Dans l’émotion joyeuse, souvent la poussée des images devient plus rapide : les rythmes rapides ont désigné la joie, d’abord pour les paroles, puis pour le chant, qui fut un effort à rendre les paroles plus expressives. […] Ainsi naquit le déchant, ou chant simultané de plusieurs mélodies : c’était, tout proche, le contre-point, un effort à composer dans l’âme les émotions, par les alliances des motifs, et les emmêlements harmoniques de leurs nuances. […] La construction même du théâtre, faite dans l’année 1873, n’avait pu être achevée que lorsque Wagner avait réuni l’argent nécessaire, par des efforts personnels, à Berlin, Hambourg et Cologne.
Hugo recourt à l’accumulation, la reprise, la trouvaille abandonnée et ressaisie, de propositions d’ensemble, de périodes compréhensives, dont le retour est comme l’effort de deux bras, infructeux et répété, peinant à enclore un énorme et souple fardeau. […] Ce même procédé cumulatif, cet effort redoublé à mille détentes, M. […] Hugo tente d’éteindre l’inconnu, de ses questions oiseuses sur les ténèbres métaphysiques, de ses constants efforts à définir l’incertain des problèmes historiques, sociaux, moraux et religieux, de son abus de l’obscurité, de ses appels à une intervention divine, et de sa vision de l’inexplicable dans les plus claires choses ; il nous semble que la démonstration est suffisante.
Attristé de toutes ces idées, et comme je vous l’ai dit, prévoyant tous les orages de l’avenir, j’ai brisé ma plume… Quoique fatigué d’avoir écrit plus de cinquante ouvrages, je sentais pourtant encore le désir d’offrir au public les derniers fruits de mon expérience… Mais dans ces temps de folie et de dévergondage littéraire, quel aurait été le prix de mes efforts ? […] Cependant, quand j’ai vu qu’après de vains efforts vos apôtres n’avaient pu faire chanceler sur leurs bases les statues de nos grands hommes, quand j’ai vu que des étrangers vraiment patriotes venaient nous demander si les écrivains qui avilissaient des noms immortels, qui reniaient les gloires de leur pays étaient Français…8, je me suis rassuré sur les attaques répétées de ces mauvais citoyens, et j’ai commencé à douter de leur succès à venir. […] Vous ne voulez pas croire qu’une action présentée au bon sens du public veut être coordonnée par la raison, liée dans toutes ses parties, rompue et renouée avec vraisemblance, et terminée sans effort par une catastrophe ou par un dénouaient.
Ses Mélanges littéraires, ses Éloges, ses Histoires, tout ce qu’il a jamais écrit, dépose nettement du soin et de l’effort avec lequel il invente et polit sa phrase ; et il a bien raison, du reste ! […] Comme Janin, Villemain n’a jamais mis l’effort de sa pensée que dans les artifices et les combinaisons du langage. […] Fox, c’est, dans la question de la régence lors de la démence du roi d’Angleterre, l’homme des soupers du prince de Galles et l’orateur des Communes qui fit le plus d’efforts pour mettre la vieille royauté anglaise sous les pieds de son Parlement.
En définitive, demandez-vous-le, à quoi servira le rude effort de toute cette érudition patiente et passionnée, et obstinée et enflammée encore plus ? […] Fatale ou libre dans son action, l’Italie n’en restera pas moins la grande Impuissante politique qu’elle a été à tous les moments de son histoire, et elle est vouée éternellement, malgré l’effort des hommes, à ce châtiment ou à ce destin 7 ! […] Or, c’est cette loi faite d’abord par le hasard, ensuite par la géographie, la configuration du globe et la climature, qui est la seule raison d’État réelle et sur laquelle tout l’effort des politiques, avec leurs Traités des princes et des gouvernements, ne peut rien.
Et c’est ainsi qu’en se tuant d’efforts l’écrivain qui, avec les mots seuls, et leurs entassements et leurs surcharges, croit arriver aux résultats du peintre plastique, comme M. […] Il lui en fait une injure et un avilissement de plus, et surtout, surtout, il en fait la preuve de l’influence effrayante et fatale de l’Église, qui déprime et crétinise assez la tête de ses prêtres pour les reprendre, sans effort, à la nature et au péché ! […] La volonté, la réflexion, l’effort, font de l’art tourmenté, rien de plus.
La conclusion du jeune homme, sa règle de vie, c’est qu’il se créera une situation et une influence locales : Les efforts sociaux, pour être productifs, doivent se localiser sur un point. […] Il affirmait que le devoir de ceux qui, par leur force d’âme et leur sentiment de l’honneur et de la patrie savaient forcer la peur, était non pas de « remplir » leur devoir avec la seule fermeté, mais de se jeter à la mort parce que c’était à ce prix qu’on ébranlait la majorité moyenne jusqu’à un effort qui suffit au succès. […] Je suis fier que le général nous ait jugés dignes de cet effort.
Malgré tous les efforts de la logique, cette notion réelle de cause ne saurait jamais se confondre avec aucune idée de succession expérimentale ou de liaison quelconque des phénomènes. » Voilà pourquoi Maine de Biran répétait si souvent et avec tant d’énergie que la méthode de Bacon égare et fausse la véritable science de l’homme22. […] 25 » Et c’est parce qu’il applique à l’observation de l’homme l’œil de la conscience, que Maine de Biran, sans renouveler l’hypothèse scolastique des forces occultes, parle constamment, dans ses belles analyses, de force, de cause, d’effort, de tendance, tous mots vides de sens dans la langue de la physique, mais dont sa psychologie peut d’autant moins se passer qu’ils sont les seuls qui puissent exprimer le principe même de sa philosophie de l’esprit humain. […] Aucune langue n’a de mot pour exprimer ce je ne sais quoi (effort, tendance) qui reste absolument caché, mais que tous les esprits conçoivent comme ajouté à la représentation phénoménale27. » La force qui tend au mouvement, voilà, en effet, ce que ni la physique, ni la physiologie, ni même la psychologie expérimentale ne veut et ne peut connaître.
Les novices procèdent à cette opération capitale avec une maladresse, une lenteur et des efforts qui excitent chez les personnes expérimentées, suivant leur tempérament, le sourire ou la compassion. […] Tout homme sincère reconnaîtra qu’un violent effort est nécessaire pour secouer l’ignavia critica, cette forme si répandue de la lâcheté intellectuelle ; que cet effort doit être constamment répété, et qu’il s’accompagne souvent d’une véritable souffrance. […] Quoi qu’il en soit, de nombreux textes conservés, sous une forme corrompue, dans des copies uniques ont résisté, et résisteront toujours sans doute, à l’effort de la critique. […] L’effort matériel qu’exigent certaines éditions critiques, par suite de l’extrême richesse apparente des matériaux à mettre en œuvre, n’est nullement proportionnel aux résultats positifs qui en sont la récompense. […] Ce qui est anormal, c’est d’en commettre beaucoup, constamment, malgré l’effort le plus persévérant pour être exact.
Tous ses efforts, tous ses soins n’ont-ils point pour objet unique de plaire au spectateur ? […] Le vertueux se modèle et se pétrit en beauté, non sans effort, mais avec un effort dont il ne perd rien et où il est l’artiste, l’instrument et la matière. […] Mais goûtez-les comme vous faites la douleur, si vous pouvez, et faites effort pour le pouvoir. […] Elle n’est réelle qu’à la condition d’être un cerveau réglé par l’instinct de justice et de juste répartition des fonctions et des efforts. […] Il me semble bien que la force se mesure à l’effort, se sent dans l’effort, prend conscience d’elle-même dans l’effort, se définit même, à proprement parler, par l’effort, et que, par conséquent, s’il faut un plus grand effort pour vaincre les passions que pour les suivre ; et si même, ce qu’on m’accordera, il en faut beaucoup pour les vaincre et il n’en faut aucun pour s’y abandonner, l’homme fort est celui qui contient et réprime ses passions et non pas celui qui se laisse mener par elles.
Ses yeux sont habituellement fixés sur ces grandes ténèbres, et il peint avec un frémissement de vénération et d’espérance l’effort que les religions ont fait pour les percer. « Au cœur des plus lointaines montagnes1396, dit-il, s’élève la petite église. […] Toute connaissance, toute industrie, tout effort doit être dirigé vers ce terme et vers ce terme seul : La science des cochons, l’enthousiasme des cochons, le dévouement des cochons, n’ont pas d’autre but. […] Le simple écrivain, prosateur et raisonneur, peut toujours raisonner et rester dans la prose ; son inspiration n’a pas d’intermittences et n’exige pas d’efforts. […] Le rude effort pratique en Scandinavie et ailleurs, depuis Odin jusqu’à Walter Raleigh, depuis Ulfila jusqu’à Cranmer, a rendu Shakspeare capable de parler. […] All knowledge and device and effort ought to be directed thither and thither only ; pig science, pig enthusiasm and devotion have this one aim.
Les réalisations d’un auteur l’inquiètent moins que ses tendances, ses œuvres moins que son effort. […] Efforts vains, cependant ! […] Le moindre effort dans ce sens serait superflu. […] Ce furent tous de charmants esprits, de fins lettrés, d’érudits écrivains, mais dont l’effort devait être stérile. […] Comme lui, il a tenté vers la pureté un effort merveilleux.
Nous n’aurions pas tant d’efforts à faire si nous n’écrivions que pour un temps ou pour un lieu. […] C’est en négligeant les pensées que l’esprit se repose de l’effort que lui a coûté le travail des mots. […] Je n’en admire que plus Boileau d’avoir fait cet effort, et d’avoir pu le faire sans prêter à rire. […] Non qu’il n’eût assez de talent pour les rendre plus claires ; mais il y fallait quelque effort, et sa paresse s’y refusait. […] Mais pour que l’art d’écrire en vers, dont Boileau a donné les règles et les exemples, vaille les efforts qu’il exige, il faut qu’il ne surpasse pas la matière.
