Que je voudrais passer quelque temps dans la même ville que tous ! […] je suis habituée à voyager… je ne fais que cela depuis quelque temps. […] Quel dommage qu’il n’existât pas de chemin de fer du temps de Dante. […] Je n’ai pas encore eu le temps de le montrer aux grands artistes. […] Au moins vous ne perdrez pas trop de temps.
… Au fait, ça m’est égal… il n’est plus temps ! […] Barrière, personne, en revanche, n’a mieux attrapé de notre temps les cris de la bête humaine. […] Ce sont là certes de grands avantages à porter à l’actif de notre temps ; mais cette médaille a son revers. […] Les causes de malentendu abonderont, et le temps manquera toujours pour les dissiper. […] Feuillet : elle meurt victime d’une méprise d’esprit, d’une fausse observation que son amant n’a pu réparer ; le temps lui a manqué, et la passion qu’il avait inspirée n’avait pas le temps d’attendre.
Duplessis n’avait cessé de cultiver les lettres dans le sens le plus étendu, et selon un esprit et une méthode qui ne sont plus de ce temps-ci. […] C’était peut-être le plus infatigable et le plus désintéressé lecteur de ce temps-ci, et aussi le plus obligeant pour tous. […] Duplessis, pour obliger un éditeur de sa connaissance, a mis la main à quantité de petits recueils très bien faits, très agréablement assortis et honnêtement récréatifs, publiés la plupart sous le pseudonyme d’Hilaire le Gai. — Il préparait dans les derniers temps une édition des Pensées de La Rochefoucauld, qui doit paraître chez le libraire Jannet119.
L’abbé Jouffroy vint dans le même temps rendre visite à mon oncle, et lui lut dans toute la joie de son cœur une lettre du jeune normalien qui battait des deux mains à la chute du tyran. […] Quant à moi, quelques modifications que le temps ait pu apporter à mes opinions, ce seront toujours à mes yeux des jours néfastes. […] C’était la maladie du temps, et c’est ce qui l’a tué ; moins sages en cela, lui, Lamartine et Victor Hugo, que ne l’a été en 1848 notre bon Béranger.
A l’entendre parler, en sa préface, de l’obscurité fatale qui plane sur l’authenticité des mémoires posthumes en temps de troubles et de factions, ne dirait-on pas qu’elle a craint pour les siens le sort du testament politique d’un fameux cardinal ? […] Enfin, si nous remontons plus haut encore, si nous la suivons au Palais-Royal, dans le monde, nous la verrons sans cesse briguant avec fureur la célébrité, dans un temps où celle-ci était le prix des talents d’éclat, poursuivant tous ces talents, cultivant tous les arts, jusqu’à y trop exceller, transportant le théâtre dans les salons et l’école dans le théâtre, cumulant dans sa tête dévotion, galanterie, sensibilité, pédantisme, en un mot, toutes les inconséquences dont est capable une femme d’esprit, décidée à se créer en toute hâte une existence supérieure et plus que privée. Ce principe de conduite, si constant chez madame de Genlis, quoique se produisant sous des formes si variables, suivant la diversité des temps, dévoile suffisamment, ce me semble, son intention récente.
Bouchor, ce pour quoi nous l’aimons, c’est qu’il a entendu la voix profonde qui conseille au poète, en ce temps, de se ressouvenir des plus anciennes leçons, d’écouter l’enseignement immémorial des mages primitifs, de se pencher au bord des métaphysiques et des religions antiques. […] En ce temps-là, M. […] Nous pouvons nous unir dans une foi profonde : Avant que les trésors du temps nous soient ouverts, Croyons que, dans les flancs du robuste univers, Rien ne peut dessécher les germes de la vie.
Altruisme, socialisme, humanisme, tous les noms grotesques inventés par notre temps pour abaisser, vulgariser, démocratiser la noblesse de l’amour, sont à la mode et font recette. […] À ceux-ci comme à ceux-là, il n’y a rien à dire : ventre affamé et ventre généreux n’ont pas le temps d’entendre. […] Le vrai individualisme, celui qui ne rampe pas sur le ventre, celui qui dans un temps aussi ignoble que le nôtre tenait debout les stoïciens, ignore les préoccupations utilitaires.
Instituant les perspectives de l’espace, ce geste créateur ne parvient à lier les choses entre elles par le mécanisme de la cause, à varier indéfiniment, devant le regard du sujet, le spectacle de la multiplicité des objets qu’en livrant toutes les choses au flux du temps. […] Mais à côté de cette image restreinte, voici, dans l’hypothèse métaphysique que l’on élève, parmi l’univers immobile, l’abolition de toutes les relations infiniment nombreuses que réalisait seul, entre objets et sujets, le mécanisme de la cause par l’intermédiaire du temps, en sorte que, supprimant tout état de conscience, cette hypothèse se montre elle-même inimaginable, la vision qu’elle suscitait s’évanouissant dans l’abîme où elle entraîne avec elle toute existence phénoménale et où s’anéantit toute représentation. […] La réalité objective se voit donc engendrée par la lutte entre ces deux forces opposées : elle dure tout le temps qu’elles se dressent l’une contre l’autre, et, ainsi arcboutées, se soutiennent sans parvenir à se vaincre.
Or, nous demandons pourquoi le Tasse, en peignant des chevaliers, a tracé le modèle du parfait guerrier, tandis qu’Homère, en représentant les hommes des temps héroïques, n’a fait que des espèces de monstres ? […] Le siècle d’Homère s’éloignait déjà de ces premiers temps. […] C’est ce qui fait la beauté des temps chevaleresques, et ce qui leur donne la supériorité, tant sur les siècles héroïques que sur les siècles tout à fait modernes.
Comme le poëte est en droit d’exiger de nous que nous trouvions possible tout ce qui paroissoit possible dans les tems où il met sa scene, et où il transporte en quelque façon ses lecteurs : nous ne pouvons point, par exemple, l’accuser de manquer à la vrai-semblance, en supposant que Diane enleve Iphigenie au moment qu’on alloit la sacrifier, pour la transporter dans la Tauride. L’évenement étoit possible suivant la theologie des grecs de ce tems-là. Après cela, que des personnes plus hardies que moi osent marquer les bornes entre la vrai-semblance et le merveilleux par rapport à chaque genre de poësie, par rapport au tems où l’on suppose que l’évenement est arrivé ; enfin par rapport à la credulité, plus ou moins grande, de ceux pour qui le poëme est composé.
La postérité n’a de temps, de justice et d’entrailles, que pour les grandes œuvres. […] La Bruyère, qui retrouve la grande nature humaine sous le grand costume du xviie siècle, La Bruyère nous fait comprendre son temps autant par son genre de talent, sa manière à lui, que par la peinture qu’il en trace. […] De son temps, on ne peignait plus.
Quelque temps après, un de ses autres collègues des finances, le contrôleur général M. d’Incarville, essaye de faire disparaître quatre-vingt-dix mille écus sur les cinq cent mille ; il ne sait pas que Rosny, depuis un mois, sans en avoir l’air, a pris note de son côté de toutes les dépenses. […] Henri IV, qui savait que « le jugement, l’invention, l’ordre et le ménage » étaient des conditions essentielles à un grand maître, songea à Rosny, et le lui dit, en paraissant regretter que, destiné dans un temps très prochain à la direction absolue de ses finances, il ne pût cumuler les deux charges, dont chacune méritait bien un homme tout entier. […] Porté à la tête des finances dans le temps même où la paix de Vervins (1598) permettait de réduire les dépenses extraordinaires et d’établir un ordre régulier, il s’appliqua à dresser de nouveau un état général sur des bases plus sûres qu’il ne l’avait pu faire jusque-là, et en ne se fiant cette fois qu’à lui-même. […] Ces procédés expéditifs contre les financiers et traitants, intermédiaires entre le roi et le peuple, n’étaient pas neufs, et ils furent souvent renouvelés depuis : Sully les appliqua en toute rigueur avec art et avec suite, et y tint la main tout le temps qu’il fut maître. […] N’oublions pas qu’il y avait trente ans que Sully était sur la scène, et vingt ans qu’il figurait dans les hauts emplois : il n’est pas donné aux hommes de se renouveler à volonté et de s’éterniser. « Le temps des rois est passé, et celui des grands et princes est revenu », c’était le cri universel dans les cabales du Louvre : Sully ne pouvait en être, et il n’était pas en mesure d’en triompher.
C’était, comme le savent tous ceux qui ont lu les mémoires et correspondances de ce temps-là, un composé de vanité, de jactance nobiliaire, de zèle épiscopal, de savoir confus, d’éloquence bizarre et parfois burlesque. […] L’attente de cette réception qui se faisait au Louvre était grande : il n’y avait qu’un petit nombre de places dans ce temps-là pour les auditeurs, elles furent recherchées du plus grand monde de la Cour. […] Leur texte de Dangeau me paraît très bien donné, et on y a joint, par des extraits du Mercure et autres journaux du temps, ce qui peut l’éclairer et le relever à propos sans le surcharger. […] Au milieu des plus heureux traits, il ne se donne pas le temps de mettre sur pied ses phrases. […] [NdA] Voici une lettre burlesque qui courut dans le temps, et par laquelle M. de Noyon était censé se plaindre au roi ; elle paraît être de M. de Coulanges : Lettre de Mgr l’évêque de Noyon sur la harangue de M. l’abbé de Caumartin, président en l’Académie le jour de la réception de cet évêque.
Issu d’une ancienne famille noble, assez peu aisée, qui vivait dans le Midi au château du Cayla, du côté d’Alby ; élevé dans une maison religieuse à Toulouse, puis au collège Stanislas, abrité quelque temps à La Chesnarye en Bretagne, dans le petit monde de M. de Lamennais au moment critique et alors que ce grand et violent esprit couvait déjà « sa séparation » d’avec l’Église, revenu bientôt à Paris et se livrant à la littérature, il mourut avant d’avoir rien publié de remarqué ni d’important. […] Bon gré, mal gré, qu’on le veuille ou non, Guérin reste bien Ce sera son nom dans l’histoire littéraire de ce temps-ci, s’il y obtient un nom distinct, ce que nous espérons bien. […] Sans fortune, ayant plus de physionomie que de beauté, ou même n’ayant pas de beauté du tout (quoique sa vivacité d’expression ne donnât pas le temps de la trouver laide), quand elle se découvre à nous et à son frère Maurice dans son Journal le plus intimé, elle n’a pas moins de vingt-neuf à trente ans, elle semble avoir renoncé au mariage, elle est bien près d’avoir renoncé au monde : c’est une âme vierge et un peu veuve, c’est une âme sœur. […] Comme il faut peu de temps pour cela ! […] Que ce soit la couleur du temps, le loquet d’une porte, un vieux château qu’elle visite, ou l’une quelconque des fêtes et, cérémonies rurales, le baptême ou la fonte d’une cloche, la bénédiction des bestiaux, la messe de Noël où elle se rend en famille à minuit « par des chemins bordés de petits buissons blancs de givre, comme s’ils étaient fleuris », elle trouve sur tous ces thèmes fortuits ou naturels des pensées charmantes, légères et célestes, dignes d’une Cymodocée chrétienne.
On me reproche déjà le choix du sujet de Macbeth comme une chose atroce. « Monsieur Ducis, me dit-on, suspendez quelque temps ces tableaux épouvantables ; vous les reprendrez quand vous voudrez : mais donnez-nous une pièce tendre, dans le goût d’Inès, de Zaïre, une pièce qui fasse couler doucement nos larmes, qui vous concilie enfin les femmes, cette belle moitié de votre auditoire qui entraîne toujours l’autre. […] C’est un de ces hommes comme il y en a eu de tout temps, qui n’ont pas assez de force pour être auteurs, mais qui valent mieux que la plupart des auteurs. […] Songez qu’il n’y a jamais eu de temps en France où le trône ait été entouré de plus d’honnêtes gens : voilà d’abord un bon oreiller pour votre tête. […] Vous êtes encore à temps ; peut-être avant peu n’y serez-vous plus. […] Dites-lui bien que ma grande sagesse est un profond mépris pour ce qu’on appelle la sagesse humaine ; que je n’en fais aucun cas ; que je ne l’ai jamais estimée, et que je me suis aperçu que, les trois quarts du temps, ce n’est qu’une vanité triste et tourmentante.
