Chacun sait, en effet, que, dans nos explications positives, même les plus parfaites, nous n’avons nullement la prétention d’exposer les causes génératrices des phénomènes puisque nous ne ferions jamais alors que reculer la difficulté, mais seulement d’analyser avec exactitude les circonstances de leur production, et de les rattacher les unes aux autres par des relations normales de succession et de similitude. […] Qu’un bon esprit veuille aujourd’hui étudier les principales branches de la philosophie naturelle, afin de se former un système général d’idées positives, il sera obligé d’étudier séparément chacune d’elles d’après le même mode et dans le même détail que s’il voulait devenir spécialement ou astronome, ou chimiste, etc. ; ce qui rend une telle éducation presque impossible et nécessairement fort imparfaite, même pour les plus hautes intelligences placées dans les circonstances les plus favorables. […] (3) je n’ai pas besoin de plus grands détails pour achever de convaincre que le but de ce cours n’est nullement de présenter tous les phénomènes naturels comme étant au fond identiques, sauf la variété des circonstances.
La nature des choses consiste en ce qu’elles naissent en certaines circonstances, et de certaines manières. Que les circonstances se représentent les mêmes, les choses naissent les mêmes et non différentes. […] Qu’un homme soit fameux en bien ou en mal, le vulgaire ne manque pas de le placer en telle ou telle circonstance, et d’inventer sur son compte des fables en harmonie avec son caractère ; mensonges de fait, sans doute, mais vérités d’idées, puisque le public n’imagine que ce qui est analogue à la réalité.
Il en cite quatre exemples dont lui-même il fut témoin, mais la plus notable circonstance est celle-ci. […] On y voit confirmé le bel éloge que Voltaire a fait du saint roi quand il a dit : « Prudent et ferme dans le conseil, intrépide dans les combats sans être emporté, compatissant comme s’il n’avait jamais été que malheureux. » À considérer cette réponse magnanime et si simple qu’on vient de lire, la pensée se reporte à d’autres monarques de renom, et l’on se demande ce qu’en pareille circonstance ils auraient répondu, ce qu’ils auraient fait à leur tour.
Le directeur ou plutôt le chancelier de l’Académie, pour cette circonstance, était l’abbé de Caumartin, tout récemment nommé, et reçu depuis quelques mois à la place de l’abbé de La Vau. […] Simple organe de ses confrères en cette circonstance, et réduit à exprimer leurs sentiments, lors même qu’ils ne sont pas les siens, il est, au moins pour ce moment, voué ou, si l’on veut, condamné à l’éloge, comme le récipiendaire l’est à la timidité et à la modestie.
Linguet veut expliquer à ses contemporains comment Voltaire a pu être et paraître si universel, et par quel enchaînement de circonstances, par quelle suite d’événements qui ne furent des épreuves que le moins possible, la destinée le favorisa en lui donnant une jeunesse si aisée, si répandue, si bien servie de tous les secours, et en lui ménageant à Ferney une longue vieillesse si retirée et si garantie du tourbillon : « La jeunesse de presque tous les écrivains célèbres, disait Linguet, se consume ordinairement, ou dans les angoisses du malaise, ou dans les embarras attachés à ce qu’on appelle le choix d’un état. […] Il n’en a pas été ainsi de M. de.Voltaire… Et, en effet, on se rend compte aussitôt de la différence : sa jeunesse fut toute portée, toute favorisée par les circonstances, et il ne cessa d’avoir le zéphyr en poupe, depuis le jour où Ninon lui légua de quoi acheter des livres jusqu’au jour, le premier tout à fait sérieux et douloureux de sa vie, où il eut son aventure avec le chevalier de Rohan.
C’est ainsi qu’il cerne, en quelque sorte, La Fontaine dans les mille circonstances du monde d’alors, dans les anecdotes les plus caractéristiques que nous en savons, et qu’il essaye de montrer le contrecoup, la réverbération, — comment dirai-je ? […] Le raisonneur prétend assigner des règles à la beauté du paysage : « pour qu’un paysage soit beau, il faut que toutes ses parties impriment une idée commune et concourent à produire une même sensation. » Il y a des paysages où, avec de grandes parties, l’impression totale est manquée ; il y en a où, avec les circonstances les plus vulgaires, les plus triviales, l’effet est produit.
Voici une correspondance comme je les aime, qui nous initie à toutes les circonstances et au train journalier d’une société délicate et polie, et qui nous y fait vivre durant des années, en quelques heures de lecture. […] Au fond, je ne suis pas aimable ; aussi n’étais-je pas fait pour vivre dans le monde : des circonstances que je n’ai pas cherchées m’ont arraché de mon cabinet, où j’avais vécu longtemps, connu d’un petit nombre d’amis, infiniment heureux parce que j’avais la passion du travail, et que des succès assez flatteurs, dans mon genre, m’en promettaient de plus grands encore.
L’esprit humain, dans son tour en rond ou en spirale, est si sujet à rencontrer les mêmes courants d’influences malignes, que cette Vie du plus grand faiseur de miracles qu’ait produit le monde païen peut presque paraître encore aujourd’hui un livre de circonstance : L’homme est de glace aux vérités, Il est de feu pour les mensonges. […] Mais, au lieu de rire et de secouer gaiement sa grossière enveloppe, il est pris dans un autre réseau plus subtil ; il se laisse conduire à des initiations redoutables, à la suite desquelles il est admis dans le collège des Pastophores, se faisant gloire désormais de montrer à tous sa tête rasée à large tonsure : circonstance curieuse à titre de témoignage : mais ce n’est plus là l’Apulée qu’il nous faut.
Simple abbé, il se distingua fort par sa parole et sa conduite dans les Assemblées du Clergé ; en une circonstance mémorable où le second Ordre était en conflit avec le premier, il se refusa à un rôle de chef de parti, de chef de file, qu’un ambitieux plus imprudent eut recherché : il aima mieux pousser à un rapprochement. […] Il était le harangueur toujours prêt, toujours juste et à propos, tout à la circonstance, jamais ennuyeux.
« En tout autre cas, dans toute autre circonstance, votre recommandation serait, croyez-le bien, d’un grand poids pour moi, parce qu’ainsi que je vous le dis, je fais grand cas de votre talent, que la masse accueille sans l’apprécier. […] Une circonstance tout accidentelle vint hâter singulièrement cette transformation qui était en train de se faire peu à peu, et qui se marquait dans les illustrations sans nombre de Monte-Christo, du Juif-Errant, des Contes fantastiques, etc., etc. ; dans les séries achevées ou commencées des Mères de famille, du Chemin de Toulon, des Contemporains illustres, etc.
Quand on y regarde de près et en prose, Denain, avec les circonstances qui l’accompagnèrent, nous apparaît dans un éclair moins rapide et sous un jour un peu différent. […] Villars put être critiqué à bon droit par Napoléon pour sa campagne d’Italie en 1733, et pour avoir méconnu alors le vrai point stratégique, la ligne défensive de l’Italie qui est sur l’Adige ; mais (circonstance atténuante) il avait alors quatre-vingts ans.
Il paraît qu’il était avec Mirabeau pendant la plus grande partie des funestes journées d’octobre de l’année dernière : il m’a affirmé que Mirabeau, loin d’y avoir pris aucune part, s’était montré dans cette circonstance exaspéré contre. […] La Marck dit qu’il ne doute pas que Mirabeau a cru bien faire en parlant ainsi, pour donner le change à l’Assemblée et trouver plus de crédit dans des circonstances plus graves encore.
Il serait peu généreux en toute autre circonstance de s’en souvenir et de venir rappeler des ouvrages de lui appartenant par leur nuance à la littérature la plus moderne, et qu’il semble avoir si parfaitement oubliés ; mais tout se tient, et il est des contre-coups bizarres à de longues distances. […] Dans le chant que met André Chénier sur les lèvres d’Homère, il assemble toute une série de grands sujets, et tandis que se déploie devant nous ce riche canevas, ce tissu des saintes mélodies, on y reconnaît et on se rappelle successivement, tantôt le chant de Silène dans l’églogue vie de Virgile, tantôt le bouclier d’Achille et les diverses scènes qui y sont représentées, puis encore des allusions à diverses circonstances de l’Odyssée ; mais, vers la fin du chant, le combat des Centaures et des Lapithes prend le dessus, et tout d’un coup on y assiste.
