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33. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Charles Perrault. (Les Contes des fées, édition illustrée.) » pp. 255-274

Il aidait de tout son pouvoir à l’organisation de l’Académie des sciences qui se fit vers ce temps, et dans laquelle son frère entra l’un des premiers. […] Colbert demanda un jour des nouvelles de l’Académie française à Perrault, croyant qu’il en était. […] Colbert sous la proposition de Perrault, et l’Académie adopta ce nouveau mode d’élire. […] Boileau, furieux, se leva, et dit que c’était une honte à l’Académie de supporter une telle lecture. […] On lit dans le Journal de Dangeau, à la date du 7 septembre 1702 : « M. l’évêque de Senlis fut reçu à l’Académie.

34. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — J. — article » pp. 519-526

Ses Poésies Chrétiennes sont plus dignes de l’oubli dans lequel elles sont tombées depuis longtemps, quoique quelques-unes aient été couronnées par l’Académie Françoise. […] Pour se venger de l’Académie, M. de Voltaire fit imprimer son Ouvrage à la suite du Poëme de la Ligue, aujourd’hui la Henriade, en y joignant une Note qui contenoit de vifs reproches à ses Juges. […] « L’Ode suivante, dit-il dans la Note, fut présentée à l’Académie en 1714 au sujet du Vœu de Louis XIII, que Louis XIV venoit d’accomplir, en faisant construire l’Autel de Notre-Dame de Paris. […] Voyez le Recueil de l’Académie, 1714, chez Coignard. Faut-il s’étonner que ceux qui ont du talent pour les Vers, ne veuillent plus composer pour les prix d’une Académie qui juge si mal » ?

35. (1914) Enquête : Les prix littéraires (Les Marges)

L’Académie française vous imitera-t-elle ? […] Les prix de l’Académie ont moins de prestige, c’est un fait. […] Il en existe depuis longtemps de vastes distributions par l’Académie. […] Car, l’antisémitisme, le nationalisme, le royalisme — et leurs contraires, aussi fâcheusement, sévissent à l’Académie Goncourt comme à l’Académie Richelieu. […] Deux jeunes écrivains étaient en présence et se partageaient les voix de l’Académie.

36. (1856) Cours familier de littérature. II « IXe entretien. Suite de l’aperçu préliminaire sur la prétendue décadence de la littérature française » pp. 161-216

On peut dire avec la même certitude que la médiocrité gouverne les académies. […] Ce n’est donc pas aux académies que les nations doivent leur gloire littéraire. […] Dans les sciences, les académies sont utiles à grouper les faits et à populariser les découvertes. […] Quelle que soit la valeur intrinsèque des académies, on ne peut nier que l’Académie française n’ait contribué puissamment à la considération extérieure de la nation littéraire dans le monde. L’Académie est au dehors plus encore qu’au dedans une popularité de la France en Europe.

37. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « L’abbé Maury. Essai sur l’éloquence de la chaire. (Collection Lefèvre.) » pp. 263-286

L’un, le médecin, voulait être de l’Académie des sciences ; l’autre, l’avocat, voulait être pour le moins avocat général ; et l’abbé se voyait déjà prédicateur du roi. […] Un Éloge de Fénelon qu’il envoya à l’Académie en 1771, et qui obtint l’accessit, commença enfin à le faire connaître. […] Et il y répond comme on pouvait le faire en 1771, en parlant devant une Académie plus qu’à demi composée de philosophes ou de gens du monde imbus des idées philosophiques. […] L’abbé Maury espérait de lui quelque résignation de bénéfice, et, le voyant infirme, il songeait aussi à lui succéder à l’Académie. […] J’ai retenu plusieurs de ses idées, les voici mot à mot :   Académie française : Académie des sciences.

38. (1874) Premiers lundis. Tome II « Étienne Jay. Réception à l’Académie française. »

Réception à l’Académie française. […] Enfin on a beaucoup agité la question de savoir s’il était, ou du moins s’il se croyait véritablement académicien : car, interrogé un jour sur un fait ou sur un vote relatif à l’Académie, M. de Montesquiou avait répondu avec ce tact exquis, particulier, comme on sait, aux gens de sa qualité, et dont la tradition se perd de jour en jour, il avait répondu, dis-je : « Suis-je donc académicien ?  […] Par cette espèce de juste milieu, l’abbé ex-ministre ne blessait ni Louis XVIII, ni sa conscience, ni l’Académie. […] Jay, des questions déjà bien vieilles de goût et de genres en littérature, ne sont plus en rapport avec la préoccupation du public, ni même avec l’atmosphère de l’Académie. […] Mais, même entre les hommes politiques, il y a une sorte de choix littéraire, et jusqu’ici l’Académie n’a pas eu toujours la main heureuse.

39. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « TABLE » pp. 340-348

Guizot. — Lord Chatham, par M. de Viel-Castel. — Candidature de Mérimée à l’Académie française en remplacement de Nodier. — Autres candidats : M. […] Mérimée et Sainte-Beuve à l’Académie française. — Le Constitutionnel vendu à Véron. — Le comte Alexis de Saint-Priest. — Le carême. — M. de Ravignan. — M. […] Saint-Marc Girardin à l’Académie française. — Réponse de M. […] Mérimée à l’Académie française. […] Sainte-Beuve à l’Académie française. — Histoire du Consulat et de l’Empire.

40. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — M. de Voltaire, et M. de Maupertuis. » pp. 73-93

Il força quelques membres, pensionnaires de l’académie de Berlin, qui dépendent de lui, de sommer M. […] Plusieurs membres de l’académie de Berlin, ont protesté contre une conduite si criante, & quitteroient l’académie, que le sieur Maupertuis tyrannise & déshonore, s’ils ne craignoient de déplaire au roi, qui en est le protecteur ». […] Il voulut faire recevoir de l’académie plusieurs auteurs distingués. […] Ses malheurs étoient la suite de la condamnation de Kœnig par l’académie de Berlin. Presque tous les sçavans de l’Europe trouvèrent étrange la conduite de cette même académie.

41. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXXVIII » pp. 158-163

Hugo se trouve en ce moment ce qu’on appelle directeur de l’Académie ; c’est-à-dire le président élu pour le trimestre qui finit. […] Campenon, une seconde vacance à l’Académie française. […] Les ambitions littéraires sont vivement excitées par ces deux vacances à l’Académie dont les fauteuils deviennent de plus en plus recherchés. […] Il serait temps qu’au sein de l’Académie quelque Caton le Censeur se levât et proposât à cet égard un règlement pour tempérer ce luxe d’obsessions qui est tout propre à décourager le mérite modeste. […] Cette réception sera un des épisodes les plus piquants de ce volume car, comme on le sait, le successeur de Casimir Delavigne à l’Académie française fut Sainte-Beuve lui-même.

42. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — De l’état de savant. » pp. 519-520

Il faut que cette classe de paresseux soit bien nombreuse et que les sciences aient déjà fait de grands progrès chez une nation pour y donner naissance aux académies. Qu’est-ce qu’une académie ? […] Appeler des étrangers pour former une académie de savants, c’est négliger la culture de sa terre et acheter des grains chez ses voisins. […] Il n’en est pas ainsi de l’instruction publique ; embrassant toutes les conditions d’un empire, répandant la lumière de toute part, son dernier effet est la formation des académies qui durent, renouvelées sans cesse par le fonds national. Fonder une académie avant que d’avoir pourvu à l’éducation publique, c’est vraiment avoir commencé son édifice par le faîte.

43. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Appendice. Discours sur les prix de vertu »

On prétendait que l’Académie allait se faire l’émule et la rivale des curés de Paris. […] On écrit à l’Académie, on l’avertit ; on rédige des mémoires, on envoie des attestations comme dans un procès. […] L’Académie décerne à Mme Navier, marchande grainetière, rue Chaptal, n° 7, le second prix Montyon. […] Elles ont l’une et l’autre ce caractère d’originalité que l’Académie ne cherche pas, mais qu’elle n’est pas fâchée de rencontrer. […] L’Académie lui confère une médaille civile.

44. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 203-204

Barbier d’ Aucour, [Jean] Avocat au Parlement de Paris, de l’Académie Françoise, né à Langres, mort en 1694. […] Il remplaça Mézeray à l’Académie Françoise, & eut pour successeur M. de Clermont-Tonnerre, Evêque de Noyon, qui dédaigna de le louer dans son Discours de Remercîment. M. l’Abbé de Caumartin, alors Directeur de l’Académie, répara cette omission dans sa réponse au Discours du Prélat ; & chaque louange qu’il donna au Récipiendaire, étoit un trait de satire ingénieusement lancé contre son orgueil. L’Académie ne put s’empêcher de témoigner à M. de Noyon sa surprise de le voir manquer à un usage, jusqu’alors regardé comme indispensable. Le Prélat eut beau alléguer qu’il s’étoit fait une loi de ne louer jamais de Roturiers, on lui répondit que les Lettres n’admettent d’autre titre que les talens, & que la Roture, plus nombreuse à l’Académie que la Noblesse, pourroit en user de même à son égard & à celui de tous les Nobles aussi peu civils que lui.

45. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXVIII. M. Flourens »

Flourens n’est point un érudit à l’allemande, quoiqu’il soit de l’Académie de Munich et de bien d’autres Académies. […] Artiste délicat, il lui attache des ailes transparentes qui ne fondent point comme celles d’Icare et qui l’emportent bien loin de tous les malheureux culs-de-plombs qui peuplent les Académies ! […] Fontenelle, lui, quand, de ses deux doigts que j’adore, il a fini d’écrire son Éloge d’Académie ou son Histoire de l’Académie, qui était aussi un éloge, bien digne d’un ancien madrigaliste comme il l’avait été en l’honneur des dames (car les académies sont des dames aussi, quoique composées de plusieurs messieurs), oui, quand Fontenelle a achevé de tourner ce madrigal suprême, et il le tourne bien, ayant eu jusqu’au dernier moment la grâce et la clarté, cette grâce de la lumière ! […] Il n’est plus que le Céladon, plus passé que ses aiguillettes, d’anciennes bucoliques oubliées, — un pasteur d’Arcadie, enterré en Académie. […] Ce n’est pas seulement qu’un secrétaire perpétuel d’académie.

46. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Vicq d’Azyr. — I. » pp. 279-295

Vicq d’Azyr, louant Buffon à qui il succédait dans l’Académie française, ne se souviendra plus de ce tort, si c’en était un. […] Les mémoires de Vicq d’Azyr lui ouvrirent les portes de l’Académie des sciences dès 1774, et il recevait vers le même temps le bonnet de docteur de la faculté de Paris. […] L’Académie chargea le seul Vicq d’Azyr de ce double emploi ; il avait vingt-six ans. […] Dans l’Éloge de M. de Lassone, il indiquera plus directement encore, et par une exacte définition, le caractère qui doit distinguer les académies d’avec les facultés ou collèges : Les académies, disait-il en parlant des sociétés médicales de Londres et d’Édimbourg, les académies de ce genre et les facultés ou collèges de médecine ont toujours formé des corps distincts. […] Les collèges et les académies occupent donc le cercle entier de la vie humaine, où ils se touchent sans se confondre, parce que leur objet est différent.

47. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Armand Hayem »

Si l’Académie des sciences morales et politiques n’avait pas la langue si pâteuse, elle n’aurait dit qu’un mot qui les valait tous : « Quelles sont les causes de l’anarchie contemporaine ?  […] Les académies touchent parfois de leurs mains aveugles et tâtonnantes à des questions qui leur feraient peur si elles en voyaient la portée, comme des enfants qui touchent à des armes chargées et qui ne savent pas que ce qu’ils touchent là, c’est peut-être la mort ! L’Académie, tout idéologue qu’elle puisse être, ne l’a pas été au point de croire à l’abstraction d’une société qui ne serait pas la société française. […] Seulement ce défaut capital pour nous, gens de tradition et qui ne croyons qu’à l’Histoire, doit être pour l’Académie des sciences morales et politiques une triomphante qualité du mémoire qu’elle aurait dû couronner si elle avait vu clair. […] Assurément il y avait mieux à faire en demeurant, au pied de la lettre, dans les bornes du programme de l’Académie, et, comme je l’ai dit, c’était un livre d’histoire, sévère et profond, sans rien au-delà.

48. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure »

Pellisson parle dans son Histoire de l’Académie. […] Mathieu Marais, en effet, a eu, comme tant d’autres, sa velléité et sa démangeaison d’Académie, et il rencontra Montesquieu sur son chemin. […] En voyant son ami le président nommé lui-même de l’Académie, l’espérance lui vint de se faufiler à sa suite. […] On lui dit : « Si vous avez fait les Lettres persanes, il y en a une contre le corps de l’Académie et ses membres. […] Le pauvre père n’a pu désavouer ses enfants, quoique anonymes ; ils lui tendaient leurs petits bras persans, et il leur a sacrifié l’Académie.

49. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Villemain » pp. 1-41

On y trouve, sous les ambages d’une prudence sénile, les passions de l’universitaire et de l’académicien, car nous avons des passions l’Académie ! […] Ici, l’Arthémise inquiète de l’Université mêle ses pleurs à ceux de l’Arthémise parlementaire désolée, au sein de cette pauvre Académie, devenue l’asile de toutes les afflictions contemporaines. […] si l’Académie avait, plus tard, remis au concours l’éloge de Montaigne et que Janin eût concouru, ce n’est plus Villemain qui aurait eu le prix. […] Rien de plus naturel, du reste, que l’admiration de Villemain pour Pindare, un des poètes les mieux faits pour plaire à toutes les Académies de la terre et à leurs secrétaires perpétuels. […] On dirait vraiment qu’avec Villemain là où il y a la vie qui fait l’éloquence, la passion, l’intensité, l’enthousiasme, le rhéteur d’Académie dépaysé ne les voit pas et les méconnaît.

50. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Réception du père Lacordaire » pp. 122-129

Elle a donc eu lieu cette séance tant attendue, tant désirée, et qui devait être la plus curieuse de toutes les fêtes que l’Académie française a offertes jusqu’ici à son brillant public : car c’est proprement un bal de beaux esprits qu’une séance de réception. […] L’Académie nouvelle n’en a pas tenu compte, et elle a sans doute bien fait de ne songer qu’au talent. […] Car voyez la perspective : d’un côté, un dominicain avec M. de Tocqueville pour sujet, c’est-à-dire la démocratie américaine pour champ illimité ; et de l’autre côté, pour vis-à-vis, le directeur de l’Académie, M.  […] C’est le droit et l’usage de l’Académie de ne dire jamais que Monsieur, à pareil jour, au nouveau membre qu’elle a élu ; on a dit monsieur tout court au duc de Noailles, on a dit monsieur et non pas monseigneur à l’évêque d’Orléans. […] Je saurais bien que dire là-dessus tout comme un autre, mais il me semble que ce n’est vraiment pas le lieu, et que, même à l’Académie, c’était beaucoup trop comme cela. — J’aime mieux suivre M. 

51. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Patru. Éloge d’Olivier Patru, par M. P. Péronne, avocat. (1851.) » pp. 275-293

Tous les corps de l’État lui vinrent offrir leurs compliments, et l’Académie française, à laquelle, peu avant son abdication, elle avait envoyé son portrait, lui adressa une magnifique harangue par l’organe de Patru. […] Les séances de l’Académie se tenaient encore à l’hôtel du chancelier Séguier, qui en était protecteur depuis la mort de Richelieu. […] Ce petit colloque qui se prolongeait, mit en émoi quelques-unes des têtes les plus vives de l’Académie. […] Patru était de l’Académie dès 1640. […] Au défaut du Dictionnaire de l’Académie, Patru aida de tout son pouvoir à la confection de celui de Richelet, ce qui explique en partie les qualités et les mérites de cet ouvrage.

52. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Mémoires de l’abbé Legendre, chanoine de Notre-Dame secrétaire de M. de Harlay, archevêque de Paris. (suite et fin). »

À peine promu au siège de Paris, l’Académie française l’avait appelé en son sein pour y remplacer M. de Péréfixe. Le 3 février 1671, l’Académie extraordinairement assemblée devant le chancelier Séguier, son protecteur, avait entendu le remerciement de M. de Harlay et la réponse du directeur Pellisson. L’Académie l’était allée féliciter en corps dans son palais archiépiscopal le 22 mars suivant, et avait parlé par la même bouche de Pellisson avec le zèle, l’effusion et le transport quasi-apostolique d’un nouveau converti. Le chancelier Séguier étant mort au commencement de l’année suivante (1672), M. de Harlay fut, auprès de Louis XIV, l’interprète du vœu de l’Académie pour que le roi en personne voulût bien agréer dorénavant le titre de son Protecteur. […] Ce prélat, en effet, « qui se faisait un plaisir d’être le pacificateur de tous les différends d’État » eut, dans le principe, quelque envie de s’entremettre pour réconcilier Furetière avec l’Académie.

53. (1855) Préface des Chants modernes pp. 1-39

Du reste, il faut se hâter de le dire, l’Académie française, qui entretient avec grand soin le culte des idoles vermoulues, l’Académie, qui, se sentant immobilisée par le seul fait de sa constitution, voudrait rendre l’esprit humain immobile, l’Académie n’est plus un corps littéraire, c’est un corps essentiellement politique. […] Alfred de Musset entra à l’Académie. — Ah ! […] Alfred de Musset a-t-il perdu son talent parce qu’il est entré à l’Académie ? Est-il entré à l’Académie parce qu’il avait perdu son talent ? […] Il leur serait interdit de s’occuper de politique, et ils devraient, comme l’Académie des inscriptions et belles-lettres et l’Académie des sciences, publier le rendu compte de leurs travaux.

54. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre IV. La fin de l’âge classique — Chapitre I. Querelle des Anciens et des Modernes »

Voilà la conclusion qu’avec toutes sortes de précautions insinuait Fontenelle : et les modernes le poussaient à l’Académie, où sa réception était la confusion des anciens. […] La Bruyère, dans ses Caractères, soutenait la même cause, et forçait les portes de l’Académie, où son discours de réception était un éclatant hommage aux modernes qui s’étaient mis à l’école de l’antiquité. […] Il grognait, lâchait des épigrammes contre l’Académie des Topinamboux, contre Perrault et ses admirateurs, prenait encore Perrault à partie dans un discours sur l’Ode dont il taisait précéder sa misérable Ode sur la prise de Namur, entreprise pour justifier Pindare et en faire sentir la manière. […] Ainsi l’antiquité, superficiellement effleurée dans les collèges des jésuites, l’antiquité que les femmes ne peuvent connaître, et qui n’est guère objet de conversation dans un salon, est renvoyée aux pédants des Académies et aux cuistres de l’Université. […] Charles, premier commis de la surintendance des bâtiments du roi, de l’Académie française depuis 1670, de l’Académie des belles-lettres depuis la fondation, eut une grande part dans les mesures de protection et d’encouragement que prit Colbert en faveur des sciences et des savants.

55. (1929) Dialogues critiques

Vous voyez bien que l’Académie sert à quelque chose. […] Suivez-vous les élections à l’Académie ? […] D’entrer à l’Académie ? […] Cela le mènera peut-être à l’Académie. […] Pierre Voici l’Académie française qui se porte à l’aide de l’Académie Goncourt.

56. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXVI » pp. 301-305

réception de m. sainte-beuve a l’académie française. — histoire du consulat et de l’empire. […] La grande nouvelle littéraire de ces derniers jours a été la réception à l’Académie de M. […] Sainte-Beuve, indiquer que ce tournoi ne se passerait peut-être pas jusqu’au bout en toute courtoisie : « On se dispute, on se bat pour aller jeudi à l’Académie. […] Le morceau sur Port-Royal a réussi, quoique un peu fastueux, mais il fallait bien traduire cette fois Port-Royal à l’usage de l’Académie et du monde : ad usum sœculi. […] En un mot, chacun des deux orateurs a eu son succès ce jour-là, et l’Académie française n’avait pas offert depuis bien longtemps une fête si goûtée du public, si brillante et si remplie ; les femmes s’étaient logées jusque derrière le fauteuil de M.

57. (1875) Premiers lundis. Tome III «  Les fils  »

Saint-Marc Girardin qu’il s’agissait, dans ce que j’ai dit, de l’Académie française, et que leur renom n’a guère jusqu’ici profité à aucun des deux Dumas. […] Il s’agissait uniquement, dans le cas particulier, de savoir si le prince de Broglie a un talent si extraordinaire qu’il doive aspirer à une nomination en quelque sorte extraordinaire et d’exception, qui le fasse siéger à l’Académie à côté du duc, son père ; s’il y a lieu, en un mot, à un cumul dans une même famille. […] Je fais la part des talents, des vertus, de l’autorité morale, et je dis qu’un de Broglie à l’Académie, c’est bien, c’est très-bien ; mais c’est assez. […] Dans un article, intitulé : Des prochaines élections de l’Académie (20 janvier 1862), et recueilli depuis dans les Nouveaux Lundis, tome I.

58. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Madame Therbouche » pp. 250-254

Cela n’est pourtant pas sans mérite pour une femme ; les trois quarts des artistes de l’académie n’en feraient pas autant. […] Elle arrive, elle présente à l’académie un premier tableau de nuit assez vigoureux. […] Ses autres portraits sont froids, sans autre mérite que celui de la ressemblance, excepté le mien qui ressemble, où je suis nu jusqu’à la ceinture, et qui, pour la fierté, les chairs, le faire, est fort au-dessus de Roslin et d’aucun portraitiste de l’académie. […] Pour faire cesser ce dépit je passai derrière un rideau, je me déshabillai et je parus devant elle en modèle d’académie. […] Conduite, célébrée, occupée à Versailles, elle aurait pu descendre jusqu’au désir d’entrer à l’académie qui peut-être l’aurait refusée car volontiers Paris ne souscrit pas aux applaudissemens de Fontainebleau ; mais alors le blâme et les cris du monde courtisan seraient revenus sur la pauvre académie.

59. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Littré. »

Il est membre de l’Académie de médecine, et il n’est pas docteur ! […] La difficulté était bien plus en lui que du côté de l’Académie. […] Littré le lui expliqua, en ajoutant : « Si cela ne contrarie que tel ou tel membre de l’Académie, peu importe ; mais si c’est un embarras pour l’Académie elle-même et pour mes amis, je me retire. […] Patin, le rédacteur du Dictionnaire de l’Académie, et de M.  […] Les Dictionnaires étant réellement différents et le grand Dictionnaire historique de l’Académie commençant à peine, je m’étais dit, et plusieurs autres avec moi, que l’Académie et M. 

60. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Les Caractères de La Bruyère. Par M. Adrien Destailleur. »

un libelliste, un pamphlétaire à l’Académie ! […] Son discours, un peu long, était certes le plus remarquable que l’Académie eût entendu à cette date, de la bouche d’un récipiendaire. […] On prétendit que l’Académie avait bâillé à sa harangue. […] Trois ans après sa réception à l’Académie, La Bruyère mourut d’apoplexie, à Versailles, en deux ou trois heures, le 11 juin 1696. […] L’Académie se sépara sans conclure.

61. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Éloges académiques de M. Pariset, publiés par M. Dubois (d’Amiens). (2 vol. — 1850.) » pp. 392-411

En sa qualité de secrétaire perpétuel de l’Académie de médecine, M.  […] Vicq d’Azyr était secrétaire perpétuel de la Société de médecine fondée en 1770, et il mérita d’être reçu à l’Académie française en 1788, à la place de Buffon. […] Cette Académie eut son principal secrétaire perpétuel dans la personne du fameux chirurgien Louis, dont les éloges sont encore inédits pour la plupart. […] Mais aujourd’hui l’Académie de médecine les représente et les continue toutes les deux également. […] Roger (celui qui fut de l’Académie française) dit un jour à M. 

62. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre X. Des Livres nécessaires pour l’étude de la Langue Françoise. » pp. 270-314

Duclos, Secrétaire de l’Académie françoise, en a donné une nouvelle édition en 1756. […] L’Académie ne fit aucune réponse en son nom. […] C’est le Dictionnaire de l’Académie françoise, dont la quatriéme édition a paru en 1762. […] L’auteur l’a adressé à l’Académie françoise, par une Epitre aussi élégante que polie. […] “Quel service ne rendroit pas l’Académie françoise aux Lettres, à la langue, & à la nation, dit M. de V.

63. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre IV. La fin de l’âge classique — Chapitre II. La Bruyère et Fénelon »

Il le reprit, et l’étendit pour le rendre plus digne de l’Académie. […] Avec la Lettre à l’Académie, la relativité du goût devient secrètement le principe de la critique. Mais la Lettre à l’Académie resta à peu près sans influence. […] Il entre à l’Académie en 1693. […] Il entra à l’Académie en 1693.

64. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 90-93

Versificateurs même, & les Orateurs de l'Académie Oratoire (c'est ainsi que Richesource appeloit sa maison), comme aussi de ceux qui chérissent la pureté de la Langue Françoise, sa justesse, sa propreté, sa délicatesse, sa netteté, son élégance, sa politesse, sa beauté, sa pompe, sa magnificence, & sa majesté ; dédiée à Messieurs de l'Académie Françoise, par J. […] Ecuyer, Sieur de Richesource, Modérateur de l'Académie des Orateurs. […] A Paris, à l'Académie des Philosophes Orateurs, Place Dauphine, à la Renommée, deuxième appartement, 1680.

65. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Académie française — Réception de M. Jules Sandeau » pp. 322-326

Vitet, directeur de l’Académie ; il remplaçait et avait à célébrer M.  […] Vitet, parlant au nom de l’Académie, s’est associé tout d’abord à l’élan et au vœu patriotique par lequel M.  […] Sandeau avait parlé du roman avec modestie pour son propre compte, mais avec une sorte de fierté pour le genre : il avait eu le bon goût de paraître étonné et confus d’être le premier romancier proprement dit appelé à l’honneur de siéger à l’Académie, lorsqu’autrefois ni Le Sage ni l’abbé Prévost n’y avaient été admis, et que, de nos jours, M. de Balzac et d’autres encore avaient brillé par leur absence. […] Vitet s’est attaché à répondre à cette espèce d’étonnement du récipiendaire et à justifier l’Académie. […] L’Académie ne pouvant espérer de les comprendre jamais, ces talents ou même ces génies d’écrivains, dans ses appels et ses récompenses, ne peut vouloir les atteindre seulement par sa critique, si fine que soit cette critique, si spirituelle que soit l’épigramme.

66. (1875) Premiers lundis. Tome III « Senac de Meilhan »

Il n’est pas moins vrai que cette Préface de M. de Meilhan est un morceau de prix, digne d’être conservé ; et comme ce premier volume des Annales de Tacite, traduit par lui, est devenu à peu près introuvable54, nous avons pensé qu’il n’était pas indigne de l’Académie des Bibliophiles de vouloir bien autoriser et patronner la réimpression du Discours préliminaire. Que cette Académie, qui avait bien voulu déjà accueillir de nous un autre opuscule55, reçoive ici tous nos anciens et nos nouveaux remerciements, aujourd’hui que nous ne sommes qu’éditeur. […] Sainte-Beuve dans la collection de l’Académie des Bibliophiles. […] Michel Lévy avaient autorisé la réimpression dans la collection de l’Académie des Bibliophiles, font partis des Nouveaux Lundis, t. 

67. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame de Lambert et madame Necker. » pp. 217-239

D’Argenson ajoute qu’elle l’avait voulu persuader de se mettre sur les rangs pour l’Académie française. […] L’Académie française n’eut pas, en effet, une importance égale dans tous les moments de son existence. […] Il est d’usage de vivre longtemps, à l’Académie ; c’est là une habitude qui ne s’est pas perdue, et qui, jointe à tant d’autres avantages, ne laisse pas d’avoir son prix. Mais il résulta de cette longévité académique que, dans la seconde moitié du xviie  siècle, l’Académie ne se renouvela point aussi vite que le public l’aurait pu souhaiter. […] ) Elle se livra au public, elle s’associa à Messieurs de l’Académie, et établit chez elle un bureau d’esprit.

68. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « De la dernière séance de l’Académie des sciences morales et politiques, et du discours de M. Mignet. » pp. 291-307

De la dernière séance de l’Académie des sciences morales et politiques, et du discours de M.  […] Le samedi 25 juin, l’Académie des sciences morales et politiques a tenu sa séance annuelle ; M.  […] Ce sont là des procédés d’académie (dans le vieux sens) et des émotions de famille ; il faudrait être un trouble-fête pour trouver à y redire. […] Comme interprète de l’Académie des sciences morales et politiques, et comme auteur de notices et d’éloges, M.  […] [NdA] Un jour, dans une discussion à l’Académie où il était question de saint Augustin, M. 

69. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XV » pp. 175-187

Quelle académie a pu jamais faire pour la langue ce que fit cette ardeur générale de conversation ? L’académie était partout. Tout était académie : académie ne se bornant pas à lire, à écouter, à disserter ; mais académie en action, en inspirations, en conceptions, en création ; jugeant aussi, corrigeant, rebutant au moins les plus grosses erreurs de goût, et réprimant les écarts et les bizarreries. […] Voilà l’histoire de la langue dans les académies des précieuses.

70. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Corneille, et le cardinal de Richelieu. » pp. 237-252

Cet observateur répliqua par une lettre adressée à l’académie Françoise. […] Il cite Corneille au tribunal de l’académie, le défie d’oser y comparoître & d’en être renvoyé sans qu’on le condamne sur tous les points relevés. […] Cependant le cardinal ne perdoit pas de vue son projet d’obtenir de l’académie une décision favorable. […] Elle s’excusa sur ce qu’avant d’analyser les ouvrages d’un membre de l’académie, il falloit que l’académicien intéressé consentît à cet examen ; sans quoi l’on alloit directement contre les statuts de la compagnie. […] On sçait que les Sentimens de l’académie Françoise sur le Cid sont-un chef-d’œuvre en ce genre.

71. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » p. 447

Visclede, [Antoine-Louis Chaalmond de la] Secrétaire perpétuel de l’Académie de Marseille, né à Tarascon en 1692, mort à Marseille en 1760 ; Bel-Esprit de Province, dont le nom, quoiqu’inscrit sur le Registre triomphal de presque toutes les Académies littéraires de France, n’a pu l’être au Temple de Mémoire. On a recueilli toutes ses Pieces couronnées, sous le titre d’Œuvres diverses de M. de la Visclede ; mais la lecture de ce Recueil n’est propre qu’à faire voir combien il faut peu de talent pour obtenir le suffrage des Académies.

72. (1875) Premiers lundis. Tome III « L’Ouvrier littéraire : Extrait des Papiers et Correspondance de la famille impériale »

. — Nécessité d’exercer une influence sur les hommes de lettres, autres que ceux appartenant à l’Université et aux Académies. […] On n’entend parler ici ni des lettrés qui appartiennent à l’Université, ni de ceux qui font partie des Académies, mais de la très-grande majorité des écrivains composant ce qu’on appelle la Presse littéraire. […] Louis XIV logeait son Académie française au Louvre. […] Qu’il y ait aussi l’Académie du suffrage universel. […] Il tourne le dos à l’Académie.

73. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » p. 159

Il ne laissa pourtant pas d’être reçu à l’Académie Françoise. Ce fut, il est vrai, à la sollicitation de M. de Pontchartrain, Contrôleur-Général des Finances, qui le protégeoit ; car on fit des difficultés pour l’admettre, parce que l’Académie étoit alors plus difficile qu’à présent. Cette résistance donna lieu à Lafontaine, d’autres disent à Chaulieu, de faire des vers qui finissoient ainsi : Il en sera, quoi qu’on en die ; C’est un impôt que Pontchartrain Veut mettre sur l’Académie.

74. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Madame Dacier. — II. (Fin.) » pp. 495-513

… Aujourd’hui, voici une témérité bien plus grande et une licence qui va ouvrir la porte à des désordres plus dangereux pour les lettres et pour la poésie, et l’Académie se tait ! […] Je sais bien qu’il y en a qui gémissent de cet attentat… Il est à remarquer, en effet, que l’Académie française qui, depuis, a été une sorte de sanctuaire classique et d’où sont partis en sens inverse, d’où sont tombés sur des têtes que nous savons bien des anathèmes, était alors un lieu beaucoup plus neutre et dans lequel les adversaires et les contradicteurs de Despréaux, et, ce qui était plus grave, les contempteurs d’Homère, avaient eu pied en toute circonstance : J’avertis ici Mme Dacier, disait La Motte dans sa réponse, qu’elle a une idée fausse de l’Académie française. […] Ce n’est point là l’esprit d’une assemblée de gens de lettres, et l’Académie ne tend à l’uniformité que par voie d’éclaircissement et non pas par voie de contrainte. […] Au même moment, d’autres champions de tout caractère et de taille diverse entraient en scène, et la mêlée devint générale : il y avait la vraie jeunesse du temps, les malins et les espiègles armés à la légère, comme l’abbé de Pons, comme Marivaux ; il y avait ceux qui ne riaient pas et les esprits rectilignes comme l’abbé Terrasson, membre de l’Académie des sciences. […] Sa fille se fit catholique après sa mort, et se maria à Dacier, garde des livres du Cabinet du roi, qui était de toutes les Académies, savant en grec et en latin, auteur et traducteur.

75. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 367

Bourzeis, [Amable de] Abbé de Saint Martin, de l’Académie Françoise, né près de Riom en Auvergne en 1606, mort à Paris en 1672. Il n’est pas l’Auteur du Testament politique du Cardinal de Richelieu, quoi qu’en dise l’Historien du Siecle de Louis XIV : il a fait seulement quelques bons Ouvrages de controverse, qui n’étoient pas des titres pour être reçus de l’Académie. […] Boutard, [François] Abbé de Bois-Groland, de l’Académie des Inscriptions & Belles-Lettres, né à Troie, mort à Paris en 1729, âgé de 75 ans.

76. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » p. 326

FOUCHER, [Paul] Abbé, de l’Académie Royale des Inscriptions & Belles-Lettres, Censeur Royal, né à Tours en 1704. On trouve dans le Recueil de l’Académie dont il est Membre, onze ou douze Mémoires qui completent un Traité historique de la Religion des anciens Perses. […] Si tous les Mémoires des derniers volumes du Recueil de la même Académie étoient travaillés avec autant de soin, on ne seroit pas dans le cas de se plaindre que l’érudition a dégénéré parmi nous.

77. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 371

Boze, [Claude Gros de] Secrétaire perpétuel de l’Académie des Inscriptions & Belles-Lettres, de l’Académie Françoise, né à Lyon en 1680, mort à Paris en 1754. Comme Savant & comme Littérateur, il honora également les deux Académies dont il étoit Membre.

78. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » p. 306

L’Historien de l’Académie veut, sans doute, le louer de son assiduité aux Assemblées, mérite peu intéressant pour le Public ; ou peut-être fait-il allusion à la vaste & profonde érudition de M. de Meziriac : en ce cas, il fait plus d’honneur à l’Académie Françoise, qu’elle ne mérite. […] Meziriac l’eût fait figurer même avec distinction parmi les Membres de l’Académie des Inscriptions & Belles-Lettres, comme on peut en juger par ses savans Commentaires sur les huit premieres Epîtres ou Héroïdes d’Ovide.

79. (1860) Ceci n’est pas un livre « Décentralisation et décentralisateurs » pp. 77-106

* *  * L’Académie des Jeux-Floraux — comme toute académie de province — devait apporter sa manifestation contre la Centralisation littéraire Qui produit tant de ravages, Qui pervertit le goût public, Qui n’enfante que des œuvres immorales, Qui danse irrévérencieusement sur les saines traditions et les saintes routines, etc., etc. Ces charitables académies de province ont été créées et mises au monde pour corriger les injustices, — pour laver les iniquités de la Ninive (Babylone a tant servi !) […] Ô Académies trop indulgentes, il y a des serpents cachés sous ces élégies éconduites et sous ces tragédies méconnues ! […] Ils vont se réfugier dans le sein des académies de province, toujours compatissantes : là, toute production piètre et mal venue, qui n’a ni sang ni vigueur, a des chances de trouver bon accueil. […] Regardez : ils ramassent leurs manuscrits dédaignés, — les voilà partis pour aller se faire délivrer un certificat de génie par l’Académie prochaine.

80. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vaugelas. Discours de M. Maurel, Premier avocat général, à l’audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry. (Suite et fin.) »

Le Dictionnaire de l’Académie n’est-il pas un sujet d’épigrammes continuelles, mais en même temps d’attention ? […] Or, que fait l’Académie ? […] Que l’Académie veuille y songer : la démocratie des mots, comme toute démocratie en France, aime assez à être conduite et dirigée. […] C’est cet homme du métier, — ce groupe et ce noyau de gens du métier, — qui a trop manqué depuis quelque temps à l’Académie française. […] L’Académie, par lenteur et négligence, me semble bien près de laisser tomber de ses mains le sceptre de la langue que lui déférait la nation.

81. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « X. Doudan »

Il est vrai que c’était pour entrer à l’Académie ! […] Ce Fantasio, ce gracioso, ce rêveur qui a des vivacités, ce misanthrope riant, ce Chamfort qui sourit, ce désabusé qui plaisante, n’était pas fait pour les coteries doctrinaires, la morale protestante et les cultes académiques d’un salon où plane beaucoup plus l’ombre épaisse et gourmée de l’aïeul Necker que l’ombre lumineuse de la grand-mère Madame de Staël… Pour ce salon, des Rémusat et des Villemain sont de bien plus grands hommes que de Maistre et de Bonald… L’Académie y est regardée comme le but suprême où doit, en France, viser le grand esprit humain ; et on s’y étonnait que Doudan, aimé de ces doctrinaires encravatés et pédants, mais qui l’aimaient pour ce qui se fait aimer même des ennemis, — la grâce, — ne voulût pas faire quelque petite chose pour y entrer. […] Mais le respect pour l’Académie de la maison où il vivait tombait sur lui, malgré tout… « Je regarde — dit-il quelque part — le discours qu’on prononce à l’Académie comme l’action la plus importante de la vie. » De qui se moquait-il quand il disait cela ? […] IV Et ils n’y ont vu que du feu, ces pauvres diables d’Académie. […] Ils l’ont fait partir pour cette destination par l’omnibus Lévy au lieu de l’omnibus Didier, qui est le corbillard officiellement académique, mais ils n’auront pas voulu manquer à l’étiquette de l’Académie, puisque le malheureux n’en était pas… Qu’importe !

82. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXX » pp. 321-322

élection d’alfred de vigny et de m. vitet a l’académie française. Nous lisons dans un journal : L'Académie, dans sa séance particulière du jeudi 8 mai, a procédé au remplacement de MM. […] Il n’y a pas eu de combat bien vif à l’Académie ce jour-là, malgré la présence de tous ces grands rivaux ; on paraissait s’être entendu pour porter d’abord M.

83. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 299-300

Soret, [Jean] Avocat au Parlement, de l'Académie de Nancy, né à Paris en 17.. Il a remporté le Prix d'Eloquence dans plusieurs Académies, & entre autres à l'Académie Françoise.

84. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Laprade, Victor de (1812-1883) »

Tout cela l’aurait laissé obscur à Lyon, faisant son cours pour les guides de la Suisse, si l’Académie n’avait voulu recruter une clameur de plus contre l’Empire. […] Sainte-Beuve, lequel, raconte-t-on, — mais c’est un renseignement à prendre, — apporta un matin à l’Académie un morceau de buis pour répondre au fer. […] Laprade en fut quitte pour son frisson, et l’Académie, où il se passe de pareilles choses, pour sa dignité… [Les Quarante Médaillons de l’Académie (1863).]

85. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre XV. Des ouvrages sur les différentes parties de la Philosophie. » pp. 333-345

Il n’y a point de plus vastes recueils sur toutes les matieres philosophiques que les Mémoires de différentes Académies. Les plus étendus & les plus considérables sont sans contredit ceux de l’Académie Royale des Sciences de Paris, publiés sans interruption depuis l’an 1699. […] Les Mémoires de l’Académie de Prusse, dont M. […] La description des arts, & le détail de leurs procédés & de leurs résultats, occupé dans ces derniers tems l’Académie des sciences. […] Cette science devient immense & le seul recueil des Mémoires des Académies de l’Europe, épuiseroit la fortune d’un homme aisé.

86. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vaugelas. Discours de M. Maurel, Premier avocat général, à l’Audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry. »

La fondation de l’Académie française par Richelieu (1635) ne fut que la reconnaissance publique et, pour ainsi dire, la promulgation officielle de ce besoin des esprits qui réclamait plus ou moins son organe et son Conseil supérieur de perfectionnement en fait d’élocution. […] On a surtout, au centre du beau monde, entre la Cour et la ville, l’hôtel de Rambouillet qui est comme une académie d’honneur, de vertu et de belle galanterie, et qui institue le règne des femmes dans les Lettres ; on a, grâce à Richelieu, l’Académie française qui, sans rien produire ou presque rien en tant que compagnie, prépare sans cesse à huis clos, agit sur ses propres membres et dirige l’attention des lettrés sur les questions de langue et de bonne élocution. […] Vaugelas, en ses dernières années, était donc devenu le grand travailleur, la cheville ouvrière de l’Académie* celui qui tenait la plume pour le Dictionnaire et qui avait la conduite de tout l’ouvrage. […] Ce qu’on sait de positif, c’est qu’aussitôt mort ses créanciers se saisirent de ses papiers et de ses cahiers : il fallut plaider et obtenir un arrêt pour que l’Académie rentrât en possession de son bien. […] Cinquante-sept ans après, en 1704, l’Académie le faisait réimprimer, le considérant comme « un ouvrage né dans son sein, et dont la beauté a été si bien reconnue. » Elle y ajoutait un petit nombre d’Observations pour marquer en peu de mots les changements survenus pendant un demi-siècle et rendre compte de l’usage présent, « règle plus forte que tous les raisonnements de grammaire, et la seule qu’il faut suivre pour bien parler. » L’Académie était encore fidèle en cela à la loi reconnue par Vaugelas, et qui n’est autre que celle d’Horace lui-même : …………………………………………… Si volet usus, Quem penes arbitrium est, et jus, et norma loquendi.

87. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » pp. 48-49

CORNEILLE, [Thomas] Frere de Pierre, de l’Académie Françoise & de celle des Inscriptions, né à Rouen en 1625, mort à Andely en 1709. […] On a dit que le nom de son frere étoit un honneur dangereux pour lui : on doit en convenir ; mais, malgré cela, son frere ne pouvoit être mieux remplacé à l’Académie Françoise. […] L’un étoit un Dictionnaire de rimes, & l’autre un Dictionnaire d’idées & de raisonnemens. » On ignore assez communément qu’on doit à Thomas Corneille d’excellentes Observations sur Vaugelas, un Dictionnaire des Arts, pour servir de supplément au Dictionnaire de l’Académie, & un Dictionnaire universel, géographique & historique, en trois vol.

88. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Académie française — Réception de M. Biot » pp. 306-310

On devait recevoir au sein de l’Académie française M.  […] Lacretelle, mort à près de quatre-vingt-dix ans, et longtemps doyen de l’Académie française. […] Biot, il n’a jamais oublié d’y joindre le côté social, orné, ce soin de culture littéraire, qui faisait de lui depuis si longtemps un membre désigné de l’Académie française. […] Bien vieux, dans sa retraite de Mâçon, séparé à regret de ses confrères de l’Académie, il aimait à correspondre avec eux par lettres ; il suivait leurs travaux, il s’intéressait à tout.

89. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome IV pp. -328

La célèbre académie de la Crusca de Florence, en est un exemple frappant. […] Il n’est point d’académie plus remplie de prétentions. […] Par-là, celui de l’Académie devenoit inutile. […] Les libraires parlèrent ; celui de l’Académie fut allarmé. […] Plusieurs écrivains ont cru remarquer que le public n’avoit pas, en général, la même considération pour l’académie Françoise que pour l’académie des Sciences.

90. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Jules Janin » pp. 137-154

Et peut-être n’eut-il pas d’amour plus grand que celui qu’il eut pour sa traduction d’Horace, si ce n’est son amour fou pour l’Académie. […] Janin, l’homme de lettres qui n’avait vécu que par et pour les lettres, devait avoir l’ambition littéraire d’être de l’Académie. S’il avait été, de hauteur de pensée, supérieur à l’homme de lettres, s’il avait été un critique, il aurait méprisé l’Académie. […] À cet attardé du xviie  siècle, l’Académie française paraissait le palais des lettres. […] Ils furent touchés de cette humilité, ces monstres empaillés dans leur orgueil d’Académie !

91. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXV » pp. 254-255

. — l’académie nous trouverait bien suisses. — un cas de guerre avec l’angleterre. J'oubliais ceci : — La Suisse a été très-largement partagée à la séance de l’Académie française : on a remarqué que le Père Girard tenait, dans le discours de M. […] L'Académie nous trouverait sans doute bien Suisses de parler ainsi.

92. (1767) Salon de 1767 « Dessin. Gravure — Demarteau » p. 335

J’en dis autant de l’ académie du satyre Marsyas d’après Carle Van Loo. […] Il ne me reste plus qu’à vous faire l’histoire de la distribution des prix de cette année, de l’injustice et de la honte de l’académie, et du ressentiment et de la vengeance des élèves ; ce sera pour le feuillet suivant, le seul que je voudrais que l’on publiât et qu’on affichât à la porte de l’académie et dans tous les carrefours, afin qu’un pareil événement n’eût jamais lieu.

93. (1874) Premiers lundis. Tome II « Dupin Aîné. Réception à l’Académie française »

Dupin Aîné Réception à l’Académie française 31 août 1832. […] Cuvier à l’Académie française ; c’était une situation piquante et qui promettait de rompre la monotonie de plus en plus fastidieuse de ces sortes de solennités. […] Dupin a rendu d’abord à l’Académie et à tout l’Institut cette justice que c’était une pairie non héréditaire, une pairie du savoir et du talent, où nul choix du pouvoir, nulle intervention étrangère ne vous portait, et où chaque membre arrivait par le seul et libre suffrage de ses égaux. Ce suffrage libre des égaux auquel il attache, et avec raison, tant de prix, lui a fait dire que les trois honneurs qu’il se glorifiait le plus d’avoir reçus dans sa vie étaient : 1° sa charge de bâtonnier de l’ordre des avocats, après trente ans de profession ; 2° sa mission de député du département qui l’avait vu naître ; 3° sa qualité enfin de membre de l’Académie française.

94. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 430-432

de] Abbé, Vicaire Général de Bordeaux, de l’Académie de Nancy, né en 17.. L’Académie des Inscriptions & Belles-Lettres a couronné deux de ses Ouvrages, dont l’un est l’Histoire philosophique & politique des Loix de Licurgue : l’autre roule sur cette question : Quel fut l’état des personnes en France sous les deux premieres Races, &c.  ? L’Académie Françoise n’a pas jugé à propos de couronner de même son Eloge de Descartes, mais elle l’a fait imprimer.

95. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « GRESSET (Essai biographique sur sa Vie et ses Ouvrages, par M. de Cayrol.) » pp. 79-103

M. de Cayrol a vécu quelque temps en Picardie, il est membre et a été chancelier de l’Académie du département de la Somme ; il n’en a pas fallu davantage pour enflammer chez lui une prédisposition qu’on peut croire préexistante et comme innée. […] Le succès du Méchant ouvrit à Gresset les portes de l’Académie ; il était donc à trente-neuf ans, en 1748, au comble, ce semble, de ses vœux et dans la plénitude de sa carrière, lorsque, sans qu’on vît bien pourquoi, il ressentit soudainement une grande lassitude et ne songea plus qu’à se retirer. […] On le voit en 1749 obtenir des lettres patentes pour faire ériger en académie la Société littéraire d’Amiens ; il s’y disposait un abri commode et un petit sanctuaire à sa convenance. […] Mais l’échec le plus célèbre de Gresset depuis sa retraite fut à l’un de ses retours comme directeur de l’Académie, lorsqu’il reparut en public pour la réception de Suard, en août 1774. […] Je sais bien qu’autre chose est l’entière retraite de la campagne, autre chose la ville de province41, surtout l’Académie de l’endroit ; et Gresset, par le genre de vie anodin qu’il adopta, se soumit à la plus redoutable, à la plus assoupissante des épreuves.

96. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Appendice — II. Sur la traduction de Lucrèce, par M. de Pongerville »

Sainte-Beuve à ces mêmes jeudis d’Académie, le pressait aussi beaucoup, de son côté, de faire un article sur sa traduction de Lucrèce. […] Sainte-Beuve y résista longtemps et toujours, se souvenant bien qu’il en avait écrit un autrefois dans le Globe, à l’occasion même de l’élection de M. de Pongerville à l’Académie française180. […] D’ailleurs il était si modeste avec son humble volume ; il se montrait si docile aux conseils, si assidu auprès des personnes capables ; enfin il demandait si peu, qu’il obtint tout ; les journaux le louèrent à l’unisson ; c’était sans conséquence ; lui s’insinuait toujours, saluant, visitant, offrant son volume ; un jour, il frappa un petit coup à la porte de l’Académie ; on ne répondît pas ; il se dit : Je repasserai ; mit sa carte dans la serrure, et descendit l’escalier en rougissant. […] Or il y a dans l’Académie et hors de l’Académie un parti qui a besoin de se recruter, parce qu’il se meurt ; et qui, en même temps, ne veut que des recrues inoffensives, parce que toute supériorité l’offusque et l’effraye. […] Sainte-Beuve s’y montrait peu favorable aux auteurs qui pouvaient encore à ce moment-là entrer à l’Académie française, rien qu’à la faveur et avec l’unique bagage d’une traduction en vers d’un poète quelconque de l’Antiquité.

97. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — L’abbé d’Aubignac, avec Ménage, Pierre Corneille, Mademoiselle de Scudéri et Richelet. » pp. 217-236

Sa Requête des dictionnaires lui ferma l’entrée de l’académie françoise. […] Elle fit encore des vers agréables, & remporta le premier prix d’éloquence que l’académie françoise ait donné. Elle a vêcu jusqu’à quatre-vingt quinze ans, favorisée de plusieurs graces de la cour, reçue de toutes les académies dont son sexe ne l’excluoit point, considérée des plus beaux génies de l’Europe, avec lesquels elle étoit en commerce de lettres. […] Ceux qui se mettent à la tête de ces sortes d’établissemens, qui travaillent à les ériger en académies, qui sollicitent tous les jours des lettres-patentes, ne prennent pas garde qu’il devroit n’appartenir qu’aux grandes académies d’être dépositaires des lumières & du bon goût. […] Fouquet, son Histoire de l’Académie, & celle de la Conquête de la Franche-Comté.