Cette traduction, qui s’était conservée aux mains d’un de ses amis de ce temps-là, fut brûlée par lui un jour qu’on lui en faisait voir les cahiers quand il était déjà archevêque de Paris. […] Il eut des affaires fort délicates, une entre autres où il se mit au plus mal avec la Cour et avec le cardinal Mazarin : il subit un temps d’exil dans son diocèse. Cette disgrâce dut être pénible à un homme de Cour aussi ambitieux : il n’en répara que mieux ensuite le temps perdu. […] Cependant les malins s’arrangèrent de telle sorte qu’ils lui prirent tout le temps, si court, qui restait pour là préparation ; ils se relayèrent pour lui adresser questions, consultations coup sur coup, pendant toute cette journée de la veille et jusque bien avant dans la nuit. […] On ne verrait que d’honorables contrastes, et tout à l’honneur de notre temps.
tous sans distinction, les plus belles toiles comme les plus médiocres, doivent disparaître dans un temps donné ; la gravure perpétuera la composition et les traits, non les couleurs. […] Au lieu d’appliquer le Quintilien à la peinture, que n’y a-t-on appliqué à temps le Théophile Gautier, sauf à laisser les Quintilien d’alors crier à la confusion des genres, à la corruption du goût et à la décadence ? […] Giselle, qu’il fit pour Carlotta Grisi (1841), et qui a été le plus grand succès de ballet en notre temps, était tiré d’un livre de Henri Heine, l’un des trois ou quatre poètes qui dardèrent le plus en plein sur lui leur rayon. […] Il choisit précisément ce temps d’orage, qui lui laissait plus d’un loisir forcé, pour graver par contraste ses Émaux et Camées (1852), une poésie toute d’art et de délicate transfiguration. […] Jeune, il a aimé à la passion l’époque de Louis XIII ; il l’a fort étudiée, et son volume des Grotesques (1844) renferme une suite de portraits originaux et singuliers de ce temps-là.
L’apparition de pareils talents et de pareils caractères sera peut-être le principal avantage que des temps malheureux auront procuré à la postérité. […] Ajoutez qu’elle part de là tout aussitôt pour prêcher et moraliser : « Arrêtons-nous ici un moment, dit-elle, et que les mères considèrent avec effroi l’étendue de la vigilance qui leur est imposée ; tout conspire contre les tendres dépôts qui leur sont confiés, et la conservation de leur intégrité n’appartient qu’à une rare prudence… » Et voilà toute une leçon de vertu qui commence : il est bien temps ! […] Dauban, devient pour nous un symptôme significatif de l’esprit du temps où l’ouvrage fut d’abord publié, est celle-ci. […] Je suis maintenant femme de ménage avant tout… Voici comme mon temps s’emploie. […] Après dîner, nous demeurons quelque temps tous ensemble ; et moi assez constamment avec ma belle-mère, jusqu’à ce qu’elle ait compagnie : je travaille de l’aiguille durant cet intervalle.
Elle fut éprouvée dans cet intervalle par une vive douleur : le premier Dauphin, tombé depuis quelque temps dans une sorte de rachitisme, mourut le 2 juin 1789 à l’âge de sept ans. […] On n’allait pas sans doute à sa perte d’un train égal et continu : il y avait des instants de calme et de bonace, des temps de répit assez longs ; mais, à chaque crise, on restait à la merci du mouvement fatal. […] « On aurait pu, dit-elle, espérer d’abord que le temps ramènerait les esprits, mais je ne rencontre que de bonnes intentions et pas un courage. » (10 mars 1790.) […] Il est bien temps quand le mal est fait ! […] depuis ce temps-là, nous avons fait bien du chemin.
Il eut un temps de retraite et d’exil. […] Le duc de Noailles n’avait pas, en ce temps, assez d’expressions pour lui témoigner sa reconnaissance. […] les courtisans (je parle de ceux du temps passé, du temps où il y en avait) ! […] Celui-ci s’en aperçut à temps et l’exila. […] Dans la suite, le temps épura son caractère sans corriger tous les défauts de son esprit.
Je vous connais assez, et depuis assez de temps, pour ne pas mettre en doute la sincérité de vos sentiments et de votre attachement à ma personne. ». […] Vers le même temps, le maréchal de Broglie juge à propos d’abandonner et de découvrir le fantôme d’Empereur que soutenait la France, de se retirer de la Bavière et de ramener son armée sur le Rhin. […] On y mit le temps. […] La langue que parlait le grand roi était réellement en accord avec celle que parlaient ou qu’écrivaient de son temps les plus éloquents et les mieux disants des écrivains ; entre l’une et l’autre il y a convenance parfaite et harmonie. […] On peut maintenant se faire une idée complète, ce me semble, du maréchal de Noailles, et donner la véritable définition de ce personnage multiple qui appartient à deux régimes et à deux siècles : un courtisan du temps de Louis XIV, tournant avec les années au citoyen.
Le criminel ne viole la justice que pendant un temps : l’historien du succès la viole, autant qu’il est en lui, pendant toute la postérité. […] C’est le monde romain, ou plutôt c’est le monde humain de son temps, hélas ! et de tous les temps, contracté dans la main puissante d’un homme, et rendant, sous la pression de cette main, son suc, son sens, sa gloire, ses vices, sa honte, ses larmes, son sang, par tous les pores. […] « Si l’immense corps de l’État pouvait subsister et se pondérer seul et sans modérateur, j’étais digne peut-être de recommencer les temps et les institutions de la république ; mais nous en sommes à cette nécessité, que déjà mon âge avancé ne peut plus rien promettre au peuple romain qu’un bon successeur, et ta jeunesse rien autre qu’un bon maître à l’empire. […] Ôtez une seule de ces conditions d’âge, d’expérience, de pratique des comices et des cours, d’étude des lettres antiques, d’élévation au-dessus des partialités des temps, de puissance de tout comprendre, même la vertu, et ce discours n’existerait pas.
A la fin des temps, quand le cercle des chiliasmes sera épuisé, viendra le paradis définitif. […] La victoire de Cyrus sembla quelque temps réaliser tout ce qu’on avait espéré. […] Il n’attacha jamais beaucoup d’importance aux événements politiques de son temps, et il en était probablement mal informé. […] De continuelles séditions excitées par les zélateurs du mosaïsme ne cessèrent en effet, durant tout ce temps, d’agiter Jérusalem 174. […] De tout temps, cette division en deux parties opposées d’intérêt et d’esprit avait été pour la nation hébraïque un principe de fécondité dans l’ordre moral.
Guizot est un des hommes de ce temps-ci qui, de bonne heure et en toute rencontre, ont le plus travaillé, le plus écrit, et sur toutes sortes de sujets, un de ceux dont l’instruction est le plus diverse et le plus vaste, qui savent le plus de langues anciennes et modernes, le plus de belles-lettres, et pourtant ce n’est pas un littérateur proprement dit, dans le sens exact où se définit pour moi ce mot. […] Dans cet arrangement plus ou moins philosophique qu’on lui prête, les déviations, les folies, les ambitions personnelles, les mille accidents bizarres qui la composent et dont ceux qui ont observé leur propre temps savent qu’elle est faite, tout cela disparaît, se néglige, et n’est jugé que peu digne d’entrer en ligne de compte. […] Toutes les causes perdues, qui n’ont pas eu leur représentant ou qui ont été vaincues en définitive, sont déclarées impossibles, nées caduques, et de tout temps vouées à la défaite. […] À travers les interruptions et les intervalles, il y a ceci de commun entre le début de 1826 et la reprise de 1850, qu’il publiait alors cette Histoire comme une leçon donnée au temps présent, et que c’est encore à titre de leçon donnée à notre temps qu’il y revient aujourd’hui. […] Mais ils comprenaient leur temps ; les vues et les efforts de leur politique étaient en harmonie avec ses besoins, avec l’état et le mouvement général des esprits.
Mais il voulut rire de Mirabeau et de ses objections ; rappelant les critiques qu’avaient eu à essuyer de tout temps les entreprises nouvelles : « Quand elles étaient bien amères, disait-il, on les nommait des Philippiques ; peut-être un jour quelque mauvais plaisant coiffera-t-il celles-ci du joli nom de Mirabelles, venant du comte de Mirabeau, qui mirabilia fecit. » Le faiseur de calembours oubliait trop ici à qui il se jouait. […] En 89, il habitait encore la Vieille-Rue-du-Temple ; mais, dès ce temps, il avait son beau jardin et sa maison qu’il faisait bâtir sur le boulevard, à l’angle, en face de la Bastille, et que nous avons tous pu voir dans notre jeunesse. […] Il la revit en 1796 et rentra bientôt après dans sa maison, dans ce joli jardin qu’il avait peuplé de statues, de cénotaphes, de souvenirs, et où il avait mis toutes sortes d’inscriptions selon le goût du temps. […] Nous voudrions, par cette impression, effacer celle que laissent d’autres lettres publiques de Beaumarchais, écrites dans le même temps, et où il s’est oublié, par un dernier retour, à d’indignes irrévérences. […] La famille et les amis ont démenti ce bruit et cette opinion qui avait trouvé dans le temps assez de crédit.
Après avoir hésité entre Suétone et Salluste, et avoir quelque temps songé à les mener de front l’un et l’autre, il se fixa au dernier, non pas seulement pour une édition et une traduction, mais pour une restitution complète des parties détruites et manquantes ; il eut même l’idée d’abord de les rédiger en latin, et, dans tous les cas, comme si c’était Salluste qui se retrouvât tout d’un coup et qui se mît à parler en son nom. […] De Brosses qui, à plus d’un égard, était bien du xviiie siècle, dut à ce retour vers une époque antérieure et vers des sources plus hautes, de n’être point engagé dans les partis et dans les ligues philosophiques de son temps ; il en eut plus de largeur de vues et d’indépendance. […] Amateur déclaré de la science et de son accroissement, zélateur de la gloire de sa patrie et du bien de l’humanité, il procédait, dans ses plans généreux, de la libre impulsion de Bacon, et nullement de l’Encyclopédie ; il était patriote comme on l’eût été encore du temps de Colbert. […] Là-dessus il m’arrêta en me disant que César entendait mieux le dénouement que Molière ; qu’il avait eu l’esprit de se faire tuer au moment du comble de sa gloire, dans le temps qu’il allait peut-être la risquer contre les Parthes, et qu’il était mort la montre à la main. […] Dans un temps où ces provinces s’effaçaient de plus en plus et où il fallait que les hommes éminents fissent acte d’adhésion et d’hommage à la vie de Paris et, pour ainsi dire, à la politesse générale et convenue de la France, il resta hardiment fidèle à sa Bourgogne.