Une jeune fille qui sort pour la première fois du couvent où elle a passé toute son enfance ; un beau lord élégant et sentimental, comme il s’en trouvait vers 1780 à Paris, qui la rencontre dans un léger embarras et lui apparaît d’abord comme un sauveur ; un très-vieux mari, bon, sensible, paternel, jamais ridicule, qui n’épouse la jeune tille que pour l’affranchir d’une mère égoïste et lui assurer fortune et avenir ; tous les événements les plus simples de chaque jour entre ces trois êtres qui, par un concours naturel de circonstances, ne vont plus se séparer jusqu’à la mort du vieillard ; des scènes de parc, de jardin, des promenades sur l’eau, des causeries autour d’un fauteuil ; des retours au couvent et des visites aux anciennes compagnes ; un babil innocent, varié, railleur ou tendre, traversé d’éclairs passionnés ; la bienfaisance se mêlant, comme pour le bénir, aux progrès de l’amour ; puis, de peur de trop d’uniformes douceurs, le monde au fond, saisi de profil, les ridicules ou les noirceurs indiqués, plus d’un original ou d’un sot marqué d’un trait divertissant au passage ; la vie réelle, en un mot, embrassée dans un cercle de choix ; une passion croissante qui se dérobe, comme ces eaux de Neuilly, sous des rideaux de verdure, et se replie en délicieuses lenteurs ; des orages passagers, sans ravages, semblables à des pluies d’avril ; la plus difficile des situations honnêtes menée à fin jusque dans ses moindres alternatives, avec une aisance qui ne penche jamais vers l’abandon, avec une noblesse de ton qui ne force jamais la nature, avec une mesure indulgente pour tout ce qui n’est pas indélicat : tels sont les mérites principaux d’un livre où pas un mot ne rompt l’harmonie. […] J’oserais conjecturer que cette circonstance est demeurée la plus grande affaire de sa vie, et le fond le plus inaltérable de ses rêves.
Nous avons eu plus d’une fois occasion de montrer en quelles circonstances favorables, et par quelle combinaison de sentiments divers, put se former cette école de poésie et d’art, fruit propre des dernières années de la Restauration, et qui, à ne la prendre que dans son origine, indépendamment de ce que fourniront désormais les principaux membres dispersés, ne restera pas sans honneur. […] Cette société offrait donc plutôt dans son ensemble, et malgré ses gloires récentes, un beau et dernier ressouvenir, un des reflets qui accompagnaient les espérances subsistantes de la Restauration, une lueur du couchant qui avait besoin de mille circonstances de nuages et de soleil, et qui ne devait plus se retrouver.
. — Ce sont là des vestiges du régime féodal ; on en trouve aujourd’hui de semblables en Angleterre, en Autriche, en Prusse, en Russie ; en effet la propriété survit longtemps aux circonstances qui la fondent. […] Jadis capitaine du district et gendarme en permanence, il doit devenir propriétaire résidant et bienfaisant, promoteur volontaire de toutes les entreprises utiles, tuteur obligé des pauvres, administrateur et juge gratuit du canton, député sans traitement auprès du roi, c’est-à-dire conducteur et protecteur comme autrefois, par un patronage nouveau accommodé aux circonstances nouvelles.
Son histoire n’est pas si obscure qu’on le prétend ; tous les écrivains de ces lieux et de ces temps s’accordent parfaitement sur les principales circonstances de cette vie. […] Voici ces principales circonstances, qui se retrouvent partout, en Ionie, en Grèce, sur tous les écueils de l’Archipel.
Au lieu des « caractères » abstraits et généraux, il faut, dit-il, montrer des « conditions », c’est-à-dire des caractères encore, mais particularisés, localisés, modifiés par les circonstances de la vie réelle, dont la plus considérable est l’attache professionnelle. […] Les circonstances n’étaient pas favorables.
Il était homme d’esprit, de courage, savait la guerre, était capable de grandes choses, mais seulement lorsqu’il y était forcé par la nécessité des circonstances ; alors les conseils de la nonchalance et des favoris n’étaient plus de saison. […] Cette circonstance n’échappa point aux docteurs musulmans, et, voyant que ces nouveaux venus n’étaient pas du moins des idolâtres, ils espérèrent bientôt d’en faire des fidèles.
Je n’ai pas voulu omettre ces premières circonstances ; car il n’est pas indifférent, selon moi, même pour les futures convictions et croyances, d’être sorti d’une race solide et saine, d’une race intègre et pure. […] Son imagination trop forte rapproche des faits qui diffèrent, que mille circonstances séparent et distinguent ; elle les rassemble à son foyer comme sous un verre ardent, jusqu’à ce qu’il y ait flamme.
On trouverait bien encore, au commencement du xviiie siècle, cette autre Mme de Staal (Mlle de Launay), auteur des charmants Mémoires, esprit élevé et ferme autant que fin ; mais elle n’a pas assez longtemps vécu, et, par les circonstances de sa condition première, elle n’a jamais été assez avant mêlée dans le plein milieu de la société, pour la personnifier de loin à nos yeux. […] On désire un appui, on se laisse charmer par l’espérance de l’avoir trouvé ; c’est un songe que les circonstances dissipent et sur qui elles font l’effet du réveil.
« Il n’y a point d’écrivain, a-t-on dit judicieusement, plus propre à rendre le pauvre superbe. » Malgré tout, en le considérant ici, nous lâcherons de ne pas trop nous ressentir nous-même de cette disposition comme personnelle qui porte de bons esprits à lui en vouloir dans les circonstances pénibles que nous traversons. […] Enfin, ce sentiment de la réalité se retrouve chez lui jusque dans ce soin avec lequel, au milieu de toutes ses circonstances et ses aventures heureuses ou malheureuses, et même les plus romanesques, il n’oublie jamais la mention du repas et les détails d’une chère saine, frugale, et faite pour donner de la joie au cœur comme à l’esprit.
Doué d’une grande facilité à produire et d’une grande aptitude à juger, d’une ardeur d’amour-propre qui paraît inhérente au tempérament littéraire, et d’une excessive irritabilité dans les matières de goût, La Harpe, en entrant dans le monde, se fit des ennemis dont il accrut le nombre durant le cours de ses variations si peu ménagées, et leur animosité a tout fait pour empoisonner sa vie et pour en noircir ou en travestir bien des circonstances. […] Il en indiquait les défauts, il en montrait les beautés toutefois, et remarquait que Voltaire, qui s’était essayé sur un sujet à peu près semblable dans Zulime était loin d’avoir réussi à égaler Racine : « C’est donc une terrible entreprise, concluait-il, que de refaire une pièce de Racine, même quand Racine n’a pas très bien fait. » Que La Harpe, lié comme il était à Voltaire par les liens d’une reconnaissance presque filiale ; à qui Voltaire écrivait : « Mes entrailles paternelles s’émeuvent de tendresse à chacun de vos succès » ; que La Harpe eût pu choisir un autre moment et une autre circonstance pour parler de Voltaire dans cette trêve de silence qui s’observait depuis sa mort, on le conçoit aisément : mais, quand on a lu le judicieux et innocent article dans le Mercure même, on a peine toutefois à comprendre la colère et l’indignation factices qu’il excita au sein de la coterie voltairienne.
Un homme sage, mêlé autrefois à ces guerres de parti, m’indique avec précision le point de conscience resté un peu sensible chez Carrel, et en même temps les circonstances qui triomphèrent de son scrupule. […] Ce volume d’histoire pouvait sembler, à cette date, un pamphlet d’allusion et de circonstance.
Peu à peu l’absurdité des rimes pour l’œil a été perçue ; des oreilles ont en vain cherché à différencier tels sons masculins, mer, de tels sons féminins, mère : on a connu que les e muets n’étaient plus (hormis en un petit nombre de circonstances) que la vibration d’une consonne. […] J’ai seulement voulu montrer qu’à huit siècles de distance on retrouve, en des circonstances peu analogues, la présence d’un vers qui souffre mal l’analyse prosodique, et qui est essentiellement différent de toutes les formes du vers, latines ou françaises.
Harvée venu soixante ans après Servet a pû nous expliquer encore plus distinctement que lui les principales circonstances de la circulation. […] Il faut pour les convaincre pleinement de ces veritez, en pouvoir mettre du moins quelque circonstance essentielle à portée de leurs sens.
Mais ici, le voilà devant des êtres vivants, dans des circonstances terribles. […] Pendant les combats de mars 1916 est resté au premier rang avec les troupes engagées, dans les circonstances les plus difficiles, recueillant les blessés sous un feu meurtrier, les soignant et les encourageant.
Il nous échappe, parce qu’il habite dans l’abstraction pure, à cinq cents pieds au-dessus de la terre ; faites l’en descendre, et ramenez-le au détail des circonstances précises, aux cas singuliers et distincts, aux événements visibles et palpables. […] Par exemple, il serait absurde ou contradictoire que la résolution ayant contracté le muscle une première fois, elle ne pût le contracter une seconde fois, toutes les circonstances étant exactement semblables.
