/ 1781
554. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XII. Mort d’Edmond de Goncourt » pp. 157-163

Sans préjuger si j’y parviendrais, le désir me fait complètement défaut de composer sur Goncourt le grand article historique et critique.

555. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre VI. Recherche des effets produits par une œuvre littéraire » pp. 76-80

Toute société, avant d’être réalisée, existe à l’état de rêve, de conception, de désir ; et cela devient de plus en plus vrai à mesure que les peuples prennent d’eux-mêmes et de leurs besoins une conscience plus claire.

556. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Préface » pp. -

— « J’affirme que les conversations données par moi, dans les quatre volumes parus, sont pour ainsi des sténographies, reproduisant non seulement les idées des causeurs, mais le plus souvent leurs expressions, et j’ai la foi que tout lecteur désintéressé et clairvoyant, reconnaîtra que mon désir, mon ambition a été de faire vrais, les hommes que je portraiturais, et que pour rien au monde, je n’aurais voulu leur prêter des paroles qu’ils n’auraient pas dites.

557. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre troisième. Suite de la Poésie dans ses rapports avec les hommes. Passions. — Chapitre V. Suite des précédents. — Héloïse et Abeilard. »

Ses désirs sont réglés, ses goûts toujours les mêmes ; elle s’enchante par ses larmes, et ses soupirs sont pour le Ciel.

558. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre premier. Que la Mythologie rapetissait la nature ; que les Anciens n’avaient point de Poésie proprement dite descriptive. »

Il faut plaindre les anciens, qui n’avaient trouvé dans l’Océan que le palais de Neptune et la grotte de Protée ; il était dur de ne voir que les aventures des Tritons et des Néréides dans cette immensité des mers, qui semble nous donner une mesure confuse de la grandeur de notre âme, dans cette immensité qui fait naître en nous un vague désir de quitter la vie, pour embrasser la nature et nous confondre avec son Auteur.

559. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « VI »

Ce désir d’art entrevu, cette formation en perspective, c’est la volonté, c’est le labeur qui les déterminent.

560. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Renan — I »

Renan borna ses désirs, canalisa son activité vers un but précis et unique.‌

561. (1915) Les idées et les hommes. Deuxième série pp. -341

En recherchant la revanche de l’esprit, avons-nous été au gré de leurs désirs ? ou bien n’avaient-ils pas du tout de désirs et, ce que nous avons fait, avons-nous inventé de le faire ? […] Mais Renée comble son désir, quand elle arrange les mots qui rendent le gras et soyeux plumage des mouettes. […] Il a vécu « pour les seules ivresses d’un crédule désir ». […] Mais un des matelots, Euphorion, ne résiste pas au désir d’ouïr les filles de la mer chanter à voix de sirène.

562. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « George Farcy »

J’ai ployé mon caractère impatient jusqu’à condescendre aux désirs souvent capricieux d’un homme que j’estimais au-dessous de moi en tout, excepté dans un talent équivoque de faire fortune. […] « Il n’a pas encore d’idées arrêtées ; il cherche à connaître et vit avec les livres plus qu’avec les hommes ; il ramène tout, par désir d’unité, par élan de pensée, par ignorance, au point de vue le plus simple et le plus abstrait ; il raisonne au lieu d’observer, il est logicien intraitable ; le droit non-seulement domine, mais opprime le fait. […] Mais chez toi la pudeur de l’adolescence, qui avait trop aisément cédé par le côté sensuel, s’était comme infiltrée et développée outre mesure dans l’esprit, et, au lieu de la mâle assurance virile qui charme et qui subjugue, au lieu de ces rapides étincelles du regard, Qui d’un désir craintif font rougir la beauté77, elle s’était changée avec l’âge en défiance de toi-même, en répugnance à oser, en promptitude à se décourager et à se troubler devant la beauté superbe.

563. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Victor Hugo » pp. 106-155

La subite volte-face d’Hernani récompensé et gracié, Torquemada entrant en scène sur les dernières suppliques de Ben-Habib, l’incendie de la Tourgue égayant les enfants qu’il va tuer, Marie Tudor et Jane ne sachant si c’est l’amant de l’une ou de l’autre que l’on exécute, Marius défaillant entre le désir de sauver Valjean et la terreur de perdre Thénardier, la tempête sous un crâne, la Sachette reconnaissant sa fille en celle qu’elle a maudite, Ceubin saisi par la pieuvre et Triboulet tenant l’échelle à l’enlèvement de sa fille, quelle liste de contrastes, d’hésitations, d’alternatives et de déchirements d’âmes, d’antithèses fragmentaires qui amplifiées et soutenues deviennent la contexture même de toute œuvre. […] Il explique le rictus des cadavres par la joie des morts de rentrer dans le grand tout, et la position des yeux des crapauds par leur désir de voir le ciel bleu. […] Que l’on rapproche de ces grands nocturnes, la descente de Gilliatt dans la caverne sous-marine dont la mer a fait un écrin et un antre, cette voûte, aux lobes presque cérébraux, éclairée d’une lumière d’émeraude, tapissée d’herbes déliées, mouvantes et molles, où roulent des coquillages roses, que frôle le gonflement des vagues, venant polir un noir piédestal où s’évoque « quelque nudité céleste, éternellement pensive, un ruissellement de lumière chaste sur des épaules à peine entrevues, un front baigné d’aube, un ovale de visage olympien, des rondeurs de seins mystérieux, des bras pudiques, une chevelure dénouée dans de l’aurore, des hanches ineffables modelées en pâleur » ; la description des halliers sombres, ces « lieux scélérats » d’où les chouans fusillaient les bleus », et dans l’Homme qui rit, ce merveilleux tableau de la baie de Portland par un crépuscule d’hiver, où les côtes blafardes se profilent en contours linéaires, puis encore l’enterrement de Hardquannone, emporté silencieusement à la brune, le glas toquant à coups espacés et discords, et cette molle nuit grise où Gwynplaine, dans l’amertume de son cœur, suit les quais gluants de la Tamise, portant le sourd désir de se suicider ; M. 

564. (1833) De la littérature dramatique. Lettre à M. Victor Hugo pp. 5-47

Attristé de toutes ces idées, et comme je vous l’ai dit, prévoyant tous les orages de l’avenir, j’ai brisé ma plume… Quoique fatigué d’avoir écrit plus de cinquante ouvrages, je sentais pourtant encore le désir d’offrir au public les derniers fruits de mon expérience… Mais dans ces temps de folie et de dévergondage littéraire, quel aurait été le prix de mes efforts ? […] Ce n’est que dans un parallèle des moyens dramatiques que j’ai adoptés et de ceux que vous employez pour arriver plus vite, que je puis tirer des conséquences utiles à ma cause ; mais le désir que j’ai de la gagner ne me rendra point injuste à votre égard. […] Car il ne suffit pas du désir de chercher à surpasser ses rivaux, il faut encore tâcher de n’obtenir un triomphe que par des moyens communs à tout le monde.

565. (1913) La Fontaine « V. Le conteur — le touriste. »

» Je ne sais quel désir le lui disait aussi ; Le désir peut loger chez une précieuse. […] Ils égorgent celui que Thémis, ou le gain, Ou le désir de voir, fait sortir de sa terre !

566. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Émile Zola »

Émile Zola met sur la couverture de son livre : « Physiologiquement, c’est l’histoire de la lente succession des accidents nerveux et sanguins qui se déclarent dans une race, à la suite d’une première lésion organique, et qui déterminent, selon les milieux, chez chacun des individus de cette race, les sentiments, les désirs, les passions, toutes les manifestations naturelles, humaines et instinctives, dont les produits prennent les noms de vertus ou de vices… » Ainsi que vous le voyez par cette lourde et pédantesque affiche, les livres de M.  […] C’est la divinisation dans l’homme de la bête, c’est l’accouplement des animaux sur toute la ligne, avec une technique d’expression chauffée au désir de produire de l’effet qui doit être le grand et peut-être le seul désir de M. 

567. (1894) Les maîtres de l’histoire : Renan, Taine, Michelet pp. -312

Il avait, au sortir de l’École normale, sans aucun désir de bravade, compromis sa carrière en exposant sincèrement ses idées philosophiques. […] Ce désir intense ne peut naître que dans les esprits mal satisfaits des aliments qui leur sont donnés. […] C’était l’intensité de son désir qui créait ces beautés, par une illusion semblable à celle de l’amour : l’homme affamé trouve savoureux tous les aliments, même les plus insipides. […] Il n’expose pas un système ; il exprime des aspirations, des désirs ; il ouvre des perspectives. […] J’ai cru y reconnaître un désir sincère et un effort énergique pour se corriger de son défaut principal, qui est un goût excessif pour l’abstraction.

