L’affabulation à mettre là-dedans me faisait si peu, que quelques jours avant de me mettre à écrire le livre, j’avais conçu “Madame Bovary” tout autrement. […] Je vais écrire ici ce que je pense sincèrement de l’œuvre d’un homme que j’aime, et dont j’ai admiré sans réserve le premier livre. […] Le poète, qui, le jour où il est arrivé avait écrit le mot fin sur les Misérables, lui a dit : « Dante a fait un Enfer avec de la poésie, moi j’ai essayé d’en faire un avec de la réalité ! […] » * * * — Rien de si mal écrit qu’un beau discours. […] On peut écrire que Néron était un philanthrope ou que Dubois était un saint homme.
Elle la voit journellement et elle la déteste, elle et tous ses amis et ses adhérents, toute la clique comme elle les appelle : « Haïssant les Idoles, écrit-elle à Walpole, je déteste leurs piètres et leurs adorateurs. […] Écrivez-moi, je vous prie, quelques détails, mais dans des termes tels que vous n’ayez pas à vous soucier, en cas de décès, en quelles mains votre lettre peut tomber34. […] Elle ne reviendra qu’au mois de février. » C’est Mme du Deffand qui parle, et à quelque temps de là elle écrit : « J’ai reçu d’Arles une lettre de l’ldole, qui y est établie. […] Geffroy qui en a donné des extraits dans la Revue des Deux-Mondes du 13 juillet 1864 ; on y lit une lettre éloquente qu’elle écrivit après la mort de Louis XV : c’est une page historique […] Horace Walpole, dans une lettre écrite de Paris (janvier 1766) à l’un de ses amis de Londres, disait, de ce tour agréable qui est le sien : « Je vais m’habiller dans un instant pour aller chez la comtesse de La Marche qui m’a donné audience pour ce soir neuf heures.
Si l’archevêque montra qu’il était homme d’esprit en établissant ces Conférences, il ne le montra pas moins en les terminant à temps et en ne souffrant pas qu’elles fussent mises ensuite par écrit. […] Le 9 janvier 1695, le roi lui écrivait de sa main une belle lettre sur la mort de l’abbesse de Port-Royal, sa sœur. […] Mme de Coulanges, cette aimable et légère amie de Mme de Sévigné, écrivait gaiement à celle-ci, alors en Provence : « (Le 12 août 1695.) […] Cet abbé se fit connaître encore de son temps par d’autres écrits, par des compositions historiques qui, sans grande nouveauté dès leur naissance, ont perdu aujourd’hui tout intérêt. […] Je citerai à l’appui une anecdote que voici d’original ; je la tire d’une lettre particulière écrite de Paris à M. de Pontchâteau et insérée dans un Journal manuscrit de ce dernier, à la date du 16 janvier 1679 : « M.
Aussi les lettres écrites au moment de la passion, et qui en réfléchissent, sans effort de souvenir, les mouvements successifs, sont-elles inappréciables et d’un charme particulier dans leur désordre. […] L’historien véridique de Mlle de Liron pourrait répondre comme Mlle de Launay disait d’une de ses inclinations non durables : « Je l’aurais supprimée si j’écrivais un roman. […] Mais elle connut le jeune gentilhomme qui écrit ces lettres et elle l’aima. […] Ce sont de vraies lettres écrites à une amie sous le sceau de la confidence, destinées à mourir en naissant, puis trouvées et publiées dans la suite par la petite-fille de cette amie. […] C’était une personne de vertu et de religion : Mlle Aïssé lui confia tout le passé, et ses scrupules encore vifs, ses remords d’un amour invincible ; Mme de Calandrini lui donna de bons conseils, lui fit promettre, au départ, d’écrire souvent, et ce sont ces lettres précieuses que nous possédons.
Enfin la plupart de ses écrits supposent des institutions toujours contraires à la raison, et des institutions assez puissantes pour donner à la plaisanterie qui les attaque le mérite de la hardiesse. […] Ainsi donc Candide et les écrits de ce genre qui se jouent, par une philosophie moqueuse, de l’importance attachée aux intérêts même les plus nobles de la vie, de tels écrits sont nuisibles dans une république, où l’on a besoin d’estimer ses pareils, de croire au bien qu’on peut faire, et de s’animer aux sacrifices de tous les jours par la religion de l’espérance. […] Tout se lie dans la nature, dès qu’on en bannit le merveilleux ; et les écrits doivent imiter l’accord et l’ensemble de la nature. […] Les romans, la poésie, les pièces dramatiques, et tous les écrits qui semblent n’avoir pour objet que d’intéresser, ne peuvent atteindre à cet objet même qu’en remplissant un but philosophique. […] On n’est donc curieux que des ouvrages qui peignent les caractères, qui les mettent en action de quelque manière, et l’on n’admire que les écrits qui développent dans notre cœur la puissance de l’exaltation.
Un intendant748 écrit que, dans sa province, le gouvernement doit opter, et opter dans le sens populaire, se détacher des privilégiés, abandonner les vieilles formes, donner au Tiers double vote. […] En 1789755, une grosse troupe de contrebandiers travaille en permanence sur la frontière du Maine et de l’Anjou ; le commandant militaire écrit que « leur chef est un bandit intelligent et redoutable, qu’il a déjà avec lui cinquante-quatre hommes, qu’il aura bientôt avec lui un corps embarrassant par la disposition des esprits et la misère » ; il serait peut-être à propos de corrompre quelques-uns de ses hommes, et de se le faire livrer puisqu’on ne peut le prendre. […] Par l’ordonnance de 1778, écrit un intendant762, « les cavaliers de la maréchaussée doivent arrêter, non seulement les mendiants et vagabonds qu’ils rencontrent, mais encore ceux qu’on leur dénonce comme tels ou comme personnes suspectes. […] Et cependant, avec toutes ses rigueurs, la loi n’atteint pas son objet. « Nos villes, dit le parlement de Bretagne763, sont tellement peuplées de mendiants, qu’il semble que tous les projets formés pour bannir la mendicité n’ont fait que l’accroître. » — « Les grands chemins, écrit l’intendant, sont infestés de vagabonds dangereux, de gens sans aveu et de véritables mendiants que la maréchaussée n’arrête pas, soit par négligence, soit parce que son ministère n’est point provoqué par des sollicitations particulières. » Qu’en ferait-on, si elle les arrêtait ? […] Le commandant Fischer, qui attaque et disperse la bande, écrit que la chose était urgente ; car sinon, « en remontant du côté du Forez, ils auraient trouvé deux ou trois cents vauriens n’attendant que le moment de se joindre à eux » (47).
« Je médite, écrit-il alors à Bossuet, un grand voyage. […] Ce livre, bien supérieur à l’Émile, de Jean-Jacques Rousseau, n’est point l’utopie, mais la pratique raisonnée d’une éducation domestique pour l’époque où Fénelon écrivait. On y sent le tact parfait d’un homme qui n’écrit pas pour être lu, mais pour profiter aux familles. […] Accusé d’indulgence par les agents de la persécution : « Si l’on veut, écrivit-il à Bossuet, leur faire abjurer le christianisme et adopter le Coran, il n’y a qu’à leur renvoyer les dragons […] — Continuez à faire venir des blés, écrit-il ailleurs aux ministres du roi, c’est la controverse la plus persuasive pour eux… Les peuples ne se gagnent que par la parole.
On en prendra idée quand on saura que, dans un voyage qu’il fit à Fontainebleau dans l’automne de 1771, M. de Mora avait écrit à son amie vingt-deux lettres en dix jours d’absence. […] M. de Mora absent, malade, fidèle (quoi qu’en ait dit cette méchante langue de Mme Suard), lui écrit, et, à chaque lettre, va raviver sa blessure, ses remords. […] Mais Mlle de Lespinasse en écrivait tant ! […] Savez-vous pourquoi je vous écris ? […] elles ne sont pas dignes d’être vos écolières, lui disait-il sans cesse ; votre âme a été chauffée par le soleil de Lima, et mes compatriotes semblent être nées sous les glaces de la Laponie. » Et c’était de Madrid qu’il écrivait cela.
Tout cela se vérifie à ravir dans ses charmants Mémoires, écrits avec aisance et naturel, qui enchantaient Mme de Coulanges et qui désennuyaient Mme Du Deffand. […] Gourville commence ses Mémoires par nous dire naïvement en quelles circonstances il a eu l’idée de les écrire. […] Ainsi, ces Mémoires de Gourville, où il y a en général si peu de révérence et de sentiment de respect, débutent, comme tout ce qui s’écrivait alors, par un acte de dévotion envers le roi. […] Étant convenu que j’écrirais à Paris pour savoir s’il n’allait pas toujours à sa maison de campagne, comme il avait accoutumé de faire, on me manda qu’il y allait encore souvent. […] écrivait au directeur Carnot Bonaparte, général de l’armée d’Italie, en parlant d’un personnage qu’il venait de rencontrer et de manier.
L’œuvre littéraire, notamment, est un ensemble de phrases écrites ou parlées, destinées par des images de tout ordre, soit très vives et précises, soit plus vagues et idéales, à produire chez ses lecteurs ou ses auditeurs une sorte spéciale d’émotion, l’émotion esthétique qui a ceci de particulier qu’elle ne se traduit pas par des actes, qu’elle est fin en soi. […] Les écrits de Poe font appel surtout à la curiosité et à l’horreur ; ceux de Zola provoquent un sentiment de volonté tendue, de sympathie et de pessimisme ; Delacroix a le pathétique, l’emportement ; Mozart a le charme de la bouté heureuse. […] Car il est évident que les idées émises dans ces écrits à demi-savants, sont choisies par l’auteur, non en raison de leur caractère esthétique, de l’effet émotionnel qu’ils peuvent produire, mais en raison de leur vérité, c’est-à-dire pour une qualité que l’auteur est forcé de subir et qu’il ne peut modifier ni en raison de ses aptitudes, ni en raison du but qu’il poursuit. […] Car il ne s’agit pas ici accomplir cette besogne byzantine, de juger la façon dont un auteur a jugé une œuvre enfin originale, mais de dégager de cet écrit critique au deuxième degré, les raisons pour lesquelles il frappe ou émeut. […] Il écrivit aussi une Pathologie des émotions (Alcan, 1892).
Mignet y a prononcé l’éloge de Jouffroy, mort il y a plus de dix ans, mais qui est encore assez présent par sa physionomie et par ses écrits au souvenir de ses amis et contemporains pour qu’on ait pu songer naturellement à le célébrer. […] Dans sa période d’orgueil et d’audace, il écrivit un article fameux : « Comment les dogmes finissent ». Ce morceau, écrit en 1823, fut publié dans Le Globe en 1825. […] Des premiers écrits qui ont fondé la réputation de M. […] [NdA] Une science conjecturale, ou du moins contestable dans son principe. — Quelques jours après cette parole écrite, et comme pour la réfuter, M.
Était-ce bien pour l’abbé Prévost, pour l’auteur de ces romans et de ces mille écrits qu’ils n’ont point lus, que se pressaient vers la ville, dès le matin du dimanche 23, les habitants des communes rurales d’alentour, tellement que le travail des moulins chômait et qu’il ne restait dans les villages qu’une seule personne par maison pour la garde des enfants et des bestiaux ? […] J’écris ici sous la dictée d’un témoin fidèle. […] Les débuts, les inconstances de l’abbé Prévost, ses allées et venues de la vie monastique à la vie mondaine, sont si connus et ont été si souvent racontés que je n’y reviendrai pas ; j’ai publié autrefois moi-même des lettres intéressantes qu’il écrivit au moment de sa fuite de chez les Bénédictins et quelque temps après. […] Didot, dans un écrit récent sur la Typographie 33, nous le montre signant ses traités avec un aïeul des Didot, dans un petit cabaret au coin de la rue de la Huchette : les Didot demeuraient alors quai des Augustins. […] Le maréchal de Belle-Isle, qui était dans cette ville, au moment de partir pour la Bohême, prit soin d’écrire en sa faveur au cardinal de Fleury.
Celui-ci écrivait de Rome (1740), en parlant des lectures italiennes qu’il préférait : Ce n’est cependant pas l’Arioste que les beaux esprits d’Italie mettent au premier rang ; ils l’adjugent au Dante. […] Cet écrivain laborieux et instruit, ayant été ministre de France à Turin sous le Directoire, y apprit à fond la littérature italienne et y amassa les matériaux du cours qu’il professa, et de l’ouvrage qu’il écrivit ensuite, sur ce sujet alors très nouveau. […] Ces recherches de Fauriel, connues bien des années avant qu’il les écrivît et même avant qu’il les professât, transpirant hors du cercle intime où il vivait, communiquées par lui à tous ceux qui l’interrogeaient avec la libéralité du savant généreux et du galant homme, viennent seulement d’être réunies en volumes et de paraître dans leur ensemble30 : on peut dire quelles étaient depuis longtemps dans la circulation, et que le niveau du goût en France (je ne parle que de la classe instruite) s’en est ressenti. […] Ce sont là des scènes incomparables de pureté, d’émotion, et qui repoussent bien loin toutes les explications allégoriques qu’on a voulu en donner : leur commentaire est à jamais écrit dans tous les cœurs délicats et sensibles. […] De sorte que si Dante avait écrit lui-même le commentaire de son grand poème, comme il l’a fait pour d’autres de ses poèmes moindres, il aurait pu soutenir doublement qu’en effet Béatrix était bien la Béatrix qu’il avait aimée, la fille de Folco de’ Portinari de Florence, et qu’elle n’en était pas moins aussi, en définitive, la Théologie sublime, revêtue de rayons, et dirigeant l’œil humain, qui la considère et qui l’étudie, vers les plus hautes vérités.