Ainsi Fontenelle a dit de Saint Thomas, que, dans d’autres circonstances, il eût peut-être été Descartes ; et il n’a manqué à Roger Bacon, moine au treizième siècle, que d’être le contemporain des Leibnitz et des Newton, pour être leur égal. […] Il n’y a personne qui ne sache, et les motifs et les circonstances de ce meurtre.
C’était, dans le roman, un de ces génies qu’on est convenu d’appeler impartiaux et désintéressés, parce qu’ils savent réfléchir la vie comme elle est en elle-même, peindre l’homme de toutes les variétés de la passion ou des circonstances, et qu’ils ne mêlent en apparence à ces peintures et à ces représentations fidèles rien de leur propre impression ni de leur propre personnalité.
On doit être très économe de ces expressions de circonstance, destinées à vivre un jour ou un an, que Joubert appelait langue historique, qui cessent d’être entendues dès qu’elles ne sont plus employées et qui souvent ne perdent la vogue que pour tomber dans le ridicule.
Aurélien Scholl, après s’être extasié sur le Dernier jour d’un condamné, qu’il n’a certainement pas relu pour la circonstance, estime que Victor Hugo a droit à des hommages spéciaux pour avoir écrit les Châtiments.
Est-il né tout simplement dans les circonstances que raconte l’abbé Galiani ?
Si on pardonne ce défaut en faveur des circonstances & des motifs, qui non seulement le justifient, mais en font un mérite, on pourra dire que cet Ecrivain a rendu de vrais services aux Lettres, en frondant avec vigueur les usurpations qui les dégradent.
Arrive dans ces circonstances la fameuse histoire de la couronne, dont voici les détails.
La circonstance que le poëte change n’est point assez importante pour la conserver aux dépens du pathetique que la vie d’un homme, sacrifiée pour faire une épreuve, jette dans le recit, et de l’embarras qu’il y auroit à raconter cet incident comme le narrent les historiens.
Nodier, comme on vient de le voir, portait dans l’examen du livre un esprit troublé encore par les graves circonstances où nous nous trouvions, après en avoir épuisé de si terribles.
Dans une autre représentation, une circonstance imprévue vint beaucoup embarrasser Camille. […] Par suite d’une autre circonstance fâcheuse, cette pièce fut donnée à l’Hôtel de Bourgogne en même temps que le Cid. […] Par une suite de circonstances politiques, Athalie avait à cette époque une sorte de mérite d’actualité qui servit encore à la faire valoir. […] M. de Vendôme dépensa plus de 100, 000 francs dans cette circonstance, tant il fit bien les choses. […] Du reste, le poëte parut dans de favorables circonstances, Racine avait cessé de travailler, Campistron venait de se retirer, et Crébillon était encore inconnu.
De son vivant on l’appelait La princesse Certamène 1 (un mot latin qui signifie combat, grécisé pour la circonstance). […] Très choyées, ces six semaines en effet, par les chefs et par les élèves et par le personnel hospitalier, à commencer par le directeur, une ancienne connaissance de chez Alphonse Lemerre, qui voulut bien se mettre à ma disposition pour les mille et un petits détails concernant les menues commodités d’un tel séjour en de telles circonstances. […] Seulement, depuis, je me suis assagi, ou plutôt les circonstances se sont apaisées autour de moi. […] jusqu’aux larmes d’attendrissement, jusqu’à un presque évanouissement de joie et de juste orgueil en une telle extraordinaire circonstance ! […] Et c’est vrai, que je pleurais d’attendrissement, de joie et d’orgueil juste dans une circonstance véritablement si extraordinaire !
Je ne veux pas discuter ici ces questions difficiles ; je dirai seulement, pour terminer, un mot de quelques-uns des personnages qui figurent dans les poèmes et de certaines circonstances du récit. […] Trois circonstances, dans le récit même, sont notables, en dehors de celles que j’ai déjà signalées. […] Cartaphilus est baptisé ; on ne nous dit pas expressément qu’Ahasvérus l’eût été ; mais cette circonstance fut ajoutée, comme nous le verrons, dans les remaniements postérieurs. […] Quelques remarques se présentent encore sur les circonstances qui sont propres à l’auteur du lai. […] N’employait-on pas alors des apologues de ce genre dans les circonstances les plus sérieuses et pour les applications les plus graves ?
Quels sont les vœux qu’un bon Français peut former en de telles circonstances ? […] C’est ce qu’il faut rechercher, en tenant a priori pour probable qu’une conscience aussi impressionnable que la conscience française aboutira, sous l’étreinte de circonstances uniques, aux manifestations les plus inattendues. […] Il est incontestable aussi que les circonstances nous viendraient en aide […] Un appel adressé au pays dans des circonstances extraordinaires pourrait constituer un acte analogue au grand fait national qui créa la dynastie capétienne, ou à la décision de l’université de Paris lors de l’avènement des Valois. […] Une circonstance ; un autre ordre rendra l’application de ce système presque indispensable, c’est l’établissement du service obligatoire pour tous.
Toutes sont vagues, car elles sont dénuées de particularité : ce n’est pas un certain bruit d’un certain fouet, par exemple, qui figure dans le mélange analysé, mais le bruit du fouet en général, appauvri de toutes les circonstances particulières qui caractérisent le bruit ordinaire d’un certain fouet, et surtout un bruit déterminé de ce fouet, dans telles conditions, à tel moment. […] Le sens commun subit ici, comme dans bien d’autres circonstances, le prestige de la force. — Nous récusons sur ce point son autorité ; mais sa classification du moins, et les dénominations qui la consacrent s’imposent à nous : sans attribuer au signe ni l’antériorité ni l’activité, nous devons réserver le nom de signe aux états qui, dans un groupe donné, étant seulement plus intenses que leurs associés, paraissent, en vertu de cette intensité, les précéder, les susciter, les conduire, les amener à la conscience ; en réalité, ils ne les précèdent pas toujours, et, comme eux, ils obéissent passivement, tantôt à la loi de l’habitude, tantôt aux caprices de l’attention. […] L’organisation d’un gouvernement libre représente mieux, selon nous, les rapports que soutiennent les signes avec les choses signifiées : le monde de nos pensées peut être comparé à un peuple qui se gouverne lui-même ; en théorie, en droit, en fait même à certain point de vue et dans certaines circonstances, tous les citoyens possèdent une part égale de souveraineté ; mais la raison qui leur est commune et le juste sentiment de l’intérêt bien entendu leur ont fait de bonne heure comprendre l’utilité d’une organisation hiérarchique ; ils ont donc détaché parmi eux un certain nombre d’hommes auxquels est exclusivement confiée l’administration des affaires publiques ; ces mandataires délégués dans l’intérêt de tous par l’autorité véritable sont seuls en évidence ; ils semblent incarner en eux la souveraineté populaire ; la louange et le blâme s’attachent exclusivement à leurs personnes ; ils n’ont pourtant, à parler rigoureusement, qu’un semblant de pouvoir ; leur démission collective ne saurait entraîner la mort du corps social, mais seulement une crise politique passagère, sans danger sérieux pour une société dont les forces vives sont restées intactes. […] J’ai observé des lapsus memoriæ qui n’ont pas d’autre explication ; voici leur formule générale : un jour j’éprouve un état A, assez fort ; quelques jours plus tard, un état a, analogue à A et très faible ; à quelque temps de là, je me trouve de nouveau en présence de l’objet a, et, tout d’abord, je le méconnais, car je me dis : « C’est A » ; puis une circonstance quelconque me révèle mon erreur ; — l’état a avait donc été trop faible pour être ensuite bien reconnu ; sans doute il l’a été : je l’ai jugé ancien en même temps que présent ; mais ce jugement, en se déterminant, s’égarait sur un état analogue à a, plus ancien pourtant et, par suite, plus effacé par l’oubli, mais que sa vivacité primitive prédisposait à être reconnu en toute circonstance. […] Chaque sens commun est un mélange de vérités précieuses et de préjugés ; car le bon sens et la mode se partagent, en proportions variables selon les temps et les circonstances, le domaine de l’opinion courante ; et chaque pensée individuelle, se formant à l’image de la pensée collective qui est, par l’intermédiaire du langage, son milieu nourricier, acquiert des préjugés plus ou moins tenaces, en même temps qu’elle s’enrichit du bon sens de nos ancêtres.
À quelle occasion ou dans quelles circonstances l’a-t-il conçu ? […] Laissant le rythme à part, cette strophe ne diffère de celle que nous avons citée plus haut que par les « circonstances » ; et les circonstances ne sont données que par la « situation ». […] La gloire, ou le bonheur, ou la chance de Malherbe est d’être aux origines de cette influence, et son habileté, ou son adresse, ou son talent d’avoir compris qu’il n’avait, pour ainsi gagner l’immortalité, qu’à se laisser faire aux circonstances. […] Les circonstances l’ont fait ce qu’il est devenu. […] « Un gentilhomme, dont elle était aimée, ayant profité de la circonstance pour l’enlever », ne s’avisa-t-on pas de croire dans le monde « qu’elle avait quitté son mari pour suivre un amant » ?