Ils ne savent rien que souffrir, sourire, aimer ; quand ils veulent comprendre, l’effort de leur inquiétude devient de l’angoisse et leur révolte s’évanouit en sanglots. […] Donc ce vieux-neuf déco, est là comme le plus simple, le plus sous la main, et celui où l’imagination neutre d’une foule spectatrice pourra, avec le moindre effort, situer un combat mental dont les armes sont des accessoires de théâtre. […] Eekhoud, aussi dramatique, est d’une analyse bien plus profonde et, enfin, s’ouvre largement comme un beau paysage transformé sans effort par le jeu des nuées et les vagues lumineuses. […] Tout cela donc étant admis et admis aussi que si l’Animale est le livre le plus singulier de Rachilde (quoique pas le plus équivoque), le Démon de l’Absurde est le meilleur, j’ajouterais volontiers, non pour le seul plaisir de me contredire et d’annihiler la vertu des précédentes pages, que ce recueil de contes et d’imaginations dialoguées m’affirme un effort réalisé de véritable sincérité artistique. […] Ces vers sont romans, c’est-à-dire d’un poète pour qui toute la période romantique n’est qu’une nuit de sabbat où s’agitent de sonores et vains gnomes, d’un poète (celui-ci a du talent) qui concentre tout son effort à imiter les Grecs d’anthologie à travers Ronsard et à dérober à Ronsard le secret de sa phrase laborieuse, de ses épithètes botaniques et de son rythme malingre.
Évidemment, il restait à faire un dernier effort : M. […] Elles se reconnaissent à ce signe que les écoles se disloquent et que les efforts s’éparpillent. […] Si l’auteur avait voulu donner au lecteur la sensation d’un homme qui fait un gros effort pour se mettre en haleine, il avait réussi. […] Il souffrait de l’inutilité de vingt-cinq ans d’efforts qu’il avait faits sans réussir à s’égaler lui-même ! […] Efforts inutiles !
Ampère a pu sans effort les rapprocher du grand rhéteur Balzac. […] L’étude de ces dernières ne devait être, un jour, tout à fait constituée que lorsque le secret mépris et le divorce entre les deux ordres d’érudits auraient cessé et auraient fait place à un effort commun, à un concours de direction et de méthode. […] Et pour tout dire, quand même l’Empire, au lieu de succomber sous l’effort de ses ennemis et d’être en proie à une longue invasion, eût continué à exister ou se fût dissous par la seule réaction des éléments contenus en son propre sein, le latin ne s’en serait pas moins transformé en langues romanes avec tous les caractères qu’elles possèdent. […] Alterius sic Altera poscit opem res, et conjurat amice Il ne me reste plus qu’à mentionner un livre tout récent, produit direct de l’érudition française, celui de M. de Chevallet, qui, reprenant la question au point où l’avait laissée Fallot, l’a traitée avec une méthode tout expérimentale, n’a épargné ni recherches ni comparaisons de toutes sortes, pour discerner les éléments du vieux français, élément latin, celtique, germanique, pour en établir le compte autant que possible et en fixer les proportions, pour faire l’histoire et dresser comme l’état civil des mots provenant des trois races ; et l’auteur s’y est consacré avec une telle ardeur, il s’est tellement prodigué de sa personne dans des voyages et des séjours en divers pays, partout où il espérait recueillir des vestiges utiles, qu’il s’y est à la lettre consumé : la mort l’a saisi comme Fallot à la fleur de l’âge, mais du moins après qu’il avait pu voir ce premier et considérable résultat de son effort conduit à bonne fin et couronné.
Pour moi, c’est tout un ; ce serait par un autre effort de raisonnement, dont l’utilité ne se fait jamais sentir, que j’arriverais à établir une différence. » Ainsi, tant qu’il joue, l’échiquier mental est pris par lui pour l’échiquier extérieur. — En d’autres cas, ceux-ci maladifs ou presque maladifs, on voit aussi l’image acquérir l’extériorité complète et définitive. […] Sous cet effort, elle s’affaiblit, elle s’atténue, elle n’est plus qu’une ombre ; nous l’appelons image, fantôme, apparence, et, si vive ou si claire qu’elle puisse être, il suffit de cette négation qui lui est jointe pour la vider de sa substance, pour la déloger de son emplacement apparent, pour la distinguer de la vraie sensation. […] Dans le premier cas, l’image, qui surgissait d’elle-même, spontanément, sans liaisons ni précédents visibles, avec une puissance toute personnelle et automatique, annulait le réducteur spécial : dans le second cas, l’image, qui surgissait par un effort du groupe équilibré d’idées et de désirs que nous appelons nous-mêmes, laissait le réducteur spécial faire son office. — Au bout de deux mois environ, pour suppléer à la saignée omise, on appliqua des sangsues au malade, et il vit les sensations normales reparaître, non pas subitement, mais par portions et par degrés. « Durant l’opération, dit Nicolaï, ma chambre se remplit de figures humaines de toute espèce. […] Il était tout à fait éveillé et sentait pleinement que c’était un fantôme produit par l’opium en même temps que par son intense sentiment intérieur ; mais il fut incapable par aucun effort de bannir la vision. » En effet, la sensation qu’aurait dû produire en lui la paroi grise de la cabine était annulée pour toute la surface que paraissait couvrir ce fantôme, et il est bien clair qu’un raisonnement n’a pas l’effet d’une sensation. — Beaucoup de circonstances organiques ou morales, l’action du haschich46, du datura, de l’opium, le voisinage de l’apoplexie, diverses maladies inflammatoires, diverses altérations cérébrales, bref une quantité de causes plus ou moins éloignées ou prochaines peuvent ainsi fortifier telle image ou telle série d’images jusqu’à annuler la sensation spéciale répressive, et partant amener l’hallucination. — Mais, si dans tous ces cas l’illusion circonscrite par les réducteurs secondaires est à la fin détruite par le réducteur spécial, on rencontre un plus grand nombre de cas où le contraire arrive.
(252) D’au juste châtiment votre âme est trop émue ; Mais, croyez-moi, sur l’heure envolez-vous, Abandonnez la déesse déchue, Si vous voulez éviter mon courroux. (266) Il y a pas, en le voit, le moindre effort à créer en français quelque chose d’analogue au style de l’original. […] Nous voulons qu’ils étudient les écrits de Wagner ; qu’ils apprennent à voir en lui plus qu’un simple musicien, un profond penseur ; qu’ils subissent ainsi l’influence de cet homme dont l’effort principal (quoique peu connu) a été de montrer que l’art est la chose la plus sainte, et le théâtre un lieu où peuvent vivre de la vie intense de l’art les plus profondes passions et les émotions les plus cachées, Y a-t-il au monde quoi que ce soit qui puisse influencer plus salutairement un artiste que le spectacle de cette vie virile tout entière vouée à un idéal, et de ce prodigieux effort vers la réalisation de cet idéal ? […] Sans parler des représentations de Rienzi eb 1869, ses efforts pour faire entendre des fragments de la Tétralogie aux Concerts-Populaires en 1876 demeurent un titre de gloire stable à notre souvenir.
Dans cette œuvre poursuivie et dilatée au mépris de toutes les convenances du lecteur, anarchique de toutes ses parties, déréglée, informe, grise et vaste comme une nuée, éclate en toute sa force, en ce qui le constitue et le détermine, le génie primordial de Tolstoï : un énorme et montant flux de vie, un large embrassement de tous les êtres, confondant les imaginaires et les historiques, amalgamant en un effort unique, lent et simple, les accidents humains de tout un temps et les grandes catastrophes connues qui roulèrent sur cet humble fond, animant les chœurs de ce grand drame, leurs chefs et la masse obscure de ses victimes et de ses témoins, ce roman est un livre d’humanité, de nombre, de pâle épanouissement dense de vie. […] L’accomplissement de cette tâche est un grand fait et l’effort qu’il suppose suscite peu à peu, chez le lecteur admis à suivre cette haute entreprise, le sentiment de tension spirituelle, les élans et les arrêts, les joies et les défaillances que l’auteur put éprouver. […] Sans cesse l’écrivain semble se ceindre pour le grand effort d’enserrer son immense sujet, et sans cesse il défaille, se détourne et se détache, comme insouciant de l’œuvre entreprise ; les scènes s’esquissent inachevées, marquées à peine par quelques traits, les grandes crises des personnages s’accusent en mots confus et vagues ; les descriptions des actes principaux, entamées avec une fiévreuse ardeur, faiblissent en phrases brouillées ; une lassitude immense se trahit aux exposés d’idées, grisaille les psychologies, émousse les dialogues, estompe les physionomies ; le dessin s’accentue, s’affine, s’alourdit et s’épuise, l’art devient puéril et maladroit ; la passion fléchit et vacille après quelques accents réprimés ; et c’est avec des yeux lourds et des mains gourdes que l’auteur porte péniblement jusqu’au bout le faix de son œuvre. […] Tolstoï échoue de même et se récuse devant les passions de l’intelligence ; l’ambition, l’amour de l’or, de la domination, ne tiennent aucune place dans ses livres ; les solutions logiques des perplexités humaines, ces magnifiques efforts de l’esprit tâchant de concilier en un système cohérent ses besoins et ses notions sont débattus à peine, dans Anna Karénine notamment, et avec le langage grossier d’un homme qui n’a pu s’élever à les comprendre.