L’ode de La Solitude est restée longtemps la peinture expressive et fidèle de quantité de vieux châteaux perdus dans les forêts druidiques, et prêtant aux rêves et aux imaginations bizarres : Je suis ici, écrivait du fond du Maine M. de Lassay vers 1695, dans un château, au milieu des bois, qui est si vieux qu’on dit dans le pays que ce sont les fées qui l’ont bâti. […] Tout en reconnaissant les heureux traits épars dans cette Solitude de Saint-Amant et en m’expliquant très bien le succès qu’elle eut à sa date, je me dis qu’à la relire aujourd’hui, je n’y trouve ni la solitude du chrétien et du saint, celle dont il est écrit « qu’elle bondira dans l’allégresse et qu’elle fleurira comme le lis » ; ni la solitude du poète et du sage ; ni celle de l’amant mélancolique et tendre ; ni celle du peintre exact et rigoureux. […] On était loin sans doute alors de ce grand moment de renaissance pittoresque et historique où Chateaubriand devait écrire ses admirables pages sur Rome et la campagne romaine : mais Poussin n’était-il pas là, qui à cette heure y traçait tant de graves et doux tableaux, ce même Poussin, parent en génie de Corneille, et qui, ayant reçu Le Typhon ou la gigantomachie, poème burlesque de Sçarron, écrivait : « J’ai reçu du maître de la poste de France un livre ridicule des facéties de M. […] Et sans être un Poussin en gravité, Saint-Évremond, cet esprit délicat, n’a-t-il pas dit dans un écrit sur la vraie et la fausse beauté des ouvrages d’esprit, et en traitant de l’honnêteté des expressions : Je m’avise peut-être trop tard de faire ces réflexions ; mais c’est ordinairement lorsque l’on est arrivé où l’on voulait aller, et que l’on parle du chemin que l’on a fait et de la route que l’on a tenue, que l’on s’aperçoit de ses égarements. […] Les vers sont mous et lâches comme le seraient des vers de Scudéry ; l’auteur ne paraît pas se douter de l’art d’écrire en vers sérieux.
Elle parle assez favorablement de Rivarol ; ce n’est pas qu’elle ne sache ce qu’on y peut reprendre : « Mais, vu la misère des temps, je le trouve bon ; il y a une sorte d’originalité dans le style et des aperçus qui ne sont que trop justes, mais il faut s’en distraire. » Il s’agissait de quelque écrit de Rivarol, qui touchait aux affaires du temps. […] N’allez pas me demander de définir l’atticisme ; l’aticisme chez un peuple, et au moment heureux de sa société ou de sa littérature, est une qualité légère qui ne tient pas moins à ceux qui la sentent qu’à celui qui parle ou qui écrit ; je me contenterai de dire que c’est une propriété dans les termes et un naturel dans le tour, une simplicité et netteté, une aisance et familiarité entre gens qui s’entendent sans appuyer trop, et qui sont tous de la maison. […] Je ne sais si Mme de Créqui n’en fut pas attaquée un moment ; on le dirait du moins, à voir son vif intérêt pour la personne de Rousseau et pour ses écrits. […] Le petit écrit de la vicomtesse de Noailles n’est pas seulement une peinture de cette ancienne politesse et de cette finesse comme naturelle du ton et du langage, il en est presque partout un modèle. […] Cette correspondance, qui n’est qu’une indication de ce qui a fui et de ce qui ne s’écrivait pas, se termine assez naturellement, dans les premiers mois de 89 et avec l’ouverture des États généraux, d’abord parce que M. de Meilhan revint à Paris, et aussi parce qu’un commerce de lettres intimes sur les intérêts de société devenait insignifiant en présence des grands événements publics.
Bonstetten, disons-le bien vite pour nos Français qui savent si bien ignorer et sitôt oublier (quand ils l’ont su un moment) tout ce qui ne figure pas chez eux, sous leurs yeux et sur leur théâtre, était un aimable Français du dehors, un Bernois aussi peu Bernois que possible, qui avait fini par adopter Genève pour résidence et pour patrie, esprit cosmopolite, européen, qui écrivait et surtout causait agréablement en français, et qui semblait n’avoir tant vécu, n’avoir tant vu d’hommes et de choses que pour être plus en veine de conter et de se souvenir. […] Flourens, Sénèque s’y est surpassé : « Je suis vieux, écrivait-il à son jeune ami Lucilius, je suis plus que vieux, ce mot de vieillesse est lui-même trop jeune pour moi, pour ce que je suis avec cette machine usée et délabrée ; mais l’injure de l’âge que je sens dans le corps, je ne la ressens point dans l’esprit. […] Sur une lettre de Bonstetten87, écrite de Cambridge le 6 janvier 1770 à son ami Nicholls qui l’avait lié avec Gray, celui-ci avait ajouté en post-scriptum : « Je n’ai jamais vu un tel enfant, les nôtres ne sont pas faits sur ce moule-là. […] Au moment du départ de son jeune ami pour la France, il écrit à leur ami commun Nicholls : C’est pour le coup que mes soirées solitaires vont me paraître moins légères à passer qu’avant de l’avoir connu. […] [NdA] Dans une lettre écrite dans le même temps (6 janvier 1770), Bonstetten rendait compte ainsi de ses études à un ami : Je suis dans l’agitation du matin au soir.
Albert Blanc avait commencé de donner les dépêches confidentielles écrites par le comte de Maistre pendant qu’il représentait le roi de Sardaigne à Pétersbourg. […] Il se répand affectueusement quand il écrit aux siens dont il est séparé, à sa fille qui a grandi dans l’absence et qu’il ne connaît pas : on sait en quels termes imprévus de forte et charmante tendresse. Quand il écrit à son maître ou à quelque ministre, il ne peut se contenir davantage, il dit tout, il dit trop, c’est sa manière de s’exprimer et de marquer sa pensée. […] M. de Maistre n’a rien de l’émigré en cela ; il voit l’ennemi en plein, dans toute sa grandeur : « Jamais, écrit-il en 1813, Napoléon n’a été plus grand militaire que dans la manière dont il s’est tiré de la catastrophe de 1812. » Mais ce qui le préoccupe le plus, c’est le tour et la trempe de l’esprit français : il revient à diverses reprises sur ce qu’il a dit tout à l’heure et qu’il a peine à s’expliquer. […] » (Écrit en décembre 1812.
« On a dit que je prenais plaisir à braver l’impopularité, écrit quelque part M. […] Il l’a aussi ferme et aussi distincte que Lamennais, à qui l’on disait : « Vous écrivez comme vous concevez, nettement. » Nous n’avons pas encore M. […] Béranger, que je ne prends ici que pour ce qu’il était réellement, pour un spectateur très avisé et très malin, écrivait de son coin à l’occasion de ces brillantes joutes parlementaires contre M. […] Guizot n’était pas essentiellement écrivain au début ; prenez ce qu’il a publié dans les premières années de la Restauration : il écrivait toujours avec pensée et doctrine, mais très inégalement, selon les jours. […] À force de bien dire, il est arrivé à écrire presque aussi bien.
J’ai là devant moi un choix d’excellents articles entre tous ceux que la presse lui a consacrés ; j’ai notamment ce qu’ont écrit M. […] Placé aux confins de l’école française, un des représentants de cette école, non plus chez elle et dans les douceurs du chez-soi, dans les grâces légères de l’insouciance et du loisir, mais en marche et comme en voie de conquête, lorsque, chargée déjà de butin étranger, elle a un pied par-delà le Rhin, il fait la chaîne d’Auber à Meyerbeer ; d’un genre un peu mixte sans doute, mais non pas hybride ; élevé, savant, harmonique, très-soigneux de bien écrire musicalement parlant, sachant plaire toutefois, ne négligeant pas la grâce, cherchant et trouvant agréablement ce qu’Auber trouve sans le chercher, mais enclin surtout et habile à exprimer dramatiquement la tendresse et la passion. […] Rien n’égale, à cet égard, la sincérité du premier jet : je donnerai donc ici les notes mêmes ; c’est tout un portrait d’Halévy, pris sur le vif, saisi dans l’intérieur et dans la familiarité : « Il avait un don naturel d’écrire, cultivé, perfectionné par l’étude, par un goût de lecture qu’il satisfaisait partout, dans son cabinet, pendant l’intervalle des travaux, des conversations d’affaires, dans les voitures publiques, dans les réunions d’amis, dans le monde même. […] Il écrivait de la musique, de la prose ou des vers, il lisait avec une attention imperturbable, lorsque l’on causait autour de lui. […] « Il écrivait tout, musique et littérature, avec grand soin, et était difficile pour lui-même : il raturait, il émondait ; il voulait la clarté, l’expression juste.
Cervantes nous dit nettement et clairement ce qu’il a voulu ; son livre (il nous explique pourquoi dans la Préface) n’a pas besoin, pour paraître au jour, de tout l’appareil de sonnets laudatifs et de témoignages pompeux qui s’étalent en tête des écrits du temps ; il n’a besoin non plus, chemin faisant, d’aucun attirail d’érudition sacrée ou profane, et il peut se passer de ces notes et commentaires de toutes sortes qui encombrent d’ordinaire les marges ou qui chargent la fin des volumes, et qui produisent de si belles listes d’auteurs cités. […] G. de Lavigne a beau vouloir discuter et diminuer l’injure, la mauvaise plaisanterie ou l’allusion (comme il voudra l’appeler), elle a été proférée et elle reste écrite. […] Mais le même caractère, qui est admirable pris d’un point de vue élevé, est risible, considéré de la terre… L’on sent déjà pourquoi quelques personnes ont considéré Don Quichotte comme le livre le plus triste qui ait jamais été écrit ; l’idée, fondamentale, la morale du livre, est en effet profondément triste… » Il n’est, on le voit, que manière de prendre les choses. […] J’ai sous les yeux une ingénieuse brochure sans nom d’auteur, imprimée à Porto en 1858, écrite en français et qui a pour titre : Don Quichotte expliqué par Gœtz de Berlichingen. […] Les écrits qui sont là n’y peuvent rien ; on les interprète, on les alambique, on les torture.
Figurez-vous un jeune officier suisse qui, au lendemain de Marengo, a la prétention d’écrire un ouvrage de grande tactique et d’innover en ce genre de littérature militaire : il y avait de quoi faire sourire. […] Les Mémoires et les écrits du duc de Rohan marquent un pas, dit-on, dans la science, du moins pour la spécialité de la guerre de montagne. […] Depuis ce temps-là nous avons dérogé successivement, parce que ce n’était que par routine que l’on avait appris : de là vient la confusion des usages où chacun a augmenté ou retranché… Il n’y a plus que des usages dont les principes nous sont inconnus… » Cela n’empêchait pas les raisonnements à perte de vue ; le chevalier de Folard ne s’en privait pas ; il y avait dans ses écrits fatras et mélange. […] « Il était venu, comme l’a remarqué Jomini, un demi-siècle trop tôt ; il avait écrit dans un temps où la vraie tactique de son héros était encore méconnue, où un nouveau César n’y avait pas encore mis le complément. » Deux écrivains militaires du plus grand mérite n’avaient pas attendu toutefois le nouveau César pour entendre et commenter Frédéric : Lloyd, un Anglais qui servit avec distinction chez diverses puissances du continent, et Tempelhof, un général prussien, un savant dans les sciences exactes. […] La source principale, et même jusqu’ici unique, pour la biographie du général Jomini est un excellent écrit du major fédéral (aujourd’hui colonel) Ferdinand Lecomte, publié en 1861 (Tanera, éditeur, rue de Savoie, 6).
Les réformés y recoururent de bonne heure, pour légitimer aux yeux des peuples leurs nouveautés et la rupture de l’unité religieuse : Calvin, Viret écrivirent vigoureusement, injurieusement contre les superstitions et l’immoralité de l’Eglise romaine. […] Ce parti, qui n’avait ni les armes ni le nombre, avait les lumières et le talent : il lutta par sa parole et par toute sorte d’écrits, s’efforça de gagner le sentiment national, de l’obliger à prendre conscience de soi-même et de ses pressants intérêts. […] Bodin malheureusement ne nous appartient pas tout entier : il écrivit en latin cette Méthode pour l’étude de l’histoire où abondent les idées neuves et fécondes, et cet étrange Heptaplomeres inédit jusqu’à nos jours, où avec une force incroyable pour le temps il confronte toutes les religions et les renvoie dos à dos, sans raillerie impertinente, comme expressions diverses de la religion naturelle, seule raisonnable, et comme également dignes de respect et de tolérance. […] Bourgeois et érudits, ils écrivent en bourgeois et en érudits : ils ont l’esprit de leur classe et de leur temps : de là vient que leurs inspirations se fondent et se confondent si bien. […] La septième pièce, dans les Œuvres, est un discours non prononcé, un vif et fort pamphlet, que Du Vair fit courir au commencement de 1594, sous le titre de Réponse d’un bourgeois de Paris à un écrit publié sous lu nom de M. le cardinal de Sega.
