Il n’était pas de ces talents qui doivent réussir, dans leur première poussée, par des essais de création et d’art : il n’a rien fait en art (que je connaisse), hormis plus tard une toute petite nouvelle (la Laitière d’Auteuil), qu’il a donnée comme échantillon d’histoire simple, et qui est la faiblesse même157. […] Nisard l’accuse de donner des sens indéterminés et divers à certains mots qui, dans la latinité classique, sont, au contraire, dit-il, parfaitement déterminés et précis ; et il allègue le mot fides qui, bien loin de là, comme me l’assure mon ami, et comme mon propre instinct de simple amateur me le confirme, a naturellement tous ces sens divers, et est un de ces mots de magnifique latitude chez les meilleurs écrivains, comme laus, comme honos. […] Nisard, je me hasarderai à donner, en la traduisant, une pièce entière des Sylves, que j’ai choisie comme étant la plus courte et peut-être la plus simple : AU SOMMEIL Par quel crime, si jeune, ô des Dieux le plus doux, Par quel sort, ai-je pu perdre tes dons jaloux ?
Je suis allé souvent visiter ces simples monuments de son loisir champêtre, Careggi et Caffagiolo, deux maisons carrées d’architecture presque rustique où rien ne sent le prince, mais le simple citoyen. […] À en juger par les sonnets qu’il fit à cette occasion, il éprouva tous les degrés et toutes les vicissitudes de l’amour : il triomphe, il se désespère ; il brûle, et la crainte le glace ; il célèbre avec ravissement des jouissances ineffables, trop grandes, trop au-dessus d’un simple mortel, et il ne saurait s’empêcher d’applaudir à cette vertu sévère que ses plus ardentes sollicitations ne peuvent ébranler.
XVI En remontant le cours des siècles, on ne trouve pas un autre exemple d’une monarchie entièrement fondée par le commerce, la fortune et l’estime que les simples vertus des citoyens étalèrent dans leur pays. […] Aussi ne trouve-t-on pas dans l’histoire une famille de simples citoyens offrant l’hérédité du mérite, du travail et des vertus continues, et rassemblés avec des qualités présentes diverses, tels que Côme Ier, Laurent, Julien et Côme II, chacun ajoutant un échelon de plus à la grandeur des autres. […] Je ne crains pas non plus que ton autorité soit inférieure à celle que j’ai eue jusqu’à ce jour : mais parce qu’une cité entière est un corps à plusieurs têtes, comme l’on dit, et qu’on ne peut pas être au gré d’un chacun, souviens-toi, au milieu de cette diversité, de suivre toujours le dessein que tu jugeras le plus honnête, et d’avoir égard à l’intérêt de tous plutôt qu’à l’intérêt d’un seul. » Il donna ensuite des ordres pour ses funérailles, pour qu’elles se fissent à l’instar de celles de son aïeul Côme, dans la mesure enfin qui convient à un simple particulier.
On passe de.Mahomet à Mélusine, de l’empereur Constant au roi Richard Cœur de Lion ; à côté du merveilleux Partenopeus de Blois de Denis Pyramus, qui nous conte en son style enjolivé les amours d’un beau chevalier et d’une fée inconnue (c’est Psyché, où les rôles seraient renversés), on rencontre la très simple et dramatique histoire de la châtelaine de Vergy, qui n’est que le récit d’une très humaine passion située en pleine réalité contemporaine, ou l’aimable chante-fable d’Aucassin et Nicolette, récit, en prose coupée de laisses chantées, des amours de deux enfants qui finissent par se rejoindre et s’épouser. […] Encouragés, attirés par l’admiration qu’excitait leur habileté, les harpeurs bretons commencèrent à promener par les provinces anglo-normandes et françaises les fictions où s’étaient déposés les antiques croyances et les chers souvenirs de leur race : de notre Bretagne, du pays de Galles, des deux pays plutôt que de l’un des deux, ils venaient pins nombreux chaque jour dire aux barons et aux dames des lais d’Arthur ou de Tristan, de Merlin ou de saint Brandan, chantant peut-être les paroles originales de leurs mélodies, mais sans doute coûtant en français, dans leur français celtique, qui parfois était un étrange jargon, les parties de simple prose. […] Il excellera aussi à noter des sentiments communs : il fera plaindre une veuve en quelques mots simples et touchants.