Si on prononçoit aujourd’hui les Philippiques de Démosthènes devant une assemblée d’Anglais, dans des circonstances semblables à celles où la Grèce se trouvoit alors, elles produiroient encore tout leur effet. […] « C’est dans le choix des circonstances, dit le critique Blair, que consiste le grand art des descriptions pittoresques. […] En troisième lieu, toutes les circonstances employées doivent être en harmonie ; c’est-à-dire que, lorsque nous décrivons un objet important, toutes les circonstances que nous présentons aux spectateurs doivent contribuer à l’agrandir. Enfin les circonstances d’une description doivent être exprimées avec concision et simplicité ; car lorsqu’elles sont ou trop exagérées, ou trop développées et trop étendues, elles ne manquent jamais d’affaiblir l’impression qu’elles devraient produire. […] Les circonstances seules font la force d’une description.
Thiers, dans cette circonstance, est hors de la vérité, complètement partial contre M. de Talleyrand, par sa partialité habituelle pour Napoléon. […] Les Belges, longtemps Français, révolutionnaires de tradition, catholiques de religion, libéraux de circonstance, avaient d’immenses sympathies dans tous les partis de l’opposition en France. […] Quant à moi, sans honorer, dans le prince de Talleyrand, des personnalités peu honorables et des versatilités de services qui diminuent immensément la dignité de la vie et le prix même de ces services, je n’ai pu m’empêcher de professer toujours la plus haute estime pour le diplomate de la vraie révolution de 89, le diplomate de la paix, le pondérateur de l’équilibre, le conservateur économe de la vie des peuples au milieu de ces prodigues du sang d’autrui, qu’on appelle les gagneurs de batailles ; et, toutes les fois qu’il y a eu, depuis les obsèques de ce grand négociateur, une de ces crises européennes que les ambitions dénouent avec des alliances ou tranchent avec l’épée, je n’ai pu m’empêcher de me demander curieusement à moi-même : Qu’aurait conseillé à son pays, dans cette circonstance, M. de Talleyrand ? Ce sont ces conseils présumés de M. de Talleyrand dans les circonstances où s’est trouvée et où se trouve aujourd’hui la France, qui vont faire le sujet de ce second entretien sur la littérature diplomatique.
Les groupes se forment entre inconnus pour s’entretenir à voix émue des circonstances de cet événement. […] VI La popularité persistante et désormais immortelle de Béranger s’explique, selon nous, par trois causes : Les circonstances de sa patrie ; Son talent ; Son caractère. […] VII J’ai dit que la première de ces causes était dans les circonstances de notre patrie au moment où il commença à chanter, comme on dit, mais, en réalité, à démolir par le rire. […] C’est le malheur des poésies de parti ; elles sont presque toujours aussi des poésies de circonstance.
Je vis cette ombre s’étendre au loin autour de moi et marquer partout mon néant 49 … Ici un découragement moral s’empara de lui et le fit peu à peu déchoir de cette hauteur vertueuse où il n’est pas donné à la jeunesse stoïque de se maintenir : Il n’y a qu’un principe de vices pour un homme bien né et à qui la raison a parlé, disait-il à ceux de sa famille avec qui il s’épanchait, c’est l’ennui, le dégoût des circonstances auxquelles il est soumis, c’est le néant du cœur ; au nom de Dieu, ne me laissez pas plus longtemps exposé à cet état. […] Et dans quelles circonstances repaissaient-ils ainsi l’imagination du pauvre ?
Il apprit, au printemps de 1793, que la femme de son ami lord Sheffield venait de mourir ; il n’hésita pas à voler vers lui, à se mettre en route pour l’Angleterre par l’Allemagne, et à faire ce voyage depuis quelque temps différé, que les circonstances présentes et la guerre engagée rendaient alors plus difficile. […] Macaulay ; elles sont tout à fait d’accord avec le sentiment qui animait Gibbon dons ses lettres datées du 15 décembre 1789, du 18 mai 1791, du 30 mai et du 1er août 1792, du 23 février et du 4 avril 1793, et dans presque toutes celles qu’il écrivit en ces années ; des circonstances analogues ramènent les mêmes sentiments.
Tout en sachant ce qu’on doit à son rang et en ne s’en départant jamais, il est mille circonstances où elle fait disparate et où elle tranche sur le décorum. […] Un jour, en une circonstance mémorable, Madame s’était vue humiliée devant Mme de Maintenon, forcée de se reconnaître envers elle des torts, de lui en faire des excuses devant témoin, et de se dire son obligée avec reconnaissance.
N’acceptons que la meilleure part de l’éloge ; et puisqu’il faut qu’aujourd’hui encore nous en soyons, avant de l’oser louer, à devoir excuser en elle ce savoir et à présenter les circonstances atténuantes, qu’on veuille songer que Mme Dacier, Mlle Anne Le Fèvre, fille d’un savant et d’un érudit, ne faisait, en s’adonnant, comme elle fit, à l’Antiquité, qu’obéir à l’esprit de famille et céder à une sorte d’hérédité domestique. […] Cette conversion fut accompagnée de certaines circonstances que les uns ont célébrées, et dont les autres ont fait aux deux époux un sujet de reproche.
Comme il s’est, dans la suite, prononcé en toute occasion contre les inconvénients de l’éducation publique, telle surtout qu’elle existait alors, on a cherché dans les circonstances de ses premières années à expliquer cette opinion qui s’accorde si bien d’ailleurs avec toute sa manière de sentir et de craindre. […] » — On trouva dans ses papiers un mémorandum notant la date et les circonstances de la mort du pauvre Puss.
Il semble qu’on ait tout dit à l’honneur des lettres et pour célébrer la douceur dont elles sont dans les différentes circonstances et aux différents âges de la vie ; il y a longtemps qu’on ne fait plus que paraphraser le passage si connu de Cicéron plaidant pour le poète Archias : « Haec studia adolescentiam alunt, senectutem oblectant… », Frédéric nous offre une variante piquante à cet éloge universel des lettres et de l’étude ; il va jusqu’à prétendre, sans trop de raffinement et d’invraisemblance, que toutes les passions (une fois qu’elles ont jeté leur premier feu) trouvent leur compte dans l’étude et peuvent, en s’y détournant, se donner le change par les livres : Les lettres, écrit-il au prince Henri (31 octobre 1767), sont sans doute la plus douce consolation des esprits raisonnables, car elles rassemblent toutes les passions et les contentent innocemment : — un avare, au lieu de remplir un sac d’argent, remplit sa mémoire de tous les faits qu’il peut entasser ; — un ambitieux fait des conquêtes sur l’erreur, et s’applaudit de dominer par son raisonnement sur les autres ; — un voluptueux trouve dans divers ouvrages de poésie de quoi charmer ses sens et lui inspirer une douce mélancolie ; — un homme haineux et vindicatif se nourrit des injures que les savants se disent dans leurs ouvrages polémiques ; — le paresseux lit des romans et des comédies qui l’amusent sans le fatiguer ; — le politique parcourt les livres d’histoire, où il trouve des hommes de tous les temps aussi fousaf, aussi vains et aussi trompés dans leurs misérables conjectures que les hommes d’à présent : — ainsi, mon cher frère, le goût de la lecture une fois enraciné, chacun y trouve son compte ; mais les plus sages sont ceux qui lisent pour se corriger de leurs défauts, que les moralistes, les philosophes et les historiens leur présentent comme dans un miroir. […] Ce général, connu alors par sa belle conduite dans les îles et par ses exploits maritimes, et qui un jour, dans les circonstances les plus critiques, fera tout pour sauver Louis XVI, avait vu Frédéric à Berlin et aux revues de Silésie, et lui avait plu, avait gagné son estime.
