Nous ne ferons pas de Parthénon, le marbre nous manque ; mais nous savons prendre à poignée le cœur et l’âme ; nous avons des coups de stylet qui n’appartiennent qu’à nous ; nous plongeons les mains dans les entrailles de l’homme, et, comme les sorcières de Macbeth, nous les en retirons pleines des secrets de l’infini. […] Le cor qui ne résonne que touché par des lèvres pures, le hanap magique. qui n’est plein que pour l’amant fidèle, n’appartiennent vraiment qu’à nous. […] On ajusta les poutres, on fit les roues avec des tambours pleins, sciés dans l’épaisseur des gros chênes, et on posa le saint dessus. […] Quand elles rencontraient ma sœur Henriette, elles la caressaient : « Ma petite, lui disaient-elles, votre grand’mère était une personne bien recommandable, nous l’aimions beaucoup ; soyez comme elle. » En effet, ma sœur l’aimait extrêmement et la prit pour exemple ; mais ma mère, rieuse et pleine d’esprit, différait beaucoup d’elle ; la mère et la fille faisaient en tout le contraste le plus parfait.
Nous ne saurions cependant ériger cette pleine conscience de soi en complet équivalent de la liberté même. […] Aussi la pleine liberté supposerait-elle la pleine conscience de soi. […] La liberté, terme du développement volontaire, est ainsi la motivation par excellence, la motivation complète, s’étendant aussi loin qu’il est possible, embrassant dans la pleine lumière un ensemble de fins aussi vaste qu’il est possible, pour les ramener à l’unité du moi.
À cette heure où, d’un ciel poli comme une glace, Sur l’horizon doré la lune au plein contour De son disque rougi réverbère un faux jour, Je vois à sa lueur, d’assises en assises, Monter du noir Liban les cimes indécises, D’où l’étoile, émergeant des bords jusqu’au milieu, Semble un cygne baigné dans les jardins de Dieu. […] ………………………………………………………… ………………………………………………………… VIII Et j’ai vogué déjà, depuis soixante jours, Vers ce vague horizon qui recule toujours ; Et mon âme, oubliant ses pas dans sa carrière, Sans espoir en avant, sans retour en arrière, Respirant à plein souffle un air illimité, De son isolement se fait sa volupté. […] Et moi puissé-je, au bout de l’uniforme plaine Où j’ai suivi longtemps la caravane humaine, Sans trouver dans le sable élevé sur ses pas Celui qui l’enveloppe et qu’elle ne voit pas, Puissé-je, avant le soir, las des Babels du doute, Laisser mes compagnons serpenter dans leur route, M’asseoir au puits de Job, le front dans mes deux mains, Fermer enfin l’oreille à tous verbes humains, Dans ce morne désert converser face à face Avec l’éternité, la puissance et l’espace : Trois prophètes muets, silences pleins de foi, Qui ne sont pas tes noms, Seigneur ! […] ………………………………………………………… ………………………………………………………… Et puissé-je, semblable à l’homme plein d’audace Qui parla devant toi, mais à qui tu fis grâce, De ton ombre couvert comme de mon linceul, Mourir seul au désert dans la foi du Grand Seul !
Dans son Éloge de Gaubius, médecin et professeur de Leyde, il nous le montre survivant à ses autres collègues contemporains, et, jusque dans les chaires voisines de la sienne, n’étant plus entouré que de disciples, réunissant enfin toutes les jouissances d’une vieillesse robuste, savante et respectée ; et il continue par cette réflexion pleine de charme : Il est donc dans les différents âges de la vie des consolations et des récompenses pour ces hommes courageux qui se dévouent tout entiers au travail et à l’étude. […] Vicq d’Azyr entre à pleines voiles dans ces espérances et ces illusions que presque tous partageaient alors, et, y joignant le tribut d’une imagination naturellement bienveillante, il ne voit devant lui que des pronostics de bonheur.
C’est un livre plein de préceptes et d’exemples. […] Ne lui demandez pas les grandes vues militaires ni de stratégie, ni d’embrasser un échiquier bien étendu ; mais dans ce cadre indiqué, il semble un officier accompli, plein de ressources, ayant le coup d’œil et la main, électrisant son monde, combinant l’audace et l’art, et corrigeant la témérité par l’adresse.
Dans la tranquillité de midi, dans le calme du couchant, à l’heure la plus sombre de la nuit, quand montent les pensées profondes, quand les fantômes du cœur s’élancent du sein des ténèbres dans leur beauté pleine d’effroi, pour lutter avec le sommeil, — Esprit, alors réponds-moi ! […] As-tu justifié la bénédiction de ton père étendue sur toi, et le regard plein de confiance de ta mère ?
Il commence ce pèlerinage, qui asurtout pour objet la Suisse catholique, par une diatribe violente contre Genève, où l’on célébrait, quand il ypassa, l’inauguration de la statue de Jean-Jacques, un sujet tout trouvé d’anathème : « Tristes fêtes dont nous n’osons plus rire, s’écrie l’auteur, quand nous songeons qu’il est une autre vie et que probablement ce malheureux Rousseau, mort dans l’hérésie, sans sacrements et, selon toute apparence, sans repentir, a plus affaire à la justice de Dieu qu’à sa clémence… » Je laisserais ce passage et le mettrais sur le compte de la jeunesse, si les mêmes sentiments d’exécration ne revenaient sans cesse sous la plume de l’auteur ; si, dans ces volumes de Çà et Là où il y a de charmants paysages et de beaux vers pleins de sensibilité, je ne voyais, lors d’une nouvelle visite à Genève (chapitre Du Mariage et de Chamounix), la même répétition d’injures contre la statue et les mêmes invectives contre les Genevois en masse. […] Pourquoi faut-il que l’auteur converti se soit cru obligé d’ajouter à cet éloge, par manière de laisser-passer : « Gil Blas est un mauvais livre plein de misanthropie, avec du venin contre la religion… » ?
Racine désirait, je le trouvai de plus si formé et plein de tant de raison, de bons sentiments et de bon goût, qu’après avoir pris langue du père et de la mère qui m’applaudirent, je fis la proposition à M. […] » Il est tout plein de semblables sentiments.
Leur destinée a été assez singulière : le fils de l’auteur, le comte Arthur Beugnot, homme d’esprit lui-même et qui avait le culte de la mémoire de son père, mais qui savait les précautions qu’il faut prendre quand on a plein la main de révélations contemporaines, en avait publié, essayé çà et là dans des revues quelques fragments et des chapitres détachés. […] Nous ne le voyons quasi qu’en buste, pas tellement en buste pourtant que nous n’apprenions de lui que jeune homme, avocat instruit et plein d’espérances, très grand et beau garçon (ce qui ne gâte rien), il eut l’agrément d’être sur le pied d’ami et de familier ou de chevalier auprès de cette fameuse comtesse de Lamotte, l’un de ces jolis et affreux monstres, de ces harpies à tête de sirène comme en engendra la corruption avancée du XVIIIe siècle.
Lorsqu’il a été manié par des acteurs de quelque génie, il a fait les délices des plus grands rois et des gens du meilleur goût ; c’est un caméléon qui prend toutes les couleurs. » Arlequin, s’il n’était jadis naïf qu’à demi, devient alors tout à fait scélérat : « Arrogant dans la bonne fortune, dit M Jules Guillemot48, traître et rusé dans la mauvaise ; criant et pleurant à l’heure de la menace et du péril, en un mot Scapin doublé de Panurge, c’est le type du fourbe impudent, qui se sauve par son exagération même, et dont le cynisme plein de verve nous amuse précisément parce qu’il passe la mesure du possible pour tomber dans le domaine de la fantaisie. » Arlequin, avec ses nouvelles mœurs, court fréquemment le risque d’être pendu ; il n’y échappe qu’à force de lazzi. […] s’écrie-t-il, il faut qu’il soit arrivé une barque pleine d’Arlequins !”
« Cette philosophie de l’éducation, dit-il, pourra paraître à certains vide de satisfactions et incapable d’aider au plein développement de l’individu. […] À l’école, on s’élève contre la ruse, l’intrigue, la roublardise ; dans la vie, à peu près tout le monde use de ces moyens dans la mesure de ses forces et est plein d’estime pour ceux qui réussissent grâce à eux.
Soyez peu soucieux Si le vent tourbillonne en hurlant dans les voiles : L’abîme est sous vos pieds ; mais, en levant les yeux, Vous verrez tout le grand firmament — plein d’étoiles. […] L’auteur montre que Richard Wagner avait une connaissance profonde et détaillée du moyen âge ; il ne fait pas étalage de son érudition dans Lohengrin, mais chaque détail est exact, et en beaucoup d’endroits une parole qui paraît sans importance au vulgaire, est pleine d’intérêt pour le savant. — En un seul point Wagner ne s’est point conformé à l’exactitude historique, — c’est en faisant célébrer le mariage de Lohengrin et d’Elsa à l’église ; l’action de Lohengrin se passe au commencement du dixième siècle, or ce n’est guère que vers les onzième et douzième siècles que l’église parvint à imposer le mariage religieux, et dans les descriptions de mariages avant cette époque il n’est jamais question de cérémonies religieuses.