L’esprit est un peu masqué dans ces lettres de Jordan ; en lisant bien, on le retrouve néanmoins, et l’on comprend quelques-unes de ces qualités réelles qui lui attachaient Frédéric : M. de Brackel, écrit Jordan au roi (11 mars 1741), offre de parier contre qui voudra la somme de cent louis que la paix sera faite en trois mois de temps. […] Plus habituellement, il s’entretient avec lui de leurs goûts communs ; dans les intervalles de loisir, le roi continue d’étudier sous sa tente et d’appliquer son esprit à tous les sujets ; mieux vaut, pense-t-il, dans cette courte vie, user soi-même de ses ressorts, « car ils s’usent sans cela inutilement et par le temps, sans que l’on en profite ». […] C’est la Moravie en épigramme. » Dans ces répits que lui laisse l’ennemi, il demande à Jordan des nouvelles de Berlin, et de le tenir au courant de tous les propos et les raisonnements politiques du public, qui lui semblent, la plupart du temps, fort saugrenus. […] Milord Maréchal était durant ce temps gouverneur de Neuchâtel au nom du roi de Prusse, et il s’employa de plus au service du roi dans un voyage de négociation en Espagne. […] C’est un grand sujet d’affliction pour moi ; mais je n’ai pas seulement le temps de le pleurer. » Je ne fais qu’indiquer la lettre sur la mort du maréchal Keith, frère du Milord, tué d’un coup de feu à la bataille de Hochkirch.
Après les excès contraires du Parnasse, la rime en ces derniers temps s’est rénovée ; elle s’adresse d’abord à l’oreille, admettant ainsi des finales jumelles de son, quoique différentes à l’oeil ; elle s’affaiblit même volontiers en assonances qui, par leur nouveauté, sonnent parfois plus haut que les vieilles rimes usées au duo imprévu. […] Dans l’alexandrin ancien, l’accent est toujours en principe à la sixième syllabe ; et, si cet accent principal doit être déplacé, si l’affirmation de la pensée exige un temps fort avant ou après la sixième syllabe, cette sixième syllabe garde néanmoins un accent second. […] Kahn : le vers est un ; il ne comporte pas de césure fixe ; le rythme doit tendre à faire coïncider ses temps forts avec les temps forts de la pensée. […] D’ailleurs de son temps, l’e féminin parlait peut-être encore un peu, surtout dans la déclamation. […] C’est une description de Vérone, écrite au temps où Pépin, fils de Charlemagne, était roi des Lombards211.
Je sais bien qu’en France il fut longtemps plus difficile de discuter le sonnet que la loi de la gravitation universelle, d’attenter aux Trois Unités qu’à la liberté politique ; mais les temps viennent toujours. […] Le tort ne fut point à qui s’avisa qu’une tragédie pouvait gagner à être resserrée en mêmes lieu, temps et espace, mais au pédant qui en fit une règle générale, de même qu’un pédant du drame aurait tort de proscrire une action rapide et vraisemblable en une seule journée. […] En ce temps de centralisation, quand les derniers rameaux de pouvoir féodal qui gênaient les belles allées du pouvoir royal furent ébranchés, en ce temps de Le Nôtre, il fallut, pour toutes choses, un jardinier aux plans rectilignes ; on ne s’occupa nullement, pour donner l’apparat et la noblesse au vers français (cette noblesse, chape de plomb, manteau lourd et sans forme aux épaules de la Muse) que la règle fût juste ; on la rechercha suffisante mais surtout uniforme et majestueuse ; il y eut une flexion sur un jarret pendant un pas majestueux : l’hémistiche ; et cette règle de Boileau est antipoétique, parce qu’elle ne naît pas des besoins du poème, qu’elle découle, fausse, d’une visée sociale. […] Ceci est vrai pour l’évolution de tous les arts en tous les temps. […] C’est l’absence de cette grande œuvre qui nous fait conclure à un léger temps d’arrêt dans le développement de notre poésie ; c’est à dépasser nos limites que nous devons tendre, et quelqu’un trouvera l’argument victorieux à l’objection — soit un livre.
Scribe, le Corneille et le Molière de son temps. […] À Paris, la triste nouvelle ne s’étant répandue que vers quatre heures du soir, peu de personnes ont pu partir à temps pour se rendre à Croissy. […] L’appareil dont on entoure le départ de cette vie lui avait inspiré de tout temps une crainte insurmontable. […] monsieur, je reçois votre triste lettre, mais je n’ai ni le temps ni le courage de répondre à l’appel que vous voulez bien m’adresser. […] Mais Émile Augier était roué aux subtilités du Code et à la « paperasserie » ; il employait tout son temps à la confection de pièces de théâtre, qu’il allait religieusement déposer chez les concierges de la Comédie-Française et de l’Odéon.
Ce sont ces gens-là qui décident à tort et à travers des réputations ; qui ont pensé faire mourir Greuze de douleur et de faim ; qui ont des galeries qui ne leur coûtent guères ; des lumières ou plutôt des prétentions qui ne leur coûtent rien ; qui s’interposent entre l’homme opulent et l’artiste indigent ; qui font payer au talent la protection qu’ils lui accordent ; qui lui ouvrent ou ferment les portes ; qui se servent du besoin qu’il a d’eux pour disposer de son temps ; qui le mettent à contribution ; qui lui arrachent à vil prix ses meilleures productions ; qui sont à l’affût, embusqué derrière son chevalet ; qui l’ont condamné secrètement à la mendicité, pour le tenir esclave et dépendant ; qui prêchent sans cesse la modicité de fortune comme un aiguillon nécessaire à l’artiste et à l’homme de lettres, parce que, si la fortune se réunissait une fois au talent et aux lumières, ils ne seroient plus rien ; qui décrient et ruinent le peintre et le statuaire, s’il a de la hauteur et qu’il dédaigne leur protection ou leur conseil ; qui le gênent, le troublent dans son attelier, par l’importunité de leur présence et l’ineptie de leurs conseils ; qui le découragent, qui l’éteignent, et qui le tiennent, tant qu’ils peuvent dans l’alternative cruelle de sacrifier ou son génie, ou son élevation, ou sa fortune. […] Ne convenez-vous pas que tout être, surtout animé, a ses fonctions, ses passions déterminées dans la vie ; et qu’avec l’exercice et le tems, ces fonctions ont dû répandre sur toute son organisation une altération si marquée quelquefois, qu’elle ferait deviner la fonction ? […] Mais je prétens que ce génie s’est fait attendre et qu’il n’a pu faire lui seul ce qui est l’ouvrage du tems et d’une nation entière. […] Quelques conséquences que vous tirerez bien de là sans que je m’en mêle, c’est l’impossibilité confirmée par l’expérience de tous les tems et de tous les peuples, que les beaux-arts aient chez un même peuple, plusieurs beaux siècles ; c’est que ces principes s’étendent également à l’éloquence, à la poésie et peut-être aux langues. […] On a bien plutôt dit cela est beau ; cela est mauvais ; mais la raison du plaisir ou du dégoût se fait quelquefois attendre, et je suis commandé par un diable d’homme qui ne lui donne pas le tems de venir.
Qui peut contester pourtant que, de tout temps, l’humanité a mis les valeurs artistiques et spéculatives bien au-dessus des valeurs économiques ? […] Il faudrait donc admettre que Dieu, lui aussi, varie dans l’espace comme dans le temps, et à quoi pourrait tenir cette surprenante diversité ? […] Le progrès qu’a fait, dans les temps récents, la théorie de la valeur est précisément d’avoir bien établi la généralité et l’unité de la notion. […] C’est, en effet, dans les moments d’effervescence de ce genre que se sont, de tout temps, constitués les grands idéaux sur lesquels reposent les civilisations. […] Pendant un temps, l’idéal reprend la fraîcheur et la vie de l’actualité, il se rapproche à nouveau du réel, mais il ne tarde pas à s’en différencier de nouveau.
La plupart du temps, ces fameux costumes n’existent plus. […] Ô reine Berthe qui filiez avec vos demoiselles d’atours, que les temps sont changés ! Que les temps sont loin où notre Jeanne d’Arc se faisait gloire de filer « aussi bien que femme de France » ! […] Ils jugent enfin que la science de l’amusement a été de tout temps le plus redoutable ennemi de la gaieté, et ils assurent que ces habitants de la province, qui devraient s’ennuyer d’après tant de romans, sont habituellement d’une plus solide gaieté que beaucoup de Parisiens qui s’amusent. […] Ils croiraient moins à la couleur locale, ils croiraient plus à la dramatique humanité, à l’égalité des âmes et des douleurs, qui fait que le reste est secondaire, le temps, le lieu et toute l’enveloppe de ces âmes.
Mais nous, lorsque tu seras devenu cendre, près de ton bûcher funèbre, nous te pleurerons, et jamais le temps n’effacera ce deuil de notre âme. […] Ce jeune Romain, formé aux deux écoles des Grecs, nourri de la plus belle antiquité comme de la plus fine élégance, et corrigeant Callimaque par Sapho, avait, on peut le croire, une âme meilleure que sa vie et que les mœurs de son temps. […] Il est temps de vous lever et de quitter ce riche banquet. […] Ils ne daignent plus visiter de telles réunions d’hommes, et ne se laissent plus voir dans une pleine lumière182. » Ce triste retour convient au temps où Catulle vécut, ami de Cicéron et amnistié par César. […] Lucrèce, presque seul, fut inspiré et égaré par ces temps affreux, alors qu’il passait du juste mépris d’un culte aussi corrompu que ses adorateurs à la négation d’une Providence qui permettait tant de crimes, et à l’apothéose du plaisir comme seul dédommagement des misères de l’homme.
La paix européenne paraît assurée pour quelque temps. […] Je me range volontiers à l’avis d’Alceste : le temps ne fait rien à l’affaire. […] Seulement ce journal n’est pas venu en son temps. […] Il est doué d’une abnégation bien rare en ce temps-ci. […] Il ne perd pas son temps à supputer les oublis dont il a peuplé sa mémoire.
Alors il vit joyeusement pendant tout le temps que dure le produit de sa poésie ! […] Karr se trouve ainsi à proximité de sauver de temps à autre quelqu’un qui se noie, ou qui ne se noie pas. […] Dans ce temps-là, M. […] Sue affirment que du temps de leur intimité, il mangeait fort abondamment, et comme tous les jeunes gens, sans doute. […] Puis, peu de temps après, les feuilles publiques annoncèrent que le jeune écrivain venait de succomber à une affection cérébrale.
N’est-ce pas un signe des temps que les artistes aient pris à leur compte quelques-uns des préjugés qu’ils ridiculisaient chez nos pères ? […] Mais on sait bien que le temps n’est pas proche où les dossiers rémunérateurs viendront arrondir sa serviette d’avocat. […] le Théâtre… qui est de tous les temps, et le Roman presque entier. […] Un Idéal qui délibérément repousse tout ce qui est de ce temps. […] Mais elles, savent-elles pas s’arrêter à temps pour en dégager une séduction ?
L’absolu serait indépendant de l’espace et du temps. […] Ce sont les idées de temps, d’espace, de substance, de cause et de fin. […] Prenons d’abord le temps et l’espace, notions corrélatives. […] Rien n’établit que de tout temps elle ait été nécessaire. […] Le temps et l’espace, la série des causes et des effets sont finis.
Après les premières stances, il n’insiste plus sur cette seconde beauté préférable ou encore enviable de la maturité ; il accorde que le Temps triomphe, et qu’il renverse les grâces fragiles comme il change et détruit tout ce qui se succède incessamment sur cette scène toujours renouvelée de la nature ou de l’histoire. […] Semblable au vent qui roule une feuille d’automne, On entend le Temps seul, d’une aile monotone, Balayer la cendre des rois ! […] Properce, d’ailleurs, était fait pour tenter un ardent jouteur : admirable poète, un peu obscur, un peu serré, dont le texte a subi sans doute les outrages du temps, mais splendide par places, et qui, là où il se découvre tout entier, laisse éclater la plus belle flamme. […] Notre temps a cela de particulier qu’il impose à bien des hommes qu’on appelle je ne sais pourquoi paresseux, des surcroîts de tâche et de corvée qui eussent honoré des laborieux en d’autres siècles.