L’auteur du nouveau journal, très bien placé pour voir et pour savoir, n’est presque pas un auteur ; il ne pense pas du tout à faire un livre, mais à se satisfaire, à se soulager, à se rendre compte de l’état présent et de la circonstance qui l’obsède, à donner jour à ses vues, à ses espérances, à ses boutades. […] ) J’ai vu avec une grande impatience, sur la frontière de France et de Hainaut, la continuation des magistrats municipaux plus d’une année dans leurs magistratures passer pour une faveur dont il fallait gratifier le public dans les belles occasions, comme l’avènement d’un gouvernement, la naissance d’un prince, la convalescence du roi, etc. ; mais ayant remarqué que cette faveur accordée ne faisait que maltraiter les peuples en enorgueillissant quelques coquins de bourgeois qui faisaient bientôt une tyrannie de leurs magistratures, j’arrêtai cela, y étant intendant, et dans une célèbre occasion, qui fut le sacre de Louis XV à Reims : et je me fis écrire une lettre par le secrétaire d’État de la province, qui marquait que les magistrats seraient renouvelés malgré cette circonstance, et que l’on se proposait de les faire renouveler annuellement, malgré toute remontrance et nonobstant toute occasion quelconque, et cela par les principes des motifs allégués ci-dessus, savoir leur négligence et abus quand on manquait à les renouveler annuellement ; et je fis imprimer et afficher cette lettre dans tous les carrefours de mes villes.
La circonstance atténuante envers ces hommes que le patriotisme exalta jusqu’au fanatisme et qu’il égara, c’est qu’ils furent dévorés avant trente ans, c’est qu’ils avaient en eux toutes les fermentations et les ivresses de l’âge, ajoutées à celles d’une époque ardente et enflammée. […] Ce premier brillant épisode de nos guerres de la Révolution, cette défense de Mayence où le nom de Kléber commence à s’illustrer, et où l’honneur de sa promotion est dû à Merlin, est marqué par des circonstances chevaleresques singulières.
J’irai y souper lundi. » Mais ce qui honore Mme de Boufflers plus que tout, en cette circonstance douloureuse, ce fut la lettre qu’elle reçut d’Angleterre, de son ami Hume, qui, tout mourant qu’il était, prenait part à sa peine et lui adressait des adieux d’une simplicité sublime ; en voici la traduction : « Édimbourg, 20 août 1776. […] sachez à qui vous avez affaire ; ce sont tout simplement des vers de Racine (Britannicus, acte II, scène 3) changés à peine et légèrement parodiés pour la circonstance.
Ce qui malheureusement n’est pas moins certain, c’est qu’il ne perdit pas l’occasion non plus de reprendre sous main ses habitudes de trafics et marchés : 6 millions lui furent promis par les Bourbons de Naples pour favoriser leur restauration, et l’on a su les circonstances assez particulières et assez piquantes qui en accompagnèrent le payement32. […] Les circonstances étaient bien autrement difficiles, et, après avoir montré quelque fermeté au début vis-à-vis du roi et de son frère, M. de Talleyrand parut manifestement au-dessous de sa tâche.
Il nous a été impossible seulement, à la lecture de ces lettres premières, de ne pas remarquer, ne fût-ce que pour la décharge de l’homme, que, par le malheur de l’éducation et des circonstances, son adolescence dissipée et déjà gâtée avait fait place aussitôt à une jeunesse toute fanée et sans ardeur. […] Dès qu’il avait à expliquer quelque circonstance embarrassante et un peu humiliante de son passé, les Cent-Jours, cette folie la plus irréparable des siennes et qui faussa toute sa fin de carrière, les motifs qui, la veille encore, le poussaient, la burlesque tergiversation qui avait suivi, ou même lorsqu’il touchait quelques souvenirs plus anciens de sa vie romanesque et des scènes orageuses qui avaient fait bruit, sa raison toute honteuse prenait les devants, et il s’en tirait à force d’esprit, de verve à ses dépens, de moquerie fine : le genre humain à son tour n’y perdait rien.
J’imagine, pour accorder mon désir avec l’exactitude bien reconnue du narrateur, qu’ayant su par un témoin que la saignée au pied avait été difficile, il aura attribué cette difficulté à un reste d’embonpoint, tandis que la saignée au pied est quelquefois lente et pénible, même sans cette circonstance. […] Quant à la circonstance de récidive et à l’objection d’avoir déjà eu un amant, je ne m’en embarrasse pas davantage, ou plutôt je ne craindrai pas d’avouer que c’est un des points les mieux observés, selon moi, et les plus conformes à l’expérience un peu fine du cœur.
L’histoire est traitée par la méthode des sciences physiques : aucune intelligence n’est supposée conduire le peuple romain vers un but, et pourtant les choses ne vont pas au hasard ; le développement de la puissance romaine, sa décadence ensuite se font nécessairement, logiquement, chaque état passager contenant l’état suivant, que le jeu naturel des circonstances se charge de dégager. […] Il y a sophisme aussi à dire qu’une loi, un acte humain aurait nécessairement, dans des circonstances données, changé le cours des choses.
Je conçois à merveille qu’une date heureusement rétablie, une circonstance d’un fait important retrouvée, une histoire obscure éclaircie aient plus de valeur que des volumes entiers dans le genre de ceux qui s’intitulent souvent philosophie de l’histoire. […] Mais je ne peux approuver un William Jones, qui, sans être philosophe, déverse son activité sur d’innombrables sujets, et, dans une vie de quarante-sept ans, écrit une anthologie grecque, une Arcadia, un poème épique sur la découverte de la Grande-Bretagne, traduit les harangues d’Isée, les poésies persanes de Hafiz, le code sanscrit de Manou, le drame de Çakountala, un des poèmes arabes appelés Moallakat, en même temps qu’il écrit un Moyen pour empêcher les émeutes dans les élections et plusieurs opuscules de circonstance, le tout sans préjudice de sa profession d’avocat.
Pourtant une circonstance, en apparence frivole, le tint, dit-on, en échec, et paralysa quelque peu son éloquence. […] Deux fois, dans les deux circonstances décisives de sa vie politique, il échoua.
La Société de l’histoire de France, qui n’a pas interrompu ses travaux au milieu des circonstances difficiles que nous avons eu à traverser, vient de voir terminer une de ses publications les plus importantes et les plus nationales, qu’elle avait depuis longtemps confiée au zèle de M. […] Tous les narrateurs et témoins du temps en sont là quand ils parlent d’elle, et les moindres circonstances, les incidents les plus naturels leur semblent miracles.
Un autre obstacle encore à la concision des plaidoiries, c’est l’exigence du client, qui n’est jamais content, même d’avoir gagné sa cause, lorsque son défenseur n’a pas développé longuement tous les faits inutiles, toutes les circonstances oiseuses, tous les commérages qui pouvaient la lui faire perdre. […] Voulant en venir à publier son propre discours qui a obtenu le prix, il commence par en railler les circonstances, par montrer ce prix en l’honneur de Malesherbes proposé sous la monarchie légitime et décerné sous la dynastie de Juillet, non sans avoir été quelque peu modifié dans ses conditions et dans son programme.
L’ambition commençait à lui venir : tout récemment, avant et pendant son voyage de Varsovie, il avait adressé des mémoires à la cour de Russie, à celle de France, relativement aux affaires de la Pologne ; il avait des plans grandioses sur ce sujet de circonstance. […] Dans les conversations que nous eûmes ensemble, il me parla avec beaucoup de vérité sur la situation de la France, avec intérêt sur celle du roi, avec mépris sur l’Assemblée et sur les partis qui la divisent ; il me témoigna un désir extrême qu’on rendît au roi sa dignité, sa liberté, son autorité ; à la monarchie son ancienne constitution, ou du moins à quelques changements près, que les circonstances rendaient inévitables.
Comme, en pareille circonstance, une bonne action est de rigueur, on fera imprimer les trois sujets donnés, au profit de la Crèche de Montpellier. […] Au moment de se mettre à table, l’archevêque de Reims (M. le cardinal Gousset), le consécrateur de l’église rebâtie, dit à Jasmin : Poète, on nous a parlé de votre pièce sur la circonstance ; nous serons heureux si vous voulez nous la confier ce soir, avant de partir, à quelques-uns. — À quelques-uns, monseigneur !
Il a, trois fois dans sa vie, en trois circonstances mémorables, saisi le moment et l’occasion. […] C’en est assez pour prouver que Raynouard, honnête homme et patriote par le cœur, doué de caractère d’ailleurs quand la circonstance l’exigeait, n’était nullement un républicain à la Caton.
Le moment où Mme de Senneterre se voit munie de cette lettre de recommandation, son étonnement involontaire en la retournant machinalement entre ses mains, sa préoccupation de l’accueil qui lui sera fait, son inquiétude pour sa toilette qu’il faut proportionner à la modestie de sa condition nouvelle, tout cela est pris dans la nature et devait rappeler à plus d’une lectrice des circonstances trop réelles et trop récentes : Extrêmement fatiguée de ne pouvoir m’arrêter à rien, racontait Mme de Senneterre, je me couchai. […] Quand sa réflexion n’allait pas jusqu’au volume d’une brochure, il lui fallait un journal pour y verser son courant et son trop plein, « pour y confondre, comme il disait, ses pensées du moment avec les circonstances du moment ».
