À la vérité, le public dont nous parlons n’est pas le seul qui existe en France, heureusement ; mais pourtant c’est le public apparent, le public fort, le peuple souverain. […] Le pieux et enthousiaste Canalis, que l’on voit dans les lithographies, drapé à la lord Byron, les cheveux en coup de vent et les yeux au ciel, ce poète abstrait n’existe que sur le papier. […] On sent, en lisant ces pages, que la grandeur pourrait exister dans le monde qu’elles créent : mais malheureusement les personnages sont si faiblement inventés, qu’elle passe rapidement après avoir empreint au hasard la trace de ses pas sur quelques vers. […] Il existe aujourd’hui un grand maître en fait de nouvelles ; difficilement on ferait mieux que Colomba et que la Double Méprise ; leur auteur unit aux qualités que nous avons énumérées, celle plus indispensable encore d’une grande originalité de style. […] Il n’y a pas, là-dessus, de différence d’école à invoquer ; tout ce qui tient la plume doit croire aveuglément à ce dogme ; les grands maîtres de chaque temps et de chaque genre ont donné l’exemple de la foi, et tant que la littérature existera, on ne pourra s’y soustraire sans en porter la peine.
Je n’irai pas jusqu’à nier l’accent tonique de la langue française ; il existe, cela est sûr, mais si faible, si peu marqué, si variable, si hésitant ! […] La question en elle-même n’existe guère. […] Mais le poète français, qui serait risible de vouloir emprunter le tempérament d’un Saxon ou d’un Germain, ne saurai rien leur emprunter, un art saxon ou germain n’ayant jamais existé. Enfin, pour conclure, et puisque vous voulez que nous parlions de l’avenir de la poésie française, mettons que la poésie française ne peut continuer d’exister qu’autant qu’elle respectera sa propre tradition. […] c’est la prose rythmée de Flaubert, et, à parler vrai, la prose n’existe pas.
et cela existe-t-il vraiment ? […] Pourtant si, cela existe. […] oui, le génie existe ! […] Existe-t-il encore ? […] N’en existe-t-il plus aucun ?)
Qu’est devenue cette manière d’exister si une, si violente et si douce ? […] Nausiphanès prétend que l’on ne peut non plus démontrer l’existence que la non-existence des êtres ; Parménide, que rien de ce que nous voyons n’existe réellement ; Zénon d’Élée, qu’il n’existe rien. […] Ce chapitre n’existait pas dans la première édition. […] — Sénèque est mort, et je suis et je serai son admirateur et son ami tant que j’existerai. […] 11° « Qu’il existe de nos jours une confédération philosophique…369 » Nous ne savons ce que c’est que cette confédération, et nous sommes porté à croire que, loin d’être réelle, elle n’existe pas même dans la tête des critiques.
Les révolutions soudaines n’existent que dans notre imagination. […] Les vers de son contemporain Fortunat n’existent plus pour nous. […] Il ne sait s’il existe lui-même, mais il sait à n’en point douter, que ses vers existent absolument. […] Il n’existe aucun moyen de vivre sans nuire. […] Rien n’empêche qu’il n’existe des enfants de l’air, comme il existe des enfants des eaux et des fils de la terre.
Il existe beaucoup d’autres choses. […] Graziella commença seulement d’exister pour M. de Lamartine quand elle fut un rêve. […] Renan n’a jamais existé pleinement que pour le public. […] Le temps n’existe plus pour moi ; j’ai vu cette convention humaine disparaître avec les autres. Seul j’existe, j’existe maintenant à jamais ; parce que j’ai connu des ombres qui se sont ensuite effacées, je serais fou de croire que je puisse mourir.
Or, il existe une autre compagnie, une autre « classe de l’Institut », destinée, depuis qu’elle existe, à ce genre d’études ou de recherches : c’est l’Académie des inscriptions et belles-lettres. […] « Nous prêtons à la nature des plans d’académicien, disait-il ; la nature n’a pas de plan ; elle n’a qu’un but, qui est de créer, et elle crée, non des espèces ni des genres, mais des individus, et rien que des individus. » A quoi l’on a bien souvent répondu que, sans doute, les groupes mal faits n’existent que dans notre imagination, mais que les groupes naturels, ou bien faits, existent dans la nature ; — ce qui n’est pas répondre, puisque c’est répondre par la question même. […] Ce qui est également certain, c’est qu’au lieu de crier leurs douleurs, s’ils les avaient cachées, leurs chants seraient moins beaux, puisque d’abord ils n’existeraient pas. […] Elles ne sont que moins humaines, moins voisines de la nature, et, n’étant pas historiques, elles ont de plus ce grand désavantage, de n’avoir pas existé. […] Tout de même, une idée n’existe que par l’expression qu’on en donne, et c’est le style qui fait le prix des pensées.
Qu’un tel mouvement puisse exister, que les maîtres préposés au premier éveil de l’intelligence nationale en soient descendus à s’embrigader dans une faction, — et quelle faction ! […] Pour le sociologue, vraiment dressé aux bonnes disciplines des sciences de la nature, la société, telle qu’elle existe, est un « tout » infiniment complexe qui ne peut pas être pensé par une intelligence humaine. […] Il est certain que cette nouvelle distribution existe. […] Il existe peu de scènes, dans toutes les littératures, plus absolument fausses, pour n’en citer qu’une, que celle du chapitre X, dans le premier livre. […] Fût-il plus dangereux encore et plus faux, il existe, il est indispensable à connaître pour apprécier la position exacte des partis en France.
Cette méthode n’est pas infaillible, — nulle ne l’est, — puisqu’il existe autant de vérités relatives que d’individus. […] La matière inerte n’existe pas. […] Et cet aspect restera fixé dans l’éther où vibre sa race tant que sa race existera. […] Je me suis laissé dire qu’il existait des gens pour qui deux sous sont une somme. […] C’est seulement par de telles pratiques que l’homme peut se racheter du péché d’exister… Adorons le Dieu de douceur, de justice et de bonté… Hé !
La nature et l’art sont deux choses, sans quoi l’une ou l’autre n’existerait pas. […] Pourtant, l’auteur sait bien qu’ils existent, ces hérons bleus, ces flamants roses ; ils existent dans d’autres régions où des voyageurs les ont aperçus et décrits ; et des géographes ont dit aussi à Chateaubriand que sur le cours du Mississipi, remontaient quelquefois des contrecourants. […] Bonnet invoque le principe « des indiscernables » : « S’il n’existe pas deux feuilles précisément semblables, il n’existe pas, à plus forte raison, deux choux, deux chenilles, deux hommes parfaitement semblables58. » Ou bien encore, il s’appuie sur « l’axiome fameux du Platon de la Germanie » : « il n’est point de saut dans la nature59 ». — Mais laissons-lui le soin de nous dire en personne qu’il y a des cas où la métaphysique est heureuse à expliquer la nature. […] Mais bientôt, les matérialistes devaient aller plus loin encore, en supprimant la notion même du mal ; car ils allaient dire que ni le bien, ni le mal n’existent, devant la grande loi de la fatalité ; que c’étaient là des catégories qui devaient disparaître, pour faire place à la conscience de lois nécessaires, auxquelles les faits obéissaient, sans plus ; et que la nature n’était en somme qu’un vaste élan vital : ce même élan vital auquel l’homme de sentiment se livre en entier, pour multiplier son être par la puissance de l’univers. […] Aussi bien Charles Bonnet avait-il déclaré, dès le début du même ouvrage, I, i : « Des Germes, principes des corps organisés » : « La philosophie, ayant compris l’impossibilité où elle était d’expliquer mécaniquement la formation des corps organisés, a imaginé heureusement qu’ils existaient en petit, sous la forme de germes, ou de corpuscules organiques.
