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687. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bourget, Paul (1852-1935) »

Débutant à peu près au moment de la vie où Byron publiait ses Heures de loisir, il avait sur le Byron des Heures de loisir d’avoir déjà passé par les impressions que lord Byron ne connut qu’après Childe-Harold… Je l’ai dit, c’est une âme de poète que M. 

688. (1763) Salon de 1763 « Sculptures et gravures — Falconet » pp. 250-251

Appuyez-y votre doigt, et la matière qui a perdu sa dureté, cédera à votre impression.

689. (1896) Essai sur le naturisme pp. 13-150

Et les plus fortes impressions, ils les éprouvèrent dans les musées et bibliothèques. […] Qui n’a vu quelquefois, en un concert dominical, pendant le jeu d’un morceau symphonique, ce poète prendre des notes et inscrire ses impressions. […] Ils peuvent dédoubler leur âme, ressentir des impressions et en même temps, assister, impassibles aux modifications de leur esprit. […] Il n’exprima point d’idées, mais ses pleurs et ses joies, les plus fugitives de ses impressions s’essoraient en spontanées musiques. […] Il a su synthétiser ses impressions et aboutir à un art d’Éternité.

690. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1885 » pp. 3-97

Mais ce n’est qu’une seconde que dure cette impression. […] Cette impression peut-être, beaucoup la ressentent, mais personne n’a le courage de l’avouer — de l’avouer même à soi-même. […] Dimanche 12 juillet Ce soir Mme Daudet me lisait des notes de son livre d’« Impressions » écrites au jour le jour. […] Des journées, remplies par de longues promenades, ventilées par les bourrasques des plateaux de Cour-Couronne, et par la lecture de morceaux de mon Journal, qui semblent faire une impression pénétrante sur le ménage. […] L’histoire de ma femme en omnibus, il faut qu’un auteur l’ait toujours présente à l’esprit, quand il fait une pièce. » L’on rit, et l’on se met à analyser les impressions de la salle à la première.

691. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1888 » pp. 231-328

La lumière me fait mal, et me force à passer des journées, couché dans une chambre à demi obscurée… Alors la pensée noire de ne pas pouvoir finir mon travail, pour l’impression, et devoir interrompre la publication de ce Journal, dont je ne puis confier le manuscrit à personne, — et au fond le hantement de l’idée fixe de devenir aveugle, ce que je crains depuis vingt ans, oui, de devenir aveugle, moi, dont tous les bonheurs qui me restent sur la terre, viennent uniquement de la vue. […] Ce soir, une lune rose, toute diffuse dans un ciel couleur de brouillard de perle : un ciel d’impressions japonaises. […] À ces quatre études, je joindrai peut-être une étude sur Gakutei, le grand artiste des sourimonos, celui qui dans une délicate impression en couleur, sait réunir le charme de la miniature persane et de la miniature du moyen-âge européen. […] Lundi 16 juillet Une singulière impression, en reconnaissant, ce matin, sur une lettre qu’on me remet au lit, l’écriture de Margueritte. […] … Dans l’idylle du second tableau, quel triste et pudique abandon, mais, mais… je ne sais pas, pour une scène d’amour si poétique, — la robe de bonne me fait une petite impression de froid, — en sera-t-il de même avec le public ?

692. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1892 » pp. 3-94

Et les belles impressions japonaises, depuis tout au plus une douzaine d’années qu’on les recherche, c’est fini d’en trouver chez Bing et Hayashi, et il me semble même que malgré tous leurs efforts, ils n’en peuvent plus découvrir au Japon. […] Bing cause de la folie des impressions japonaises chez quelques amateurs américains. Il parle d’un petit paquet de ces impressions, qu’il a vendu 30 000 francs à la femme d’un des plus riches Yankee, et qui a dans son petit salon, en face du plus beau Gainsborough qui existe, une image d’Outamaro. […] Alors, devenu plus grand je commençai à perdre la petite appréhension timide, que j’éprouvais aux côtés de ma tante, je commençai à me familiariser avec sa douce gravité et son sérieux sourire, remportant au collège des heures passées près d’elle, sans pouvoir me l’expliquer, des impressions plus profondes, plus durables, plus captivantes, toute la semaine, que celles que je recevais ailleurs. […] » Gruby avait quelque peine à cacher son impression, en retrouvant, en place de l’homme jeune et vigoureux qu’il avait entrevu autrefois, un paralytique presque aveugle, couché par terre, sur le tapis.

693. (1858) Du vrai, du beau et du bien (7e éd.) pp. -492

Ce n’est pas parce que la conscience vous l’annonce que vous avez produit tel ou tel mouvement, éprouvé telle ou telle impression. […] L’impression que j’éprouve n’est-elle pas aussi réelle que celle que vous éprouvez ? […] On la reconnaît à ce signe qu’elle produit, à l’aide de ses représentations, la même impression et même une impression plus vive que la nature à l’aide des objets réels. […] Pesez bien chaque mot de Winkelmann : vous y trouverez une impression morale. […] La Messe de saint Martin porte dans l’âme une impression de paix et de silence.

694. (1926) La poésie de Stéphane Mallarmé. Étude littéraire

Mallarmé est un poète d’impressions neuves, aiguës, difficiles à formuler, discontinues. […] Ainsi chez les peintres et chez le poète, la solidarité est la même entre les deux sens du mot impressionnisme : impression immédiate notée de frais, impression active à provoquer chez le public, au lieu d’une expression évoquée toute faite. […] Plus l’effort s’accentue pour retrouver directe, originelle, l’impression momentanée, plus devient nécessaire l’invention qui par des moyens logiques mettra dans les impressions un ordre. […] Une impression présente s’accompagne, dans sa conscience immédiate, d’une impression de déjà-vu. […] Impression qui fournit aux deux quatrains leur motif apparent et pittoresque.

695. (1907) Le romantisme français. Essai sur la révolution dans les sentiments et dans les idées au XIXe siècle

Ce qui l’effraie, c’est les impressions froides au cœur. […] Cette séduction continuelle à l’inconsistance d’impressions fugitives semble plaire et rafraîchir tout d’abord, mais dès qu’elle se prolonge, elle accable. […] Aucun homme n’a mieux fait sentir : que lui l’impression de la chair qui touche l’esprit, et les délices de leur hymen. […] Le propre d’un homme sain est l’harmonie des réactions avec les impressions, des idées avec la réalité. […] Mais l’harmonieuse et sereine impression d’ensemble subsiste en dépit de tant de taches si bien faites pour l’éclipser.

696. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. de Fontanes »

Le curé ne se bornait pas aux impressions morales, il y ajoutait souvent les duretés physiques ; et le pauvre enfant, poussé à bout, s’échappait, un jour, pour s’aller faire mousse à La Rochelle : on le rattrapa. […] Ce Cri de mon Cœur ne serait qu’une boutade adolescente sans conséquence, s’il ne nous représentait assez bien toutes les impressions accumulées de l’enfance douloureuse de Fontanes. […] La plus sûre preuve de l’impression profonde qu’il en reçut, c’est que trente-sept ans après, lorsqu’il fixa la rédaction dernière de la Forêt de Navarre, il tint compte dans sa refonte de presque toutes les critiques de détail, même de celles où Garat avait tort. […] Ces paroles, tombant dans les heures fécondes du malheur, faisaient une vive et salutaire impression sur Fontanes, et, durant le reste de sa proscription, on le voit tout occupé de son monument. […] Il avait vu Le Kain dans sa première jeunesse, et en avait gardé une impression incomparable.

697. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Benjamin Constant et madame de Charrière »

Je lui payerai ce qu’il pourra perdre pour l’impression des trois premières. […] La dureté, la continuité d’insolence et de despotisme à laquelle j’ai été exposé, la fureur et les grincements de dents de toute cette…, parce que j’étais heureux un instant, ont laissé en moi une impression d’indignation et de tristesse qui se joint au regret de vous quitter, et ces deux sentiments, dont l’un est aussi humiliant que l’autre est pénible, augmentent et se renouvellent à chaque instant. […] Tout à l’heure je vous ferai part de mes impressions ; mais pour l’instant je suis pressé de vous donner des nouvelles de vos compatriotes que j’extrais de la Gazette de Brunswick, le premier objet qui me tombe sous la main. […] Ces lettres, d’un ton parfaitement vrai, d’une impression profondément triste, seraient celles, à coup sûr, d’une femme qui parle avec un cœur généreux et froissé, d’une pauvre personne supérieure à qui l’esprit, la distinction, la sensibilité, n’ont été qu’un tourment de plus. […] Une lettre de Benjamin Constant à Mme de Charrière, publiée par la Revue Suisse 186, a donné le récit de cette première rencontre, de ces premiers entretiens ; il ne s’y montre pas encore revenu de ses impressions antérieures : « 30 septembre 1794… Mon voyage de Coppet a assez bien réussi.

698. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Lamartine »

Jugez ce qu’il put accumuler en lui d’impressions, de sentiments et d’idées. […] Non moins grande, j’imagine, devait être son affinité avec Bellini qui, lui aussi, était un féministe, et en mourut jeune, comme Mozart… » Oui, cela est spirituel ; mais cela est à mille lieues de ce que je sens, à mille lieues de l’impression que je viens de recevoir, une fois de plus, de la lecture totale des Harmonies. […] Il la domine et la simplifie, de manière à produire, à l’ordinaire, une impression de grandeur, de sérénité et d’allègement spirituel. […] J’en suis réduit à vous affirmer la justesse de mon impression. […] Je n’ai voulu vous soumettre, touchant la Chute d’un ange, que quelques impressions qui me fussent à peu près personnelles (encore m’abusé-je peut-être).

699. (1927) Des romantiques à nous

Nous conviendrons volontiers que l’annonce sur un centenaire de la Préface de Cromwell, irréprochable comme formule, n’aurait fait sur le public aucune impression. […] L’impression des événements de la veille contribue beaucoup à ces alternatives, à ces fluctuations, parfois brusques et violentes, dans le destin des idées. […] Comment les poètes lyriques, êtres sensitifs et imaginatifs entre tous, ne seraient-ils pas plus sujets que d’autres aux vicissitudes de ces impressions qu’un siècle agité fait se succéder si rapidement ? […] Après quoi, voulant évoquer l’âme commune, la liaison et la continuité intérieure, le principe d’unité morale de ce monde vaste et mystérieux, je me suis replié sur toutes ces impressions et j’ai rêvé. […] Cette arithmétique compliquée ne me fit aucune impression.

700. (1874) Premiers lundis. Tome II « Sextus. Par Madame H. Allart. »

L’auteur de ce roman a longtemps vécu en Italie et y a beaucoup aimé le séjour de Rome, l’impression majestueuse et sévère des ruines, le profil encore conservé des caractères antiques sous la frivolité des mœurs et l’épicuréisme des sentiments.

701. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Soulary, Joséphin (1815-1891) »

Soulary possède à merveille la langue poétique de la Renaissance, et, grâce à l’emploi d’un vocabulaire très large, mais toujours choisi, il a trouvé moyen de dire, en cette gêne du sonnet, tout ce qu’il sent, ce qu’il aime ou ce qu’il n’aime pas, tout ce qui lui passe par le cœur, l’esprit ou l’humeur, son impression de chaque jour, de chaque instant.

702. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 7, que la tragedie nous affecte plus que la comedie à cause de la nature des sujets que la tragedie traite » pp. 57-61

Section 7, que la tragedie nous affecte plus que la comedie à cause de la nature des sujets que la tragedie traite Quand on a fait reflexion que la tragedie affecte, qu’elle occupe plus une grande partie des hommes que la comedie, il n’est plus permis de douter que les imitations ne nous interessent qu’à proportion de l’impression plus ou moins grande que l’objet imité auroit faite sur nous.

703. (1884) Les problèmes de l’esthétique contemporaine pp. -257

Quel mouvement nous donne, quand nous l’exécutons ou quand nous le regardons, l’impression de la grâce ? […] Gurney l’a montré récemment, le rythme forme l’ossature et comme le squelette de toute construction mélodique ; on a beau changer les notes d’un thème, si l’on conserve intact le rythme, l’impression musicale reste à peu près la même. […] Fechner et comme l’avait déjà remarqué Burke, la même impression que des pyramides ou des pics hauts de mille pieds ; mais c’est la profondeur qui saisit le plus, à cause de l’idée de chute. […] Un aveugle sourd, qui reconnaît le passage d’une personne à l’ébranlement de l’air ou du plancher, doit pouvoir distinguer un pas léger ou pesant : c’est le germe de l’impression de la grâce. […] Chez une nature très impressionnable, c’est juste le contraire qui serait à craindre : Swallow-Fall pourrait produire l’impression du Niagara.

704. (1892) Portraits d’écrivains. Première série pp. -328

Ainsi s’explique l’impression qu’on emporte de ses pièces : on est moins persuadé que vaincu. […] C’est ce qui explique l’impression que produisent ses pièces à la représentation. […] On a cette impression que l’œuvre a dévié en route. […] Néanmoins l’impression d’en semble subsiste. […] C’est pour expliquer cette impression qu’on a inventé de traiter M. 

705. (1878) Nos gens de lettres : leur caractère et leurs œuvres pp. -316

L’examen ayant confirmé l’impression, l’intelligence étant du même avis que l’instinct, il règne désormais dans notre pensée ; et, comme on le doit aux hôtes royaux, nous soumettons à son aveu le reste des écrivains qui prétendent à nos louanges. […] une impression d’épouvante ou d’horreur ? […] Et l’impression d’épouvante est doublée pour qui se transporte en esprit sur le théâtre où l’auteur a placé son action. […] Croire qu’on peut communiquer des impressions qu’on n’a pas reçues d’abord, faire du paysage d’après des renseignements, quelle naïveté ! […] À vingt imitations, et je les suppose très habilement exécutées, de l’Apollon ou de la Vénus, je préfère une œuvre, fût-elle médiocre, qui témoigne d’une impression personnelle.

706. (1890) La bataille littéraire. Troisième série (1883-1886) pp. 1-343

Trop d’études, mais pas assez d’étudiants, d’étudiants jeunes s’entend ; de ceux qui, frappés par une impression neuve pour eux, savent la traduire sur le papier. […] La voix douce et sympathique de Dostoïevsky, sa sensibilité, sa délicatesse de sentiment, ses saillies enjouées, tout cela produisit sur moi Une impression d’apaisement. […] Zola l’impression éprouvée. […] J’ajouterai que j’y ressens, de plus, celui de l’impression d’une aventure vécue, comme on dit. […] Ceux qui ont été seulement à Londres pendant quelques jours pourront juger de la vérité des impressions et des récits de l’auteur.

707. (1886) Le roman russe pp. -351

À vouloir multiplier les documents, on ne donnerait qu’une impression de monotonie. […] Il avait eu l’impression directe de ce qu’il chantait ; il avait vu mourir autour de lui ces débris attardés du moyen âge. […] Il ne reçoit pas les impressions pour les garder, comme les autres hommes. […] — « Dans cette copie il mettait tout un monde d’impressions variées et agréables. […] L’impression produite, on le sait, fut celle de l’effroi.

708. (1861) Questions d’art et de morale pp. 1-449

Malgré donc que le beau semble, au premier abord, échapper à toute analyse, et que la préoccupation d’une théorie, portée dans les arts, gâte quelquefois les naïves impressions, il est indispensable de réfléchir sur le plaisir que ces impressions nous causent, tout comme sur les opérations les plus désintéressées de notre intelligence. […] L’ordre de sentiments et d’idées qu’enferme la première impression faite sur l’homme par la nature est par-dessus tout propre à être représenté par la poésie. […] Mais comment ces impressions venues du dehors peuvent-elles ainsi se transformer en force créatrice ? […] Or, quelles formules du langage scientifique peuvent exciter en nous les impressions profondes qu’y produit la nature ? […] La poésie doit employer comme moyens les impressions faites sur nos sens ; c’est par là qu’elle éveille l’imagination.

709. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. FAURIEL. — POST-SCRIPTUM. » pp. 269-272

Que si maintenant, nous relisant nous-même comme nous venons forcément de le faire, nous avions à confesser notre propre impression et à faire entendre un aveu, nous dirions que, dans la suite de ces articles critiques et dans leur mode de justice distributive (s’il nous est permis d’employer un tel mot), il est certains manques de proportions et de gradations que nous regrettons de n’avoir pu mieux rajuster.

710. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Aicard, Jean (1848-1921) »

Dans la Chanson de l’enfant, la Légende du chevrier, fraîche idylle éclose sous les cieux clairs d’Orient, il vous donne à la fois l’impression d’une page de la Bible et de Théocrite.

711. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Guérin, Charles (1873-1907) »

Georges Rodenbach Ils sont exquis de sentiment, de vocabulaire, d’image, ces vers choisis au hasard dans un livre soigné, et d’un métier sur de lui-même, qui, sans rompre avec toute la tradition d’une prosodie fondée en raison, profite des acquêts nouveaux, aère l’alexandrin, ductilise le sonnet, embrume la rime jusqu’à l’assonance ; et ce n’est pas un des moindres charmes de ce poème que la netteté des impressions et des pensées en une forme fluide et flottante, comme qui dirait des figures de géométrie faites avec de la fumée.

712. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Van Lerberghe, Charles (1861-1907) »

Charles Van Lerberghe laisse l’impression d’une œuvre très noble et très pure.

713. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préfaces des « Odes et Ballades » (1822-1853) — Préface de 1828 »

Le deuxième volume contient le quatrième et le cinquième livre des Odes, l’un consacré aux sujets de fantaisie, l’autre à des traductions d’impressions personnelles.

714. (1908) Dix années de roman français. Revue des deux mondes pp. 159-190

Il faudra noter, principalement, l’individualisme impérieux dont la littérature française se pénètre de plus en plus, à mesure que tous les genres donnent un peu l’impression d’être épuisés et que chacun, néanmoins, poursuit une originalité trop souvent fuyante ou inaccessible. […] Dans ce dernier volume, par exemple, — qui nous reporte aux événements dont la Chine fut le théâtre après la prise de Pékin, et tandis que les batailles finissaient dans l’effondrement des pagodes ou dans les sinistres lueurs d’incendies grandioses, — apparaissent un laisser-aller plein d’art, une ordonnance savante dans son apparent désordre, des impressions qui ont l’air d’être fugitives et dont la mémoire demeure obsédée. […] L’aiguë et pénétrante sensibilité de celui d’entre nos écrivains qui a le plus fidèlement exprimé l’anxiété mortelle et vague qui pèse sur une époque préoccupée de l’anéantissement final, — la cruelle nostalgie du poète expert à rendre, d’une façon crispée jusqu’à l’oppression, la fuite irréparable des choses, la ruine des civilisations et des empires, — ont trouvé des moyens nouveaux d’expression et éveillé en nous des impressions non ressenties encore. […] Nous ressentons, à lire les romans de Gérard d’Houville (Mme de Régnier), une impression irrésistible d’art classique et simple, exempt de tout élément factice et de tout maniérisme.

715. (1870) La science et la conscience « Chapitre IV : La métaphysique »

Ne faudrait-il pas pouvoir embrasser l’enchaînement des causes, voir au fond même de l’être qui reçoit ou subit tant d’impressions du dehors ! […] Dès que cette force subit l’impression de la cause extérieure, elle réagit en vertu de l’énergie qui lui est propre, quelle que soit la violence de l’impression ; par le sentiment de cette réaction, elle se distingue de la sensation et de la cause de la sensation, et s’affirme elle-même. […] Chacun sait ce que c’est que l’influence, l’inspiration d’un homme vis-à-vis d’un autre ; chacun sait également ce que c’est que l’influence, l’impression de la nature sur un être humain.

716. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — L'abbé de Lamennais en 1832 »

Les plus vifs, les plus passionnés tirent de cette succession mobile une sorte de plaisir passager, enivrant, qui réduit sur eux l’impression de chaque idée nouvelle au charme d’une sensation ; ils s’éprennent et se détachent tour à tour, ils épousent presque un système nouveau comme Aristippe une courtisane, sachant qu’ils s’en lasseront bientôt : c’est une manière d’épicuréisme sensuel et raffiné de l’intelligence. […] Premièrement Girard (l’imprimeur) sera obligé de déclarer qu’il se propose d’imprimer un livre sur l’institution des évêques, lequel formera tant de feuilles d’impression. 2° L’impression finie, et avant de commencer la vente, il faudra qu’il remette un exemplaire au directeur de la librairie. 3° Le premier venu, Tabaraud par exemple, peut former plainte devant un tribunal, et déférer le livre comme un libelle diffamatoire, auquel cas l’édition sera saisie en attendant jugement.

717. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SUE (Jean Cavalier). » pp. 87-117

Il exploita, en homme d’esprit et d’imagination, ses rapides voyages et les impressions dont sa tête était remplie. […] comme Vaudrey dans la Vigie, comme les moins bons des héros de l’auteur, il a de l’odieux : on ne peut le suivre jusqu’au bout sans une impression écrasante ; après la récidive, et dès qu’on le voit incorrigible, il devient intolérable53. […] Les lettres de ce dernier nous ont laissé des renseignements prochains et des impressions fidèles sur les camisards et Jean Cavalier.

718. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « PENSÉES FRAGMENTS ET LETTRES DE BLAISE PASCAL, Publiés pour la première fois conformément aux manuscrits, par M. Prosper Faugère. (1844). » pp. 193-224

Ses amis savaient de lui mille choses dont nous ne nous doutons qu’à peine aujourd’hui ; ils avaient une impression réelle et vraie de sa personne et de son esprit, au lieu de tous ces types, un peu fantastiques, que chacun de nous s’est formés de lui d’après sa propre imagination. […] Trop de littéralité judaïque pour l’impression des œuvres posthumes est, qu’on y songe, un autre genre d’infidélité envers les morts : car eux-mêmes, vivants, auraient, en plus d’un cas, avisé et modifié Selon l’observation excellente que j’entendais faire à M allanche, beaucoup de ces mots étonnants et outrés qu’on surprend sur les brouillons de Pascal (comme cela vous abêtira 61, pouvaient bien n’être, dans sa sténographie rapide, qu’une sorte de mnémonique pour accrocher plus à fond la pensée et la retrouver plus sûrement. […] On aura cette impression très-sensible à la lecture des premiers chapitres du second volume, de ces fameux chapitres sur l’homme, son divertissement, ses disproportions, sa grandeur, son néant.

719. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Introduction »

La génération qui nous suivra examinera peut-être aussi la cause et l’influence de ces deux années ; mais nous, les contemporains, les compatriotes des victimes immolées dans ces jours de sang, avons-nous pu conserver alors le don de généraliser les idées, de méditer des abstractions, de nous séparer un moment de nos impressions pour les analyser ? […] Dans les deux parties de cet ouvrage, j’ai également cherché à ne me servir que de ma pensée, à la dégager de toutes les impressions du moment, on verra si j’ai réussi. […] Ces deux idées premières dans l’existence, s’appliquent également à toutes les situations, à tous les caractères, et ce que j’ai voulu montrer seulement, c’est le rapport des passions de l’homme avec les impressions agréables ou douloureuses qu’il ressent au fond de son cœur.

720. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre neuvième »

Je me défie d’autant plus de ces sévérités, qu’elles ne sont pas toujours l’impression dernière de lectures faites avec candeur et compétence. […] Ce que nous demandons à l’historien, pour en garder une impression durable, ce sont les causes de la guerre exposées et jugées, la situation des deux peuples qui vont en venir aux mains, leurs chefs, les préparatifs de la lutte, les batailles, et, dans les récits de ces batailles, les traits qui caractérisent le commandement chez les généraux et la manière de se battre chez les soldats ; enfin, la justice rendue à tous, avec un peu d’inclination pour tout ce qui peut honorer notre nation à ses propres yeux, et entretenir parmi nous la tradition de la discipline et du courage. […] Il reste de tout cela, comme impressions dernières, l’idée de ce que chacun doit à l’État et de ce que l’État doit à tous, le patriotisme, le goût du grand, qui est l’utile sous sa forme la plus élevée, l’admiration pour les grands hommes, avec une justice particulière pour ceux qui ont le génie du gouvernement, et qui sont chargés de la triple tâche de conserver, de faire marcher et de perfectionner la machine.

721. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Mélanges de critique religieuse, par M. Edmond Scherer » pp. 53-66

Il semble, et ce n’est pas le seul des ouvrages de Lamennais qui fasse éprouver cette impression, il semble qu’il y ait eu dans cette vigoureuse intelligence quelque vice organique, une lacune secrète, je ne sais quel manque de netteté dans les conceptions et de rigueur dans la dialectique. […] Scherer est à lire (pages 368-370 et page 343), et si dans cette conclusion l’impression morale qui surnage semble un peu en contradiction avec la conséquence intellectuelle, si on s’étonne de trouver l’une beaucoup plus favorable que l’autre, je me l’explique très bien par la situation personnelle du critique lui-même, qui fait un retour sur son propre passé, et qui, lui aussi, a osé se modifier, varier (toute proportion gardée) dans le degré de sa foi, et l’avouer sincèrement à son monde. — Et je me rappelle à ce sujet un dernier entretien que j’eus avec Lamennais.

722. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « HOMÈRE. (L’Iliade, traduite par M. Eugène Bareste, et illustrée par M.e Lemud.) —  second article  » pp. 342-358

Ce que j’ai le plus à cœur de signaler comme fruit à recueillir dans le commerce familier avec le plus héroïque des génies, c’est l’impression morale, à entendre ce mot largement. […] Je ne parle que d’une impression intelligente et morale, de ce qui transpire et de ce qui émane.

723. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre VI. Jean-Baptiste  Voyage de Jésus vers Jean et son séjour au désert de Judée  Il adopte le baptême de Jean. »

La vie austère qu’il avait menée, les souvenirs terribles qu’il avait laissés, et sous l’impression desquels l’Orient vit encore 275, cette sombre image qui, jusqu’à nos jours, fait trembler et tue, toute cette mythologie, pleine de vengeance et de terreurs, frappaient vivement les esprits et marquaient, en quelque sorte, d’un signe de naissance tous les enfantements populaires. […] Le baptême n’était du reste pour Jean qu’un signe destiné à faire impression et à préparer les esprits à quelque grand mouvement.

724. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Chefs-d’œuvre de la littérature française (Collection Didot). Hamilton. » pp. 92-107

Parmi les auteurs célèbres de notre langue, tous pourtant ne sont pas propres indifféremment à nous rendre l’impression et à nous montrer l’image de cette parfaite netteté. […] Lorsque viendra la seconde moitié du siècle, lorsque Jean-Jacques Rousseau aura paru, on s’enrichira de parties plus élevées, plus brillantes et toutes neuves ; on gagnera pour les nuances d’impressions et pour les peintures, mais la déclamation aussi s’introduira ; la fausse exaltation et la fausse sensibilité auront cours.

725. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Journal de la campagne de Russie en 1812, par M. de Fezensac, lieutenant général. (1849.) » pp. 260-274

Les réflexions que fait naître cette simple relation sont de plus d’un genre ; l’impression qu’elle laisse après elle dans l’esprit est ineffaçable. […] J’observais cependant avec inquiétude l’impression que cette situation causait aux soldats, et même aux officiers de mon régiment.

726. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface du « Roi s’amuse » (1832) »

Nous le répétons, dans le temps où nous vivons, lorsqu’un pareil acte vient vous barrer le passage et vous prendre brusquement au collet, la première impression est un profond étonnement. […] Lisez ce troisième acte, et dites-nous, en toute probité, si l’impression qui en résulte n’est pas profondément chaste, vertueuse et honnête ?

727. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Bossuet, et Fénélon. » pp. 265-289

» Que ces paroles devoient faire une impression profonde dans le cœur tendre & vertueux de l’auteur de Télémaque, lui dont l’imagination s’embrasoit par l’idée de la candeur & de la vertu, comme celle des autres s’enflamme par les passions ! […] Les scènes de scandale, & de division dans la doctrine, recommencèrent à l’impression du livre des Maximes des Saints.

728. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXVI. La sœur Emmerich »

Mais, excepté quelques âmes pieuses et mystiques, qui donc garda, pour la rappeler, l’impression de ce livre, un des plus impressifs pourtant qui aient jamais été écrits ? […] … Cette Sœur Emmerich, que l’Église placera peut-être un jour entre les Brigitte et les Thérèse, aurait passé de l’extase au ciel, laissant dans les quelques yeux défiants, envieux, épouvantés, de ceux qui la virent, l’impression, ensevelie maintenant avec eux, d’un spectacle incompréhensible !

729. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVII. Des éloges en Italie, en Espagne, en Angleterre, en Allemagne, en Russie. »

Il semble que cette nation spirituelle et vive, dans un climat doux et voluptueux, livrée à tout ce qui peut amuser l’imagination et enchanter les sens, s’occupe plutôt à jouir des impressions qu’elle reçoit qu’à les transmettre, et dans l’expression des arts même, cherche encore plus à intéresser les sens que l’âme et l’esprit. […] Les esprits et les âmes, par la grande communication, y prennent la même couleur, et tout s’y décide par certaines impressions rapides auxquelles on aime à se livrer.

730. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXI » pp. 87-90

Dans toutes ses pièces, dans tous ses romans, dans toutes ses impressions de voyages, Dumas me fait toujours un seul et même effet, et déroule à mes yeux un seul et même esprit : c’est un déjeuner de garçons perpétuel.

731. (1875) Premiers lundis. Tome III « Viollet-Le-Duc »

Je saisis, en passant, l’occasion de rectifier ici une erreur d’impression qui m’est échappée sur ce nom de Lejeune (page 96, Tableau de la Poésie française au seizième siècle, édition Charpentier, 1843.)

732. (1875) Premiers lundis. Tome III « M. de Latena : Étude de l’homme »

Sur les diverses impressions et les divers états de l’âme, tranquillité, calme, quiétude, etc. ; sur les qualités qu’on est porté à confondre, bonté, bienveillance, générosité, indulgence, etc. ; sur les formes en usage dans la bonne compagnie, civilité, urbanité, politesse, etc., il a des descriptions plus encore que des définitions, et qui donnent à l’esprit une idée exacte, qui lui apprennent à distinguer des expressions presque synonymes.

733. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Barbier, Auguste (1805-1882) »

Théophile Gautier Après les journées de Juillet, Auguste Barbier fit siffler le fouet de ses Ïambes et produisit une vive impression par le lyrisme de la satire, la violence du ton et l’emportement du rythme.

734. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bouilhet, Louis (1821-1869) »

[Impressions de théâtre (1893).]

735. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Pilon, Edmond (1874-1945) »

Maurice Perrès Le vers libre pour donner au lecteur l’impression musicale et le frisson du grand art doit être manié avec une dextérité rare et une haute conscience d’artiste.

736. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Première partie. Plan général de l’histoire d’une littérature — Chapitre premier. Nécessité d’une histoire d’ensemble » pp. 9-11

Laissent-ils une impression nette de l’importance relative des choses qu’ils étudient séparément ?

737. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 220-226

Le Cardinal de Richelieu voulut lire, avant l’impression, les deux derniers Regnes de l’Histoire générale de France.

738. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 303-308

L’illusion du récit est telle, qu’on ne s’apperçoit pas qu’on lit une Histoire : on ne voit qu’une suite non interrompue de tableaux, qui frappent, intéressent, & qu’on ne quitte qu’en conservant les impressions profondes qu’ils devoient produire.

739. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 453-457

Peut-on ignorer, ce qu’on a répété cent fois, que tout Ouvrage livré au Public, par la voie de l’impression, Devient esclave né de quiconque l’achete ?

740. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre IX. Des Epistolaires ou Ecrivains de Lettres. » pp. 265-269

L’impression qui reste de la lecture de ses Lettres n’est pas favorable à l’auteur.

741. (1830) Cours de philosophie positive : première et deuxième leçons « Avertissement de l’auteur »

Cette première partie n’a point encore été formellement publiée, mais seulement communiquée par la voie de l’impression, à un grand nombre de savants et de philosophes européens.

742. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 6, de la nature des sujets que les peintres et les poëtes traitent. Qu’ils ne sçauroient les choisir trop interressans par eux-mêmes » pp. 51-56

Il en est de la poësie comme de la peinture, et les imitations que la poësie fait de la nature nous touchent seulement à proportion de l’impression que la chose imitée feroit sur nous, si nous la voïions veritablement.

743. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Pierre Mancel de Bacilly »

Nous nous contenterons de noter seulement l’impression que nous a causée un écrit dans lequel une question de métaphysique politique est résolue souverainement par un fait, et cela sans la brutalité de l’empirisme ; car Mancel n’est pas un matérialiste de la puissance et du succès.

744. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Paul Nibelle »

Sensible et vibrant comme il l’est, avec ce beau flot de sang vermeil qui ne bout pas, mais qui circule si largement dans ces Légendes de la Vallée où les tièdes impressions de la réalité nous montent au front comme des émanations de vie, l’auteur de Berthe et du Chercheur de Rives n’a-t-il donc pas mieux à faire qu’à se plonger, masque de païen sans visage, dans l’odieuse tristesse d’Épicure ?