Il n’était pas de ces esprits qui embrassent le renouvellement des temps, et sa politique finale n’a été que l’exagération de sa politique première, au milieu de circonstances générales qui incessamment se modifiaient. […] Je laisse de côté Louis XV et les lâches indignités de son règne : mais on peut dire que le caractère bon, honnête, modéré, des respectables Bourbons qui ont succédé, n’était plus à la hauteur des circonstances ; ils n’ont pas su remplir le vœu et le conseil de leur grand aïeul.
C’était le soixante-septième engagement de mon corps d’armée depuis le ler janvier, jour de l’ouverture de la campagne, c’est-à-dire dans un espace de quatre-vingt-dix jours, et où les circonstances avaient été telles que j’avais été dans l’obligation de charger moi-même l’épée à la main, trois fois, à la tête d’une faible troupe. […] Et moi, je crois qu’il faut dire, en embrassant toute la condition humaine : « Il est mieux qu’il ait vécu pour montrer ce que peut le malheur, la force des circonstances, une certaine fatalité s’attachant, s’acharnant à plus d’une reprise à une belle vie, un cœur généreux ressentant l’outrage sans en être abattu, sans en être aigri, et finalement une belle intelligence trouvant en elle des ressources pour s’en nourrir et des résultats avec lesquels elle se présente aujourd’hui, en définitive, devant la postérité. » 1.
Une autre raison enfin, et qui est particulière à cet ordre d’esquisses, c’est qu’en écrivant dans les journaux, on est toujours quelque peu journaliste par un endroit ; on cherche l’à-propos, on attend l’occasion, et, sans s’attacher précisément à ne parler que des ouvrages encore tout chauds de la forge (autre expression de Montesquieu), on désire du moins que quelque circonstance naturelle nous ramène aux ouvrages anciens et y dirige l’attention. […] Le peu de notes qu’on a publiées de lui, et où il fait son portrait, ont donné à sa physionomie une vie et un naturel qui est mieux que de la majesté : « Plutarque me charme toujours, disait-il ; il y a des circonstances attachées aux personnes qui font grand plaisir. » Né le 18 janvier 1689, au château de La Brède, près de Bordeaux, il sortait d’une famille de robe et d’épée, de bonne noblesse de Guyenne : « Quoique mon nom ne soit ni bon ni mauvais, disait-il, n’ayant guère que deux cent cinquante ans de noblesse prouvée, cependant j’y suis attaché. » Son père, qui avait servi, après s’être retiré de bonne heure, soigna fort son éducation ; le jeune Montesquieu fut destiné à la magistrature.
Mais comme il paraissait en plus d’un endroit du récit que le cardinal de Richelieu parlait en son nom et à la première personne, on imagina de supposer que Mézeray dans sa jeunesse, par reconnaissance pour les bienfaits du cardinal, avait voulu, cette fois, prendre son personnage et se masquer sous son nom, et l’on se flattait d’expliquer par ce déguisement toutes les circonstances disparates de l’ouvrage. […] Richelieu se rendant de plus en plus utile et nécessaire, et affectant, comme il le faisait déjà en toute circonstance où il n’était pas maître, de vouloir se retirer, on aurait eu à opter entre les deux.
Beaucoup de gens ont parlé après lui de l’accord parfait de la morale et de la politique ; il n’en parlait pas seulement, il y croyait, et s’y astreignait aussi scrupuleusement que possible en toute circonstance ; mais il entendait cette morale au sens strict et particulier de l’homme de bien agissant dans la sphère privée. […] Et en effet, les hommes ont chacun leur nature, et plus cette nature est fortement appropriée à de certaines circonstances, moins elle est applicable à toutes indistinctement… Que l’on me place au milieu d’hommes encore susceptibles de raison et de sensibilité, je ferai, je le crois, quelque impression sur eux, et peut-être je mériterai d’être choisi pour un de leurs guides ; mais, s’il faut les tromper, s’il faut les corrompre, ou bien s’il faut les environner de chaînes, s’il faut imposer sur leurs têtes un joug d’airain, je ne suis plus l’homme d’un tel ministère ; il faut alors chercher un Mazarin, trouver un Richelieu.
Mais Arnault, qui n’était qu’un gouvernant et un diplomate de circonstance, et un homme de lettres au fond, n’avait pas jugé à propos d’interpréter ses instructions dans ce sens étendu. […] Arnault et son exil, on donnait au Théâtre-Français son Germanicus (mars 1817), composé depuis plusieurs années, et dont les circonstances d’alors faisaient une allusion continuelle : les partis s’y donnèrent rendez-vous comme à un combat.
Elles sont vraies en elles-mêmes, mais inutiles dans la pratique, par la quantité infinie de circonstances où elles doivent avoir des applications particulieres, dont il prétend qu’on ne peut indiquer le détail. […] Papon parut dans une mauvaise circonstance.
Dans tout ce qu’elle écrit se mêle la pensée de Louis XIV ; elle en est absorbée ; sa sollicitude n’omet aucune circonstance sur la santé défaillante du vieillard ; une garde-malade n’en dit pas plus ; elle omettrait plutôt un succès de Villars qu’une prescription du médecin Fagon, et chaque fois que le roi prend sa médecine de précaution, madame des Ursins en est informée.
Mais il y aurait aujourd’hui presque de la puérilité à rechercher sérieusement, dans ces circonstances secondaires, les causes du peu de durée de la Constitution de 91.
Il est heureux, dans la route de la vie, d’avoir inventé des circonstances qui, sans le secours même du sentiment, confondent deux égoïsmes au lieu de les opposer ; il est heureux d’avoir commencé l’association d’assez bonne heure pour que les souvenirs de la jeunesse aidassent à supporter, l’un avec l’autre, la mort qui commence à la moitié de la vie ; mais indépendamment de ce qu’il est si aisé de concevoir sur la difficulté de se convenir, la multiplicité des rapports de tout genre qui dérivent des intérêts communs, offre mille occasions de se blesser, qui ne naissent pas du sentiment, mais finissent par l’altérer.
Mais ce serait uniquement parce que nos circonstances sont les mêmes que celles de l’Angleterre en 1590.
L’impression profondément triste que produit l’entrée dans une bibliothèque vient en grande partie de la pensée que les neuf dixièmes des livres qui sont là entassés ont porté à faux, et, soit par la faute de l’auteur, soit par celle des circonstances, n’ont eu et n’auront jamais aucune action directe sur la marche de l’humanité.
Nous autres, que beaucoup de circonstances ont tenus jusqu’ici en dehors de la grande arène du monde, nous avons des nerfs moins excités, un sens plus rassis.
Selon l’âge et les circonstances, ces trois mobiles varient et prennent dans l’esprit de l’auteur la première ou la dernière place ; mais ils n’en subsistent pas moins.
Tertullien parle comme un moderne ; ses motifs d’éloquence sont pris dans le cercle des vérités éternelles, et non dans les raisons de passion et de circonstance employées à la tribune romaine, ou sur la place publique des Athéniens.
Une expérience que je proposerais volontiers à l’homme de soixante-cinq ou six ans, qui jugerait les miennes ou trop longues, ou trop fréquentes, ou trop étrangères au sujet10, ce serait d’emporter avec lui, dans la retraite, Tacite, Suétone et Sénèque ; de jeter négligemment sur le papier les choses qui l’intéresseraient, les idées qu’elles réveilleraient dans son esprit, les pensées de ces auteurs qu’il voudrait retenir, les sentiments qu’il éprouverait, n’ayant d’autre dessein que celui de s’instruire sans se fatiguer : et je suis presque sûr que, s’arrêtant aux endroits où je me suis arrêté, comparant son siècle aux siècles passés, et tirant des circonstances et des caractères les mêmes conjectures sur ce que le présent nous annonce, sur ce qu’on peut espérer ou craindre de l’avenir, il referait cet ouvrage à peu près tel qu’il est.
Ces exemples, dont ont sçait les circonstances plus distinctement, frapperont mieux que les exemples tirez des siecles passez ; et l’on croira facilement que ce qui est arrivé à nos poëtes, est arrivé aux poëtes de tous les temps.
Quoique le Misantrope soit peut-être la meilleure comédie que nous aïons aujourd’hui, on n’est pas surpris néanmoins que le public ait hésité durant quelques jours à l’avoüer pour excellente, et que le suffrage general n’ait été déclaré en sa faveur qu’après huit ou dix représentations, quand on fait refléxion aux circonstances où Moliere la joüa.
L’hyène n’est pas seulement sotte et crédule, elle se signale en toute circonstance par son insigne mauvaise foi, mauvaise foi de brute qui se sait forte et qui n’allègue de prétexte que pour railler celui qu’elle peut écraser s’il ne feint pas de prendre pour argent comptant sa grossière explication.