J’ai lu ce factum moral ; à l’heure d’en écrire je le feuillette encore à toutes ses pages, et je ne puis en tirer un mot précis sur l’origine et l’objet du devoir proposé. […] « La présente traduction, écrit-il, n’a d’autres mérites que sa littéralité scrupuleuse. […] Ce mystique devait écrire l’histoire du Mysticisme. […] Ce jour-là il n’y aura plus de roman spirite à écrire ; on aura fait passer dans l’ordre scientifique ce qui aujourd’hui encore appartient à la fantaisie. […] Intellectualiste, voici vingt fois que j’écris ce mot et il commence à m’agacer furieusement et il est temps de le décomposer.
Cette course aux papillons et aux abeilles qu’il fait depuis vingt ans déjà lui a réussi ; sa verve d’écrire n’y est pas épuisée : il aime tant son métier et son art, il y est si bien dans son élément, que ce qui mettrait un autre hors de combat ne fait que le mettre, lui, plus en train et en haleine. […] Ainsi pour les livres que nous lisons ou que nous écrivons. […] Mais il l’a écrit avec joie, avec passion, avec zèle aussi et recherche, il en convient. Pour lui, écrire un feuilleton est devenu trop facile, il veut plus, il veut quelque chose qui lui coûte : « Car enfin, disent les coquettes de profession, s’il n’y avait pas un brin de peine, où serait le plaisir ? […] « C’était un honnête homme, qui n’avait d’autre défaut que celui d’être roi », écrivait le grand Frédéric à Voltaire au moment de la mort de Louis XV.
Tout auteur qui écrit une pièce en vue d’une étoile, en vue de tel ou tel acteur ou de telle ou telle actrice, n’écrit point pour le lecteur, se résigne à n’être pas lu et condamne en vérité sa pièce comme œuvre d’art. […] Comme le véritable auteur dramatique écrit sa pièce en la voyant jouer, en voyant d’avance les acteurs qui entrent et qui sortent, qui se groupent et qui ont, en s’adressant les uns aux autres, telle ou telle attitude, et ne peut faire bien qu’à ce prix ; tout de même le lecteur doit voir, comme si elle était représentée, la pièce qu’il lit et pour ainsi dire presque littéralement entendre les couplets et les répliques. […] L’auteur, en effet, en pleine possession non seulement de son génie, mais de son expérience théâtrale, aurait voulu forcer l’actrice, même de trois siècles après lui, à jouer comme il l’entendait et non pas à son gré à elle, qu’il n’aurait pas écrit autrement ; il semble avoir dicté la mimique mot à mot et c’est-à-dire geste par geste : N’allons pas plus avant, demeurons, chère Œnone, Phèdre n’a fait que quelques pas sur le théâtre et s’arrête, fatiguée, presque épuisée ; l’arrêt doit être brusque, une des mains de la reine cramponnée au bras de sa nourrice : Je ne me soutiens plus, ma force m’abandonne ; Toute une attitude lassée, déprimée ; une sorte d’écroulement du corps. […] De même que le bon dramatiste a écrit sa pièce en la voyant, de même le bon lecteur lit la pièce en la dressant devant ses yeux. […] On voit aussi que cette recherche est difficile et qu’il n’y manque pas de chances de se tromper ; ce n’est qu’une raison de plus pour la faire, quand il s’agit de plaisir, et, dans le petit livre que j’écris, il n’est question que de cela ; le risque de se tromper aiguise le désir de voir juste et relève le plaisir d’avoir probablement raison, et il y a un plaisir, je ne dirai pas plus grand, mais plus piquant, à être à peu près certain qu’on a raison, qu’à en être pleinement sûr.
Zola de la supériorité sociale de l’art d’écrire sur celui de fabriquer de la toile ou de cultiver la terre, uniquement attentifs à « soigner », comme on dit, leur réputation et leur vente, ils n’ont vu, dans tout ce qui n’avait pas écrit L’Assommoir ou La Tentation de saint Antoine, que matière à caricature. […] Zola sont orduriers ou blasphématoires, et la seconde que nos vaudevillistes, assez contens de nous avoir fait rire, n’ont pas cru qu’ils écrivaient, dans Le plus heureux des trois ou dans le Chapeau de paille d’Italie : « L’histoire naturelle et sociale » de leur temps. […] S’il écrivait pour les paysans ou pour les ouvriers, on le lui passerait encore ; mais il écrit pour les bourgeois ; et s’il croit qu’un ignoble blasphème ou une sale injure aient la même signification pour le bourgeois, qui les fit imprimés dans un livre, que pour le paysan ou l’ouvrier qui les profère, je l’assure qu’un « écrivain » et un « naturaliste » ne sauraient se tromper davantage. […] Pis que cela : de pareils livres ne sont possibles qu’avec la complicité du public, et, sans elle, pour infatué qu’il fût de son talent, ou de ce que l’on appelle autour de lui de ce nom, un romancier ne les écrirait pas.
S’agit-il des exploits du vaillant chef dauphinois Montbrun, qui dans une rude affaire a eu l’honneur de triompher des bataillons suisses, alors réputés presque invincibles : Deux jours après, écrit d’Aubigné, je trouvai un jeune capitaine suisse au mont du Chat avec une petite troupe qui ne portait que l’épée. […] Jules César, le roi François et lui ont défait notre nation. » Cela me fit le suivre quelque temps pour apprendre de lui une partie de ce que j’en écris. Ici, on voit d’Aubigné se détourner de son chemin et suivre les gens qui savent, pour apprendre d’eux ce qu’il écrira un jour. […] D’Aubigné nous dit que Henri IV, dans le temps où il lui avait conseillé d’écrire cette Histoire, avait promis une somme raisonnable pour les voyages, pour la reconnaissance des lieux et des villes où s’étaient livrés les combats ; mais, les promesses étant demeurées sans effet, et après la mort de ce roi, ce fut à l’historien même à se pourvoir, à s’enquérir de toutes manières. […] En un mot, il n’est pas seulement de l’ancienne race féodale et frondeuse qui se relève et regimbe sous le niveau, il est déjà de la race qui écrit et qui imprime.
Écrits par lui-même. […] Ce Vénitien, issu de sang espagnol, qui compte dans sa généalogie force bâtards, religieuses enlevées, poètes latins satiriques, compagnons de Christophe Colomb, secrétaires de cardinaux, et une mère comédienne ; ce jeune abbé, qui débute fraîchement comme Faublas et Chérubin, mais qui bientôt sent l’humeur croisée de Lazarille et de Pantalon bouillonner dans sa veine, qui tente tous les métiers et parle toutes les langues comme Panurge ; dont la vie ressemble à une comédie mi-partie burlesque et mi-partie amoureuse, à un carnaval de son pays qu’interrompt une atroce captivité ; qui va un jour visiter M. de Bonneval à Constantinople, et vient à Paris connaître en passant Voisenon, Fontenelle, Carlin, et être l’écolier du vieux Crébillon ; ce coureur, échappé des Plombs, mort bibliothécaire en un vieux château de Bohême, y a écrit, vers 1797, à l’âge de soixante et douze ans, ses Mémoires en français, et dans le meilleur et le plus facile, dans un français qu’on dirait naturellement contemporain de celui de Bussy. […] rien moins que l’évêque d’Avranches, Huet, dans les Mémoires écrits durant sa vieillesse. […] Le grand a Frédéric l’a conservé jusqu’à sa mort. » Nous avons voulu citer la peinture de cet iris, pour montrer avec quelle facilité lumineuse écrit notre Vénitien, et comme je ne sais quelle grâce des Sévigné, des Choisy et des Bussy a passé par là et voltige sous cette plume d’au-delà des monts. […] Voici la dernière lettre qu’Henriette lui écrivit : « C’est moi, mon unique ami, qui ai dû t’abandonner ; mais n’augmente pas la douleur en pensant à la mienne.
Ronsard se compléta par la Franciade ; le large torrent de la Pléiade se réduisit à un mince filet ; Desportes hérita de Ronsard, et Malherbe même écrivit ses premiers vers. […] La philosophie se sépare de la littérature : Ramus206 ne nous appartient pas, parce qu’il écrit presque toujours en latin, mais pas davantage lorsque par hasard il use du français. […] Huguenot, helléniste, gaulois et bourgeois, ami des bons contes, et passionné pour la langue française, entre ses continuels voyages et ses travaux philologiques, il trouva le temps d’écrire de mordants et spirituels traités, avec une verve et une verdeur de style fort remarquables. Un singulier mélange de vénération pour Hérodote et de haine du papisme lui fit écrire son Apologie pour Hérodote. […] Les siècles précédents n’avaient guère eu que des chroniques : mais quand l’individu se prit lui-même pour objet et fin de son activité, quand il poursuivit au-delà de la durée de son être terrestre l’immortalité de la gloire, on conçoit aisément quels stimulants, dans une race sociable et causeuse, excitèrent les hommes à écrire leurs mémoires.
J’écrivais à un ami : « Je vous en supplie, lisez les Barbares. » Deux jours après, il me répondait : « C’est le plus cher de mes livres. » Oui, l’audace intelligente et neuve de ces courts traités nous transportait d’aise, formulant les dédains et les réserves de nos vingt ans, et nos ardeurs. […] Un mien ami était allé en Bavière, chargé d’écrire une étude sur les châteaux de Louis II. […] Notre maître voyagera encore, et écrira encore sur les pays émouvants. […] (Parallèlement les écrits des poètes valent comme excitateurs.) […] On est beaucoup à s’éveiller chaque matin avec une admirable idée de roman, mais la journée se passe avant qu’une ligne en soit écrite, et le lendemain on s’aperçoit que le sujet a été traité, pour ne pas s’humilier on dit : gâché, par Maizeroy, par Théophile Gautier ou par Homère, et on a tort de s’en apercevoir et raison tout ensemble, parce que l’idée s’est fanée du jour au lendemain, faute qu’on ait songé à la planter au papier, à l’arroser d’encre vivifiante : la veille, oui, c’était original, le lendemain, oui, c’est banal.
Les Oreilles ont été suivies d’une Lettre, supposée écrite par un pere à son fils, faisant l’Auteur & le Bel-esprit à Paris ; rapsodie où le Bon-homme qui sermone, auroit besoin, pour premier avis, de celui de ne pas si platement extravaguer. […] Telle est l’histoire des Ecrits ; passons à celle des faits. […] Le seul plaisir qu’elle se soit permis, a été celui qu’on goûte à voir ses Adversaires se décrier eux-mêmes, justifier, par leurs excès, les censures portées contre leurs Ecrits ; & si elle eût aimé à se flatter, elle eût pensé, comme tous les honnêtes gens, que la preuve la plus certaine de la bonté de notre Ouvrage étoit l’acharnement qu’on témoignoit contre lui. […] Il a paru, depuis cet Avertissement, une foule d’autres Ecrits contre nous, qui n’annoncent que de la médiocrité & une grande envie de blesser & de nuire. […] Comme on peut le voir par la Lettre que nous avons écrite, peu de temps après la premiere édition, au Rédacteur du Mercure, & qu’on trouvera à la fin du quatrieme volume, avec quelques autres Lettres relatives aux Trois Siecles.
Les pages qu’écrit le journaliste s’envolent ; les paroles que distribue durant des années le professeur courent le risqueb de se perdre. […] Saint-Marc Girardin nous dira avec Fénelon ; et il nous répondrait encore avec Voltaire, car je me plais à laisser parler ces esprits excellents ; toute la vraie rhétorique française, la rhétorique naturelle est comme éparse dans leurs écrits ; il ne s’agit que de la recueillir. […] Dans l’intervalle des fonctions publiques, dans les courtes trêves des tempêtes civiles, Cicéron écrivait, sans croire déroger, des traités de rhétorique. […] Lors même que la décadence du goût est déjà avancée, quand Tacite (ou tout autre) écrivait ce Dialogue des orateurs, où toutes les opinions, même celles des romantiques du temps, sont représentées, l’agrément et la raillerie ne nuisaient pas au sérieux ; aucun système n’est sacrifié dans cet excellent dialogue, et chaque côté de la question est défendu tour à tour avec les meilleures raisons et les plus valables. […] Il a écrit, à propos d’une comédie de Collé et de La Métromanie de Piron, des pages charmantes, délicates, que je prise bien plus comme témoignage vrai de son talent que d’autres plus saillantes et où il élève la voix.
Sur ces trois mille dix forçats, quarante savent un peu plus que lire et écrire, deux cent quatre-vingt-sept savent lire et écrire, neuf cent quatre lisent mal et écrivent mal, dix-sept cent soixante-dix neuf ne savent ni lire ni écrire. […] L’auteur de ces pages écrivait, il y a trente et un ans, dans la préface de Lucrèce Borgia, un mot souvent répété depuis : Le poëte a charge d’âmes.
Lorsque, il y a quelque temps déjà, nous écrivions ceci : « Dans l’œuvre du poète, le rythme est le geste de l’âme », l’image dont nous nous servions indiquait à elle seule que nous étions loin de conserver au mot rythme le sens étroit qu’il possède couramment. […] « Si nous désirons, en effet, sortir du chaos où se débat actuellement la poésie française, écrivait récemment dans cette Revue M. […] Il faut savoir beaucoup de choses, aux temps présents, pour en apprendre un peu aux hommes, pour en mettre quelque essence dans ses écrits. […] Et lorsqu’à l’inscription du temple de Delphes : Connais-toi toi-même, nous ajoutions la formule de Térence : Homo sum, et nihil humani a me alienum puto ; lorsque nous écrivions que nous voulions exprimer la vie humaine en fonction de l’humanité tout entière, et notre individualité en fonction de l’univers comme de l’inconnaissable, nous professions l’intégralisme le plus pur. […] Le don du poète, avons-nous écrit déjà, est une condition psychique supérieure, comme l’héroïsme.