568. (1949) La vie littéraire. Cinquième série

Comme on crée toujours : par le désir et l’amour. […] Il avait fait part à Paul Féval de ce désir d’être affreux. […] Nous voulons savoir et ce désir est légitime et naturel. […] Vous inspirez le désir et la peur ; la folie d’amour est entrée dans le monde. […] Mais j’y entrevois, dans une ombre colorée et chaude, cette idée profonde que le désir est une plus grande volupté que la satisfaction même du désir.

569. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre I. Les idées et les œuvres. » pp. 234-333

. —  Le désir de parvenir. —  Changements dans l’esprit humain. —  Nouvelle idée des causes. —  La philosophie allemande. —  Le désir de l’au-delà. […] Alors paraît la maladie du siècle, l’inquiétude de Werther et de Faust, toute semblable à celle qui, dans un moment semblable, agita les hommes il y a dix-huit siècles : je veux dire le mécontentement du présent, le vague désir d’une beauté supérieure et d’un bonheur idéal, la douloureuse aspiration vers l’infini. […] Il y a deux créatures que j’envie : un cheval sauvage qui traverse une forêt d’Asie, ou une huître sur quelque côte déserte de l’Europe ; l’un n’a pas un désir qu’il ne satisfasse, l’autre n’a ni désir ni crainte1179. » Il était toujours dans les extrêmes, au plus haut, au plus bas, le matin prêt à pleurer, le soir à table ou sous la table, épris de Jeanne Armour, puis, sur son refus, s’engageant à une autre, puis retournant à Jeanne, puis la quittant, puis la reprenant encore, parmi beaucoup de scandales, de souillures et encore plus de dégoûts. […] Il avait trop joui, il sentait désormais trop vivement le douloureux aiguillon de l’homme moderne, je veux dire la disproportion du désir et de la puissance. La débauche avait presque gâté la belle imagination « qui auparavant était la source principale de son bonheur », et il avouait qu’au lieu de rêveries tendres il n’avait plus que des désirs sensuels.

570. (1835) Critique littéraire pp. 3-118

Lorsque Amaury, épuisé de soupirs métaphoriques, de tirades équivoques et de désirs impuissants, médite une retraite, lorsqu’il est là, par une sombre nuit, sur le rivage, au pied de la falaise solitaire, attendant le reflux qui va l’emporter, je n’aime pas que la marquise de Couaën apparaisse tout à coup, échevelée, sans ceinture, courant après lui de bruyère en bruyère, dans un triste égarement, et qu’elle lui dise : « Oh ! […] Amaury, devenu le martyr d’une coquette, ne change rien à sa règle, allant du boudoir de sa maîtresse hautaine à la beauté facile « par-delà les guichets sombres », passant d’une satisfaction sensuelle à un désenchantement, d’un désir perfidement excité à un désir brutalement assouvi. […] lui qui a détrôné les sens, il n’emprunte pas leur langage ; lui qui a renversé l’autel de la Bonne-Déesse, il ne le relève pas pour s’en faire une chaire à prêcher ; il laisse aux païens la crudité de leurs préceptes et le cynisme de leurs peintures ; sa morale est spiritualiste ; il ne parle pas aux sens, mais à l’âme ; il sait que le même fouet qui châtie les sens humiliés, peut déchaîner leur ardeur, et qu’un désir incurable peut naître dans le plus cuisant remords. […] Infirmité de nos vues et de nos désirs ! […] Étant si près du céleste Empire, il ne put résister au désir de le visiter ; et par un beau matin, sans autre passeport que ses cinquante montagnards bien armés, il franchit la frontière.

571. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (1re partie) » pp. 413-491

En outre, possédé du désir de voyager au-delà des monts, j’évitais avec soin de me laisser surprendre dans quelque lien d’amour. […] Renfermant mon désir en moi-même, je ne le communiquai à qui que ce fût ; en attendant, je me bornai à tenir en toute occasion une conduite régulière et décente, peut-être au-dessus de mon âge. […] Le très vif désir que j’éprouvais de mériter l’estime de cet homme rare donna tout-à-coup comme un nouveau ressort à mon esprit, et à mon intelligence une vivacité qui ne me laissait ni paix ni trêve, tant que je n’avais pas composé une œuvre qui fût ou me parût digne de lui. […] Un jour, en 1770, le duc de Choiseul, qui avait songé un instant à la restauration des Stuarts, fait exprimer au Prétendant le désir de lui parler très confidentiellement à Paris.

572. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1868 » pp. 185-249

* * * — Un insolent mot de la Païva, un mot comme grisé par la Fortune : « Moi, tous mes désirs sont venus à mes pieds, comme des chiens couchants !  […] L’un diminue l’autre : cela est si vrai, que les amoureux de la femme quittent, un jour, le tabac, parce qu’ils sentent ou s’imaginent que le tabac est un stupéfiant du désir et de l’acte. […] ce désir de l’Académie ! […] Il nous parle de la difficulté de sa vie, du désir et du besoin qu’il aurait d’un éditeur l’achetant, pour six ans, 30 000 francs, et qui lui assurerait ainsi, chaque année, 6 000 francs : le pain pour lui et sa mère, — et par là lui donnerait la faculté de faire « l’Histoire d’une famille », un roman en huit volumes.

573. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — I. » pp. 1-19

Lorsque parut l’édition donnée par le neveu de Massillon et conforme en tout aux manuscrits, elle réunit donc tous les suffrages et satisfît à un grand désir des chrétiens et des gens de goût. […] Un écrivain de nos jours, qui a parlé de Massillon avec une prédilection peu commune4, a relevé dans cette édition même de 1745, qui est devenue le patron de toutes les autres, des locutions qu’il est difficile de ne pas croire des fautes d’impression, et il a exprimé le désir qu’on refît une comparaison du texte avec les manuscrits.

574. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La Margrave de Bareith Sa correspondance avec Frédéric — II » pp. 414-431

Elle songea donc, dans le moment critique et décisif, après la perte de la bataille de Kolin, à profiter du zèle de Voltaire et de son désir de réparer ses torts envers Frédéric ; Elle s’ouvrit à lui par lettres vers le mois d’août 1757. […] Ses ironies, celles même de son frère, étaient trop voisines ; et, le poète eut-il été plus sublime ou plus grave, elles eussent suffi pour déconcerter son désir et pour déranger l’idéal du monument.

575. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Madame Swetchine. Sa vie et ses œuvres publiées par M. de Falloux. »

Elle voudrait même, moyennant un certain raisonnement, faire de la vieillesse « le point du milieu. » — Mais voici qui est décidément trop fort : « Connaissant la valeur du temps (dans la vieillesse), on aspire à le sauver, à le mettre en œuvre ; par l’ardeur du désir qu’on a de l’exploiter, l’âme va plus vite que les organes ; on est comme cette Ariane de Dannecker (dans la galerie Bethmann, à Francfort), qui va évidemment plus vite que la panthère qui la porte. D’une part son désir s’élance à la poursuite de Thésée, de l’autre il lui faut subir l’allure de sa monture, unique moyen de la rapidité de sa course.

576. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Le Poëme des champs par M. Calemard de Lafayette. »

Lui, au contraire, il en a assez : il prend en pitié ce désir acharné de la lumière (Quæ lucis miseris tam dira cupido !) […] Car, une femme d’esprit l’a remarqué, si les hommes dans le premier mouvement de leur désir vont généralement à la plus belle, les femmes, les jeunes filles, plus délicates apparemment, vont assez volontiers tout d’abord au plus distingué et au plus glorieux.

577. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Madame de Staël. Coppet et Weimar, par l’auteur des Souvenirs de Mme Récamier (suite et fin.) »

J’avoue qu’ils me paraissent très dignes de Mme de Staël : ils portent tous sur le désir de la paix, sur les forces et les ressources que la France peut trouver en elle pour soutenir une guerre, pour maintenir son indépendance. […] Tout ressentiment personnel, toute haine, quelque motivée qu’elle fût, a cédé au sentiment fondamental d’une Française ; elle n’a plus considéré que l’indépendance et l’honneur de la France. » Il paraît même qu’on en avait dit à Mme d’Albany plus qu’il n’y en avait sur ce revirement de sentiments et de désirs de Mme de Staël, à la veille et à l’heure du changement de régime.

578. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire (suite) »

Mais nos jours se consument en désirs, parmi lesquels les plus honnêtes ne sont pas les moins infructueux. […] Ducis, tout en consolant son étrange malade et en lui insinuant les remèdes les plus appropriés, se peint à nous avec sa chaleur d’imagination, avec ses goûts modérés et parfois ses désirs plus grands que son destin.

579. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise par M. Taine. »

Je me suis laissé traîner à la remorque pour parler de ce livre important : c’est que, malgré le désir que j’avais de lui rendre toute justice, je sentais mon insuffisance pour en juger pertinemment et en pleine connaissance de cause, pour l’explorer et l’embrasser, comme il le faudrait, dans ses différentes parties. […] Une grande et solide partie des jours ne s’est point passée pour eux, comme pour ceux des générations antérieures, dans les regrets stériles, dans les vagues désirs de l’attente, dans les mélancolies et les langueurs qui suivent le plaisir.

580. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Jean-Bon Saint-André, sa vie et ses écrits. par M. Michel Nicolas. »

Aussi le père de Jean-Bon s’opposa-t-il au désir de son fils ; mais celui-ci, doué d’une grande volonté, persévéra dans son projet, et, après avoir mis sa mère dans le secret, il partit, laissant sur le bureau de son père une lettre dans laquelle il lui ouvrait son cœur et lui expliquait ses sentiments. […] C’est parce qu’elle lui avait inspiré le désir d’être aimé, et cette petite adresse réussira toujours… » 31.

581. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « La reine Marie Legkzinska »

Cependant un désir sourd de ne pas paraître toujours dominé lui faisait prendre quelquefois des airs glacés et des regards de maître, qui imprimaient la terreur aux plus audacieux et déconcertaient ceux qui se croyaient le plus avant dans sa confiance : dans ces moments, sa faiblesse semblait vouloir s’étayer de tout ce que le pouvoir a d’imposant ; mais les ministres qui le connaissaient bien savaient qu’il ne fallait que gagner du temps et qu’en multipliant les intrigues, la persévérance les ferait toujours venir à bout de leurs desseins. […] Il redoutait le moment où il pourrait échapper à sa dépendance, s’il rencontrait quelque maîtresse qui eût du caractère et le désir de se mêler des affaires.

582. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « La Réforme sociale en France déduite de l’observation comparée des peuples européens. par M. Le Play, conseiller d’État. (Suite et fin.) »

Le Play était contenu dans le premier : il en est sorti à la parole et sur le désir du plus méditatif et du plus philanthrope des souverains. […] S’il se rapproche des publicistes de l’ancienne école et des admirateurs de la vieille société par son désir de voir se fonder des maisons durables, M. 

583. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée, par M. le chevalier Alfred d’Arneth et à ce propos de la guerre de 1778 »

Elle avait un désir extrême et exclusif pour la paix. […] On formait toutes les années des camps dans les provinces, où les troupes étaient exercées par des commissaires-inspecteurs instruits et formés aux grandes manœuvres de la guerre ; l’impératrice se rendit elle-même à différentes reprises dans les camps de Prague et d’Olmütz, pour animer les troupes par sa présence et par ses libéralités- : elle savait faire valoir mieux qu’aucun prince ces distinctions flatteuses dont leurs serviteurs font tant de cas ; elle récompensait les officiers qui lui étaient recommandés par ses généraux, et elle excitait partout l’émulation, les talents et le désir de lui plaire.

584. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — Lamennais, Affaires de Rome »

Tout ce récit, au reste, du catholique détrompé, est fait avec modération, et, comme il le dit plusieurs fois, avec candeur. « Chacun, ajoute-t-il, en tirera les conséquences qu’il croira devoir en tirer ; je n’ai ni la prétention ni le désir d’exercer aucune influence sur l’opinion d’autrui. » Mais quoi ? […] vous, apôtre par excellence, vous, l’homme de la certitude, prêtre fervent qui ne cessiez de nous exhorter, vous n’avez nul désir d’exercer influence sur autrui !

585. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre VI. De la philosophie » pp. 513-542

Nos troubles civils, loin de décourager l’émulation dans cette carrière, ont inspiré le désir de s’y réfugier. […] C’est un effet naturel des institutions précipitées, qui ne sont pas le résultat de l’instruction, et par conséquent du désir général.

586. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XIII »

Sa passion n’a jamais passé le désir. […] Le mépris ravive et exaspère son désir ; il entrevoit des voluptés enflammées, à travers la dépravation qu’elle lui montre.

587. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « L’abbé Gerbet. » pp. 378-396

L’auteur commence par rechercher historiquement les idées générales, universellement répandues dans l’Antiquité, de sacrifice, d’offrande, de désir et de besoin de communication avec un Dieu toujours présent, qui ont servi de préparation et d’acheminement au mystère ; mais, au milieu des digressions historiques et des distinctions dogmatiques fines ou profondes, il mêle à tout moment de belles et douces paroles qui sortent de l’âme et qui sont l’effusion d’une foi aimante. […] Ainsi sur la prière : La prière, dans ce qu’elle a de fondamental, n’est que la reconnaissance sincère de ce besoin continuel (de se réparer à la source de vie), et l’humble désir d’une continuelle assistance ; elle est l’aveu d’une indigence qui espère.

588. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — La banqueroute du préraphaélisme »

Telle fut la question que je me posai, et aussitôt le désir me vint de rechercher les causes de cette décadence et par suite l’origine de ce mouvement d’art. […] Ils ne sont pas venus devant elle avec le désir ardent de la surprendre dans sa directe et complète réalité, mais bien avec l’intention de lui faire exprimer des idées morales.

589. (1908) Promenades philosophiques. Deuxième série

Le désir d’en jouir avec certitude suscita sans doute le premier laboureur. […] N’ayons pas un trop grand désir de l’évolution, songeons que ses tendances vont à faire de nous des édentés, des variétés de tamanoir ! […] Elle a des curiosités, et ne peut céder ; elle a des désirs, et ces désirs lui restent sur le cœur. […] , le peuple, en ses désirs, est mu par un sentiment unique : le sentiment de Futilité. […] Qu’est-ce que c’est qu’un plaisir qui devance le désir ?

590. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Lettre sur l’orthographe » pp. 427-431

On lui épargne toutes les difficultés, on va au devant de tous ses désirs ; on prévient ses méprises ou ses faux pas ; il a sous la main, en quelques minces feuillets, ce qui faisait autrefois la matière d’un in-folio.

591. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Rêves et réalités, par Mme M. B. (Blanchecotte), ouvrière et poète. » pp. 327-332

Je crois remarquer que depuis quelque temps il y a un retour plus vif et des tentatives, confuses encore, mais qui témoignent d’un désir et d’une espérance de nouvelle veine.

592. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Les legs de l’exposition philosophie de la danse »

Elle n’est que l’esclave obéissante dont la tâche est de réveiller les désirs du maître.

593. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Malaise moral. » pp. 176-183

Nous pouvions tout au moins — avant de nous rabattre à l’« autonomie » crétoise avec vassalité et tribut payé à l’égorgeur — exprimer le désir qu’il fût permis à la Crète de disposer d’elle-même par un plébiscite.

594. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Discours prononcé à la distribution des prix du lycée d’orléans. » pp. 223-229

Et il est vrai qu’il y a des gens chez qui la modération des idées se confond avec le désir de conserver leur bien et l’attachement aveugle à un état social qui sert leurs intérêts.

595. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Villiers de L'Isle-Adam, Auguste de (1838-1889) »

Mais quand on songe à sa grande jeunesse et quand on lit certaines strophes toutes frissonnantes d’inquiétude et de tristesse, on ne peut s’empêcher de penser au grand génie futur de ce jeune homme qui débute par des souffrances de doute et d’immenses désirs de foi, et dont la dernière parole écrite fut vraisemblablement celle-ci ajoutée au bas du manuscrit retouché à Axël : Ce qui est, c’est croire.

596. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Lutèce » pp. 28-35

« Il fut hanté de rêves bizarres, assailli de désirs étranges.

597. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre premier. Impossibilité de s’en tenir à l’étude de quelques grandes œuvres » pp. 108-111

Il y a des désirs, inconnus jusqu’alors ou du moins amortis durant de longues années, qui s’éveillent ou se réveillent dans les âmes et qui demandent à être satisfaits.

598. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXIV » pp. 251-258

Dans le grand monde, tant de gens ont le désir de parler, tant de paroles attendent avec impatience le moment et l’occasion de se placer entre tant de paroles, qu’on fait taire ceux qui parlent longuement ou obscurément, en ne les écoutant pas.

599. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 211-219

Il a dédaigné d’y mettre son nom, parce qu’il est moins jaloux de la célébrité, qu’animé du désir de se rendre utile.

600. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — XVIII. La bague aux souhaits »

. — La femme a beau lui demander pardon et insister pour qu’il se prête à son désir. — « Non, dit-il, je ne le veux pas ».

601. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — VI »

L’intérêt de telles études, c’est qu’elles sont entendues au point de vue historique et philosophique et qu’elles n’impliquent pas chez celui qui se plaint de notre législation le naïf espoir, ni même le désir très vif de la voir modifier.