Pendant ce temps-là, madame de Montespan partageait son temps entre l’embellissement de Clagny et des empressements pleins de respect pour la reine, qui prenait plaisir favoriser son beau repentir, et sa résignation à une vie plus régulière. […] Vous verrez de quelle manière se tournera cette amitié. » Le 28 juin, « Vous jugez très bien de Quantova (madame de Montespan) ; si elle peut ne point reprendre ses vieilles brisées, elle poussera sa grandeur au-delà des nues ; mais il faudrait qu’elle se mît en état d’être aimée toute l’année sans scrupule111 ; en attendant, sa maison est pleine de toute la cour ; les visites se font alternativement, et la considération est sans bornes. » Une autre lettre, du 3 juillet, porte : « Ah !
— Je sais qu’encore aujourd’hui, ajoute-t-il, les misérables gazettes (qui traitent) de ce temps-là sont pleines de ces ridicules idées. […] L’exilé Bussy-Rabutin, qui en jugeait plus philosophiquement, lui en adresse cependant une lettre pleine d’éloge.
La Révolution vint interrompre cette vie qui était déjà si pleine, et où s’annonçaient des goûts si divers. […] Un autre bibliophile plein de feu et original, M.
Parlant, il y a quelque temps, d’Horace Walpole dans la Revue des deux mondes, et jugeant le roman et la tragédie que s’avisait de composer à un certain jour cet esprit distingué, M. de Rémusat y reconnaît bien quelques mérites d’idée et d’intention, mais il n’y trouve pas le vrai cachet original, et il ajoute avec je ne sais quel retour sur lui-même : « Le mot du prédicateur : Faites ce que je vous dis, ne faites pas ce que je fais, est l’éternelle devise des esprits critiques qui se sont mêlés d’inventer. » Si M. de Rémusat a, en effet, pensé à lui-même et à ses essais de drames en écrivant ce jugement, il a été trop sévère ; je suis persuadé que, pour être artiste, c’est-à-dire producteur d’ouvrages d’imagination, pleins d’intérêt, il ne lui a manqué que d’être un peu moins nourri dès son enfance dans le luxe fin de l’esprit, et d’être aiguillonné par la nécessité, cette mère des talents. […] L’âge des passions et des séductions le prenait insensiblement ; sa mère mourut, et avec, elle il perdit ce qui alors le retenait le plus : « Elle morte, dit le biographe primitif, tout aussitôt le vaisseau de son cœur, comme s’il avait perdu son ancre, se laissa aller presque entièrement au courant du siècle. » Mais Dieu qui avait sur lui des desseins, de peur qu’il ne s’abandonnât à une paix mortelle et trompeuse, lui suscita une guerre intestine pleine de troubles.
Autrefois un logis plein de chiens et de chats… C’est ici que cette vieillesse se montre encore davantage. […] Cette parenthèse est pleine de grâces, et les deux vers suivans sont au-dessus de tout éloge.
D’une vie morale pleine de complications, il devient l’auteur et le maître. […] Tous ses panégyriques sont pleins d’intentions pédagogiques. […] Au cours de ses conclusions, Drieu, plein d’un respect toujours naïf devant la force, qu’elle soit représentée par Lénine ou par M. […] Spectacle plein de fantaisie ! […] Mais au-dessous de Simon le Pathétique (1918) un couple se montre plein d’exaltation.
La loge pleine de monde, ce qui m’empêchait de tomber dans mes humeurs noires… Une musique céleste, qui m’enveloppait comme un triple manteau de bien-être, qui me réchauffait le cœur et me transportait. […] La demoiselle, c’est moi ; le monsieur, c’est D… Le baron est grand, blond, gros, plein de sang. […] J’ai la tête pleine de peinture, et ces personnes-là ne peuvent pas comprendre les nobles préoccupations des gens de notre espèce et puis, il faut l’avouer, je suis finie jusqu’à nouvel ordre. […] Quant au talent, elle en a, mais pas tant qu’elle se l’imagine ; de plus, elle est pleine de vanité allemande. […] Ça ne ressemble à rien de ce que je connais… C’est vraiment neuf et plein et sonore et harmonieux.
Car, ou bien la volonté renforce chaque aperception surgissante jusqu’à la pleine lumière et à la netteté, ou bien, si elle ne le peut pas, elle l’éteint complètement. […] Les tableaux de ceux-ci les touchaient et les émouvaient ; ce qui les distinguait avant tout des tableaux d’autres peintres qui les laissaient indifférents, c’était leur raideur pleine de gaucherie ; ils virent donc tout simplement dans cette raideur pleine de gaucherie la source de leur émotion, et imitèrent avec beaucoup de peine et de conscience le mauvais dessin des « primitifs ». […] Les poètes emploient de plein droit l’une et l’autre forme. […] Car le vol de profession et le penchant insurmontable à l’oisiveté bavarde affairée et pleine d’importance découlent de la même source : la faiblesse native du cerveau. […] Et cependant il peut, dans les deux cas, éveiller absolument les mêmes émotions que si, plein de sonorité, il arrivait à la conscience par l’ouïe.
Ces répétitions avaient lieu le plus souvent en l’absence de l’abbé et nous laissaient par conséquent pleine et entière liberté ; on en usait pour causer de tout autre chose que de la grammaire et du latin, et souvent pour composer des vers, Dieu sait quels vers !
Quand la rue est si pleine de boue, chacun peut être éclaboussé.
Quand on a l’esprit plein d’une idée ou d’une passion, on y rapporte tout : il n’est rien qu’on ne trouve moyen d’y rattacher ; tout y ramène.
Henri Mercier Si la joie d’être débordait dans les Chansons joyeuses, les Poèmes de l’Amour et de la Mer, qui vinrent ensuite, révélèrent en Maurice Bouchor un autre poète, un poète du cœur, plein de tendresse pour la nature, de délicatesse en sa conception de la femme et de douce mélancolie.
Ils sont pleins de vie, de santé et de belle humeur.
Il m’a rapatrié dans le monde antique, il m’a ramené aux sources sacrées ; j’y ai puisé les plus pures joies qui puissent rafraîchir et ravir l’esprit. « Les Grecs » — a dit Goethe dans un mot célèbre — « ont fait le plus beau songe de la vie. » Ce songe, je l’ai refait avec eux ; et il me semble que je m’en réveille en écrivant les dernières lignes de ces pages pleines de leur gloire et de leur génie.
L’été, l’automne et l’hiver trouvent toujours des fromages dans ma grotte ; mes réseaux en sont toujours pleins.
Il est plein de feu, de grandeur, de mouvement et de poésie.
C’est que celui-ci ne s’est jamais occupé de l’imitation rigoureuse de la nature ; c’est qu’il a l’habitude d’exagérer, d’affaiblir, de corriger son modèle ; c’est qu’il a la tête pleine de règles qui l’assujettissent et qui dirigent son pinceau, sans qu’il s’en apperçoive ; c’est qu’il a toujours altéré les formes d’après ces règles de goût et qu’il continue toujours de les altérer ; c’est qu’il fond, avec les traits qu’il a sous les yeux et qu’il s’efforce en vain de copier rigoureusement, des traits empruntés des antiques qu’il a étudiés, des tableaux qu’il a vus et admirés et de ceux qu’il a faits ; c’est qu’il est savant, c’est qu’il est libre, et qu’il ne peut se réduire à la condition de l’esclave et de l’ignorant ; c’est qu’il a son faire, son tic, sa couleur auxquels il revient sans cesse ; c’est qu’il exécute une caricature en beau, et que le barbouilleur, au contraire, exécute une caricature en laid.
On tente une science déjà tentée par des esprits pleins d’audace.
Il est savant, renseigné, détaillé, plein de faits qui, sous la plume pittoresque de l’auteur, deviennent des peintures : paysages ici, portraits là.
Dans un temps où la mémoire et l’imagination étaient pleines de force, où la puissance d’invention était si grande, il ne pouvait être philosophe.