De ce que j’ai écrit des articles de critique, il ne s’ensuit pas que j’aie les qualités nécessaires à ce travail, et encore moins que j’aime beaucoup ce genre de littérature. […] Combien j’ai lu de dithyrambes critiques que les auteurs refroidis voudraient n’avoir jamais écrits ! […] Qu’il ait étudié tout au moins les écrits de notre dix-septième siècle où respire le souffle pur de l’antiquité. […] Cette image de la beauté divine que nous portons en nous-mêmes est d’abord quelque peu obscure ; il faut que les traits de cette beauté, aperçus par des yeux plus clairvoyants et reproduits dans les écrits qu’elle a inspirés, habituent peu à peu nos yeux à la distinguer. Or, ces écrits, ce sont ceux des anciens et des meilleurs d’entre les modernes.
Eh bien, c’est l’histoire du succès de Buloz que je voudrais écrire ! […] L’ingénieux Vapereau, l’historiographe de nos grands hommes, a tourné la difficulté affligeante et écrit cette phrase de consolation qui nous rend Buloz sans le prendre à la Suisse : « Buloz (François), littérateur français, d’origine étrangère. » Et c’est si bien trouvé, et c’est si joli, que tout le monde a été content, et moi surtout !!! […] Tout ce qui était jeune et possédait un peu d’intensité intellectuelle se précipita à y écrire. […] Véron ne les a écrits que pour renseigner l’opinion. […] Guizot, dont le genre de talent, chauve-souris pour la couleur et buffle pour la gravité, doit paraître presque auguste à un homme organisé comme Buloz, n’y a jamais écrit davantage.
Écrire l’histoire du passé n’est donc pas remuer pieusement des ossements arides, c’est préparer aussi l’avenir ; c’est, en quelque sorte, avec la mort semer la vie. Selon la manière dont on sait l’écrire, on peut — autant du moins qu’il est donné à la faible créature humaine, — empêcher l’histoire qui va naître de recommencer l’histoire de ce qui n’est plus, ou bien c’est l’y faire ressembler. […] Theiner, qui, par la nature de son esprit autant que par les habitudes de sa vie, doit incliner aux méditations profondes, avant d’écrire son Clément XIV aura-t-il pensé à tout cela ? […] Est-ce que, pervers ou vertueux, tout ce qui a jamais écrit quatre lignes d’histoire ne s’est pas toujours réclamé de la vérité et de la justice, et la critique a-t-elle le temps ou la puissance d’écouter ces trop naïves ou trop rusées déclarations ? […] telle est pour nous la question, — et elle est plus haute à notre sens que tout ce qui, jusqu’à ce moment, s’est dit ou s’est écrit sur elle : — l’abolition de l’Ordre des jésuites est-elle un fait honorable ou dommageable à la gloire de Clément XIV ?
On a recueilli ce qu’on a pu de ses écrits depuis sa mort pour composer ce recueil, et véritablement on y lit avec plaisir l’homme de goût, l’homme de belles-lettres, le philosophe. […] Et M. d’Argenson, qui est sans gêne dans son tête-à-tête et dont tous les jugements d’ailleurs ne sont pas articles de foi, note dans ce volume de l’abbé de Pons qu’il vient de lire « un petit traité De l’origine des âmes qui est, dit-il, une miniature de métaphysique. » L’abbé Trublet, autorité peu considérable en matière le goût, mais témoin exact des faits, nous dit de son côté : Je n’ai connu personne qui écrivît plus facilement que l’abbé de Pons, quoique d’un style très singulier et en apparence très recherché. Ce qui étonnait davantage, c’est qu’il parlait comme il écrivait, et avec la plus grande rapidité. […] En juin 1715 il écrit une autre Lettre critique, qui fut insérée dans Le Mercure et qu’il adressait à Du Fresny sur sa comédie nouvelle, Le Lot supposé ou la coquette de village.
J’ai sous les yeux un de ces doctes et méritoires écrits, qui, en instruisant beaucoup, ne laissent pas de faire aussi beaucoup penser et rêver. […] Il vécut à la cour d’Antiochus le Grand en Syrie, et fut commis par ce prince à la garde de la riche bibliothèque des Séleucides ; il écrivit toutes sortes de longs poëmes épiques dont on a seulement les titres, des épigrammes, des élégies qui furent célèbres par leur accent de tendresse. […] Quelques écrits ont hérité avec bonheur de ceux que la ruine a engloutis ; quelques noms glorieux, plus nettement dessinés, et répétés sans cesse, sont devenus pour nous la représentation et comme le symbole subsistant des autres à jamais perdus en eux. […] Il avait écrit des Métamorphoses qui ont peut-être inspiré Ovide.
Sa mère, dont le nom fait battre tout son cœur, dont l’image emplit son cerveau, qui est présente dans tous ses souvenirs et dans toutes ses espérances, lui a recommandé, dans des termes qu’il sait par cœur, dans une lettre écrite sur certain papier, qu’il a dans sa poche, et dont son esprit aperçoit sans cesse la dimension, la forme et la couleur, de ne pas dire ni à tel et tel, qu’elle nomme, ni à personne, qu’elle lui a envoyé cinq louis d’or, qu’il a tenus entre ses doigts et qu’il a fait rouler un peu vite : tout cela forme un ensemble unique et compact d’idées et d’images. […] Horstius, professeur en médecine dans l’Université de Helmstad, écrivit en 1595 l’histoire de cette dent, et prétendit qu’elle était en partie naturelle, en partie miraculeuse, et qu’elle avait été envoyée de Dieu à cet enfant pour consoler les chrétiens affligés par les Turcs. […] En la même année, afin que cette dent d’or ne manquât pas d’historiens, Rullandus en écrivit encore l’histoire. Deux ans après, Ingolstetetus, autre savant, écrit contre le sentiment que Rullandus avait de la dent d’or, et Rullandus fait aussitôt une belle et docte réplique.
Naguère, en un livre sur les femmes qui écrivent, il me parut juste d’étudier Catulle Mendès, mais certains sexes hésitants troublent le naturaliste ; on reste toujours inquiet, quelque état civil qu’on ait attribué à celui-là : si cette femme n’était qu’un homme qui nous tourne le dos… Donc, quoique j’aie donné sur elle un jugement d’ensemble auquel je n’ai rien à changer, voici que je reviens vers lui. Lui ou elle, masculin ou féminin, Mendès s’en fiche, qui écrivit dans le Journal du 6 mars 1897 : « L’accomplissement de cette chimère, les États-Unis de l’intelligence humaine, est-elle souhaitable ? […] Claretie les déclare un chef-d’œuvre parce que celui qui les écrit « est un laborieux et brave garçon ». […] Sachez que, dans le manuscrit d’Hernani, « Victor Hugo a donné à ses actes non pas un numéro mais une lettre spéciale : a, b, c, d, et e. » Apprenez encore que, le titre de ce drame est tracé « en grandes lettres figurant l’imprimerie et séparées les unes des autres » tandis que « le titre de Marion de Lorme est écrit en lettres anglaises ».
Ils ont fait exactement l’inverse de ce que font les auteurs « qui n’écrivent que pour être entendus ». Ceux-ci ramènent progressivement l’expression vague à l’expression précise ; eux détournent laborieusement l’expression à peu près précise vers l’expression sibylline, sachant pour qui ils écrivent. […] Nietzsche a très bien saisi leur procédé et leurs intentions : « On veut, non seulement être compris quand on écrit, mais encore, certainement, n’être pas compris. […] C’est ce qui a fait valoir plusieurs choses de néant, qui a mis en crédit plusieurs écrits et les a chargés de toutes sortes de matières qu’on a voulu, une même chose recevant mille et mille et autant qu’il nous plaît d’images et considérations diverses. » Or bien, c’est juste le travail contraire qu’il convient que vous fassiez sur les auteurs difficiles.
L’historien de Bernis s’est risqué dans l’aventure d’une histoire bien autrement difficile à écrire ! […] Voilà le héros inconnu, voilà le Childebrand de Frédéric Masson et de son histoire, — et ce serait immuablement, même sous sa plume, toujours rien, s’il n’en avait écrit que la biographie, et s’il ne l’avait élevé, ce rien, à la hauteur d’un type, — le type de la Noblesse sous Louis XIV, — et trouvé là une histoire si pleine, à côté de ce vide en histoire. […] C’est de cette noblesse qui était l’honneur des monarchies « fondées sur l’honneur », a dit Montesquieu, qui s’y connaissait, et qui eût pu en écrire l’histoire. […] de l’amour, — un amour rétrospectif pour elle… Ordinairement écrite par la Haine, elle a un accent ici sur lequel il n’est pas possible de se méprendre… Et c’est là ce qui donne à cette histoire sa délicate originalité, et, sous une forme quelquefois ironiquement charmante, sa lucidité pénétrante et sa profondeur.
— frappait et refrappait, de sa baguette de fée enchanteresse, sur nos fronts charmés, et nous aveuglait de ces coups délicieux qu’on aime… Mais nous osons écrire qu’il nous aveuglait ! […] Eh bien, nous l’écrivons avec le sentiment du regret, notre espérance a été trompée ! […] Voltaire, ce singe de Satan, qui a brisé le miroir de la Vérité en mille miettes, a dit avec son ineffable superficialité que la vie des hommes de génie n’est jamais que dans leurs écrits, et de bons esprits ont accepté cela comme un axiome. […] C’est là, sans doute une délicatesse… mais il est évident aussi que des délicats de cette espèce ne sont pas faits pour traiter largement un mâle sujet littéraire et nous l’ouvrir jusqu’aux entrailles ; il est évident qu’ils n’ont pas été créés et mis au monde pour ne rien comprendre aux énergiques trivialités des grands écrivains, et qu’il leur faut renoncer à écrire la biographie intellectuelle du Génie, aussi bien qu’à peigner, la crinière des lions !
Charrière, que nous ne connaissons pas, est probablement un homme d’esprit, et d’ailleurs il a trop vécu en tête à tête de son auteur dans le vis-à-vis d’une traduction, pour ne pas savoir la différence qu’il y a entre les tablettes d’un humouriste, écrites au courant de cette plume, mi-partie d’imagination et de réalité, qui est la plume des humouristes, et des Mémoires d’un seigneur russe, daguerréotypant, pour le compte de l’Histoire, avec une inflexible exactitude, les institutions et les mœurs politiques de son pays. […] Tourgueneff sont charmantes, et son traducteur a montré un tel talent d’expression qu’on dirait le livre écrit primitivement en français, tant on y sent bien l’originalité de l’auteur. […] Il y a plus : quand il écrit pour son propre compte, c’est un esprit froid, dont le style est pâle et manque de relief. […] Ceci a été écrit en 1854.
Depuis quelque temps, il ne peut plus écrire une page sans marquer son dédain et son antipathie pour ce qu’il appelle la littérature et la critique personnelles. […] Tandis qu’il lit un livre, il pense, pourrait-on dire, à tous les livres qui ont été écrits depuis le commencement du monde. […] Ou bien, quand l’œuvre est d’importance et qu’on veut « élever ses vues », on s’efforce de la situer historiquement dans une série de productions écrites ; ou bien, on recherche quel moment elle marque dans le développement, la dégénérescence ou la transformation d’un genre les genres littéraires étant considérés comme un je ne sais quoi de vivant et d’organique, qui existerait indépendamment des œuvres particulières et des cerveaux où elles ont été conçues… Cette critique-là, qui n’est qu’une idéologie, exclut presque entièrement la volupté qui naît du contact plein, naïf, et comme abandonné, avec l’œuvre d’art.
La chose la plus intéressante du poème, est d’y voir figurer Ercilla lui-même, qui se bat et qui écrit. […] C’est un sophisme digne de la dureté de notre siècle, d’avoir avancé que les bons ouvrages se font dans le malheur : il n’est pas vrai qu’on puisse bien écrire quand on souffre. […] Scaliger cite un fragment de Polyhistor, touchant certaines tables écrites avant le déluge, et conservées à Sippary, la même vraisemblablement que la Sipphara de Ptolémée4.
Trois principes fondamentaux Maintenant, afin d’éprouver si les propositions que nous avons présentées comme les éléments de la Science nouvelle, peuvent donner forme aux matériaux préparés dans la table chronologique, nous prions le lecteur de réfléchir à tout ce qu’on a jamais écrit sur les principes du savoir divin et humain des Gentils, et d’examiner s’il y trouvera rien qui contredise toutes ces propositions, ou plusieurs d’entre elles, ou même une seule ; chacune étant étroitement liée avec toutes les autres, en ébranler une, c’est les ébranler toutes. S’il fait cette comparaison, il ne verra certainement dans ce qu’on a écrit sur ces matières que des souvenirs confus, que les rêves d’une imagination déréglée ; la réflexion y est restée étrangère, par l’effet des deux vanités dont nous avons parlé (axiome 3). La vanité des nations, dont chacune veut être la plus ancienne de toutes, nous ôte l’espoir de trouver les principes de la Science nouvelle dans les écrits des philologues ; la vanité des savants, qui veulent que leurs sciences favorites aient été portées à leur perfection dès le commencement du monde, nous empêche de les chercher dans les ouvrages des philosophes ; nous suivrons donc ces recherches, comme s’il n’existait point de livres.