98. (1824) Notice sur la vie et les écrits de Chamfort pp. -

j’aurai un prix à l’Académie, ma comédie réussira, je me trouverai lancé dans le monde, et accueilli par les grands que je méprise ; ils feront ma fortune sans que je m’en mêle, et je vivrai ensuite en philosophe. » Heureux pressentiment ! […] L’Académie française qui avait couronné l’Épître d’un père à son fils, couronna, en 1769, l’Éloge de Molière, proposé pour sujet du prix d’éloquence. […] L’académie de Marseille avait proposé pour sujet de prix l’Éloge de La Fontaine. […] Admis à l’Académie française, à la place de Sainte-Palaye, il prononça un discours de réception, qui est resté un des morceaux les plus remarquables de ce genre. […] Il avait composé pour Mirabeau le Discours contre les Académies.

99. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal du marquis de Dangeau — II » pp. 18-35

. — Despréaux prit sa place à l’Académie, et lit une fort belle harangue. » Dans un voyage de la Cour, de Chambord à Fontainebleau (octobre 1684), le roi fait en plus d’une étape le trajet de l’une à l’autre résidence : le 12 il couche à Notre-Dame-de-Cléry, le 13 à Pluviers : « Le samedi 14, il arriva à Fontainebleau à sept heures du soir. — On apprit à Chambord la mort du bonhomme Corneille, fameux par ses comédies ; il laisse une place vacante dans l’Académie. » Le bonhomme Corneille ou le grand Corneille, cela revient au même ; Dangeau avait été du jeune monde, et, comme nous dirions, de la jeune école. […] Deux jours après, à Fontainebleau, on apprend la mort de M. de Cordemoy, qui laisse une seconde place vacante dans l’Académie. […] Le soir même le roi dit à Racine, directeur de l’Académie, qu’il approuvait l’élection. » L’Académie française tient ainsi sa place et a son coin dans le journal de Dangeau à côté des chasses, des promenades royales, des loteries et des jeux de Marly, des nouvelles de guerre et d’église ; elle a son importance sociale. […] Cette harangue fut prononcée le 2 janvier 1685 ; et le vendredi 5, à Versailles, on lit dans le journal de Dangeau : Le roi ne fit point les Rois, il soupa en famille à l’ordinaire ; mais, après souper, il fit porter un gâteau chez Mme de Montespan. — Le matin il se fit réciter par Racine la harangue qu’il avait faite à l’Académie le jour de la réception de Bergeret et du jeune Corneille, et les courtisans trouvèrent la harangue aussi belle qu’elle avait été trouvée belle à l’Académie. […] Thomas Corneille succédant à son frère à l’Académie avait dit, en parlant de la conquête de la Franche-Comté : « Louis le Grand a soumis une province entière en huit jours, dans la plus forte rigueur de l’hiver.

100. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires du marquis d’Argenson, ministre sous Louis XV »

On y trouvait les gazettes de France, de Hollande et d’Angleterre ; on y causait des affaires, on y lisait des extraits d’ouvrages ou des mémoires ; c’était un café d’honnêtes gens, comme dit M. d’Argenson ; en d’autres termes, c’était un essai spontané d’une Académie des sciences morales et politiques. […] M. d’Argenson se complaît à nous transmettre les plus menus détails de cette société libre, qu’il compare à cet âge d’or tant regretté de l’Académie française, et dont, sans lui, le secret serait encore ignoré de nous. […] Il fut même compétiteur de ce dernier à l’Académie de Dijon, pour le sujet de l’inégalité des conditions entre les hommes ; il avait déjà été ministre alors, et c’est ainsi qu’il ennoblissait sa disgrâce. Ses dernières années se passèrent dans l’étude, au sein de l’Académie des inscriptions dont il était membre assidu, ou au milieu d’une magnifique bibliothèque, qui, enrichie encore par son fils et depuis acquise au public, est devenue celle de l’Arsenal.

101. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — V » pp. 123-131

Villars au repos ; — à l’Académie. — Une lettre de lui à Voltaire. — Maréchal général, envoyé en Italie. — Sa dernière parole. […] » À l’Académie française, où il allait quelquefois, et le plus souvent qu’il le pouvait, il a laissé d’assez bons souvenirs : « Il paraissait, a dit d’Alembert, s’intéresser à nos exercices, opinait avec autant de goût que de dignité sur les questions qui s’agitaient en sa présence, et finissait toujours par témoigner à la compagnie les regrets les plus obligeants de ce que la multitude de ses autres devoirs ne lui permettait pas de s’acquitter, comme il l’aurait voulu, de celui d’académicien. » Un jour, dans un de ces moments d’effusion comme il en avait volontiers, il demanda à ses chers confrères la permission, ne pouvant être aussi souvent qu’il l’aurait voulu parmi eux, de leur être présent au moins en peinture et de leur envoyer son portrait. […] Toutefois, après réflexion, on ne tarda pas à s’apercevoir qu’il n’y avait alors dans la salle de l’Académie d’autres portraits que ceux des deux ministres14 et des deux rois protecteurs de l’Académie, et celui de la reine Christine. […] M. de Valincour, avec son tact fin, fut le premier à le sentir ; il démêla à travers l’effusion de Villars une certaine adresse peut-être et une intention de gloire, l’ambittion « d’être le seul académicien que la postérité vît représenter à côté de Richelieu et de Louis XIV. » M. de Valincour se réserva donc, le jour où l’Académie reçut le portrait du maréchal, d’offrir pour sa part à la compagnie ceux de Despréaux et de Racine, et, sans faire tort au héros, l’égalité académique, la dignité des Lettres fut maintenue15.

102. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre V. Des orateurs anciens et Modernes. » pp. 223-293

M. de Sacy, Membre de l’Académie françoise & Avocat au Conseil, publia en 1724. en deux vol. […] Ceux que l’Académie Françoise a recueillis en cinq vol. […] Depuis l’établissement de l’Académie Françoise, & à l’exemple de cette illustre Compagnie, on a vu naître en des tems différens dans quelques villes du Royaume d’autres Académies, dont l’un des objets est de cultiver l’éloquence françoise. […] Laissant à part cette question, il faut convenir que les recueils des Académies de Province offrent quelquefois des morceaux dignes de la Capitale. […] Freret, de Bougainville & le Beau, Secrétaires de la même Académie, ont publiés ensuite.

103. (1805) Mélanges littéraires [posth.]

La plupart des nations ont à présent des Académies, sans en excepter la Russie. […] Cette Académie a un directeur et un chancelier, qui se tirent au sort tous les trois mois, et un secrétaire, qui est perpétuel. […] La devise de cette Académie est : À l’immortalité. […] C’est au plus le style de quelques académies de province, dont la multiplication excessive et ridicule est aussi funeste aux progrès du bon goût, que préjudiciable aux vrais intérêts de l’État : depuis Pau jusqu’à Dunkerque, tout sera bientôt académie en France. […] Ceux qu’on prononce dans l’Académie Française sont de la première espèce.

104. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Académie française — Réception de M. de Falloux » pp. 311-316

Dupin en le recevant à l’Académie, vous avez commencé. » Ce qu’on aurait pu dire aussi, c’était l’impression vive et incomparable qu’après des années de labeur, de dégoût et de souffrance, il avait tout d’un coup ressentie à la vue des premiers actes et des premiers soleils du Consulat. […] Sans entrer dans cette déploration tardive et sur laquelle il est permis à un membre de l’Académie française en 1857 de n’avoir point d’avis formel, on ne peut s’empêcher de remarquer que la personne qui eût été le plus à même de répondre aux regrets exprimés par M. de Falloux, et peut-être de les réfuter en les respectant, eût été M. le comte Molé, qui fut des premiers à accepter le régime issu des barricades de juillet, à le servir et à travailler à le constituer et à l’autoriser devant l’Europe, en qualité de ministre. […] Je regretterai toujours, tout en respectant profondément les convictions personnelles de chacun de mes confrères, et en sachant très bien que l’Académie est et doit être un terrain neutre, que, dans ces cérémonies publiques, l’orateur, en restant lui-même, ne parvienne pas à se dégager assez des engagements de société (plus encore que de parti), pour avoir un mot de justice, je ne veux pas dire de reconnaissance, pour le pouvoir tutélaire qui sait d’ailleurs très bien s’en passer. […] Patin pour lecteur) a répondu par un compliment fort agréable, comme on en faisait dans l’ancienne Académie, comme on s’en permet trop peu dans la nouvelle, pas trop long, pas du tout théorique, où la fleur est sans épine, où l’anecdote pique sans arrière-pensée, et où les douceurs toutes bienveillantes ne laissent en rien apercevoir ce que M. 

105. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — Revue littéraire. Victor Hugo. — M. Molé. — Les Guêpes »

La seconde place vacante à l’Académie par la mort de M. l’archevêque de Paris a suscité jusqu’ici peu de compétiteurs : il semble qu’on ait senti qu’une haute décence venait ici se mêler à la littérature et la dominer en quelque sorte, pour restreindre les choix. […] Molé nous paraît offrir en lui véritablement cet heureux ensemble de considération personnelle, de politesse, de bon goût et de bon langage, qui désigne et qui, pour ainsi dire, définit avec une bienséance parfaite un membre de l’Académie française. […] Victor Hugo fut élu pat l’Académie française l’année suivante, le 7 janvier 1841.

106. (1913) La Fontaine « I. sa vie. »

Il y eut une académie à Château-Thierry, c’est-à-dire une compagnie, une réunion de beaux esprits qui lisaient de beaux ouvrages, qui essayaient d’en composer quelques-uns, qui se lisaient réciproquement leurs vers et qui jugeaient les vers d’autrui, etc., enfin une académie. […] En 1682, La Fontaine fut candidat à l’Académie française. […] Il fut repoussé avec assez d’énergie en 1682 ; il y eut une véritable querelle littéraire au sein de l’Académie. […] » Ce ton n’a pas toujours été celui de l’Académie française ; mais il faut constater qu’il l’a été quelquefois. […] L’Académie considérait Boileau comme la moitié de La Fontaine.

107. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « L’abbé Barthélemy. — I. » pp. 186-205

Dans un des exercices publics qui avaient lieu dans la grande salle du collège, voyant entrer M. de La Visclède, secrétaire perpétuel de l’Académie de Marseille, et bien que l’auditoire fût en partie composé des plus jolies femmes de la ville : « Je ne voyais, dit-il, que M. de La Visclède, et mon cœur palpitait en le voyant. » Tel était Barthélemy à quinze ans : âme modérée, affectueuse et fine, esprit vif, curieux, délié, avide de savoir, ne mettant rien au-dessus des belles et nobles études qui se cultivent paisiblement à l’ombre des académies et des musées, on aurait dit que quelque chose de la pénétration et de la douceur des anciens Grecs, de ces premiers colons et civilisateurs de la contrée phocéenne, avait passé jusqu’à lui, et qu’il avait assez goûté de leur miel pour ne plus vouloir s’en sevrer jamais. […] Arrivé à Paris et accueilli, comme je l’ai dit, par M. de Boze, qui se l’associa pour le Cabinet des médailles et le fit entrer à l’Académie des inscriptions, il dut s’assujettir, sous ce maître minutieux, à bien des soins exacts et pleins d’ennui ; mais rien ne rebute de ce qui est dans le sens d’une passion, et Barthélemy avait pour les médailles une passion véritable, quelque chose de ce feu sacré qui s’applique à tant d’objets différents, et qui est bien connu de tous ceux que possède une fois le goût des collections. […] Mais ce Muselli, comme presque tous les savants d’Italie, a grand désir de tenir par quelque lien à l’Académie des inscriptions de France, et Barthélemy prie M. de Caylus de négocier auprès de l’Académie en faveur dudit Muselli pour une place de correspondant, en s’arrangeant toutefois pour qu’on lui renvoie, à lui Barthélemy, la conclusion de l’affaire : Je passerai à Vérone, dit-il ; s’il me cède la médaille, je lui donnerai quelques espérances ; s’il me la refuse, je lui ferai peur de mon opposition à ses désirs ; le tout fort poliment. […] En ces années, Barthélemy justifiait déjà les attentions dont il était l’objet par la manière même dont il traitait quelques points d’érudition devant le public dans les séances solennelles de son Académie. […] Lui, il vivait en sage entre son cabinet de collections, son académie et quelques salons, dont celui de Mme de Choiseul était le centre.

108. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre V. Indices et germes d’un art nouveau — Chapitre III. Retour à l’art antique »

L’Académie des Inscriptions ; le comte de Caylus. […] Ce courant avait sa source dans l’érudition bénédictine, qui nous a donné l’Antiquité figurée du Père Montfaucon : là comme dans les autres matières d’érudition, l’Académie des Inscriptions et Belles-lettres recueillit l’héritage des Bénédictins et se substitua à eux pendant le xviiie  siècle ; en elle fut le centre, d’elle partit la direction de recherches d’érudition critique, philologique, historique, archéologique, auxquelles notre siècle doit tant. […] L’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres entretînt le goût sérieux et l’exacte connaissance de la Grèce et de Rome. […] Il servit de trait d’union entre l’Académie des Inscriptions et celle de Peinture et Sculpture. […] Le comte de Caylus (1692-1765), voyagea en Italie et en Orient, entra en 1731 à l’Académie royale de Peinture et de sculpture ; en 1712, à l’Académie des Inscriptions, publia de 1752 à 1767 son Recueil d’antiquités égyptiennes, étrusques, grecques, romaines et gauloises, 7 vol. in-4. — A consulter : S.

109. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » pp. 69-73

COUTURE, [Jean-Baptiste] Professeur d’Eloquence au Collége Royal, de l’Académie des Inscriptions & Belles-Lettres, né dans le Diocese de Bayeux en 1651, mort en 1728. Les Mémoires de l’Académie dont il étoit Membre, contiennent plusieurs de ses Dissertations sur divers sujets qui ont rapport à la vie privée des Romains. […] Une preuve certaine que nous dégénérons en tout, c’est qu’on remarque, en lisant les Mémoires de cette Académie, que plus on s’éloigne des temps de sa fondation, plus les Dissertations deviennent foibles, maigres, stériles ; cependant, en matiere d’érudition, le progrès du temps doit augmenter les richesses : tout dépend de savoir les recueillir, les digérer, & les mettre en œuvre.

110. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » pp. 56-59

COSTER, [Joseph-François] Avocat en Parlement, premier Commis des Finances, de l’Académie de Nanci & de celle de Lyon, né à Nanci en 1729. […] Dans celui qui a pour titre la Lorraine commerçante, couronné en 1759 par l’Académie de Nanci, il développe, avec autant de précision que de clarté, ce que la Patrie doit au Commerce, & ce que le Commerce peut pour la Patrie. […] L’Eloge de Colbert, du même Auteur, sujet proposé par l’Académie Francoise, obtint le premier Accessit, au jugement de cette Société ; ce qui ne seroit pas une preuve de son mérite, s’il n’étoit même supérieur à celui de Charles III.

111. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 285-289

Ils lui mériterent une place à l’Académie Della Crusca. Il en auroit obtenu une à l’Académie Françoise, sans sa Requête des Dictionnaires, Production satirique & ingénieuse, qui l’éloigna pour toujours de ce Corps ; ce qui fit dire à un des Membres*, qu’on auroit dû, d’après cette Piece, le condamner à en être, comme on condamne un homme à épouser une fille qu’il a déshonorée. […] Habert, sieur de Montmor, Maître des Requêtes, reçu à l’Académie Françoise en 1635, mort en 1679.

112. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — I. » pp. 343-360

Sylvain Bailly descendait d’une famille d’artistes et de peintres, originaire du Berry, et où l’on était de père en fils garde des tableaux du roi, au Louvre ; lui-même il eut ce titre, qui se joignait à ceux de membre de trois académies. […] Membre de l’Académie des sciences depuis 1763, il aspirait à en devenir le secrétaire. […] Savant déjà illustré dans la haute carrière, on le voit concourir en 1767 et en 1769 pour les Éloges de Charles V et de Molière, proposés par l’Académie française, et obtenir un accessit et une mention ; en 1768, il concourut pour l’Éloge de Pierre Corneille à l’Académie de Rouen et obtint également un accessit. Dans le volume où sont renfermés plusieurs morceaux de ce genre, je ne trouve de vraiment digne de lui que la notice sur l’abbé de La Caille, juste tribut du disciple envers un maître, et l’Éloge de Leibniz, couronné par l’Académie de Berlin en 1768 : il y explique avec étendue et facilité ce génie universel et souverainement conciliateur de Leibniz, le moins ressemblant de tous (dans ces hauteurs) à celui de Pascal, lequel au contraire se plaît à opposer en tout point les deux rivages, à les tailler à pic, et à creuser l’abîme qui les sépare. […] Mais en même temps on voit que dans les séances publiques des diverses académies où il avait à parler, que ce fut à l’Académie des inscriptions ou dans celle des sciences, et même quand il s’agissait de la chronologie des Indiens, ses discours écrits et prononcés avec grâce se faisaient écouter avec plaisir.

113. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre I. Les origines du dix-huitième siècle — Chapitre II. Précurseurs et initiateurs du xviiie  siècle »

Mais Fontenelle trouva sa vraie voie lorsqu’il composa ses Entretiens sur la pluralité des Mondes (1686), puis lorsque, ayant été nommé secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences (1697), il écrivit l’Histoire de l’Académie et les Éloges des Académiciens : il entra alors tout à fait dans son rôle, qui était d’être le maître de philosophie des gens du monde, d’introduire la science dans la conversation des femmes. […] Seul à l’Académie, il vota contre l’exclusion de l’abbé de Saint-Pierre, contre cette mesure d’hypocrite servilité. […] Biographie : Bernard Le Bovier, sieur de Fontenelle, « membre de l’Académie française, de celle des Inscriptions et Belles-Lettres, membre de la Société royale de Londres et de l’Académie de Berlin », naquit à Rouen en 1657.

114. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Le président Hénault. Ses Mémoires écrits par lui-même, recueillis et mis en ordre par son arrière-neveu M. le baron de Vigan. » pp. 215-235

Devenu magistrat sans en avoir l’air, reçu président au Parlement avec dispense d’âge (1706), il ne concourait pas moins pour les prix de l’Académie française, faisait des tragédies, qui tombaient comme déraison (c’est Collé qui le dit), mais sous un autre nom que le sien, des chansons, au contraire, qui avaient la vogue, et il prenait pied partout dans la meilleure société, et bientôt même en Cour. […] Du reste, ses vers sont dans le genre de ceux de Fontenelle : ils sont doux et spirituels ; sa prose est coulante et facile ; son éloquence n’est point mâle ni dans le grand genre, quoiqu’il ait remporté des prix à l’Académie française, il y a déjà plus de trente ans. […] Les recueils de l’Académie française nous ont conservé le discours par lequel le président débuta dans les lettres proprement dites. […] Il fut reçu à l’Académie française cette même année (1723), et il y succéda au cardinal Dubois. […] Jouvriges, depuis grand chancelier, est secrétaire perpétuel de l’Académie, et M. 

115. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre II : La littérature du xviie  siècle »

Nisard, par deux grandes autorités, Louis XIV et l’Académie française, et par deux grands écrivains, Boileau et Bossuet. […] C’est encore un excès du même genre que je trouve dans ce jugement de l’auteur sur l’Académie française. […] Jusqu’au moment où l’Académie s’est trouvée remplie par les hommes de génie du siècle, par ceux-là mêmes qui ont fait les chefs-d’œuvre qu’elle aurait précédés, jusque-là, dis-je, l’Académie me paraît avoir eu bien peu d’influence sur les œuvres littéraires. […] Les mauvais auteurs contre lesquels écrivait Boileau étaient de l’Académie française. […] La discipline représentée par l’Académie était ennuyeuse, médiocre et sans goût ; la raison représentée par Boileau était alors une indiscipline.

116. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 467-471

PATRU, [Olivier] Avocat au Parlement de Paris, de l’Académie Françoise, né à Paris en 1604, mort dans la même ville en 1681. Pourquoi cet Auteur, qui a joui d’une si grande réputation pendant sa vie ; que Vaugelas consultoit comme l’oracle de la Langue Françoise ; à qui Despréaux & Racine s’empressoient de lire leurs Ouvrages, comme à un juge plein de lumieres & de goût ; pour qui l’Académie avoit une déférence qui tenoit du respect ; qu’on regardoit au Barreau, comme un des Orateurs les plus éloquens ; pourquoi est-il aujourd’hui totalement oublié ? […] Patru est le premier qui ait donné l’exemple à l’Académie Françoise de composer des Discours de remercîment.

117. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre II. La Nationalisation de la Littérature (1610-1722) » pp. 107-277

À vrai dire, la réorganisation ou le renouvellement de l’Académie des sciences, en 1699, est une date presque aussi importante, dans l’histoire de l’esprit français, que celle de la fondation de l’Académie française, en 1635, et non moins significative. […] Pellisson, Histoire de l’Académie] ; — l’Académie des derniers Valois [Cf. sous ce titre le livre de M.  […] Fabre, Chapelain et nos deux premières Académies, Paris, 1890.] […] I]. — Premiers travaux de l’Académie ; — services généraux rendus par l’Académie française ; — et dans quel sens on peut dire qu’elle a vraiment fixé la langue. […] Bertrand, L’Académie des sciences de 1666 à 1793, Paris, 1869.

118. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 293-297

Solignac, [Pierre-Joseph de la Pimpie, Chevalier de] Secrétaire perpétuel de l'Académie de Nancy, Correspondant de celle des Inscriptions & Belles-Lettres de Paris, Membre de celles de la Rochelle, de Montpellier, de Rome, de Berlin, de Lyon, &c. né à Montpellier en 1687, mort à Nancy en 1773. La maniere dont il a composé les Eloges de quelques Membres de l'Académie qui l'avoit choisi pour son Secrétaire, & à l'établissement de laquelle il avoit eu beaucoup de part, obtiendra ceux de quiconque les lira comme Philosophe & comme Littérateur. […] Outre l'Eloge de M. le Chevalier de Solignac, M. l'Abbé Ferlet a publié d'autres Discours, qui lui donnent le droit de figurer parmi les Littérateurs de nos jours qui ont cultivé l'Eloquence avec une sorte de distinction : tel est celui où il examine le bien & le mal que le commerce des femmes a faits à la Littérature, & qui a mérité le prix de l'Académie de Nancy ; tel est encore son Discours sur l'abus de la Philosophie par rapport à la Littérature, Ouvrage dont l'élocution se ressent un peu de la jeunesse de l'Auteur, mais dont les vûes & les principes annoncent un esprit vraiment éclairé & capable d'éclairer les autres.

119. (1830) Cours de philosophie positive : première et deuxième leçons « Avertissement de l’auteur »

Alexandre de Humboldt, de Blainville, et Poinsot, membres de l’Académie des sciences, qui voulurent bien suivre avec un intérêt soutenu l’exposition de mes idées. […] Fourier, secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences, MM. de Blainville, Poinsot, Navier, membres de la même Académie, MM. les professeurs Broussais, Esquirol, Binet, etc., auxquels je dois ici témoigner publiquement ma reconnaissance pour la manière dont ils ont accueilli cette nouvelle tentative philosophique.

120. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Amédée Pommier »

Cette comédie s’appelait Monsieur Orgon, et c’était Pommier qui devait y faire claquer le fouet du vers… C’est le classique encore, qui, dès sa jeunesse, avait, comme en se jouant, remporté plusieurs prix à l’Académie· Mais le romantique, qui n’a jamais défailli en Pommier, les eût bientôt méprisés. […] Amédée Pommier, ce redoutable classique, bâti par l’instinct et l’étude pour tous les travaux d’Académie, aurait pu aisément, s’il l’avait voulu, se constituer, comme La Harpe, une rente perpétuelle de ces prix, qu’il eût relevés par son talent de l’abaissement dans lequel ils sont depuis longtemps tombés ; car ils sont tombés jusque dans des jupes !! Mais l’Académie était devenue promptement pour lui un anachronisme d’institution, sans signification et sans portée, et ce n’est pas lui qui eût jamais, comme, hélas ! bien d’autres, et en particulier ce Hugo, qu’il appelait « son empereur », amené bassement le pavillon romantique devant l’Académie, cette carcasse pourrie de vaisseau vide. […] Ce poète, qui n’avait dans le rythme de rival que Théophile Gautier, et qui, comme âme poétique et comme inspiration, valait bien davantage, Amédée Pommier, qui n’a jamais su faire de visites pour l’Académie, n’en a jamais su faire non plus à la Critique et n’a demandé dix lignes d’article à personne.

121. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Delille »

A l’Académie, dans nos séances intérieures, quand on lit et qu’on discute le Dictionnaire historique de la Langue, s’il arrive à M.  […] Et qui, dans l’Académie, prend donc la défense de Delille ? […] S’il paraissait à l’Académie pour y réciter quelque morceau ; si, au Collège de France où M.  […] A l’Académie, dans nos séances intérieures, quand on lit et qu’on discute le Dictionnaire historique de la Langue, s’il arrive à M.  […] Et qui, dans l’Académie, prend donc la défense de Delille ?

122. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LI » pp. 198-202

élections de mérimée et de sainte-beuve a l’académie. — le constitutionnel vendu a véron. — le comte alexis de saint-priest. — le carême. — m. de ravignan. — m. lebrun. — le juif errant. Rien de bien nouveau dans ce mois ; on parlait très-vivement, lors de notre dernière chronique, des élections à faire à l’Académie. […] — Il y a eu une petite révolution dans le journal même (le Constitutionnel) ; le vieux parti des Jay, des Étienne, battu à l’Académie, a été de plus évincé de ce journal où il régnait et trônait de temps immémorial.

123. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite et fin.) »

Et puis, n’oublions pas que c’est à l’Académie des sciences morales et politiques que M. de Talleyrand, à son retour en Europe et rentrant en scène, avait voulu débuter en l’an V par des mémoires fort appréciés : c’est par cette même Académie que, quarante ans après, il voulait finir. […] Les étrangers sont admis aux séances de cette Académie, et cette fois il y avait autant de monde que la salle en pouvait tenir ; pas de femmes, mais des personnages d’élite, principalement politiques ; M.  […] Le bureau de l’Académie se composait de MM.  […] Quand l’huissier annonça « le prince » (car il était prince, même à l’Académie), ce fut une grande attente. […] Mignet à l’Académie des sciences morales payèrent leur tribut.

124. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « VICTORIN FABRE (Œuvres publiées par M. J. Sabbatier. Tome Ier, 1845. » pp. 154-168

Victorin Fabre, battu dans le concours de 1812, et perdant la belle génisse, c’est-à-dire le prix de l’Académie, ne fit pas autrement que le vaincu de Virgile, et sortit de l’arène avec la rancune superbe du taureau blessé ; mais il ne revint pas avec la même allure, et à le voir reparaître, quelques années après, tout ralenti et tout empesé, on put lui appliquer ce vers assez imitatif d’un moderne : Taurus abit mœrens e regnis : ecce redit bos. […] Lycée, Jeux Floraux, Académie, il brillait partout ; il cumulait, comme cet héroïque lutteur, le laurier de Delphes, le chêne de Pergame et le pin de Corinthe ; il aurait volontiers laissé écrire au-dessous de sa statue : « Ceci est la belle image du beau Milon, qui sept fois vainquit à Pise, sans avoir, une seule fois, touché la terre du genou. » Or, le jour où son genou fléchit en effet, le jour où la palme (style du genre) lui échappa et où il fut évincé par un plus heureux, il ne sut plus se consoler, il resta dépaysé longtemps, l’esprit tendu, avec tout un attirail oratoire qui ne sert que dans ces sortes de joûtes, et qui, en se prolongeant, doit nuire au libre développement des forces naturelles. […] J’ai eu l’honneur de connaître un très-vieux littérateur, le chevalier de Langeac, qui, dans sa première jeunesse, avait remporté un prix à l’Académie vers 1770 ou 1769, un prix en concurrence avec La Harpe et de préférence à lui (quel honneur !)  […] Victorin qui, je l’ai dit, resta toute sa vie sur cet échec de 1812, l’expliquait en racontant, comme une chose d’hier, que, s’il n’avait pas eu le prix, c’est qu’on voulait alors que l’Université eût son tour dans les succès de l’Académie ; ce qui signifie, en d’autres termes, que Fontanes se prononça contre lui. […] Après une leçon à l’Athénée peu applaudie, on se voit déjà comme Caton après Pharsale ; et, si l’on vient à manquer l’Académie, on se dit que c’est qu’on est un des vaincus de Waterloo.

125. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Réception de M. Vitet à l’Académie française. »

Vitet à l’Académie française. […] C’était là une difficulté de plus dans la disposition d’un public en éveil, qui n’aime rien tant qu’à voir la politesse relevée de malice, et qui s’accoutumerait volontiers à en aller chercher des exemples à l’Académie, sauf à doubler la dose et à faire l’étonné en sortant245. […] Au discours du récipiendaire, l’un des plus élevés et des plus généreux qu’on ait entendus, M. le comte Molé a répondu, au nom de l’Académie, avec le goût qu’on lui connaît. […] Molé ne trouverait à y opposer, a-t-il dit, que le « for intérieur du promeneur pensif et solitaire, auquel notre vie, notre civilisation active et compliquée fait chercher, avant tout, le calme, le silence et la fraîcheur. » Analysant avec détail le beau travail sur Lesueur et sur les révolutions de l’art, insistant sur l’accord mémorable avec lequel ces trois jeunes gens, Poussin, Champagne et Lesueur, se dégagèrent du factice des écoles et vinrent retremper l’art dans le sentiment intérieur et dans la nature, le directeur de l’Académie a fait entendre de nobles et bien justes paroles : « Constatons-le, a-t-il dit, ces trois hommes étaient de mœurs pures, d’une âme élevée ; tout en eux était d’accord. […] On m’excusera du moins si j’y ai trouvé un texte naturel à l’occasion d’une séance littéraire aussi judicieuse, aussi régulièrement belle, et des plus honorables pour l’Académie.

126. (1760) Réflexions sur la poésie

Réflexions sur la poésie, écrites à l’occasion des pièces que l’Académie française a reçues en 1760 pour le concours On voit tous les jours des gens d’esprit, et même des gens de goût, qui ayant été dans leur jeunesse enthousiastes de la poésie, et ayant fait leurs délices de cette lecture, s’en dégoûtent en vieillissant, et avouent franchement qu’ils ne peuvent plus lire de vers. […] Cette manière de penser, si j’ose rendre compte ici de la disposition unanime de mes confrères, dirigera dans la suite plus que jamais le jugement de l’Académie Française sur les pièces de poésie qu’on lui adresse pour le concours. Tant qu’elle a proposé et fixé les sujets de ces pièces, si elle a eu quelque chose à se reprocher dans ses décisions, ce n’est pas d’avoir usé d’une rigueur excessive ; elle a quelquefois encouragé le germe du talent, plutôt que le talent même ; et le bas peuple des critiques, qui se plaît à déchirer lourdement les ouvrages couronnés, et qui ne remporterait pas même le prix de la satyre s’il y en avait un, doit être persuadé, sans craindre d’avoir trop bonne opinion de l’académie, qu’elle a pu donner le prix à certaines pièces, et les croire en même temps fort éloignées de la perfection. […] Ce n’est pas que l’académie n’ait remarqué du talent, et même des étincelles de génie, dans quelques-unes des pièces qu’elle a reçues ; mais ce n’est point à quelques vers détachés, et flottant pour ainsi dire au hasard, c’est à l’ensemble d’un ouvrage qu’elle accorde le prix. […] Il en est même de plus mécontents, qui n’attendent que le jour de leur arrêt pour lancer contre l’académie quelque épigramme qu’elle ignore ; ils se font d’ailleurs célébrer par des journalistes, car il y en a qu’on fait taire et parler comme on veut ; et si leur amour-propre n’est pas satisfait, il croit du moins être bien vengé.

127. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXV. Mme Clarisse Bader »

Elle n’est guère connue que de l’Académie, qui lui a mis sa palme jaunâtre… L’Académie, cette Compagnie de vieillards qui aiment les femmes et qui les couronnent, ne pouvant faire mieux… ou pis, a décerné déjà deux prix à Mlle Clarisse Bader ; mais, en les lui donnant, l’Académie, qui est pour tant de lauréats et surtout tant de lauréates, une succursale du bureau de bienfaisance, n’a nullement fait une aumône à Mme Bader, courageuse fille, qui a bien et dûment gagné ses prix à la sueur de son front… et du nôtre ; car elle n’est pas très facile et très voluptueuse à lire, Mlle Clarisse Bader. […] Évidemment, en effet, c’est par l’Académie que Mlle Bader a compté faire ou du moins commencer sa fortune d’écrivain. […] Cette bonne piocheuse d’Académie qui pourrait recommencer de traduire l’Iliade ; cette Dacier, à plusieurs pans, qui pourrait aussi traduire les Védas, ou le Talmud, ou les Poëmes scandinaves, ou tout autre livre de provenance étrangère et lointaine, est une de ces polyglottes dont Rivarol disait qu’elles ont quatre mots contre une idée… J’aimerais mieux l’idée !

128. (1890) Nouvelles questions de critique

Cependant les autres Académies, — l’Académie des sciences, l’Académie des inscriptions, — publiaient des Comptes Rendus, des volumes entiers de toute sorte de Mémoires. […] Otez-le lui, confiez-le à l’Académie des Inscriptions ; celle-ci le mènera plus loin en vingt ans que l’académie française en plus d’un siècle. […] L’Académie française, au surplus, n’en voudra-t-elle pas convenir elle-même ? […] Que fera cependant l’Académie française ? […] C’est ce que l’Académie des inscriptions n’est pas faite pour décider.

129. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Vicq d’Azyr. — II. (Fin.) » pp. 296-311

Saint-Lambert, directeur de l’Académie, recevait Vicq d’Azyr et lui répondait ; l’abbé Delille couronnait la séance par la lecture de deux morceaux de son poème de L’Imagination. […] L’Académie française, comme toutes les sociétés savantes, était menacée d’une prochaine suppression. À la fin de juin 1793, l’abbé Morellet avait été fait directeur, et Vicq d’Azyr chancelier ; ils furent les derniers officiers de l’ancienne Académie, qui se vit bientôt après supprimée, par décret du 8 août. […] Dubois (d’Amiens), secrétaire perpétuel de l’Académie de médecine, l’un des successeurs de Vicq d’Azyr et conservateur actuel de ses papiers. […] J’ose recommander cette idée au secrétaire perpétuel de l’Académie de médecine, qui a déjà rendu un semblable hommage à Pariset.

130. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Questions d’art et de morale, par M. Victor de Laprade » pp. 3-21

Victor de Laprade De l’Académie française1. […] Aussi l’Académie a-t-elle distingué d’assez bonne heure M. de Laprade. […] Mais ce furent bientôt ses Symphonies qui obtinrent les plus éclatants éloges que l’Académie ait jamais décernés à un poète non inscrit encore parmi ses membres (1856). […] L’Académie française n’avait pas d’œuvre à opposer, qu’elle estimât elle-même à la hauteur de la récompense ; car il ne pouvait tomber dans l’esprit de personne que les Symphonies de M. de Laprade pussent y atteindre ou y aspirer. […] Après de tels éloges, décernés solennellement, et qui ressemblaient à des avances marquées, il n’y avait plus pour l’Académie qu’à élire M. de Laprade à la première vacance : elle n’y manqua pas, et la mort d’Alfred de Musset fournit une triste et prochaine occasion, avec l’à-propos du contraste.

131. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Appendice. — Notice sur M. G. Duplessis. » pp. 516-517

Gratet-Duplessis, ancien recteur de l’académie de Douai. […] Proviseur au collège d’Angers, inspecteur de l’académie de Caen, puis deux fois recteur de l’académie de Douai, et, dans l’intervalle, recteur de celle de Lyon, il fut mis à la retraite sur sa demande en 1842.

132. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XVII » pp. 193-197

Il étend ses largesses sur les savants étrangers ; il établit l’Académie des inscriptions et belles lettres, l’Académie de sculpture et de peinture ; il fonde le Cabinet des médailles. […] En 1665, on commence la façade du Louvre ; en 1666, s’élève l’Académie des sciences.

133. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Mézeray. — II. (Fin.) » pp. 213-233

» Mézeray était de l’Académie française dès 1648 : il y avait succédé à Voiture, bel et galant esprit de cour, du genre le plus opposé au sien. […] Comme Patru, comme Maucroix et quelques camarades de cette date qui sont en dehors de l’Académie, Mézeray ne se transforme point : il continue d’appartenir à cette génération libre et familière d’avant Louis XIV. […] À l’Académie, Mézeray se remarque de loin en quelques occasions. […]  » On demanda la suppression de cet étrange axiome plus digne d’une Chambre royale de justice que de l’Académie. […] On sait encore qu’il se piquait de mettre une boule noire à chaque élection nouvelle ; quel que fût le candidat, il votait contre invariablement : « C’était, disait-il, pour prouver à la postérité par cette marque qu’il y avait liberté à l’Académie dans les élections. » Ennemi de tout ce qui était étiquette et cérémonie, il se moquait, ainsi que Patru, de voir la compagnie y mettre tant d’importance et se rattacher à tout propos par des compliments et des députations aux événements de la Cour ; tous deux, dans leur sans-façon, ils avaient donné à l’Académie les épithètes de délibérante, de dépistante et remerciante.

134. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — II. (Suite.) » pp. 434-453

Daru à l’Académie française, en présence de M. de Lamartine qui succédait à ce dernier, et qui, en le louant noblement, ne l’avait peut-être apprécié qu’à demi, M.  […] On appelait cela l’âge d’or de l’Académie ; il y eut de même l’âge d’or des déjeuners dominicaux, et qui passa vite. […] Il était candidat pour l’Académie quand ce prompt avancement eut lieu dans sa fortune, et cela ne l’empêcha point d’y être nommé. […] Dans les années suivantes, les lettres de ses amis de l’Académie, ou de ceux qui n’étaient encore que de la réunion des dimanches, allaient chercher M.  […] Il désira que l’Académie française (la classe de l’Institut qui y répondait) fît un examen particulier du livre, énonçât à ce sujet une opinion motivée, et M. 

135. (1933) De mon temps…

L’occasion en fut ma candidature à l’Académie, au fauteuil laissé vacant par la mort d’André Theuriet. […] A partir de mon entrée à l’Académie, j’entretins les meilleurs rapports avec mon nouveau confrère. […] Ma qualité de représentant de l’Académie française me valut de prendre place aux côtés de Sa Majesté la Reine Elisabeth. […] Il m’est arrivé de le rencontrer le soir de son élection à l’Académie des Beaux-arts. […] Il m’a été donné quatre fois l’occasion, en séance publique, de prendre place au bureau comme directeur de l’Académie.

136. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Bruyère »

Dans son discours à l’Académie, La Bruyère lui-même les a énumérés en face ; il les avait passés en revue dans ses veilles bien des fois auparavant. […] Le premier morceau en date est celui de l’abbé D’Olivet dans son Histoire de l’Académie. […] La réception de La Bruyère à l’Académie donna lieu à des querelles, dont lui-même nous a entretenus dans la préface de son Discours et qui laissent à désirer quelques explications149. […] Benserade, à qui le signalement de Théobalde sied assez, était mort ; était-ce Boursault qui, sans appartenir à l’Académie, avait pu se coaliser avec quelques-uns du dedans ? […] Il paraît qu’une première fois, en 1691, et sans le solliciter, La Bruyère avait obtenu sept voix pour l’Académie par le bon office de Bussy, dont ainsi la chatouilleuse prudence (il est permis de le croire) prenait les devants et se mettait en mesure avec l’auteur des Caractères.

137. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Chamfort. » pp. 539-566

Tandis qu’il travaillait obscurément et incognito à quelque journal, il préparait une petite comédie en vers, et songeait au concours de l’Académie française. […] Il a un prix à l’Académie pour une épître en vers, fade et facile, Épître d’un père à son fils sur la naissance d’un petit-fils (1764) ; il remporte un autre prix à l’Académie pour l’Éloge de Molière (1769). C’est à l’Académie de Marseille qu’il adressa plus tard son Éloge de La Fontaine (1774), et, en se voyant couronné, il se donnait le plaisir de faire une malice à La Harpe, pour qui M.  […] C’était pour Mirabeau que Chamfort avait composé le discours contre les Académies, qui devait être prononcé par le grand orateur à l’Assemblée. […] Un homme qui, comme lui, avait débuté par des prix d’académie, qui en avait fait sa carrière, qui avait toujours eu l’Académie en vue, qui avait mis en jeu tous ses amis, même ses amis de cour, jusqu’à ce qu’il y eût été admis, cet homme devait être le dernier à prendre la plume pour dénoncer publiquement les abus et pour solliciter la destruction du corps dont il était membre.

138. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Les nièces de Mazarin et son dernier petit-neveu le duc de Nivernais. Les Nièces de Mazarin, études de mœurs et de caractères au xviie  siècle, par Amédée Renée, 2e éd. revue et augmentée de documents inédits. Paris, Firmin Didot, 1856. » pp. 376-411

Dupin, qui prononça son éloge aussi, dans une séance de l’Académie du 21 janvier 1840. […] Pendant son absence, et tandis qu’il était encore sous les drapeaux, l’Académie française l’avait nommé à l’âge de vingt-sept ans pour remplacer le grand orateur Massillon. […] Qu’avait fait à cet âge M. de Nivernais pour être choisi par l’Académie française avec cette sorte de concert et d’acclamation ? […] L’Académie occupait fort agréablement le duc de Nivernais, et, on vient de le voir, il en était mieux qu’une décoration. […] Dans les dernières années de l’ancienne Académie, il eut à recevoir successivement Condorcet, l’abbé Maury, M. 

139. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Académie française — Réception de M. Émile Augier » pp. 317-321

Le public, très attentif pendant cette première partie du discours, attendait cependant la seconde, celle où le directeur de l’Académie devait analyser et apprécier les œuvres de son jeune et nouveau confrère. […] On a ri à ce qu’il a dit de la collaboration à deux ; on a trouvé piquantes et justes les objections qu’il a faites à une théorie contraire ingénieusement exposée devant l’Académie il y a peu d’années55. […] L’Académie se devait à elle-même non moins qu’à l’empereur de ne pas laisser passer un tel acte infernal sans qu’on distinguât sa parole d’indignation entre toutes celles qui s’élèvent.

140. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre V. Histoire littéraire. » pp. 212-219

Pour un tel ouvrage, il faudroit réunir les plus illustres Membres de l’Académie des sciences & belles-lettres. […] Les éloges qu’on prononce dans les différentes Académies, à la mort de chaque Académicien, sont de bons matériaux pour l’histoire littéraire, pourvu qu’on réduise certaines louanges à leur juste valeur. […] Cet ouvrage contient la liste des Académies établies à Paris & dans les différentes villes du Royaume, & celle des auteurs vivans & des écrivains morts depuis 1751.

141. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Malherbe et son école. Mémoire sur la vie de Malherbe et sur ses œuvres par M. de Gournay, de l’Académie de Caen (1852.) » pp. 67-87

Mémoire sur la vie de Malherbe et sur ses œuvres par M. de Gournay, de l’Académie de Caen (1852.) […] Le recueil des Mémoires de l’Académie de Caen en particulier est rempli de recherches sur nos vieux poètes dont un si grand nombre sont normands. […] Bel esprit né pour l’Académie, et l’un des premiers sur la liste lors de la fondation, il ne put guère jouir des avantages que procurait cette naissante et déjà illustre compagnie. […] [NdA] La harangue de remerciement que Racan adressa à l’Académie française pour sa réception est du 9 juillet 1635 ; si la date qui résulte des lettres manuscrites de Chapelain est exacte, il s’ensuit qu’il faisait partie de la compagnie et qu’il assistait aux séances dès l’année précédente. — Et en effet, on voit dans l’Histoire de l’Académie de Pellisson, qu’il y eut, à partir de janvier 1635, une suite de discours, un chaque semaine, jusqu’au nombre de vingt, prononcés par les académiciens, chacun à son tour, selon l’ordre indiqué par le sort. […] Étant absent, il l’envoya de Touraine à l’Académie ; la lecture en fut faite par M. de Serizay.

142. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Notice historique sur M. Raynouard, par M. Walckenaer. » pp. 1-22

Mignet, son successeur à l’Académie française, par M.  […] Bernardin de Saint-Pierre prêtait étrangement du sien à l’auteur, lorsque, le recevant quelques années après à l’Académie, il disait de ce Socrate dans le temple d’Aglaure : « C’est un tableau ordonné comme ceux du Poussin !  […] Dans son discours de réception à l’Académie française (24 novembre 1807), on le voit essayer sa théorie. […] Ce discours de réception à l’Académie présente un éloge de Napoléon, qui n’est à relever que parce que, plus tard, Raynouard se trouva un jour en opposition et en conflit direct avec lui. […] disait-il avec regret, si j’avais pu travailler après le dîner, j’aurais fait des encyclopédies. » Il s’était démit en 1829 de ses fonctions de secrétaire perpétuel de l’Académie française, soit pour vaquer plus entièrement à ses études, soit pour quelque autre motif qu’il ne disait pas.

143. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Œuvres de François Arago. Tome I, 1854. » pp. 1-18

Arago vient de paraître : il contient, après une introduction de M. de Humboldt, une centaine de pages intitulées Histoire de ma jeunesse, qui sont des mémoires assez détaillés jusqu’à l’âge de vingt-cinq ans, et une suite de notices biographiques que l’auteur eut à prononcer comme secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences : la série de ces notices ne remplira pas moins de trois volumes. […] L’astronome Lalande venait de mourir : l’Académie des sciences élut Arago pour le remplacer, le 18 septembre 1809, à la majorité de quarante-sept voix sur cinquante-deux. […] Professeur dès 1809 à l’École polytechnique, membre jeune, ardent, influent, de l’Académie des sciences dont Laplace l’avait surnommé le grand électeur, Arago, sauf les distractions passionnées inévitables à sa nature, suivit durant vingt ans la carrière scientifique pure et simple. […] Cette nouvelle espèce de direction donnée à sa carrière, et que je n’ai ni le droit ni la pensée d’appeler une dispersion, devint pour lui un devoir selon ses goûts lorsqu’il eut été nommé secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences en remplacement de Fourier, le 16 juin 1830. […] Condorcet le premier sentit qu’il était temps d’exposer les vrais titres des hommes éminents dont l’Académie des sciences s’était honorée ; mais, malgré le mérite de quelques-uns de ses éloges, il ne sut point offrir de parfaits modèles de ce genre nouveau.

144. (1892) Boileau « Chapitre III. La critique de Boileau. La polémique des « Satires » » pp. 73-88

Dans la Satire I paraissaient Colletet, Montmaur, Saint-Amant, et puis, reconnaissable sous le masque, P***, c’est-à-dire l’oracle de l’Hôtel de Rambouillet et de l’Académie, le conseiller littéraire de Richelieu et de Colbert, l’illustre Monsieur Chapelain. […] Sur les douze ou treize poètes et romanciers qui représentaient proprement la littérature à l’Académie française, l’imprudente satire respectait Corneille, parce que c’était Corneille, Racan, disciple de Malherbe, Gombauld, un maître artisan du sonnet ; elle faisait grâce à Godeau, évêque, à Bois-Robert, mourant, à Gomberville, qui faisait pénitence à Port-Royal de ses romans. […] Tous ceux qui aidèrent à faire connaître ou aimer les anciens, à dégager la formule où l’imitation docile et le libre examen se concilient dans le large culte de la vérité, Ronsard et Scaliger avant Malherbe et Balzac, Corneille comme Pascal, mais aussi l’Académie, mais même le monde précieux, et ses poètes si doctement guindés ou si délicatement faux : tous, avec plus ou moins de conscience, par des voies plus droites ou plus détournées, amènent insensiblement notre littérature au point où Boileau la prend pour la dresser d’un coup dans la pureté de son type. […] Chapelain, surtout, a contribué à fixer deux des traits essentiels de la physionomie du xviie  siècle littéraire ; il a converti Richelieu aux unités dramatiques ; et il a décidé du rôle de l’Académie en lui assignant le travail du Dictionnaire. […] Il a rédigé, malgré lui, les Sentiments de l’Académie sur le Cid, mesquine critique d’un chef-d’œuvre.

145. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre XVIII. Des Livres sur l’Art Militaire & sur les sciences qui y ont rapport. » pp. 370-378

Machines & inventions approuvées par l’Académie Royale des Sciences, à Paris 1735., six vol. in-4°., qui sont suite avec les Mémoires de cette Académie illustre. […] Le Cours d’Architecture, enseigné dans l’Académie Royale d’Architecture, par M.

146. (1830) Cours de philosophie positive : première et deuxième leçons « Dédicace »

Le baron Fourier Secrétaire perpétuel de l’Académie royale des sciences M. le professeur H. […] De Blainville Membre de l’académie royale des sciences En témoignage de ma respectueuse affection.

147. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « [Errata] — Fautes à corriger dans le quatrième Volume. »

 260, titre, l’Académie François, lis. l’Académie Françoise.

148. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » p. 274

L’Académie Françoise, celle des Jeux Floraux, celle d’Angers, ont couronné plusieurs de ses Poésies, mais n’ont pas eu le pouvoir de les garantir de l’oubli. C’est assez le sort de ces Productions fantastiques ; elles expirent sous les lauriers éphémeres qui les surchargent, & les traces de leur existence ne sont constatées que sur les Registres mortuaires des Académies.

149. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lemercier, Népomucène Louis (1771-1840) »

[Discours à l’Académie française (1841).] […] Lemercier, pour faire face à toutes les rencontres de la vie, deux hommes, — deux hommes libres, — un homme politique indépendant, un homme littéraire original… [Discours de réception à l’Académie française (2 juin 1841).] […] abbé de Chaulieu : C’est quelqu’un de l’Académie.

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