Nous sommes convaincu que les progrès épars, souvent interrompus par des rechutes, mais très réels et très méritoires, qui ont eu lieu depuis cette mystérieuse dégradation de la première humanité, ne sont que des efforts généreux et saints pour reconquérir ce qui a été perdu, pour rentrer dans notre innocence, dans notre science et dans notre félicité primitive. […] Nous ne nous rencontrons que dans nos vœux communs pour la félicité et pour la sainteté de l’homme, et dans nos efforts pour le faire avancer d’un pas, eux vers un progrès indéfini et continu, nous vers un progrès réel, mais relatif. […] Le soulever depuis le berceau jusqu’à la tombe, c’est le fardeau et l’effort de l’homme. […] L’homme ainsi doué se sent une puissance de vie intérieure qui userait des milliers de corps et des milliers de siècles sans avoir émoussé seulement sa faculté d’être, et il se sent accouplé par on ne sait quelle loi à une pincée d’argile corruptible, façonnée en organes qui tombent en ruines après un petit nombre de levers et de couchers de soleil, malgré tous ses efforts pour les réparer sans cesse et pour leur donner un peu de cette immortalité qu’il sent en lui.
» Et ce n’était pas seulement mon poème que j’avais cru trouver ; c’était le jour ou plutôt le crépuscule de ce monde de vérités que la Providence fait flotter toujours à portée, mais toujours un peu au-dessus de notre intelligence, comme le père fait flotter le fruit au-dessus de la taille de son enfant pour lui faire lever ses petites mains jusqu’à l’arbre, et pour le faire grandir par l’effort jusqu’à la branche. […] Vous faussez par l’effort votre propre langue sans parvenir à lui faire rendre ni la forme ni le sens de la langue que vous traduisez. […] Malgré le prodigieux effort de talent et de langue nécessaire pour traduire un poète en vers, M. […] On n’a pas voulu le traduire seulement, on a voulu le comprendre, et cet effort a produit le bel ouvrage de M.
André Couvreur et malgré les efforts de M. […] Le procédé littéraire est presque tout scientifique, on devine à quelles observations, à quels efforts l’auteur s’est astreint pour arriver à bien connaître le mécanisme du rêve, pour s’en rendre maître et réussir à nous donner ces contes saisissants de vérité. […] Il ne faut pas oublier qu’il a pris naissance sous des cieux brumeux et moroses, où le rire est parfois un effort. […] Jean Viollis, l’Effort, septembre 1906.
Daru se retrouvait ici poète par un coin : Ce serait un triste emploi de l’érudition, disait-il, de ne la faire servir qu’à répandre des doutes sur l’histoire et à détruire ces traditions nationales qui entretiennent chez les peuples l’amour de la gloire et de la patrie… Et que peut-il y avoir d’utile, par exemple, dans les efforts de je ne sais quel érudit qui a entrepris de prouver aux Suisses que Guillaume Tell n’a jamais existé ? […] Lorsque les affaires sont venues, j’ai eu beaucoup à apprendre ; mais, cette seconde éducation une fois faite, j’ai pu sans effort rendre ma pensée.
On apprécie surtout mieux ce constant et noble effort qui porte un si vigoureux talent à se fortifier, à s’étendre, à se perfectionner sans cesse, à posséder de plus en plus toute cette matière immense qu’il dispose avec ordre, développement et grandeur, et qui lui sert à bâtir un monument le plus digne du modèle pour la majesté. […] Buffon n’est pas comme Voltaire et d’autres qui se répètent sauf variations chaque matin, qui improvisent au courant de la plume sur chaque sujet, et qui ne font pas mieux à soixante ans qu’à trente : lui, il est toujours en marche et en effort sur lui-même comme Montesquieu, mais il atteint mieux à son but que Montesquieu, qui se fatigue à la fin et se brise sensiblement : Buffon va jusqu’au bout d’un pas grave et soutenu en s’élevant.
Mais puisque je dis la faute, je devrais dire aussi ses services, ses efforts courageux et de chaque jour : Mathieu Dumas en a consigné le souvenir dans ses honnêtes Mémoires. […] La première fois que Ramond tenta d’aborder ce mont renfermé et véritablement perdu derrière tant d’autres montagnes, en l’attaquant par une pente de neiges et déglacés dont l’inclinaison avait fini par être de 60 degrés, et dans laquelle on taillait en zigzag la place de chaque pas, cette première fois lorsqu’on déboucha au haut de la brèche, et qu’après un dernier effort d’une angoisse inexprimable, le mont tout d’un coup se révéla (Deus !
D’autres poursuivaient non sans effort ce qu’ils étaient destinés à atteindre un jour ; ils gravissaient les rochers ou fouillaient les plis du vallon. […] Et, en effet, à ce grand moment de la Renaissance, lorsqu’au sortir de l’étude fervente des belles œuvres de l’Antiquité on s’était retrouvé en présence d’une poésie française naturelle, élégante, mais peu élevée, on avait eu conscience à cet égard de la pauvreté domestique ; on avait fait effort pour en triompher, et pour monter une lyre au ton des plus graves et des plus héroïques desseins.
À la différence de tant d’hommes distingués et d’écrivains de renom qui, ayant eu une partie de leur fortune viagère, en ont une autre partie durable et immortelle, Voiture a tout mis en viager : il n’a été qu’un charme et une merveillle de société ; il a voulu plaire et il y a réussi, mais il s’y est consumé tout entier ; et aujourd’hui, lorsqu’on veut ressaisir en lui l’écrivain ou le poète, on a besoin d’un effort pour être juste, pour ne pas lui appliquer notre propre goût, nos propres idées d’agrément, et pour remettre en jeu et dans leur à-propos ces choses légères. […] Toutes les grandes choses coûtent beaucoup : les grands efforts abattent, et les puissants remèdes affaiblissent.
La prise de La Rochelle, qui semblait devoir ôter tout espoir au parti, fut pour Rohan une raison de redoubler d’efforts et de zèle. […] Fernamond força sur un autre point les passages, et n’avait plus à faire qu’un dernier effort pour pénétrer dans le Milanais.
Il ne serait pas impossible de tirer de cette simplicité, à laquelle il se soumet sans trace d’effort, un sujet d’éloge : n’est-il pas touchant de voir un homme de génie, au comble de la renommée, célèbre par tant de chefs-d’œuvre, continuer d’écrire avec cette modestie et dans cette uniformité de ton à une sœur, ne l’entretenir que de détails de famille, de sollicitudes paternelles, de soins de nourrice ? […] Nous vous prions aussi d’ordonner qu’on ne le laisse point crier, parce qu’étant un garçon, les efforts sont à craindre, comme vous savez.
On ne peut recomposer la civilisation antique de cet air d’aisance et la ressusciter tout entière ; on sent toujours l’effort ou le jeu, la marqueterie. […] L’effort, le travail, la combinaison se font sentir jusque dans les parties de talent les plus éminentes.
La nature en eux y suppléait ; chaque grand ambitieux n’a pas tant d’effort à faire pour réinventer cette sorte de machiavélisme à son usage. […] Louvois voulait même, s’il se pouvait, éviter d’y mettre la cognée proprement dite ; il désirait que l’arbre tombât de lui-même sans secousse, sans un coup donné, sans effort ni assaut retentissant, et à la seule vue du bûcheron.
Vanter les Athéniens parmi les Athéniens, ce n’est peut-être pas ce qu’il y a de plus difficile, disait Socrate ; mais louer les Athéniens devant les gens du Péloponèse, et réciproquement, cela demande un plus grand art et un plus grand effort. C’est cet effort que soutient M.
La prudence est encore plus nécessaire aux princes qu’aux simples particuliers… » Et il parlait avec sensibilité de la prochaine réunion des États Généraux, exhortant chacun de ceux qui y étalent appelés à faire effort pour le bien dans sa ligne et dans sa mesure, à concourir au règlement de la chose publique, au rétablissement de l’ordre dans les diverses parties de l’administration, « afin de redonner à notre bon roi, disait-il, la tranquillité et le bonheur qu’il a perdus et dont il est si digne. » Celui qui lui aurait prédit alors, et ce jour-là, que trois ans et demi après, nommé membre d’une Convention avec mandat de juger ce même roi, il aurait hâte d’en finir au plus tôt avec lui et de faire le plus sommairement tomber sa tête, — celui qui lui aurait prédit que son premier discours à cette Convention nationale serait non plus pour louer ce bon roi, mais pour célébrer « le bon peuple » qui l’y avait porté et qui venait de lui conférer à ses collègues et à lui une mission terrible, souveraine, une mission de nivellement estimée par lui légitime, irrésistible et régénératrice, l’aurait certainement bien étonné. […] Une journée à jamais illustre dans les fastes de la Révolution couronna son effort ; un grand convoi de grains était signalé arrivant d’Amérique (mai 1794).
Reçu à l’Académie française en novembre 1811, à l’âge de trente-trois ans ; dans l’intime faveur des ministres Bassano et Rovigo ; rédacteur en chef officiel du Journal de l’Empire, remplissant la scène française et celle de l’Opéra-Comique par la variété de ses succès, connu d’ailleurs encore par les joyeux soupers du Caveau et par des habitudes légèrement épicuriennes, on se demandait quel était l’avenir de ce jeune homme brillant, au front reposé, au teint vermeil ; s’il n’était (comme quelques-uns le disaient) que le plus fécond et le plus facile des paresseux, un enfant de Favart ; s’il ne faisait que préluder à des œuvres dramatiques plus mûres, et où il s’arrêterait dans ces routes diverses qu’il semblait parcourir sans effort. […] Que d’efforts il a fallu pour s’en éloigner et remettre le navire dans d’autres eaux !