Certains jugeront peut-être qu’il aurait donc pu se dispenser de l’écrire. […] C’est un livre très amusant, comme tout ce qu’a écrit M. […] Les récitatifs sont écrits en vers libres, rimés ou assonancés. […] S’il écrivait bien, c’était par habitude, sans presque y songer. […] Lorsque Taine écrivait : « Ce jeune M.
Il a lu, en outre, tout ce qui a été écrit, en français et en allemand, sur la comédie au moyen âge. […] Si j’ai écrit à votre père, c’était pour plaider votre cause. […] Et il écrirait des poèmes abscons en langage précieux et en lignes très inégales, assonancées. […] Car écrire en vers des sottises, cela détourne parfois d’en faire. […] François Coppée, chose assez inattendue, écrivait les Humbles.
Celle de Laclos était de n’écrire qu’un seul roman. […] Ce poème, Gérard de Nerval l’a écrit dans la langue la plus limpide et la plus pure. […] Quoi de plus naturel, pourrait-on dire, que d’imprimer ce qu’a écrit quelqu’un qui fait justement métier d’écrire ? […] Or une originalité si marquée est, chez ceux qui écrivent, un don très rare. […] Lucien Muhlfeld (1870-1902), avant d’écrire des romans, s’était déjà distingué comme critique littéraire.
J’avoue que ce livre n’est point écrit pour les jeunes filles et qu’il exhale cette odeur impure dont parle M. […] Il écrit parce qu’il y a en lui une force supérieure qui le pousse à écrire des choses essentielles, à crier ses pensées, à donner la vie et l’expression aux idées qui tourmentent son cerveau et y bouillonnent. […] … Aujourd’hui, avec la liberté de la presse, il n’y a plus de finesse d’écrire, plus de style, plus rien ! […] Elle écrivait non avec l’espoir de publier ses œuvres, mais pour ne point trop penser à sa misère, pour amuser sa solitude, et comme pour lui tenir compagnie, et aussi, je pense, parce qu’elle aimait écrire. […] Elle fut prise du désir vague, informulé, d’écrire un jour, elle aussi, des histoires.
Comment écrire après Molière et pour contredire Molière ? […] Si Corneille écrivait la généreuse épopée de l’héroïsme, Balzac écrit la triomphante épopée de la passion. […] Quelquefois on lit un volume pour écrire une page. Je sais un homme qui un jour en lut quatre pour écrire trois lignes. […] Elles sont nées dans les salons : ce sont des conversations écrites.
Cependant, le don d’écrire était dans ce gavroche. […] Il écrivait à son frère (Corresp. […] Et Taine eût approuvé, dans son ensemble, le « projet de constitution » que Veuillot écrivit un jour pendant le siège de Paris. […] Les lois de sa république ne nous permettraient pas d’écrire tout ce que nous voulons et nous retrancheraient, par conséquent, un de nos plus chers plaisirs. […] Il écrit un jour à sa sœur : « Tout pour Pierre (le pape), rien pour Pétronille (la littérature).
Vous écrivez mal et vous falsifiez la nature. […] Impulsif, il écrit, et il se trouve que chacun de ses mots est autant de parcelles d’âmes palpitantes qui disent l’Homme. […] Dans ce cas il suffirait qu’un discours soit écrit en vers pour se ranger dans la cohorte sainte des œuvres poétiques. […] « En fait, le symbole, écrit M. […] J’écris à dessein positiviste et non naturaliste.
1° Quel est l’objet de l’art, en général, et particulièrement de l’art d’écrire ? […] Balzac a écrit trente ans ; et c’est être injuste à son égard que de ne le juger, comme on fait habituellement, que sur ses premiers écrits. […] C’est le livre le plus utile qu’on ait jamais écrit sur ces matières chez aucun peuple de l’Europe. […] est-ce que, pourvu qu’on les comprenne, ils ne croient pas assez bien écrire ? […] Avec ce qu’on trouve dans les écrits, cela aide et cela guide.
Il serait aujourd’hui difficile de reconnaître et de rassembler tout ce qu’il a écrit sur la lutte et les espérances des partis. […] À notre avis, cette contradiction est inévitable dans la vie des hommes qui écrivent de bonne heure. […] Ses odes, ses romans et ses drames, sont écrits avec des mots, et ne relèvent ni de l’intelligence ni du cœur. […] Jules Sandeau sont écrits d’un style pur et châtié. […] Il écrivit à Innocent III plusieurs lettres, qui nous ont été conservées, pour expliquer le renvoi d’Ingeburge.
J’ai autrefois parlé de Millevoye, et il m’est arrivé même d’écrire sur Léonard ; oublier après eux, ou bien omettre tout exprès Parny, c’est-à-dire le maître, ce serait dureté et injustice. […] Nous sommes assez heureux pour pouvoir donner la lettre simple, sérieuse et digne que le poëte écrivait à l’homme en place en le sollicitant. […] On raconte que, quelques années auparavant, celle qui avait été Éléonore, devenue veuve et libre, et restée naïve, avait écrit de Bourbon à son chantre passionné pour lui offrir sa main ; mais il était trop tard, et Parny ne laissa échapper que ce mot : « Non, non, ce n’est plus Éléonore. » — Celle-ci alors, selon la chronique désormais certaine et très-positive, se remaria, vint en France, habita et mourut en Bretagne, et l’on se souvient d’elle encore à Quimper-Corentin. […] Il est vrai que Parny avait eu un tort d’irrévérence en disant à la fin de son premier recueil : Dans les sentiers d’Anacréon Égarant ma jeunesse obscure, Je n’ai point la démangeaison D’entremêler une chanson Aux écrits pompeux du Mercure. […] On conçoit que Le Brun, qui prenait ici une revanche éclatante sur son vainqueur en élégie, ait pu dire un jour, dans un éloge un peu épigrammatique : Parny, demi-Tibulle, écrivit mollement Des vers inspirés par les Grâces Et dictés par le sentiment.
L’esprit n’est que la partie fugitive de l’homme ; il s’évapore avec les mœurs, les vices, les ridicules des temps et des lieux pour lesquels on a écrit. […] » La même passion natale de la liberté et de la campagne se retrouve dans ce billet écrit, dit-il, au pied des ruines du vieux temple de Vacuna, dans sa chère Sabine, en se promenant aux environs de sa métairie de Vacuna : « Salut ! […] « Après la bataille de Philippes, qui me dépouilla tout honteux de mes ailes d’espérance, de mes dieux lares et de mes patrimoines paternels, la pauvreté impérieuse et entreprenante me fit tenter d’écrire des vers ; mais, maintenant que je possède tout ce que je puis désirer, si je continuais à versifier encore, y aurait-il assez d’ellébore pour guérir ma folie, si au lieu de dormir je persévérais à aligner des strophes ? […] Il descendit à des tons infiniment plus familiers dans une autre épître intitulée le Voyage à Brindes, écrite à peu près dans le même temps, et que les éditeurs ont insérée à tort parmi les satires. […] Il ne faut pas chercher de la poésie ; c’est écrit au crayon sur le genou, en notes où le vers s’amuse à ressembler à la prose.
Il y lut plusieurs écrits sur l’Histoire naturelle, et entre autres morceaux historiques, une dissertation sur la politique des Romains dans la religion, prélude d’un de ses chefs-d’œuvre. […] un de ces hommes après lesquels il n’est plus permis d’écrire sur le sujet qu’ils ont traité et dont ils ont, du premier coup, effleuré toute la superficie ou épuisé tout l’intérêt ? […] « Je n’écris point pour censurer ce qui est établi, dans quelque pays que ce soit. […] Aristote écrivait de la politique plus solide ; Machiavel, plus intelligente, en mettant de côté la pure morale ; Platon, Fénelon, J. […] Rousseau écrivaient de plus beaux rêves ; mais c’étaient des rêves plus dangereux que des réalités.
Il écrit sa Réfutation du Catéchisme de Paul Ferry, ministre de l’Église réformée. […] Mais, gagnant Bossuet de vitesse, il écrivit secrètement une Explication des maximes des Saints, qui rétablissait la doctrine abandonnée par lui : le livre parut un mois juste avant celui de Bossuet (1697). […] Il revient en 1702 sur le même adversaire, condamne sa version du Nouveau Testament, et écrit contre lui une Défense de la Tradition et des Saints Pères. […] De même, il allègue, il cite les écrits, les lettres d’Anne de Gonzague, pour nous la faire connaître telle quelle fut. […] Bossuet s’abandonne librement ici à ses facultés de poète : il écrit pour des femmes, en qui il veut redoubler la ferveur, en leur faisant sentir le charme puissant des Livres Saints.
Il croit au règne du pur esprit, et ce règne se prépare par l’écrit 767. […] Il a écrit d’abord pour amuser l’ennui de sa prison, puis il a écrit pour illuminer l’humanité. […] Ses voyages sont des carnets où les dessins sont écrits. […] Il écrivit pour vivre, avec une intarissable abondance. […] Il écrivait une très jolie prose, alerte, limpide, toute voisine du xviiie siècle.
Cicéron, le plus littéraire de tous les hommes qui ont jamais existé sur la terre, a écrit une phrase magnifique, à immenses circonvolutions de mots sonores comme le galop du cheval de Virgile, sur les utilités et les délices des lettres. […] Cependant je pris la plume avec mes rivaux, et j’écrivis en toute humilité, mais avec tout l’effort de style dont j’étais capable, ma première composition. […] J’avoue que, si j’avais à l’écrire aujourd’hui, je la ferais peut-être plus magistralement, mais je ne la ferais peut-être pas avec plus de sentiment du vrai sous la plume. […] Ce fut l’époque où, après avoir écrit des volumes de poésie amoureuse, jetés depuis aux flammes pour en purifier les pages, j’écrivis ces poésies contemplatives qui furent accueillies comme les pressentiments bien plutôt que comme les promesses d’un poète. […] Elle finit aussi avec elle : dès qu’un peuple ne sait plus ni chanter, ni écrire, ni parler, il n’existe plus.
Arnoult, [Jean-Baptiste] Abbé, mort à Besançon en 1753, Auteur de huit Traités sur l’Education de la Jeunesse, assez mal écrits, mais pleins de réflexions utiles pour la culture de l’esprit & du cœur. Son Traité sur la Prudence n’annonce pas qu’il en eut beaucoup lui-même ; les pensées en sont triviales, & le style lâche & incorrect, deux raisons pour empêcher un homme prudent d’écrire.
Il commençait par des billets du matin musqués, pomponnés, à faire pâmer d’aise celles à qui il les écrivait. […] Il se plaisait, dans les heures bien rares que lui laissait le monde, à écrire sur toutes sortes de sujets, et particulièrement à se souvenir de ses succès de salon, à en fixer la mémoire, à noter ses premières aventures d’esprit, à dénombrer ses nobles relations, et (plus homme de lettres en cela et moins homme du monde qu’on ne l’aurait cru) à tenir registre de tous les jolis mots qu’il avait semés dans sa carrière. […] Dans un séjour qu’elle fit au château de Maintenon chez le duc de Noailles en août 1842, elle écrivait à sa nièce Mme Lenormant : « M.
madame, quand l’illustre Sévigné, que vous aimez tant, écrivait des riens, elle les adressait à sa fille en lettre close, et puis en ce temps-là qu’y avait-il de plus sérieux à dire ? […] Est-il bien désintéressé de sa part de dire de mademoiselle de Necker, qu’elle apprit à parler vite et beaucoup, et que c’est ainsi qu’elle écrit ; qu’elle n’eut que peu d’instruction, qu’elle n’approndit rien, etc ; et n’eût-il pas été plus convenable et plus noble à elle de reconnaître naïvement une gloire rivale qui honore son sexe et la France ? […] Sans doute, Chénier eut une fois envers elle le grand tort de lui parler d’amour, et d’autres fois il lui lança d’autres traits auxquels elle fut peut-être moins insensible ; mais, plus tard aussi, quand l’amertume de la satire fut exhalée, madame de Genlis reçut publiquement de sa plume, dans un estimable écrit, toute la justice à laquelle elle pouvait prétendre.
Lettres écrites de paris pendant les années 1830 et 1831, traduites par M. […] Guiran vient de donner une traduction élégante ont été récemment écrites de Paris à quelque journal d’Allemagne, et elles ont trait aux événements de ces vingt derniers mois. […] Ce que lui inspiraient de transports ces glorieux symboles, qu’il interprétait selon son cœur, ce que le mouvement et la conversation de chaque jour lui apportaient d’espérances, d’enthousiasme croissant, puis par degrés, plus tard, de refroidissement et de mécomptes, il l’écrit chaque soir, en quelques mots, sans beaucoup de suite, mais avec verve et sincérité.
cette œuvre si douloureusement réclamée et souhaitée, la voici, étrange, originale, nouvelle, puissamment créée, jaillie comme l’éclair, écrite en vers larges, ingénieux, curieux, étincelants des ors, des pierreries et des inépuisables richesses de la rime, et en même temps exprimant nos doutes, nos angoisses, notre inextinguible appétit de la lumière et de joie, et l’hymne à la Beauté, qui, vainement étouffée et comprimée, s’échappe irrésistiblement de nos âmes. […] Bergerat a donné le Poème de la guerre, recueil d’odes et de poésies patriotiques écrites pendant le siège de Paris et dont quelques-unes ont atteint et conservé la popularité. […] Car il tient que la clarté est le premier mérite de tout ce qu’il écrit.