De retour dans sa patrie, il est revenu sur ses souvenirs : dans un temps où quiconque a vu est si empressé de dire, à un âge où l’on résiste si peu à l’épanchement d’une première impression, il a su longtemps contenir sa pensée, et l’a mûrie par de grands et consciencieux travaux. […] En ce temps-là, les nègres débarqués au Brésil brisèrent leurs chaînes, se réunirent en république et fondèrent la ville de Palmarès. Ils s’y maintinrent quelque temps libres sous la conduite de Zombé. […] Les soins, le temps ni les dépenses ne furent épargnés à cet acte de dévouement.
Ces temps sont si rapprochés, qu’on pourrait en confondre les dates ; mais l’esprit général de la littérature latine, avant et depuis la perte de la liberté, offre à l’observation des différences remarquables. […] L’imagination, sous quelques rapports, n’a qu’un temps dans chaque pays ; elle précède ordinairement les idées philosophiques ; mais lorsqu’elle les trouve déjà connues et développées, elle fournit sa course avec bien plus d’éclat. […] Mais on se les représente voyant passer la vie, comme ils regardent couler le ruisseau qui rafraîchit leur climat brûlant, et l’on finit presque par leur pardonner d’oublier la morale et la liberté, comme ils laissent échapper le temps et l’existence. […] La manie d’exercer son esprit à froid sur les sentiments du cœur, doit produire partout des résultats à peu près semblables, malgré la différence des temps.
Presque tous les chefs-d’œuvre oratoires et poétiques du temps sont sortis de la petite école des adorateurs de l’antiquité. […] Vers le même temps, la lutte s’engagea sur un autre point : il s’agissait de savoir si l’inscription d’un arc de triomphe dirait la gloire du roi en latin ou en français. […] Enfin, avec une étonnante sûreté de goût, il faisait le départ des œuvres immortelles du xviie siècle ; il séparait les Molières des Sarrasins : il disait, pour faire valoir son temps, précisément les noms que nous disons encore. […] Et les gens du monde n’hésiteront pas : ils reconnaîtront dans ces modernes leurs préjugés, leur esprit, leur confiance dans la raison de leur temps et de leur classe, leur penchant à ridiculiser tout ce qui n’est pas conforme à leurs manières et accessible à leur intelligence, leur incapacité artistique, leur impuissance à goûter d’autres beautés que celles de l’esprit de conversation et de la vie élégante.
Comme le latin en ce temps-là est beaucoup plus écrit que parlé, comme ils consultent leurs yeux plutôt que leurs oreilles, la forme qui se rapproche le plus visiblement de la forme ancienne est celle qui se présente le plus aisément à leur pensée. […] Nous tenons un des facteurs étrangers qui ont modifié en ce temps-là l’évolution de la pensée française. […] Il regarde autour de la France d’alors dans l’espace et dans le temps. […] Il sait que ce fut l’âge d’or de la société polie ; qu’en ce temps-là la vie mondaine fut l’idéal de tout ce qui comptait alors parmi les hommes ; que les jardins mêmes étaient des salons ; que les philosophes prouvaient l’existence de la matière par celle de la pensée ; que les poètes, acharnés à peindre l’âme humaine civilisée, laissaient à peine tomber quelques regards distraits sur la nature environnante.
le Clerc qui enfantoit en même tems quantité d’autres ouvrages, & sur toutes sortes de matieres, fit encore paroître la Bibliothèque ancienne & moderne, qu’il continua jusqu’à ce qu’affoibli par l’âge il fut obligé de quitter la plume. […] On y trouvoit des extraits très-bien faits ; mais pendant un certain tems les controverses du Jansénisme & du Molinisme y entroient pour beaucoup. […] Il fut supprimé peu de tems après. […] Le Mercure de France, si vilipendé par la Bruyere, auroit eu son estime, s’il avoit été fait de son tems avec le même soin qu’aujourdhui.
Les spectateurs et les acteurs sont d’autant plus à plaindre aujourd’hui, que les spectateurs sentent aussi-bien les fautes des acteurs que si l’art de la declamation existoit encore tel qu’il étoit aux temps de Quintilien, quoique les acteurs ne puissent plus s’aider de cet art qui est peri. […] On va voir même dans Ciceron que parmi ceux qui sifloient les acteurs de son temps dès qu’ils manquoient à la mesure, il y avoit un petit nombre de personnes qui sçussent l’art et qui eussent pû dire précisement en quoi la faute consistoit. […] Ces personnes alleguent comme une preuve de ce qu’elles disent que la representation des opera de Lulli dure aujourd’hui plus long-temps que lorsqu’il les faisoit executer lui-même, quoi qu’à present elle dut durer moins de temps, parce qu’on n’y repete plus bien des airs de violon que Lulli faisoit jouer deux fois. […] Peut-être même regretteront-ils qu’il n’y ait pas eu un pareil art quand ils étoient encore dans la jeunesse, temps où l’on apprend à operer facilement, suivant une certaine methode.
Eh bien, ce sont les souvenirs de cette lointaine et première époque de sa vie que Vaultier avait écrits avec un détachement de tout, avec une absence de prétention si rare, que cela est presque de l’originalité dans ce temps où les grenouilles de l’individualisme crèvent dans tous les livres pour se donner des airs de bœuf insupportable ! […] Ils ne sont pas de ces Mémoires si chers en tout temps à la vanité française, mais plus que jamais à une époque d’importance personnelle où chaque circonférence se croit centre et où l’amour-propre vous prend familièrement le genou en vous disant : « Écoutez-moi ! […] — Or, cette troupe avait dû se disperser et s’enfuir jusqu’à Nantes, dans le temps où NOUS-MÊME (superbe !) […] Pendant tout le temps que dura la Révolution, toutes les villes, Lyon excepté, qui eut du moins le mérite de l’horreur (et nous ne parlons pas de la Vendée, cette guerre de géants, comme disait l’Empereur), toutes les villes se conduisirent à peu près de la même manière.
Il est des réputations qui finissent par prendre, au bout d’un certain temps, la solidité de la gloire, et qu’il est difficile d’entamer. […] C’étaient les seules gazettes du temps. […] dans le temps une autre Religieuse, plus complète en désordre, en impiétés, en horreurs de toutes sortes, l’épouvantable Religieuse de Diderot, qui, du moins, est un affreux chef-d’œuvre, et pour laquelle le talent de l’exécution a dû se montrer au moins l’égal de la scélératesse de la pensée ? […] Là est le secret, sans nul doute, de leur admiration posthume pour une production misérable sur laquelle le flot du temps n’aurait pas dû impunément passer.
Dans ce temps si pauvre d’invention et… d’autre chose, on fait volontiers avec ses œuvres ce que le Gascon fait avec sa cravate, quand il n’en a pas de rechange, ce qui s’appelle même, je crois, la lessive du Gascon : il la retourne. […] Le Racine fils du romantisme, plus heureux que l’autre, qui n’osa pas toucher aux tragédies, est arrivé au bruit par le drame, comme son père… Cela parut naturel et presque juste… En fait de théâtre, Alexandre Dumas fils est tellement né là-dedans, il est tellement l’enfant de cette balle, et le théâtre de ces derniers temps doit tant à son père, que ce théâtre semblait comme tenu de le faire réussir… Il n’y a pas manqué. […] D’un autre côté, la Critique pourrait admettre encore que si Alexandre Dumas fils n’avait pas cette puissance de détails qu’ont les grands inventeurs dans l’ordre du roman comme Balzac, il était bien capable — lui qui passe pour l’esprit le plus dramatique de notre temps quand il s’agit de mettre en œuvre une idée quelconque, lui qui fait de l’arrangement d’un drame une espèce de création, lui, enfin, l’orthopédiste dramatique qui redresse les enfants mal venus, mal bâtis, bossus ou bancroches, et qui dernièrement a failli faire de ce talent-là une industrie, — de tailler quelque chose de grand, de profond et de nouveau, dans l’idée commune de son roman que lui ont soufflée ses habitudes de théâtre, et de se rattraper de son impuissance radicale de romancier sur son habileté de grand poète dramatique, puisqu’on dit qu’il l’est ? […] Où, en effet, Antony poussait un cri de révolte contre un état de l’opinion dont on ne souffrait plus grand-chose déjà de son temps, Pierre Clémenceau écrit, du nôtre, des fragments de traité contre cet état entièrement assourdi et apaisé de l’opinion dont on ne souffre plus du tout.
Selon nous, Dupont-White a la qualité la plus rare dans ce temps d’énervés : il a du muscle dans la pensée, et il nous paraissait en avoir assez pour vaincre les sottises de son temps et se dépêtrer de ce chaos. […] Alors il aurait vu nettement, et aurait pu nous dire, ce que c’est que le pouvoir, qui surnage dans les temps de crise et qui sort indéfectiblement d’un fourreau d’épée. […] Eh bien, aujourd’hui comme alors, il continue opiniâtrement de ne voir jamais que les deux extrêmes en présence — l’élu triomphant du jour, quel qu’il soit, et l’anarchie des grandes cités, sans autre contrat entre eux que les éventualités de ce suffrage encore plus individuel qu’universel, et dont l’homme d’État des temps futurs fécondera un jour le principe !
Heine ne mourut qu’à quelque temps de là. […] Dans ce livre de vers qu’il a appelés Les Hirondelles, pour exprimer la fidélité au retour de la même pensée, il a été positivement le Voyant d’une patrie qui n’est plus, et, en pleine Allemagne du xixe siècle, il a repris le chant, interrompu par plusieurs milliers d’années, des Hébreux exilés sur les bords des fleuves de Babylone ; seulement les exilés, à Babylone, avaient connu ce qu’ils chantaient et pressé sur leur cœur ce qu’on n’emporte point à la semelle de ses souliers ; tandis que lui, Wihl, l’exilé séculaire, à distance, dans le temps et dans l’espace, de cette patrie tuée et dont il n’a pas même vu le cadavre, a ajouté à la nostalgie fiévreuse de l’exil ce qui l’aurait diminuée s’il avait été moins poète : — l’envenimement de dix-huit siècles. […] — Les Hirondelles, Les Dieux scandinaves, La Reine de Madagascar, voilà le bagage poétique de Louis Wihl, auquel il faut ajouter le poème intitulé Le Mendiant pour la Pologne 36, et quelques poésies comme celle, par exemple, adressée à Victor Hugo… Ce n’est pas là un bagage immense dans ce temps de ballots et de quintaux littéraires, où nous sommes tous plus ou moins les portefaix de nos œuvres. […] Adam Mickiewicz, dans son temps, a été plus heureux… Mais si, dans le sien, Duruy, l’homme des initiatives, mais que j’estime, moi, pour ce crâne amour des initiatives, en prenait une généreuse vis-à-vis de Louis Wihl, qui a besoin de Paris pour ses travaux, Duruy honorerait également le talent, le malheur et son ministère… 33.
Et, en effet, Paul Meurice vaut bien, après tout, la plupart des romanciers de ce temps ; et de talent il était bien capable de nous dresser en pied un Césara grandiose qui aurait été un double héros, tout à la fois le héros de la vie publique et celui de la vie privée. […] Voilà que dès les premières pages de son roman Paul Meurice, asservi aux folles idées de sa préface, nous peint son immense Césara, son « Chevalier de l’Esprit », son homme d’État des temps futurs et qui s’est dévoué à en devancer et à en préparer l’heure, couché sur un canapé, à quarante-cinq ans, — l’âge d’Arnolphe dans la comédie, — avec la chanteuse Miriam, sa maîtresse, qu’il tient par la nuque, « sous ses boucles brunes », et à laquelle il débite toutes les puérilités de l’amour qui nous semblent si bêtes après quarante ans ! […] Tous les révolutionnaires de ce temps qui, comme l’auteur de Césara, ont déclaré une guerre implacable à cette religion du passé qui s’appelle le Christianisme, ne savent pas, ne sentent pas qu’ils sont plus chrétiens qu’ils ne pensent. […] … Les hommes des temps et des progrès futurs ne sont que les hommes dévoyés du passé.