Renan nous tiennent au courant, comme on sait, de la succession de circonstances et de raisonnements qui le décidèrent à renoncer à la cléricature.
Créée par la vie, dans des circonstances déterminées, pour agir sur des choses déterminées, comment embrasserait-elle la vie, dont elle n’est qu’une émanation ou un aspect ?
Voilà pourquoi les hommes d’aujourd’hui sont portés naturellement à considérer les choses d’après les circonstances les plus particulières qui peuvent rapprocher les intérêts privés d’une justice égale ; c’est l’æquum bonum, l’intérêt égal, que cherche la troisième espèce de raison, la raison naturelle, æquitas naturalis chez les jurisconsultes.
C’est de là qu’en réponse aux condoléances venues du monastère (octobre 1650), partit une touchante lettre adressée à la Mère sous-prieure pour solliciter d’elle des particularités sur les circonstances de cette mort : « C’est en m’affligeant que je me dois soulager, écrivait Mme de Longueville. […] Mais, enfin, la circonstance de la paix est une sorte d’amertume qui me blesse jusqu’au cœur, quand je me mets à sa place ; quand je me tiens à la mienne, j’en loue Dieu, puisqu’elle conserve mon pauvre Sévigné et tous nos amis. » On découvrit bientôt (un peu complaisamment peut-être) qu’avant de partir pour la guerre, M. de Longueville s’était converti en secret, qu’il avait fait une confession générale, que messieurs de Port-Royal avaient mené cela, qu’il répandait d’immenses aumônes ; enfin que, nonobstant ses maîtresses et un fils naturel qu’il avait, il était quasi un saint. […] Si grands que nous soyons ou que nous croyions être, il est plus d’une circonstance, et il viendra tôt ou tard un jour où l’on dira de nous : Ce pauvre homme !
Mais, quand on voit des hommes se réjouir en proclamant qu’ils sont en tout l’œuvre des circonstances, et que ces circonstances sont combinées par le hasard, on frémit au fond du cœur de leur satisfaction perverse. […] Mais il y a des mensonges de circonstance qui ont pour un moment le succès d’une vérité.
Mais si l’on entend par caractère un naturel toujours le même, qui marque toutes les actions d’un homme, une habitude de l’âme ancienne et profonde, indépendante des circonstances extérieures de condition, de temps et de lieu, j’attends encore qu’on m’en montre un exemple dans le théâtre espagnol. […] Les circonstances extérieures y aidèrent ; mais le mal venait d’une fausse vue, et sous ce rapport Corneille est un grand exemple de ce que dit Descartes, qu’un homme est moins supérieur aux autres hommes par l’esprit que par l’emploi qu’il en fait. […] Il a fait, en un mot, toutes les choses autrement que son devancier, non pour rendre sa pièce plus vraie, mais pour ne pas ressembler à Mairet ; tant il est vrai qu’il voyait dans le sujet, non pas un événement vrai ou vraisemblable qui s’accomplit par un enchaînement de circonstances invincibles, mais une matière à pétrir, à laquelle le poète est libre de donner toutes les formes, pourvu qu’on y voie la marque de l’inventeur.
Après avoir vu une feuille dont la moitié était rouge et l’autre bleue, supposez la partie bleue remplacée par une rouge, si bien que les deux moitiés redeviennent de teinte semblable ; le résidu mental de toutes ces transitions et impressions successives sera l’impression de ressemblance, d’uniformité, qu’ensuite la réflexion pourra abstraire, distinguer des autres impressions, reconnaître dans des circonstances diverses et enfin, quand l’animal est doué de la parole, marquer par un mot. […] A l’origine, il n’y eut pas même besoin que le sentiment de la ressemblance ou celui de la différence se dégageât des émotions et mouvements semblables en fait ou différents en fait : le mécanisme de la vie suffisait pour produire des mouvements semblables dans des circonstances semblables, des mouvements divers dans des circonstances diverses.
Tant de bons ou de mauvais vers passés en proverbe, & dont on fait, en mille circonstances, des applications naturelles, sont des parodies heureuses. […] D’ordinaire leur grand mérite n’est que celui des circonstances ; mais celle-ci se soutient toujours : on la revoit aux Italiens avec plaisir. […] La proposition générale qu’il tâche d’établir est celle-ci : « Les comédies, de leur nature & prises en elles-mêmes, indépendamment de toute circonstance bonne ou mauvaise, doivent être mises au nombre des choses indifférentes. » Il tire ses autorités, 1°.
Il y a deux parts en nous : l’une que nous recevons du monde, l’autre que nous apportons au monde ; l’une qui est acquise, l’autre qui est innée ; l’une qui nous vient des circonstances, l’autre qui nous vient de la nature. […] Trahi, presque perdu par un mensonge, décrié auprès de toute la noblesse, il fit ferme, démentit l’homme publiquement « de la manière la plus diffamatoire et la plus démesurée », sans relâche, en toute circonstance, pendant douze ans. […] Ajoutez des expressions vieillies, populaires, de circonstance ou de mode ; le vocabulaire fouillé jusqu’au fond, les mots pris partout, pourvu qu’ils suffisent à l’émotion présente, et par-dessus tout une opulence d’images passionnées digne d’un poète.
J’ignore quelle circonstance les rapprocha, mais un vif goût réciproque, les lia d’une affection soudaine et pleine d’attentions, de coquetteries et de petits soins. […] Son œuvre est presque toute une œuvre de circonstance. […] Ajoutez à ses hésitations que, par nature et par suite d’une certaine paresse, il avait besoin pour son travail de circonstances favorables. […] Il en rapporte les circonstances avec un grand détail et une entière franchise. […] Pierre Loti de la conduite du bon capitaine Viaud et s’il agirait de même en pareille circonstance.
— le cri de la conscience publique qui, en cette circonstance, parle sans qu’il soit besoin de l’interroger rien n’a pu éclairer M. […] En cette circonstance, M. […] Albéric Second, en cette circonstance, me rappelle un bourgeois de mon pays, excellent homme, du reste ! […] La lithographie s’appellera tour à tour, selon la circonstance et avec un châle en moins ou des moustaches en plus, Fualdès, madame Lafarge, le général Cavaignac, l’archevêque de Paris. […] en supposant qu’elle aurait eu, pour la circonstance, les mains multiples de Briarée et les bottes de sept lieues du conte, peut-être encore que Gérard eût échappé à sa longue étreinte.
Elle commence, et pour qu’elle termine il faut, selon l’expression consacrée, que les circonstances s’y prêtent. […] C’était l’événement lui-même, un individu qui n’avait pas de corps lui appartenant, car il n’était que la synthèse des circonstances, mais il avait son âme très élémentaire, et qui se distinguait à peine de l’intention que les circonstances semblaient manifester. […] Elles n’en ont pas moins été acceptées par les Grecs, qui savaient pourtant les circonstances et presque la date de leur naissance. […] C’est dire que les dieux de l’antiquité pouvaient naître, mourir, se transformer au gré des hommes et des circonstances, et que la foi du paganisme était d’une complaisance sans bornes. Précisément parce que le caprice des hommes et le hasard des circonstances ont eu tant de part à leur genèse, les dieux ne se prêtent pas à des classifications rigoureuses.
Qu’il nous soit seulement permis à cette occasion de raconter un fait qu’une circonstance récente vient de rajeunir. […] Les circonstances de la vie de Molière, depuis le commencement de 1646 jusqu’en 1658, après avoir été presque toutes entièrement ignorées, sont aujourd’hui encore bien incomplètement connues. […] On conserve d’un autre côté religieusement à Pézenas et dans les environs la tradition de quelques circonstances qui marquèrent les séjours que Molière y fit alors et plus tard. […] Ce n’est pas dans une telle circonstance et avec de tels détails, qu’il eût fait renaître cette coutume entièrement oubliée. […] En rapportant ces circonstances, Bret ajoute que M. de Saint-Gilles était ami de Molière, et que, dans cette occasion, « le cœur nuisit à l’esprit ».
Empêché par les circonstances de reprendre ce pèlerinage, il me faut évoquer des images, bien présentes certes à mon regret, mais estompées, mais diminuées par la distance des jours. […] Sa tenue, — il faut en revenir à ce terme très expressif dans sa concision, — répugne en toute circonstance à l’éclat. […] … Oui, par les circonstances et par sa propre conviction qu’elles justifient. […] On comprend quelles délicates, on pourrait dire quelles dramatiques fonctions, de telles circonstances assignaient à M. […] Ces vertus ne furent pas la création de la circonstance ; elles ont dû la précéder et s’élaborer par des individualités représentatives.