En ce cas, mes leçons subséquentes, encore pleines de réfutations nécessaires, passeront pour de nouveaux griefs, si je ne veux abandonner l’intérêt des bons préceptes, et plaire aux dépens de leur exactitude. […] Enfin voici une petite Iliade qui succède à une courte Odyssée ; et, tandis que l’imitation de celle-ci, très susceptible d’être resserrée, lutte avec le modèle original, l’imitation de celle-là, trop forte, trop pleine pour se prêter à des dimensions étroites, n’atteint pas au parallèle de la haute conception qu’on s’efforce à lui comparer. […] Il ne voit en cela rien de choquant, et soutient que « la poésie eut toujours le droit d’employer des images corporelles pour nous élever à des connaissances purement métaphysiques ou morales ; non seulement des auteurs grecs et latins, mais encore les psaumes de David, les cantiques de Salomon, et tous les livres de l’écriture, sont pleins de semblables allégories : on y voit à chaque page les plaisirs de l’âme exprimés par ceux du corps ». […] « Saisis pour me guider l’une de mes cent mains : « Les autres porteront le fer, les feux avides. » « À ces mots pleins d’horreur, les deux monstres livides, « L’un à l’autre attachés, et volant à grand bruit, « Traversent tout l’abîme et l’infernale nuit. […] La lucidité de ces ouvrages pleins et compactes, rejaillit de la précision et de la justesse des maximes qui y sont concentrées : les idées qu’ils renferment composent les seuls rudiments d’instruction qu’il soit profitable de commenter ; tandis que dans la plupart des livres d’enseignement à peine trouve-t-on autre chose qu’un amas de communes redites sur des généralités littéraires, noyées en des flots de paroles et de phrases méthodiquement stériles, où l’on n’aperçoit que la prétention du pédagogue et non les racines du savoir.
Entre quatre mille alexandrins sur l’âme, et un petit volume de contes libertins, plein de blancs et de choses folles, quelle parité y a-t-il ? […] Le sujet du roman est simple et plein d’intérêt. […] Le caractère de ce Phœbus est plein de naturel et de vérité ; c’est une critique fine et amère de l’homme tout physique, par l’homme qui est toute intelligence et tout talent. […] On s’est d’abord montré encourageant et plein de faveur pour tous ces talents bouillants qui promettaient à la critique de lui payer son indulgence par des chefs-d’œuvre. […] Il chante Napoléon, il chante la place Vendôme, dans des vers pleins de beautés.
Puis, il est plein de Jean-Jacques. […] Il est plein, nous le savons, de Jean-Jacques et de Bernardin. […] Et, plein de tout cela, il se soulageait en écrivant douze ou quinze heures par jour. […] Elle retrouve Mila et Outougamiz mariés, et pleins d’angoisse. […] Il est plein de pensées.
Un jeune officie s’est fait une renommée par des chansons guerrières pleines de sincérité. […] Car, aux environs de 1830, alors que des poètes exprimaient largement et comme à pleine voix des sentiments généraux et des passions intelligibles à tout le monde, les lecteurs ne leur manquaient point. […] Il était plein de haine et d’ennui ; il parcourait le monde, sinistrement. […] Ce sont des paysages du Midi, chauds et lumineux ; et ils sont vivants, vraiment pleins de dieux, la nature y ayant des formes vaguement animales et respirantes : Mens agitat molem. […] Le grenier au foin était une immense rotonde, large comme un cirque, pleine jusqu’au faîte de gerbes amoncelées… Remarquez la justesse, la vérité saisissante de ces impressions d’ensemble.
Et, d’autre part, je tiens Émile Bergerat et, dans un autre genre, Grosclaude et Alphonse Allais pour des écrivains pleins de gaieté. […] Il serait plein de pédantisme et d’intolérance ; il aurait, si j’ose dire, le plus fichu caractère. […] En ce moment, elle est avec un certain Gaston, très gentil et qu’elle aime bien et qui a pleine confiance en elle. […] je t’étoufferai, cœur trop plein de tendresse ! […] L’œuvre est toute pleine de beautés tragiques, mais un peu éparse et diffuse.
Maxime Rude, dont les Gouttes de Sang, un recueil de poésies pleines de charme et de vigueur, eussent mérité un plus long examen. […] L’ombre chaude semblait pleine de baisers. […] Le roman tient dans cette donnée, ou du moins sa seconde partie ; mais j’ai hâte de citer quelques pages de ce livre plein de charme, d’émotion et de grandeur. […] Avec cela, un malheureux cœur plein de pitié, d’où est sorti le meilleur de son talent. […] … Bien caché dans mon bois, immobile, le fusil prêt, je l’examinais… Il était beau, vraiment ; la vie coulait à plein dans ce corps robuste.
Il a sur la fête de Noël une lettre à Kestner pleine de joie, de cordialité, de sentiment pittoresque, et aussi de sentiment de famille : Hier (veille de Noël), mon cher Kestner, j’ai été avec plusieurs braves garçons à la campagne ; notre gaieté a été bruyante : des cris et des rires depuis le commencement jusqu’à la fin. […] N’oublions pas que dans ce temps il lisait continuellement Homère, et qu’il était plein de ces magnifiques images de l’Olympe. […] Émile Montégut, ou plutôt un hymne plein de feu, d’âme et de tendre intelligence.
Il faut tenir compte des différences entre les deux amis : Bernardin de Saint-Pierre cassé, caduc et chargé de famille ; Ducis vert, plein de gaieté et de vivacité, ayant tout le feu d’un jeune homme de vingt ans, et affranchi par ses pertes mêmes de tous les soucis d’avenir. […] Ou encore : Tœdet vivere ; il a ce rassasiement suprême de la vie qui fait dire tant de grandes choses morales aux âmes trop pleines, forcées d’assister à un spectacle dont elles ne veulent plus. […] Il était, comme à son ordinaire, plein de gaieté et de vivacité.
Ayant un soir, en effet, poussé Santeul de vin de Champagne, il trouva plaisant de verser sa tabatière de tabac d’Espagne dans un grand verre de vin et le lui offrit à boire ; le pauvre Théodas si naïf, si ingénu, si bon convive et plein de verve et de bons mots, mourut dans d’affreux vomissements140. […] Il était bientôt temps que le siècle finît : la pensée de dire autrement, de varier et de rajeunir la forme, a pu naître dans un grand esprit ; elle deviendra bientôt chez d’autres un tourment plein de saillies et d’étincelles. […] La Bruyère est plein de ces germes brillants.
Aujourd’hui que j’ai vu quantité de vastes salles et de théâtres pleins, je ne puis plus, quand j’entre au spectacle, me sentir engouffré, englouti et comme perdu dans un puits énorme et éblouissant. […] Quand des Tuileries je veux aller au Panthéon, ou de mon cabinet à la salle à manger, je prévois à chaque tournant les formes colorées qui vont se présenter à ma vue ; au contraire, s’il s’agit d’une maison où j’ai passé deux heures, et d’une ville où j’ai passé trois jours, au bout de dix ans les images seront vagues, pleines de lacunes, parfois nulles, et je tâtonnerai ou je me perdrai. — Cette nouvelle propriété des images dérive aussi de la première. […] Chose étrange, on sort d’un rêve intense et plein d’émotions ; il semble qu’un état si violent doive aisément et longtemps se reproduire.
Nous n’avons jamais eu ensemble que des rapports pleins de loyauté et de délicatesse. […] « — Rien n’est plus facile, lui dis-je alors, sans rien sacrifier des magnificences de détail dont votre livre est plein. […] Les beaux morceaux de style prophétique dont il est plein ne sont que des allusions éloquentes à la longanimité du peuple et à la bienfaisance du riche.
Ils se moquent de moi, qui, plein de ma lecture, Vais partout prêchant l’art de la simple nature84 . […] Si d’ailleurs quelque endroit, plein chez eux d’excellence, Peut entrer dans mes vers sans nulle violence, Je l’y transporte, et yeux qu’il n’ait rien d’affecté, Tâchant de rendre mien cet air d’antiquité85 . […] Les anciens ne lui gâtaient pas les modernes : Je chéris l’Arioste et j’estime le Tasse : Plein de Machiavel, entêté de Boccace, J’en lis qui sont du Nord et qui sont du Midi Non qu’il ne faille un choix dans leurs plus beaux ouvrages88 .
les travaux si pleins d’originalité des Guizot, des Thierry, des Michelet auraient-ils été possibles sans les collections bénédictines et tant d’autres travaux préparatoires ? […] Auguste Comte est d’avoir un système et de ne pas se poser assez largement dans le plein milieu de l’esprit humain, ouvert à toutes les aires de vents. […] Mais il n’en est pas ainsi dans les sciences morales, où les principes ne sont que des à-peu-près, des expressions imparfaites, posant plus ou moins, mais jamais à plein sur la vérité.
Or à propos de Notre-Dame de Paris, Goethe jeta un cri qu’il faut citer, bien que le grand poète fût certainement injuste pour l’œuvre si pleine de passion et d’énergie juvénile qu’il venait de lire. […] Le festin des mercenaires est une large peinture, pleine de mouvement et de vie. […] Son style est ferme, coloré, plein de ressources ; il manque pourtant de souplesse.