Ce n’est pas aussi parce que la conscience nous dit que la raison est contrainte d’admettre telle ou telle vérité, que cette vérité existe, c’est parce qu’elle existe qu’il est impossible à la raison de ne pas l’admettre. […] La matière n’existe pas plus que l’âme, peu n’existe ; tout se réduit à des apparences mobiles, livrées à un perpétuel devenir, qui encore s’accomplit on ne sait où, puisqu’il n’y a réellement ni temps ni espace. […] L’universel existe, dit Aristote, mais il n’existe pas à part des êtres particuliers33. […] Mais tout ce qui existe est animé. […] Concevez-vous que le mot et l’idée de liberté aient jamais pu se former, si la chose même n’existait pas ?
Depuis les romantiques, on traduit bravement : « Les choses elles-mêmes ont des larmes. » Ou bien, en style de Hugo : « Les larmes des choses, cela existe. » Et l’on rapproche cet hémistiche du vers de Lamartine : Objets inanimés, avez-vous donc une âme ? […] Il est de ceux « pour qui le monde matériel existe », selon la formule de Gautier. […] Il ne permet à la matière d’exister qu’en tant qu’elle traduit quelque chose de spirituel. […] Les « genres » seuls existent ; les œuvres, très peu ; la personne des écrivains, moins encore.
Il eût été plus viril, selon moi, et plus fier, de publier sa traduction dans sa simplicité toute nue, et de ne vouloir être que par Shakespeare, ce qui est déjà une grande manière d’exister. […] Depuis qu’il existe des peintres, n’est-ce pas toujours sur une palette noire que se broie le rose le plus doux ? […] Écoutez-le plutôt : « Il n’y a pas en l’homme — dit-il — de ces choses (things) qui soient distinctes et séparées et qui s’appellent intellect, imagination, fantaisie, etc., etc., comme il y a des pieds, des mains et des bras… Quand nous entendons dire d’un homme qu’il a une nature intellectuelle et une nature morale, et que ces natures existent à part l’une de l’autre, ce sont des nécessités de langage, et nous devons parler de cette manière si nous n’aimons mieux n’avoir pas à parler du tout. […] Non que Shakespeare ne soit un prodigieux génie et peut-être le plus prodigieux, à sa manière, qui ait jamais existé.
Il existait bien avant lui et avant le xixe siècle. […] Il a l’intérêt d’un labyrinthe, lequel n’existe plus une fois que l’on en est sorti. […] VIII Eh bien, cette difficulté, souvent plus forte que le talent des plus forts, n’existe plus pour Féval une fois qu’il est en Bretagne ! […] Et il en a aussi la grâce ; car, avant tout, c’est un esprit d’une grâce victorieuse, — d’une grâce française, — de cette grâce qui était autrefois de race chez nous, et qui n’existe plus dans la dégénération actuelle.
Pascoli) à payer quelques dettes littéraires (les autres n’existent pas pour un surhomme ; Don Juan le disait déjà à M. […] Je n’en crois rien. — Cessons de reprocher à Corneille, à Racine leurs sujets historiques, la qualité sociale de leurs personnages ; mais ne croyons pas, d’autre part, que la tragédie soit morte avec les rois absolus ; elle existe encore, non dans le désir brutal de ces financiers véreux qui remplacent les Rodrigue et les Titus dans le théâtre actuel, mais partout où une pauvre âme humaine aspire à la perfection. […] Laissons ces gens-là, ils n’existent pas pour nous. […] Croce un « formaliste » dédaigneux du contenu, de l’idée ; non ; conformément à sa conviction que intuition = expression, il veut dire que l’idée ne saurait exister sans forme ; et il a raison.
Et notez que, tout à côté de saint Louis et ce jour-là même, l’autre chevalerie, chrétienne encore, mais déjà mondaine et profane, existe, et qu’elle a son expression jusque dans Joinville, dans le fidèle ami du roi. […] Si ce beau règne exista quelque part dans le passé, ce fut certes sous saint Louis, durant ces quinze années de paix, à l’ombre du chêne de Vincennes, et c’est par la plume de Joinville qu’il nous a légué sa plus attrayante image.
Il passe sa vie à chercher un point d’appui en lui, à s’assurer que ce point central spirituel existe indépendant du dehors, qu’il n’est pas complètement à la merci des choses ou de la machine intérieure ; et quand il croit avoir trouvé ce point d’appui (arx animi), ce moi permanent, cette force et cette cause, il ne s’y tient pas, il le laisse et n’en fait rien ; il se repent « d’avoir trop compté sur lui-même » ; il va ailleurs, et demande secours, comme dans un naufrage, à l’esprit universel. […] Cousin : « Voilà l’homme que vous avez proclamé le premier métaphysicien de notre temps, et cet homme, il avoue que le point d’appui indépendant qu’il avait cherché à sa fondation philosophique n’existe pas, et, par son dernier mot qui se révélé aujourd’hui, il vient à nous, il est avec nous, au pied de la croix. » — D’un autre côté, les philosophes de l’école positive et physiologique que Maine de Biran a abandonnée pourraient dire : « Toutes ces variations et ces voyages de l’auteur autour de sa chambre s’expliquent : il est faible, il est malade et inquiet, il cherche la vérité, mais sous forme de remède ; et le remède moral que désire si vivement un malade, il finit toujours, s’il cherche longtemps, par le trouver ou par croire qu’il l’a trouvé. » — La vérité est qu’un homme de plus est connu, mais la question n’a pas avancé d’un pas.
Je veux néanmoins supposer un moment qu’il en existe ; je veux de plus supposer que M. […] Douter qu’il existe un homme capable d’obliger sans intérêt !
Il existe une sorte de douceur sévère et très-profitable pour l’âme à être méconnu : ama nesciri ; c’est le contraire du digito monstrari, et dicier Hic est ; c’est quelque chose d’aussi réel et de plus profond, de moins poétique, de moins oratoire et de plus sage, un sentiment continu, une mesure intérieure et silencieusement présente du poids des circonstances, de la difficulté des choses, de l’aide infidèle des hommes, et de notre propre énergie au sein de tant d’infirmité, une appréciation déterminée, durable, réduite à elle-même, dégagée des échos imaginaires et des lueurs de l’ivresse, et qui nous inculque dans sa monotonie de rares et mémorables pensées. […] Le genre humain en masse est perdu sans retour ; il se rue en délire selon une pente de plus en plus croulante ; il n’y a plus de possible que des protestations isolées, des fuites individuelles au vrai : « Hommes forts, hâtez-vous, le sort vous a servis en vous faisant vivre tandis qu’il en est temps encore dans plusieurs contrées ; hâtez-vous, les jours se préparent rapidement où cette nature robuste n’existera plus, où tout sol sera façonné, où tout homme sera énervé par l’industrie humaine. » L’athéisme, le naturisme de ce Spinosa moins géométrique que l’autre, et poétiquement rêveur, nous rappelle toutefois le raisonneur enthousiaste dans sa sobriété chauve et nue, de même que cela nous rappelle, par l’effet des peintures, par l’inexprimable mélancolie qui les couvre et l’effroi désolé qui y circule, Lucrèce, Boulanger, Pascal et l’Alastor du moderne Shelley. — Shelley !
Il y a des hommes qui viennent au monde tout faits et qui n’ont pas de lutte à soutenir contre les écueils où les autres s’engagent et se choquent : ils passent au travers sans savoir seulement qu’ils existent, et parfois ils s’étonnent de voir tant de débris flotter autour d’eux. […] Jouffroy, n’ayant pas appris que ces questions existent, n’a pas grand mérite à les nier ; mais vous qui, ayant songé à tout et peut-être goûté à des choses immondes comme font les chimistes, avez déclaré que la chair humaine est mauvaise et malsaine, et vous êtes décidé à vivre d’aliments choisis, apparemment vous avez le discernement, c’est-à-dire, dans le sens moral, la lumière et la force.
