et ne la dirigent ; parce que leur âme contient une part de toutes les âmes ; parce que les choses, enfin, n’existent et ne valent que par le cerveau qui les conçoit et par les yeux qui les contemplent.

671. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre II. La poésie lyrique » pp. 81-134

Dans ces instants, elle est bien une incarnation messianique ; ses paroles sont inédites et telles que les premiers lyriques de notre race les voudraient avoir dites. […] Nous doutons qu’il veuille répudier un tel parrainage conforme à l’enseignement de sa race. […] L’éternel bon sens de sa race l’empêche de se croire la dupe de ses songes.

672. (1902) Symbolistes et décadents pp. 7-402

Le poème fut sans cesse ou l’évocation de la légende (la concrétion des aspirations d’une race) ou son cri d’amour joyeux ou triste. […] Dans l’hallucination sa race meurt en elle et les présages sinistres se font. […] La race est sans nuances. […] Il aime le christianisme, de race, de foi, d’admiration pour ses martyrs et aussi de dilection pour l’habileté de ses ministres. […] Il indiquera qu’il sent qu’il a toujours été race inférieure et qu’en sa race il se rappelle l’histoire de la France, fille aînée de l’Église.

673. (1885) Les étapes d’un naturaliste : impressions et critiques pp. -302

Vous verrez alors ce qu’est cette œuvre qui peint une race entière avec ses défauts et ses vertus, avec son caractère à la fois langoureux et passionné. […] Ensemble les fées bocagères émerveillant la vie, inspirant les conseils de cette race troglodyte ; puis les galères de la Grèce, sur l’eau limpide qui les berce, nous apportant l’art de la soie, pour Puget apportant l’art du ciseau. […] Mais alors de quel droit maintiendrions-nous, comme nous devons le maintenir, — s’il nous reste la moindre fierté et le moindre orgueil de race, — que l’Alsace-Lorraine est une province française, en dépit des hasards de la conquête ? […] À cette race poétique qui, si elle n’avait pas produit des poètes, avait produit la poésie elle-même, vint se surajouter un jour l’élément saxon. […] Il ne peut plus d’ailleurs y avoir aujourd’hui de rivalité entre les races sur le terrain des lettres : tous les peuples sont maintenant au même point.

674. (1902) Le problème du style. Questions d’art, de littérature et de grammaire

Le résultat donnera, selon la physiologie particulière de cet homme, selon sa race, selon le sol qui l’a nourri, un Chateaubriand, un Flaubert. […] Les noms de deux autres poètes également d’origine étrangère (il s’agit de races et non de nationalités politiques) sont encore liés à l’histoire du vers libre. […] Il y a aussi de la gaucherie dans les vers de Verhaeren  ; mais c’est une gaucherie fougueuse et passionnée qu’il faut accepter comme représentative d’une race qui est elle-même fougueuse et gauche. […] Après un moment d’ivresse puisée dans les vignes étrangères, l’esprit de la race retourne au vin natal, à la tradition, A la paix, — parfois au sommeil ! […] L’admiration passionnée tend à réaliser, c’est-à-dire à copier ; et c’est ainsi que l’érudition artistique et les musées corrompent le goût ingénu d’une race.

675. (1896) Le livre des masques

Villiers de l’Isle-Adam On s’est plu, témoignage maladroit d’une admiration pieusement troublée, à dire et même à baser sur ce dit une paradoxale étude : « Villiers de l’Isle-Adam ne fut ni de son pays, ni de son temps. » Cela paraît énorme, car enfin un homme supérieur, un grand écrivain est fatalement, par son génie même, une des synthèses de sa race et de son époque, le représentant d’une humanité momentanée ou fragmentaire, le cerveau et la bouche de toute une tribu et non un fugace monstre. Comme Châteaubriand, son frère de race et de gloire, Villiers fut l’homme du moment, d’un moment solennel ; tous deux, avec des vues et sous des apparences diverses, recréèrent pour un temps l’âme de l’élite : de l’un naquit le catholicisme romantique et ce respect des traditionnelles vieilles pierres ; et de l’autre, le rêve idéaliste et ce culte de l’antique beauté intérieure ; mais l’un fut encore l’orgueilleux aïeul de notre farouche individualisme ; et l’autre encore nous enseigna que la vie d’autour de nous est la seule glaise à manier. […] Latin de race et de goûts, M.  […] Eekhoud est donc un écrivain représentatif d’une race, ou d’un moment de cette race : cela est important pour assurer à une œuvre la durée et une place dans les histoires littéraires. […] Aimer le nu, et d’abord féminin avec ses grâces et ses insolences, c’est traditionnel en des races que la dure réforme n’a pas tout à fait terrorisées.

676. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sénac de Meilhan. — II. (Fin.) » pp. 109-130

L’aspect des monuments le porte à la réflexion, ranime ses désirs de gloire et réveille aussi sa sensibilité en lui rappelant la multitude des races disparues. […] Il peut servir à représenter à nos yeux toute une classe et une race de gens du monde, de gens d’esprit et d’administrateurs distingués, qui existaient tout formés à la fin de l’Ancien Régime, qui succombèrent avec l’ordre de choses, et qui ont péri dans l’intervalle, avant que la société reconstituée pût leur rendre une situation ou même leur donner un asile.

677. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire de la querelle des anciens et des modernes par M. Hippolyte Rigault — II » pp. 150-171

Les langues sont nées de la race, et de tout ce qui affectait les sens à l’entour, du sol, du ciel, du paysage ; toutes ces circonstances se sont réfléchies indirectement dans les mots, dans les sons qui les composent. « Est-il bien vrai, se demandait-il, que notre langue soit inférieure à la langue grecque ? […] » Il avait raison en un sens, il choisissait bien ses exemples ; mais il avait tort en ce qu’il confondait tous les âges et qu’il ne se figurait pas qu’il avait pu y avoir une belle jeunesse première, une saison d’efflorescence vigoureuse dans la mieux douée des races, se servant de la plus variée et de la plus euphonique des langues, et que sous des conditions uniques il en était sorti toute une poésie et un art primitif, plus voisin de la nature, et qui ne s’est vu qu’une fois : Homère, disait-il avec une sorte de naïveté contente de soi et de son temps et très commune alors, Homère aurait peut-être atteint à la perfection, s’il fût né dans le siècle d’Auguste ou dans le nôtre ; mais né dans des temps où l’art ne s’était point encore montré, n’étant guidé par aucunes règles, éclairé par aucun exemple, on lui doit tenir grand compte de son poème, tout monstrueux qu’il est.

678. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire du règne de Henri IV, par M. Poirson » pp. 210-230

Henri IV, sauveur du pays et restaurateur de la race et de la morale française, qu’il remet dans son ordre et qu’il fait rentrer dans ses voies, voilà la conclusion et le résultat dans son expression la plus nette. […] Noblesse généreuse et brave, bien française, et qui a su accepter depuis et pratiquer l’égalité sur tous les champs de bataille ; mais si quelques descendants de cet ordre, qui était le préféré du prince dans l’État, pouvaient, dans des considérations rétrospectives, regretter la forme intérieure de monarchie qui parut possible un moment sous Henri IV, ils ne feraient qu’obéir à des instincts ou à des intérêts particuliers de race : les fils du peuple, les enfants du tiers état, arrivés à la vraie égalité, et qui n’ont pas perdu pour attendre, n’ont rien à y voir ; ce sont vœux et utopies en arrière38.

679. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Don Carlos et Philippe II par M. Gachard Don Carlos et Philippe II par M. Charles de Mouy »

Ce contraste du roi le plus sombre et le plus despotique, maître de tant de royaumes, et du cœur républicain le plus brûlant, le plus épanoui, le plus vaste, battant pour toute l’humanité et enveloppant dans son amour le monde entier, avec toutes les races futures, visant à réaliser au plus tôt le bonheur de l’espèce ou par le fils, le royal héritier de tant de sceptres, ou directement par le père même dès qu’il se flatte d’avoir action et prise sur lui, ce contraste une fois admis amenait des scènes d’un grand effet et d’une beauté morale saisissante, toujours à la condition de se laisser enfermer dans le cercle magique du poète. […] L’idée, en partie fausse, mais haute du moins et sévère, qu’il se faisait des droits et des devoirs de la royauté, ne l’abusa point en ceci : il se dit que ce serait une calamité pour ses peuples et une honte pour lui comme pour sa race d’avoir un tel rejeton et successeur après soi sur le trône. il n’en admettait même pas la pensée.

680. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid (suite.) »

J’aurais voulu que les autres courussent ce danger, pour être plus sûr de conserver en toi l’illustre avenir de ma race. » Un coin de tendresse de père subsiste jusque dans l’orgueil ulcéré de l’offensé. […] Vieux et inutile, mais vengé désormais et content, il s’offre lui-même en victime pour apaiser le sang qui crie par la bouche de Chimène ; que son fils vive pour continuer l’honneur de sa race, pour servir son roi et son pays, il n’aura plus de regret.

681. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ULRIC GUTTINGUER. — Arthur, roman ; 1836. — » pp. 397-422

Poésie et amour se confondirent toujours à ses yeux, et c’est de lui, dans une Épître à Victor Hugo, que sont ces vers que j’aime à citer comme la devise du poëte élégiaque, et qui le peignent lui-même tout entier : Il est aussi, Victor, une race bénie Qui cherche dans le monde un mot mystérieux, Un secret que du Ciel arrache le génie, Et qu’aux yeux d’une amante ont demandé mes yeux. […] Crois-tu qu’une race inconnue Peuple ces mondes radieux ?

682. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (6e partie) » pp. 129-176

La seconde race des révolutionnaires commence. […] On est fier d’être d’une race d’hommes à qui la Providence a permis de concevoir de telles pensées, et d’être enfant d’un siècle qui a imprimé l’impulsion à de tels mouvements de l’esprit humain.

683. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre I. Roman de Renart et Fabliaux »

sort du plus intime fond de la race, et en représente les plus générales qualités. […] Ce qui a duré, c’est l’esprit du genre qui est une forme de l’esprit de la race, et ainsi reparaissent de temps à autre dans nos farces du Palais-Royal des moyens et des effets dont usaient les auteurs des fabliaux : nos armoires ont remplacé les buffets de nos pères, nos pantalons leurs braies.

684. (1902) L’œuvre de M. Paul Bourget et la manière de M. Anatole France

Anatole France est un écrivain de race qui porte en soi, comme d’autres l’empruntent, le goût de comprendre, de penser et de bien dire. […] France avait su ou voulu brider sa pensée, et ne lui demander qu’un moindre effort, ou plus d’audace réfléchie que de dilettantisme, sans doute n’eussions-nous eu aujourd’hui qu’à nous empresser de voir en lui, à côté de l’écrivain de race, un intellectuel sincère et digne d’estime.

685. (1890) L’avenir de la science « II »

Les religions de l’Orient disent à l’homme : « Souffre le mal. » La religion européenne se résume en ce mot : « Combats le mal. » Cette race est bien fille de Japet : elle est hardie contre Dieu. […] Mais il est physiquement possible que l’humanité soit destinée à périr ou à s’épuiser et que l’espèce humaine elle-même s’atrophie, quand la source des forces vives et des races nouvelles sera tarie.

686. (1887) Discours et conférences « Rapport sur les prix de vertu lu dans la séance publique annuelle de l’Académie française »

Bonne et solide race française, vertueuse depuis deux et trois mille ans, comme on la calomnie en la croyant livrée aux calculs étroits de l’égoïsme ! […] Mais, croyez-moi, aucune autre race n’a dans ses entrailles autant de cette force qui fait vivre une nation, la rend immortelle malgré ses fautes, et lui fait trouver en elle-même, au travers de tous ses désastres et de toutes ses décadences, un principe éternel de renaissance et de résurrection.

687. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IX. La littérature et le droit » pp. 231-249

On invoque les découvertes de Darwin ; on remarque que parmi les animaux et les végétaux les plus faibles sont la proie des plus forts, que les espèces inférieures sont détruites ou asservies par les espèces supérieures ; et l’on conclut que de même, parmi les hommes, le progrès est au prix de la disparition des races mal douées, que les nations sont vouées à une entremangerie où les mieux armées, ce qui constitue et implique leur supériorité, ont pour mission de dompter ou d’exterminer les autres. […] Renan, se défiant, comme Taine, de la raison et des hardies revendications formulées au nom d’une justice extérieure et supérieure aux faits, déclarait qu’il était sage d’entretenir l’inégalité des races, des classes, des conditions individuelles.

688. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Goethe et de Bettina, traduites de l’allemand par Sébastien Albin. (2 vol. in-8º — 1843.) » pp. 330-352

En lisant ces lettres de Bettina, on fait comme elle, on se surprend à étudier Goethe dans sa mère, et on l’y retrouve plus grand, plus simple du moins et plus naturel, avant l’étiquette, et dans la haute sincérité de sa race. […] J’aurais voulu pouvoir donner une plus complète et plus juste idée d’un livre qui est si loin de nous, de notre manière de sentir et de sourire, si loin en tout de la race gauloise, d’un livre où il entre tant de fantaisie, de grâce, d’aperçus élevés, de folie, et où le bon sens ne sort que déguisé en espièglerie et en caprice.

689. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Condorcet, nouvelle édition, avec l’éloge de Condorcet, par M. Arago. (12 vol. — 1847-1849.) » pp. 336-359

Il croyait tenir la clef du bonheur des hommes et des races futures ; il distribuait et prêtait volontiers cette clef à tous ; mais quand on a une telle confiance dans la justesse d’une seule de ses propres vues, qui embrasse l’avenir du monde, on peut être ensuite facile et sans trop de prétentions sur le reste : la vanité, sous un air de bienveillance, a en nous un assez bel et assez haut endroit où se loger. […] L’auteur supprime en idée tout ce qui est du caractère et du génie particulier aux diverses races, aux diverses nations ; il tend à niveler dans une médiocrité universelle les facultés supérieures et ce qu’on appelle les dons de nature ; il se réjouit du jour futur où il n’y aura plus lieu aux grandes vertus, aux actes d’héroïsme, où tout cela sera devenu inutile par suite de l’élévation graduelle du niveau commun.

690. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mirabeau et Sophie. — II. (Lettres écrites du donjon de Vincennes.) » pp. 29-50

C’est que Mirabeau (je l’ai fait remarquer dès l’abord) n’était plus seulement par son organisation un homme de cette race féodale et haute, sauvage et peu affable, dont étaient ses aïeux, ces hommes qui se vantaient d’être tout d’une pièce et sans jointure. […] Ne jugeons donc pas ces querelles de races et où, dans le fond, les génies de deux époques étaient aux prises, de notre point de vue domestique et bourgeois d’aujourd’hui.

691. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Mémoires de Daniel de Cosnac, archevêque d’Aix. (2 vol. in 8º. — 1852.) » pp. 283-304

Le prince de Conti qui, dans ses versatilités, avait du moins en lui de plus nobles étincelles et comme des parcelles mobiles d’une grande âme, achève de ruiner sa vie en ce moment ; il ne sort de Montpellier qu’en emportant une maladie honteuse qu’il y a contractée sans le savoir, et qui va bientôt infecter en secret sa future épouse, la seule vertueuse nièce de Mazarin, et toute sa race. Race si vive et si fine, si spirituelle, si gâtée de débauche à l’origine et toute pétrie de délices, elle mériterait bien une petite histoire à part : Histoire de la branche des Conti.

692. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Bernardin de Saint-Pierre. — I. » pp. 414-435

Hennin et Bernardin, dans toute cette correspondance, sont deux hommes représentant des races différentes : l’un représente la race des bons esprits, probes, exacts, laborieux et positifs ; l’autre, celle des chimériques plaintifs, chez qui le roman l’emporte, et qui, à la fin, le talent et la fée s’en mêlant, ont le privilège de se faire pardonner et admirer.

693. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Volney. Étude sur sa vie et sur ses œuvres, par M. Eugène Berger. 1852. — II. (Fin.) » pp. 411-433

Il méconnaît la sainteté, la vénération qui fait partie de l’âme humaine, toute cette race d’hommes pieux qui se personnifie, même en dehors du christianisme, dans les noms des Xénophon et des Numa. […] S’élevant contre les Casca et les Brutus de club ou de carrefour dont la race foisonnait alors, il dit énergiquement : « On tue les hommes, on ne tue point les choses, ni les circonstances dont ils sont le produit. » Il semble pressentir par avance que le moment approche où l’on aura besoin d’un César.

694. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre II. Shakespeare — Son œuvre. Les points culminants »

Shylock est la juiverie, il est aussi le judaïsme ; c’est-à-dire toute sa nation, le haut comme le bas, la foi comme la fraude, et c’est parce qu’il résume ainsi toute une race, tel que l’oppression l’a faite, que Shylock est grand. […] L’homme d’Homère, Achille, est un Adam ; de lui vient l’espèce des tueurs ; l’homme d’Eschyle, Prométhée, est un Adam ; de lui vient la race des lutteurs ; l’homme de Shakespeare, Hamlet, est un Adam ; à lui se rattache la famille des rêveurs.

695. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Révolution française »

Ils savent que dans les races d’idées c’est comme dans les races physiologiques, et qu’on peut dire à tout être, à toute chose, à toute créature : « Que je sache d’où tu viens et je saurai ce que tu vaux. » Si, comme on le verra, Cassagnac a réussi, il a rendu le plus grand service que, dans les circonstances présentes, un écrivain isolé pût rendre à la cause de l’Ordre et du Pouvoir, et il a bien mérité des gouvernements de l’Europe.

696. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « V. M. Amédée Thierry » pp. 111-139

cette histoire d’Attila n’est pas son histoire Ce n’est que l’extrait de naissance et de décès du neveu de Roua et de sa race ; c’est le passeport de cette tempête, c’est le certificat de vie et mœurs de ce polygame monstrueux. […] Matériellement, ses parois la brisèrent, mais intellectuellement, quelle fut la force qui la brisa Que sont donc Attila et ses fils devant Romulus et sa race ?

697. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Philarète Chasles » pp. 147-177

Ce que j’y ai trouvé, c’est un fantaisiste américanisé comme un cheval est hongre, un utilitaire besoigneux, qui ne s’occupe plus de la question du beau en littérature, mais de l’éducation des peuples, de l’amélioration des races, de la réconciliation générale de ces ennemis qui, jusqu’à cette heure, ont composé le genre humain. […] Cet homme, qui a beau être philanthrope ne sera jamais bête, ne croit peut-être pas à l’immortalité de l’âme, et il est sûr de l’éternité de la race.

698. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’art et la sexualité »

Les enfants de cette race élue pour les exceptionnels destins, ne sont pas rares parmi nous, et nous n’avons pas à craindre pour aujourd’hui l’extinction de cette aristocratie du non-sens. […] Je ne crois pas qu’il existe dans le monde entier une seule œuvre d’art, de premier ordre et d’incontestable grandeur, qui soit sortie de l’un des exemplaires de cette race inféconde.

699. (1882) Types littéraires et fantaisies esthétiques pp. 3-340

Les préjugés de l’Espagnol, l’orgueil du sang et de la race pèsent sur lui d’un poids plus lourd que ne l’exigerait le patriotisme. […] La violence de la race féodale se sent partout d’ailleurs chez ce noble personnage, et il crache son mépris à la face des gens avec une hauteur qui n’épargne même pas les personnes de son sang. […] Il en est ainsi du monde poétique et merveilleux ; il existait nécessairement avant qu’aucun poète eût apparu dans le monde ; il existerait encore alors même que la race des poètes s’éteindrait. […] Quelque haute que fût l’origine de la race dont il était issu, cette noblesse de maintien en avait une plus haute encore, car elle n’existait qu’en vertu des paroles d’un prophète et d’un homme inspiré. […] De toutes ces visions par lesquelles le passé se révèle à nous, les plus ordinaires sont celles qui sont dues à la persistance des caractères physiques de la race.

700. (1912) Pages de critique et de doctrine. Vol I, « I. Notes de rhétorique contemporaine », « II. Notes de critique psychologique »

La besogne accomplie par notre race. L’organe local de cette race est la nation, plus profondément la région, et plus profondément encore la famille. […] Sainte-Beuve, et après lui Taine, ont saisi la liaison entre les œuvres d’art et les tempéraments, les milieux, les races. […] Il a possédé, plus que personne, l’extraordinaire don d’assimilation propre à sa race. […] Vous reconnaissez ce goût de briller et cet art de séduire inné dans cette race.

701. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « AUGUSTE BARBIER, Il Pianto, poëme, 2e édition » pp. 235-242

Ne l’oublions pas : si l’Italie a pour elle sa beauté, le don inné des arts et le génie impérissable de sa race, nous ne sommes pas déshérités non plus, nous avons l’action, le foyer ardent et les lumières.

702. (1874) Premiers lundis. Tome II « Adam Mickiewicz. Le Livre des pèlerins polonais. »

Il faut se figurer un instant qu’on est Irlandais ou Polonais, c’est-à-dire d’une race où la nationalité et la religion se sont jusqu’ici étroitement embrassées ; d’une armée qui s’agenouille au nom de Marie, et dont le généralissime Skrzynecki combat avec le scapulaire sur la poitrine ; il faut se prêter à cet orgueil si légitime qui, au milieu de l’inaction des peuples les plus invoqués, au sein de l’apparente lâcheté européenne, permet qu’on se considère comme le peuple élu par excellence, comme un peuple hébreu, martyr et réduit présentement en captivité, mais pourtant le seul vivant entre les tribus idolâtres, le seul par qui la cause de Dieu vaincra.

703. (1874) Premiers lundis. Tome II « Charles de Bernard. Le nœud Gordien. — Gerfaut. »

Le baron de Bergenheim, jeune homme de vieille race, et qui en a toutes les allures, officier d’ordonnance sous la Restauration, et que Juillet a jeté dans ses terres, court le sanglier, songe peu à sa femme, la croit froide et sûre, et, au moindre soupçon, laverait la tache dans le sang.

704. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Vielé-Griffin, Francis (1864-1937) »

Je sais que cela dépend des patries et que cela dépend des races, je me soumets à l’atavisme qui les différencie.

705. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre V : Rapports du physique et du moral. »

On en peut citer comme exemples les races celtiques et, parmi les individus, Fox, Mirabeau, Alfieri, etc, 3° Un troisième type est celui où l’intelligence prédomine.

706. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préface des « Feuilles d’automne » (1831) »

Il n’insultera pas la race tombée, parce qu’il est de ceux qui ont eu foi en elle et qui, chacun pour sa part et selon son importance, avaient cru pouvoir répondre d’elle à la France.

707. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Jules Vallès » pp. 259-268

» pour nous, enfin, qui avons connu à fond cette race de drôles, spéciale aux cabarets du Paris du xixe  siècle, il n’y a guères d’intérêt dans la peinture de Vallès que sa peinture.

708. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Μ. Jules Levallois » pp. 191-201

Levallois n’est pas un ermite de la race des saint Hilarion et des saint Antoine, mais de celle, hélas !

709. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Topffer »

Il a fondu en lui le meilleur rayon des deux races.

710. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Leopardi »

En France, où l’on avale les étrangers sans les mâcher, comme des hosties, et où les ennuyeux paraissent des majestueux et imposent, je l’ai dit, il réussit davantage en sa double qualité d’ennuyeux et d’étranger, ce valétudinaire studieux, — qui, malgré son nom, ne fut un léopard d’aucune manière, pas même un chat, ce cadet des cadets de la race féline, mais tout simplement et pacifiquement un rat de bibliothèque qui faisait des vers comme il faisait un commentaire sur Épictète, et par le même procédé !

711. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Louandre »

Assurément, s’il est un homme fait pour mieux que le petit livre, c’est Louandre, le robuste traducteur de Tacite, un des érudits les plus râblés de ce temps, et dans tous les temps l’homme le plus capable d’œuvres fortes, noblement laborieuses et difficiles ; et cependant, obéissant, malgré lui sans doute, aux exigences de ce siècle superficiel et pressé, Louandre publie aussi un petit livre, comme s’il appartenait, lui, à la race des écrivains sans haleine qui ont inventé la phrase courte, le hachis des petits paragraphes et les écrits de quelques pages à l’usage d’une société qui ne lit plus !

712. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Belmontet »

Si les grands hommes influent, même physiologiquement, sur les races (et qui sait ?

713. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — II »

Elle leur passe les hardiesses essentielles et ne leur demande que des concessions d’attitude, dont s’agace peut-être un Parisien vif, irrespectueux, provocant, mais qui ne coûtent rien ni aux races du Nord, ni à moi.‌

714. (1856) Cours familier de littérature. II « XIe entretien. Job lu dans le désert » pp. 329-408

Nous n’hésitons pas à dire que, si l’espèce humaine devait disparaître tout entière de la terre (ce qui est possible) pour faire place sur ce petit globe à une race plus parfaite et plus intelligente, et qu’il ne dût y avoir qu’une seule œuvre de l’homme sauvée de ce cataclysme, c’est le poème de Job qu’il faudrait sauver de préférence du naufrage ou de l’incendie. […] en face de cette anthropophagie mutuelle qui est le crime irrémissible de toutes les races de la création, où il y a un Caïn dans toutes les familles, dites-moi si cette anthropophagie mutuelle n’est pas la fatalité de l’être, la rançon de toute heure de vie par un crime, l’exemple et le conseil du meurtre donné par la puissance créatrice à ses créatures ? […] On pourrait faire plus aujourd’hui, on pourrait, en quelques instants, parcourir soi-même ces différents climats intellectuels du globe, et se rendre compte par sa propre sensation des sensations différentes des races et des peuples qui vivent ou qui meurent sous les différentes latitudes de la pensée, — « vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà », — s’écriait le religieux Pascal lui-même en sondant cet horrible mystère des opinions et des doutes des mortels !

715. (1870) La science et la conscience « Chapitre I : La physiologie »

Que deviennent le libre arbitre, la responsabilité, la moralité, la personnalité de l’être humain, individu, peuple, race, sous l’empire d’une pareille nécessité ? […] Ce n’est pas seulement dans les études philosophiques et morales qu’on voit le défaut de sens psychologique de l’esprit français ; on le retrouve dans nos poésies et dans nos romans, si sobres de ces détails de la vie intime qui surabondent chez les poëtes et les romanciers de race saxonne. […] La mesure de l’angle facial a son importance, quand il s’agit de notables proportions, comme dans la classification des races humaines ; mais jusqu’à ce que l’analyse anatomique et même chimique de la substance cérébrale nous ait appris le dernier mot sur cette question de la qualité relative du cerveau, on n’en pourra juger que d’une manière générale et superficielle.

716. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Première série

Puis il a vu sa race dispersée, la religion nouvelle s’emparer du monde, l’empire crouler. […] L’hellénisme était le tranquille développement de l’esprit de la race aryenne : le christianisme, ça a été la perversion de ce génie lumineux par le sombre génie des Sémites. […] Mais d’abord, quand une race subit l’influence d’une autre, c’est apparemment qu’elle y avait des dispositions secrètes. […] A moins qu’il ne faille faire son deuil de l’antique unité de la race dans le fameux «  plateau central », unité qu’on est fort en train de contester, paraît-il. […] Le sujet de l’épopée est un sujet national, intéressant pour tout un peuple, intelligible à toute une race.

717. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome I

Une épidémie, le mal rouge ou rouget, ravage la race porcine. […] » Voilà, sommes-nous en droit de conclure sur des textes pareils, deux âmes de la même race, également tourmentées du besoin d’appuyer la vie passagère sur une force qui ne passe pas. […] Or ne s’accorde-t-on pas à reconnaître, dans cette forte race montagnarde, une solidité d’esprit singulière ? […] L’homme est d’autant plus lui qu’il accepte de n’être qu’un moment de sa patrie et de sa race. […] Ici, c’est le passé d’une forte race, fidèle à la terre natale… » Ce vieux Roquevillard est un avocat, fils d’avocat, dont les ancêtres ont tous été des gens de loi.

718. (1882) Autour de la table (nouv. éd.) pp. 1-376

Il est hors de doute pour nous tous qu’à l’apparition de notre race sur la terre, elle put vivre en bonne intelligence avec une grande partie des créatures d’un ordre inférieur qui l’avaient précédée dans le jardin de la nature, et que sa vie physique et morale fut complétée par la douceur de ses relations avec la plupart des animaux environnants. […] Cela est certain ; mais il aurait peut-être dû nous dire qu’elle prouve beaucoup, qu’elle prouve tout, en tant que solidarité contre notre race insensée. […] Julie. — Oui ; le mal considéré comme un accident passager dans l’histoire des hommes, et prenant fin par la diffusion de la lumière, qui, seule, est une chose absolue et impérissable ; c’est là l’avenir, ou bien la race humaine disparaîtra de la terre sans mériter un regret. […] La majorité de la race slave est rangée sous la loi sincère de l’Évangile. […] … Là, au sommet du rocher… je plane au-dessus de la race des hommes, dans les rangs des prophètes !

719. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mademoiselle Aïssé »

Cependant la postérité féminine d’Aïssé prospérait en beauté et en grâce ; je ne sais quel signe de la fine race circassienne continuait de se transmettre et de se refléter à de jeunes fronts. […] Il s’était glissé dans mon premier travail une bien grave erreur que je suis trop heureux de pouvoir réparer : j’avais dit que la race d’Aïssé était éteinte, elle ne l’est pas. […] Cela dit, et cette justice rendue à une noble et gracieuse descendance au profit de laquelle nous sommes heureux de nous trouver en partie déshérités, on nous accordera pourtant d’oser maintenir et de répéter ici notre conclusion première ; car, comme l’a dit dès longtemps le Poète, à quoi bon tant questionner sur la race ? […] Parmi les feuilles, le vent verse les unes à terre, et la forêt verdoyante fait pousser les autres sitôt que revient la saison du printemps : c’est ainsi que les races des hommes tantôt fleurissent, et tantôt finissent93. » Tenons-nous à ce qui ne meurt pas.

720. (1902) Les poètes et leur poète. L’Ermitage pp. 81-146

Musset me reste cher parce qu’il est éminemment français, et par là je veux dire qu’il portait en lui les meilleures traditions de notre race, qu’il en avait le sens profond, qu’il s’était nourri de la pensée de nos maîtres bien à nous, depuis Mathurin Régnier, Molière, Racine, La Fontaine, jusqu’à André Chénier et Beaumarchais, et qu’il avait puisé en eux cette clarté admirable, cette ironie mordante devant la sottise prétentieuse, cette élégance primesautière et cette fière allure d’indépendance, qui ont toujours été l’apanage de notre vieille terre des Gaules, et qui, nous le voulons croire, resteront l’orgueil de la France contemporaine. […] Alfred de Vigny, tandis qu’Alfred de Musset vit l’impertinence et la sentimentalité d’une fin de race, et que Baudelaire vient en damné affirmer avec son génie furieux de fou la vie brutale et laide. […] Aucun homme ne me semble du reste avoir résumé en lui toute la pensée, tout l’art, toute la poésie d’une époque ni d’une race. […] Malgré la sensibilité charmante des premiers livres de Sully Prudhommeh, et la sereine beauté des sonnets de Herediai, malgré le lyrisme de Vielé-Griffin dans les poèmes que je comprends, la tenue d’art des livres d’Henri de Régnier, l’emportement magnifique de Verhaeren, la mélancolie de Rodenbach et la délicatesse pénétrante d’Albert Samain, malgré la belle impeccabilité de Moréas, dans le petit Panthéon que je m’étais construit nul poète n’a pris la place ou trônèrent successivement Hugo, Musset, le divin Lamartine et Verlaine qui ne marcha pieds nus comme les dieux que parce qu’il était de la race des Immortels 1 !