Tous les esprits sont pleins de lui ; tous célèbrent ses louanges, s’inquiètent des bruits répandus sur le mécontentement de la cour, se jurent de ne pas abandonner le général qui les protège. […] On voit ce peuple armé, en proie à toutes les agitations populaires, entraîné par son enthousiasme, ébranlé par ses défiances, s’efforçant de raisonner, et n’y parvenant pas, faute d’habitude ; bravant l’autorité, et mettant pourtant son honneur à obéir à son chef ; insultant à la religion, et recueillant avec avidité toutes les traditions superstitieuses : mais toujours fier de sa force, toujours plein de mépris pour toute autre profession que celle des armes, ayant pour vertu le courage, et pour but, le plaisir du jour. […] Nos héroïnes tendres, Monime, Bérénice, Esther, Atalide, sont pleines de douceur et de grâce, mais ce sont des femmes faibles et timides ; les événements peuvent les dompter.
En est-il moins profond et moins plein de délices ? […] Il l’a dit, et on l’a dit de lui avec une pleine netteté et avec une authenticité parfaite, et l’auteur d’un portrait de M. de La Fontaine, dans les Œuvres posthumes, nous rapporte ceci : « Dès que la conversation commençait à l’intéresser et qu’il prenait part à la dispute, ce n’était plus cet homme rêveur ; c’était un homme qui parlait beaucoup et bien. » Et La Fontaine a dit, en songeant évidemment à lui-même : La dispute est d’un grand secours. […] C’est un Benserade, un Benserade supérieur, qui avait plus de beauté de forme, plus de délicatesse de tour, non pas plus d’esprit, car Benserade en est plein, mais enfin un Benserade supérieur, qu’a été La Fontaine amoureux.
Sur le velours, à côté des gantelets et de l’armet, sont posées une statuette de Pallas et une grenade dont la tige porte encore sa feuille aiguë et sa fleur ardente. » À la magnificence du style, à ces phrases picturales, pleines, tombantes et retenues comme les plis d’une tenture, vous reconnaissez d’Annunzio. […] À ce moment, il est si plein du désir d’aimer qu’il aime les choses, et qu’elles s’animent pour lui, et l’entendent, et lui parlent. […] Les routes parcourues par Fromentin ont perdu de leur poésie ; Medéah, El-Aghouat, Alger, Blidah, sont devenus des pays pleins d’auberges, où les poètes ne rêvent plus.
« Ce superbe tyran, plein de confiance en l’appareil de ses navires, qui tient courbées les têtes de nos frères et fait travailler leurs mains au service injuste de sa puissance, abat de ses bras redoutables les cèdres à la plus haute cime et l’arbre qui se dresse le plus droit, buvant des eaux étrangères et foulant avec audace notre territoire inviolable. […] Il va, et ses heureuses brebis le suivent là où il les nourrit de roses immortelles et d’une fleur qui s’épanouit plus abondante, plus elle est cueillie ; il les conduit à la montagne du bien suprême ; il les baigne dans la source de l’immortelle joie ; il leur donne la pleine moisson, le pasteur et le pâturage, le seul parfait bonheur. […] Sans doute, on n’entendait pas désigner seulement quelques sonnets pleins de ferveur, inspirés aux pieds de la croix : c’étaient l’extase contemplative et la charité passionnée de la sainte qu’on voulait exprimer par ce mot de poésie.
La conscience de son néant terrestre l’effrayant et l’exaltant tout ensemble, il relevait ses regards pleins de larmes vers ce ciel qu’on avait tenté de lui fermer. […] Quoi qu’il en soit, tout le prologue de Modeste Mignon est plein de cette anxiété vague, de cet intérêt inquiétant, qui répond parfaitement à la poétique du genre. […] Il a été affligé ; il a écrit les Odes et Ballades et les Feuilles d’automne : c’est assez pour que nous retenions de notre mieux nos cris de colère, nos éclats de rire ou nos bâillements d’ennui pendant cette longue, pénible, orageuse et houleuse traversée, pleine d’écueils, de récifs, d’épaves, de nuages, d’éclairs, de spectres, de larves, de rayons, d’algues, d’ombres sans nombre et de nombres pleins d’ombres, qu’on appelle une lecture consciencieuse et complète des Contemplations. […] Serez-vous bien lésés quand on vous reprochera d’être des infâmes, des monstres qui ne croient qu’en un seul Dieu plein de miséricorde ? […] On le sait, et l’auteur lui-même nous le déclare avec une modestie pleine de grâce, M.
« Gil Blas est un mauvais livre, plein de misanthropie, avec du venin contre la religion. […] Le Calvaire est un beau livre, tout plein d’enseignements. […] Il est parvenu à peindre la réalité pleine d’idées. […] Une fois, il contredit son maître ; c’est à propos du Renard : Ésope lui attribue un esprit tout plein de matoiserie. […] Rondeau pleine de livres, la chambre de Mlle Stéphanie ornée avec goût.
Mais, dans le monde du poète pur, monde plein, sans lacune et sans désordre, il n’y a pas de hasard. […] je n’ai plus besoin de ta race naïve celle-là solitaire encore, mais pleine intérieurement de richesse et d’amour, Tout peut naître ici-bas d’une attente infinie. […] Se venait assoupir la figure du monde, Puis, dans le dieu brillant, captive vagabonde, Je m’ébranlais brûlante et foulais le sol plein, Liant et déliant mes ombres sous le lin. […] Voici la Jeune Parque dans une profondeur qui ne connaît pas la mort : non plus cette profondeur de vide, de pensée, d’encens, de ténuité, qui était celle de l’âme et de la vie intérieure, mais une profondeur de substance, de plein, d’être. […] Valéry a repris le thème de la Dormeuse dans un des sonnets de Charmes, qui est un des plus splendides et des plus pleins de notre poésie.
Le développement de l’humanité était à ses yeux la lutte de la liberté contre la fatalité, l’ascension à la fois providentielle et volontaire de l’homme vers la pleine autonomie morale. […] Son vaste front, encadré de longs cheveux blancs, ses yeux pleins de flamme en même temps que de bonté disaient sa poésie, son enthousiasme, son grand cœur. […] Ce don, c’est l’instinct vague, immense, que la réflexion précise et retient bientôt, de sorte que l’enfant est de bonne heure questionneur, épilogueur et tout plein d’objections. […] C’est le cœur plein d’attendrissement que Michelet suit le chemin de la barrière de Fontainebleau, qu’avant d’entrer à Bicêtre, il contemple sa fenêtre. […] Jules Simon a consacré à Michelet une très intéressante notice, pleine de souvenirs personnels, dans le volume intitulé : Mignet, Michelet, Henri Martin.
Publiciste plein de verve, et homme politique encore plus zélé qu’ambitieux, il ne se considérait dans les lettres proprement dites que comme un amateur, et son désir, son effort, dans les derniers temps, et quand des loisirs lui furent imposés par les circonstances, c’eût été de conquérir, en perfectionnant un de ses anciens livres, ce rang d’auteur durable dont il sentait tout le prix.
C’est un Leibnizien plein d’assurance.
Gustave Kahn Les Complaintes de Jules Laforgue parurent en 1885… C’était plein de philosophie personnelle, parfois satirique (dans le bon sens de la chose, et piquant aux travers généraux de l’espèce), plus cosmogonique qu’héroïque.
François Coppée Ceux qui auraient pu craindre qu’il s’attardât dans un panthéisme plein de poésie sans doute, mais un peu bruineux et incertain, qu’il restât absorbé dans le rêve mystique où le plongeait la contemplation de la nature, ont été bien vite rassurés.
Mais j’entends bien que, loin de vouloir imposer une règle et des formules aux individualités, votre ambition est simplement de les susciter, de les éclaircir, de leur donner comme une atmosphère de sympathie et d’enthousiasme qui bat leur pleine floraison.
Jamais on ne vit tant d’aveines, De foin les granges seront pleines, Les pois verts sont bientôt passés, Les artichauts fort avancés.
Et véritablement celui-ci a su dominer, par la supériorité de son esprit, les matieres les plus ingrates, & répandre sur les plus abstraites la clarté & les agrémens du style ; tandis que M. de Condorcet n’offre, dans les sujets les plus faciles, qu’un style aride, sentencieux, plein de morgue, & dépourvu de toute espece d’intérêt.
Plein de chaleur & d’intérêt, il sait donner la vie à tout ce qu’il peint, & la Nature même devient plus intéressante par les charmes que son pinceau répand sur tous les objets.
Pleine de sa conquête, elle communique à son amie des vers qu’elle avoit composés pour lui ; vers où l’on lui accordoit toutes les belles qualités.
Ajoutons que ces bucoliques australes sont pleines du souvenir des Écritures.
On dit qu’un peintre peint à pleines couleurs ou franchement, lorsque ses couleurs sont plus unes, moins tourmentées, moins mélangées.
Ils étoient alors de bonne foi ; mais comme l’agitation excessive leur a fait souhaiter une pleine tranquillité, un trop grand loisir leur fait regreter le tems où ils étoient toujours occupez.
Toujours pleine de courage et de confiance.