Cette fatalité en effet existe, elle est écrite désormais dans nos entrailles, dans la trame même et la substance entière de notre être, dans tout ce qui en ressort d’habitudes violentes, sans cesse irritées, qui sont devenues leur propre aiguillon, et qui n’ont plus qu’à se réveiller d’elles-mêmes. […] Ce moment est indiqué dans le curieux carnet autrefois cité par M.Loève-Veimars, et dont il existe plus d’une copie ; voici les termes : « Départ pour l’Allemagne, 15 mai 1811. — Un tout autre atmosphère. — Plus de luttes. — Charlotte contente.
Les « caractères » me glacent plus encore ; aussi bien savons-nous qu’il en existe si peu en deçà de la rampe : tout au plus, dans leur universelle veulerie, le caractère de nos contemporains serait « de n’en pas avoir ». […] La définition ajoute : « … sur une scène, devant un public. » La représentation n’est complète, l’idée n’est formulée, à vrai dire n’existe, que s’il y a un public à qui elle est soumise.
Les “caractères” me glacent plus encore ; aussi bien savons-nous qu’il en existe si peu en deçà de la rampe… Des petites choses drôles du dialogue, des “mots” salés ou poivrés, le cœur me lève rien que d’en parler… Si j’ai paru m’intéresser à la pantomime, c’est exclusivement parce qu’elle me graciait des “paroles”. […] La définition ajoute : « … sur une scène, devant un public. » La représentation n’est complète, l’idée n’est formulée, à vrai dire n’existe, que s’il y a un public à qui elle est soumise.
Vos études sur les corpuscules organisés qui existent dans l’atmosphère servent de point de départ à tout un ordre de recherches, où vos disciples sont des maîtres qui s’appellent Lister, Tyndall. […] L’esprit humain ne serait pas ce qu’il est sans elle, et j’ose dire que vos sciences, dont j’admire si hautement les résultats n’existeraient pas s’il n’y avait, à côté d’elles, une gardienne vigilante pour empêcher le monde d’être dévoré par la superstition et livré sans défense à toutes les assertions de la crédulité.
Il existait un ensemble de règles convenues, un système de dogmes littéraires, un code officiel du beau. […] D’ailleurs, chacun d’eux avait bel et bien sa philosophie de l’art, sa théorie du beau ; pour être enveloppée, dissimulée, sous-entendue dans leurs jugements, elle n’en existait pas moins au fond de leur intelligence et un bon analyste est de force à l’y surprendre.
Victor Hugo fut lancé dans le roman historique par l’exemple de Walter Scott : il se proclama l’adorateur de Shakespeare ; il n’existe cependant entre son œuvre et celle des devanciers dont il suivit les pas qu’une ressemblance générale et lointaine. […] C’est ainsi que la lumière, qui met des années et des années à nous arriver des étoiles lointaines, nous en révèle l’histoire ancienne et peut même nous apporter des nouvelles de mondes qui ne sont plus… » Je suis heureux de pouvoir ajouter que la cause de méprise, signalée ici, n’existe plus au même degré qu’en ce temps-là.
L’Ami des femmes n’a qu’une excuse, c’est qu’il n’existe pas. […] Mais, avant tout, elle est vraie, et il y a plus d’émotion au théâtre pour une petite pécheresse vulgaire et vivante que pour mille héroïnes, sans tache, qui n’ont jamais existé.
Les Mémoires de Lauzun existaient avant le démenti de M. de Talleyrand ; ils existent et comptent deux fois plus après, car on en sent mieux l’importance.
Aussi suis-je, après ce dernier et pénible acte de mes faibles et tremblantes mains, tout aussi tranquille sur le sort de ma famille que je le suis par rapport au mien propre, dans ce moment où je viens de remettre mon âme entre les mains de l’Être infiniment bon par qui elle existe, et qui ne l’a sans doute appelée à l’existence que pour la félicité. […] Le roi vieilli, et lui-même bien près de sa tombe, lui répond par cette lettre qui, dans sa sobriété, devra paraître bonne et digne encore, mais qui éveille une impression de contraste dans l’esprit du lecteur pour qui les quarante-cinq années d’intervalle n’existent pas, et qui les franchit en un coup d’œil d’une page à l’autre : À mon conseiller de guerre et maître des postes de Suhm, à Dessau.
Ces trois moyens d’expression existent ensemble à proportion variable dans toutes les œuvres. […] Entre personnes ressentant faiblement ou fortement de l’émotion à propos d’une œuvre, il n’existe que bien rarement des désaccords sur la nature et la cause de cette émotion.
Chaque spectacle est dépeint en ses parties constituantes, marquées chacune par l’adjectif coloré qui correspond à sa perception ; puis, en une phrase générale, le tout est repris avec des termes où domine celui des caractères de forme ou de nuance, qui existe en le plus de parties. […] Zola montre qu’il n’existe pas plus d’écrivains purement réalistes qu’il n’y a d’absolus idéalistes.
L’indignation de la bassesse existe. […] V Il existe en littérature et en philosophie des Jean-qui-pleure-et-Jean-qui-rit, des Héraclites masqués d’un Démocrite, hommes souvent très grands, comme Voltaire.
Mais elle existe et à un degré qui étonne, même quand on est le plus accoutumé à ces ressemblances de manière que l’histoire, littéraire constate à chaque pas. […] Mme de Gasparin a marqué des signes d’un protestantisme trop ardent et trop déterminé les précédents écrits que nous avons d’elle pour qu’on ne suppose pas, dans une de ses publications, une intention de théologie au compte et au profit de son Église, et ici, qu’on le sache bien, cette intention n’existe pas.
Schelling existait, — un grand poète en métaphysique ! […] Scarron, qui tirait la langue à la Douleur, comme ces polissons de lazzaroni montrent leur derrière au Vésuve, a ri toute sa vie et n’a pleuré qu’une fois et une seule larme, qu’il a enchâssée, comme une perle, dans son épitaphe… Scarron, le rieur comme un satyre ou comme un singe, Scarron, le cynique cul-de-jatte, qui dansait sur sa jatte, ce clown de l’esprit dans un corps brûlé et fricassé par tous les moxas de l’incendie, n’existe plus dans la mémoire des hommes que par les souffrances qu’il a endurées en riant.
Même, si l’éther n’existait pas, on l’inventerait pour symboliser ce fait expérimentalement constaté, l’indépendance de la vitesse de la lumière par rapport au mouvement de la source qui l’a émise. […] Elle comporte d’ailleurs des conditions de précision telles que l’écart entre les deux trajets de lumière, s’il existait, ne pourrait pas ne pas se manifester.
Si cette inter-communication existe, la nature aura pris ses précautions pour la rendre inoffensive, et il est vraisemblable que certaine mécanismes sont spécialement chargés de rejeter dans l’inconscient les images ainsi introduites, car elles seraient fort gênantes dans la vie de tous les jours. […] Cela n’était pas possible, parce que, à l’aube des temps modernes, la science mathématique existait déjà, et qu’il fallait nécessairement commencer par tirer d’elle tout ce qu’elle pouvait donner pour la connaissance du monde où nous vivons : on ne lâche pas la proie pour ce qui n’est peut-être qu’une ombre.
La nature brisa cette création, et dans la suivante elle jeta sur la terre des quadrupèdes dont les espèces n’existent plus, animaux informes, grossièrement organisés, qui ne pouvaient vivre et se reproduire qu’avec peine, et ne semblaient que la première ébauche d’un ouvrier malhabile84. […] Trempez le bout de l’œuf dans l’huile, la force est vaincue, le développement s’arrête, l’organisation se renverse et vous voyez naître un monstre : l’être n’est point allé à sa fin, sa destinée n’a point correspondu à sa nature. — Il y avait dans le bœuf une force vitale et une force reproductive ; le couteau du vétérinaire et la massue du boucher en ont empêché l’effet ; les tendances existaient, la destinée ne s’est point accomplie. — Il y a en nous un besoin infini de science, de sympathie et de puissance ; la supériorité des forces voisines, l’infinité de l’univers, l’imperfection de notre société nous condamnent à des misères sans nombre, et à des contentements médiocres ; nous avons la tendance, nous n’avons pas la puissance.