745. (1890) Le réalisme et le naturalisme dans la littérature et dans l’art pp. -399

Stendhal ne regarde que par les yeux de Fabrice : son Waterloo est fait d’une série d’épisodes animés par les impressions tout individuelles d’un témoin pris dans la foule. […] Le réalisme ne veut pas de ce calcul : il montre indistinctement le faible et le fort, sans se soucier de nous laisser une impression dominante. […] Ils ne trahissent pas leurs impressions. […] Ils s’en remettent à l’impression, persuadés que la recherche scientifique ne donne qu’un amas de faits brutaux. […] Théophile Gautier dit du Semeur : « Ce tableau faisait éprouver la même impression que le commencement de La Mare au diable de G. 

746. (1902) La poésie nouvelle

Ils affirmèrent leur croyance qu’il n’y a pas de poésie sans la fraîcheur de l’impression, — la poésie, en somme, n’ayant d’autre objet que de nous faire apercevoir la présence réelle de toutes choses.‌ […] Cette sale langue, etc… » Il ne garda de cette époque qu’une impression de dégoût. […] Il avait constaté que les choses, à être longtemps vues toujours les mêmes, cessent d’être perceptibles parce que s’use notre impression. […] Le sentiment s’aiguise encore, arrive à de frêles et charmantes impressions.‌ […] L’artiste cherche à se débarrasser, en lui donnant une existence propre, d’une impression trop douloureuse à force d’être trop intensément ressentie.

747. (1892) Impressions de théâtre. Sixième série

J’ai eu l’impression que M.  […] Cette impression ne disparaît qu’à l’approche du dénouement. […] Cette impression, M.  […] Nous avons cette impression que ce qu’on ne nous montre pas serait plus intéressant et plus important à connaître que ce qu’on nous montre. […] Car tous ces articles sur la « première » ont été écrits après la répétition générale et sous l’impression que cette répétition avait laissée.

748. (1895) La comédie littéraire. Notes et impressions de littérature pp. 3-379

Et maintenant si l’on veut avoir une impression d’ensemble, qu’on lise le morceau d’une voix douce et lente, et tout unie, sans exagérer la déclamation, … l’impression est exquise. […] Vous savez combien sont vivaces les impressions d’enfance. […] il me semble que le théâtre de Maurice Maeterlinck éveille en nous des impressions analogues. […] On ne retrace, avec cette éloquence, que des impressions « vécues ». […] … D’abord une impression du pays natal.

749. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XLI » pp. 167-171

Il répond à l’impression de bien des esprits sensés et élevés.

750. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Deroulède, Paul (1846-1914) »

Dans ce petit livre, que terminait un appel éloquent à Corneille, les accents cornéliens ne manquaient pas… Vous retrouverez dans les Chants du paysan l’impression des Chants du soldat, le même patriotisme et la même flamme ; et aussi la même supériorité de la pensée sur l’expression, quoique celle-ci soit souvent neuve et pleine.

751. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — T — Theuriet, André (1833-1907) »

Theuriet nous donnait, en recueillant, dans des strophes d’un tour achevé, ses impressions et ses souvenirs de tous genres.

752. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Chœur. » pp. 21-24

Le nombre des personnages monta jusqu’à cinquante personnes ; mais Eschyle ayant fait paraître, dans un de ces chœurs, une troupe de furies qui parcouraient la scène avec des flambeaux allumés, ce spectacle fit tant d’impression que des enfants en moururent de frayeur, et que des femmes grosses accouchèrent avant terme.

753. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  Hallé  » pp. 127-130

Comment saurez-vous le visage qu’il doit avoir, et l’impression qui se doit mêler dans les visages de vos auditeurs, avec l’attention ?

754. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 26, que les sujets ne sont pas épuisez pour les peintres. Exemples tirez des tableaux du crucifiment » pp. 221-226

L’impression d’un grand coup nous oblige à nous ramasser le corps par un mouvement violent et naturel.

755. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 43, que le plaisir que nous avons au théatre n’est point produit par l’illusion » pp. 429-434

Mais dans le tableau dont je parle, Attila représente si naïvement un Scythe épouvanté, le pape Leon qui lui explique cette vision, montre une assurance si noble et un maintien si conforme à sa dignité, tous les assistans ressemblent si bien à des hommes qui se rencontreroient chacun dans la même circonstance où Raphaël a supposé ses differens personnages, les chevaux mêmes concourent si bien à l’action principale ; l’imitation est si vrai-semblable, qu’elle fait sur les spectateurs une grande partie de l’impression que l’évenement auroit pû faire sur eux.

756. (1899) Préfaces. — Les poètes contemporains. — Discours sur Victor Hugo pp. 215-309

Or, ces poèmes seront peut-être accusés d’archaïsme et d’allures érudites peu propres à exprimer la spontanéité des impressions et des sentiments ; mais si leur donnée particulière est admise, l’objection est annihilée. […] Or, ce cauchemar sublime ponte partout l’empreinte d’une grande confusion d’idées, de sentiments et d’impressions, et toute pleine qu’elle est d’énergie, de verve et de couleur, la langue de Dante est à peine faite. […] Je ne puis me rappeler, pour ma part, sans un profond sentiment de reconnaissance, l’impression soudaine que je ressentis, tout jeune encore, quand ce livre me fut donné autrefois sur les montagnes de mon île natale, quand j’eus cette vision d’un monde plein de lumière, quand j’admirai cette richesse d’images si neuves et si hardies, ce mouvement lyrique irrésistible, cette langue précise et sonore. […] Cependant, messieurs, l’impression produite sur l’imagination vierge d’un jeune sauvage vivant au milieu des splendeurs de la poésie naturelle ne pouvait être unanimement ressentie à une époque et dans un pays où les vieilles traditions d’une rhétorique épuisée dominaient encore. […] De leur côté, les Chants du Crépuscule, les Voix intérieures, les Rayons et les Ombres furent accueillis tour à tour avec un mélange d’éloges chaleureux décernés, comme d’habitude, aux parties sentimentales de ces beaux livres, et de reproches adressés à celles où l’émotion intellectuelle l’emportait sur l’impression cordiale.

757. (1888) Portraits de maîtres

Ce beau livre, simple recueil des impressions du père de famille, est devenu classique à juste droit. […] Les germes de toutes ses œuvres ont été déposés en impressions premières dans ce cerveau d’artiste, dans cette conscience de penseur. […] De telles impressions d’enfance achevèrent de décider la vocation libérale d’Edgar Quinet. […] Toutes ses impressions de ce temps sont du reste déposées dans les deux volumes de sa correspondance avec sa mère. […] Elles furent réunies en 1836 dans un seul volume à ses impressions de voyage en Italie.

758. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre quatrième. Éléments sensitifs et appétitifs des opérations intellectuelles — Chapitre deuxième. Les opérations intellectuelles. — Leur rapport à l’appétition et à la motion. »

Il y a toujours réaction psychique à l’égard des impressions, et cette réaction est toujours un commencement d’attention, pour peu que l’impression soit aperçue. […] L’attention est, au fond, la conscience même, et principalement, à son degré de développement supérieur, la conscience de soi se saisissant dans sa réaction sur les impressions extérieures. […] La deuxième loi de l’attention est que le courant nerveux, plus intense dans une direction déterminée, rend les nerfs plus sensibles à des impressions faibles : l’ouïe, la vue, l’odorat, le goût gagnent en finesse et distinguent des différences qui, sans cela, n’auraient pas été distinctes ; c’est là une loi bien connue. […] Il y a, on se le rappelle, une classification tout automatique des sensations et impressions, résultant de ce qu’elles ont des sièges différents dans le cerveau, — centre auditif, centre visuel, etc.

759. (1895) Hommes et livres

La solitude fera longtemps l’impression la plus démoralisante sur cette âme trop tendre. […] Il n’arrive rien d’extraordinaire à cet étudiant bâlois, et son cas est des plus communs ; ses émotions, ses impressions n’ont rien de compliqué, ni de rare en nature. […] Je voudrais savoir si on lirait Corneille ou Molière dans de pareilles impressions. […] Mais Saint Simon colore tout de sa passion ; son récit, en général exact matériellement, donne une impression fausse en somme et diffamatoire. […] Pourquoi étayer toujours de citations des jugements qui vaudraient plus à n’être que des impressions personnelles ?

760. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre VI. Bossuet et Bourdaloue »

Son imagination, toute pleine d’images et de visions bibliques, pleine aussi de toutes les formes, de toutes les impressions de la réalité prochaine et vivante, répand une couleur pittoresque sur le dessin de l’argumentation. […] Bourdaloue Bossuet étant descendu des chaires de Paris dans toute la force de l’âge et du talent, le souvenir de sa prédication, que ne soutenait pas l’impression, se perdit vite au milieu de tant de titres de gloire que son activité paisible lui acquérait incessamment. […] L’impression est froide, fatigante. […] L’église de la rue Saint-Antoine était trop petite quand il prêchait, et les lettres de Mme de Sévigné nous attestent la forte impression qu’il faisait.

761. (1831) Discours aux artistes. De la poésie de notre époque pp. 60-88

Par tous nos sens, par toute notre vie de relation, nous recevons des impressions, des images, nous éprouvons des attraits, des répulsions. […] Et de même que notre vie de nutrition se développe et s’entretient en s’assimilant des parties matérielles du monde extérieur, de même notre vie de relation se développe et s’entretient en s’assimilant des impressions du même monde extérieur. […] Ou l’homme exprimera directement, mais très imparfaitement, par le langage abstrait, le résultat de sa vie intérieure ; Ou il ira puiser dans le monde extérieur, à la source commune des impressions, dans l’océan de vie où tous nous sommes plongés, des images capables de donner par elles-mêmes les sensations, les sentiments, et jusqu’aux jugements qu’il veut exprimer. […] Certes, je ne chercherai pas si l’objet qui est représenté est beau ou laid, je ne ferai pas de sophisme pour soutenir qu’il y a de la beauté jusque dans la laideur ; je ne demanderai pas si on peut tirer directement de cet ouvrage une conclusion morale : non, mais j’écouterai l’impression qu’il fera sur ma vie.

762. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre deuxième »

Les souvenirs de Joinville sont plus précis et plus détaillés, parce que ses impressions l’ont fait penser. […] Toutes les pensées sont attachées au présent ou plutôt y a-t-il autre chose que des impressions si vives et si multipliées que les esprits n’ont ni la liberté ni le temps de la réflexion ? […] Ses premières impressions furent des impressions de guerre, ses premiers regards rencontrèrent les signes caractéristiques de la société féodale.

763. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 novembre 1885. »

L’ange se retire dans son inaccessible solitude ; Elsa, l’âme malheureuse, expire ; et nous restons sous l’impression navrante que l’idéal n’est qu’un rêve. — Après avoir achevé cette œuvre, Wagner tomba sous l’influence de la philosophie pessimiste de Schopenhauer, et cette influence se combine curieusement avec la phase la plus païenne de sa vie et de sa pensée. […] Ce fragile Saint-GraaI, toujours menacé de destruction ; cette théologie matérielle du sang où manque le sentiment de la haute spiritualité ; ce rédempteur paralysé par la faute de ses représentants terrestres nous laisse sous une impression morbide mal dissimulée par la pompe du spectacle. […] Ces impressions premières sont inexactes. […] Le reste des pages est tenu par des brèves notes, le plus souvent des phrases isolées, des impressions griffonnées au courant d’une lecture ou d’une méditation.

764. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1882 » pp. 174-231

» Mardi 6 juin Ce soir, Mme Daudet me lit quelques notes d’un journal d’impressions, qu’elle rédige depuis trois ans. […] Samedi 24 juin Ces jours-ci, les journaux font grand bruit de mon testament : ça me donne comme l’impression de me survivre. […] Là-dessus, il passe au récit des impressions de la maîtresse d’allemand de son fils, de Mme Ebsen, que je viens de cogner dans l’antichambre. […] » elle dit : « Ça me fait trop d’impression, ne traduisez plus, je veux lire cela toute seule ! 

765. (1856) Cours familier de littérature. I « VIe entretien. Suite du poème et du drame de Sacountala » pp. 401-474

« Nous touchons », dit-il à son compagnon, « à cette sphère étincelante de clarté qui, dans ses révolutions rapides, entraîne les astres innombrables et les flots sacrés du Gange, à cette sphère à jamais sanctifiée par l’empreinte divine des pas de Wichnou… J’en juge par la seule impression du mouvement de ce char, par cette légère rosée que font jaillir au loin les roues humides, par ces coursiers à la crinière rebroussée et toute brillante de la lueur des éclairs qu’ils traversent, par ces aigles qui abandonnent de tous côtés leurs nids placés dans les fentes des rochers, et qui volent effarés tout autour de nous. » Puis, abaissant ses regards sur la terre : « Quel spectacle admirable et varié me présente, d’instant en instant, grâce à la descente précipitée du char, le séjour habité par l’homme ! […] IX Par une métaphore qui doit être bien naturelle à l’homme, puisqu’elle se retrouve dans les langues modernes comme dans cette langue primitive, les littérateurs indiens donnent aux différentes impressions morales produites par les genres divers de leur poésie, le nom de goût ou saveur ; ils y ajoutent l’assimilation des différents genres de littérature aux différentes teintes de couleurs qui affectent diversement les yeux. […] Ainsi, par une analogie aussi morale que physique entre les impressions de l’œil et les impressions de l’esprit, analogie tout à fait conforme à l’harmonie que la nature a établie entre nos différents sens, et entre ces différents sens et notre âme, il y a dans cette littérature une gamme de style, comme une gamme de couleurs, et comme une gamme de sons ; en sorte que les genres de style adoptés par tel ou tel écrivain peuvent se caractériser d’un mot, en style bleu, style rouge, style rose, style jaune, style gris, comme nous caractérisons nous-mêmes, par une analogie d’une autre espèce, nos genres de style, en style élevé, style bas, style brûlant, style tempéré, tant l’esprit humain a besoin d’images pour se faire comprendre.

766. (1870) La science et la conscience « Chapitre III : L’histoire »

Bien que très-curieux des choses du dehors, c’est à la partie individuelle et personnelle des événements historiques que s’attache Plutarque, et il est facile de voir que les choses extérieures l’intéressent surtout par l’impression qu’elles produisent sur l’âme de ses héros. […] Son chant n’a rien de commun avec les sentiments et les pensées des hommes ; il ne se ressent pas davantage des impressions de la nature. […] Ce n’est pas seulement la force des événements, c’est aussi la force des sentiments et des impressions populaires qui a fait la fatalité sous laquelle la volonté et la conscience de ces chefs ont trop souvent fléchi. […] Il s’est donc trouvé des écrivains qui ont tout ramené à la loi de la nécessité, les forces morales aussi bien que les forces naturelles de la réalité historique, les actes politiques, les créations esthétiques, de même que les impressions des climats et les passions des tempéraments.

767. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Les Chants modernes, par M. Maxime du Camp. Paris, Michel Lévy, in-8°, avec cette épigraphe. « Ni regret du passé, ni peur de l’avenir. » » pp. 3-19

M. du Camp nous donne là une histoire littéraire qui est par trop à vol d’oiseau et bien moins exacte que ses impressions de voyage. […] Car enfin si j’énumère dans ma pensée les différents écrivains et poètes qui ne sont point sans doute les cinq hommes forts proclamés par lui, mais qui, malgré cela, ont leur place au soleil, je trouve des talents élevés et distingués qui, lorsqu’ils s’expriment en vers, veulent dire chacun quelque chose et s’attachent à rendre de leur mieux des impressions, des sentiments.

768. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Mémoires et journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guettée. — II » pp. 263-279

Telle n’est pas la doctrine de Bossuet, qui remontre dès le premier jour à l’Assemblée qu’elle a tout pouvoir de s’occuper des questions de doctrine, et qu’il est séant qu’elle le fasse ; que c’est l’usage, la tradition constante, « et que jamais les évêques ne se sont trouvés réunis pour quelque sujet que ce fût, pour la conservation des églises, pour le sacre des évêques leurs confrères, ou dans tout autre cas, qu’ils n’en aient pris occasion de traiter des affaires spirituelles de leur ministère, suivant les occurrences et les besoins présents », L’Assemblée, dès ce moment où Bossuet a parlé, et sous l’impression de cette grave remontrance, se trouve conduite, bon gré mal gré, à faire acte de concile, et tous les évêques, même ceux qui diffèrent avec lui d’opinion, lui accordent la louange d’avoir parlé comme un apôtre et un Père de l’Église. […] L’impression que laisse la lecture du journal de Le Dieu, au milieu des particularités oiseuses et quelquefois bien vulgaires qui s’y rencontrent, a cela d’utile qu’elle met cette vérité et cette sincérité de la nature de Bossuet dans une entière et incontestable lumière.

769. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mélanges religieux, historiques, politiques et littéraires. par M. Louis Veuillot. » pp. 44-63

Veuillot, et, me rappelant mes impressions d’alors, je conçois les siennes. […] Il avait publié auparavant ses impressions de voyageà Rome et en Italie, sous le titre de Rome et Lorette(il ya de belles choses), et, plus anciennement encore, unvoyage en Suisse (1839), ou plutôt les Pèlerinages de Suisse ; car tout prend un caractère religieux sous laplume de M. 

770. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Souvenirs d’un diplomate. La Pologne (1811-1813), par le baron Bignon. (Suite et fin.) »

Bignon, dans ses Souvenirs, a un avantage sur M. de Senfft dont il ne prévoyait pas les sévérités : il le réfute de la manière la plus propre à faire impression sur des lecteurs impartiaux ; il parle avec justice, et dans une parfaite mesure, de celui qui en a manqué à son égard : « M. de Sentit, dit-il, était en 1811 et est resté jusqu’à la fin de 1812 zélé partisan du système français (on le croyait, et il paraissait tel sans l’être au fond). […] Matuchewitz et rempli de pensées solides et de traits d’une véritable éloquence. » Napoléon, en lisant ce discours, en reçut tout à fait la même impression : ce qui avait paru plus éloquent à quelques-uns et surtout à son auteur, il le trouva mauvais.

771. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires du comte Beugnot »

Partout ailleurs ce sont plutôt de fidèles impressions de mœurs, des coins de société ou de politique, des anecdotes. […] Une fois n’est pas coutume ; cette élévation de ton et de pensée n’est pas habituelle dans ces Mémoires : ils nous donnent bien plus souvent l’impression très vive de ce que devait être M. 

772. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Sur la reprise de Bérénice au Théâtre-Français »

Mais Bérénice ne me fait pas tout à fait l’impression de Didon ; la nuance est plus douce, on sent dès l’abord, et malgré toutes les menaces, qu’elle ne se tuera pas ; elle languira, elle pâlira dans l’absence, elle s’en ira lentement mourir de son ennui. […] Il faut croire à ce succès pourtant, d’après l’impression qui en est restée ; La Harpe, dans le chapitre de son Cours de Littérature où il juge l’œuvre, se plaît à rappeler le nom de Gaussin comme inséparable de celui de Bérénice.

773. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mémoires de madame de Staal-Delaunay publiés par M. Barrière »

Aujourd’hui, dans ce retour de vogue, ce n’est plus que d’un intérêt de goût qu’il s’agit, et, selon nous, cette indifférence curieuse n’est pas la disposition la moins propice pour bien juger, pour rectifier ses anciennes impressions et s’en faire de définitives. […] Nous n’avons personne été élevés au couvent, nous n’avons pas vécu à la petite cour de Sceaux ; mais quiconque a ressenti les vives impressions de la jeunesse, pour voir presque aussitôt ce premier charme se défleurir et la fraîcheur s’en aller au souffle de l’expérience, puis la vie se faire aride en même temps que turbulente et passionnée, jusqu’à ce qu’enfin cette aridité ne soit plus que de l’ennui, celui-là, en lisant ces Mémoires, s’y reconnaît et dit à chaque page : C’est vrai.

774. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre IV. De l’amour. »

Gloire, ambition, fanatisme, votre enthousiasme a des intervalles, le sentiment seul enivre chaque instant, rien ne lasse de s’aimer ; rien ne fatigue dans cette inépuisable source d’idées et d’émotions heureuses ; et tant qu’on ne voit, qu’on n’éprouve rien que par un autre, l’univers entier est lui sous des formes différentes, le printemps, la nature, le ciel, ce sont les lieux qu’il a parcourus ; les plaisirs du monde, c’est ce qu’il a dit, ce qui lui a plu, les amusements qu’il a partagés, ses propres succès à soi-même, c’est la louange qu’il a entendue, et l’impression que le suffrage de tous, a pu produire sur le jugement d’un seul. […] Des années de peines et d’efforts leur valent un jour, une heure de cet enivrement qui dérobe l’existence ; et le sentiment fait éprouver, pendant toute sa durée, une suite d’impressions aussi vives et plus pures que le couronnement de Voltaire, ou le triomphe d’Alexandre.

775. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Gaston Paris et la poésie française au moyen âge »

Mais surmontons cette première impression, prêtons une oreille attentive et sympathique, et nous reconnaîtrons que cet enfant robuste et sain, plein de vigueur, de bonté et de courage, que cet enfant qui est déjà le grand peuple français parle aussi la grande langue française. […] Paris comprend le moyen âge, mais qu’il le sent, qu’il a pénétré l’âme de nos aïeux et qu’il a su la faire revivre, sans quitter l’attitude du savant, par la vivacité de son impression, et, sans quitter le ton de l’exposition scientifique, par la magie des mots.

776. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre III. Grands poètes : Verlaine et Mallarmé, Heredia et Leconte de Lisle » pp. 27-48

Stéphane Mallarmé entend par page un morceau de prose rendant une impression. […] On n’écrit pas. » III Sans doute, entre la critique de la postérité, soit des esprits assez distants pour rentoiler leurs souvenirs de lecture sur une trame historique adventice, et la critique non même du lendemain mais du matin ou de la veille, dont l’exactitude chaleureuse vaut d’abord en tant que d’intéressante information : citations heureuses presque encore inédites, découpées des « bonnes feuilles », anecdotes sur l’auteur, première impression non refroidie, adresse du libraire… sans doute entre ces deux critiques n’y a-t-il point une place nécessaire pour une tierce et intermédiaire, la nôtre, très contemporaine encore, et point toute fraîche cependant, advenant après, ai-je entendu dire, cent soixante-treize articles imprimés sur les Trophées de José-Maria de Heredia.

777. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre VIII. Les écrivains qu’on ne comprend pas » pp. 90-110

Quillard l’exaltent, il ne s’ensuit pas qu’ils participent de sa difficulté ; 3º Ce florilège est défiguré par les fautes d’impression ; 4º Les plus abscons des Poèmes sont commentés avec grâce par M.  […] Mais voilà qui excède, j’en ai peur, les impressions de lecture de Mme de X***, laquelle jugera la phrase obscure ou plate, infailliblement.

778. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VI : M. Cousin philosophe »

On comprend qu’il ait fait plus d’impression qu’un autre dans un esprit qui recevait, traduisait ou interprétait la métaphysique, mais ne la créait pas. J’ai lu Hégel, tous les jours, pendant une année entière, en province ; il est probable que je ne retrouverai jamais des impressions égales à celles qu’il m’a données.

779. (1925) Feux tournants. Nouveaux portraits contemporains

Seul Maupassant l’a un peu sentie, mais ce sont des impressions de canotier. Il y a toujours du canotier dans les impressions de Maupassant et dans sa littérature. […] Peut-être a-t-on pu reprocher à celle-ci d’avoir donné de l’Allemagne une impression inexacte, d’avoir créé un pays fictif. […] Mais, quand « un persant » devient « un persan », je ne peux reconnaître dans cette modification que les soins du correcteur qui chasse patiemment, et avec bonheur, la faute d’impression. […] Quelle impression d’accablement ce soir de 1917 où il me fallut prendre le parti de retourner au front avant d’être arrivé au terme de ma permission !

780. (1925) Portraits et souvenirs

C’est sur cette impression douloureuse que se terminent les Liaisons Dangereuses. […] L’impression fut unanime. […] Je viens de la relire, cette Associée, et je retrouve en la relisant mon impression de jadis. […] Lucien Muhlfeld savait à merveille, du drame ou de la comédie auxquels il assistait, résumer le sujet et l’intrigue, apprécier finement le jeu des acteurs, noter l’impression produite sur le public. […] Et c’est justement cette impression que j’ai éprouvée à la lecture du dernier roman de M. 

781. (1891) Lettres de Marie Bashkirtseff

Nice veut que la dernière impression que j’emporte soit bonne. […] Je ne sais comment m’exprimer, ce sont là de ces impressions inexplicables, incompréhensibles. […] Nous avions en effet, marquis, la terrible nouvelle ; mais annoncée par vous, elle nous a causé une impression encore plus vive et plus douloureuse. […] L’amour heureux doit produire une impression pareille. […] Elle possède des cahiers où elle a noté ses impressions depuis l’âge de douze ans.