Le sot livre impose, étant très souvent goûté par une multitude de gens dont le nombre fait impression sur vous, et l’on ne sait pas le discuter avec la pleine liberté d’esprit que suppose Montaigne, ce qui est la seule condition à laquelle il deviendrait de profit.
Ses caractères les plus sublimes choquent en tout les idées d’un âge civilisé, mais ils sont pleins de convenance, si on les rapporte à la nature héroïque des hommes passionnés et irritables qu’il a voulu peindre.
— Pour moi, le vers classique — que j’appellerais le vers officiel — est la grande nef de cette basilique « la Poésie française » ; le vers libre, lui, édifie les bas-côtés pleins d’attirances, de mystères, de somptuosités rares. […] Stéphane Mallarmé, dont la claire conversation est si pleine de charme, a-t-il tort ou raison ? […] Elle ne renaîtra pleine, riche, sonore qu’aux heures d’expansion et de rumeurs ; j’ai toujours ainsi compris la rime et m’en suis servi d’instinct, au gré du lyrisme, et me confortant dans cette esthétique naturelle par l’exemple de Laforgue, de Kahn, de Verlaine surtout. […] Plein soleil. […] Or, la tendance actuelle me semble vers la pleine et libre expansion du poète soucieux de liberté intégrale… C’est l’individualisme absolu, ayant pour unique précepte : « Fais ce que tu veux — mais sache d’abord vouloir par toi-même, car personne ne t’apprendra mieux que toi-même ce qu’il est en ton être de produire. » On a parlé de « Symbolisme ».
Car, si ces auteurs étaient pleins de bons sentiments, ils n’étaient pas sans quelque niaiserie. […] Or le sûr jugement des œuvres d’art exige l’égale et pleine intelligence et de la forme et du fond. […] Il a, du latin, la ferme syntaxe, la précision un peu dure, la couleur en rehauts, la sonorité pleine et rude ; jamais de vague ni de demi-teintes. […] Fabre, le Bien d’autrui, paraît moins pleine, moins riche d’observation, mais d’une construction plus serrée et d’une allure plus rapide. […] Il faut dire que, dans le drame paru en brochure, il y a un cinquième acte, tout plein d’horreur et d’incertitude.
La seconde une pleine possession de la langue, et le courageux désir de joindre la logique à l’harmonie. […] Dans sa nudité simple et sûre, et pleine cependant, je vois comme un maximum nécessaire. […] Il justifie la place du jeune homme dans le ballet, de sa grâce plus pleine, plus diverse et plus intellectuelle, au milieu de l’enchantement féminin. […] Au premier plan, Nijinsky assouplit, perfectionne un tournoiement, un rythme, avant de l’exécuter en public : il est déjà plein de la danse. […] Si l’auteur dramatique est aussi considérable qu’on le prétend, les défauts de ses vers, aussi bien que leurs qualités, auront trouvé sans doute leur pleine justification à la scène.
Le texte des paroles prononcées doit, pour avoir son plein sens, être situé dans les conditions où se trouvaient les interlocuteurs, vis-à-vis les uns des autres. […] Relisez les passages, tout pleins de nigauderies, qui le concernent dans le Journal, ouvrez ensuite le Voyage en Italie. […] Vous y saisirez à plein le passage du réalisme physique au réalisme moral. […] Trop de deux mots hardis. » Et cette autre : « J’ai l’esprit plein d’inquiétude. Je suis plein d’inquiétude, vaut mieux. » Et ailleurs : « Il ne faut pas guinder l’esprit… On prend l’imagination que les choses sont inaccessibles, en leur donnant le nom de grandes, hautes, élevées, sublimes.
À mes yeux, ce style arrangé, compassé, plein de chutes piquantes, précieux, s’il faut dire toute ma pensée, convenait merveilleusement aux Français de 1785 ; M. […] Lanfranc, pour se dépiquer une nuit qu’il est au désespoir, fait un pamphlet plein de verve et de feu sur les contrariétés et les ridicules qu’il a rencontrés depuis deux mois, (le pamphlet est la comédie de l’époque). […] Monsieur, Dès qu’on parle de tragédie nationale en prose à ces hommes, pleins d’idées positives et d’un respect sans bornes pour les bonnes recettes, qui sont à la tête de l’administration des théâtres, l’on ne voit point chez eux, comme chez les auteurs qui écrivent en vers, une haine mal déguisée et se cachant avec peine sous la bénignité du sourire académique. […] J’ai cru devoir passer quelques expressions par trop romantiques aussi. » Quel est l’écolier qui ne sait pas aujourd’hui que Falstaff n’est point un grand jugé ni un lord mais bien un faux brave plein d’esprit, personnage fort plaisant, aussi célèbre en Angleterre que Figaro l’est en France ? […] Nous étions Français, c’est-à-dire ne manquant pas de vanité, et pleins du désir non de lire Homère, mais de juger Homère.
Sur-le-champ elle repart de plus belle ; l’éloquence coule de ses lèvres comme d’une cruche trop pleine. […] » Pen explique qu’il s’agit de l’Ophélie de Shakspeare. « Bien, il n’y a pas d’offense ; mais pour Bingley, je n’en donnerais pas ce verre de punch. » Et elle avale le verre plein. […] L’innocence des champs, les respects héréditaires, les traditions de famille, la pratique de l’agriculture, l’exercice des magistratures locales, ont dû produire là des hommes probes, sensés, pleins de bonté et d’honnêteté, protecteurs de leur comté et serviteurs de leur pays. […] Une leçon de latin, un passage de soldats, un voyage en croupe, deviennent des événements importants que la distance embellit ; on jouit de son plaisir si paisible et si intime, et l’on éprouve comme lui une douceur très-grande à voir renaître avec tant d’aisance, et dans une lumière si pleine, les fantômes familiers du passé. […] On ne peut en parler, si pleine que soit la reconnaissance, excepté à Dieu, et à un seul cœur, à la chère créature, à la plus fidèle, à la plus tendre, à la plus pure des femmes qui ait été accordée à un homme.
Il est certaines strophes de Verhaeren qui vous anéantissent et vous secouent comme une trombe formidable et pleine de fracas, où les mots éclatent et retentissent comme des météores. […] Ses chroniques à l’Ermitage, pleines de verve, d’érudition, d’à-propos philosophique, furent fécondes en influence et eurent de grandes conséquences. […] Il ne doit pas, pareillement, tenir secrètes ses pensées, mais les présenter, comme des guirlandes ailées de colombes, comme des boisseaux pleins de froment, à la réunion de ses voisins attentifs. […] Saint-Georges de Bouhélier qui est surtout un sensitif, néglige dans ses pages toute discussion abstraite, pour des paroles passionnées et didactiques ; il nous enseigne par des cris, des sensibilités, et son verbe qui frissonne plein de sève et de vie n’essaie pas de prouver, il séduit, il conquiert. […] C’est là que rayonne son pur front blanc, plein de diaphanes visions et d’architectures subtiles, et que la rare sobriété de ses gestes dénonce à tout homme sensible la précieuse présence d’un Poète béni.
Je ne lui répondis qu’avec des larmes… « Cependant elle diminuoit toujours… » Le 30 juin 1673, Mme de La Fayette écrivait à Mme de Sévigné : « Il y a aujourd’hui trois ans que je vis mourir Madame : je relus hier plusieurs de ses lettres ; je suis toute pleine d’elle. » Au milieu de ce monde galant et brillant, durant dix années, Mme de La Fayette jeune encore, avec de la noblesse et de l’agrément de visage, sinon de la beauté, n’était-elle donc qu’observatrice et attentive, sans intérêt actif de cœur, autre que son attachement pour Madame, sans choix singulier et secret ? […] Ce sont également des passions extraordinaires et subites, des ressemblances incroyables de visages, des méprises prolongées et pleines d’aventures, des résolutions formées sur un portrait ou un bracelet entrevus. […] Une sensibilité extrême et pleine de larmes reparaissait par instants tout à coup à travers cette raison continue, comme une source qui jaillit d’une terre unie. […] Dans la nuit du 16 au 17 mars 1680, deux ans jour pour jour après la publication de la Princesse de Clèves, M. de La Rochefoucauld mourut : « J’ai la tête si pleine de ce malheur et de l’extrême affliction de notre pauvre amie, écrit Mme de Sévigné, qu’il faut que je vous en parle… M. de Marsillac est dans une affliction qui ne peut se représenter ; cependant, ma fille, il retrouvera le roi et la cour ; toute sa famille se retrouvera à sa place ; mais où Mme de La Fayette retrouvera-t-elle un tel ami, une telle société, une pareille douceur, un agrément, une confiance, une considération pour elle et pour son fils ?