Feuillet de Conches a cherché à prendre sa revanche en étendant de préférence ses dissertations et apologies sur les parties dernières de la Correspondance qui peuvent faire doute encore, tandis que c’étaient surtout les lettres de la première partie qu’il s’agissait de justifier, et de représenter dans des autographes sincères, s’il pouvait en exister de tels en regard de ceux que M. d’Hunolstein avait produits et qui ont été convaincus de fausseté.
Il réussit à peindre — et au vif — une intoxication par l’arsenic, un cas d’asphyxie croupale, le tout sans paraître savoir qu’il existât des modes techniques de traiter ses tableaux.
En effet, il s’agit de la découvrir, si elle existe, et non de la mettre aux voix.
Oui, « le monde physique existe », et il y a des arrangements de mots qui peuvent ressusciter dans notre imagination les objets absents ; mais c’est bien long, Gautier.
… L’idéal existe… Heureux les simples !
» Certes, mais cette école n’exista jamais.
Il faut dire qu’alors ils n’eussent pas existé.
La plupart des Grands, sans en excepter les Princes, semblables à ces arbres nés dans le silence, & accrus à l’ombre des forêts, vivent & meurent sans que leur existence & leur chute fassent une sensation & un vide dans le monde : il n’en est pas de même de l’homme qui a su se rendre utile par ses lumieres ou ses talens ; il est connu par-tout où ses Ouvrages pénetrent ; & plus ou moins honoré de ses Contemporains, selon qu’il s’est montré plus ou moins supérieur dans le genre qu’il a embrassé, il peut se flatter d’exister encore avec honneur dans la mémoire des générations futures.
6° Par le fait que ce caractère du mot est le plus fort, là où aucune limitation expérimentale n’existe : Ton.
L’homme existe de deux façons : selon la société et selon la nature.
Comment la Bible est plus belle qu’Homère ; quelles sont les ressemblances et les différences qui existent entre elle et les ouvrages de ce poète : voilà ce que nous nous proposons de rechercher dans ces chapitres.
Il lui semble qu’il n’existe qu’une forme de société possible : la sienne, et il ne songe pas à se fatiguer l’imagination à rêver d’une autre organisation sociale.
C’est que Christophe Colomb — l’un des hommes les plus grands qui aient jamais existé s’il n’est pas même le plus grand — n’avait littéralement pas d’histoire.
Mais quand il chassait de sa conscience le catholicisme qui n’y avait jamais existé, sa correspondance nous démontre jusqu’à l’évidence que ça n’était désagréable qu’à sa mère11.
Entre les anciens que j’ai cités et les modernes les plus récents, entre Aristide, Épaminondas d’une part, et Fénelon ou Jean-Jacques de l’autre, il plaçait encore Bélisaire ; le reste de l’histoire des siècles intermédiaires n’existait à ses yeux que comme une agitation inutile et insensée. […] Mais ces Arcadies, ces îles Fortunées n’existent que dans les nuages de l’espérance ou du souvenir. […] M. de Humboldt, de nos jours, pour les grandes observations végétales en divers climats, a donné sur plus d’un point consistance et réalité scientifique à ce qui n’existait chez Bernardin qu’à l’état de vue attrayante et passagère ; Lamartine, de son côté, a repris en pur poëte bien des inspirations de Bernardin, et les a rajeunies, fécondées.
À cinquante et un ans, sa beauté n’existait plus, et si les adorateurs de la comtesse, ceux qui ne la connaissent que par les Mémoires d’Alfieri, s’étonnent qu’elle ait pu aimer après lui le moins poétique des hommes, les amis de Fabre peuvent s’étonner à leur tour qu’il ait pu aimer, jeune encore, la vieille comtesse alourdie par l’âge. […] Je suis la plus malheureuse créature qui existe… Le plus grand bonheur, et le seul qui puisse m’arriver, ce serait d’aller rejoindre cet ami incomparable. […] Son âme ardente ne pouvait pas exister davantage dans un corps qu’elle minait continuellement.
Même le germe de la conception qui inspirera les Pensées, de ce qu’on appellera inexactement le scepticisme de Pascal, existe déjà dans son esprit : la Préface du traité du Vide admet l’impossibilité d’atteindre à la certitude autrement que par la révélation, en matière de théologie ; la raison même, au progrès de laquelle il croit et travaille, n’a point ici de méthode qui vaille. […] On l’a repris aussi d’avoir confondu casuistes et jésuistes, comme si tous les ordres religieux n’avaient pas leurs casuistes : le fait est vrai ; mais il est vrai aussi que les autres ordres sont perdus au sein de l’Église ; les jésuites existent à part, forment un parti, ayant unité de vues et d’ambition, et la casuistique leur a été plus propre qu’à personne ; ils ne l’ont ni créée les premiers, ni seuls employée ; mais elle n’a été qu’un accident ailleurs, elle a été chez eux une méthode de domination. […] Les raisons qui pouvaient atténuer en Espagne le relâchement de la morale religieuse n’existaient pas en France, et certains jésuites français avaient écrit déjà en notre langue, offrant à tous le libre usage de leur indulgence.
La clôture du séminaire n’existait que pour les mœurs et les exercices de piété. […] Les interrogations, les examens sont presque nuls : l’émulation n’existe à aucun degré et serait tenue pour un mal. […] J’oubliai qu’il existait une littérature moderne.
Mais il comprit que désormais la musique aussi bien que les autres arts, n’avait plus, à leur tour, la possibilité d’exister isolément ; et il réunit, pour la production d’une vie totale, les trois formes séparées de l’Art. […] Aussi la peinture émotionnelle, à côté de la peinture descriptive, a-t-elle un droit légitime à exister, et la valeur d’un art également précieux. […] Nous parlons de l’école Française, Allemande ou Italienne, mais l’école Anglaise, comme celles des Pays-Bas, a depuis longtemps cessé d’exister.
Jeudi 24 février C’est curieux, comme le plus souvent mes sympathies existent au détriment de mes intérêts. […] Alors figurez-vous que devant ce « oui ou non », la loi n’est plus, n’existe plus, car la loi chez les Russes ne se cristallise pas, comme chez vous. […] Il n’existait pas le chemin de fer alors.
Il réalise des disproportions et des déformations qui ont dû exister dans la nature à l’état de velléité, mais qui n’ont pu aboutir, refoulées par une force meilleure. […] La formule existe bien, en un certain sens ; mais elle ne se déroule pas régulièrement. […] Par exemple, le mot d’une dame que l’astronome Cassini avait invitée à venir voir une éclipse de lune, et qui arriva en retard : « M. de Cassini voudra bien recommencer pour moi. » Ou encore cette exclamation d’un personnage de Gondinet, arrivant dans une ville et apprenant qu’il existe un volcan éteint aux environs : « Ils avaient un volcan, et ils l’ont laissé s’éteindre !
Il existe d’autres forces, telles que les affinités chimiques, que jusqu’ici la science avait paru considérer comme étant sui generis, irréductibles soit aux lois de la physique, soit à plus forte raison aux lois de la mécanique. […] Cette cause première existe dans un ordre supérieur, aussi réel, aussi accessible à l’expérience que l’autre, dans l’ordre de la finalité ; c’est la cause finale, le bien, cause à laquelle tout obéit, la nature fatalement par l’impulsion mécanique ou l’instinct, l’humanité librement par la volonté raisonnable. […] « C’est dans de telles circonstances qu’on voit l’histoire remplacer la philosophie et la morale dans les préoccupations publiques, et l’esprit désabusé de la recherche des vérités rationnelles, doutant même s’il en existe en ce genre, affaibli dans tous ses ressorts d’action par la perte de l’espérance et de la foi, se rejeter de la poursuite ardente de ce qui devrait être dans la considération froide de ce qui a été et de ce qui a dû être.