Je crois ne m’être pas trop éloigné de la réalité dans cette description : au moins ai-je fait tous mes efforts pour y atteindre. […] « Il tendait furieusement ses muscles, il empoignait son verre, pariait de le tenir immobile, comme au bout d’une main de marbre ; mais le verre, malgré son effort, dansait le chahut, sautait à droite, sautait à gauche, avec un petit tremblement pressé et régulier. » (p. 431).
La comédie essaya bien de se mettre d’accord avec cette disposition des esprits ; mais la difficulté de représenter matériellement les formes de la vie, lieux, meubles, costumes, toutes ces choses où les mœurs générales et les tempéraments individuels mettent leur empreinte, paralysait l’effort des auteurs, dans l’état où était encore l’art de la mise en scène ; et tout le siècle s’écoule sans arriver à créer la pièce réaliste. […] Tout le roman est dans les révoltes de l’honneur chez l’homme, dans l’effort de la femme pour accorder l’amour et la coquetterie.
Enfin, il a rendu à la critique l’essentiel service de lui donner l’exemple de la sympathie : personne n’a enseigné plus hautement, plus constamment à aimer l’homme, l’effort vers le vrai et vers le bien, même dans les formes qui répugnent le plus à notre particulière nature. […] Il cueille la psychologie et le pittoresque épars dans toutes ces écritures, et si peu qu’il en récolte, son effort, autant que son gain, le contente.
Il y a ainsi toute une partie de la Chanson des Gueux où nous entrons sans effort et même avec un singulier plaisir, tout simplement à cause de l’instinct de rébellion qui est en nous, tout au fond — depuis le péché originel, dirait un théologien. […] Je goûte l’effort des poèmes cosmogoniques de la fin : le Sel, la Gloire de l’eau, la Mort de la mer.
systématique, ne signifiaient pas leur sens propre, qu’avait abouti un si long effort continu de pensée ? […] (Rappelons-nous tels sonnets descriptifs d’une console, d’un lit… où tout l’effort du poète tendit à décrire, sans les nommer, ces meubles), Mais souventes fois M.
., je verrais toutes ces vérités, sans lesquelles il n’y a pas de vie heureuse, s’abîmer sous le légitime effort de l’examen critique, que je battrais des mains sur leur ruine, bien assuré que le système réel des choses, que je puis encore ignorer, mais vers lequel cette négation est un acheminement, dépasse de l’infini les pauvres imaginations sans lesquelles nous ne concevions pas la beauté de l’univers. […] En effet, le terme du progrès universel étant un état où il n’y aura plus au monde qu’un seul être, un état où toute la matière existante engendrera une résultante unique, qui sera Dieu ; où Dieu sera l’âme de l’univers, et l’univers le corps de Dieu, et où, la période d’individualité étant traversée, l’unité, qui n’est pas l’exclusion de l’individualité, mais l’harmonie et la conspiration des individualités, régnera seule ; on conçoit, dis-je, que dans un pareil état, qui sera le résultat des efforts aveugles de tout ce qui a vécu, où chaque individualité, jusqu’à celle du dernier insecte, aura eu sa part, toute individualité se retrouve comme dans le son lointain d’un immense concert.
Le sérieux demande du travail et de l’effort ; l’abandon, la liberté ; le laisser-aller se produisent d’eux-mêmes : aussi ont-ils un air de gaieté qui naît de l’absence de toute contrainte. […] L’activité corporelle, au contraire, la nécessité d’une vie d’efforts, affaiblit les émotions, parce que l’excitation nerveuse se dépense matériellement.
Ils suivent une route toute faite et le flambeau que d’un jeune effort ils allumèrent à un esprit plus élevé, ils le portent ensuite très bas, à leur hauteur et à celle des gens qui applaudissent utilement. […] Malheureusement, l’effort dont il croit, titanique, dresser de l’impossible en montagnes infranchissables aboutit à quelque misérable boursouflure de taupinée et, quand il pense montrer sa grâce à gravir de si pénibles obstacles, il tombe sur le nez lourdement.
Aurait-il eu foi dans une stabilité qui dépendait de tant d’efforts combinés et de tant de sagesses incertaines ? […] Ce n’était point par un coup de main, fût-il heureux, qu’on pourrait faire face et satisfaire à tant d’intérêts et de sentiments de nouvelle espèce et de formation récente : « Les coups de main sont pernicieux tant qu’on n’a point pourvu à leur lendemain » ; et un succès partiel n’entamerait point la République, « à moins qu’en même temps et avant tout on ne frappât juste sur les esprits et les intérêts, en saisissant le point de conciliation auquel on peut espérer d’amener les volontés et les efforts ».
Mérimée, fidèle en cela à l’esprit classique, ne mêle point les genres : Accablé par ces tristes nouvelles, Boris faisait des efforts surhumains pour cacher son désespoir. […] Il est probable qu’épuisé par le travail et les veilles, il usa le reste de sa vie dans ses efforts pour montrer un front serein à sa cour.
Le grand effort y était de n’être point dupe. […] Chacun sait que cette science est le plus grand effort et la plus grande œuvre du siècle.
Vous méprisez en la personne de ces gens-là ce que vous serez dans trente ans après beaucoup d’efforts. […] Autant Gambetta était habile naturellement, sans effort et comme sans s’en douter, autant l’autre était né maladroit et semblait avoir cultivé diligemment ces dispositions naturelles à manier lourdement les individus et les foules. […] La tragédie grecque, synthèse de musique, poésie, danse, évolutions rythmiques, sculpture et architecture, était œuvre d’art intégrale ; c’est précisément pour cela qu’il faut que l’œuvre moderne ne le soit pas. » J’ai trouvé cette objection devant moi, il y a quelque vingt ans, alors que, wagnérien sans le savoir, je soutenais que la tragédie grecque était un opéra et qu’elle avait bien raison de l’être et que tout effort pour réintégrer ainsi l’œuvre dramatique était un très louable effort. […] Il met un énorme effort de volonté à jouer un rôle qui, même comme rôle, n’est pas dans les habitudes de sa race. […] Il y parvient ; mais il en a au front une sueur d’effort et une sueur d’angoisse.
Lors de la première Restauration, il crut avoir quelque droit à une récompense nationale pour les anciens services de son généralat en chef : d’ailleurs, ses efforts pour relever le trône constitutionnel contre la Convention devaient, ce semble, lui mériter la bienveillance des Bourbons : il aspirait au bâton de maréchal de France.
Du sein de son loisir, il ne prend d’autre soin que de saisir au passage et d’écrire en vers ses pensées riantes ou tendres, à mesure qu’elles traversent son âme ; et la plupart de ses pièces sont des impromptus de volupté, qui, au milieu de ses jeux, lui échappent sans plus d’effort que les roses effeuillées de sa guirlande.
Quelques années encore, et l’écumeur de mer sera un Paul Jones, de même que le pirate grec sera un Canaris ; seulement, je ne voudrais pas que le héros au lit de mort eût à la main ce rouleau qui lui avait servi comme d’oreiller, et que, par un effort soudain, au moment d’expirer, il déployât le pavillon national, en s’écriant : « Nous triomphons. » Cela ressemble trop aux morts théâtrales de notre Cirque-Olympique.
Hier il versifiait un opéra, aujourd’hui il dialogue une comédie, le tout sans efforts, et avec les mêmes chances de réussite.
Mais, en ce cas, il est méconnu ; il s’épuise en efforts stériles ; s’il vit en un temps où les passions sont exaltées, il est écrasé, broyé, foulé aux pieds ; s’il a la chance de vivre en des jours plus calmes, il est raillé, dédaigné, condamné à l’obscurité, et il va grossir la longue liste des génies incompris.
. — Efforts de madame de Montespan pour se rajeunir. — Elle danse, elle se pare. — Le roi se plaît à la parer.
Le Centaure, composé ambigu du corps d’un cheval & de membres humains, bande avec effort un arc Thessalien, & lance ses fleches.
Et, en définitive, leurs efforts de réaction auront été utiles.
Ebloui par la sottise de quelques-uns qui l’appelloient Abysme d’érudition, Océan de science, chef-d’œuvre, miracle, dernier effort de la nature, il s’imaginoit bonnement qu’elle s’étoit épuisée en sa faveur.
Rien ne montre mieux qu’il n’étoit pas un homme du commun dans la carriere qu’il a courue, que l’inutilité des efforts de ceux qui osent entreprendre de l’atteindre.
Cette difficulté est bien moins grande à présent : les dernières sessions des Chambres peuvent être considérées comme une arène où nous avons été appelés à juger du combat, sans effort pour nous, car toutes les opinions se sont trouvées naturellement en présence et à découvert.
Parmi les prédicateurs de ce lieu commun, les seuls qui puissent être encore originaux, ce sont les philosophes orthodoxes décidés d’avance à opérer au milieu de leurs phrases compromettantes le sauvetage impossible de l’absolu ; ceux-là resteront toujours divertissants par le spectacle héroï-comique de leurs efforts désespérés pour échapper à la terrible loi du relatif, que cette contradiction des goûts nationaux proclame avec une évidence accablante. […] ô juste récompense d’un tel effort ! […] Après plusieurs efforts inutiles, je sortis pour prendre l’air un peu ; le hasard de ma promenade me conduisit en face de l’Exposition. […] Le peuple français si léger, si superficiel, dit-on, est de tous les peuples peut-être le plus curieux de choses intelligibles et abstraites, pourvu qu’elles se présentent à lui sans pénible effort, parées d’une aimable simplicité. […] On se propose à tort cent préceptes divers Pour vouloir d’un œil sec voir mourir ce qu’on aime ; L’effort en est barbare aux yeux de l’univers, Et c’est brutalité plus que vertu suprême.