782. (1882) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Deuxième série pp. 1-334

Et si enfin le livre est tel qu’on ne puisse vraiment pas fermer les yeux, il y a l’impression clandestine, au titre étranger, en provenance d’Amsterdam ou de Genève, que l’on laisse librement circuler. […] Vous parlez des impressions fâcheuses que l’on a données au roi sur vous à l’occasion de cette édition. […] Et sa lettre nous permet d’affirmer que, si la Réfutation de l’abbé Morellet s’imprima, ce n’est pas qu’il n’eût fait valoir contre elle tous les motifs qui pouvaient engager un lieutenant de police à en suspendre l’impression. […] À tout le moins reconnaîtra-t-on d’abord que les impressions de Diderot ne sont pas celles de tout le monde. […] Et nous accordons même qu’il a donné, de quelques-unes d’entre elles, quelques-unes des impressions les plus heureuses que l’on puisse donner.

783. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Appendice. — [Baudelaire.] » pp. 528-529

Cette lettre a été publiée depuis peu par les éditeurs des Œuvres de Baudelaire, mais avec des fautes d’impression selon l’usage ; j’ai tenu à les corriger.

784. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXIV » pp. 294-298

Victor Hugo ne donnent pas tout à fait, à la lecture, l’impression de la séance.

785. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXXI » pp. 323-327

L'impression qui résulte de ces pages écrites par un esprit si modéré est bien défavorable d’ailleurs et à l’ancien régime et aux personnes royales qui y figurent.

786. (1874) Premiers lundis. Tome II « Théophile Gautier. Fortunio — La Comédie de la Mort. »

Son livre de poésie, qui le classe véritablement, La Comédie de la Mort, s’intitule ainsi, non-seulement à cause de la première pièce qui porte ce titre particulier, mais aussi, sans doute, à cause d’une impression générale de mort qui réside au fond de la pensée du poète, qui ne le quitte pas même aux plus gais moments, et qui ne fait alors que le convier à une jouissance plus vive de cette terre et de ses couleurs.

787. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre IV. De l’analogie. — Comparaisons et contrastes. — Allégories »

La réflexion travaillera là-dessus, éclaircira l’impression confuse, développera le germe, et joindra les objets par les côtés où ils se conviennent.

788. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bouchor, Maurice (1855-1929) »

[Impressions de théâtre (1892).]

789. (1887) Discours et conférences « Discours prononcé aux funérailles de M. Stanislas Guyard, Professeur au Collège de France »

Tout ceux qui l’ont approché ont gardé de lui l’impression de quelque chose de supérieur.

790. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Un petit corollaire de ce qui précède [Mon mot sur l’architecture] » pp. 77-79

Si la mémoire en est passée, et qu’il n’en reste que l’impression, on aura le tact, l’instinct.

791. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  Carle Vanloo  » pp. 117-119

Quant à la gouvernante qui examine l’impression de la lecture sur ses jeunes élèves, elle est à merveille.

792. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 28, du temps où les poëmes et les tableaux sont apprétiez à leur juste valeur » pp. 389-394

Section 28, du temps où les poëmes et les tableaux sont apprétiez à leur juste valeur Enfin le temps arrive où le public apprétie un ouvrage non plus sur le rapport des gens du métier, mais suivant l’impression que fait cet ouvrage.

793. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Préface »

Qu’il ait toujours présent à l’esprit que les manières de penser auxquelles il est le plus fait sont plutôt contraires que favorables à l’étude scientifique des phénomènes sociaux et, par conséquent, qu’il se mette en garde contre ses premières impressions.

794. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre IV. Des éloges funèbres chez les Égyptiens. »

On ne peut douter que ces éloges, avant qu’ils fussent prodigués et corrompus, ne fissent une forte impression sur les âmes.

795. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « La religion statique »

Mais telle n’est pas l’impression immédiate. […] Cette impression nous déconcerte d’abord. […] Une des personnes qui me communiquèrent leurs impressions s’était crue à la fin du monde, an commencement du jugement dernier. […] c’est ce vieux tremblement de terre. » Analogue avait été l’impression des autres assistants. […] Cette impression de simplicité dominait tout.

796. (1907) Propos de théâtre. Quatrième série

L’impression a été profonde. […] (Le changement de décor contribue à cette impression.) […] Mais il a été à Rome et il en a reçu la même impression que Luther. […] Quelle impression fait ce second, acte ? […] C’est une impression.

797. (1887) Essais sur l’école romantique

Je dirai pourtant, puisqu’il le faut, quelle impression m’est restée des Feuilles d’automne. Je me sers du mot impression ; jugement serait trop absolu. […] J’entends par là cette impression lointaine que nous gardons d’une lecture, impression douce, agréable, où disparaissent les exagérations de l’auteur, qui adoucit les aspérités, retranche les longueurs, efface les excès d’imagination, et substitue à des figures toujours un peu outrées, même quand l’idée première en est naturelle, des figures vraies et naïves. […] Tel est l’effet ordinaire des ouvrages où l’imagination et la mémoire tiennent lieu de tout ; telle est l’impression que nous font en particulier les œuvres dramatiques de M.  […] À la lecture, on les trouve encore plus beaux que dans le souvenir ; on y revient avec une curiosité nouvelle ; on sent qu’on ne les a pas lus d’assez près et que l’impression qu’on en avait gardée était restée au-dessous de sa cause.

798. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 11-15754

Ainsi blancheur n’est qu’un terme abstrait : c’est le produit de notre réflexion à l’occasion des uniformités des impressions particulieres que divers objets blancs ont faites en nous ; c’est le point auquel nous rapportons toutes ces impressions différentes par leur cause particuliere, & uniformes par leur espece. […] Nous ne connoissons point les substances en elles-mêmes, nous ne les connoissons que par les impressions qu’elles font sur nos sens, & alors nous disons que les objets sont tels, selon le sens que ces impressions affectent. […] Et parce que ce sont les impressions que les objets physiques font sur nos sens, qui nous font donner à ces objets les qualifications dont nous venons de parler, nous appellerons ces sortes d’adjectifs adjectifs physiques. […] Différent qualifie un nom précisément entant que je sens que la chose n’a pas fait en moi des impressions pareilles à celles qu’un autre y a faites. […] Il n’y a en ce monde que des êtres réels, que nous ne connoissons que par les impressions qu’ils font sur les organes de nos sens, ou par des réflexions qui supposent toûjours des impressions sensibles.

799. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire (suite et fin). »

Ce sont de belles âmes que celles-là, d’un fonds primitif et riche ; mais elles offrent trop de prise à la douleur et aux impressions ineffaçables qui creusent. […] Songeons aux grandes impressions de la terreur et de la pitié. » (Octobre 1803.) […] Ce jeune homme, pour lors âgé de dix-neuf à vingt ans, prenait note de ses promenades, de ses visites, de ses impressions.

800. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite et fin.) »

La triste et funeste tournée de la Dobrutscha qu’il fit avec l’armée lui avait laissé les plus pénibles impressions. […] On a lu le récit de ses impressions naïves à la vue de Bethléem et des lieux saints. […] Je ne donne, raison ni tort à personne : j’essaye, à mes risques et périls, de faire connaître les hommes et de les prendre sur le fait dans la vivacité et jusque dans la pétulance de leurs impressions et de leur accent.

801. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [III] »

On conçoit que le poète ait reculé au moment de l’impression ; et, en effet, dans ces sept ou huit terribles sonnets posthumes, ce n’est pas seulement l’ambition et la cupidité qu’il dénonce sous la pourpre chez ces soudains et insolents mignons de la fortune, ce sont les vices païens, les scandales de l’antique Olympe. […] La différence est à la vue comme dans les noms. » Le sonnet de Du Bellay est la contrepartie du mot de Courier : il montre que la poésie, à qui sait la cueillir, est partout, et que les lieux les plus humbles, sous la vérité de l’impression, ne le cèdent en rien aux plus beaux, mais gardent d’autant mieux leur physionomie attachante. […] Le cardinal Du Bellay, quand il se fâcha contre le poète, n’avait donc encore reçu que le volume des Regrets, et il n’avait pas vu les Poèmes latins qui, bien que portant à l’impression la date de 1558, purent bien ne paraître qu’en 1559.

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