Que, par exemple, Voltaire tragique existe, et que Campistron n’existe pas, ni l’abbé Leblanc, ni M. de Jouy. […] Amélineau, existe encore aujourd’hui : pas une pierre n’a bougé. […] Le temps et l’espace n’existent pas. La matière n’existe pas non plus. […] Je crois que son grand mérite à vos yeux est de ne plus exister.
Le plaisir, la douleur abstraits n’existent point : il y a seulement des idées joyeuses ou pénibles. […] L’âme seule existe, dispensatrice suprême des existences. […] Mille espèces ont existé, ou tendu à exister, qui n’existent plus. […] Renan, une duperie de la Nature (toujours cette Nature qui agit et qui n’existe pas !). […] Le seul fait qu’ils existent suffit à leur donner un air de vérité que ne leur donnerait pas le génie le plus inventif.
Le pauvre homme, s’il existait ! […] Est-ce qu’ils existaient ? […] Il existe une recette connue pour étonner, voire même pour effarer et méduser le lecteur. […] Il existe encore à la Sorbonne, je crois, une chaire d’éloquence latine. […] Or il existe dans son gros bagage un petit chef-d’œuvre de bon sens que M.
Ernest Renan (1848-1890) Il est difficile d’imaginer une contradiction plus frappante que celle qui existe entre les premiers écrits de M. […] Ils ne peuvent empêcher le développement de l’humanité, qui se fait par en haut : ils n’offensent pas Dieu, puisque Dieu n’existe que dans l’esprit des sages. […] Il avait démontré que le présent seul existe, que, par conséquent, il est absurde de craindre l’avenir, la mort surtout : cela ne l’empêcha pas de s’enfuir devant le choléra, qu’il eut la bonne fortune d’éviter. […] Elle existe à tous les degrés de l’échelle sociale : elle joue ou a joué un rôle dans la vie de chacun, peu de familles ont échappé à ses ravages ; elle est un danger national aussi bien qu’un danger privé. […] Or il existe une parfaite harmonie entre les aspirations des écrivains que nous avons appelées positifs et celles du monde contemporain : car les événements de ces dernières années sont presqu’autant de symptômes d’une réaction très générale.
Et ce ne sont pas des hypothèses ; il existe une lettre de Racine, alors très jeune, où tout cela est expliqué nettement et d’une façon précise36. […] L’impiété, en 1665, n’existait nulle part (pas plus que la dévotion outrée) comme mal social, comme vice social, comme état général, ou répandu, des esprits. […] L’amitié fraternelle n’existe, dans Molière, qu’à l’état de révolte contre le père ; quand ils ne sont pas alliés contre le père, frères et sœurs se connaissent à peine. […] Il n’existe plus guère ; on n’en fait plus du moins, maintenant, un usage général, il a disparu, ou à peu près, de nos mœurs. […] ——— Hérodote raconte sérieusement qu’il existe dans une partie reculée de l’Afrique des hommes à tête de chien, et Marco Polo a rencontré en Chine des ingénieurs modestes.
Il semble à tout moment qu’il trahisse le secret de quelqu’un, et ce quelqu’un peut-être n’existe pas. […] Pourquoi ces rapports d’amour que la nature, que la raison réclament entre Dieu et nous, pourquoi ces rapports n’existent-ils pas ? […] Il faut que ces rapports existent ; vous l’accordez. Ils n’existent pas ; c’est vous qui le dites. Et s’ils n’existent pas, à qui la faute ?
L’observation n’existe pas chez M. de Musset, ou, si elle existe, il suffit d’une bouffée d’air ou de poésie pour qu’elle s’envole hors de portée : on dirait un de ces ballons qui ont bien un homme à leur base, mais qui, entraînés par le vent loin de la terre, et des regards, ne laissent plus distinguer que la voile brillante et légère qui les soutient à travers l’espace. […] Il énumère tous les traits d’une merveilleuse ressemblance, qui n’existe probablement que dans son imagination. […] Mérimée, cet échange, ce fluide n’existe pas. […] Si j’indique cette date et ces noms, c’est pour faire remarquer le synchronisme naturel, l’affinité clandestine et profonde qui existe entre les extrêmes les plus opposés de la pensée humaine. […] Toutes ces figures élégantes ou joyeuses, tragiques ou mignardes, sérieuses ou bouffonnes, aboutissent à la plus parfaite, à la moins oubliée de celles qui n’existent plus, à mademoiselle Mars.
Pour moi, la gaieté lubrique tient à la pudeur et n’existerait aucunement si la pudeur n’existait pas ; et elle est un sentiment de joie à voir quelqu’un être assez hardi pour violer les convenances et transgresser la pudeur et à s’associer soi-même à cette hardiesse. […] Sur le premier point, rien, rien du tout n’existe. […] il ne l’examine point, parce que cette question n’existe pas pour un homme sérieux. […] Comme le mariage et l’amour peuvent très bien exister en dehors de ces deux conditions, la vérité du tableau n’a rien à faire avec les institutions. […] Il existe une fontaine de Jouvence.
Selon lui, il n’existe aucune règle pour produire une œuvre originale, mais il existe des règles pour la juger. […] Car la liberté ne saurait exister dans un monde où la servitude n’existe pas. […] Je sais que j’existe uniquement parce que Dieu me l’a dit. […] Les vieux préjugés d’école n’existent plus. […] Il n’existait pas alors, pour les fleurir, un assez épais rameau de légendes chrétiennes.
Jules Lemaître, — il est établi que tels écrivains, quels que soient d’ailleurs leurs défauts ou leurs manies, existent, comme l’on dit, et valent la peine d’être regardés de près. » Voilà toujours un premier point : Racine existe, Voltaire aussi, j’entends l’auteur de Zaïre, d’Alzire ou de Tancrède ; Campistron n’existe pas, ni l’abbé Leblanc, ni M. de Jouy. […] Non que la poésie philosophique, une certaine poésie philosophique, n’existât peut-être avant lui dans notre langue. […] Or, elle n’existe évidemment comme forme qu’autant qu’elle est, non point du tout pensée ou conçue, mais effectivement « perçue » comme forme. […] En attendant, on ne court aucun risque, s’il existe un art de composer, et qu’il s’enseigne, de l’apprendre. […] La nature existait vaguement autour de ce personnage absorbant.
La dignité des genres, comme la noblesse des conditions, n’existe que pour les contemporains, et la postérité ne retient jamais mieux un nom que quand il signifie, à lui seul, quelque chose d’à part et de neuf. […] Pour Balzac, la personnalité individuelle n’existait pas, qu’elle se marquait trop ; elle était assommante ; il ne valait quelque chose que quand il s’était fait autrui, un des personnages de ses créations ou de ses rêves.
Les écrivains illustres, les grands poëtes, n’existent guère sans qu’il y ait autour d’eux de ces hommes plutôt encore essentiels que secondaires, grands dans leur incomplet, les égaux au dedans par la pensée de ceux qu’ils aiment, qu’ils servent, et qui sont rois par l’art. […] L’élite des connaisseurs n’existe plus, en ce sens que chacun de ceux qui la formeraient est isolé et ne sait où trouver l’oreille de son semblable pour y jeter son mot.