Dans ces premiers temps on loua la divinité au lever du soleil ; c’était une espèce de création nouvelle qui rendait l’univers à l’homme. […] Ainsi, nous voyons par l’histoire que c’est surtout dans le temps des épidémies et des guerres, lorsque de grandes batailles étaient perdues, lorsque la peste faisait périr les citoyens par milliers, lorsque le peuple croyait voir pendant la nuit un spectre pâle et terrible répandre la désolation sur ses murs ; c’était alors que les prêtres dans les temples et aux pieds des autels, entourés d’un peuple nombreux, élevant tous ensemble leurs mains vers le ciel, composaient et chantaient de nouvelles hymnes. Dans ces temps d’effroi, les hymnes durent être animées par l’imagination et respirer l’enthousiasme ; car l’homme aux prises avec la nature conçoit des idées plus grandes par la vue de sa faiblesse même ; alors tout s’exagère à ses yeux ; ses expressions s’élèvent avec ses idées, il peint tout avec force, il emprunte de toute la nature des images pour louer celui à qui la nature est soumise. […] une fête établie pour la révolution des siècles, l’idée de la divinité pour qui tous les siècles ensemble ne sont qu’un moment, la faiblesse de l’homme que le temps entraîne, ses travaux qui lui survivent un instant pour tomber ensuite, les générations qui se succèdent et qui se perdent, les malheurs et les crimes qui avaient marqué dans Rome le siècle qui venait de s’écouler, les vœux pour le bonheur du siècle qui allait naître ; il semble que toutes ces idées auraient dû fournir à un poète tel qu’Horace, une hymne pleine de chaleur et d’éloquence ; mais plus un peuple est civilisé, moins ses hymnes doivent avoir et ont en effet d’enthousiasme.
[Le Temps (1870).] […] [Le Temps (24 juin 1872).] […] [Le Temps (mars 1877).] […] [Le Temps (20 novembre 1889).] […] [Le Temps (29 décembre 1893).]
Elle ne peut se prolonger un peu loin dans le temps et dans l’espace qu’en se défigurant, en s’altérant au contact de tous les êtres différents qu’elle traverse. […] Ce qu’il est à la mode de nous recommander, depuis quelque temps, c’est plutôt l’élan, et c’est la volonté. […] Il saura que la part à faire au moi et au nous varie selon les individus, les temps et les circonstances. […] Leurs rapports sont affaire de temps, de milieux, d’individus. […] Il prendra son parti dans les cas qui se présenteront, en tâchant de comprendre ses propres désirs et ses aptitudes, ceux aussi de son temps et de son milieu.
Eh bien, nous, qui ne savons pas faire cette expression omni-artistique, et qui, de long temps, ne le saurons ! […] La certitude de n’être impliqué, lui ni personne de ce temps, dans aucune entreprise pareille, l’affranchit de toute restriction apportée à son rêve par le sentiment d’une impéritie et par l’écart des faits. […] Avec une piété antérieure, un public, pour la seconde fois depuis les temps, hellénique d’abord, maintenant germain, jouit d’assister au secret représenté de ses origines. […] À moins que cette Fable, vierge de tout, lieu, temps et personne sus, ne se dévoile empruntée au sens latent de la présence d’un peuple, celle inscrite sur la page des Cieux et dont l’Histoire même n’est que l’interprétation, vaine, c’est-à-dire un Poème, l’Ode. […] En ce temps-là — que c’est loin, il y a sept années !
Il exige tout son temps, toute sa pensée, et, pour arriver à cela, il lui impose de petits devoirs matériels, comme de la forcer à se lever, tous les matins, pour lui écrire des lettres de sept ou huit pages. […] Peut-être, en ce temps, l’usage en est-il sans discrétion ? […] Les générations de notre temps sont trop civilisées, trop vieilles, trop amoureuses du factice et de l’artificiel pour être amusées par le vert de la terre et le bleu du ciel. […] * * * — Opération césarienne faite ces temps-ci, à la Maternité, par Mme Charrier, sur une naine qui avait voulu avoir un enfant du géant de la troupe. […] Certaines pudeurs sont des questions de mode et de temps.
— Je ne lui dis pas cela tout à fait, car j’aurais été peut-être moins touchant que mademoiselle Mars ; — Mais, lui dis-je vous prenez mal votre temps pour m’interrompre ! […] — C’est Molière lui-même qui éveille sa troupe, car en ce temps-là il était comédien, il était directeur de comédiens, il était poète,-il était courtisan, il était amoureux, il était jaloux, il aimait sa gloire comme il aimait sa femme. […] Autour de ces heureux parvenus de la poésie, se faisait toute la comédie de leur temps. […] Il n’y avait pas jusqu’à cette position exceptionnelle d’excommuniés, dans ce temps de terreur religieuse, qui ne tournât au profit de ces messieurs et de ces dames. […] Elle était ainsi la femme déclassée, et l’on dirait que Pascal lui-même a voulu tracer le portrait de cette créature malheureuse : « Le peu de temps qui lui reste l’incommode si fort et l’embarrasse si étrangement, qu’elle n’essaye qu’à le perdre : ce lui est une peine insupportable de vivre avec soi et de penser à soi ; ainsi, tout son soin est de s’oublier soi-même et de laisser couler ce temps, si précieux et si court, sans réflexion, en s’occupant de choses qui l’empêchent d’y penser.
Les temps du naturalisme sont venus ; une voix a été entendue annonçant que le règne des faux dieux était passé et que le grand Pan est mort. […] Ensuite il a trouvé force gens qui l’ont pris comme il se donnait ; si le temps était encore au martyre, il se pourrait qu’il trouvât des martyrs. […] Tout au contraire ; il est né sermonnaire et, depuis quelque temps surtout, il ne perd aucune occasion de prêcher. […] Les romantiques eux aussi avaient en leur temps la prétention de représenter l’humanité, et leurs admirateurs pensaient qu’ils y avaient réussi. […] On peut continuer quelque temps encore avant d’avoir épuisé la série des corps de métiers.
Je n’irai plus de quelque temps. […] Qu’était-elle devenue depuis ce temps ? […] Autres temps, autres monstres. […] Combien de temps se passa ? […] quel est le temps ?
On rend tout le temps hommage à M. […] C’est très probablement ce qui s’est vu de mieux depuis les temps de l’ancienne Rome. […] ma cousine, nous vivons dans des temps sévères. […] Pendant ce temps-là, les femmes, l’air innocent et modeste, préparent le dîner. […] Mais ils ont été très perfectionnés dans ces derniers temps.
Lancelot, selon eux, portait en tout temps, hiver et été, sur la tête, un chapelet de rosés fraîches, excepté le vendredi et les vigiles des grandes fêtes. […] Bernardin, dans ses voyages, avait toujours beaucoup écrit ; il composait des mémoires pour les bureaux, il rédigeait des journaux pour lui ; arts, morale, géographie, affaires du temps, il tenait compte de tout. […] temps d’ivresse et de bonheur qui s’est écoulé comme un songe ! […] Tout le temps de son séjour dans la rue de la Madeleine-Saint-Honoré, à l’hôtel Bourbon, et plus tard dans la rue Neuve-Saint-Étienne, maison de M. […] Bernardin ne fit qu’une séance d’ouverture, et ajourna ses leçons pour avoir le temps de les écrire62.
— Il y a de nouveau, lui disais-je selon les temps, que nos amis les Bourbons de la branche aînée, chassés du trône par l’inconstance du peuple et par l’infidélité de leur maison, vont errer à travers l’Europe deux fois victimes. […] La fédération des puissances italiques, avec des institutions représentatives, était le mot vrai de la situation dans la Péninsule ; il n’a pas été prononcé à temps. […] M. de Chateaubriand imita peu de temps après les oppositions qu’il avait rudement invectivées dans le ministre le plus brillant, mais le plus illogique, de la Grande-Bretagne. […] La politique de la Restauration, entre autres, est une justice sévèrement rendue à la haute pensée de Louis XVIII, le vrai roi de la liberté moderne, compatible avec la démocratie, vraie pensée du temps. […] Nous restâmes entièrement seuls pendant tout ce temps, et je n’ai tracé ici que le résumé de nos entretiens.
Si nous étions au temps des Romains, où le suicide était religieux et honorable aux hommes politiques malheureux, je me tirerais d’affaire comme un lâche, en fuyant dans un autre monde ; mais cette fuite serait une improbité envers le sort. […] — N’en parlons pas, répondis-je, le temps approche où tout me sera ravi ; mais je montrerai au moins que j’ai assez travaillé pour que personne ne puisse m’accuser de sa ruine. […] Il le fit, et nous n’en savions rien quand nous nous mîmes à table, qu’il était plus de deux heures, pour déjeuner ; mais le temps ne nous avait pas paru long. […] Nous y arrivâmes en peu de temps ; elles nous firent leurs adieux et nous leur promîmes de venir par le même chemin le surlendemain soir reprendre nos lits et notre nourriture chez elles. […] Nous vous conduirons sans vous perdre et en peu de temps au village.
Prenons courage : nos peines, nos douleurs ne sont que pour un temps limité par sa providence, et la récompense sera éternelle. […] Le temps pressait ; on résolut de tout oser. […] J’avais quinze ans et demi ; nous n’eûmes pas le temps de la réflexion. […] oui, du temps de M. […] Au bout de quelque temps, une chose tout à fait inconnue m’était révélée.
Le temps lui manqua pour douter. […] C’est à jamais le plus beau jugement des temps modernes sur l’antiquité. […] Il avait pris de Duverney, un très habile anatomiste du temps, les leçons d’anatomie qu’il transmettait au dauphin. […] Si l’on n’est point persuadé, ce n’est pas que la chose qu’on lit, au moment où on la lit, paraisse fausse, ni qu’on soit choqué par un sophisme ou troublé par une subtilité ; on garde son doute, parce que la raison d’un temps n’est pas toujours celle de tous les temps. […] J’ai indiqué sur quels points le temps, qui est le champ dans lequel Dieu travaille, a donné tort à Bossuet.
N’est-ce pas tout ce qu’il faut resservir à l’égard d’un volume de vers en ces temps affadis ? […] Pierre Dupont, qu’il est temps de revendiquer, tant même l’élite est ingrate ! […] Au bout d’efforts sans nombre et d’un temps infini, je m’aperçus que faucille à son tour ne pouvait absolument pas disparaître. […] Même il fit dans ces temps-là, avec Beauclair, un petit volume qui obtint un succès retentissant. […] en son temps, une manière rudimentaire de Poète Maudit.
Pendant tout ce temps, la belle suivante restait avec sa mère dans la chambre voisine, occupée, soit à la lecture, soit à la broderie, soit au travail de l’aiguille, afin d’être toujours prête à venir au premier coup de sonnette. […] Je finis par sonner moins souvent et par me passer de ses services pour ne pas me distraire et ne pas perdre mon temps à la contempler. […] … » « Quelque temps après cet événement, Mozart fut assez gravement malade. […] Quoique les musiciens n’eussent pas eu le temps de répéter l’ouverture, conduits par un chef habile, Strobach, ils l’exécutèrent à première vue avec une telle précision, que l’assemblée éclata en transports d’enthousiasme. […] Ce petit défi de beauté rappela la bonne humeur, on demeura encore quelque temps ensemble ; à la fin, ils sortirent tous et toutes pour me laisser la liberté de m’habiller.
C’est Carril, le chantre des temps passés. […] Les héros des temps anciens ne sont plus et leur renommée a péri avec eux. […] Ta force, mon cher Oscar, a-t-elle résisté au temps ? […] Durant tout ce temps, l’homme de douleur a vécu seul dans sa caverne. […] La douleur, la gloire et la guerre étaient devenues les muses sévères de ce temps.