Des infiltrations, en quelque sorte, se produisirent de la littérature savante dans la littérature populaire, et l’on commença de mettre en français dès le xiie siècle toute sorte d’ouvrages didactiques, ouvrages d’histoire naturelle, de physique, de médecine, de philosophie, de morale, livres de cuisine ou de simple civilité. […] Appliquée dans les écoles de philosophie ancienne à sauver les chefs-d’œuvre de la poésie et les mythes de la vieille religion de la condamnation inévitable que la conscience morale de l’humanité, chaque jour plus éclairée, eût portée contre leur primitive grossièreté, l’allégorie fut reprise par les chrétiens, d’abord pour autoriser l’étude de la littérature païenne, puis pour justifier aux yeux des fidèles maints passages des saintes Ecritures, dont leur simple honnêteté se fût scandalisée, enfin pour exposer sous une forme plus attrayante et plus vive les vérités dogmatiques de la religion et de la morale. […] Il n’a que mépris pour le baron « qui court aux cerfs ramages » ; mais, avec une hauteur remarquable de pensée, il ajoute que le vice est plus condamnable chez les clercs que chez « les gens laïcs, simples et nices ».
Mais ce n’est pas tout : le simple pittoresque n’est pas le but du poète, et l’on ne saurait se réduire, dit dédaigneusement V. […] Le drame devient quelque chose d’énorme, de gigantesque, d’encyclopédique : l’homme, la femme, tout un siècle, tout un climat, toute une civilisation, tout un peuple, voilà le simple contenu d’Angelo. […] Et ce seront là des caractères compliqués : les caractères simples sont de raides et monotones abstractions, celui-ci la haine, celui-là l’ambition, cet autre l’envie, un autre la royauté, etc.
On se reporte, en le lisant, à l’exclamation d’Ovide : quidquid scribere conabar, versus erat , tant il semble que le simple délice d’écrire et la facilité inconsciente à modeler les courbes de la Parole ont suffi, dans une âme attirée vers le songe, pour tracer ces strophes aux lignes justes28. […] Par les Odelettes dont j’ai parlé à plusieurs reprises, il se rapproche il est vrai des choses simples, mais dans un esprit différent. […] Stuart Merrill, qui trouve une voix inconnue, infiniment douce, très simple et véridiquement personnelle pour moduler ses petits poèmes d’automne.
Jusqu’ici rien que de simple. […] Ce sera simple et sublime. […] Nous avons applaudi, comme tout le monde, au discours grave et simple de M. de Lafayette et, dans une autre nuance, à la remarquable improvisation de M.
» il est tout simple qu’un czar, ce même Yvan, couse un archevêque dans une peau d’ours et le fasse manger par des chiens. […] Ce n’est point l’acceptation pure et simple de Cantemir. […] Sachant tant de choses, il est tout simple qu’elle en ignore quelques-unes.
Nous avons tous une beauté divine, la seule qu’on doive aimer, la seule qu’on doive conserver pure et fraîche pour Dieu qui nous aime. » Simple et profonde manière de se voir et de s’accepter qu’elle eut toute sa vie et qui aurait sauvé Mme de Staël, qu’on appelle une laide de génie, de ses tristesses sans grandeur ! […] La simple fille de la terrasse du Cayla n’était point une Corinne. […] « Quand les hommes de génie, a dit un poëte allemand contemporain, ne souffrent pas pour l’humanité, ils souffrent pour leur propre grandeur, pour leur horreur du vulgaire et leur grande manière d’être. » Il était donc tout simple que Guérin souffrit.