« Néophyte à cette époque, a-t-on dit spirituellement, il avait quelques-unes des faiblesses des néophytes, et s’il existait quelque chose qu’on pût appeler la fatuité religieuse, l’idée en viendrait, je l’avoue, en lisant ces lignes de sa critique : « Vous n’ignorez pas que ma folie à moi est de voir Jésus-Christ partout, comme madame de Staël la perfectibilité… Vous savez ce que les philosophes nous reprochent à nous autres gens religieux, ils disent que nous n’avons pas la tête forte… On m’appellera Capucin, mais vous savez que Diderot aimait fort les Capucins... » Il parle à tout propos de sa solitude ; il se donne encore pour solitaire et même pour sauvage, mais on sent qu’il ne l’est plus. […] Je m’imagine encore que, trompés comme moi, ils me disent : Vous ne nous apprenez rien ; vous ne nous donnez aucun moyen d’adoucir nos peines ; au contraire, vous prouvez trop qu’il n’en existe point.
L’intrigue pour l’intrigue, le fait pour le fait, le pur intérêt de curiosité, de surprise, enfin la conception mélodramatique du théâtre n’existe pas dans Corneille, quoi qu’on en dise : il est rigoureusement vrai que l’intrigue est chez lui occasion, soutien, ou effet du mécanisme psychologique. […] Puis, ou la volonté n’existe pas, ou elle est maîtresse.
Le Discours sur la liberté nous laisse libres de croire qu’elle n’existe pas. […] L’idylle et l’élégie existaient, comme genres, avant André Chénier ; mais c’est à lui que nous en devons les premiers modèles durables.
Lichtenberger croit qu’il fut une époque où cette désintégration n’existait pas et où l’individualité s’épanouissait plus harmonieusement. […] « L’homme de la Renaissance maîtrisa ses instincts et affina sa personnalité uniquement pour mieux jouir de lui-même ; les instincts sociaux, la notion d’un bonheur collectif existaient à peine chez lui.
Est-ce que le peuple existe ? […] A côté d’eux existent, sans parler des assemblées qui ont, comme les Académies et les cénacles, un but spécialement littéraire, d’autres lieux de réunions sérieuses ou joyeuses qui méritent d’arrêter l’historien.
Histoire croyable, si l’on tient compte des premiers effets du drame sur la race la plus sensible qui ait jamais existé. « Les Rhapsodes, disait Platon, avaient bien de la peine à réciter Homère sans tomber dans des convulsions », — Une autre fois, Eschyle eut un théâtre tué sous lui. […] En ce temps-là, les dieux jeunes et beaux, éloquents et nobles qui peuplent les poèmes et les sculptures helléniques, n’existaient encore qu’à l’état brut.
Qu’on se récrie tant qu’on voudra contre ce phénomène humiliant ; puisqu’il existe dans la nature humaine, le droit du poète est de le montrer. […] Emile Augier ait pris pour un type viable ce caractère avorté, et ressuscité, dans une seconde pièce, un personnage mort, dans la première, de l’impossibilité d’exister.
L’abbé d’Olivet a fait à son sujet un petit calcul, d’où il résulterait que, de tous les hommes qui ont existé jusqu’ici, c’est Huet qui a peut-être le plus lu. […] [NdA] On me fait remarquer qu’il ne fut pourtant pas sans une sorte de prévision qui dénote au moins sa prudence ; une des clauses du testament portait que, dans le cas où la Société cesserait d’exister en France, ses héritiers à lui pourraient réclamer cette partie de la succession.
« Il n’y a rien dans le monde qui n’ait son moment décisif, a dit le cardinal de Retz, et le chef-d’œuvre de la bonne conduite est de connaître et de prendre ce moment. » Rivarol fait voir que, s’il exista jamais, ce moment fut manqué dès l’abord dans la Révolution française. […] Necker, on avait accusé le rédacteur d’être vendu au ministère : Si cela est, s’écriait Rivarol, nous sommes vendu et non payé, ce qui doit être quand l’acheteur n’existe pas ; et, en effet, il n’y a point de ministère en ce moment… Les cours, à la vérité, ajoute-t-il en se redressant, se recommandent quelquefois aux gens de lettres comme les impies invoquent les saints dans le péril, mais tout aussi inutilement : la sottise mérite toujours ses malheurs.
Elle la gronde « d’avoir de la curiosité et de ne s’entretenir qu’avec de jeunes dames, de se laisser aller à des propos inconséquents, de manquer de goût pour les occupations solides »… Je le demande en conscience aux lecteurs sans passion politique, s’il existait pour la jolie femme la plus humainement parfaite du monde, de seize à vingt-cinq ans, un procès-verbal, jour par jour, de toutes les grogneries des vieux parents à propos de sa toilette, de son amour de la danse, de sa naturelle envie de s’amuser et de plaire, le dossier accusateur de cette jolie femme ne serait-il point aussi volumineux que celui de Marie-Antoinette ? […] En ces années, il existait chez mon frère et moi, il faut l’avouer, un parti pris, un système, une méthode qui avait l’horreur des redites.
Job a-t-il existé ? […] Sans doute les aristocraties dirigeantes, qui mettent la nuit sur les yeux des masses, sont les premières coupables, mais, en somme, la conscience existe pour un peuple comme pour un individu, l’ignorance n’est qu’une circonstance atténuante, et quand ces dénis de justice durent des siècles, ils restent la faute des gouvernements, mais deviennent la faute des nations.
Encore faut-il savoir si un tel consentement existe, et l’on ne peut s’en assurer que par l’examen. […] Si d’ailleurs il y avait lieu d’espérer que l’on pût par quelque moyen empêcher les hommes de penser de telle ou telle manière, s’il y avait quelque procédé sûr de maintenir les esprits dans cet état d’obéissance que l’on regarde comme si souhaitable, je comprendrais à la rigueur qu’on l’essayât ; mais depuis que le flot du libre examen a fait irruption dans la science, dans la société, dans la religion, il a marché sans cesse de progrès en progrès : il a pénétré de couche en couche dans toutes les classes, il a gagné les contrées les plus rebelles à sa puissance ; il n’existe aucune force capable de le contenir et de le refouler ; les pouvoirs qui commencent par marcher contre lui se voient ensuite contraints de marcher avec lui.
L’inspiré est lui-même incertain quelquefois si la chose qu’il annonce est une réalité ou une chimère, si elle exista jamais hors de lui ; il est alors sur la dernière limite de l’énergie de la nature de l’homme et à l’extrémité des ressources de l’art. […] D’où naît cette division du jour et de la nuit telle que dans la nature même au cercle terminateur de l’ombre et de la lumière elle n’existe pas aussi tranchée ?
L’homme ne peut nommer que ce qui existe ; et ce n’est pas lui qui impose le nom, c’est la société. […] Le génie de l’épopée, qui tend toujours à individualiser et à faire des créations allégoriques, établit une sorte de chronologie qui seule est la vraie lorsqu’elle existe ; c’est là, sans doute, ce que les anciens appelèrent le cycle épique.
Elle existait bien un peu avant lui, mais il l’a complétée. […] Depuis lors on a reconnu que Mayeux existait, et l’on a cru que Traviès l’avait connu et copié.
Je ne crois pas qu’il existe dans le monde entier une seule œuvre d’art, de premier ordre et d’incontestable grandeur, qui soit sortie de l’un des exemplaires de cette race inféconde. […] Panizza : « La cohabitation sexuelle, dit-il, fait table rase dans l’âme, ne laisse aucun germe et détruit ce qui existait auparavant… Le suprême enthousiasme de la vie est détruit, corrompu par cet instant… Il est incontesté que l’assouvissement sans bornes des appétits sexuels engourdit chez l’homme les forces intellectuelles, en tous cas ne les augmente pas ».