Quoique le départ de son apport et de celui de son frère et collaborateur soit assez malaisé, on s’assure, par leurs témoignages communs et par l’examen des écrits du survivant, que Jules de Goncourt fut le virtuose habile et fécond, l’improvisateur toujours prêt, l’homme d’imagination et d’esprit, un peu le Monsieur en habit noir d’Henriette Maréchal. […] Ses écrits historiques ne sont pas impérissables : les arrière-neveux ne se soucieront pas de son goût de Watteau, ou de Hok’saï ; même ses prétentions à écrire les chapitres d’une clinique sociale laisseront profondément indifférent, Mais il demeurera bien un ou deux de ses romans, choisis au petit bonheur de la postérité.
Cela pouvoit-il s’arranger sans qu’il y eut rien d’écrit. […] Lucien dans l’écrit qu’il a composé sur l’art de la danse, tel que l’avoient les anciens, dit en parlant des personnages tragiques, qu’on leur entend prononcer de temps en temps quelques vers iambes, et qu’en les prononçant ils n’ont attention qu’à bien faire sortir leur voix, car les artisans ou les poëtes qui ont mis les pieces au théatre ont pourvû au reste. […] Tous ces récits sont encore appuïez du témoignage de Donat, qui a écrit expressément sur le théatre.
Bien que sans autres titres que ma connaissance familière des œuvres de ces jeunes écrivains, je me sens poussé par l’indignation en face des injures ineptes où sont en but de sympathiques et consciencieux artistes à écrire quelques lignes de vérité. […] Les poètes Je ne veux pas parler dans cette mince brochure que des Auteurs de volumes ou de plaquettes, auxquels le lecteur, désireux comme je l’espère de faire plus ample connaissance avec des écrivains si diversement appréciés, pourra être renvoyé ; il me semble, en effet, difficile et souverainement inutile de porter un jugement quelconque sur des personnalités dont les prétentions littéraires ne s’étayent pas sur le moindre écrit. […] Huysmans, Paul Adam, Poictevin, Dujardin, etc., mais je ne veux actuellement parler que des premiers : Jean Moréas Est l’auteur de deux recueils de vers : Les Syrtes, et Les Cantilènes ; il y a en lui du « Baudelaire avec plus de couleur », comme il l’a lui-même formulé ; du Heine, du Gœthe, du Verlaine, mais aussi beaucoup de Moréas ; dans ces derniers écrits il suit, par ses proses rythmées publiées dans La Vogue, le mouvement qui a porté MM.
Au sortir du théâtre, nous écrivions sur les murailles : « Vive Victor Hugo ! […] » Sur le tombeau de Murger ne pourrait-on pas écrire : « Il fit la Chanson de Musette ? […] Écrire, on le sentait déjà, lui paraissait froid, long, ennuyeux. […] Les pages qu’il a écrites sur Delacroix sont des plus remarquables. […] Tony Johannot est un feuilletoniste qui écrit au crayon, voilà tout.
Je n’ai pas mis de prétention dans mon style, j’y ai mis un peu plus d’attention que dans mes autres écrits, en vers ou en prose, parce que mes autres écrits, surtout en prose, ne s’adressaient qu’au temps, et que l’histoire s’adresse à la postérité. […] C’est possible ; mais j’ai toujours cru que la peinture n’était pas un défaut dans ces tableaux écrits qu’on appelle la grande histoire. […] J’admets donc que le livre est faiblement écrit ; mais son succès prodigieux et continu me permet de croire qu’il est, malgré ses imperfections, encore vivant et sympathique. […] Combien il serait beau aujourd’hui d’écrire ces vrais droits de l’homme par la main d’un Aristote, d’un Bacon, d’un Montesquieu, d’un Mirabeau ! […] Ce ne sont pas les géomètres qui écrivent les constitutions sociales, ce sont les hommes d’État.
Albert Thibaudet écrivait dans La Nouvelle Revue française : « A-t-on remarqué que le Midi n’a donné à la France, dans toute son histoire littéraire, pas un seul de ses grands poètes ? […] Effectivement et pratiquement parlée des Alpes aux Pyrénées, dans ses divers dialectes, par des millions d’hommes, support et expression d’une sensibilité, d’une âme particulière, elle n’a cessé, même aux époques où le sens de sa destinée s’est le plus obscurci, d’être véritablement écrite. […] Tous ces poètes ayant écrit en français, je ne vois pas leur inaptitude à se servir « d’une langue qui n’est pas la leur ». […] Car enfin il ne faut pas non plus exagérer l’importance de la langue maternelle, et l’on peut, si l’on est doué, écrire de très beaux vers dans une langue d’adoption, ainsi que l’ont prouvé de nos jours un Athénien, Moréas, un Américain, M. […] N’est-il pas vrai d’ailleurs que les pactes du Midi qui veulent écrire en français n’ont qu’une préoccupation : imiter, dans leur manière et jusque dans leurs erreurs, les poètes de Paris ?
Il a écrit des Lettres sur les Femmes, qui prouvent qu’il connoît mieux leurs vices & leurs défauts, que leurs bonnes qualités & leurs vertus. Il ne les a peintes qu’en laid, ce qui n’est pas galant pour un Chevalier ; mais chacun écrit selon qu’il est affecté.
Et ce qui se passe en ce moment, où j’écris, confirme l’exactitude de ce jugement. […] Sur ce point, il n’a rien omis, tout en évitant les détails répugnants, capables de dégrader celui qui les écrit. […] C’est la forme qui les enrage en moi, la phrase écrite, l’image, la vie du style. […] Dans le sentiment, il n’a vu que l’abus qu’on peut en faire, et il a écrit le Père Goriot. […] Mais il écrivait en prose, et le prosateur a un public bien plus étendu que le poète.
Son écrit sur les Lettres de Cachet avait seul fixé l’attention des bons juges. […] L’auteur nous y dit que, pour bien écrire l’histoire, la philosophie n’est point nécessaire. […] Ses écrits portent à la fois l’empreinte d’une âme fière et d’une imagination élevée. […] Il voulut pourtant écrire sur les femmes ! […] Nulle variété dans la manière de concevoir ni dans celle d’écrire.
Ses Préjugés du Public forment trois volumes, & pourroient être réduits à trois pages ; encore n’y trouveroit-on aucune pensée piquante & bien écrite. […] Si cet Auteur obtient jamais de la célébrité, ce sera par l’ennui mortel qu’inspirent ses Ecrits ; & le moyen d’y parvenir, seroit de trouver des Lecteurs assez courageux pour les lire.
Ses Ecrits offrent fréquemment des traits où le Sénat de Rome eût pu apprendre ses devoirs, & l'Eloquence Romaine trouver des modeles. Le dernier volume de ces Mémoires est composé en partie des Ecrits de son fils, qui s'y montre digne, par ses talens, d'avoir été le successeur d'un tel pere.
L’ouvrage trahit un peu la hâte dans laquelle il fut écrit. […] Molière en 1666 est le plus gai des hommes, du moins quand il écrit. […] L’homme qui avait écrit le Misanthrope et qui venait de jouer le Tartuffe ne pouvait écrire Monsieur de Pourceaugnac qu’avec dégoût, et pour qu’il l’écrivît, il fallait qu’il s’y sentît forcé, de quoi l’on ne peut que le plaindre. […] Dans ce qu’a écrit Molière il y a de fort bonnes choses. […] Et surtout qu’elle n’écrive jamais !
Un pareil homme n’écrit point pour le plaisir de faire du bruit. […] Charles Lamb écrivait une tragédie d’archéologue qu’on eût pu croire contemporaine du règne d’Élisabeth. […] Pour écrire un poëme indien, il faut être panthéiste de cœur, un peu fou et assez habituellement visionnaire ; pour écrire un poëme grec, il faut être polythéiste de cœur, païen à fond et naturaliste de métier. […] C’est ailleurs qu’était sa gloire, et il y avait une partie solide dans son esprit comme dans ses écrits. […] » écrit le capitaine Basil Hall, son hôte.
Écrire un roman pour moi, ce n’était qu’une manière indirecte d’aimer et de le dire. […] Je connais ainsi des écrivains qui, avant d’écrire, congédient la moitié de leurs idées, et qui ne savent les exprimer qu’une à une : c’est pauvre. […] XXXII Puisqu’il faut avoir des ennemis, tâchons d’en avoir qui nous fassent honneur : « L’envie et la médisance l’ont déjà attaqué ; il a eu les faux esprits pour ennemis, c’est une bonne marque. » Lord Bolingbroke a écrit cela de l’abbé Alari ; tâchons qu’on le puisse dire de nous. […] XXXV J’avais une manière ; je m’étais fait à écrire dans un certain tour, à caresser et à raffiner ma pensée ; je m’y complaisais.
Les ouvrages anglais, les ouvrages allemands, et quelques écrits des Danois et des Suédois doivent être classés dans la littérature du Nord, dans celle qui a commencé par les bardes écossais, les Fables islandaises, et les Poésies scandinaves. […] La perfection de quelques-unes de ces poésies prouve, sans doute, le génie de leurs auteurs ; mais il n’en est pas moins certain qu’en Italie les mêmes hommes n’auraient pas composé les mêmes écrits, quand ils auraient ressenti la même passion ; tant il est vrai que les ouvrages littéraires ayant le succès pour but, l’on y retrouve communément moins de traces du caractère personnel de l’écrivain, que de l’esprit général de sa nation et de son siècle. […] Un très grand nombre de savants ont écrit sur la littérature runique, sur les poésies et les antiquités du Nord. […] L’on a écrit que j’avais comparé Homère à Ossian ; et je n’ai pas changé dans cette seconde édition un mot à ce morceau.
Éludiez Pascal, et la vie intense des acteurs de la comédie théologique qu’il dénonce à l’opinion des mondains : observez le père jésuite de la Quatrième Provinciale, doux et accueillant, ami des gens curieux, expert en logique, à cheval sur les textes et les autorités, n’ouvrant qu’avec révérence la Somme des péchés du père Bauny, « et de la cinquième édition encore, pour vous montrer que c’est un bon livre », et les écrits du P. […] S’il s’agit d’un personnage réel, vous l’étudierez dans ce qu’on a écrit sur lui et dans ce qu’il a pu écrire lui-même. […] Le don de dessiner des caractères, de faire vivre des personnages, est rare, et l’on ne peut l’attendre d’un enfant qui s’exerce à écrire dans des compositions de collège.
Dubout veut me brouiller avec le public, auquel il dénonce mes irrévérences. « Le public, écrit-il, n’est guère mieux traité : M. […] J’ai pu insulter le public, mais non pas en ces termes. « L’état d’un niveau intellectuel… », « une inattention voisine de la sottise », jamais je n’ai écrit ça, grâce à Dieu, et M. […] Peut-être, seulement, eût-il fallu écrire : « un silence qui pourrait être attribué par quelques-uns… » et non : « qui pourrait être attribué aux yeux de quelques-uns ». […] J’écrivais : « … Je veux bien que Frédégonde, chrétienne peu éclairée, ait conçu cette ruse grossière et en ait espéré le succès.
Au contraire, les premiers écrits de M. […] « Dis-nous que toute vie est belle et vaut de vivre » chante un poème, comme pour compléter le vers de Joies : « la vie est croulante, lustres sur lustres ». — On dirait qu’Empédocle s’unit ici à Héraclite, mais pour une conclusion nouvelle dont la ferme expression fait songer aux écrits d’Emerson. […] Quelques pages de vers écrites à l’instant du doute, nous révèlent le drame de son cœur et de son cerveau, et ce drame a été joué en chacun de nous par des acteurs muets qui sont la Crainte et l’Espoir, le généreux désir qui veut, la lâcheté qui hésite devant la vie, et notre faiblesse qui écoute et regarde. […] Vielé-Griffin s’éclaire à la haute flamme de la Joie, mais M. de Régnier s’appuie à la stature de la Douleur que la résignation rend encore plus humaine et si la Fatalité n’est plus, dans ses écrits, le geste pétrifiant qui se tendait soudain sur les héros de la tragédie grecque, sa forme lointaine a gagné en mystère ce qu’elle perdait en majesté.
Le 13 janvier 1672, elle écrivait encore : « Nous soupons tous les soirs avec madame Scarron. […] De nos jours, des commentateurs ont osé faire ce dont les écrits du temps de Molière se sont abstenus, et ce à quoi la volonté de Molière a été de ne donner ni occasion, ni prétexte ; ils ont pris sur eux d’appliquer des noms propres aux personnages ridicules, même odieux des Femmes savantes. […] Je ne puis retenir ici l’expression d’un sentiment dont j’ai eu plus d’une fois l’occasion de me pénétrer ; c’est que ce système est condamnable en littérature, en politique, et surtout en morale, qui convertit des ouvrages d’imagination en écrits historiques, et fait d’une satire ou d’une comédie un répertoire d’anecdotes. […] Aimé Martin ; le premier, c’est qu’en 1672, le duc de La Rochefoucauld invita madame de Sévigné à venir entendre chez lui une comédie de Molière , comédie qui ne pouvait être autre que Les Femmes savantes, publiée au mois de mai de cette année ; le second, c’est que madame de Sévigné écrit elle-même à sa fille, dans le même temps, qu’elle a ménagé au cardinal de Retz, retenu chez lui par la goutte, la lecture des Femmes savantes, par Molière, et Le Lutrin de Despréaux.