Je restai debout entre les deux portes, d’où l’on voyait à la fois les deux pièces pleines de spectateurs silencieux ou bourdonnants. […] Cette tête attirait et pétrifiait les yeux ; des cheveux soyeux et inspirés sous leur neige, un front plein et rebombé de sa plénitude, des yeux noirs comme deux charbons mal éteints par l’âge, un nez fin et presque féminin par la délicatesse du profil ; une bouche tantôt pincée par une contraction solennelle, tantôt déridée par un sourire de cour plus que de cœur ; des joues ridées comme les joues du Dante par des années qui avaient roulé dans ces ornières autant de passions ambitieuses que de jours ; un faux air de modestie qui ressemblait à la pudeur ou plutôt au fard de la gloire, tel était l’homme principal au fond du salon, entre la cheminée et le tableau ; il recevait et il rendait les saluts de tous les arrivants avec une politesse embarrassée qui sollicitait visiblement l’indulgence. […] Le gouvernement du Directoire, sorte de halte entre la mort et la vie d’un peuple, laissait respirer à pleine poitrine toutes les classes de la société européenne, heureuse de revivre et pressée de jouir après avoir tant tremblé. […] Dites-moi nettement vos intentions, j’y conformerai les miennes. — Tranquillisez-vous, lui dis-je en lui serrant les mains avec cette affection pleine de déférence que je devais à toutes les bienveillances et même à toutes les protections dont j’avais été comblé jadis par cette puissante et aimable famille ; je ne veux ni de Londres, ni de Vienne, ni de Paris ; je suis décidé à ne jamais m’engager avec cette dynastie ; mais, lors même que j’aurais l’ambition de l’ambassade de Londres, je la sacrifierais à l’instant et sans hésiter au bonheur de reconnaître par ce sacrifice toutes les bontés dont vous m’avez comblé à mon entrée dans le monde.
Plein d’une noble ardeur, j’ai voulu les compléter, et, à moins que quelque grand obstacle ne s’y oppose, éclaircir en latin et rendre ainsi accessibles toutes les questions de la philosophie. […] Accablé par la fatigue de la route et par la longueur de cette veille, je tombai bientôt dans un sommeil plus profond que de coutume ; tout à coup une apparition s’offrit à mon esprit, tout plein encore de l’objet de nos entretiens ; c’est la vertu de nos pensées et de nos discours d’amener pendant le sommeil des illusions semblables à celles dont parle Ennius. […] Du haut de cet orbe lumineux je contemplais l’univers, et je le vis tout plein de magnificence et de merveilles. […] Quelque chose, quelque homme qu’on lui compare, cette chose et cet homme diminuent dans la comparaison ; et cependant on ne lui rend pas encore pleine justice !
Elle quitta la maison de madame Récamier pour revenir avec une pleine sécurité à son premier asile. […] Toute cette époque de la vie de madame de Staël fut pleine d’oscillations féminines qu’on ne peut justifier ; on y sent la mauvaise influence d’un homme qui faisait fléchir son caractère sous ses propres versatilités. […] La Bible est pleine de poésie, Homère est plein de religion ; ce n’est pas qu’il y ait des fictions dans la Bible, ni des dogmes dans Homère ; mais l’enthousiasme rassemble dans un même foyer des sentiments divers, l’enthousiasme est l’encens de la terre vers le ciel, il les réunit l’un à l’autre.
Ses vérités acquises ne sont pas de lourds théorèmes qui viennent poser à plein devant les esprits les plus grossiers. […] Elle vaincrait encore une fois ses vainqueurs, et toujours de même, jusqu’au jour où elle n’aurait plus personne à vaincre et où, seule maîtresse, elle régnerait de plein droit. […] Les vérités de la critique ne sont point à la surface ; elles ont presque l’air de paradoxes, elles ne viennent pas poser à plein devant le bon esprit comme des théorèmes de géométrie : ce sont de fugitives lueurs qu’on entrevoit de côté et comme par le coin de l’œil, qu’on saisit d’une manière tout individuelle et qu’il est presque impossible de communiquer aux autres. […] Descartes était un esprit absolu, tout à fait dépourvu de critique ; il a bien pu croire à plein au christianisme.
On peut puiser à pleines mains dans son œuvre la plus rassise, dans David Copperfield. […] C’est ailleurs, la poursuite d’un forçat évadé des pontons et que l’on cherche à la lueur saignante des torches, par les marais de la côte pleins de brumes et de flaques, la fuite lointaine d’un de ces criminels, qui revient malgré le péril, enrichi, cauteleux, redoutable, endurci, pris d’affection pour l’enfant qui lui a montré autrefois quelque compassion, auquel il conte rudement sa vie, qui s’éloigne de lui avec horreur, qui s’emploie à le faire repartir par une nuit lugubre et une matinée blême, sur la rivière grise où le guettent les policiers. […] Tout cela est aisé à distinguer ; il paraît certain que la prédominance des facultés affectives a nui chez l’écrivain anglais au plein développement de l’intelligence, et qu’elles en ont pris, du même coup, quelque futilité puérile. […] La correspondance qui date de son premier voyage en Amérique est aussi amusante, satirique et pleine d’épisodes cocasses parfaitement décrits, que les notes qu’il rapporte et dont il fit un livre.
Sous cet hangard couvert de paille, des tonneaux, les uns pleins apparemment et couchés, d’autres vides et debout. […] Ce morceau est très-beau, il est plein de grandeur et de majesté ; on l’admire, mais on n’en est pas plus ému, il ne fait point rêver, ce n’est qu’une vue rare où tout est grand, mais symmétrique. […] Dans les jeunes oiseaux, les petits chats, plusieurs autres animaux, les formes sont encore envelopées, et il y a tout plein de vie ; aussi nous plaisent-ils beaucoup. […] Ce grenier est à moitié plein.
Plein d’égards et aux petits soins pour l’amour-propre des autres, il était susceptible dans le sien à l’excès, et prenait la mouche promptement. […] Marivaux, étudié surtout par les hommes du métier, par les critiques ou les auteurs dramatiques, a autant gagné que perdu avec le temps : il est plein d’idées, de situations neuves qui ne demandent qu’à être remises à la scène avec de légers changements de costume.
Ils sont faciles, pleins d’images et d’harmonie ; et ce qu’il y a encore de bon, c’est que vous y joignez des plaisanteries du meilleur ton. […] La tête est fort belle, la physionomie vive, animée, parlante, la figure assez longue ; on n’y prend nullement l’idée que donnerait de M. de Meilhan le duc de Lévis, lorsqu’il a dit : « Sa figure, quoique expressive, était désagréable ; il était même complètement laid, ce qui ne l’empêchait pas d’ambitionner la réputation d’homme à bonnes fortunes. » Cette idée de laideur ne vient pas à la vue de ce portrait ; mais on y reconnaît avant tout ce bel œil perçant, plein de feu, ces « yeux d’aigle pénétrants » dont le prince de Ligne était si frappé.
Il me paraît plein de gravité, d’énergie et d’images fortes, mais profondément tristes ; aussi je n’en lis guère, car il me rend l’âme toute sombre. […] Lié à l’Italie par des amitiés illustres, en commerce familier avec des hommes tels que Monti et Manzoni, il s’initia par eux aux beautés de Dante (car encore une fois il faut un initiateur quand on aborde Dante à première vue) ; mais il joignit à ces indications exquises du goût italien tout un lent accompagnement de preuves, de faits et d’inductions convergentes, qui remettaient Dante en action et debout au milieu de son siècle, non plus comme une singularité ni comme une bizarrerie, mais bien au contraire comme un résumé plein d’harmonie et comme un merveilleux couronnement.
Or, plusieurs de ces hommes étaient pleins de vie et devaient agir encore. […] Jean-Jacques Rousseau se levant avait tout d’un coup parlé une langue éloquente, ferme et franche, pleine de sève, mais où s’accusait aussi la roideur et le travail de l’ouvrier, et que le solennel et le déclamatoire gâtaient par endroits.
Je me repens, dans tout ce qui précède, d’avoir l’air de critiquer seulement un ouvrage plein de mérite, d’intérêt, où, sauf la veine trop prononcée qui le traverse, tout est instructif, agréable même, d’une science exacte, d’une forte pensée, d’une expression frappante et qui se grave. […] Si l’on ôte quelques passages où la simplicité est affectée et la sagacité raffinée, on croit entendre un des anciens jurisconsultes ; Montesquieu a leur calme solennel et leur brièveté grandiose ; et du même ton dont ils donnaient des lois aux peuples, il donne des lois aux événements… Suivant moi, pour que le livre sur Tite-Live fût entièrement vrai (car il l’est sur presque tous les points, et pleine justice est rendue d’ailleurs à l’historien), il eût suffi de laisser au sens du génie oratoire, du génie de l’éloquence déclaré dominant chez lui, la valeur d’un aperçu littéraire, sans lui attribuer la valeur d’une formule scientifique ; il eût suffi enfin de ne pas inscrire à la première ligne de cette étude, de n’y pas faire peser le nom et la méthode de Spinosa, de ne pas rapprocher des termes aussi étonnés d’être ensemble que Spinosa et Tite-Live.