Si donc, comme nous cherchons à l’établir, il existe un certain rapport entre l’accroissement de la quantité sociale et le succès des idées égalitaires, il n’est pas étonnant que les peuples les plus portés à l’égalitarisme soient aussi les plus habitués à la mobilité. […] C’est ainsi, d’abord, que l’extension des cercles qui nous réunissent doit nous aider à embrasser l’idée qu’il existe une humanité dont tous, quelle que soit notre origine, notre couleur, notre situation, nous sommes également les représentants.
Si la peinture ou la sculpture n’existait pas, il l’inventerait. […] J’ai dit qu’un homme, ainsi doué, inventerait la peinture et la sculpture si elles n’existaient pas. […] L’homme positif et froid constate que l’œuvre d’art existe. […] L’art d’invention a les mêmes droits, la même raison d’être, il existe absolument au même titre que l’art d’imitation. […] Mais l’art idéaliste existe.
J’aurais voulu y joindre Eloa, mais elle n’existe plus, même chez moi. » Dans ce grand mouvement de propagande romantique de 1828-29, je travaillais à être utile à ces Poèmes de M. de Vigny et à les propager, non seulement en les célébrant dans mes vers, mais aussi en les faisant lire, en les commentant et les démontrant, pour ainsi dire, à d’autres critiques de bonne volonté qui furent des premiers à leur rendre justice.
La Muse française a donc fini d’exister à titre d’école, et l’Académie, comme si elle avait peur des revenants, a pris soin de la décimer.
Mais comme dans ce mouvement d’habitude qui le fait remonter continuellement d’un groupe de faits à un autre groupe, il arrive en un rien de temps au fin fond des choses et à des questions comme celle-ci : « L’univers existe-t-il en dehors de nous ?
On ne peut dire si le caractère de Beltrame existait avant lui ; mais, en tout cas, il le fixa, le perfectionna et lui donna une importance toute nouvelle.
Cet auteur, un des meilleurs dialecticiens qui ait jamais existé, semble vouloir introduire le pyrrhonisme dans toutes les sciences.
Il est inutile de dire que cette partie de la science est non-seulement dans l’enfance, mais que même elle n’existe absolument pas.
On savait que cet homme, qu’on appelait malheureux parce qu’il avait été la cause d’un désastre suprême, cherchait de toute sa force à se relever sous les accablantes paroles d’un historien qui pèsera un peu plus que lui devant l’Histoire, — les paroles de l’Empereur lui-même, — et c’était un spectacle qu’on attendait et qu’on tenait à voir que cette lutte d’un homme qui voulait sauver son honneur contre le mépris qui avait le plus le droit d’exister.
Burns, dont l’Écosse devrait être folle, s’il n’était pas vrai, l’amer proverbe qui dit que nul homme n’est prophète dans son pays est le génie le plus purement et le plus exclusivement écossais qui ait jamais existé, comme Hebel est le génie le plus allemand, et encore d’une certaine partie de l’Allemagne !
À ce nom, tous les rapports surgissent entre l’animal royal, sultanesque (Sultan Léopard, dit La Fontaine), tout-puissant, magnifique, cruel et gracieux, que ce nom exprime, et le génie du poète à qui le Hasard l’a donné, le Hasard, cet imbécille, qui n’en fait jamais d’autres, qui appelle Renard le franc, le joyeux, le généreux Fox, l’homme le moins vulpin qui ait certainement jamais existé !
Ou il n’existe pas, ou il occupe l’âme tout entière.
C’est à la tête de ce discours qu’Isocrate se plaint que de son temps on aimait à louer des héros, qui peut-être n’avaient jamais existé, tandis qu’on refusait quelques éloges à d’excellents citoyens avec qui on avait vécu.
Enfin, pour connaître l’esprit de ce temps-là, il ne sera pas inutile d’observer que Paul Jove loue avec transport ce Pic de La Mirandole, l’homme de l’Europe, et peut-être du monde, qui à son âge eût entassé dans sa tête le plus de mots et le moins d’idées ; qu’il n’ose point blâmer ouvertement ce Jérôme Savonarole, enthousiaste et fourbe, qui déclamant en chaire contre les Médicis, faisait des prophéties et des cabales, et voulait, dans Florence, jouer à la fois le rôle de Brutus et d’un homme inspiré ; qu’enfin il loue Machiavel de très bonne foi, et ne pense pas même à s’étonner de ses principes : car le machiavélisme qui n’existe plus sans doute, et qu’une politique éclairée et sage a dû bannir pour jamais, né dans ces siècles orageux, du choc de mille intérêts et de l’excès de toutes les ambitions joint à la faiblesse de chaque pouvoir, fait uniquement pour des âmes qui suppléaient à la force par la ruse, et aux talents par les crimes, était, pendant quelque temps, devenu en Europe la maladie des meilleurs esprits, à peu près comme certaines pestes qui, nées dans un climat, ont fait le tour du monde, et n’ont disparu qu’après avoir ravagé le globe.
Et mets-toi bien dans l’esprit qu’il existe, parmi nous, plus de mille criminels dont le crime est que leur père ou quelqu’un des leurs possède des vaches tachetées… ou pas tachetées, car on ne sait pas. […] il existe partout, le hard labour, aussi bien en Russie, le pays du bon plaisir sanglant, qu’en Allemagne, en France, en Italie. […] … Aussi, ils ne demandent rien, croyez-moi… Ils travaillent et, voyez-vous, le travail, il n’y a encore que ça… C’est le vrai, le seul secret du bonheur… Ne me parlez donc point de je ne sais quel mouvement ouvrier, qui n’existe pas, qui n’existe que dans les imaginations perverties, je vous assure. Le socialisme, non plus, n’existe pas… C’est un épouvantail à moineaux et, Dieu merci, nous ne sommes pas des moineaux ! […] … Le socialisme n’existe pas, et il n’y a pas de crises, pas de troubles, pas de malaises, il n’y a que du contentement et de la joie.
Cette école existe : c’est la vie. […] Pour le type moyen, l’idée de beauté n’existe guère ; il jugera de l’œuvre d’après l’intensité ou la qualité de son émotion. […] Rare chez les hommes, la personnalité n’existe presque pas chez les femmes, et jamais chez la jeune fille. […] — Si Corneille et Racine n’avaient jamais existé… — Que nous sommes loin de Corneille ! […] Ce sera l’œuvre, celle qui seule existe, celle qui annihile toutes les autres, celle qui s’étend comme une conquête sur la nature.
Qu’est-ce qui est tragique et quels rapports existent entre la Musique et le tragique ? […] Certes, il serait paradoxal de prétendre que le musicien n’a, chez lui, qu’un rôle secondaire ; mais ce qu’il faut comprendre, c’est que le musicien n’existe que comme une des faces du poète. […] Le « Midi » existait dans la musique longtemps avant Carmen, et ce qu’on en trouve dans cette œuvre, qu’on le remarque bien, est plutôt emprunté. […] Il n’eût pas existé, Carmen viendrait à disparaître, qu’il n’y aurait pas de lacune dans cette histoire. […] Il y a mieux : Bizet ni Carmen n’existeraient sans Wagner.
Il existe un portrait de lui à trois ans, dans le goût troubadour, qui était de mode au temps de la reine Hortense. […] Quoi qu’il en soit, le mal existait, et il contribuait à la « défaillance générale » dont parle M. […] L’album de voyage de Musset, qui existe encore, ne cesse pas un instant de représenter George Sand. […] Rien du passé n’existait plus, ou, du moins, rien ne se ressemblait. […] Pour le bonheur de la contempler, de jouer avec son éventail ou de lui apporter un coussin, Musset traversait sans cesse la plaine Saint-Denis, et il n’existait alors ni chemins de fer ni tramways.