Il y a eu aussi celle de la Congrégation des Frères de la Doctrine Chrétienne, qui offraient pour objet à leurs efforts l’enseignement élémentaire, aussi bien laïque que religieux et moral, des classes pauvres, tandis que les Jésuites visaient surtout à s’emparer de l’éducation de la haute société et de la bourgeoisie. […] Cela existe par ce romantisme même dont un de ses personnages se plaint « que sa génération y reste trempée jusqu’au ventre, malgré ses efforts pour s’en débarbouiller ». […] Si Stendhal n’eût pas créé Julien Sorel, Robert Greslou, parti de rien, boursier d’université comme Sorel avait été séminariste, entrant comme lui, précepteur, dans une famille aristocratique, en séduisant la fille, par un effort de volonté, de domination, comme Sorel avait séduit Mme de Rênal, fut-il jamais né ? […] Il est vrai d’ailleurs que ce Français fournit d’ordinaire, individuellement, un effort considérable. […] Pour une grande part, sans doute, l’effort, poursuivi, depuis les Goncourt, le naturalisme, puis Barrès, avec une régularité qui fait songer aux lents plissements de terrain que nous montrent les géologues, pour séparer la sensibilité du sentiment, le sensible du sentimental.
Mais, dans ses efforts pour nous présenter le monde hellénique comme un Tipperary amplifié, pour employer Alexandre le Grand à blanchir M. […] L’Essai sur l’Éthique du plagiat, avec son pénible effort pour réhabiliter M. […] D’autre part, nous sommes réellement tenus de protester contre les efforts de M. […] A un point de vue artistique, on peut la qualifier un essai pour se replacer par un effort conscient dans le milieu d’un siècle plus ancien, qui aurait plus de fraîcheur. […] Il ne tente jamais de « réaliser ses bonnes actions. » Il ne se dépense jamais en effort.
On remarquait, à travers les exclamations descriptives d’usage, bien des vers heureux et simples, de ces vers trouvés, qui peignent sans effort : Le poëte aime l’ombre, il ressemble au berger…. […] Fontanes se tenait sans effort dans les mêmes principes que La Harpe : en traduisant Pope, le sage Pope, il ne l’approuvait pas toujours. […] Il ne peut se propager que peu à peu, que par beaucoup de prudence, de discrétion et d’efforts persévérants. […] Mais André Chénier, en sa fréquentation méditée, et jusqu’en sa plus libre et sa plus charmante allure, a du studieux à la fois et de l’étrange ; il sait ce qu’il fait, et il le veut ; son effort d’artiste se marque même dans son triomphe. […] Nous avons sous les yeux des brochures ultra-royalistes publiées à cette date, et dans lesquelles il n’est tenu aucun compte à M. de Fontanes de ses efforts constamment religieux et même monarchiques au sein de l’Université.
On sent partout l’effort et la tension ; il manque enfin à M. […] L’effort, toujours l’effort ; pas une ligne qui ne soit une construction pénible : chaque substantif, chaque épithète est comme une lourde pierre apportée sur l’échafaud par le manœuvre courbé. […] Et, pour aboutir à ce résultat peu digne d’un effort intelligent, quelle dépense de littérature ! […] Et, à chaque effort, elle retombe désespérément sur son impuissance et sur son ennui. […] Vains efforts !
Comment séparer les mœurs et le gouvernement, sans mutiler la réalité par un effort d’abstraction impossible à prolonger ? […] Cet effort eût mutilé leur vision. […] Vers 1845, s’essayant à un suprême effort, il avait entrepris un récit de passion mondaine, devenu plus tard la Vieille Maîtresse. […] Effort admirable, qu’il n’accomplit pas sans de grands combats intimes, dont vous auriez mieux démêlé la trace en lui si vous l’aviez approché davantage. […] L’effort du bon jardinier ne sera-t-il pas perdu ?
Il aura des obstacles à surmonter, des préventions à combattre, des rivalités à subir, des critiques perfides à endurer, et ce qui coûte plus d’efforts, son propre orgueil à vaincre. […] C’est ainsi qu’instruit des vérités et qu’averti des erreurs, on franchit sans obstacles et sans peine tous les intervalles que la raison a traversés avec tant de difficultés et d’efforts. […] Notre exécution sera inégale et grossière ; et les fruits de nos efforts ne peuvent bien mûrir qu’à la chaleur des inspirations que nous recevons des grands maîtres. […] Il lui fallait, dans son entreprise, former un plan général qui réglât les sujets de ses séances : ce soin préparatoire lui eût sans doute coûté trop d’efforts ; il s’en abstient. […] L’intérêt du drame tend à émouvoir nos cœurs sur les infortunes de nos maisons et à nous en faire pleurer ; l’effort du genre comique est au contraire de nous porter à rire.
Que d’efforts d’invention pour prêter aux idées une tournure piquante ! […] Comme il a fait effort pour opérer une réaction violente ! […] Ce n’est pas lui qui suivra d’une sympathie ardente les efforts désespérés des peuples vers la justice éternelle. […] Ganderax a fait les efforts les plus méritoires pour élargir le cercle de ses admirations. […] Meilhac à l’avènement de cette comédie de l’avenir et de leurs efforts unis est née Pepa, qui ne sera sans doute pas le seul fruit de cette collaboration.
Mais est-ce une raison de méconnaître les nobles efforts qui se tentent, et de jeter la pierre aux œuvres infatigables par lesquelles des esprits puissants essaient de surmonter la décadence qui nous presse ?
Il y a tant d’incertitude dans ce qu’on désire, de dégoût dans ce qu’on éprouve, qu’on ne peut concevoir comment on aurait le courage d’agir, si ses actions retournant à ses sensations, et ses sensations à ses actions, on savait si positivement le prix de ce qu’on fait, la récompense de ses efforts.
Mais, insensiblement, le dégoût de la platitude obligera votre esprit à faire effort, à mieux diriger son activité, et l’amènera à tirer de soi quelque chose qui sera moins plat.
Or le style a l’air souvent morcelé, incohérent, quoique les choses aient de l’unité et de la suite : le lecteur a besoin de faire effort pour découvrir les points de contact des idées, que les mots n’indiquent pas assez précisément.
Enfin au xixe siècle, après la reprise du sentiment religieux et du sens artistique qui produit l’explosion romantique, voici que jusqu’à une date très rapprochée de nous, l’esprit critique et expérimental devient le principal ressort de l’âme française, et se traduit littérairement par l’abondante floraison du roman et du théâtre réalistes, par l’étonnant développement de l’histoire et de la critique, par un effort enfin universel et sensible pour soumettre l’inspiration de l’écrivain aux lois de la méthode scientifique.
L’homme d’aujourd’hui est le produit suprême de ce développement ; or, comme l’explique Sully-Prudhomme dans son poème de la Justice, ce long effort d’où nous sommes sortis constitue notre dignité.
. — Bref, je conçois, sans nul effort que cet homme, l’autre jour, soit monté sur cette table et qu’il y ait chanté cette chanson assassine contre une classe pleine de vices et d’égoïsme assurément (comme toutes les classes sociales sans exception), mais où il y a aussi de braves gens, et dont il se pourrait que la très modeste moyenne de vertu et de bonté ne fût pas trop inégale à la bonté et à la vertu de ceux qui réclament du plomb contre elle.
L’autre était déjà sujet aux redites et montrait les recherches et les efforts des imaginations qui s’épuisent.
Nul principe n’est encore intervenu pour coordonner tant d’efforts.
Deherme), — L’Effort (Maurice Magre).
Quand l’esprit dominant est de rejeter sans examen et sans discernement tout ce qui appartenait au parti vaincu dans les sciences, dans les lettres, dans les arts même, l’ignorance présomptueuse, les doctrines surannées et réduites à l’absurde, les témérités mille fois réprimées des imaginations sans frein et sans guide, les extravagances les plus révoltantes, ont le champ libre, peuvent se donner carrière, faire ligue, se produire mutuellement, et se soutenir par leurs efforts combinés.
Mais tous les efforts de la cabale flagellante n’en put venir à bout.
Il expire en disant ces mots, et il continue avec les anges le sacré cantique. » Nous avions cru pendant quelque temps que l’oraison funèbre du prince de Condé, à l’exception du mouvement qui la termine, était généralement trop louée ; nous pensions qu’il était plus aisé, comme il l’est en effet, d’arriver aux formes d’éloquence du commencement de cet éloge, qu’à celles de l’oraison de madame Henriette : mais quand nous avons lu ce discours avec attention ; quand nous avons vu l’orateur emboucher la trompette épique pendant une moitié de son récit, et donner, comme en se jouant, un chant d’Homère ; quand, se retirant à Chantilly avec Achille en repos, il rentre dans le ton évangélique, et retrouve les grandes pensées, les vues chrétiennes qui remplissent les premières oraisons funèbres ; lorsqu’après avoir mis Condé au cercueil, il appelle les peuples, les princes, les prélats, les guerriers au catafalque du héros ; lorsque, enfin, s’avançant lui-même avec ses cheveux blancs, il fait entendre les accents du cygne, montre Bossuet un pied dans la tombe et le siècle de Louis, dont il a l’air de faire les funérailles, prêt à s’abîmer dans l’éternité, à ce dernier effort de l’éloquence humaine, les larmes de l’admiration ont coulé de nos yeux, et le livre est tombé de nos mains.