La correspondance nous montre bien ce moment décisif de son entrée et de sa pleine installation dans la grande voie qu’il a ouverte et illustrée. […] Lui qui rend si pleine justice à Voltaire, il reste fidèle à ses connaissances et à ses admirations du bon cru : le président de Brosses demeure pour lui jusqu’à la fin « le plus digne de ses amis comme le plus savant de nos littérateurs. » L’homme qui a le plus fait pour Buffon en ce temps-ci, en commentant ses idées, en rééditant ses œuvres et en conférant ses manuscrits, M.
En regard du Bonstetten de vingt-quatre ans que Gray vient de nous montrer dans toute sa fougue et sa gentillesse, et dont il a peur en même temps qu’il en est charmé, représentons-nous celui que Zschokke a dépeint à bien des années de là, « d’une taille un peu au-dessous de la moyenne, mais fortement constitué, trahissant par la grâce et la noblesse de ses manières l’habitude d’une société choisie, le visage plein d’expression, d’un coloris frais et presque féminin, le front élevé et d’un philosophe, les yeux pleins d’une souriante douceur, tout à fait propre à captiver, et tel, en un mot, qu’après l’avoir vu une fois, on ne l’oubliait plus ».
Jouffroy, dans un récit moral célèbre, a fait parler le philosophe durant cette veille pleine d’angoisses, dans cette première nuit de doute et de trouble, où le voile du sanctuaire se déchire tout d’un coup devant ses yeux et où il cesse d’être un croyant. […] Lui ployait le fort et consolait le faible, et les génies les moins proportionnés entre eux le trouvaient tous également à leur portée ; il ne haranguait point d’un ton pompeux, mais ses discours familiers brillaient de la plus, ravissante éloquence, et ses instructions étaient des apologues, des entretiens pleins de justesse et de profondeur.
Mais ma confiance dans ces conquêtes est pleine et tranquille, et je ne me crois point obligé, pour servir leur cause, de considérer la maison de Bourbon, la noblesse française et le clergé catholique comme des ennemis. » Ses ennemis, il les verra plutôt en bas, comme il dit, du côté de la démocratie. […] Guizot a tracé de lui un portrait vigoureux de touche et plein de vérité, bien que les dissentiments du ministre avec le roi soient certainement adoucis ; mais ils se devinent de reste.
Savant plein d’autorité et de lumières, le plus pratique des théoriciens, se rabattant volontiers en tout du côté de l’histoire, il était très propre à ne verser dans aucun sens. […] » Un jour, au temps de sa pleine gloire de tribune, Mlle Rachel, qui assistait à une séance de la Chambre, dit, après l’avoir entendu : « J’aimerais à jouer la tragédie avec cet homme-là. » Il a, en effet, le port, le geste, le regard, ce que les Anciens appelaient l’action.
Nous, à la vive lumière de la philosophie, oublions donc aussi ces craintes chimériques du retour de l’ignorance, et marchons d’un pas ferme dans l’immense carrière désormais ouverte à l’esprit humain. » Ainsi parlait le jeune savant ; et plein d’un profond sentiment d’horreur pour le régime oppressif et ignare qu’on avait subi, pour ce retour inouï de barbarie en pleine civilisation, il montrait pourtant avec une satisfaction élevée le rôle honorable et indispensable des savants au fort de la crise et leur empressement courageux à répondre à l’appel de la patrie, tout décimés qu’ils étaient alors par l’échafaud. […] Mais les souvenirs, mais les nuances morales, mais les sympathies et les antipathies, mais la vie même, la clef secrète de cette nature si complexe et si pleine de curiosités et d’aptitudes, et d’envies et de préventions, de plis et de replis de toutes sortes, qui nous la rendra ?
Mais du jour où, dans une province de Judée éloignée de Jérusalem, sur une colline verdoyante, non loin de la mer de Galilée, au milieu d’une population de pauvres, de pêcheurs, de femmes et d’enfants, le Nazaréen, âgé de trente ans environ, simple particulier, sans autorité visible, nullement conducteur de nation, ne puisant qu’en lui-même le sentiment de la mission divine dont il se faisait l’organe inspiré comme un fils l’est par son père, se mit à parler en cette sorte, de cette manière pleine à la fois de douceur et de force, de tendresse et de hardiesse, « d’innocence et de vaillance », un nouvel âge moral commençait. […] Et puis nous avons trop vu Raphaël, cette seconde nature, nous en sommes trop pleins pour pouvoir désormais l’oublier.
Alors, le golfe et la pleine mer semblaient immobiles comme du plomb fondu. […] Mais les Latins se désolaient de ne pas recueillir leurs cendres dans des urnes ; les Nomades regrettaient la chaleur des sables où les corps se momifient, et les Celtes, trois pierres brutes, sous un ciel pluvieux, au fond d’un golfe plein d’îlots… » C’est une scène de funérailles très-bien étudiée, scrupuleusement rendue : l’auteur a ainsi voulu qu’il y eût dans son livre un tableau de toutes les scènes que l’archéologie peut fournir.
About, la Grèce contemporaine, savez-vous que c’est un amusant et un charmant livre, instructif aussi, prophétique même (l’événement l’a prouvé), et plein de bon sens sous ses airs d’étourderie ? […] Quinet, intelligence élevée, imagination féconde, mais trop complexe et qui ne s’est jamais entièrement dégagée, a écrit un livre plein et dense où il y a sans doute de belles pages, mais d’un lyrisme trop soutenu et trop tendu.
Arrivant dans la Ville éternelle, l’esprit plein de tout ce que l’on dit sur les monuments dont elle est couverte, nous crûmes les premiers jours à une mystification. […] Viollet-Le-Duc, il a rencontré ou saisi l’occasion de parler de lui avec éloge dans le Journal des Savants (mars 1864) : il a rendu pleine justice à l’archéologue et l’érudit.
Soldat, aventurier, esclave algérien, employé de finance, prisonnier, romancier, c’est un Gil Blas, mais un Gil Blas assombri, et qui n’est pas destiné à s’écrier comme l’autre dans sa jolie maison de Lirias : Inveni portum… » C’est étrangement rabaisser Cervantes (toujours d’après notre auteur), que de soutenir qu’il a employé la fleur de son génie à combattre l’influence de quelques romans de mauvais goût, dont le succès retardait sur les mœurs du siècle et n’avait plus aucune racine dans la société d’alors : « Ce que je crois plutôt, s’écrie le nouveau commentateur, qui a lu son Don Quichotte comme d’autres leur Bible ou leur Homère, et qui y a tout vu, c’est que le chevaleresque Cervantes, qui s’était précipité dans ce qui, à la fin du xvie siècle, restait de mouvement héroïque, dut se sentir abattre par le désenchantement d’un croyant plein de ferveur qui n’a pas trouvé à fournir carrière pleine, qui dans l’exagération de son idéal s’est heurté et blessé contre les réalités, et qui, après avoir été contraint d’abdiquer l’action, s’est condamné à une retraite douloureuse, s’est réfugié dans ses rêves, et en dernier lieu, dans un testament immortel, lance à son siècle une satire qui n’était pas destinée à être comprise de ce siècle et dont l’avenir seul était chargé de trouver la clé. » Et nous adjurant à la fin dans un sentiment de tendre admiration, essayant de nous entraîner dans son vœu d’une réhabilitation désirée, l’écrivain, que je regrette de ne pas connaître, élève son paradoxe jusqu’aux accents de l’éloquence : « Ah !
« Son œil est plein de feu, mais d’un feu doux, sa conversation riche et abondante, son expression toujours pittoresque, et sa pensée rarement ordinaire. » Rien n’égale à mes yeux le prix des témoignages contemporains quand ils sont donnés avec cette précision, cette justesse, et qu’ils nous arrivent contrôlés par les juges les plus compétents. […] Mais, on le conçoit, et même chez un esprit que les succès littéraires ne préoccupaient point, même pour le seul penseur, il y eut, il dut y avoir des tristesses intimes et profondes, de grandes défaillances morales, de voir ainsi l’œuvre de sa vie compromise et découronnée, de se sentir arriver au public tout haché et morcelé, lui qui précisément avait la conception une et entière ; d’assister au développement et au plein succès d’une autre vue que la sienne, et que naturellement il estimait moins exacte et moins vraie, sur cette grande époque et sur l’homme étonnant qui la personnifie.
Ici l’auteur est en pleine veine, il s’abandonne, il fait sa pleine eau. […] Il semble qu’en avançant dans la vie, le poète ait renoncé à souffrir ou qu’il en ait honte ; lui-même il nous le dit : J’aurais pu souffrir davantage ; Mais, de bonne heure, plein d’orgueil, J’eus toujours le rare courage De cacher les pleurs de mon œil.