721. (1880) Goethe et Diderot « Gœthe »

Si, au milieu de tous les syncrétismes de la pensée de Gœthe, lequel se vante dans ses Mémoires de s’être dépouillé du catholicisme en trois temps, on aperçoit encore quelques atomes de poète, il les doit à ce catholicisme plus fort que tout, qui palpite encore, malgré lui, dans cette poitrine glacée, prise par des sots insensibles pour celle d’un Dieu parce que rien n’y bat… Il les doit encore, non à son génie particulier, mais au génie de sa race, et c’est là, du reste, quand on n’est pas nettement supérieur par soi-même, ce qui peut arriver de mieux : avoir le génie de sa race. […] La bêtise à fond de la race s’ajoute à la bêtise naturelle à Gœthe, et cela fait, je vous jure, un joli total… Ce qui nuit seulement au Sganarelle des Complices et à sa situation, c’est que ce Sganarelle est un voleur, comme le Grand Cophte, et, nous l’avons dit, le vol à la scène est odieux, et l’odieux jette un froid… le froid de Gœthe, qui périt dans toutes ses œuvres par le froid, comme Napoléon en Russie. […] Les travaux philologiques de ces derniers temps ont fait croire aux savants qu’il y avait des rapports de race et de langue entre les Allemands et les Indous.

722. (1894) Critique de combat

Il conte de race, si l’on peut ainsi parler. […] Aussi la race est-elle laide, chétive, maladive ; à la quatrième génération une famille disparaît. […] Il consiste à nous conduire successivement chez les différentes races, en partant des nègres, en passant par la race jaune à laquelle sont adjoints les peaux-rouges, et en finissant par les peuples de la race blanche. […] Il réduit au rôle de facteurs secondaires le climat et la race dont on a tant abusé. […] Un monde divisé en races faites pour commander et en races condamnées à servir ; des sociétés séparées en classes nobles, auxquelles sont dus tous les privilèges, et en basses classes vouées à perpétuité aux travaux serviles : voilà ce que M. 

723. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « M. Denne-Baron. » pp. 380-388

Il était de cette race de rêveurs opiniâtres et doux qu’on appelle, selon les genres et les degrés, La Fontaine ou Panard, qui n’ont point souci d’eux-mêmes, et qui jettent leurs fleurs ou leurs fruits sans les compter.

724. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Poésies d’André Chénier »

André Chénier, en un mot, n’est pas le dernier d’une race : c’est aussi un précurseur.

725. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section III. Des ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre III. De l’étude. »

Je relis sans cesse quelques pages d’un livre intitulé : La Chaumière indienne ; je ne sais rien de plus profond en moralité sensible que le tableau de la situation du Paria, de cet homme, d’une race maudite, abandonné de l’univers entier, errant la nuit dans les tombeaux, faisant horreur à ses semblables sans l’avoir mérité par aucune faute ; enfin, le rebut de ce monde, où l’a jeté le don de la vie.

726. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Jules Laforgue » pp. 36-47

Son cerveau est un carrefour où se bousculent pêle-mêle les races, les idées, les philosophies, les religions.

727. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre II. Recherche des vérités générales » pp. 113-119

Question de race peut-être ; mais surtout parce que l’esprit mondain y fut une importation, une mode exotique venue d’outre-Manche, par conséquent une chose superficielle, un vernis peu solide, et aussi parce qu’une nation de marins, de commerçants, de voyageurs était par là même restée en contact perpétuel avec la nature.

728. (1894) Notules. Joies grises pp. 173-184

Donc, deux races de poètes, dont l’essence fondamentale est dissemblable.

729. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pierre Dupont. Poésies et Chansons, — Études littéraires. »

Pierre Dupont se révèle bien de la double race, chaque jour plus effacée, et du laboureur et du pâtre.

730. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre V. Du gouvernement de la famille, ou économie, dans les âges poétiques » pp. 174-185

Les premiers hommes qui fondèrent la civilisation avaient été conduits à la société par la religion et par l’instinct naturel de propager la race humaine, causes honorables qui produisirent le mariage, la première et la plus noble amitié du monde.

731. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

Comme ces chevaux de noble race, qui, galopant le long d’un sentier tranquille, s’ils perçoivent à quelque distance le bruit d’un combat, s’arrêtent, frémissent, dressent la tête, et, les naseaux ouverts, l’œil ardent, aspirent les sons belliqueux, son imagination riante devenait sérieuse devant un champ de bataille. […] Esprit général de la critique littéraire Ainsi, une littérature, un poème, quelquefois même un morceau faisant tache, comme ce passage d’une comédie de Plaute où Sosie embouche la trompette héroïque, sont l’expression vive et fidèle d’une société ; une œuvre d’art plaît à un peuple, comme l’Iphigénie de Racine, lorsqu’elle exprime des sentiments nationaux, quelle que soit l’antiquité du vêtement dont elle s’affuble ; une œuvre d’art plaît à un peuple, comme Le Médecin de son honneur de Caldéron, lorsqu’elle exprime des passions nationales, quelque absurdes que ces passions puissent paraître au jugement faible des étrangers ; mais une œuvre d’art qui n’exprime pas un état social actuel et présent, ne plaît qu’à une élite de lettrés, comme l’Iphigénie de Goethe, ou ne plaît qu’à l’auteur et à sa famille, comme l’Alarcos de Frédéric Schlegel ; et il n’est point certain que l’Iphigénie allemande eût fait plaisir aux Grecs, ni l’Alarcos aux Espagnols, parce que l’artiste ne peut pas s’isoler, s’abstraire de la race d’où il sort, du milieu où il vit, du moment où il fait son poème, au point de devenir vraiment grec ou vraiment espagnol, quand il est moderne et allemand. […] S’il est aisé d’apercevoir dans une grande littérature l’empreinte du siècle et de la race qui l’ont produite ; s’il est aisé d’entendre la guerre civile s’entrechoquer dans les vers heurtés de Dante, et de contempler dans la douce figure de Béatrix la personnification, de toutes les choses rêvées par cette époque ardente, et mystique de poètes théologiens ; s’il est aisé de suivre dans le théâtre de Voltaire les préoccupations philosophiques du dix-huitième siècle, et de voir dans le Faust de Goethe l’expression du génie métaphysique et profond de l’Allemagne ; croit-on qu’il soit beaucoup plus difficile de découvrir la cause naturelle d’où procèdent les prodiges apparents, les études calmes d’un Bernardin de Saint-Pierre en 1789, les tragédies attiques d’un Goethe à Weimar ? La difficulté n’existe que pour les critiques qui veulent trouver la formule d’une race, d’un siècle, d’une nation, d’un homme. […] Voilà l’honnête homme, œuvre de la société dans une race sociable.

732. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VI. Les romanciers. » pp. 83-171

Robinson est bien de sa race et peut l’instruire encore aujourd’hui. […] Cette dure race est taillée pour le travail, comme ses moutons pour la boucherie et ses chevaux pour la course. […] Western est un squire de campagne, bonhomme au demeurant, mais ivrogne, toujours à cheval, inépuisable en jurons, prompt aux gros mots, aux coups de poing, sorte de charretier alourdi, endurci et enfiévré par la brutalité de la race, par la sauvagerie de la campagne, par les exercices violents, par l’abus de la grosse mangeaille et des boissons fortes, tout imbu d’orgueil et de préjugés anglais et rustiques, n’ayant jamais été discipliné par la contrainte du monde, puisqu’il vit aux champs, ni par celle de l’éducation, puisqu’il sait à peine lire, ni par celle de la réflexion, puisqu’il ne peut pas mettre deux idées ensemble, ni par celle de l’autorité, puisqu’il est riche et justice, et livré, comme une girouette qui siffle et grince, à tous les coups de vent de toutes les passions. […] Excusez-le d’avoir des muscles, des nerfs, des sens, et ce bouillonnement de colère ou d’ardeur qui précipite en avant les animaux de noble race. […] V En tous cas, il est puissant et redoutable, et si en ce moment vous rassemblez en votre esprit les traits dispersés des figures que les romanciers viennent de faire passer devant vos yeux, vous vous sentirez transporté dans un monde à demi barbare et dans une race dont l’énergie doit effaroucher ou révolter toute votre douceur.

733. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1863 » pp. 77-169

Et Voltaire amène chez Sainte-Beuve un éloge de Rousseau, dont il parle comme un esprit de sa famille, comme un homme de sa race, éloge qu’un brutal coupe par ces mots : « Rousseau, un laquais qui se tire la q…. » Renan devant cette violence de la pensée et du verbe, un peu effarouché, reste à peu près muet, curieux pourtant, attentif, intéressé, buvant le cynisme des paroles, ainsi qu’une femme honnête dans un souper de filles. […] « Et puis, il a une chose à son compte, dont je lui sais le plus grand gré et que j’estime beaucoup en lui, c’est que toutes les fois qu’il a parlé du moyen âge, il a rendu justice à l’élément germain qui existe incontestablement dans notre race. […] Voyez en effet l’affaissement des races du Midi. […] la vilaine et l’antipathique race que ces Normands, avec leurs paroles avares, leur sourire de paysan qui vous attrape, leur teint rouvant sur lequel il semble qu’il y ait du givre, leurs sourcils blancs, leurs yeux de faïence, leurs regards aigres comme leurs pommes, leur rapacité sans la grâce et la polichinellerie du Midi. […] Aucune dans le vice, jusqu’ici, ne m’a paru d’une race supérieure.

734. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre premier. La Formation de l’Idéal classique (1498-1610) » pp. 40-106

Tandis qu’auparavant, si l’on se trouvait, à l’expérience, différer sensiblement des hommes de sa race ou de sa classe, on en était presque humilié, comme d’une tare ou d’une difformité, c’est au contraire si l’on croit avoir découvert en soi quelque chose de distinctif et de singulier que l’on s’en formera désormais un motif d’orgueil. […] Il y a d’ailleurs autre chose, dans ce roman fameux, et, par exemple, sous l’humaniste et sous l’érudit, on n’a pas de peine à retrouver le Gaulois, Gaulois de race et de tempérament, le continuateur ou l’héritier de Villon, du Roman de la Rose, des conteurs de nos vieux fabliaux. […] Quand on essaie d’atteindre le principe même de leur opposition, il semble qu’on le trouve dans une de ces oppositions de races qui sont de toutes les plus irréductibles. […] — Raisons d’en douter ; — dont la principale est la licence qui régnait alors dans la satire. — On en peut trouver une seconde dans l’indétermination du caractère national : — ce qui fait rire une race n’en faisant pas rire une autre, et le caractère français étant à peine formé. […] Si elle n’a pas réussi davantage, c’est qu’elle a commis trois erreurs capitales : — 1º Elle s’est trompée sur le choix des modèles, qu’elle a toujours confondus, pourvu qu’ils fussent anciens, dans la même admiration ; — 2º Elle s’est trompée sur les conditions des genres, qu’elle a cru que l’on pouvait créer à volonté, sans égard au temps, aux lieux, aux lois de l’esprit humain. — Théorie de l’Épopée, considérée comme expression d’un conflit de races ; — Théorie du Lyrisme, considéré comme expression de la personnalité du poète ; — Théorie du Drame, considéré comme une rencontre de la force des choses et de la volonté humaine. — Enfin, et 3º, la Pléiade s’est trompée sur ses forces réelles, en ne connaissant pas assez ce qui lui manquait du côté de l’expérience de la vie et de l’observation de l’homme.

735. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1870 » pp. 3-176

Un pauvre logis qui sent la misère, la sainteté, l’humidité, la maladie, et dont toute la joie est le bondissement mêlé au jappement d’un chien, de la race des chiens de conducteur de diligence, baptisé Paturot par le curé. […] Puis il interroge Berthelot sur la race égyptienne, et il lui demande de quelle malédiction elle est frappée ? […] La conversation chez Brébant, ce soir, va de « l’inconsistance politique » de Gambetta à l’homme blond, à cette race, venue dans les temps les plus anciens, de la Baltique, et éparpillée en France, en Espagne, en Afrique, et que ni les latitudes, les mélanges avec les races brunes, n’ont modifiée, n’ont brunie. […] ses guinguettes, ses jeux de boules sont fermés, et sur cette route, aimée du Parisien, ne se rencontrent que des chiens errants de toute race, lamentablement maigres, et tournoyant comme affolés, à la queue les uns des autres. […] Il faut nous mettre en garde contre cette race, éveillant en nous l’idée de la candeur de nos enfants : leur blondeur à eux, c’est l’hypocrisie et l’implacabilité sournoises des races slaves.

736. (1890) Le massacre des amazones pp. 2-265

Je sais que tout bas-bleu tient à passer pour oiseau rare, de couleur inédite ou presque dans sa race : merle blanc ou cygne noir. […] *** Madame Tola Dorian, qui est Slave, a essayé de nous expliquer sa race. […] Ce sont des éloges bien sentis de « cette forte race de l’Est, ayant plus de volonté que d’imagination » ; ou plutôt, de ces deux races, l’une si grossière, l’autre si fine, mais également agaçantes et pratiques, et qui, suivant un mot qu’affectionne la bonne Alsacienne Gevin-Cassal, aiment par-dessus tout « le butin » ; de ces deux races dont les plus nobles expressions littéraires sont Erckmann-Chatrian, gros bons vivants habiles, et Maurice Barrès, le plus sec et le plus avisé des stendahliens. […] On peut leur trouver de la distinction et de la race, si l’on entend par là qu’ils rappellent aimablement des romans anciens. […] Il affirme aussi, préfacier libéral, que « par son tempérament et par son genre de talent », Jane Guy appartient « à la race de Mlle de Lespinasse ».

737. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. BALLANCHE. » pp. 1-51

Aussi la conviait-il incessamment, cette race antique, à s’identifier avec les destinées de la nation, afin de représenter exactement le principe social, comme c’est le propre et la condition de toute dynastie légitime. […] Il semble véritablement à de certaines heures qu’il soit de la race de ceux dont Homère a parlé dans l’Hymne à Cérès, de la race de ces Triptolème, Polyxène et Dioclès, auxquels Cérès, avant de remonter au ciel, enseigna les choses sacrées, les chastes orgies et les mystères : Σεμνὰ, τὰ τʹ οὒπως ἒστι παρεξίμεν, οὒτε πυθέσθαι, Οϋτε χανεῖν ………………, ces choses augustes qu’il fut si longtemps interdit d’enfreindre, d’interroger et de proférer.

738. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre (2e partie) » pp. 5-80

La race entière des hommes est retenue dans l’ordre par la peine, car l’innocence est rare. […] Au-dessus de ces nombreuses races d’animaux est placé l’homme, dont la main destructive n’épargne rien de ce qui vit ; il tue pour se nourrir, il tue pour se vêtir, il tue pour se parer, il tue pour attaquer, il tue pour se défendre, il tue pour s’instruire, il tue pour s’amuser, il tue pour tuer ! […] Cela convenait moins qu’à personne à un homme qui avait fui son pays pour fuir la persécution d’une autre race de persécuteurs d’opinions !

739. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIe entretien. Socrate et Platon. Philosophie grecque (1re partie) » pp. 145-224

Ce dialogue n’a pas l’accent de la langue d’ici-bas ; la race humaine, dont une main d’homme a pu écrire ces lignes, est immortelle : Phédon le sent. […] Pour quiconque remonte attentivement, par les monuments écrits de nos jours et de nos races, aux premiers jours et aux premières races de cette terre pensante, il reste évident que la Divinité, mère, nourrice et institutrice de ses créatures, leur a révélé toujours et partout ces idées innées, ces exemplaires gravés dans leur âme, ces philosophies préexistantes, ces consciences instinctives d’où ils tirent les conjectures sur la vérité et la vertu.

740. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIIe entretien. Fior d’Aliza » pp. 177-256

Il y a des verves de race qu’on n’invente pas ; Médici était de la famille. […] Le marquis Torregiani avait conçu et cultivé dès sa jeunesse une passion de cette nature petrarquesse pour une jeune et ravissante femme de race hébraïque, mariée à un banquier florentin. […] » Ses compagnons épars, groupés sur le navire, Ne parlent point entre eux de foi ni de martyre, Ni des prodiges saints par la croix opérés, Ni des péchés remis dans les lieux consacrés, D’un plus fier évangile apôtres plus farouches, Des mots retentissants résonnent sur leurs bouches : Gloire, honneur, liberté, grandeur, droits des humains, Mort aux tyrans sacrés égorgés par leurs mains, Mépris des préjugés sous qui rampe la terre, Secours aux opprimés, vengeance, et surtout guerre ; Ils vont, suivant partout l’errante Liberté, Répondre en Orient au cri qu’elle a jeté ; Briser les fers usés que la Grèce assoupie Agite, en s’éveillant, sur une race impie ; Et voir dans ses sillons, inondés de leur sang, Sortir d’un peuple mort un peuple renaissant.

741. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre premier. La sensation, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre premier. La sensation »

Les animaux insensibles aux variations délicates de l’électricité ont donc pu survivre et perpétuer leur race : le germe des sensations électriques a dû ainsi s’atrophier faute d’usage, et l’homme est devenu, en quelque sorte, aveugle à l’électricité comme la taupe à la lumière. […] S’ils finissent par revêtir une telle fonction, ce n’est que secondairement et ultérieurement, à l’époque où la connaissance théorique elle-même acquiert une valeur pratique dans la lutte universelle pour l’existence, où elle assure la supériorité à certaines races et, avec une force supérieure, développe une jouissance supérieure. […] Comme l’a remarqué William James, les sensations dont l’attention se détourne, d’abord chez l’individu, puis chez la race même, vont s’affaiblissant et s’oblitérant.

742. (1857) Cours familier de littérature. III « XIIIe entretien. Racine. — Athalie » pp. 5-80

Cette Esther, qui a puisé ses jours dans la race proscrite par Aman, avait aussi sa ressemblance avec Mme de Maintenon née protestante. […] Dans la première scène Esther raconte à sa confidente Élise comment Assuérus l’a choisie pour épouse, sans connaître sa race, à la place d’une première épouse ennemie des Juifs et disgraciée pour son orgueil. […] Elle plaide en vers admirables la grâce de sa race.

743. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « III. M. Michelet » pp. 47-96

Prêtre, avec l’instinct des races militaires, il se trouva placé entre ses goûts et la convenance. […] Il arrêta au bord du néant Louis XIII, qui allait y tomber, et couvrit d’une Mairie de palais, comme on n’en avait pas vu depuis les premières races, ce Fainéant qui jouait aux pies-grièches et aux faucons ! […] S’il ne s’adressait qu’à cette race de Vésuviennes… licenciées, qui, depuis le coup de foudre épurateur du 2 décembre, se sont remises à rêver… en attendant leur émancipation définitive, nous l’aurions laissé aller peut-être à son adresse sans l’intercepter, car nous sommes de ceux-là qui croient à l’endurcissement des idées fausses et à l’impénitence finale de certains partis.

744. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gui Patin. — II. (Fin.) » pp. 110-133

Une fois il regrette de n’avoir pas fait tout exprès le pèlerinage du Perche pour y connaître la fille de Fernel, qui y était morte il y avait peu d’années ; il aurait voulu se donner l’honneur de la voir et de lui baiser les mains : « On nous fait baiser bien des reliques qui ne valent pas celle-là. » Telle est la religion littéraire dans laquelle Gui Patin a été nourri et dans laquelle il persévère jusqu’à la fin, entouré d’amis qui la partagent plus ou moins, des Gassendi, des Gabriel Naudé et autres de cette race, de ce qu’il appelle les restes du siècle d’or. […] Il a contre la Cour et tout ce qu’elle renferme une horreur de classe et de race ; il distingue peu entre prince et prince, entre le Grand Condé ou le duc de Beaufort, sinon qu’il a peut-être un faible pour ce dernier.

745. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres mêlées de Saint-Évremond »

Jamais langue plus belle, plus riche, plus fine, plus libre, ne fut parlée par des hommes de plus d’esprit et de meilleure race. […] Saint-Évremond nous représente toute une race de voluptueux distingués et disparus, qui n’ont laissé qu’un nom : M. de Cramail, Mitton, M. de Tréville… ; mais il est plus complet que pas un, et c’est pourquoi il est resté.

746. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « M. MIGNET. » pp. 225-256

A propos des similitudes frappantes et presque des symétries d’accidents qui sautent aux yeux entre l’avénement de la seconde race et celui de la troisième, il disait : « Cette analogie de causes et d’effets est remarquable, et prouve combien les choses agissent avec suite, s’accomplissent de nécessité, et se servent des hommes comme moyens, et des événements comme occasions. » Après avoir montré dans saint Louis le principal fondateur du système monarchique, il suivait les progrès de l’œuvre sous les plus habiles successeurs, et faisait voir avec le temps la royauté de plus en plus puissante et sans contrôle, roulant à la fin sur un terrain uni où elle n’éprouva pas d’obstacle, mais où elle manqua de soutien ; si bien qu’un jour « elle se trouva seule en face de la Révolution, c’est-à-dire d’un grand peuple qui n’était pas à sa place et qui voulait s’y mettre, et elle ne résista pas. […] Trois tendances générales se sont tour à tour déclarées et accomplies : sous les deux premières races, tendance générale vers l’indépendance, qui finit par l’anarchie féodale ; sous la troisième, tendance générale vers l’ordre, qui finit par le pouvoir absolu ; et après le retour de l’ordre, tendance générale vers la liberté, qui finit par la révolution. » C’est de cette idée que M ignet partira bientôt pour entamer son Histoire de la Révolution ; l’Introduction qu’il mit en tête de celle-ci ne fait que développer la visée première ; même lorsqu’il aborda le sujet tout moderne, il ne le prenait pas de revers ni à court, comme on voit, il s’y poussait de tout le prolongement et comme de tout le poids de ses études antérieures.

747. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Introduction »

Oui, c’est dans ce siècle, c’est lorsque l’espoir ou le besoin du bonheur a soulevé la race humaine ; c’est dans ce siècle surtout qu’on est conduit à réfléchir profondément sur la nature du bonheur individuel et politique, sur sa route, sur ses bornes, sur les écueils qui séparent d’un tel but. […] L’organisation de la puissance publique, qui excite ou comprime l’ambition, rend telle ou telle religion plus ou moins nécessaire, tel ou tel code pénal trop indulgent ou trop sévère, telle étendue de pays dangereuse ou convenable ; enfin c’est de la manière dont les peuples conçoivent l’ordre social, que dépend le destin de la race humaine sous tous les rapports.

748. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Francisque Sarcey »

Il est de bonne race gauloise. […] C’est justement parce qu’il est de bonne et limpide race française et peu enclin aux nouveautés aventureuses que M. 

749. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « L’expression de l’amour chez les poètes symbolistes » pp. 57-90

La race, épuisée par une longue période de bien-être et les holocaustes répétés, les coupes sombres des guerres et des révolutions antérieures, se montrera moins sensible aux maléfices. […] Il ne s’inquiète plus de la race, comme faisait Gobineau, ni des seules vertus de décision, comme faisait Nietzsche, Il ne s’adresse qu’aux inclinations sexuelles.

750. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre Premier »

… Et maintenant, remplissez ma tasse ; il est temps de la vider d’un seul trait. » Aujourd’hui encore, des races entières sont élevées dans la foi que ce monde n’est qu’une immense et douloureuse illusion, une surface agitée par des ombres vaines, et que le souverain bien, pour tout être, est de s’enfoncer à jamais dans le vide sans fond qu’il recouvre. […] De même la race des humains naît et s’écoule. » — Dans une de ces odes de Pindare, hérissées de lauriers et drapées de pourpre, retentissantes du chant des clairons, qui ressemblent à des processions triomphales, apparaît l’image et rapide et voilée d’une jeune femme blessée par une douleur mystérieuse : — « Elle n’avait plus le courage de s’asseoir à une table nuptiale ni de mêler sa voix aux chants d’hyménée.

751. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1861 » pp. 361-395

Il n’y a pas de nobles vieillards dans cette race. […] Une bonne chose au fond que cette habitude ancienne de la transmission des portraits de famille : c’était un enchaînement de la race.

752. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre III : Examen de la doctrine de Tocqueville »

Et l’on ne peut guère espérer faire taire ces cris en leur donnant satisfaction sur quelques points, puisque la plus grande satisfaction qui ait jamais été donnée en ce monde à l’esprit d’égalité, je veux dire la révolution française, a eu précisément pour effet de produire cette race de niveleurs insatiables et effrénés. […] Homme des anciennes races, il se mêlait de trouver à redire à l’idole du siècle.

753. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre premier. »

Pindare appartenait à cette race dorienne qui, parmi les mobiles cités de la Grèce, tenait à un principe de consistance et de durée, avait des rois héréditaires et un sénat dans Lacédémone, des rois dans la Sicile et dans la Cyrénaïque, et semblait en tout opposée au génie démocratique de la brillante Athènes. […] Le temps suivit prospère, apportant richesse et faveur, pour prix des vertus de leur race.

754. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « PENSÉES » pp. 456-468

Il me semble voir, parmi la race nageante des poissons, cette espèce particulière qu’on appelle poissons volants, et qui ne sortent un moment du milieu commun que pour aussitôt y retomber.

755. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Introduction » pp. 3-17

Taine, sorti de l’école historique, prétend réduire toutes les facultés d’un artiste à une seule faculté maîtresse, toutes les facultés maîtresses de tous les artistes d’un même peuple à une grande faculté générale qui sera, par exemple, le génie oratoire pour Rome, enfin les divers génies des peuples issus d’une souche commune à l’unité de la race, et ainsi, d’abstraction en abstraction, il raréfie la critique littéraire.

756. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XIV. Rapports de Jésus avec les païens et les samaritains. »

Il les accusait d’enchérir sur la Loi, d’inventer des préceptes impossibles pour créer aux hommes des occasions de péché : « Aveugles, conducteurs d’aveugles, disait-il, prenez garde de tomber dans la fosse. » — « Race de vipères, ajoutait-il en secret, ils ne parlent que du bien, mais au dedans ils sont mauvais ; ils font mentir le proverbe : « La bouche ne verse que le trop-plein du cœur 645. » Il ne connaissait pas assez les gentils pour songer à fonder sur leur conversion quelque chose de solide.

757. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Première partie. Plan général de l’histoire d’une littérature — Chapitre IV. Moyens de déterminer les limites d’une période littéraire » pp. 19-25

L’imprimerie, la vapeur, l’électricité, la diffusion des lumières et la pénétration mutuelle des races, qui sont la conséquence de ces découvertes, accélèrent, à n’en pas douter, la transformation des modes et des habitudes.

758. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XV » pp. 175-187

On réputait précieux ce vers de Corneille concernant le crime de Laïus, et la peine que les dieux en ont porter à ses enfants : Et s’il faut après tout qu’un grand crime s’efface Par le sang que Laïus a transmis à sa race… Sans doute il aurait fallu dire : par le châtiment des enfants de Laïus !

759. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « La Bruyère » pp. 111-122

Quand, au xixe  siècle, on réédite et l’on commente les Caractères de La Bruyère, après les gens de goût, cette race de lilliputiens littéraires, après Coste, Suard, Auger, madame de Genlis, il est exigé par la Critique du xixe  siècle, cette Critique qui s’élève jusqu’aux idées par l’expression et jusqu’à l’homme par les idées, de creuser plus avant que des remarques grammaticales et des appréciations de Le Batteux.

760. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « I. Saint Thomas d’Aquin »

C’est un philosophe qui chasse de race, un philosophe de père en fils, dont le père eut autrefois aussi son prix d’académie, et qui a voulu continuer cette gloire paternelle… Certes, ce n’est pas avec de telles préoccupations que l’on peut dépasser par la fierté ou la soudaineté de l’aperçu, par l’indépendance, par un style vivant et anti-officiel, les conditions du programme de l’Académie, cet établissement de haute bienfaisance littéraire qui n’existe que pour mettre en lumière les talents qui, tout seuls, ne s’y mettraient pas.

761. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Le Conte de l’Isle. Poëmes antiques. »

Il se fait, autant qu’il le peut, l’âme indienne, et devient, de parti pris et travaillé, métaphysicien et mystique à la façon de ces grands peuples fous, qui portent, comme la peine des races favorisées, et par conséquent plus coupables, le poids sur leur intelligence de quelque colossale insanité !

762. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Paul Bourget »

Être Byronien, ce n’est pas être d’une École : c’est être d’une Race.

763. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « J.-J. Ampère ; A. Regnault ; Édouard Salvador »

Quoique Salvador ne soit pas strictement parlant un voyageur dans son ouvrage, il est facile de voir que son intelligence a les instincts, le mouvement, l’horizon, l’expansibilité des hommes de race voyageuse.

764. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Conclusion »

Le mélange des races contribue à l’effacement des types collectifs aussi bien que la transmission des mœurs, des désirs et des croyances et cette transmission est à son tour provoquée ou interdite, hâtée ou retardée par des causes nombreuses et diverses. — De même, si les sociétés s’unifient, ce n’est pas seulement à la guerre qu’il conviendrait d’en rapporter l’honneur, mais ici à la religion, et là à l’industrie.

765. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre cinquième. Retour des mêmes révolutions lorsque les sociétés détruites se relèvent de leurs ruines — Chapitre IV. Conclusion. — D’une république éternelle fondée dans la nature par la providence divine, et qui est la meilleure possible dans chacune de ses formes diverses » pp. 376-387

Ces fins bornées sont pour elle des moyens d’atteindre les fins plus nobles, qui assurent le salut de la race humaine sur cette terre.

766. (1890) Impressions de théâtre. Quatrième série

Il faut assister à cette représentation comme à la grand’-messe dramatique des races gréco-latines, et même indo-européennes. […] Il est, lui, de même race qu’elle. […] Il garde à la race de David la fidélité du souvenir. […] Admirable variété des génies et des races ! […] La jeune Emmeline est bien de la même race.

767. (1908) Après le naturalisme

— Non, il jouit en plus de tout ce qui a été produit par les penseurs et les artistes de sa race et qu’ont étudié, compris et mis en œuvre ceux-là qui se sont trouvés chargés des destins de la nation et qui ont légiféré pour la totalité des citoyens. […] La loi du processus biologique qui fait automatiquement passer un être par toutes les étapes ancestrales de sa race pour l’amener au stade le plus avancé atteint par ses derniers parents, cette loi ne vaut pas pour l’esprit. […] Mais il n’y a pas là une raison suffisante pour dire qu’il entreprenait l’amélioration de la race, et en voulait le plus grand bien. […] Et maintenant, devra-t-on s’employer à fixer les conceptions premières des rapports entre les citoyens du monde, les bases d’entente, les principes sur lesquels s’élèvera la future société, à laquelle depuis si longtemps aspire la race et dont l’aspiration marque bien que le sens du bien et de la justice couvent en nous. […] La favorable tradition française, ce sont les qualités du génie de la race, nulle part mieux évidentes que dans les œuvres littéraires.

768. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1894 » pp. 185-293

Jeudi 11 janvier Courteline, un petit homme de la race des chats maigres, perdu, flottant dans une ample redingote, les cheveux en baguettes de tambour, plaqués sur le front, et rejetés derrière les oreilles, et de petits yeux noirs, comme des pépins de poire, dans une figure pâlotte. […] Et la marche de Thaulow amène Raffaëlli à peindre ces gens du pôle, si peu assimilables à notre race, et qui, habitant même notre pays, on ne les voit qu’intermittamment, comme ces grands oiseaux de mer, qu’un trop fort coup d’aile rapproche par hasard de vous. […] Et quand il est établi, que la qualité de ces peintures, est d’être surtout une reconstitution, il y a ceux qui prétendent, que l’histoire du Christ doit être traitée légendairement, sans s’aider aucunement de la vérité des localités et des races, et nous qui soutenons que l’histoire du Christ est une histoire, comme celle de Jules César, et que la reconstitution de Tissot, est faite en correspondance avec le mouvement historique contemporain. […] Or — c’est curieux et personnel à la race hébraïque — l’autopsie avait lieu le plus souvent chez un banquier, chez un riche juif de l’endroit, dont les enfants voulaient préserver leur avenir, des maladies de leur père. […] Il me parle de la mort de ce pays, depuis l’abandon des Français, me signale les ruines des édifices, des routes, de tout, et l’absence d’une industrie quelconque, affirmant que la race nègre est incapable de civilisation.

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