Tous ces mots du cru, ces locutions jusque-là éparses chez lui un peu au hasard, se sont même élevés à l’art véritablement, sous sa plume, dans quelques lettres de Champin, l’un des personnages du Presbytère : « On y peut voir, dit-il excellemment, ce qu’est notre idiome local parlé dans toute sa nationale pureté, et juger de la difficulté qu’on doit éprouver à se dépouiller, pour écrire purement, de cette multitude d’idiotismes, dont les uns, inusités dans la langue française actuelle, n’en sont pas moins de souche très-française, dont les autres voilent sous une figure expressive le vice de leur origine, dont tous ont pour nos oreilles le caractère du naturel et le charme de l’accoutumance. » Quant à nous pour qui cette accoutumance n’existe pas, quelque chose pourtant du charme se retrouve. […] Prévère, du pasteur comme se l’est peint la tendre imagination de l’enfant, a réellement existé ; il existe encore ; c’est, m’assure-t-on, M.
Le jeune Charles étudia avec ardeur les lois dans les différents recueils de Codes, qui existaient alors ; il fut reçu conseiller, le 24 février 1714. […] Il ne voit pas encore que cette géographie est fautive, que la distribution de ces natures de gouvernement tient à mille autres causes que la grandeur ou la petitesse des espaces, et que l’Amérique, par exemple, ou la Pologne, bien que très-mal constituées, sont des républiques malgré leurs vingt millions ou leurs quarante millions de sujets ; il ne voit pas davantage que la Chine, malgré ses trois cent soixante-cinq millions d’habitants, n’est nullement despotique, mais la monarchie la plus tempérée qui ait jamais existé. […] Les éléments de cette connaissance n’existent pas.
Le mal et la laideur n’existent que pour l’esprit qui ne sait pas, pour l’œil qui ne voit pas : ainsi va-t-il, imprégnant la nature et l’humanité des couleurs splendides de son âme. […] Il est seul : il sent les hommes indifférents, ou hostiles, la nature froide, impassible, dédaigneusement belle761, les cieux immenses et déserts : Dieu, s’il existe, muet, aveugle et sourd au cri des créatures762. […] Il se définissait « un homme pour qui le monde extérieur existe ».
Avant l’institution des tribus, il n’existait guère de différences entre les hommes que celle imposée par la disparité des forces des deux sexes ; le système patriarchal et plus encore l’agrégation des familles en tribus créa la différence entre gouvernants et gouvernés ; en même temps, les occupations des gouvernés les subdivisent, d’abord en castes, puis en métiers, enfin en spécialistes. […] Dans celui-ci la poésie et l’orchestrique étaient associées à la musique ; mais cette union commandée par la tradition ne pouvait encore être profitable, l’harmonie bornée à l’unisson n’ajoutant aux paroles qu’une mélopée monotone ; si bien que la poésie était alors à l’égard de la musique dans un rapport égal mais inverse à celui qui existe aujourd’hui entre les livrets de Scribe et la musique par exemple de Meyerbeer. […] XI : Le Drame Allemand : — Le style idéal de Bayreuth exige, pour sa manifestation, cet endroit unique, exclusif, consacré ; mais on peut espérer que ce qui existe là comme la sphère même de l’Idéal, soit de loin aperçu comme un horizon vers lequel tendent des aspirations artistiques très différentes.
Une langue, où il n’existera plus de morceaux de livres, plus de phraséologie où passera le mot d’auteur, et où cependant le public sentira que c’est un lettré qui a fabriqué les paroles sortant de la bouche des acteurs, voilà la révolution à tenter ! […] Oui, le romantisme a eu un théâtre, et il existe des raisons pour cela. […] Monval, archiviste de la Comédie-Française, qui a bien voulu, deux fois, faire la recherche, me dit que la pièce de La Nuit de la Saint-Sylvestre, et celle des Incroyables et Merveilleuses, peut-être présentée en dernier lieu, sous le titre du Retour à Ithaque, n’existent pas aux archives.
jusqu’à l’affection de Jésus pour saint Jean, en déclarant que la seule excuse de Dieu est de ne pas exister, en bavant sur tout ce qu’il y a de sacré au monde, eux, ces hommes graves, ces hommes décrétés immortels ! […] Si le diable existe, Dieu est impossible ! […] Leur profession est toute nouvelle, le mot de leur association n’a pas encore été formulé ; la propriété littéraire même, à l’heure qu’il est, n’existe pas encore.
Bernard-Leroy, nous avons trouvé dans l’une d’elles le même mot : « J’assistais à mes actions ; elles étaient inévitables 13. » En vérité, on peut se demander s’il existe une illusion aussi nettement stéréotypée. […] Bien que ces divisions ne soient pas toutes également artificielles, aucune n’existait en soi, car le déroulement de la vie psychologique est continu. […] Un des sujets écrit : « Ce sentiment de dédoublement n’existe que dans la sensation ; les deux personnes ne font qu’un au point de vue matériel.
Il est certain que tout tient à tout dans l’univers : il existe par conséquent entre toutes les sciences humaines certains rapports qui ne permettent à aucune de refuser les lumières que peuvent lui offrir celles qui s’en éloignent le plus dans l’ordre de parenté. […] « Je crois, dit l’éloquent professeur anglais Tyndall, défendant contre le reproche de matérialisme les physiologistes qui cherchent les correspondances entre les phénomènes intellectuels et les opérations du cerveau, je crois que tous les grands penseurs qui ont étudié ce sujet sont prêts à admettre l’hypothèse suivante : que tout acte de conscience, que ce soit dans le domaine des sens, de la pensée ou de l’émotion, correspond à un certain état moléculaire défini du cerveau, que ce rapport du physique à la conscience existe invariablement, de telle sorte qu’étant donné l’état du cerveau, en pourrait en déduire la pensée ou le sentiment correspondant, ou qu’étant donné la pensée ou le sentiment, on pourrait en déduire l’état du cerveau ; mais je ne crois pas que l’esprit humain, restant constitué tel qu’il est aujourd’hui, puisse aller au-delà. […] Nous pensons qu’au-dessus des conditions et des lois proprement dites il existe une spéculation qui a pour objet de remonter aux vraies causes, aux forces réelles qui meuvent, animent, dirigent cette grande machine de l’univers.
Seulement l’historien, qui ne s’en doute pas, fait mouvoir ses personnages comme si cette force n’existait point. […] S’il existe une conception spéculative à laquelle on puisse rattacher la philosophie de l’histoire telle que l’ont entendue les modernes, ce n’est pas dans la théologie de Bossuet, c’est dans la métaphysique de Leibniz qu’il faut la chercher. […] Chercher les rapports qui existent entre les divers ordres de faits historiques, dégager par l’observation comparée et l’induction les rapports constants et par suite nécessaires qui dérivent de la nature même de ces faits, telle est la véritable méthode scientifique de l’histoire, qui ne devait être complètement pratiquée que dans notre siècle, mais dont Montesquieu a donné le précepte et parfois l’exemple.
D’aucuns trouveront même qu’il est d’une singulière faiblesse ; mais il manquait et, puisqu’il manquait et que voilà qu’il existe, il est bon. On doit lui savoir gré d’exister. […] Mais, en même temps, de sentir que l’armée française existait encore et se battait, et sans lui, cela le torturait. […] Sans cette cohésion nouvelle, le peuple cesserait très vite d’exister, ou, si l’on veut, cette cohésion est le signe que ce peuple avait en lui faculté d’être un peuple. […] Elle prouve qu’elle existait encore au printemps de l’année 1790.
« Mais je n’existais pas à Rome, et je n’habitai jamais le palais des empereurs. » Il est vrai ; mais je ne suis point accusateur, je suis apologiste. […] Mais ce monstre a-t-il jamais existé ? […] Existe-t-il, a-t-il jamais existé un méchant assez artificieux pour donner de la consistance aux horreurs qu’il débite d’autrui par les horreurs qu’il confesse de lui-même ? […] Existent-ils ? […] Existe-t-il, a-t-il jamais existé sur le trône un prince qui eût balancé dans cette conjoncture ?