Vains efforts. […] En même temps que leur ancien auditoire les abandonnait, une défaillance poignante arrêtait leur effort et coupait brusquement leur œuvre. […] Mais la société intervient dans cette affaire et ce n’est pas pour secourir l’effort de l’individu ni de la nature. […] Après tout, ils sont touchants, ces deux ronds-de-cuir, qui tentent des efforts surhumains pour s’élever jusqu’à la science. […] Du singe à lord Rosebery, on peut suivre, pas à pas, les progrès de l’effort cosmique.
Naturellement un tel effort de rébellion, un tel coït entre l’orgueil et la sauvagerie intime de notre être s’achève en tristesse. […] Il deviendrait une sorte d’automate, le prisonnier d’une manière, incapable désormais d’efforts nouveaux. […] Champsaur de son effort considérable vers une œuvre de pensée et des chapitres où il se hausse à un rendu assez violent de la vie. […] Certes, l’effort tenté par notre génération pour la conquête d’un idéal nouveau fut prodigieux. […] On comprend que les prochaines littératures, après toutes ces crises anormales et ces tentatives capricieuses, aboutiront à un effort simpliste.
non, jamais le vieillard que Térence appelle Celui qui se tourmente lui-même ne se rongeait d’autant de soucis et de pâleur que, dans ses efforts silencieux vers le beau, cette pudique et jalouse muse. […] Presque toutes les belles comparaisons, qui à chaque pas émaillent le poëme d’Éloa, pourraient se détourner sans effort et s’appliquer à la muse de M. de Vigny elle-même, — et la villageoise qui se mire au puits de la montagne et s’y voit couronnée d’étoiles, — et la forme ossianesque sous laquelle apparaît vaguement d’abord l’archange ténébreux, — et la vierge voltigeante qui n’ose redescendre, comme une perdrix en peine sur les blés où l’œil du chien d’arrêt flamboie, — et la nageuse surprise, fuyant à reculons dans les roseaux ; mais surtout rien ne peindrait mieux cette muse dans ce qu’elle a de joli, de coquet, comme dans ce qu’elle a de grand, que l’image du colibri étincelant et fin au milieu des lianes gigantesques ou dans les vastes savanes sous l’azur illimité. […] Son plus beau triomphe dans cette voie fut la soirée de Chatterton, où, après quatre ans d’efforts silencieux et pénibles, il força la foule assemblée, les salons, les critiques eux-mêmes à applaudir et à frémir au spectacle déchirant d’une douleur que la plupart méconnaissent ou enveniment.
La sienne cherchait plutôt son appui dans la raison, et se dirigeait par l’effort au devoir. […] Dans un excellent morceau que je lis, daté de 1813, sur la coquetterie, elle n’avait eu besoin que de consulter son observation de moraliste, son jugement sain et ses goûts délicatement sérieux, pour dire, par exemple : « C’est de trente à quarante ans que les femmes sont ordinairement le plus portées à la coquetterie : plus jeunes, elles plaisent sans effort, et par leur ignorance même. […] Les sacrifices dictés par la raison ont cet avantage, que l’effort qu’ils ont coûté en devient toujours la récompense.
Nous avons plusieurs fois essayé de lire ce voyage tant vanté, sans pouvoir y découvrir autre chose que des prétentions pénibles : l’effort d’un savant réel pour atteindre le génie, et la volonté constante, infatigable, acharnée, de mériter, à force de flatteries, des flatteurs. […] Jusqu’à la fin, ce fut à sa maison que vinrent se réunir toutes les voies de la science et tous les efforts du progrès ; il était en rapports fréquents avec tout ce qui était bon, noble, spirituel, et en outre avec l’austère science. » XVI Ses panégyristes allemands le dépeignent ainsi : nous ne l’avons pas connu à cet âge. […] Me voilà bien récompensé, en vérité, des efforts que j’ai faits, depuis mon arrivée au pouvoir, pour maintenir la concorde entre les deux gouvernements, pour éloigner tout prétexte de guerre !
Peut-être sa main débile, qui n’a pas été façonnée pour l’effort, ne peut-elle jamais parvenir à tendre assez puissamment la corde de l’arc pour que la flèche du vers atteigne le but et touche l’âme en la charmant, comme le trait invisible de l’archer qui déchire l’air en le traversant et qui résonne à l’oreille en perçant le cœur ? […] XX Aucun remords généreux ne lui inspira dans sa déchéance un parti capable de sauver le roi qu’il avait perdu, ou d’honorer du moins la chute du trône par un magnanime effort. […] C’est après ce dernier effort qu’il marcha tranquillement au supplice, dont sa constance a fait la gloire de la religion et l’exemple de l’univers.
Le xve siècle continue et développe les caractères du xive : épuisement, dissolution, ou monstrueuse déviation des principes vitaux du moyen âge, intermittente et comme inquiète éclosion de quelques bourgeons nouveaux, effort incomplet et encore entravé des formes futures vers la vie. […] L’effort est plus marqué et parfois plus heureux dans les œuvres d’Alain Chartier116 dont le nom surnageant presque seul au xvie siècle dans le naufrage de tout le passé, a usurpé longtemps une estime trop glorieuse : il n’est pas si au-dessus de son temps qu’on l’imaginait jadis. […] Jusqu’à ce moment fécond, tous les germes semblaient sécher et les efforts échouer.
Aimable sénéchal de Champagne, que de peines et d’efforts il a fallu, que d’académiciens des Inscriptions faisant la chaîne et mis les uns au bout des autres, pour arriver à sauver de toute corruption et de toute injure, et pour nous rendre au naturel et dans sa simplicité, ce que vous dictiez si gaiement en cheveux blancs dans le joli langage ou ramage de votre jeunesse, et en vous promenant d’un pied encore ferme dans la grande salle du château de Joinville85 ! […] Saint Louis acheva donc le reste de la navigation, qui fut de plus de deux mois encore, sur cette grande nef si endommagée, se risquant humblement et sans effort pour le salut des siens. — « Ô le bon roi !
Sur son manque de travail et d’effort intérieur, Duclos en dit plus qu’on n’eût pu en exiger de lui, et peu s’en faut qu’il ne se brusque lui aussi à sa manière ; il se dit des vérités comme il en disait aux autres. […] À la longue les défauts prirent le dessus ; cet homme qui dîna en ville jusqu’à la fin, et qui pérorait du matin au soir, avait enroué sa voix et donné comme un effort à son esprit ; il lui fallait à tout prix du montant naturel ou factice : Duclos aimait le vin, dit Sénac de Meilhan, et rarement sortait de table sans être échauffé : alors sa conversation n’en était que plus brillante, mais aussi il se permettait les propos les plus imprudents contre les ministres et les gens en place.
Premièrement, il ne faut point faire fi de ces choses agréables qui ont été universellement goûtées en leur temps et dans le siècle où elles sont nées, dussent-elles avoir perdu de leur sel pour nous aujourd’hui : c’est un léger effort et un bon travail pour un esprit cultivé que de se remettre au point de vue convenable pour en bien juger. […] bientôt que c’était une assemblée des précieuses de Montpellier ; mais, bien qu’elles fissent de nouveaux efforts à cause de nous, elles ne paraissaient que des précieuses de campagne et n’imitaient que faiblement les nôtres de Paris.
Toutes les carrières sont ouvertes à tous, et une ambition, louable dans son principe quand elle n’est pas trop en disproportion avec les moyens et qu’elle s’appuie sur d’honnêtes efforts, porte chacun à se pousser, à s’élever, ou du moins à pousser les siens et à porter ses enfants là où l’on n’a pas atteint soi-même : de là bientôt un concours de tous dans les mêmes voies d’études et vers un petit nombre de professions plus particulièrement en estime ; de là l’encombrement de quelques carrières. […] Les habitudes les plus futiles et les plus inutiles ont d’immenses racines dans le passé, et, quoique de prime abord il semble qu’il suffise d’un souffle pour les détruire, elles résistent souvent et aux convulsions des sociétés, et aux efforts d’un grand homme. » Cette opinion personnelle du prince, qu’on vient de voir si formellement exprimée, étant telle et si en accord avec celle de Franklin, il est plus facile encore d’apprécier la haute impartialité que le même prince devenu empereur, et pouvant tout, a apportée dans la solution pratique, et combien il s’est montré l’homme de son nouveau rôle et de sa destinée, publique, lorsque, dans l’œuvre de conciliation, il a laissé faire une si large part à l’opinion opposée.
La bonne intelligence régna sur les frontières ; le commerce ne fut point interrompu ; l’Empire demeura tranquille, et j’eus le loisir de me pourvoir abondamment de tous mes besoins. » Le grand dessein n’éclate qu’au commencement du printemps (1672) : « J’avais disposé mes projets de guerre de manière que je devais tomber en même temps sur quatre places considérables des ennemis, dans la pensée que j’avais qu’on ne pouvait faire un trop grand effort dans le commencement pour déconcerter les États-Généraux et leur abattre le courage. » Le prince de Condé, à la tête d’une armée, Louis XIV, à la tête d’une autre, débouchent de concert dans la Belgique par les Ardennes et par Charleroi, et sont rejoints au-delà de la Meuse par les troupes venues du pays de Cologne. […] Je connais cette rivière ; elle est très difficile à passer : il y a des places qu’on peut rendre bonnes ; je compterais aller à Péronne ou à Saint-Quentin, y ramasser tout ce que j’aurais de troupes, faire un dernier effort avec vous, et périr ensemble ou sauver l’État ; car je ne consentirai jamais à laisser approcher l’ennemi de ma capitale » ; celui qui dira cette parole est bien le même qui, quarante ans auparavant, a honoré et loué les Hollandais d’avoir tout fait pour lui fermer l’accès d’Amsterdam.