Clément soutient d’abord qu’un Poëme doit être écrit pour tous les Lecteurs, & que le Poëme didactique ne sauroit avoir ce mérite, attendu que les termes techniques, qu’il faut nécessairement y faire entrer, sont de l’algebre pour les trois quarts & demi des Lecteurs*. […] Vaniere, la Callipédie de Quillet, le Poëme de Scevole de Sainte Marthe, sur la maniere d’élever les enfans à la mamelle, celui de Arte graphicâ de Dufresnoy, celui de l’Abbé de Marsy sur le même sujet, l’Anti-Lucrece, sont regardés comme d’excellens Ouvrages, malgré le fond des matieres, au dessus du commun des Lecteurs ; malgré la Langue dans laquelle ils sont écrits, dont la connoissance est encore plus bornée que celle des matieres. […] Et les doigts des Laquais dans la crasse tracés, Témoignoient, par écrit, qu’on les avoit rincés. […] Racine a eu le mérite d’écrire en prose avec autant d’élégance que de pureté.
Et, tous les deux, voici qu’ils font la preuve, à leur tour, que la Diplomatie, dont le plus grand mérite pendant l’action est presque toujours le silence, après l’action, devrait aussi le garder… Talleyrand, qui fut le plus silencieux des diplomates, Talleyrand qui n’écrivait que des billets, ne disait que des mots, et dont toute la puissance ne fut guères que dans des monosyllabes et des airs, avait-il conscience de cela quand il prescrivait de ne publier ses Mémoires que trente ans après sa mort ? […] Pour Donoso Cortès, l’auteur de l’Essai sur le socialisme, qui s’est écrit en toutes lettres ineffaçables dans ce livre éclatant, allumé sur sa mémoire comme un phare sur un tombeau, ce n’est pas bien sur ; mais pour Raczynski, cela est certain. […] On n’y reconnaît pas la plume qui écrivit ce magnifique Essai sur le socialisme, qui fît croire un jour que Donoso Cortès avait du génie ! […] Seulement, ce genre de livres, — qui n’ont pour se recommander que la fonction diplomatique de ceux-là qui les écrivirent, et qui n’ajoutent à ce qu’on sait aucune grande vue nouvelle ou aucun fait important de nature à modifier ou à éclairer puissamment l’histoire, — heureusement !
Les Oubliés et les Dédaignés 11 sont du moins de la littérature, et Charles Monselet est un talent d’un ordre fort distingué, et qui s’élèvera, nous en sommes sûrs, — qui s’est déjà élevé depuis qu’il a écrit ces livres. […] Il a écrit autrefois M. de Cupidon. […] Je connaissais la vignette qui est partout, l’esprit joyeux et fin, le voluptueux embonpoint littéraire, le sensuel, le gourmand, le gourmet, — écrit ainsi et non comme cela : gourmé, car il ne l’est point, mais aimable au contraire, abandonné, facile, charmant, et, même quand il s’attendrit, toujours de la fantaisie la plus rose ! […] L’homme, en effet, qui entre autres choses du présent volume, a écrit la grande et simple et superbe étude sur Chateaubriand, dans laquelle je rencontre des passages aussi surprenants par la gravité forte que par la profondeur de la mélancolie n’est plus, et de nature première ne saurait être uniquement ce poète léger du Plaisir et de l’Amour qui commença par les sensualités du cœur pour finir par les sensualités de l’estomac.
Jacques Demogeot a été parlé avant d’être écrit. […] Mais, quand un homme a eu le bonheur de parler sa pensée au lieu de l’écrire, pourquoi, du moins, ne pas la conserver comme il l’a parlée, et lui ôter, en faisant un livre, de sa vie première et de son bouillonnement de source ? […] Jacques Demogeot est un professeur et un universitaire, mais on ne le saurait pas s’il n’avait pas écrit tous ses titres sur la première page de son livre. […] Voilà ce qui empêche de regarder aux erreurs menues et fait applaudir à la large justice d’un écrivain qui, en jugeant la littérature d’avant Corneille, ne s’est pas rappelé assez qu’il écrit, lui, après Corneille !
L’histoire du journalisme en France, c’est-à-dire l’histoire de toutes les idées, de toutes les passions, de tous les partis qui se sont servis du journalisme comme d’une arme bonne à toute main, est, en effet, à cette heure, cruellement difficile, et qui l’entreprend doit avoir plus de froideur de tête et plus de mépris des préjugés contemporains que pour écrire toute autre histoire. […] Richelieu, qui protégea Renaudot, le fondateur de la première gazette en France, mais qui le protégea en restant son maître ; la Chambre étoilée, en Angleterre, qui regarda toujours les journaux d’un œil de vigilance sourcilleuse, — torvo lumine, — quoique, en Angleterre, la liberté des écrits périodiques ait bien moins d’inconvénients qu’ailleurs, parce qu’elle y est accompagnée d’un grand respect pour les hiérarchies, auraient dû, ce semble, éveiller en Μ. […] Hatin, jusqu’à la Révolution française, — qui déchaîna le journalisme, jusque-là contenu sous la main des gouvernements, — et son histoire, à cette grande presse dérisoire qui fut si peu de chose, n’aurait-elle pas été bientôt écrite, si l’auteur de l’Histoire de la Presse en France, tenant à justifier son titre, n’avait remonté les courants de la Fronde et de ses pamphlets pour y trouver ce qu’il appelle la petite Presse ? […] La tête de l’homme à qui la pensée est venue d’écrire l’histoire du journalisme en France, a été faite évidemment pour mieux que pour entreprendre des catalogues.
, ces œuvres d’un prix si réduit et d’un format si commode, contiennent l’écrit intitulé : La France libre, Le Discours de la Lanterne aux Parisiens, des Lettres de Camille à son père et à sa femme, et, enfin, ce qui a fixé la gloire d’écrivain de l’auteur, son Vieux Cordelier. […] Camille Desmoulins, cet homme du talent le plus vif peut-être qu’on ait vu depuis Beaumarchais et Voltaire, ne pouvait pas plus échapper qu’un autre à la loi qui régit ces écrits d’un jour, qui nous donnent, sans monter plus haut pour les juger, la passion du moment et ses illusions, son enthousiasme et ses badauderies. […] Il adorait sa petite femme, il pourléchait son enfant, et il vota la mort de Louis XVI ; et, tout homme d’esprit qu’il fût dans un temps où il n’y avait plus d’hommes d’esprit en France, il ne se contenta pas de voter cette mort, mais il écrivit ces mots d’imbécile : « Louis XVI avait les instincts du tigre ». […] Un jour, j’écrivais de Camille qu’il était l’André Chénier du journalisme, qu’il en avait l’iambe en prose, la langue souple, la pureté de camée… Mais, ce jour-là, je lisais Carrel !
Or c’est précisément ce détachement, cet isolement de tout système de philosophie, qui fait le danger de cette morale, écrite seulement dans nos cœurs, et peu importe par quelle main ! […] Dans l’avant-propos de son livre il a défini, comme il le devait, du reste, cette morale dont il a résolu d’écrire l’histoire. […] Louis-Auguste Martin ne l’a pas même écrit, par distraction, une seule fois. […] La femme, écrit-il, doit jouer un rôle égal à celui de l’homme dans une civilisation bien faite, « mais ce jour semble ajourné à l’époque où ne domineront plus l’audace, la valeur guerrière, incompatibles avec sa nature douce et résignée… seulement, soyons tranquilles, ce jour arrivera… » Dites-vous-le bien, messieurs les officiers de spahis !
Chastel, car il a beaucoup de talent, et il a pris dans la lecture des Pères des empreintes si chrétiennes, qu’on oublie parfois qu’il est un révolté contre l’Église dont il écrit l’histoire. […] telle est la pensée qui naîtra dans l’esprit de tout homme de sens et de bonne foi en lisant, après l’écrit de E. Chastel, le livre que, sous un titre différent, Martin Doisy a écrit sur la question proposée par l’Académie. […] N’ayant rien appris dans les écrits protestants de MM.
En attendant qu’il entre de plain-pied chez eux, il écrit pour eux, et si ces vieux Jacobs avaient des entrailles il devrait être leur Benjamin… Dans son respect superstitieux pour ces vénérables, il avait publié avant son Être social un livre du Mariage, auquel les Pères conscrits de l’Académie des sciences morales et politiques avaient accordé une mention honorable et dont il s’honore. […] III Tel donc est ce livre de l’Être social, au titre d’une grandeur trahie, écrit par un de ces esprits modernes qui n’est sûr de rien, et qui est adressé à des gens qui non plus ne sont sûrs de rien comme lui, — et pas même de la valeur de son livre. […] il a écrit, sans que la plume lui tombe des mains : « L’homme suffit à l’homme. […] Et quand il s’agit de se prononcer sur la valeur du système représentatif qui règne à présent sur le monde, Armand Hayem, qui sera quelque jour un homme politique, se dérobe une fois de plus, si bien qu’en résumé et partout, sur toutes les questions, son Mémoire, fait pour une académie devant laquelle il savait bien qu’il parlait et dont il a fait un livre après coup, n’est absolument rien de plus qu’une vaste pierre d’attente à base tremblante, et pourrait s’appeler, pour la peine de l’avoir écrit, la philosophie et la politique de l’ajournement.
Tout en y croyant, je n’ai pas écrit ce nom de Maurice Bouchor, et, cependant, ce n’était un nom inconnu ni pour le public ni pour moi. […] L’homme qui l’a écrit a une idée ; mais Dieu, qui a la sienne aussi, lui fait dire ce qu’il ne comprend pas, même en le disant ; et ce n’en est que plus frappant et plus sublime… Il combattit jusqu’à l’aurore… Et c’était l’Esprit du Seigneur ! […] Imitateur, — je n’écrirai jamais servile, — esclave peut-être, mais esclave frémissant, dans la conception de son poème, voilà que tout à coup Bouchor se relève original, — original par l’accent ! […] Mais d’athée convaincu, nous n’en connaissions pas qui écrivît des vers de cette mortelle désespérance : Aussi, dans quelque lieu que je porte mes pas, L’ennui marche avec moi ; si, dans la nuit en fête, Les étoiles du ciel s’allument sur ma tête, Je me tais, sachant bien qu’elles n’entendent pas.
Le génie de son mari, voilà ce que devait voir exclusivement madame Heine, parce que, dans le jugement de la postérité, Henri Heine, comme tous les poètes, ne comptera que par son génie, lequel ne sera pas détruit par une correspondance privée, même écrite sans talent, ce qui, pour un homme comme lui, serait le tort suprême. Qu’importent, en effet, les quelques lettres en déshabillé qu’un homme fatigué écrit, entre le Reisebilder et l’Intermezzo, par exemple, à un éditeur ou à un ami, — ne confondons pas ! […] en les rendant mortelles, — jusqu’à ses autres poèmes d’une concentration moins profonde et jusque dans les pages les plus sérieuses de ses ouvrages en prose, Henri Heine a toujours mêlé à tout ce qu’il a écrit une ironie… est-ce divine ou diabolique qu’il faut dire ? […] pas, en Angleterre, le mol Tennyson, le lauréat de la reine, le poète des élégances et des convenances anglaises, tout camélia blanc et rose thé, très digne d’écrire, comme un chinois, ses vers sur de la soie ou de la porcelaine, qui pourrait remplacer dans les imaginations le fantaisiste passionné d’Atta Troll, de La Mer du Nord, des Romanceros, du Livre de Lazare, le plus tendre, le plus rêveur, le plus blessé, le plus rieur des hommes, malgré ses blessures, et qui, comme les Douglas d’Écosse, mériterait de porter ce beau surnom : Au Cœur sanglant !
écrit un juriste auquel nous allons avoir amplement recours. […] Nullement, l’histoire nous enseigne qu’un juge a été institué pour décider entre eux, suivant l’équité d’abord, puis la coutume, et enfin la loi écrite, qui a été le produit d’une civilisation déjà formée. […] Ayant comme but la « réunion intime d’un groupe restreint d’hommes déjà connus dans la science du droit international, par leurs écrits ou par leurs actes, et appartenant, autant que possible, aux pays les plus divers », M. […] Kamarowsky, professeur à l’Université de Moscou, a résumé cette dernière dans un livre remarquable où il préconise l’adoption d’une juridiction internationale permanente et facultative. « La tâche du Tribunal arbitral et permanent, dans la sphère internationale, écrit l’auteur, consiste précisément à implanter graduellement et à développer chez les peuples, le sentiment de la nécessité de recourir au droit, lorsqu’il s’agit de régler leurs dissentiments. » C’est l’entrée de l’arbitrage dans sa phase de plénitude.
Chassé de France, il écrivit contre ces deux Monarques des Libelles pleins d’audace & de férocité. On reconnoît dans ses Ecrits cet emportement de démence & d’atrocité, que la Religion réprouve dans ses aveugles défenseurs, & qui ne doit être le partage que des Adversaires plus aveugles encore qui la combattent.