602. (1887) Études littéraires : dix-neuvième siècle

Mais cela fait une tendresse qui n’est qu’une forme poétique et séductrice du désir. […] Millevoye, Ramond en donnèrent l’idée, mais en ravivèrent plus qu’ils n’en réalisèrent le désir. Ce désir était si pressant, que pour quelques vers de jeunesse heureux, assez naïfs, sans aucune profondeur de sentiment, on salua Parny du nom de « Racine de l’Elégie. […] A vrai dire il venait bien à la suite d’essais et surtout de désirs qui occupaient l’imagination française depuis longtemps ; mais il ne se rattachait à rien. […] Par les désirs sensuels elle tend au bas, et par le seul fait de persister dans ce désir elle y tombe.

603. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — P.-S. » pp. 38-40

Vous concevez sur cela, monsieur, le désir de l’entendre.

604. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Académie française — Réception de M. de Falloux » pp. 311-316

Il s’agissait de louer M. le comte Molé, que remplaçait M. de Falloux, et M. de Falloux, qu’une telle succession honore, surtout si l’on songe qu’elle a été presque une désignation, ou du moins un désir du mourant, a compris que c’était l’éloge de cet homme d’État illustre et de cet homme d’esprit aimable qui devait remplir tout son discours.

605. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Première partie. Préparation générale — Chapitre II. De la sensibilité considérée comme source du développement littéraire »

On a remarqué souvent que rien n’est plus malaisé au théâtre que de montrer le parfait contentement : les scènes de désir contrarié, de passion désespérée, abondent, et les talents médiocres y réussissent sans trop de peine.

606. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre IX. Précision, brièveté, netteté »

Rien n’éloigne plus de la précision, que le désir de tout dire : le secret de la diffusion, c’est le parti pris de ne rien omettre.

607. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Un grand voyageur de commerce »

On se dit : « Assurément, ce journaliste ne veut pas nous tromper ; mais qui sait s’il ne se trompe pas lui-même et si, dans son désir de frapper fort et de nous étonner, il n’arrange pas un peu ses souvenirs, sans le savoir ?

608. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Chirurgie. » pp. 215-222

On le suit avec une curiosité passionnée ; on le seconde de la ferveur de son désir ; on a pour le « patient » une sympathie, une pitié qu’on ne saurait dire, et, dans ce drame de vie ou de mort, on fait des vœux passionnés pour le triomphe de la vie.

609. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — F — Fort, Paul (1872-1960) »

Je crois très réellement voir ressusciter en Paul Fort l’âme ancienne de la France, toute pure, sans mélange aucun : généreuse, ardente, étourdie, éperdue de beaux désirs, ignorante de la conception de beauté qui nous vint plus tard d’Italie, religieuse et maligne, hardie et libre jusqu’à la témérité, avec des frousses, des peurs nerveuses du diable ou de son ombre, enfin spirituelle, facétieuse et familière.

610. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « La réforme prosodique » pp. 120-128

dans ses chansons si musicales, en dehors, bien entendu, des airs charmants qu’il y adaptait, rime faiblement : Ô mon amante, Ô mon désir, Sachons cueillir L’heure charmante.

611. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXVI. Jésus au tombeau. »

Mais comme le lendemain était le sabbat, et un sabbat d’une solennité particulière, les Juifs exprimèrent à l’autorité romaine 1194 le désir que ce saint jour ne fût pas souillé par un tel spectacle 1195.

612. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre X. Suite du Prêtre. — La Sibylle. — Joad. — Parallèle de Virgile et de Racine. »

Ne serait-ce point que les âmes tendres et tristes sont naturellement portées à se plaindre, à désirer, à douter, à exprimer avec une sorte de timidité, et que la plainte, le désir, le doute et la timidité, sont des privations de quelque chose ?

613. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre quatrième. Éloquence. — Chapitre IV. Bossuet orateur. »

— « Et maintenant, dit-il, ces deux âmes pieuses (Michel Le Tellier et Lamoignon), touchées sur la terre du désir de faire régner les lois, contemplent ensemble à découvert les lois éternelles d’où les nôtres sont dérivées ; et si quelques légères traces de nos faibles distinctions paraît encore dans une si simple et si claire vision, elles adorent Dieu en qualité de justice et de règle. » Au milieu de cette théologie, combien d’autres genres de beautés, ou sublimes, ou gracieuses, ou tristes, ou charmantes !

614. (1894) Critique de combat

C’est ce désir qui fait l’unité de ce livre. […] Je ne pense pas que ce soit le désir de consolider les affections de famille. […] Mais ce n’est pas chez lui désir de chatouiller les sens, d’émoustiller la chair. […] Malauve est repris d’un désir fauve et, dans la maison funèbre, c’est une folle nuit d’amour. […] Cet amour de la justice pour tous, ce désir passionné de progrès social pour la terre entière est devenu le cœur de son cœur.

615. (1905) Promenades philosophiques. Première série

S’il s’agit de bonne volonté, de désir de connaître, tous les siècles y apportèrent une ardeur presque égale. […] L’art comprend tout ce qui exaspère le désir de vivre ; la science, tout ce qui aiguise le désir de connaître. […] Je pense à l’ennui qui naît soit de la privation d’un bien, soit du désir d’un bien. […]   Son compagnon représenterait le sentiment, toujours agile, toujours prêt à tenter la réalisation de ses désirs. […] C’est nous-mêmes que nous contemplons dans le spectacle des choses, nos souvenirs, nos désirs, nos habitudes.

616. (1914) Une année de critique

Il ne suffit pas, pour inventer un style, d’en avoir le désir. […] Si Jean Lorrain fut toute sa vie, possédé de ce grand désir de pureté dont on nous parle, et s’il ne parvint pas à accorder ses actes et ses aspirations, c’est une preuve de faiblesse ou de paresse ; en tout cas, le signe d’un défaut de virilité. […] C’est elle en effet qu’il a toujours désirée d’un désir obscur, elle, la déesse dont on ne peut contempler le visage. […] Depuis, les prolétaires ont signifié aux jeunes bourgeois remplis de bonnes intentions leur désir de préparer eux-mêmes leur bonheur ; mais les femmes ne disposent pas, comme eux, de l’arme syndicaliste ; leur faiblesse est infinie : elles aiment. […] De l’ordre du désir, passons à l’ordre de la charité : c’est un instinct de bonté qui mène Jésus vers les humbles ; c’est un idéal découvert dans les livres qui attire les jeunes bourgeois vers les Universités populaires et le héros de M. 

617. (1923) Paul Valéry

« Ces faveurs surabondantes et mystérieuses, loin de les accueillir telles quelles, uniquement déduites du grand désir, naïvement formées de l’extrême attente de mon âme, il faut que je les arrête, ô Phèdre, et qu’elles attendent mon signal. […] Pas d’âme de poète qui ne soit vide, et ce vide fait sa vie, fait le lit qui reçoit sa forme pure : poésie ne donne point possession, parce qu’il n’y a pas de chose poétique, — mais attente, espoir, désir, regret, mémoire, Nénuphar Blanc de Mallarmé. […] Toute l’âme s’appareille A l’extrême du désir... […] L’ombre qui m’abandonne, impérissable hostie, Me découvre vermeille à de nouveaux désirs, Sur le terrible autel de tous mes souvenirs. […] Mais ce néant comme dans la Jeune Parque prend une figure positive par le désir, et la conscience devient de l’Être.

618. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre septième »