Le roman Pour une partie du public français, le roman constitue l’unique production littéraire de notre temps. […] Pierre Louÿs osa publier en feuilleton un roman hors du temps et de la réalité. […] D’ailleurs, les femmes ont de tout temps envahi la littérature. […] Il le fait d’ailleurs avec autorité, et son style, qui semble s’être allégé ces temps derniers, n’a jamais manqué de force. […] Jules Claretie a dit de lui dans le Temps : « J’avais vu couronner ce jeune homme au Concours Général.
Il vient un tems où la liberté du ton ne pouvant plus rendre les mœurs suspectes, nous ne balançons pas à préférer l’expression cinique qui est toujours la plus simple. […] Je ne scais quel pape demanda à son camérier quel tems il faisoit. […] On n’ose pas seulement leur dire qu’il pleut, quand ils veulent du beau tems. […] Il n’y a sur le papier ni unité de tems, ni unité de lieu, ni unité d’action. […] On dit que le tems peint les beaux tableaux.
Un Européen, qui, dans ce temps-là, tombait d’Erzeroum à Tauris, à Comon, à Ispahan, en passant par les ruines de Persépolis, croyait voyager à travers l’espace inconnu sur l’aile des miracles. […] Ils ne sauraient garder de l’argent, et quelque fortune qui leur arrive, ils dépensent tout en très-peu de temps. […] Depuis ce temps jusqu’à l’an 1672, il en est arrivé cent autres en ces mêmes pays, toutes pleines de turpitudes et d’inhumanité. […] C’était une affaire que d’acheter une poignée de grain et une livre de viande ; j’essuyais dans mon four toutes les injures du temps, comme en rase campagne. […] Presque tous les grands du temps du feu roi étaient ou morts ou disgraciés.
Vous éprouveriez un violent supplice à voir expirer votre amie ; au bout de quelque temps votre mélancolie vous conduirait vers sa tombe et vous vous y asseieriez. […] Nous y serions encore demain, et tandis que nous passerions assez agréablement notre temps, vos disciples perdraient le leur. — Un mot seulement. […] Qui sait le temps que je passai dans cet état d’enchantement ? […] Mon secret m’est échappé et il n’est plus temps de recourir après. […] Je mettrais à tout ce système plus de vraisemblance et de clarté, si j’en avais le temps.
Publiciste plein de verve, et homme politique encore plus zélé qu’ambitieux, il ne se considérait dans les lettres proprement dites que comme un amateur, et son désir, son effort, dans les derniers temps, et quand des loisirs lui furent imposés par les circonstances, c’eût été de conquérir, en perfectionnant un de ses anciens livres, ce rang d’auteur durable dont il sentait tout le prix. […] Lebrun « le plus jeune des poètes du premier empire. » Il a gardé, des temps où il a préludé, l’habitude d’un art sérieux, noble, et qui se respecte toujours ; il y a introduit, dans une seconde époque, une veine de franchise et de naturel qui, en ce temps-là, était neuve encore ; il a été novateur avec frugalité.
Descartes est revenu établir une philosophie régulière et organique qui a marché assez bien de concert avec la religion de son temps. […] … Pour nous, il nous semble que ce second cartésianisme restauré et artificiel, qui voudrait donner le bras aux stoïques comme du temps de Bossuet, ne serait en réalité qu’un compagnon habile qui, tout en respectant l’autre, finirait (j’en demande bien pardon) par. le dévaliser. […] Au bout de quelque temps de ce voyage entre bons amis, le catholicisme se trouverait fort dépourvu et amoindri : il le sent, aussi n’accepte-t-il pas les avances, et il tire à boulets contre l’ennemi qui a beau se pavoiser de ses plus pacifiques couleurs.
La plupart des comédies d’Aristophane étaient relatives aux événements de son temps. […] L’art comique, tel qu’il était du temps des Grecs, ne pouvait se passer d’allusions : on n’avait pas assez approfondi le cœur humain dans ses passions secrètes, pour intéresser seulement en les peignant ; mais il était très aisé de plaire au peuple en tournant ses chefs en dérision. […] Aristophane n’a composé que des pièces de circonstance, parce que les Grecs étaient extrêmement loin de la profondeur philosophique, qui permet de concevoir une comédie de caractère, une comédie qui intéresse l’homme de tous les pays et de tous les temps.
Ces préventions qu’ils répandent dans le monde, ont leur effet durant un temps. En second lieu, le public prévenu en faveur du discernement des gens du métier, pense durant un temps qu’ils aïent meilleure vûë que lui. […] La profession de l’art en impose même tellement à bien des personnes, qu’elles étouffent du moins durant un temps leur propre sentiment pour adopter l’avis des gens du métier.
Il faut penser lentement ; il faut lire lentement ; il faut penser avec circonspection sans donner à grand’erre dans sa pensée et en se faisant sans cesse des objections ; il faut lire avec circonspection et en faisant constamment des objections à l’auteur ; cependant il faut d’abord s’abandonner au train de sa pensée et ne revenir qu’après un certain temps à la discuter, sans quoi l’on ne penserait pas du tout ; il faut faire confiance provisoire à son auteur et ne lui faire des objections qu’après qu’on s’est assuré qu’on l’a bien compris ; mais alors, lui faire toutes celles qui nous viennent à l’esprit et examiner attentivement et s’il n’y a pas répondu, et ce qu’il pourrait y répondre. […] On a dit qu’il ne trompe pas ; j’ai montré qu’il trompe souvent, puisque, par notre faute, à la vérité, il ne paraît pas du tout le même au bout d’un certain temps et nous déçoit. […] Comme il n’était pas un grand humaniste, il avait, pour en arriver sans grand effort à lire les auteurs des temps les plus reculés de la langue de France, adopté le procédé suivant.
Un frotteur venait de temps en temps, mais il avait vraiment bien peu à faire, tellement tout était entretenu, luisant et irréprochable. […] Il avait bien le temps de s’occuper d’une schabraque comme moi ! […] C’était là qu’on m’enfermait, quand je n’avais pas été sage et qu’on pouvait me saisir à temps. […] Il y en avait en voile blanc, qui couraient partout, puis elles s’en allèrent encore, et le temps passa. […] Elle partit en courant et, après un temps assez long, revint, mais sans rien rapporter.
De tout temps, le phénomène esthétique a attiré l’attention des philosophes. […] De tout temps, au fond, ç’a été l’essence même de l’Art. […] Il suffît de savoir que suivant une tradition d’école, du temps de Bach la mesure à quatre temps, 4/4, était considérée comme la mesure normale, et que le mouvement de ce 4/4 correspondait aux battements du pouls. […] Les timorés sont de tous les temps et ils n’ont manqué à aucune époque de transition. […] Du temps de Hændel il ne serait pas devenu notre Beethoven.
Celle-là aussi, elle est de tous les temps. […] Vous dites qu’il en est question tout le temps. […] Mais je n’ai plus le temps de vous les dire. […] j’étais jeune, et ce temps est passé. […] Au reste, le temps manque pour réfléchir.
Il apparaît dès aujourd’hui le vrai classique, et dont le temps ne fait que commencer encore. […] Albert Carré puissent être prises pour de l’art, c’est un signe des temps — temps bientôt révolus, nous l’espérons. […] Il est grand temps que le ballet se virilise. […] Moréas n’est pas de notre temps. […] Non seulement Racine surmonte l’élégie, mais il surmonte son milieu et son temps.
Ne trouverait-elle point, comme Mme Ruisch, que, pendant un temps si pluvieux où l’on ne sait que faire, il faudrait, pour s’amuser, se marier un peu ? […] Nous avons marché quelque temps sans parler. […] Le comte Max attendri et Mlle de La Prise émue ont parlé quelque temps de moi avec bienveillance. […] Le piquant, c’est que dans le temps, à Genève, on crut reconnaître l’original de M. et de Mme de Bompré ; en fait de roman, on y entend peu la raillerie. […] Au retour de ses voyages et son éducation terminée, il vit Mme de Charrière et s’attacha quelque temps à elle, qui surtout l’aima.
Où ne l’entendez-vous pas sous ce qu’on a appelé de tout temps l’harmonie chantante des sphères ou le grand concert de la création ? […] Le lendemain on nous remit au 13, parce que le 12, fête de saint Maximilien, était jour de gala et qu’on voulait avoir le temps d’entendre les enfants tout à l’aise. […] Aujourd’hui encore je n’ai que le temps de vous dire que Leurs Majestés nous ont reçus avec une faveur si extraordinaire qu’un récit détaillé vous paraîtrait fabuleux. […] Mon unique récréation est dans les cabrioles que je me permets de temps à autre. […] Ils y jouissent quelque temps de leur félicité domestique dans une indigence que la gloire n’a pas encore adoucie.
C’est une superstition hébétée du peuple, digne des aruspices de Rome au temps des augures. […] Thiers, l’annaliste le plus scrupuleux et le plus complet des temps modernes, il faut contempler le tableau vivant avec les portraits historiques de toutes ces négociations du consulat. […] Quel temps que celui où la force des révolutions était dirigée, sous la main de M. de Talleyrand, par l’esprit conservateur des traditions de l’Europe ! […] Que la Providence nous assiste ; en tout temps, voyez-vous, les choses se personnifient dans un homme ; et cet homme n’est plus un homme : il devient une puissance divine de destruction ou de conservation pour tout un monde. […] Peu de temps après, il se retira pour toujours des affaires actives, se bornant, dans son magnifique loisir, à rechercher le commerce des hautes intelligences de tous les temps, à mépriser, avec une légitime insolence, la foule incapable de le comprendre, et à donner gratuitement des conseils aux rois, quand ils lui en demandaient.
Il est tems de venir à présent aux traductions du Poëte Grec. […] Croiroit-on que dans le tems de la fureur du burlesque, Ovide fut habillé de ces guenilles du mauvais goût. […] Cette ridicule platitude plut dans le tems. […] Juvenal avoit étudié les mœurs de son tems dans l’école du monde ; le P. […] En revenant de Pologne il s’arrêta quelque tems en Hollande.
Plus on a d’esprit, plus on est mécontent de ce qu’on en a ; j’en appelle aux gens d’esprit de tous les temps et de toutes les nations. […] Malheur à tout ouvrage dont l’auteur ne cherche qu’à passer son temps, ou à obtenir cinq ou six suffrages déjà assurés avant la lecture. […] Qu’est-ce qui a mis durant quelque temps les géomètres si fort à la mode parmi nous ? […] Peut-être aussi cet heureux temps ne reviendra-t-il jamais. […] Corneille, pour la consolation des grands génies qui le suivront, a été constamment persécuté par presque tous les amateurs de son temps, dont Scudéri et Boisrobert étaient les héros.
N’est-ce pas là une basse condescendance pour l’esprit despotique de son temps ? […] C’est encore Saint-Simon qui en témoigne : « Bossuet tenait au Roi par l’habitude et l’estime, et par être entré en évêque des premiers temps dans la confiance la plus intime du Roi, et la plus secrète, dans le temps de ses désordres. » Lorsque Louis XIV fut las de ses maîtresses, ce fut Bossuet qui, aidé du confesseur La Chaise, le poussa à la dévotion et au repentir de ses désordres. […] Le grand trait des mœurs de ce temps, la dévotion galante et la pénitence amoureuse, l’universalité de l’adultère, distinguaient, séparaient fortement les deux sociétés. […] Ce langage est d’ailleurs celui de l’Église dans tous les temps. […] Brunetière, Discours à Besançon, Le Temps, 19 février 1898.