Puis je me suis mis à songer, non sans tristesse, à ce qu’il a fallu d’efforts, de bégayements, pour amener et rendre possible sur notre scène cette reproduction à peu près fidèle ; je repassais dans mon esprit et ces anciens combats et ces discussions si animées, si ferventes, dont rien ne peut rendre l’idée aujourd’hui ; ces-études graduelles qui faisaient l’éducation de la jeunesse lettrée, et par où l’on se flattait de marcher bientôt à une pleine et originale conquête ; je me redisais les noms de ces anciens critiques si méritants, si modestes et presque oubliés, de ces précepteurs du public qui, tandis que les brillants Villemain plaidaient de leur côté dans leur chaire, eux, expliquaient dans leurs articles et serraient de près leur auteur, le commentaient, pied à pied avec détail ; les Desclozeaux, les Magnin nous parlant dans le Globe, dès 1826 ou 1828, de ces pièces admirables dont bientôt nous pûmes juger nous-mêmes sous l’impression du jeu de Kean, de Macready, de miss Smithson, et nous en parlant si bien, dans une note si juste, si précise à la fois et si sentie. […] Continuez-moi, je vous prie, les sentiments dont vous m’honorez, et soyez persuadé de la haute estime et de la reconnaissance avec lesquelles j’ai l’honneur, etc. » On s’explique assez difficilement que, sentant de la sorte ce qui lui manquait sur Shakespeare et ce que la vue de Garrick pouvait lui apprendre, lui rendre immédiatement, il n’ait pas fait cet effort de passer le détroit, et, puisqu’il n’avait pas vu apparemment le grand tragédien dans son ancien voyage à Paris, qu’il ne soit point allé l’admirer une bonne fois sur son théâtre, avant sa retraite, et, comme on dit, prendre langue avec lui.
Quelque chose du même esprit de rénovation soufflait un peu partout dans le jeune Clergé averti : il fit en ces années de grands efforts et des progrès dans des directions différentes et sur des lignes parallèles. […] Vous vous ralentissez pour lui un jour : il vous a déjà quitté et lâché tout le premier. — D’autre part, je vois le courant du milieu, ce flot d’élèves sortant chaque année des écoles de l’Université, avec des idées toutes contraires, bien qu’eux-mêmes très-divers entre eux : idées politiques très-brouillées, très-mélangées, connaissances littéraires (si l’on excepte une élite) trop incomplètes au point de vue de l’Antiquité et trop peu consistantes, malgré tous les efforts et l’excellence des maîtres.
Nous avons ici à faire sur nous-mêmes un léger effort. […] D’ailleurs il est temps de penser sérieusement, car l’âge arrive sans qu’on s’en doute, et lorsqu’on veut faire un effort pour devenir meilleur, les forces vous manquent et l’âme ne peut pas plus se redresser que les reins.
Son expédition d’Angleterre ne fut point un échec, mais un effort, un exercice de conquête et d’agrandissement aux frontières de son talent. […] Un travail et un effort continuel amenèrent avec eux le progrès : voilà tout ; mais il n’y eut pas de changement à vue, de renouvellement ou de redoublement systématique.
Et dès l’abord, disons-nous bien de qui nous parlons : aucun des adversaires de Louis XIV, y compris le prince d’Orange, ne fut plus nuisible au glorieux monarque et n’apporta un appoint plus fâcheux, plus malencontreux, dans la coalition européenne qui se forma contre lui et qu’avaient provoquée les violences et les hauteurs du grand roi et de son ministre, nul ne pesa plus à contretemps pour nous et plus à notre détriment dans la balance, que ce petit souverain qui, dans son plus grand effort, n’avait au plus qu’un budget de six millions et une force militaire de dix mille hommes ; nul, à un moment donné, ne prit Louis XIV plus en flanc, au défaut de la cuirasse, par le côté faible. […] Louvois, sentant que la crise approchait, tenta un dernier effort pour avoir raison des résistances de Madame Royale et pour lui arracher une occupation militaire des principales places du Piémont par la France : à ce prix, elle était assurée de l’entière et absolue protection du roi contre tout ce que pourrait entreprendre son fils.
Taine ne fait pas cet effort qu’il convient à l’historien littéraire d’exercer au besoin sur lui-même et contre lui-même, et il nous présente, avec une défaveur et une déplaisance marquées, ce poète réputé si longtemps le plus parfait de sa nation et que Byron saluait comme tel encore. […] Et en général je dirai : combinons nos efforts, ne les opposons pas et ne détruisons rien, Vous nous invitez, vous nous obligez, à force de talent, à marcher avec vous vers le grand, le fort, le difficile, vers ce que nous n’aurions pas abordé à ce degré sans vous ; mais aussi ne nous supprimez pas nos points de vue habituels et agréables, nos paysages de Windsor et nos jardins de Twickenham.
L’énergie, le soin et la vigilance dont elles ont eu besoin pour se former et s’élever, pour conquérir l’éducation et la perfection du bien penser et du bien dire, laissent des marques et passent à l’état d’habitude, lors même qu’il n’y a plus d’effort à faire : que vous dirai-je ? […] Continue, mon ami, tes généreux efforts, Brutus désespéra trop tôt du salut de Rome aux champs de Philippes… » Voilà notre défaut tout cru.
La reine, qu’on avait retournée, faisant un dernier effort, venait elle-même de retourner le roi. […] Mais il est à remarquer qu’elle dit toujours cette nation, et jamais notre : elle n’était pas devenue, malgré tout son effort et son désir, partie intégrante de cette nation.
Les traits biographiques se distribuent, se combinent très heureusement sous sa plume, et il nous guide avec intérêt, sans un instant d’effort ou d’ennui, à travers ces grandes et méditatives existences. […] Certes, plus l’homme comprend ces lois merveilleuses de l’univers, et plus aussi il se rend digne de la condition humaine la plus élevée, telle que l’ont faite les sciences et le sublime effort de quelques-uns ; plus l’homme approche d’un Pythagore ou d’un Archimède, d’un Newton ou d’un La Place, et plus il doit ressentir une joie plénière devant des lois de plus en plus approfondies ou conjecturées ; mais, même à des degrés infiniment moindres, il lui est loisible encore de participer à ces nobles « délices des êtres pensants ».
Gautier ne soit pas homme à se laisser prendre en flagrant délit d’un dessein littéraire prémédité et qui aurait l’air sérieux, quoiqu’il se moque lui-même très-agréablement de la plupart des pauvres diables dont il s’est senti d’humeur à s’occuper cette fois, et quoiqu’enfin dans sa post-face (les préfaces sont le pont-aux-ânes, et dans un livre sur les grotesques il est bien permis de les mettre à l’envers) il ait paru faire bon marché de l’effort capricieux et léger qu’il venait de tenter, nous remplirons tout gravement à son égard notre métier de critique, et dussions-nous être réputé de lui bien pédant, bien académicien déjà, nous rendrons justice à l’idée logique de son livre, nous la discuterons, sans préjudice toutefois des brillantes fantaisies et des mille arabesques dont il l’entoure. […] Les impromptus, les saillies, je ne le nie pas, lui échappent sans grand effort ; il rencontre des vers heureux ; il dira presque comme Regnier : J’en connois qui ne font des vers qu’à la moderne, Qui cherchent à midi Phœbus à la lanterne, Grattent tant le françois qu’ils le déchirent tout… Mais, à deux pas de là, il fléchit, et son français pour n’être pas assez gratté, n’en paraît que diffus, prolixe et incertain.
Et que le public surtout, le grand juge permanent, n’ait à s’en apercevoir dans la suite qu’au redoublement de mes efforts, à leur application de plus en plus marquée vers les sujets élevés et sérieux, qui sont faits pour remplir la seconde moitié de la vie. […] Jusque-là il avait eu, moyennant ses consciencieux efforts, un succès plein, facile, succès du jour et du lendemain, un applaudissement sans réserve ; il avait gagné à chaque pas, il s’était étendu et avait donné de lui-même de variés et croissants témoignages.
. — On a fait une première famille avec celles qui dénotent les divers états du corps sain ou malade, et qui sont moins des éléments de connaissance que des stimulants d’action ; on les a nommées sensations de la vie organique, et, d’après l’appareil ou la fonction qui les provoque, on les a divisées en genres et en espèces : ici l’effort, la fatigue, et diverses douleurs déterminées par l’état des muscles, des os et des tendons ; un peu plus loin, l’épuisement nerveux et les souffrances nerveuses déterminées par l’état propre des nerfs ; ailleurs les angoisses de la soif et de la faim déterminées par l’état de la circulation et de la nutrition ; là-bas, la suffocation et un certain état tout opposé de bien-être déterminés par l’état de la respiration ; ailleurs encore, les sensations de froid et de chaud, déterminées par un état général de tous les organes ; ailleurs enfin, d’autres, comme les sensations digestives, déterminées par l’état du canal alimentaire. — À côté de cette famille, on en a formé une seconde dont les premiers genres touchent aux derniers de la précédente ; elle comprend les sensations qui ne nous renseignent point sur la santé ou sur la maladie de notre corps, et qui sont moins des stimulants d’action que des éléments de connaissance. […] En second lieu, une analyse indirecte vient d’expliquer, avec le succès le plus complet, cette qualité indéfinissable qui semblait résister à tous les efforts de l’analyse directe, le timbre73.
Il a posé en face l’un de l’autre ces deux êtres destinés à s’aimer, qui se sentent disposés à s’aimer avant de se connaître, et qui font effort pour se connaître avant de s’aimer, qui s’observent, s’étudient, se tendent des pièges, tâchent de forcer le mystère de l’âme par laquelle ils se voient pris irrésistiblement. […] Dans la Surprise de l’amour, c’est le heurt de la vanité qui fixe l’attention : chacun des deux personnages est fâché de n’être pas unique en sa bizarrerie, fait effort pour réduire la bizarrerie de l’autre à la banalité des façons universelles, et se prend en voulant prendre.