Il courait de là tout autour, par les sites montueux, avec une joie sauvage, pleine de vertige et d’ivresse, et comme un Oberman, mais un Oberman qui veut être consolé : « Mon premier sentiment, dans ma retraite ignorée, fut une espèce de joie de me trouver enfin délivré des agitations de la vie sociale. […] Là, comme un prisonnier qui ne doit plus sortir, Il fut pris dans son cœur d’un amer repentir ; L’éternelle patrie, à ses yeux pleins de larmes, Apparaissait alors belle de tous ses charmes ; Son ami le cherchait, en pleurant, dans les airs, Et sa place était vide aux célestes concerts !
Jasmin est mort il n’y a pas un an encore (octobre 1864), au seuil de la vieillesse et dans le plein de sa renommée. […] Il célébra ensuite la Bataille de Navarin, puis l’Héroïsme de Bisson (1828) ; il humait à pleine poitrine tous les sujets qui passaient dans l’air.
Despréaux est droit d’esprit et de cœur, plein d’équité, généreux ami ; mais la nécessité de pardonner une injure, où est un chrétien qui veut être digne de son nom, ne semble pas avoir encore fait assez d’impression sur son esprit ni sur son cœur. […] C’est un bon cœur d’homme, plein de candeur, de sincérité, d’amour du vrai, de haine du faux.
Le biographe de Jomini, le colonel Lecomte, expose en détail l’action utile de Jomini auprès de Ney, aux environs d’Ulm, sa résistance aux ordres intempestifs de Murat, son ferme conseil à l’appui du bon parti adopté par Ney, et sur lequel roulait le plein succès de cette première campagne : — l’investissement et la capitulation de Mack. […] Cette première édition du Traité de Jomini, d’ailleurs, est pleine encore de tâtonnements dans la forme.
Ses réflexions sur cette matière technique, et qui lui était tout à fait étrangère avant l’ouvrage actuel, sont pleines de finesse et d’intention d’artiste. […] Quinet : annonçant, dans le Globe du 12 octobre 1830, son livre De la Grèce moderne et de ses rapports avec l’Antiquité, je disais : « Cet ouvrage, qui doit être demain mis en vente, est dû au jeune et remarquable écrivain qui nous a donné déjà, il y a deux ans, la traduction des Idées de Herder, et qui l’avait enrichie d’une Introduction si pleine et, pour ainsi dire, si grosse de philosophie et de poésie.
… plein de confiance dans le Dieu qui te guide, sillonne cette mer silencieuse… N’eût-il pas été créé, ce nouveau monde que tu cherches, il va sortir des flots. […] Si Racine, dans les vingt-six années environ qui forment sa pleine carrière depuis les Frères ennemis jusqu’à Athalie, avait eu le temps de voir une couple de révolutions politiques et littéraires, s’il avait été traversé deux fois par un soudain changement dans les mœurs publiques et dans le goût, il aurait eu fort à faire assurément, tout Racine qu’il était, pour soutenir cette harmonie d’ensemble qui nous paraît sa principale beauté : il n’aurait pas évité çà et là dans la pureté de sa ligne quelque brisure.
Après avoir cité la strophe : « Tout l’univers est plein de sa magnificence… », il ajoute : « Pour moi, quand je lis de tels vers, je ne sais que m’écrier : Hosannah ! […] Il faut relire les deux études, d’une injustice pleine de sagacité, qu’il a consacrées à Dumas fils et à Flaubert dans ses Essais.
A Lyon, où il fait souvent l’école buissonnière et passe des journées dans les bois ou le long de l’eau ; au collège de Sarlande, où il invente des histoires pour les « petits », à Paris même, où, fraîchement débarqué, de ses yeux de myope encore tout pleins de songerie, il s’essaye à regarder ce monde nouveau qu’il peindra si bien, le petit Chose, délicat et joli comme une fille, timide, fier, impressionnable, distrait, continue de rêver effrontément, fait des vers sur des cerises, des bottines et des prunes, chante le rouge-gorge et l’oiseau bleu, soupire le Miserere de l’amour, et adresse à Clairette et à Célimène des stances cavalières qui semblent d’un Musset mignard et où l’ironie, comme il convient, se mouille d’une petite larme. […] On est ravi de voir, en parcourant ces historiettes, de combien d’excellentes et d’invraisemblables plaisanteries la vie est pleine.
Par les grandes richesses dont elle dispose, et dont elle fait le plus mauvais usage, l’Académie, cette dernière congrégation à biens de mainmorte, dispense à pleines mains la paralysie et la mort sur les successives générations littéraires et jonche les champs de la République athénienne d’innombrables cadavres. […] Louis Dumur, use d’une plus forte expression : « l’Académie, dit-il, dispense à pleines mains la paralysie et la mort ».
« Elle avait, dit Choisy, les yeux noirs, vifs, et pleins du feu contagieux que les hommes ne sauraient fixement observer sans en ressentir l’effet ; ses yeux paraissaient eux-mêmes atteints du désir de ceux qui les regardaient. […] Jalousies, soupçons, rivalités, déguisements, des confidents qui se font valoir et qui sont des traîtres, c’est l’éternelle histoire de tous les groupes jeunes et amoureux, livrés à eux-mêmes dans les loisirs et sous les ombrages ; mais ici ce sont des jeunesses royales et qui brillent au matin du plus beau règne ; l’histoire les fixe, la littérature, à défaut de la poésie, en a consacré le souvenir ; une plume de femme les a racontées dans une langue polie, pleine de négligences décentes ; le regard de la postérité s’y reporte avec envie.
Les Mémoires de Franklin sont d’une lecture pleine d’intérêt pour tous ceux qui ont eu les débuts laborieux, qui ont éprouvé de bonne heure les difficultés des choses et le peu de générosité des hommes, qui ne se sont pourtant ni aigris ni posés en misanthropes et en vertueux méconnus, ni gâtés non plus et laissés aller à la corruption intéressée et à l’intrigue, qui se sont également préservés du mal de Jean-Jacques et du vice de Figaro, mais qui, sages, prudents, avisés, partant d’un gain pénible et loyal, mettant avec précaution, et avec hardiesse quand il le faut, un pied devant l’autre, sont devenus, à divers degrés, des membres utiles, honorables, ou même considérables, de la grande association humaine ; pour ceux-là et pour ceux que les mêmes circonstances attendent, ces Mémoires sont d’une observation toujours applicable et d’une vérité qui sera toujours sentie. […] Son attitude, son sang-froid, la promptitude et la propriété de ses réponses, sa profonde connaissance de la matière et des conséquences politiques qu’elle recelait, son intrépidité à maintenir les droits de ses compatriotes, ses expressions pleines de trait et de caractère, tout contribue à faire de cet interrogatoire un des actes historiques les plus significatifs et l’un de ces grands pronostics vérifiés par l’événement : Si l’acte du Timbre était révoqué, lui demanda-t-on en finissant, cela engagerait-il les assemblées d’Amérique à reconnaître le droit du Parlement à les taxer, et annuleraient-elles leurs résolutions ?
Le docte Tillemont, dans ses Histoires ecclésiastiques, a fait ainsi : plein d’exactitude et de scrupule, il ne marche jamais sans un texte ancien, et, s’il y ajoute quelque chose de son cru, il l’indique par des crochets dans le courant du récit, de peur qu’on ne puisse confondre à aucun moment l’autorité et le commentaire. […] Assis en ce lieu sublime et d’où il embrasse tout l’horizon, il ne se met point à discourir sur la formation du monde ; ce sont de ces sujets à garder pour le sommet de l’Etna ; mais il médite sur les ruines mêmes de la Grèce ; il se demande quelles sont les causes qui ont précipité la chute de Sparte et d’Athènes, et ces considérations d’une haute et sommaire histoire, pleines de vigueur et environnées de lumière, nous montrent à la fois ce qui manque dans les deux sens à l’estimable ouvrage de l’abbé Barthélemy.
C’est encore un grand secret de l’art, quand un morceau plein d’éloquence ou un beau développement servent, non seulement à passionner la scène où ils se trouvent, mais encore à préparer le dénouement ou quelque incident terrible. […] Ce discours du vieil Horace, dit Voltaire, est plein d’un art d’autant plus beau qu’il ne paraît pas : on ne voit que la hauteur d’un Romain et la chaleur d’un vieillard qui préfère l’honneur à la nature ; mais cela même prépare le désespoir que montre le vieil Horace dans la scène suivante, lorsqu’il croit que son troisième fils s’est enfui.
On trouvait fort ingénieux et fort élégant ce petit morceau de Voiture : Baronne pleine de douceur, Êtes-vous mère, êtes-vous sœur, De ces deux belles si gentilles Qu’on dit vos filles28 ? […] Suffit-il de les montrer partout comme nobles, héroïques, généreux, pleins d’éloquence, de vertu et de génie ?