Il y a pourtant une circonstance qui m’a choqué dans l’histoire de la marquise. […] Ainsi, par exemple, et je choisis cette circonstance entre mille, son héros voyage ; il voyage en compagnie de M. et de madame de Couaën et de leurs enfants. […] Ce fut dans le voyage de Jacquemont une mémorable circonstance dont nous voulons donner le récit complet à nos lecteurs ; aussi les renvoyons-nous à un prochain article. […] C’est ce parfait bon sens de Victor Jacquemont qui le rendait éminemment propre à représenter la France et la jeunesse française dans l’Inde, au temps de cette mémorable circonstance dont nous parlons. […] Deux circonstances lui procurèrent bon accueil.
Quand les circonstances m’ont poussé comme malgré moi sur le grand théâtre, les lettres ont fait dire à tout le monde : « Au moins celui-là sait lire et écrire. […] D’après cela, tout Français qui peut se réclamer de Son Éminence, dans quelque circonstance que ce soit, à son nom seul est respecté.
Parmi ses adversaires les plus maltraités, il en est un surtout avec qui il a engagé un duel à mort très singulier et très remarquable dans ses circonstances. […] [NdA] Cette circonstance de la jeunesse de Gui Patin, dont son dernier biographe paraît vouloir douter, je ne sais pourquoi, est attestée non seulement par Bayle, mais par des contemporains plus directs.
Or, qui deviendrait chancelier de France avec des connaissances d’affaires de l’État pourrait, dans l’âge et les circonstances du règne, devenir premier ministre par la primauté que donne ce ministère. […] La seule vérité historique que je tiens à marquerk, c’est que les deux frères appartiennent à des familles d’hommes politiques toutes différentes et même opposées, l’un étant de ceux qui vont au fond des objets et aspirent à un but réel et constant, l’autre de ceux qui s’en tiennent en tout aux expédients, et s’inspirent uniquement de la circonstance.
Poirson l’a tiré en entier de l’observation directe des circonstances et des actes de son règne. […] Ce livre d’Olivier de Serres, publié en mars 1600 et qui eut cinq éditions en dix ans, a été le livre opportun et de circonstance pour les dix dernières années de Henri IV ; il a eu le même à-propos pour ces saisons de fructueux labeur que la Satyre Ménippée sur la fin des guerres civiles et au début du règne.
Les circonstances politiques étaient déplorables. […] Car comment préparer une chose qui dépendra des circonstances dans lesquelles elle se présentera ?
Catinat s’en fâcha : « Tes lettres cérémonieuses me chagrinent ; comme je les lis toujours de la vue, j’y mets le tu et le toi, à la place du vous ; de bonne foi je ne te ferai plus réponse si tu continues… Tu te moques de moi de penser à m’écrire autrement qu’à l’ordinaire. » Catinat connut bientôt des circonstances particulièrement flatteuses pour lui dans cette nomination du roi, et il les apprit de l’intendant des vivres Bouchu, qui était l’homme de son armée. Bouchu se trouvait dans la chambre du roi au moment où Louis XIV, dans son cabinet, déclara les nouveaux maréchaux, et les personnes qui étaient dans la chambre, c’est-à-dire dans la pièce voisine, en eurent la première nouvelle : ce fut l’archevêque de Paris, M. de Harlay, qui, sortant du cabinet, le dit à Bouchu, et le pria de mander à Catinat cette circonstance que le roi, en lisant au Père de La Chaise et à lui archevêque la liste des sept nouveaux maréchaux, avait dit, en répétant le nom de Catinat : « C’est bien la vertu couronnée !
Il paraît bien qu’après le premier tumulte toute la fin de la lettre avait été entendue assez patiemment ; Robespierre tira de là son exorde : « J’ignore quelle impression a faite sur vos esprits la lettre dont vous venez d’entendre la lecture ; quanta moi, l’Assemblée ne m’a jamais paru autant au-dessus de ses ennemis qu’au moment où je l’ai vue écouter avec une tranquillité si expressive la censure la plus véhémente de sa conduite et de la Révolution… Je ne sais, mais cette lettre me paraît instructive dans un sens bien différent de celui où elle a été écrite… Je suis bien éloigné de vouloir diriger la sévérité, je ne dis pas de l’Assemblée, mais de l’opinion publique, sur un homme qui conserve un grand nom ; je trouve pour lui une excuse suffisante dans une circonstance qu’il vous a rappelée, je veux dire son grand âge. […] Se servir de Raynal comme on le fit en cette circonstance, c’était donc le compromettre sans résultat et l’exposer immanquablement à être traité par la démocratie irritée de bonhomme qui radote et d’esprit qui baisse.
Nous faisions très bonne chère, car suivant les circonstances on ne manquait ni de force pour s’emparer des vivres, ni d’argent pour les payer. […] Ney, qui la veille ignorait, comme Napoléon lui-même, qu’il allait y avoir bataille le 8 février, avait envoyé le 7 au soir au quartier général l’aide de camp Fezensac, pour rendre compte à l’Empereur de sa marche et de l’attaque qu’il poussait vivement contre le général prussien Lestocq : « C’est la plus importante mission que j’aie remplie, nous dit M. de Fezensac, et la plus singulière par ses circonstances ; elle mérite donc d’être racontée avec quelques détails.
On trouvera, dans la seconde partie de la Notice colonel Lecomte, la liste aussi complète que du possible (et elle est difficile à faire complète) de ces divers opuscules de circonstance, mais qui tous sont d’un extrême intérêt, même historique ; il s’y rencontre des faits et des particularités marquées qu’on ne retrouverait pas ailleurs. […] On a beaucoup écrit et discuté depuis sur les circonstances qui ont précédé et amené le désastre de Waterloo : on a peu ajouté à ce que Jomini avait tout d’abord vu, et bien vu, de l’ensemble et des détails de cette rapide campagne.
Ces circonstances collatérales, et le jeu qu’elles pouvaient avoir par contre-coup, sont très-ingénieusement présentés par M. de Saint-Priest. […] sOn peut voir, sur cet édit et sur les circonstances précises, le chap.
L’abus violent qu’on a fait de certains dons, la volonté ambitieuse et bruyante qu’ont marquée certains esprits de conquérir, d’afficher du moins ce qu’ils n’avaient pas naturellement, la perturbation qui s’en est suivie dans les genres les plus graves, bien des circonstances contribuent aujourd’hui à donner un prix tout nouveau et comme un attrait particulier à ces physionomies d’écrivains calmes, modérées, ingénieuses, à ceux qui ont uni l’élévation ou la distinction de l’idée à la discrétion du tour, qui, en innovant quelque peu à leur moment, n’ont détruit ni bouleversé les grandeurs et les vérités existantes, qui se sont mûris à leur tour dans des applications diverses, et ont su imprimer à l’ensemble de leur vie et de leur œuvre la règle souveraine de la bienséance et une noble unité. […] L’un croyait à une nature de choses, l’autre ne croira qu’à des circonstances.
Or, cependant, le point essentiel dans une vie de grand écrivain, de grand poëte, est celui-ci : saisir, embrasser et analyser tout l’homme au moment où, par un concours plus ou moins lent ou facile, son génie, son éducation et les circonstances se sont accordés de telle sorte, qu’il ait enfanté son premier chef-d’œuvre. […] Il ne nous semble même pas impossible que quelque circonstance particulière de son aventure l’ait excité à composer Mélite, quoiqu’on ait peine à voir quel rôle il y pourrait jouer.
Telle est dans une chose l’idée accessoire de la difficulté de l’avoir faite, ou de la personne qui l’a faite, ou du tems où elle a été faite, ou de la maniere dont elle a été faite, ou de quelque autre circonstance qui s’y joint. […] Lorsqu’une chose nous est montrée avec des circonstances ou des accessoires qui l’aggrandissent, cela nous paroit noble : cela se sent sur-tour dans les comparaisons où l’esprit doit toûjours gagner & jamais perdre ; car elles doivent toûjours ajoûter quelque chose, faire voir la chose plus grande, où s’il ne s’agit pas de grandeur, plus fine & plus délicate : mais il faut bien se donner de garde de montrer à l’ame un rapport dans le bas, car elle se le seroit caché si elle l’avoit découvert.
La Science n’est faite que de conventions, et c’est uniquement à cette circonstance qu’elle doit son apparente certitude ; les faits scientifiques, et a fortiori, les lois sont l’œuvre artificielle du savant ; la science ne peut donc rien nous apprendre de la vérité, elle ne peut nous servir que de règle d’action. […] Il ne me servirait à rien d’avoir donné le nom de chute libre aux chutes qui se produisent conformément à la loi de Galilée, si je ne savais d’autre part que, dans telles circonstances, la chute sera probablement libre ou à peu près libre.