Tout cet effort aboutissait en somme à faire de 1789 et de 1830 la revanche de la conquête franque : 1830 devenait le complément nécessaire de 1789, le terme glorieux de tout le développement national. […] Il n’avait pas grand effort à faire pour comprendre la puissance du christianisme au moyen âge.
Le plus bel effort de la civilisation la plus raffinée, c’est de mettre les sexes aux prises dans les conditions les plus propres à rendre la lutte charmante ; c’est de multiplier, de nuancer et de prolonger les bagatelles à demi innocentes et tout le jeu préliminaire de l’amour, afin de sauver les oisifs de l’ennui. […] Cela est vrai, à des degrés divers, d’Edmée et de Germaine : Edmée, une jeune fille trop savante et trop curieuse — sauvée par sa science précoce et par sa fierté ; Germaine, une jeune femme qui a la coquetterie des sens, « une coquetterie épidermique, animale, d’un caractère étrange, presque monstrueux, féminin quand même », sauvée, celle-là, on ne sait par quoi, par sa froideur foncière, par sa paresse, parce qu’il faut un effort pour franchir le dernier pas… Mais que nous importe que ces fausses honnêtes femmes soient sauvées ?
On sent chez lui un effort souvent heureux, mais de l’effort.
En l’écrivant, Vauvenargues ne songeait certes pas à faire son portrait ; mais il se retraçait et se proposait son plein idéal à lui-même : Quand je trouve dans un ouvrage une grande imagination avec une grande sagesse, un jugement net et profond, des passions très hautes, mais vraies, nul effort pour paraître grand, une extrême sincérité, beaucoup d’éloquence, et point d’art que celui qui vient du génie, alors je respecte l’auteur : je l’estime autant que les sages ou que les héros qu’il a peints. […] Il a, je le répète, l’excellence de l’acception, une énergie sans trace d’effort.
Cette pensée seule est honorable ; et, même lorsqu’elle demeure inutile et vaine comme elle le fut ici, elle témoigne d’un effort non vulgaire. […] En nous peignant, à ce moment, la vie du courtisan comme un homme désabusé du métier, et qui fait effort pour rompre sa chaîne, d’Antin ne fait presque que paraphraser dans sa prose le charmant monologue de Sosie au début de l’Amphitryon : Sosie, à quelle servitude Tes jours sont-ils assujettis !
En avançant, elle s’est appliquée sans trop d’efforts à les tailler dans la forme du jour, à leur en donner la coupe et la couleur : elle y a réussi. […] Parfois de ses chagrins tu plaignais Léonie, Et, sans les imiter, tu riais de ses torts ; Plus sage en tes projets, sans ruse, sans efforts, Tu m’as laissé le soin du bonheur de ta vie.
Les images se fondent dans le récit et en couronnent discrètement chaque portion, sans se dresser avec effort et sans vouloir se faire admirer : Bernardin a l’image légère. […] Remarié bientôt après, vers l’âge de soixante-trois ans, à Mlle Désirée de Pelleport, jeune et jolie personne, et qui se plia sans effort à ses goûts, Bernardin de Saint-Pierre eut une vieillesse heureuse.
Tout en rendant justice à ses belles et saines parties, nous ne le fîmes point avec plénitude ni en nous associant de cœur à l’esprit même de l’homme : Boileau, personnage et autorité, est bien plus considérable que son œuvre, et il faut de loin un certain effort pour le ressaisir tout entier. […] Pour jouir de tout l’agrément du Lutrin, j’aime à me le figurer débité par Boileau avec ses vers descriptifs et pittoresques, tantôt sombres et noirs comme la nuit : Mais la Nuit aussitôt de ses ailes affreuses Couvre des Bourguignons les campagnes vineuses ; tantôt frais et joyeux dans leurs rimes toutes matinales : Les cloches dans les airs, de leurs voix argentines, Appelaient à grand bruit les chantres à matines ; avec ces effets de savant artifice et de légèreté, quand, à la fin du troisième chant, après tant d’efforts, la lourde machine étant replacée sur son banc, Le sacristain achève en deux coups de rabot, Et le pupitre enfin tourne sur son pivot ; ou avec ces contrastes de destruction et d’arrachement pénible, quand le poète, à la fin du quatrième chant, nous dit : La masse est emportée, et ses ais arrachés Sont aux yeux des mortels chez le chantre cachés.
Ce léger sacrifice, fait à propos et sans effort, apaisa les encyclopédistes, avec qui Barthélemy n’était pas toujours bien parce qu’il ne leur appartenait pas. Lors de la disgrâce du duc de Choiseul, et quand on retira à cet ancien ministre la charge de colonel général des Suisses, Barthélemy envoya sa démission de secrétaire général ; il la maintint malgré les efforts qu’on fit pour l’amener à se rétracter, et on lui laissa encore, sans qu’il le demandât, une pension de 30 000 livres sur cette place à laquelle il renonçait.
La république de Venise était aux prises avec l’archiduc de Gratz ; Louis XIII, par le conseil de Richelieu, veut évoquer à lui l’affaire ; et, comme la guerre de Piémont se prolonge malgré les efforts qu’on a faits sur les lieux pour l’apaiser, Louis XIII désire également que le duc de Savoie dépêche un négociateur à Paris pour traiter avec l’ambassadeur d’Espagne qui y réside, jugeant que l’affaire se réglera mieux auprès de sa personne ; il envoie en Espagne un ambassadeur pour obtenir, à cet effet, l’agrément du Roi Catholique. […] Ce fut la résistance et l’effort qu’il eut à faire pour maintenir ce qu’il ne tenait que d’emprunt, qui le rendit parfois tyrannique de procédé et d’allure.
Il sait bien que toute voie humaine a ses épines et ses ronces encore plus que ses fleurs, et que, lorsque Dieu se manifeste et parle, c’est plutôt parmi les premières : « Je ne me ressouviens pas qu’il ait jamais parlé parmi les fleurs, oui bien parmi les déserts et halliers plusieurs fois. » Et pourtant, François de Sales sème involontairement devant lui et prodigue les fleurs ; il répand le lait et le miel, et les fruits savoureux ; il a surtout ce qui les fait naître sans effort, un fonds de fertilité et d’onction. […] Ici, du moins, notre but est trop ouvert, trop simple, et nous marchons appuyé sur trop de bons et sûrs témoignages pour que notre effort à deviner et à comprendre ne doive point se faire pardonner.
* * * Bourgeois, fils de bourgeois, appartenant à cette classe moyenne qui fut si longtemps la maîtresse de nos destinées, Émile Augier ne pouvait pas, sans angoisses, assister à la rapide et inévitable dispersion de cette élite, oublieuse des vertus et des efforts passés, engourdie dans son bien-être et dissipant, en moins de deux générations, le patrimoine d’honneur, de travail, de modestie dans les goûts, de pureté dans les mœurs, légué par les ancêtres. […] En littérature : Owen-Meredith [Émile Zola] Des maîtres actuels de notre scène française, Émile Augier est celui dont l’effort a été le plus régulier, le plus constant.
Qu’ils y arrivent, et il sera temps alors pour nous de les combattre, de leur démontrer que ces règles contre lesquelles on se mutine, sont pourtant les seules bases sur lesquelles puisse être assis le système dramatique d’un peuple éclairé, et qu’elles sont elles-mêmes fondées sur les résultats de l’expérience, lentement convertis en axiomes ; qu’elles ne sont pas, comme on a l’air de le croire, des lois imposées à l’imagination par le caprice d’un vieux philosophe grec du temps d’Alexandre, et que l’auteur de la Poétique n’a pas plus inventé les unités, que l’auteur de la Logique n’a créé les syllogismes ; que ces lois, établies pour les intérêts de tous, font seules du théâtre un art, et de cet art une source d’illusions ravissantes pour le spectateur et de succès glorieux pour le poète ; qu’elles ont le double avantage d’élever un obstacle contre lequel le génie lutte avec effort pour en triompher avec honneur, et une barrière qui arrête l’invasion toujours menaçante de la médiocrité aventureuse ; qu’on peut quelquefois essayer de reculer les limites de l’art, et quelquefois même, comme a dit Boileau, tenter de les franchir, mais qu’il ne faut jamais les renverser ; et qu’enfin, il en peut être de la littérature comme de la politique, où quelques concessions habilement faites à la nécessité des temps, préservent l’édifice de sa ruine, et le rajeunissent, tandis qu’une révolution complète, renversant tout ce qu’elle rencontre, bouleversant tout ce qu’elle ne détruit pas, plaçant le crime au-dessus de la vertu, et la sottise au-dessus du génie, engloutit dans un même gouffre la gloire du passé, le bonheur, du présent, et les espérances de l’avenir. […] Il faut pourtant bien peu d’efforts pour la détruire.
Enfin, nous devons aussi à Mme Stern un Essai sur la liberté dont les Esquisses morales ne sont qu’un corollaire : « Car, — dit-elle dans la préface de ses Esquisses, — elles sont l’effort d’un esprit consciencieux qui, pour rappeler une formule célèbre, a cherché de tout temps et ne cessera jamais de chercher la vérité par la liberté et la liberté par la vérité. » Or, ce qu’elle a trouvé, nous allons le voir. […] Voilà quel a été certainement pendant toute sa vie l’effort de Mme Stem, ce bas-bleu acharné, renégat de son sexe !