Revenu à Paris, il continuait de faire des dessins de diverses sortes et des aquarelles, lorsqu’un jour Susse, qui lui en achetait une, exigea une signature : « Le public, disait l’éditeur, aime des œuvres qui soient signées. » Gavarni, mis en demeure d’écrire un nom, se souvint alors de la vallée de Gavarnie qu’il avait habitée et de la cascade qu’il aimait, et, sur le comptoir de Susse, il signa son dessin de ce nom d’affection qu’il mit seulement au masculin. […] Notre ami et voisin Nestor Roqueplan aurait là tout un spirituel chapitre de mœurs à écrire ; je ne l’entrevois que de loin et fort en raccourci. […] Gavarni littérateur a écrit d’autres choses que ses légendes, et j’ai sous les yeux, en épreuves, un petit recueil projeté et non publié, se composant des divers morceaux qu’il a insérés çà et là, et qui devaient paraître réunis sous ce titre : Manières de voir et façons de penser. […] Comme Gavarni n’est qu’un amateur en ce genre, qu’il n’écrit pas pour écrire, mais pour se faire plaisir à lui-même, on trouverait là, en cherchant bien, le fin mot et le fond de sa pensée sur toutes choses. […] Vuillart, souhaitant une bonne fin d’année à l’un de ses amis le jeudi, dernier jour de l’an 1699, écrivait : « Il y en a qui prennent ce nouvel an pour le premier d’un siècle nouveau ; mais il me paraît bien plus naturel de le prendre pour le dernier de celui-ci.
La contre-partie et le pendant de ces fortes œuvres dans les écrits et les harangues d’alentour ne se trouveraient qu’épars. […] La troisième écrite peu de jours après (et toutes les quatre l’ont été dans l’intervalle de quinze jours, du 22 juin au 7 juillet) roule en partie sur un projet d’évasion qu’on lui avait proposé déjà et que Buzot renouvelait : Mme Roland s’y refuse, et elle affecte, à cet effet, plus de sécurité qu’elle n’en avait certainement sur l’issue de sa détention. […] Faugère nous dit : « On raconte qu’au pied de l’échafaud, en ces derniers instants où, entrevoyant les ombres redoutables de l’Éternité, les cœurs les plus fermes se troublent, les plus incrédules commencent à douter, Mme Roland demanda qu’il lui fût permis d’écrire des pensées extraordinaires qu’elle avait eues dans le trajet de la Conciergerie à la place de la Révolution. […] Faugère, de vouloir écrire ses dernières pensées, conçues pendant le trajet même ; qu’elle ait demandé du papier, une plume et de l’encre au pied de l’échafaud, qu’elle se soit exposée à ce refus, c’est impossible, c’est contradictoire, c’est petit, c’est puéril. […] Voici donc ce qu’il a écrit sur Mme Roland, et qu’on ne s’aviserait guère d’aller chercher dans ses Mémoires d’un touriste (1838).
Il est plein d’imperfections, sans doute, parce que c’est un homme d’un talent borné qui l’a écrit ; mais il est plein de leçons, parce que c’est Dieu qui les donne. Vous avez assez d’histoires de la Révolution écrites par des apologistes de la terreur, laissez-lui-en une écrite par un apologiste de l’humanité ! […] Venait-il chercher des inspirations politiques sous les arbres à l’ombre desquels son maître avait écrit le Contrat social ? […] Sur la tombe de chacune de ses victimes, est écrit un mot qui la caractérise. […] Mais sur toutes il est écrit : Mort pour l’avenir et Ouvrier de l’humanité.
Assurément Boileau coupe ses vers à l’hémistiche, et pour lui, comme pour tous ses contemporains, le distique est la forme fondamentale, quand il écrit en alexandrins. […] C’est ainsi qu’il écrit : Et déjà mon vers — coule à flots précipités. […] Mais emporté par son admiration pour les modèles anciens, obéissant à un goût tout intellectuel que lui inspirait la société où il vivait, il entreprit d’écrire des discours moraux. […] Les transitions n’ont jamais tourmenté un orateur, ni un homme qui écrit de passion. […] Les Satires et les Épîtres étaient des morceaux bien écrits, bien pensés, selon les idées moyennes du siècle.
Il n’a ni la liberté ni les moyens d’écrire des romans naturalistes, impressionnistes, pessimistes, analytiques ou autres. […] Le malheureux ne peut écrire que sur l’économie politique ou sur l’histoire diplomatique ou militaire, et là encore il n’a jamais ses coudées franches. […] Mais (et c’est là mon second regret) on sent trop, à certaines timidités, à certaines habiletés aussi, que l’histoire de ces princes a été écrite par leur cousin et leur héritier, qu’il leur est attaché par les liens du sang et de la reconnaissance. […] M. le duc d’Aumale nous donne quelques-unes des lettres latines qu’il écrivait à son père à cette époque. […] « Gassion aussi, dit M. le duc d’Aumale, avait écrit à Mazarin ; dans sa lettre, courte d’ailleurs, il avait trouvé moyen de ne parler que de lui-même. » Voyez-vous percer la malveillance ?
Il n’écrivait pas ou peu, non par impuissance, mais par dédain. […] Du Plessys écrivait moins que jamais. […] À la mort de son père, en 1879, il prit la direction des affaires de la maison, écrivit entre temps divers articles ou poèmes publiés çà et là. […] On écrivait d’elle : — « N’a-t-elle pas toujours été un obstacle à tous les mouvements de la pensée ? […] Et le Casoar vénéré Dont le plumage écrit en ré Mineur flamboie Et, non obstant leur collège ars, Libidineux, virant, les Jars Autour d’une oie.
Ils les employaient dans leur parler et dans leurs écrits. […] Fontanes, dans la Maison rustique, voulant parler poétiquement de la ménagère qui fait des confitures, tirait de l’Etna le vieux roi des Cyclopes pour l’aider en cette besogne difficile et il écrivait : Cette pâte épaissie au souffle de Vulcain. […] C’est là qu’ils hasardent ce qu’ils n’osent encore écrire. […] Sans parler des écrivains qui causent leurs livres avant de les écrire, ainsi que faisaient, par exemple, Mme de Staël et Alphonse Daudet, n’est-ce pas là qu’on apprend à tourner vivement cette conversation écrite que l’on appelle une lettre ? […] Il écrit : Je veux enfin qu’au jour marqué pour le repos L’hôte laborieux des modestes hameaux Sur sa table moins humble ait, par ma bienfaisance, Quelques-uns de ces mets réservés à l’aisance.
Si elle tint quelque temps l’épée comme une guerrière, elle a beaucoup produit la plume à la main : non seulement elle a laissé des Mémoires intéressants et très véridiques, dont on a dit « qu’ils sont assez mal écrits pour que l’on puisse s’assurer qu’ils sont d’elle », mais on a encore de sa façon de petits romans, des portraits, des lettres. […] Elle commença à écrire ses mémoires. […] Au sortir de là, toute remplie de son objet, elle écrivit une longue lettre à Mme de Motteville, qui lui répondit à son tour. […] » À Saint-Germain, où était la Cour, comme elle était pour la centième fois sur le point de nommer à Lauzun cette personne qu’elle avait choisie pour la rendre heureuse, et sur laquelle elle le consultait sans cesse, elle n’avait pourtant pas la force de lui articuler le nom : « Si j’avais une écritoire et du papier, je vous l’écrirais », lui disait-elle ; et montrant une glace qui était à côté : « J’ai envie de souffler dessus, et j’y écrirai le nom en grosses lettres, afin que vous le puissiez bien lire. » Ce qui est remarquable et ce qui fait le cachet du temps, c’est que l’idée du roi, le culte et l’idolâtrie officielle qu’on lui vouait, étaient en tiers dans tout cela. […] [NdA] Depuis que ceci est écrit, il a paru une édition nouvelle, la première tout à fait exacte, des Mémoires de Mademoiselle (Charpentier, 1858), donnée par les soins de M.
Tant qu’il n’a qu’un homme en face de lui, il se sent fort : Je me suis bien étudié, écrivait-il à son ami Gudin, tout le temps qu’a duré l’acte tragique du bois de Neustadt. […] Beaumarchais tint la gageure, et Le Mariage fut écrit ou crayonné dès 1775 ou 1776, c’est-à-dire dans cette période que je considère comme celle où Beaumarchais fut en possession de tout son esprit et de tout son génie, et après laquelle nous le verrons baisser légèrement et s’égarer de nouveau. […] « Il n’y a, disait celui-ci, que les petits hommes qui craignent les petits écrits » ; et il le leur avait persuadé en effet. […] Suard en jugeait comme Napoléon, et La Harpe écrivait : « Il est facile de concevoir les jouissances et les joies d’un public charmé de s’amuser aux dépens de l’autorité, qui consent elle-même à être bernée sur les planches. » Mais, où le rire général se mêle et où l’ivresse éclate, que peuvent les prévisions et les réserves de quelques esprits ? […] Louis XVI, quand il prit cette décision, était au jeu : ce fut sur une carte, sur un sept de pique qu’il écrivit au crayon, avec le crayon dont on marquait les bêtes 30, cet ordre inconcevable d’enlever Beaumarchais et de le conduire à Saint-Lazare (7 mars 1785).
« Si les Mémoires de ce Cosnac sont imprimés, je vous prie de me les envoyer », écrivait Voltaire à Thieriot le 21 juillet 1756 ; et il écrivait encore le 9 août suivant : « C’est grand dommage qu’on n’imprime pas les Mémoires de ce fou d’évêque Cosnac. » Cosnac n’était pas fou ; il était fin, sensé, habile, mais gai, brusque, pétulant, et en tout un original. […] Après un scrupuleux examen, il a été reconnu que les deux versions, toutes dissemblables qu’elles peuvent être, sont authentiques, mais elles ont été écrites à des époques différentes. L’évêque Cosnac, jeune encore et dans son exil à L’Isle-Jourdain, écrivait la première version, la tête toute remplie de ses débuts et de ses aventures. Plus vieux, et devenu un archevêque considérable, il se remet à écrire l’histoire de sa vie, mais il en raccourcit les commencements, il ne s’y étend plus avec un détail circonstancié ; il semble considérer comme des enfances tout ce qui se rapporte à cette époque déjà si ancienne, que l’autorité toute-puissante de Louis XIV avait presque réduite à l’état d’histoire fabuleuse et mythologique. […] Il y a là un chapitre bien délicat à écrire, et dont Cosnac fournirait les principaux traits.
Philarète Chasles, qui n’avait pas, comme Jules Janin, dans sa spécialité, la jambe des danseuses et la douce liberté du feuilleton ; Philarète Chasles, qui était un pur littérateur de la troisième page, au nom à moitié grec, bonne fortune pour un professeur de littérature païenne, avait le mérite de détonner parmi les sérieux de l’endroit qui y écrivaient des Variétés invariables. […] Mais, au lieu de pleurailler, comme tout à l’heure, dans le verre de Galilée, Philarète Chasles, rabelaisien quoique maigre, a-t-il donc bu de ce vin grec, qui lui paraît si bon, pour écrire de ces ébriétés, pour développer, dans un livre signé de son titre au Collège de France, l’idée falote que moins on est cruel, plus on l’est ? Assurément, de tels paradoxes sont trop minces pour ne pas casser, et les raisonnements qui les appuient ne peuvent prendre qu’au Journal des Débats, entre les têtes les plus chinoises des mandarins qui y écrivent. […] mais d’une grandeur sinistre, — quelque chose de chauffé et de recuit au feu de l’enfer de sa haine du p…, comme il disait, le mot prêtre lui paraissant trop effrayant pour qu’il voulût jamais l’écrire. […] Philarète Chasles pense ici comme Jourdan, du Siècle, s’il écrit encore bien des pages dans ce livre comme Philarète Chasles.
Ses Ouvrages de Biographie, ses Sermons, ses Panégyriques, écrits d’une maniere diffuse & dépourvus de goût, ne lui laissent qu’une place médiocre parmi les Littérateurs. […] M. l’Abbé Collet n’a pas le mérite d’écrire élégamment, ni en Latin, ni en François ; mais il a dans l’une & l’autre langue celui de la clarté, de la netteté, de la méthode, qui convient parfaitement aux Ouvrages d’instruction.
Ses Lettres, écrites avec légéreté, fourmillent d’une quantité de fausses anecdotes adoptées au hasard, ou imaginées tout exprès pour l’amusement du Lecteur. […] Ses Mémoires, écrits du même ton, ne donnent pas une grande idée de sa conduite, quoiqu’elle les ait composés pour sa justification.
On se souvient de ses démêlés avec le Ministre Jurieu, mais on ne lit plus les Ecrits que ces démêlés ont fait naître. […] Son Traité du Tolérantisme est sur-tout solidement écrit.
Autrefois estimé ; on ne lit plus ses Ouvrages, qui, pour la plupart, sont écrits en Latins. […] On a encore de cet Auteur des Eloges de quelques Hommes illustres, le tout écrit en Latin, farci de grands mots, & assez dépourvu de sens.
Enchaînement de ses divers écrits. — 3. […] C’est aux Charmettes que Rousseau écrit ses premiers essais. […] Cette page illumine l’œuvre de Rousseau et lève les difficultés qu’on a parfois trouvées dans la liaison des divers écrits qui la composent. […] L’Emile, avec toutes les corrections de détail qu’il nécessite, est le plus beau, le plus complet, le plus suggestif traité d’éducation qu’on ait écrit. […] Diderot nous offrait quelques saillies : mais ici dans cette lettre, Rousseau a écrit d’un bout à l’autre l’un des plus émouvants poèmes d’amour que nous ayons en notre langue, le poème des souvenirs et des regrets.
Est-ce Taine ou bien Renan (je n’ai pas d’ouvrages sous la main) qui a dit : « Nos livres devraient être écrits en latin… » ? […] » Ils n’en ont pas moins continué à écrire en français. […] Nos écrits, comme ceux du xixe siècle, sont encore composés dans la solitude. […] Pendant la guerre on aurait même écrit : un traître à la patrie, simplement ! […] Le xixe siècle français, écrit M.