Ce ne fut pas une pure idée de rhétorique qui fit faire à Balzac son Prince ; il en trouva le sujet dans ce désir universel qu’on avait alors d’une royauté forte, respectée, qui mît fin aux guerres civiles et à l’anarchie. […] « On y découvrait, dit-il, un esprit d’équité et de désir de connaître la vérité, quoique en colère quelquefois, et cela jusqu’à la fin de sa vie. » Mais ce sont là seulement des qualités de commerce. […] Ce fut Bossuet qui lui parla le premier, « avec le respect d’un sujet, mais aussi avec la liberté d’un prédicateur. » A ce jeune prince si porté à la tendresse, si bien fait, si magnifique, « dont les belles qualités, dit Mme de Motteville, causaient toutes les inquiétudes des dames », il peignit la violence des désirs de la jeunesse, « ces cœurs enivrés du vin de leurs passions et de leurs délices criminelles, l’habitude qui succède à la première ardeur des passions, et qui est quelquefois plus tyrannique247. » Il lui découvrit les pièges de l’impudicité, « laquelle va tête levée, et semble digne des héros, si peu qu’elle s’étudie à se couvrir de belles couleurs de fidélité, de discrétion, de douceur, de persévérance 248. » Il lui représenta le « plaisir sublime que goûtent ceux qui sont nés pour commander, quand ils conservent à la raison cet air de commandement avec lequel elle est née ; cette majesté intérieure qui modère les passions ; qui tient les sens dans le devoir, qui calme par son aspect tous les mouvements séditieux, qui rend l’homme maître en lui-même249. » A ce roi si absolu, si maître de tout, si obéi, il montra le cœur d’un Nabuchodonosor ou d’un Balthasar, dans l’histoire sainte, d’un Néron, d’un Domitien dans les histoires profanes, « pour qu’il vît avec horreur et tremblement ce que fait dans les grandes places l’oubli de Dieu, et cette terrible pensée de n’avoir rien sur sa tête250. » Le premier, devant ce roi si plein de vie, et qui paraissait si loin de la mort, devant cette cour si attachée aux choses du monde, il ne craignit pas de soulever la pierre d’un tombeau, et d’y faire voir « cette chair qui va changer de nature, ce corps qui va prendre un autre nom, ce je ne sais quoi qui n’a plus de nom dans aucune langue, tant il est vrai que tout meurt en lui, jusqu’à ces termes funèbres par lesquels on exprimait ses malheureux restes251. » A ce roi entouré de tant de faveur, d’une si grande complaisance des jugements humains, il révéla les secrets de la justice « de ce Dieu qui tient un journal de notre vie, et qui nous en demandera compte dans ces grandes assises, dans cette solennelle convocation, dans cette assemblée générale du genre humain252. » Ce qui sied le mieux à l’âge où l’imagination et la passion dominent, ce sont de fortes peintures. […] A l’époque même où Louis XIV, par un désir soudain de la paix, qu’on interpréta par la politique, mais où il faut plutôt voir une sorte de fatigue de sa gloire, et peut-être un remords secret de tout ce qu’elle avait coûté à la France, signait le traité de Ryswick et restituait une partie de ses conquêtes, un jeune prêtre de l’Oratoire, Massillon, appelé à prêcher à la cour, vint relever à ce poste d’honneur Bourdaloue vieillissant. […] Le roi, soit par une disposition religieuse de plus en plus forte, soit désir de connaître personnellement de toutes les matières où il y avait lieu de décider, avait pris goût aux ouvrages de théologie.

619. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE RÉMUSAT » pp. 458-491

Lorsque, après un an environ, le nouveau gouvernement s’étant tout à fait affermi, Mme de Vergennes eut recours à elle et lui exprima le désir d’une position pour son gendre, de quelque place, par exemple, au Conseil d’État, elle la retrouva toute grâce, toute bienveillance. […] « Là sont enfermés tous les charmes ; là l’amour, le désir, le murmure des amants, l’insinuant propos qui dérobe leur cœur même aux plus sages. » (Homère, Iliade, XIV.) […] M. de Talleyrand, comme grand-chambellan, signifiait l’auguste désir avec son visage le plus solennel : « Messieurs, l’Empereur ne badine pas, il entend qu’on s’amuse. »

620. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre I. Les chansons de geste »

On n’inspire que des désirs brutaux. […] Mais la mort de Bègue est un récit d’un grand effet dans sa couleur grise, avec cette accumulation rapide de petits détails pressés d’une si exacte et précise notation : la vie paisible de Bègue dans son château de Belin, entre sa femme et ses enfants, l’ennui qui prend à la fin ce grand batailleur, sourde inquiétude, désir de voir son frère Garin qu’il n’a pas vu depuis longtemps, et son neveu Girbert qu’il n’a jamais vu, désir aussi de chasser un fort sanglier, fameux dans la contrée du Nord ; la tristesse et la soumission douce de la femme ; le départ, le voyage, la chasse si réelle avec toutes ses circonstances, l’aboi des chiens, le son des cors, la fuite de la bête, l’éparpillement des chasseurs, qui renoncent ; Bègue seul âpre à la poursuite, dévorant les lieues, traversant plaines et forêts et marais, prenant ses chiens par moments sur ses bras pour les reposer, jusqu’à ce qu’il se trouve seul, à côté de la bête morte, ses chiens éventrés, en une forêt inconnue, sous la pluie froide de la nuit tombante : il s’abrite sous un tremble, allume un grand feu, prend son cor et en sonne trois fois, pour appeler les siens.

621. (1913) La Fontaine « I. sa vie. »

Il vient donc à Paris pour chercher à trouver quelque chose de lucratif, certainement ; et puis, ensuite, par un désir de la gloire que vous n’avez pas vu du tout poindre en lui jusqu’à présent, mais qui devait venir. […] Lorsque sur cette mer on vogue à pleines voiles, Qu’on croit avoir pour soi le vent et les étoiles, Il est bien malaisé de régler ses désirs ! […] si ce faux éclat n’eût pas fait ses plaisirs, Si le séjour de Vaux eût borné ses désirs, Qu’il pouvait doucement laisser couler son âge !

622. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre II. Axiomes » pp. 24-74

Le troisième article du même axiome nous montre la route que suivent les ambitieux dans les états populaires pour s’élever au pouvoir souverain ; ils secondent le désir naturel du peuple, qui, ne pouvant s’élever aux idées générales, veut une loi pour chaque cas particulier. […] Le désir d’acquérir par le commerce, ou de conserver ce qu’ils ont acquis, peut seul les décider à quitter leur patrie momentanément. […] Le même axiome nous démontre que les descendants des fils de Noé durent se perdre et se disperser dans leurs courses vagabondes, comme les bêtes sauvages, soit pour échapper aux animaux farouches qui peuplaient la vaste forêt dont la terre était couverte ; soit en poursuivant les femmes rebelles à leurs désirs, soit en cherchant l’eau et la pâture.

623. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gibbon. — I. » pp. 431-451

La lecture en est assez difficile et parfois obscure ; la liaison des idées échappe souvent par trop de concision et par le désir qu’a eu le jeune auteur d’y faire entrer, d’y condenser la plupart de ses notes. […] En se faisant imprimer il avait surtout cédé au désir de son père ; comme il y avait alors quelques ouvertures pour la paix et qu’il eût désiré entrer dans la diplomatie, il s’était laissé persuader que cette preuve publique de son talent aiderait les démarches de ses amis.

624. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — I. » pp. 495-512

L’évêque résistait ; la reine, mère du roi, et la reine sa femme, se joignirent à lui pour conjurer à genoux le malade de n’en rien faire ; mais saint Louis tint bon dans son désir et dans son vœu. […] « Circé, est-il dit d’Ulysse dans Homère, retient ce héros malheureux et gémissant, et sans cesse par de douces et trompeuses paroles elle le flatte, pour lui faire oublier Ithaque : mais Ulysse, dont l’unique désir est au moins de voir la fumée s’élever de sa terre natale, voudrait mourir. » — Citant ce passage de Joinville, qui m’a rappelé celui d’Homère, Chateaubriand, au début de son Itinéraire de Paris à Jérusalem, où il a la prétention d’aller en pèlerin aussi et presque comme le dernier des croisés, tandis qu’il n’y va que comme le premier des touristes, a dit : « En quittant de nouveau ma patrie, le 13 juillet 1806, je ne craignis point de tourner la tête, comme le sénéchal de Champagne : presque étranger dans mon pays, je n’abandonnais après moi ni château, ni chaumière. » Ici l’illustre auteur avec son raisonnement me touche moins qu’il ne voudrait : il est bien vrai que, de posséder ou château ou simple maison et chaumière, cela dispose, au départ, à pleurer : mais, même en ne possédant rien sur la terre natale, il est des lieux dont la vue touche et pénètre au moment où l’on s’en sépare et dans le regard d’adieu.

625. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — II. (Suite.) » pp. 434-453

Il était depuis 1805 intendant général de la maison de l’Empereur, ce qui, de la part du souverain, indiquait le désir de le tenir habituellement rapproché de sa personne et de l’admettre à toute heure à son entretien. […] quel désir de faire mieux et de s’élever !

626. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Une Réception Académique en 1694, d’après Dangeau (tome V) » pp. 333-350

Il a souhaité que vous fussiez de cette compagnie, et nous avons répondu à ses désirs par un consentement unanime. […] S’il avait rêvé plus, si ses grands talents précoces lui avaient inspiré des désirs naturels d’élévation, et avaient fait tirer autour de lui, comme nous l’entrevoyons, d’ambitieux augures, tout manqua, et sa carrière fut en quelque sorte brisée par une première légèreté.

627. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Le journal de Casaubon » pp. 385-404

S’il n’en était ainsi, et si quelque raison plausible pouvait me décider à faire le transfuge, tu sais, ô mon Dieu, quelles études me seraient le plus à cœur : car il y a longtemps qu’un violent désir m’a saisi de m’adonner tout entier à ces lettres dans lesquelles seules toute vérité est contenue, et qui seules immortalisent ceux qui s’y vouent et les unissent à Dieu. […] Je désire, ô Seigneur Jésus, te servir fidèlement ; je désire être trouvé dans ta barque, et que les miens et tout ce qui est à moi y soient trouvés également ; c’est mon plus ardent désir.

628. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Oeuvres inédites de la Rochefoucauld publiées d’après les manuscrits et précédées de l’histoire de sa vie, par M. Édouard de Barthélémy. »

« La constance des sages n’est qu’un art avec lequel ils savent enfermer leur agitation dans leur cœur. » La générosité n’est que le désir de se donner le rôle où l’on se trouve le plus grand, le plus à sa gloire ; ou, comme il le dit avec sa subtilité profonde, « c’est un industrieux emploi du désintéressement pour aller plus tôt à un plus grand intérêt. » La magnanimité n’est qu’un trafic plus grand et plus hardi que les autres : « La magnanimité méprise tout, pour avoir tout. » Ou encore (et ceci, je le crois, est inédit en effet) : la magnanimité, c’est « le bon sens de l’orgueil et la voie la plus noble pour recevoir des louanges. » Les plus humbles vertus, après les grandes, y passent à leur tour ; pas une ne trouve grâce devant lui. […] c’est que vous n’avez que désirs médiocres, médiocre puissance.

629. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Le mariage du duc Pompée : par M. le comte d’Alton-Shée »

Dans son désir de changer le sujet de conversation, Emma prend le journal des mains de M. de Noirmont et se met à lire le feuilleton à haute voix : « Théâtre-Italien. — Ouverture. — Don Juan […] Il existe dans ces caractères, avec des nuances diverses, une base d’orgueil infernal qui se complique de recherche sensuelle, une férocité d’amour-propre, de vanité, et une sécheresse de cœur jointes au raffinement des désirs, et c’est ainsi qu’ils en viennent vite à introduire la méchanceté, la cruauté même et une scélératesse criminelle, jusque dans le plus doux des penchants, dans la plus tendre des faiblesses.

630. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite et fin.) »

Il disait dans cette dédicace, en se raillant agréablement de sa gêne habituelle et de cette maladie, si connue de ce temps-là et du nôtre, qui s’appelle faute d’argent : « Celui qui a montré le plus grand désir d’avoir le véritable Don Quichotte est l’empereur de la Chine. […] Les Français qui le tenaient en grande estime exprimèrent aussitôt le désir de lui être présentés.

631. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Mémoires de madame Roland »

Il était évident, toutefois, pour quiconque étudiait de près Mme Roland avec l’intérêt et l’attention qu’elle mérite, que pendant des années, — durant les dix premières années de son mariage, — elle avait été tout entière occupée et absorbée par les soins maternels, les devoirs domestiques, le désir de cultiver son esprit et d’accroître ses connaissances ; l’amour près d’elle avait eu tort ; elle n’avait ni cherché ni rencontré. […] Roland, de plus, avait vieilli, et de son côté Mme Roland était arrivée à cet âge de trente-cinq ans environ où la pudeur diminue, même aux plus honnêtes, et où la plus sage a fort à se défier des désirs qui, dans leur dernier réveil, et avec tout un arriéré formidable, sentent qu’ils n’ont plus qu’un jour, une heure, une suprême saison.

632. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite.) »

ne ménagez pas vos conseils à vos malheureux enfants. » Jamais deux souverains jeunes, honnêtes et bons, ne furent animés d’un plus ardent désir de suffire à leurs immenses devoirs, et il fallait qu’il y eût dans la force inhérente des choses et dans les difficultés accumulées dont ils héritaient une bien grande résistance pour qu’avec cette bonne volonté si sincère, un esprit juste, chacun, et des idées qui n’étaient pas tant en désaccord avec celles de l’époque, ils n’y aient pas réussi. […] Necker refusa et devait refuser ; touché des avances et des instances de l’ambassadeur, il lui répondait très sensément : « L’animadversion est au comble, et je vous demanderais comme mon ami de me retenir, si le désir de me rapprocher de Leurs Majestés et de travailler au bien public me rendait faible un moment ; car je serais sans force et sans moyens si j’étais associé avec une personne malheureusement perdue dans l’opinion, et à qui l’on croit encore néanmoins le plus grand crédit. » Dès ce moment, c’est la reine qui semble tenir le gouvernail, ce n’est plus le personnage d’au-dessus dont elle parlait tout à l’heure, ce n’est plus Louis XVI, qui n’a plus pour rôle que de céder sans cesse et qui se fait prophète de malheur en cédant.

633. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat. »

Camille Rousset sur Louvois74 est venue raviver et satisfaire à la fois ce désir. […] La probité, la droiture, le désintéressement, la modération dans les désirs, la prudhommie faisaient comme partie de leur fonds domestique héréditaire.

634. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Correspondance de Louis XV et du maréchal de Noailles, publiée par M. Camille Rousset, historiographe du ministère de la guerre »

Aujourd’hui il a tenu à justifier au plus tôt le choix de M. le maréchal ministre en publiant par son ordre une Correspondance de Louis XV et du maréchal de Noailles, laquelle nous montre ce roi si décrié sous un jour un peu plus avantageux qu’on n’est accoutumé de le voir ; on y surprend non seulement des jugements justes, mais d’honorables velléités et des désirs de bien faire ; on y saisit l’instant remarquable et fugitif où Louis XV fut tenté d’être quelqu’un dans son gouvernement et où il faillit devenir roi. […] On a rarement plus d’esprit et plus de toutes sortes d’esprit, plus d’art et de souplesse à accommoder le sien à celui des autres, et à leur persuader, quand cela lui est bon, qu’il est pressé des mêmes désirs et des mêmes affections dont ils le sont eux-mêmes, et pour le moins aussi fortement qu’eux, et qu’il en est supérieurement occupé.

635. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Correspondance de Louis XV et du maréchal de Noailles, publiée par M. Camille Rousset, historiographe du ministère de la guerre (suite et fin) »

Je suis accoutumé à me contenir sur les choses que je désire, et qui n’ont pas été possibles jusqu’à présent, ou du moins qu’on n’a pas crues telles, et je saurai encore me contenir sur celle-ci, quoique je puisse vous assurer que j’ai un désir extrême de pouvoir connaître par moi-même un métier que mes pères ont si bien pratiqué, et qui jusqu’à présent ne m’a pas réussi par la voie d’autrui, ainsi qu’il y avait lieu de s’en flatter. « Je ne m’étendrai pas davantage pour cette fois-ci, mais j’attendrai votre réponse avec honnêtement d’inquiétude ; pensez le reste. » Il y a là quelque bon désir, quelque étincelle ; et quinze jours après (9 août), lorsque la retraite de l’armée de Bavière a ramené la guerre à notre frontière du Rhin, Louis XV dira : « Si l’on mange mon pays, il me sera bien dur de le voir croquer, sans que je fasse personnellement mon possible pour l’empêcher ; mettons-nous au moins en état de réparer de bonne heure ce que nous aurons pu perdre toute cette année-ci. » Sous des expressions peu nobles on aime à surprendre de ces réveils d’honneur.

636. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « HISTOIRE de SAINTE ÉLISABETH DE HONGRIE par m. de montalembert  » pp. 423-443

J’essayai, sans le flatter, de le dépeindre par les meilleurs côtés, et les plus acceptables, de sa brillante et militante éloquence : si l’on veut lion se reporter au moment et songer que c’était dans le Constitutionnel que paraissait cet article à son sujet, on y verra doublement le désir de lui ètre agréable. […] « Monsieur, « Me permettrez-vous de ne point résister au désir que j’éprouve de vous dire ma très-vive jouissance et ma sincère reconnaissance du charmant article que je viens de lire avec tant de bonheur dans le Constitutionnel ?

637. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE DURAS » pp. 62-80

L idée d’Ourika, d’Édouard, et probablement celle qui anime les autres écrits de Mme de Duras, c’est une idée d’inégalité, soit de nature, soit de position sociale, une idée d’empêchement, d’obstacle entre le désir de l’âme et l’objet mortel ; c’est quelque chose qui manque et qui dévore, et qui crée une sorte d’envie sur la tendresse ; c’est la laideur et la couleur d’Ourika, la naissance d’Edouard ; mais, dans ces victimes dévorées et jalouses, toujours la générosité triomphe. […] C’est qu’au fond tout était lutte, souffrance, obstacle et désir dans cette belle âme, ardente comme les climats des tropiques où avait mûri sa jeunesse, orageuse comme les mers sillonnées par Kersaint ; c’est qu’elle était une de celles qui ont des instincts infinis, des essors violents, impétueux, et qui demandent en toute chose à la terre ce qu’elle ne tient pas ; qui, ingénument immodérées qu’elles sont, se portent, comme a dit quelque part l’abbé Prévost, d’une ardeur étonnante de sentiments vers un objet qui leur est incertain pour elles-mêmes ; qui aspirent au bonheur d’aimer sans bornes et sans mesure ; en qui chaque douleur trouve une proie facile ; une de ces âmes gênées qui se heurtent sans cesse aux barreaux de la cage dans cette prison de chair.

638. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « CHRISTEL » pp. 515-533

Mieux il connut Mme M… et ses origines, et moins il prévit d’obstacles insurmontables à ses désirs dans sa propre famille à lui. […] Vous prendrez garde à toutes ces haines de là-bas, et vous tâcherez surtout de concilier ici. » Et la famille, et les enfants, elle venait aussi en parler, et embellissait par eux les devoirs : « Ils auront es mêmes fées que vous sous vos mêmes ombrages. » Hervé n’essayait plus de comprendre, il nageait dans une sainte joie ; le jour tombant et de si franches paroles l’enhardissaient ; il exprima nettement ce désir prochain d’union, et cette fois, soit qu’elle fût trop faible, après tant d’efforts, ou trop attendrie, elle le laissa s’expliquer jusqu’au bout sans l’interrompre.

639. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre IV. L’Histoire »

Depuis l’invasion barbare jusqu’à la révolution française, il nous donne moins l’histoire objective, impersonnelle, scientifique de la France, que les émotions de Jules Michelet lisant les documents originaux qui peuvent servira écrire cette histoire : on entend ses cris de joie, de douleur, d’amour, de haine, d’espérance, de dégoût, tandis que les pièces qu’il dépouille font passer sous ses yeux les passions, les désirs, les actes de nos ancêtres. […] Il s’abandonne, avec une joie d’artiste, comme il l’a dit, à l’impression des documents qu’il est le premier à consulter : il atteint à la vérité par la force de sa sympathie ; il a voulu « retrouver cette idée que le moyen âge eut de lui, refaire son élan, son désir, son âme, avant de le juger » ; il se fait à lui-même une âme du moyen âge : de sorte que les obscurs instincts des masses populaires deviennent, dans sa conscience d’érudit, une claire notion du rôle de l’Église et du rôle de la royauté.

640. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre III. La poésie : V. Hugo et le Parnasse »

Il suffit qu’il tienne la curiosité en éveil sur de grands problèmes, qu’il entretienne des doutes, des inquiétudes, des désirs. […] Obsédé et assoiffé de la mort, Baudelaire, sans être chrétien, nous rappelle le christianisme angoissé du xve  siècle : par une propriété de son tempérament, la mort qui est sa pensée, la mort qui est son désir, c’est la mort visible en la pourriture du corps, la mort perçue sur le cadavre par l’odorat et le toucher.

641. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « M. Émile Zola, l’Œuvre. »

Ce qui la tourmente, ce sont « les désirs insconcients… (page 93), la fièvre anxieuse de sa puberté ». […] Hubert et Hubertine, vous vous le rappelez, se lamentent de n’avoir pas d’enfant, et, toutes les vingt ou trente pages, l’auteur nous fait entendre délicatement que ça n’est vraiment pas leur faute… « C’était le mois où ils avaient perdu leur enfant ; et chaque année, à cette date, ramenait chez eux les mêmes désirs… lui tremblant à ses pieds… elle se donnant toute… Et ce redoublement d’amour sortait du silence de leur chambre, se dégageait de leur personne » (page 143).

642. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Lettres de la marquise Du Deffand. » pp. 412-431

C’est par ce sentiment à la fois d’impuissance et de désir que Mme Du Deffand fait, en quelque sorte, le lien entre le xviiie  siècle et le nôtre. […] » La plaie de toute sa vie est là, incrédulité et désir. — Elle avait recommandé que son chien Tonton fût envoyé à Walpole pour qu’il s’en chargeât après elle.

643. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Les Confessions de J.-J. Rousseau. (Bibliothèque Charpentier.) » pp. 78-97

Lent à penser, prompt à sentir, avec des convoitises ardentes et rentrées, avec une souffrance et une contrainte de chaque jour, Rousseau arrive à l’âge de seize ans, et il se peint à nous en ces termes : J’atteignis ainsi ma seizième année, inquiet, mécontent de tout et de moi, sans goût de mon état, sans plaisirs de mon âge, dévoré de désirs dont j’ignorais l’objet, pleurant sans sujet de larmes, soupirant sans savoir de quoi ; enfin caressant tendrement mes chimères, faute de rien voir autour de moi qui les valût. […] Et il raconte cette scène vive et muette que personne n’a oubliée, cette scène par gestes, arrêtée à temps, toute pleine de rougeur et de jeunes désirs.

644. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Vauvenargues. (Collection Lefèvre.) » pp. 123-143

Il n’y a aujourd’hui qu’à rappeler et à redire convenablement sur Vauvenargues ce qui a été mieux dit par tant de bons juges, et je n’ai pas d’autre désir ici. […] Chez Vauvenargues, il n’y a aucun désir de faire effet, aucune arrière-pensée de représailles contre la société mise en opposition avec la nature, aucun parti pris d’aucun genre.

645. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame de Maintenon. » pp. 369-388

Qu’on essaie d’imaginer ce que suppose d’habileté de détail cette réserve savante qui entretient si longuement et sait contenir, sans l’étouffer, le désir ! […] Pour se compléter l’idée de Mme de Maintenon, il convient, en les lisant, d’y ajouter un certain enjouement de raison, une certaine grâce vivante qu’elle eut jusqu’à la fin, même dans son austérité ; qui tenait à sa personne, à son désir de plaire en présence des gens, mais qui n’allait pas jusqu’à se fixer par écrit.

646. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le duc d’Antin ou le parfait courtisan. » pp. 479-498

Pendant la campagne, d’Antin commence à réfléchir, et il en vient à comprendre que, si porté qu’il semble devoir être par la faveur, c’est encore par ses services et sa conduite qu’il peut espérer le plus d’acquérir cette distinction qui est son ardent désir : il va désormais appliquer tout son esprit (et il en a beaucoup) à se faire une place. […] Je suis bien persuadé que, malgré toutes mes résolutions et mes chagrins, je cherchais à les trouver telles. » Les compliments, les assurances de services qui lui pleuvent de toutes parts, lui sont un prétexte ; tout conspire avec son secret désir ; il se laisse reprendre plus que jamais au train de la Cour.

647. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre troisième. Le souvenir. Son rapport à l’appétit et au mouvement. — Chapitre deuxième. La force d’association des idées »

. — Ce processus est, selon nous, celui qui répond à l’appétition, à l’intérêt, au désir du moment. […] Un sentiment ou désir dominateur trouve alors des voies par où il se répand et suscite les représentations adaptées.

648. (1899) Esthétique de la langue française « Le vers libre  »

En effet, — et on l’entend même, nous l’avons expliqué plus haut, quand il n’est pas figuré ; on l’entend dans mol, dans seuil, dans trésor, dans impair, dans nef, dans jamais, dans désir, etc., — mots identiques pour la prononciation finale à : molle, feuille, encore, impaire, greffe, ivraie, désire, etc. […] Il est improbable que le commun des poètes s’approprie les secrets de cet art aussi facilement que les procédés parnassiens ; mais, quels que soient l’avenir et la destinée de cette poétique, il reste que par Moréas, Gustave Kahn, Vielé-Griffin, Verhaeren, Henri de Régnier (car les recherches et les résultats furent parallèles) un vers plus libre est possible en France et, avec ce vers, des laisses d’aspect nouveau, et avec ces laisses, des poèmes assez différents, en ce qu’ils ont d’acceptable et de très bon, pour justifier des espoirs qui n’avaient paru d’abord que d’obscurs désirs.

649. (1824) Discours sur le romantisme pp. 3-28

Voilà les travers, les écarts où, parmi nous, d’époque en époque, de jeunes écrivains ont été entraînés par un désir mal réglé de produire de l’effet, et aussi, redisons-le pour leur justification, par un généreux amour de la célébrité, joint au désespoir modeste d’égaler leurs prédécesseurs, en les imitant. […] L’honneur que j’ai de parler au nom de l’Académie française, et, j’oserai le dire, le soin de ma propre considération, éloignaient de moi tout désir de donner à ce discours un caractère d’application directe et particulière, qui pût affliger des personnes, en désignant des écrits.

650. (1892) L’anarchie littéraire pp. 5-32

« Je savais qu’à défaut de sentiments socialistes, tous les hommes de notre génération avaient au plus haut degré le désir du nouveau, la soif de l’inconnu. […]   Je n’ai cité les Instrumentistes, au cours de cette étude, qu’à cause de leur singularité et parce que dans mon désir de renseigner exactement, consciencieusement le public, je ne veux omettre aucun détail, si infime soit-il.

651. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VI. Daniel Stern »

Docte distraite ou peut-être pas assez docte, parce que les hommes ne l’ont pas voulu, elle n’aurait point parlé de l’amour d’Héloïse, si cette philosophe du douzième siècle, au lieu d’écrire en latin ses désirs fétides, les avait écrits en français ! […] Les désirs qu’elle exprime dans son livre d’aujourd’hui sur l’amélioration de la femme, et cette amélioration qu’elle indique, sont déjà le commencement de cette émancipation.

652. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Charles Baudelaire  »

Donner le désir de toucher à cette pomme de délice et de perdition, puis la peur d’y avoir touché, et en définitive se moquer d’Ève, d’Adam et de la pomme, voilà ce qu’il a voulu, ce Satan… pour rire, dans ses Paradis artificiels, qui sont des Paradis perdus. […] C’est pour mieux faire flamber le désir.

653. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre IV. L’unification des sociétés »

N’a-t-on pas souvent distingué, dans les aspirations démocratiques, à côté du désir de l’égalité, celui de la liberté ? Aux yeux de bien des théoriciens, non seulement ces deux désirs sont distincts, mais ils s’opposent ; qui satisfait l’un lèse presque forcément l’autre.

654. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre X : M. Jouffroy psychologue »

Il fit voir à tout le monde que nous avons connaissance de nos sensations, de nos idées, de nos plaisirs, de nos peines, de nos désirs, de nos résolutions ; que cette connaissance est perpétuelle ; qu’elle est commune à tous les hommes ; que ni les yeux, ni les oreilles, ni les mains, ni aucun sens n’y a part ; que néanmoins elle est indubitable, et que lorsque nous mangeons une pêche, nous ne sommes pas plus assurés de la présence de la pêche que de la présence de notre plaisir. […] Ramenez ainsi tous les plaisirs, toutes les peines et tous les désirs à quelque fait observable et unique ; vous aurez expliqué le cœur de l’homme, et vous aurez fait une œuvre de science.

655. (1882) Essais de critique et d’histoire (4e éd.)

Me fera-t-il éprouver l’ardent désir et la joie folle avec laquelle le peuple anglais rappela et reçut les Stuarts ? […] De là ces désirs hardis et cette fière attitude. […] Son désir l’enflamme ; en véritable artiste, il s’échauffe à l’œuvre. […] Cette invention violente et cet acharnement de désir sont la grande marque littéraire. […] Ce caractère ne prend point les choses à cœur, d’un désir ardent et persistant, avec une réflexion intense ; il les effleure et court, à d’autres.

656. (1861) Questions d’art et de morale pp. 1-449

Le désir et la prière ont une puissance à qui Dieu cède. Le premier acte du désir, la plus imperceptible initiative de la volonté vers le bien sont immédiatement suivis d’un secours d’en haut, d’une grâce qui vient renforcer la volonté et le désir. […] Il faut que l’homme ait eu au moins le mérite de l’intention, du désir, pour qu’il puisse avoir la récompense. […] L’intelligence est la connaissance sans désir, sans amour ; la sensibilité physique, c’est le désir, le besoin sans la connaissance. L’homme communique donc avec les réalités extérieures par la connaissance pure, par le besoin et le désir ; enfin par le sentiment, mélange de l’intelligence et du désir.

657. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Appendice. — [M. de Latena, Étude de l’homme.] » pp. 523-526

Cependant quelques esprits dont c’est la forme favorite et la propension intérieure n’ont pas cessé d’écrire des réflexions morales, des pensées : nous autres critiques, à qui l’on s’ouvre volontiers de ses désirs ou de son faible, et qu’on traite confidentiellement comme des directeurs ou des médecins, nous recevons beaucoup de livres dont le public n’est pas informé, et qui nous montrent que la série des principaux genres a sa raison dans le jeu naturel et dans le cadre permanent des facultés.

658. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Note »

« Chateaubriand. »  En citant de semblables éloges à mon sujet, je n’ai qu’une intention et qu’un désir : c’est de montrer que si, la veille ou le lendemain d’une telle lettre, nous venions à louer M. de Chateaubriand, comme il était tout naturel de le faire dans le milieu de société où nous vivions près de lui, nous ne faisions nullement pour cela la cour à un puissant lettré dont nous eussions besoin, ni une platitude envers un grand nom idolâtré ; il pouvait y avoir de notre part quelque complaisance assurément, mais cette complaisance n’était pas tout entière de notre côté, et elle était elle-même partagée.

659. (1874) Premiers lundis. Tome I « Hoffmann : Contes nocturnes »

Plus d’une fois, au milieu de joyeux compagnons, et autour du punch bleuâtre, il lui est revenu d’amères pensées, des regrets du cloître et de la vie des vieux temps, et comme il l’a dit lui-même, un amour inouï, un désir effréné pour un objet qu’il n’aurait pu définir ; plus d’une fois son cœur a battu d’une émotion douloureuse en voyant à l’horizon des cités germaniques planer ces magnifiques monuments qui racontent comme des langues éloquentes l’éclat, la pieuse persévérance, et la grandeur réelle des âges passés.

660. (1874) Premiers lundis. Tome II « Revue littéraire et philosophique »

Il distingue et discute successivement : 1° les appétits ; 2° les désirs ; 3° les affections ; 4° l’amour de soi ; 5° la faculté morale.

661. (1875) Premiers lundis. Tome III « Le roi Jérôme »

Il ne me manque point de vaisseaux, ni de matelots, ni d’un grand nombre d’officiers de zèle, mais il me manque des chefs qui aient du talent, du caractère et de l’énergie. » Le désir, le besoin de Napoléon eût été de susciter quelque part, dans les rangs trop éclaircis de ses flottes, un grand homme de mer et du premier ordre, qui pût tenir en échec la puissance rivale dans cette moitié flottante de l’empire du monde ; mais un tel génie, à la fois supérieur et spécial, se rencontre quand il plaît à la nature, et ne se suscite pas.

662. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Avertissement »

L’essentiel est de lire les réflexions développées dans ce volume, d’une manière désintéressée, sans le vulgaire désir d’y apprendre des procédés rapides et mécaniques ; si l’on y prend des points de départ, des matériaux, une direction, un stimulant, pour penser par soi-même, pour comprendre comment les écrivains bâtissent leurs ouvrages, ordonnent et expriment leurs conceptions, et comment on doit soi-même travailler, insensiblement l’esprit, familiarisé avec les grandes lois de l’art d’écrire, dont il aura pénétré la vérité et mesuré la portée, s’y conformera en composant, et il conduira, disposera, traduira ses pensées selon des règles qui ne seront plus logées dans la mémoire, mais feront partie de lui-même et auront passé dans sa substance.

663. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Et Lamartine ? »

Ce poète, aussi peu « homme de lettres qu’Homère, ce qu’il exprimait sans effort, c’était tous les beaux sentiments tristes et doux accumulés dans l’âme humaine depuis trois mille ans : l’amour chaste et rêveur, la sympathie pour la vie universelle, un désir de communion avec la nature, l’inquiétude devant son mystère, l’espoir en la bonté du Dieu qu’elle révèle confusément ; je ne sais quoi encore, un suave mélange de piété chrétienne, de songe platonicien, de voluptueuse et grave langueur.

664. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « André Theuriet »

Et cette parcimonie avait sa noblesse : car elle n’était, après tout, que l’expression d’un désir et d’un besoin de dignité extérieure.

665. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Rêveries sur un empereur »

Quand ce désir de justice et de charité s’est emparé d’un cœur profondément sincère et pur, on ne lui fait pas sa part.

666. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Les derniers rois »

On dirait que cela les gêne d’être à part, qu’ils ont un désir inavoué de revenir à la vie normale, que la solitude de leur majesté leur pèse, qu’ils en ressentent plus d’ennui que d’orgueil.

667. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Dierx, Léon (1838-1912) »

Et, se promenant dans cette allée de hauts arbres qui se rouillent, le poète évoque le grand accord des choses, non leurs larmes, il sait qu’elles n’en ont point, mais leur grand et unanime consentement à la langueur, leur appétit de nirvâna, leur désir de fusion dans la nuit, qu’y lisent ou que leur prêtent les grandes âmes teintées de tristesse contemplative.

668. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre VIII. Les Fedeli » pp. 129-144

Cette dédicace donna à la reine le désir de connaître la troupe dirigée par le fils de ses anciens protégés.

669. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIX » pp. 207-214

Le trait commun à tous les courtisans, c’est le désir de plaire, c’est au moins la crainte de déplaire ; mais ils sont tous jetés dans des moules différents.

670. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre quatrième. »

Il était inutile d’ajouter et non pas par envie ; le désir de surpasser un auteur mort il y a deux mille quatre cents ans, ne peut s’appeler envie.

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