Malgré cette limite imposée à l’étude et à l’investigation même des plus habiles, on a su retrouver dans le dessin, dans le simple tracé des chants hébraïques, les types principaux, les types naturels de la beauté lyrique à tous ses degrés : la naïve allégresse, la douceur gracieuse, la force tempérée, la dignité pure et sévère, le sublime dans sa concision et sa magnificence. […] « Les nuées ont débordé en orages ; le ciel a retenti : alors tes flèches ont couru dans les airs, « Et la voix de ton tonnerre dans le tourbillon ; les foudres ont éclaté sur le monde ; et la terre tremblante s’est émue. » Ce degré suprême de force dans le calme de l’expression, ces passages de la terreur à l’espérance, cette peinture simple d’une grandeur infinie, ce sont là des beautés que nous citons ici, non pour les comparer, mais pour les dire incomparables ; c’est une poésie au-delà des poésies humaines, comme le Dieu de Moïse est, pour l’imagination même, au-dessus de tous les dieux que l’imagination avait faits et que les passions adoraient. […] Bossuet seul et Racine ont retrouvé tout entier ce feu, couvert sous la parole des prophètes d’Israël : ou bien aussi parfois, dans le coin d’une église, quelque âme pieuse, en extase sur la leçon du jour, aura senti, dans la plus simple version de quelques fragments épars d’Isaïe, l’accent divin que lui aura révélé sa foi.
De toutes les scènes historiques qui se font simples et familières avec art, et qu’ont tant recherchées les vrais romantiques de notre âge, il n’en est certes point qui équivaille à celle-ci, prise sur le fait comme elle est et saisie au vol, ni qui rende mieux témoignage de la physionomie militaire de l’époque et des hommes : c’est là du naïf et du piquant en nature. […] — Non plus comme appendice, mais comme simple note et post-scriptum aux articles sur Bernis, j’ajouterai cette petite anecdote que je tiens d’original, ou plutôt que M.
voilà qu’il craint de tomber dans un paradoxe, quand il ne s’agit que du plus ou moins d’admiration au sein de Bossuet, et d’un simple classement dans les Oraisons funèbres ; c’est bien de celui qui tout à l’heure a fait, en tremblant, une révolution sur le Télémaque. […] Je ferai ici une simple remarque : c’est qu’ayant relu depuis peu la première édition des Maximes en la comparant à la dernière qu’a donnée l’auteur et qui est celle qu’on suit généralement, j’y ai trouvé assez de différences pour pouvoir affirmer que c’est la première seule qui contient toute la pensée de l’homme, pensée franche, absolue à l’origine, toute verte et toute crue, sans adoucissement, et qui, par la portée, va rejoindre d’autres systèmes moraux de date plus récente.
Quant à son engagement ecclésiastique pur et simple, il ne paraît point s’en être préoccupé à aucun moment comme d’un obstacle, et il sut en effet interpréter sa profession de telle sorte qu’elle ne le gêna en rien. […] Cette similitude du Français et de l’enfant, qui ne se bornait pas à un simple aperçu comme en ont les gens d’esprit, mais qui était l’idée favorite de l’abbé, revient continuellement dans ces notes de Rousseau : « Il était mal reçu des ministres et, sans vouloir s’apercevoir de leur mauvais accueil, il allait toujours à ses fins ; c’est alors surtout qu’il avait besoin de se souvenir qu’il parlait à des enfants très fiers de jouer avec de grandes poupées. » — « En s’adressant aux princes, il ne devait pas ignorer qu’il parlait à des enfants beaucoup plus enfants que les autres, et il ne laissait pas de leur parler raison, comme à des sages. » Rousseau, à qui tant de gens feront la leçon pour sa politique trop logique et ses théories toutes rationnelles, sent très bien le défaut de l’abbé de Saint-Pierre et insiste sur la plus frappante de ses inconséquences : « Les hommes, disait l’abbé, sont comme des enfants ; il faut leur répéter cent fois la même chose pour qu’ils la retiennent. » — « Mais, remarquait Rousseau, un enfant à qui on dit la même chose deux fois, bâille la seconde et n’écoute plus si on ne l’y force.
Un simple exposé rétablira tout. […] Ce qui résulte souvent de colère et de rancune pour une simple première discussion modérée et judicieuse est inimaginable, et la critique elle-même alors, quand elle récidive, a fort à faire pour ne pas se laisser gagner aux mêmes irritations.