« Il était à peu près neuf heures du soir ; le soleil se couchait par un temps superbe ; le faible vent qui nous poussait expira dans la voile que nous vîmes badiner. […] Croyez-vous que l’examen d’une question intéressante n’occupât pas le temps d’un repas d’une manière plus utile et plus agréable même que les discours légers ou répréhensibles qui animent les nôtres ? […] Le temps ne pouvait manquer de les justifier. […] J’incline à croire que non, car il y a trop d’alliage dans la monnaie d’idées qu’il a frappée à son coin pour que la valeur n’en baisse pas avec le temps. […] Ce Napoléon, qui avait fait fléchir un jour votre foi dans la légitimité devant sa fortune, est mort à Sainte-Hélène peu de temps après vous.
Un petit volume est la seule chose qui ait cette puissance : c’est la pierre d’achoppement du temps. […] Benjamin Constant, tous les tribuns, tous les publicistes, tous les pamphlétaires du temps, je m’y sentais presque en pays ennemi ; j’avais du goût pour les maîtres, aucun goût pour leur société. […] C’était une cour, mais un peu vieille cour ; les meubles étaient simples et usés ; quelques livres épars sur les guéridons, quelques bustes du temps de l’Empire sur les consoles, quelques paravents du siècle de Louis XV en formaient tout l’ornement. […] Presque toute cette société était jeune, car le supplice en ce temps avait raccourci la vie des pères ; il manquait un degré ou deux à l’échelle ordinaire des générations : la guillotine avait rajeuni les salons de Paris. […] Un luxe hospitalier et habile est un des moyens de crédit employés de tout temps et en tout pays par ces rois de l’or ; l’or est cosmopolite, le banquier l’est comme sa caisse.
Je me promis de ne rien négliger de ce que ma bourse, mon temps et mes peines pourraient accomplir. […] Je me trouvais entre Shawancy et la crique du Canot ; le temps était beau ; l’air était doux ; je chevauchais lentement. […] Le temps était magnifique. […] Le criminel doit quitter, dans un laps de temps déterminé, le pays où le crime a eu lieu. […] Le fretin abonde, le temps est propice, la saison délicieuse (on est au mois d’octobre), et les poissons sont devenus si gourmands de vers et de sauterelles qu’une douzaine à la fois sautent après le même appât.
L’Éducation sentimentale notamment, où Flaubert tâche d’enfermer dans une série linéaire les événements lointains et simultanés de la vie passionnelle de Frédéric Moreau et de tout son temps, présente l’exemple d’un livre incohérent et énorme. […] Par ces dernières œuvres, Flaubert restera l’artiste, de ces temps qui sut assembler les mille éléments épars de beauté matérielle et sensible, en de plus ravissants ensembles. […] Quant à de la sympathie, c’est différent : jamais on en a assez… Est-ce qu’il n’est pas temps de faire entrer la justice dans l’art ? […] Or que l’on se rappelle que Flaubert vécut au déclin du romantisme, qu’il put absorber et absorba en effet l’énorme vocabulaire du plus grand génie verbal de tous les temps, qu’il admira Hugo avec la ferveur d’un disciple et d’un semblable2. […] Bourde dans le Temps du 24 Sept. 1884 5.
Elle n’a pas le temps de s’attendrir ! […] Edgar Poe, avec la force d’un esprit qu’aux attitudes on croirait indomptable, n’a pu secouer ces vulgarités de son temps. […] Edgar Poe est un spiritualiste refoulé et mutilé par le matérialisme de son pays et de son temps. […] Au lieu de se placer au-dessus d’elles, comme les penseurs originaux, il pille les idées de son temps, et ce qu’il en flibuste ne méritait guères d’être flibusté. […] Il entra et se vautra dans les névroses qui sont la dépravation morbide de ce temps, et il s’inocula cette maladie.
Le rythme est en fonction directe du temps, l’harmonie en fonction indirecte. […] En analysant leurs livres au point de vue de la plastique, j’ai fait remarquer que l’auteur des Cygnes introduit dans son vers le geste, le mouvement, tout ce qui procède du Temps. […] Le Rythme, au contraire, est tout entier dans le temps ; il mesure le temps particulier d’une action, et, en art, ne peut être étudié dans l’espace qu’à travers l’orchestique où l’on en acquiert la notion comme d’un geste inscrit dans la durée. Dans la musique même, — art tout entier selon le temps, par sa nature, — c’est surtout par l’impulsion du Rythme que l’Harmonie participe de ce mode. […] Peu de temps avant la publication des premiers « vers libres », quelques poètes, — M.
L’action a dévoré le temps et l’espace, elle a pris le vol de la pensée et l’instantanéité du prodige. […] ô mon cœur du temps où je vivais sur la terre ! […] Eschyle avait consacré ses tragédies Au Temps ; le temps a mal reçu cette fière dédicace. […] Aux deux derniers siècles, Eschyle effarouche le goût timoré du temps ; on le bannit de l’admiration officielle prodiguée aux moindres petits poètes de l’antiquité. […] Ce n’est que de ce temps qu’Eschyle est rentré dans la gloire.
On vient de voir ce qu’était le théâtre au temps de Shakespeare et de Molière ; veut-on voir ce qu’il était au temps d’Eschyle ? […] Pendant ce temps-là on joue la pièce. […] Athènes, elle, n’était plus au temps où elle improvisait une flotte de deux cents vaisseaux contre Artaxerce. […] L’abbé Camus était un évêque d’esprit, chose rare en tout temps, et, qui plus est, un bon homme. […] Cet inquiétant rire de l’art s’appelle, dans l’antiquité Aristophane, et dans les temps modernes Rabelais.
Il purgea le théâtre des jeux de mots et des pointes ridicules, qui sont l’éloquence des temps de barbarie. […] Combien un seul principe lumineux embrassé par le génie avance en peu de temps sa marche vers la perfection ! […] Cette seconde espèce de beautés demande plus de temps pour être aperçue et sentie, et diffère surtout de la première, en ce que celle-ci est embrassée par le sentiment, au lieu que l’autre est admirée par la réflexion. […] Ce n’est qu’avec le temps qu’on a compris tout ce qu’il y avait d’admirable dans cette grande leçon dramatique donnée à tous les souverains. […] Les ouvrages de l’un ont dû perdre beaucoup avec le temps, sans que sa gloire personnelle doive en souffrir ; le mérite des ouvrages du second doit croître et s’agrandir dans les siècles avec sa renommée et nos lumières.
Il avait encore, dans ce temps-là, de cette légèreté et de cette ironie qu’il avait montrées dans son pamphlet contre les Philosophes français du xixe siècle. […] Eh bien, c’est le métaphysicien primitif, que je connais, de vieux temps, dans M. […] C’est ce que nous examinerons en son temps. […] Bref, c’était un positiviste de ce temps. […] Elle en épouvante, et elle avertit le présent de l’avenir qui le menace… Tout le temps, en effet, que les principes révolutionnaires tiendront dans la tête de la France contemporaine la place qu’ils y tiennent, tout le temps qu’elle se réclamera avec orgueil de ses Origines, il y aura des Jacobins… et ce que M.
» En attendant qu’il réalise son rêve de solitude, il est tellement violent et injurieux pour le clergé de son temps, qu’on ne saurait le citer avec convenance. […] Le temps approche où il faudra fonder un nouvel Ordre de Frères ignorantins pour enseigner aux prêtres, voire aux évêques, leur Credo. […] Comme j’ignore combien de temps durera mon absence, j’ai pris le parti de vendre à Ange115 tout ce que je possède, afin d’emporter de quoi vivre. […] Je désirerais vivement que tu pusses venir à Paris vers le même temps ; marque-moi si tu penses que cela soit possible. […] Sur Cousin, par exemple, il y eut un temps où il l’appelait non pas le traducteur, mais « le laquais de Pluton. » 122.
Sans bien se rendre compte, elle ne se sentait pas de force à être l’obligée d’un grand seigneur, fût-il le plus homme de bien ; l’humble et digne plébéienne n’aurait pas supporté qu’on pût dire d’elle ce que le monde malin disait d’un autre littérateur assez distingué et le plus long de taille que j’aie connu, qu’on avait surnommé en ce temps-là « le pauvre de M. de Montmorency ». […] Laisse faire le temps et Dieu, et ne cesse pas d’aimer ta triste sœur. » « (8 mars 1847)… Tu vois, mon ami, que je t’écris seulement aujourd’hui pour te dire d’attendre, et que je n’ai pas voulu retarder ma lettre jusqu’au moment où je pourrai y joindre un envoi d’argent. […] On a diversement parlé du ministre de la justice en ce temps-là, Martin (du Nord) ; je crains que sa fin n’ait nui à ce qu’il pouvait y avoir de bien dans sa vie. […] Les temps ne sont pas venus où je pourrai t’en envoyer plus souvent et de plus gros. […] Une fois je l’ai vue, et depuis ce temps je me trouve mêlée à sa triste étoile.
L’écrivain qui nous l’a peinte restera apprécié dans le calme, comme étant arrivé à la profondeur la plus inouïe de la passion par le simple naturel d’un récit, et pour avoir fait de sa plume, en cette circonstance, un emploi cher à certains cœurs dans tous les temps. […] Dès les premiers temps de son exil, nous voyons paraître de lui les Mémoires d’un Homme de qualité, un volume traduit de l’Histoire universelle du président de Thou, une Histoire métallique du royaume des Pays-Bas, également traduite. […] C’est l’espèce du gentilhomme poli de ce temps-là que le romancier nous a quelque peu arrangée à sa manière. […] J’aime beaucoup moins le Cléveland que les Mémoires d’un Homme de qualité : dans le temps on avait peut-être un autre avis ; aujourd’hui les invraisemblances et les chimères en rendent la lecture presque aussi fade que celle d’Amadis. […] Ainsi rétabli dans la vie paisible, et désormais au-dessus du besoin, Prévost, jeune encore, partagea son temps entre la composition de nombreux ouvrages et les soins de la société brillante où il se délassait.
Quand il rencontre Darwin, il le raille du même ton qu’aurait fait Louis Veuillot, il n’est plus de ce temps, sans être, comme Homère, Virgile ou Racine, de tous les temps. […] On peut affirmer, je crois, que nul poète, ni dans les temps anciens, ni dans les temps modernes, n’a eu à ce degré, avec cette abondance, cette force, cette précision, cet éclat, cette grandeur, l’imagination de la forme. […] Car, sans doute, si nous avions senti le besoin d’apprendre au monde que Marat fut fait de charité et de cruauté, nous aurions pu, en prenant notre temps, trouver cinq ou six images pour le dire ; mais lui ! […] L’esprit de ce temps, c’est dans Stendhal, Sainte-Beuve, Michelet, Taine et Renan qu’il réside. […] Il est temps de ne tenir compte à Victor Hugo que de ses œuvres, et par là de le remettre à son rang — c’est-à-dire au premier rang.
Par le dogme de la chute, il amena l’homme à se regarder hors de sa condition extérieure hors du temps et du lieu où il vit ; il lui découvrit tous les mystères de son intérieur, et tout ce fonds de malaise qui couve en lui, sous quelque forme de société qu’il vive, irréparable contre-coup d’une première chute. […] Quoique Calvin pût laisser voir, dès ce temps-là, par quelques marques, la dureté qu’on devait lui reprocher un jour, les éloges que firent tous ses maîtres successivement, de son assiduité au travail et de sa docilité, ne permettent pas de douter que Wolmar ne l’entendit d’une certaine souplesse d’esprit, qui ne regarde pas le moral. […] En peu de temps, Genève fut faite à l’image de cet homme, dont la vie ne devait être désormais qu’un jeûne et une insomnie, dur aux autres comme il l’était à lui-même, et qui travailla plus qu’homme vivant, même dans ce siècle des travaux prodigieux et des vies consumées par la fièvre du savoir. […] Dans le temps même que Calvin remportait ce dernier triomphe, il était atteint du mal dont il devait mourir. […] Car il est remarquable qu’il se querelle avec toutes les opinions anciennes du même ton qu’avec les opinions de son temps, et qu’il n’est pas moins amer envers les morts qu’envers les vivants.