Au reste, sans être Napoléon ni Jomini, on reconnaît à simple vue ce mérite saisissant de vérité en des matières si aisément confuses ; ce que dit madame Dacier de cette qualité suprême de son auteur n’a rien d’exagéré. […] Athénée l’a remarqué il y a longtemps, ces chefs qui mangent chez Agamemnon, et dont les manières sont si simples et souvent si crues, ne font jamais rien d’indécent.
Faites-moi la grâce de m’écrire un mot à Amiens, sous cette simple adresse : A M. […] PREVOST, A La Haye, 10 novembre 1731. » La naïveté avec laquelle Prévost confesse à son ami ses restrictions intérieures , ménagées à travers ses vœux, et s’en autorise comme d’une précaution toute simple, est bien propre à faire sourire ; l’élève de La Flèche s’y découvre ingénument.
Les contrastes de la nature, les effets remarquables qui frappent tous les yeux, transportés pour la première fois dans la poésie, présentent à l’imagination les peintures les plus énergiques, et les oppositions les plus simples. […] La philosophie, c’est-à-dire, la connaissance des causes et de leurs effets, porte l’admiration des penseurs sur l’ensemble du grand ouvrage de la création ; mais chaque fait particulier reçoit une explication simple.
C’est non seulement à la réunion des hommes en société que ce sentiment est dû, mais c’est à un degré de civilisation qui n’est pas connu dans tous les pays, et dont les effets seraient presque impossibles à concevoir pour un peuple dont les institutions et les mœurs seraient simples ; car la nature éloigne des mouvements de la vanité, et l’on ne peut comprendre comment des malheurs si réels naissent de mouvements si peu nécessaires. […] Les femmes sensibles et mobiles, donneront toujours l’exemple de cette bizarre union de l’erreur et de la vérité, de cette sorte d’inspiration de la pensée, qui rend des oracles à l’univers, et manque du plus simple conseil pour soi-même.
Sa fable est une mascarade, et ce simple déguisement des gens en bêtes égaye tout sujet, fût-il lugubre. […] Il était dans ce monde charmant où les hommes sensés n’entrent jamais, qui n’est ouvert qu’aux simples d’esprit, aux gens un peu fous, aux rêveurs.
Mais cela, en soi, était excellent : à la place de formes étroites, maigres et compliquées, telles que la Ballade et le Chant royal, les formes antiques, larges, simples, réceptives, si je puis dire, mettaient l’inspiration à l’aise, et se prêtaient à revêtir une beauté bien supérieure. […] Il la veut riche, exacte pour l’oreille, point curieuse, et point facile : qu’on ne fasse pas rimer le simple avec le composé.
Voulez-vous savoir ce que devient, torturé par ce poète de trop d’esprit, une idée toute simple comme celle-ci : « Si j’avais appris à compter quand j’étais enfant, je serais plus riche que je ne suis ? […] Et je ne parle pas non plus des simples mignardises, qui sont innombrables.
Au fond, c’est quelque chose d’assez simple. […] Je trouve des passions singulières et d’une énergie féroce ; mais de tous ces drames vous n’extrairez pas, j’en ai peur, une goutte de vraie pitié ni de simple tendresse.
C’est l’amour des sens à ses divers degrés, de la simple débauche à la pure folie passionnelle. […] La vie est plus simple, plus plate, moins montée de ton.
Il faut se rappeler que, dans les idées juives, antipathiques à l’art et à la mythologie, la simple forme de l’homme avait une supériorité sur celle des chérubs et des animaux fantastiques que l’imagination du peuple, depuis qu’elle avait subi l’influence de l’Assyrie, supposait rangés autour de la divine majesté. […] Fils de l’homme est dans les langues sémitiques, surtout dans les dialectes araméens, un simple synonyme d’homme.