J’ai souvent fait réflexion qu’un païen du temps d’Auguste aurait pu faire valoir pour la conservation de l’ancienne société tout ce que l’on dit de nos jours pour prouver qu’on ne doit rien changer à la société actuelle. […] Je m’étonnerais fort si quelqu’un des satisfaits du temps n’a pas dit comme ceux du nôtre : « Il faut non pas réfuter le christianisme ; ce qu’il faut, c’est le supprimer. […] Tout autre aura le même sort, si une loi périodique, qui lui serait au fond plus favorable qu’on ne pense, ne vient à temps le délivrer du pouvoir. […] Il est donc essentiel qu’elle les garde quelque temps, pour opérer à loisir cette analyse ; autrement la digestion trop hâtée n’aboutirait qu’à l’affaiblir ; l’assimilation d’une foule d’éléments vraiment nutritifs serait empêchée. […] Qui sait si un jour on ne dira pas : « En ce temps-là, on devait croire ainsi, car l’humanité fondait alors par ses souffrances l’état meilleur dont nous jouissons.
Sans parler de l'Egypte, qui donna ses Dieux, avec les Arts, aux autres Nations, on fait que les Grecs & les Romains avoient, dans le temps même qu'ils furent le plus tolérans, un Magistrat pour veiller à la conservation de la Religion. […] Telle étoit la raison des anciens Philosophes, de ces Sages qui ont dominé quelque temps les esprits : & que nous a-t-elle appris ? […] Socrate n’a été regardé comme le plus sage des Hommes, que parce qu’il avoit su se dégager des erreurs Philosophiques & populaires de son temps, pour s’élever à la connoissance de l’Etre suprême. […] Si l'on veut se convaincre davantage de l'audace ou de la stupidité des Détracteurs de la Religion, qu'on compare les mœurs & les temps. […] Il y a toujours eu des vices & des crimes, mais jamais ils n'ont été si multipliés que de nos jours, & dans aucun temps ils n'eurent un caractere plus odieux.
Clinias est un jeune Athénien, du temps de Périclès, blasé et désabusé, en proie à un ennui incurable. […] que toutes choses, — dit-il, dans ses Pensées, — s’évanouissent en peu de temps ! […] Tout au moins entend-il se faire payer sa retraite, et il menace Clorinde de tuer Fabrice, en trois temps, au moyen d’une botte infaillible, si elle l’empêche de réclamer, en son nom, le pot-de-vin du départ. […] Non, jamais un raffiné du temps de Louis XIII n’aurait consenti à remettre une bravade au fourreau, quelque extravagante qu’elle pût être : « Le sang est tiré, il faut le boire ! […] Vir bonus, strangulandi peritus, « un bon homme, habile à pendre… » Ainsi l’appelle, en son latin, un savant du temps ; et Tallemant des Réaux lui-même ne le traite pas trop mal dans ses Historiettes.
* * * — Un des caractères particuliers de nos romans, ce sera d’être les romans les plus historiques de ce temps-ci, les romans qui fourniront le plus de faits et de vérités vraies à l’histoire morale de ce siècle. […] Et cela, en ce temps qui paye, dit-on, 2 800 francs, à Hector Crémieux, un couplet dans le retapage du Pied de mouton. […] Dans ces catacombes de l’état civil, rôde et furette, avec l’air du génie du lieu, flairant les actes, découvrant les vieilles naissances et les vieilles morts, comme on trouve les sources avec une espèce divination, un vieux bonhomme au teint gris sale, de la couleur de ces vieux livres, grand, fort, cassé et voûté : il ressemble à une figure du Temps, dans un ancien tableau. […] Enfin pour moi, dans les modernes, il n’y a eu jusqu’ici qu’un homme qui ait fait la trouvaille d’une langue pour parler des temps antiques : c’est Maurice de Guérin dans Le Centaure. […] Tout le temps, il éclate en images inattendues, qui peignent tantôt poétiquement, tantôt brutalement, à votre pensée, les hommes et les choses par l’antithèse ou le rapprochement : des images multiples et variées, jaillissant d’une mémoire nourrie d’une immense lecture, et non enfermée en un temps et une branche de sciences, mais qui a grappillé au fond de tous les livres de moelle, de toutes les curiosités de l’histoire, de tous les traités de théogonie et de psychologie.
Ce qui est le plus important, c’est qu’il est le seul homme de son temps qui soit remonté dans la littérature française au-delà de Montaigne. […] C’est là sa plus grande originalité au milieu de son temps, qu’il embrasse une période considérable de la littérature française et qu’il en fait son profit. […] Nous voyons encore que le Curé et le Mort est une aventure vraie, une aventure qui est arrivée du temps de La Fontaine. […] C’est une éducation encyclopédique quoique sans surmenage ; l’on ne voit pas La Fontaine ardent et fougueux à la lecture non plus qu’au travail de production, mais c’est évidemment un homme qui, beaucoup plus que la plupart des hommes de son temps, s’est inquiété de se donner une littérature, une documentation littéraire considérable. […] Jean-Jacques Rousseau j’ai encore le temps de vous indiquer une très jolie contradiction de Jean-Jacques Rousseau Jean-Jacques Rousseau, dans l’Emile, reprochait très vivement à La Fontaine d’avoir recommandé de véritables vices moraux par le tour qu’il donne à ses fables : « Voyons, dit-il en substance, le Renard et le Corbeau.
J’ai du temps pour lire et méditer. […] Quel besoin de former, à travers le temps et l’espace, une unité indissoluble avec les êtres capables de construire ! […] Il me reste cependant assez de temps pour te dire que je vais très bien, que je t’aime, et que je suis très heureux. […] Et si le temps s’écoule et qu’on ne reçoive rien de moi, laissez-la vivre d’espoir, soutenez-la. […] Ils en épanouissent la beauté et nous en rendent le parfum sans avoir eu le temps de se roidir pour devenir des individus.
le récit épique des vieux temps s’était tenu plus près de la sévérité future du drame que ne le faisait le premier grand inventeur tragique. […] Comment ne pas marquer les différences et les beautés morales que le génie, aidé par le temps, ajoutait encore à cette poésie ? […] Aujourd’hui, à travers les débris du temps, le poëte seul a survécu pour nous ; et sept drames conservés lui font une immortelle couronne. […] il est temps pour les vaisseaux agiles volant sur les flots a d’aborder, sous une heureuse étoile, alors qu’Ajax, derechef oublieux du mal, accomplit toutes les offrandes aux Dieux, les adorant avec grande piété. […] Dans le cercle infini de l’Érèbe, avant tout, la Nuit aux ailes noires produisit un œuf non couvé, d’où, par la révolution du temps, jaillit l’Amour, père des Désirs, battant son dos de ses ailes dorées, et semblable lui-même aux tourbillons de la tempête.
Ce retard fut fatal, en ce que l’indiscipline, qui était inhérente à ces armées du Moyen Âge, se mit de plus en plus dans la sienne, et que ce temps d’inaction favorisa le désordre et les débauches, que le saint roi n’était pas maître de réprimer. « Les barons, qui auraient dû garder du leur pour le bien employer en temps et lieu, se prirent à donner les grands mangers et les outrageuses viandes » ; sans compter le reste. […] Le canal qui avait quelque temps arrêté l’année ayant été traversé à gué, le comte d’Artois, frère du roi, plein de vaillance, se porta en avant, renversant tout ce qu’il rencontrait ; et, entraînant avec lui par émulation l’élite des chevaliers du Temple et nombre de braves seigneurs, il se lança jusque dans la ville de la Massoure où la résistance l’attendait et où il trouva la mort. […] Après que saint Louis pourtant a rempli, et surabondamment, ce semble, tous les devoirs qui sont les conséquences de son premier malheur, il revient en France (juillet 1254), et Joinville trouve alors qu’il est temps. […] L’esprit naturel avait ses saillies, ses échappées d’enjouement, ses subtilités et ses hardiesses toujours renaissantes : mais tout cela ne jouait encore que dans le cercle tracé, et venait s’arrêter à temps devant tout objet vénéré et redoutable.
Cependant il trouvait du temps pour des applications plus graves ; son esprit juste cherchait à simplifier tout ce qu’il étudiait, et se dirigeait avec utilité vers l’histoire. […] Il a été quelque temps père de l’Oratoire ; il a pris dans cette société le goût de l’étude, et y a acquis quelque érudition, mais sans aucune pédanterie. […] Il ne se pique ni de naissance ni de titres illustres ; mais il est assez riche pour n’avoir besoin de personne… On trouve dans ce portrait sorti d’une plume amie tout ce qui peut expliquer les succès et la réputation du président dans le monde et en son bon temps. […] Ce qui est plus piquant, c’est que M. de Morville, son ami intime et devenu ministre des Affaires étrangères à la place du cardinal Dubois, ayant été choisi par l’Académie française, dont il était membre, pour le recevoir, n’eut pas le temps d’écrire son Discours et demanda au récipiendaire de le lui composer ; ce que fit volontiers Hénault, se donnant le plaisir de se célébrer lui-même par la bouche de son ami. […] Le président Hénault ne fait pas autant de cas de M. de Machault qu’on le paraît faire volontiers depuis quelque temps ; peu importe !
Je me dissipe, et c’est au temps à faire le reste. […] Le prince Henri avait, dit-on, été demandé pour roi par les Polonais à la mort d’Auguste III (1763), et il en avait voulu dans le temps à son frère de s’être opposé à leur vœu : il trouvait là une singulière manière d’en savoir gré à la Pologne. […] — J’avoue, mon cher frère, que je m’étonne des sombres réflexions que vous faites, dans un temps où je ne vois pas ce que nous avons à craindre. […] Ce temps est encore très éloigné, les peuples ne sont pas encore induits par les raisonnements ; mais je crois qu’on peut, avec un œil observateur, entrevoir le germe que ces nouveautés préparent. […] [1re éd.] où il trouve des hommes de tous les temps aussi fous ag.
Mais cette fureur de la vogue n’eut qu’un temps, et Maupertuis, un peu gâté, ne s’accommoda pas de déchoir. […] Feuillet de Conches m’a fait voir de mes yeux les originaux des lettres, des mêmes lettres non pas transcrites, mais sophistiquées par La Beaumelle, et de celles qu’il n’a pas eu le temps d’arranger. […] Si ce procédé consistait seulement à corriger les fautes de français de Frédéric, les impropriétés d’expression, on le concevrait, on l’excuserait presque ; on se rappellerait que ce sont là des libertés que se sont permises presque tous les éditeurs de son temps et même du nôtre, si l’on excepte ceux des dernières années. […] Vous ne sauriez croire combien je désire de vous avoir, Donnez-vous à moi, je vous en prie, je vous en conjure, je vous en supplie ; il est temps que les princes rampent auprès des philosophes ; les philosophes n’ont que trop rampé auprès des souverains. […] Frédéric lui conseille les eaux du Léthé, ce bienfait du temps. « Fi donc !
Mais voilà, depuis quelque temps, que tout recommence de plus belle et se rengage. […] Merlin y raconte lui-même ses années d’études et de première jeunesse, son temps de séminaire et de noviciat ecclésiastique, ses velléités de vie religieuse et d’entrée au cloître, presque aussitôt dissipées et suivies d’une émancipation complète. […] Le siège de Mayence a été dans le temps l’objet de bien des discussions et des controverses : il ne faut rien exagérer dans les éloges qu’on décerne aux braves défenseurs. […] Cette sorte de vie, née dans l’Orient et propagée dans toute l’Europe chrétienne où elle prospéra, a eu son long temps et son règne, son âge d’or, son âge angélique, son âge héroïque et militant. […] Les essais de renaissance qui ont eu lieu après les chutes ont fait refleurir l’institution en quelques-unes de ses branches, mais pour un temps très court et en la laissant chaque fois plus caduque et plus affaiblie.