C’est un homme sincère et modéré, qui a déjà livré plus d’un combat pour toute liberté et contre tout arbitraire, qui, en 1829, dans la dernière année de la restauration, a repoussé tout ce que le gouvernement d’alors lui offrait pour le dédommager de l’interdit lancé sur Marion de Lorme, et qui, un an plus tard, en 1830, la révolution de juillet étant faite, a refusé, malgré tous les conseils de son intérêt matériel, de laisser représenter cette même Marion de Lorme, tant qu’elle pourrait être une occasion d’attaque et d’insulte contre le roi tombé qui l’avait proscrite ; conduite bien simple sans doute, que tout homme d’honneur eut tenue à sa place, mais qui aurait peut-être dû le rendre inviolable désormais à toute censure, et à propos de laquelle il écrivait ceci en août 1831 : « Les succès de scandale cherché et d’allusions politiques ne lui sourient guère, il l’avoue. […] Ce sont la de hauts et sérieux intérêts ; et, quoique l’auteur soit obligé d’entamer cette importante affaire par un simple procès commercial au Théâtre-Français, ne pouvant attaquer directement le ministère, barricadé derrière les fins de non-recevoir du conseil d’état, il espère que sa cause sera aux yeux de tous une grande cause, le jour où il se présentera à la barre du tribunal consulaire, avec la liberté à sa droite et la propriété à sa gauche.
Il y aussi le professeur qui, par souci, certes très louable, de chercher la personnalité et de la faire naître, prend, avec une bonne volonté touchante, pour des marques de personnalité hésitante encore et se cherchant, mais pouvant aboutir, de simples signes de bizarrerie, ou de simples boutades d’espiègle.
» On ne peut pas imaginer quelque chose de plus simple : c’est le critérium des critérium, grâce auquel vous pouvez juger tout ce qui existe sur le globe. […] une chose bien simple.
La mort de son père et de ses frères, leur assassin sur le trône, l’avertissaient d’être simple et modeste ; mais aussi, environné de meurtres, il eut à lutter contre l’exemple des crimes. […] Son extérieur était simple, son caractère ne l’était pas ; ses discours, ses actions avaient de l’appareil et semblaient avertir qu’il était grand ; suivez-le, sa passion pour la gloire perce partout ; il lui faut un théâtre et des battements de mains ; il s’indigne quand on les refuse ; il se venge, il est vrai, plus en homme d’esprit qu’en prince irrité qui commandait à cent mille hommes, mais il se venge ; il court à la renommée, il l’appelle ; il flatte pour être flatté : il veut être tout à la fois Platon, Marc-Aurèle et Alexandre57.
Je ne veux plus que lui adresser une simple observation au sujet d’un personnage de la Calomnie.
Tel était l’ascendant de sa beauté et de ses manières, qu’elle subjugua tous ceux qui l’entourèrent et la connurent : pour ses femmes de chambre, ses fournisseurs, et les hommes de cour, il n’y a rien que de simple ; mais le charme s’étendit plus loin : l’allier Mirabeau fut peut-être autant amolli par ses douces paroles que par cet acte impur qui pèse sur sa mémoire ; quelques heures de conversation au retour de Varennes lui conquirent à jamais Barnave ; un mot de sa bouche fit tomber à ses pieds Dumouriez en pleurs ; les femmes du 20 juin elles-mêmes furent émues quand elles la virent.
C’est alors qu’on sent le prix d’une existence simple et dégagée de sensualités ; c’est alors qu’on trouve, dans le calme d’un cœur pur et dans l’énergie d’un corps sain, la récompense de la modération et des sacrifices de la jeunesse ; c’est alors enfin qu’on reconnaît combien la morale serait bonne encore quand même elle n’aurait pas de sanction dans une autre vie. » — « Jeunesse sensuelle, dit-il aussi, vieillesse douloureuse. » — « Un vieillard sans dignité est comme une femme sans pudeur. » Lorsqu’il en est particulièrement aux qualités et aux passions sociales, M. de Latena a de bonnes analyses et des définitions judicieuses.
Émile Blémont : Rien de curieux, rien de neuf et de vieillot à la fois comme ces petits morceaux, d’une inspiration simple et fraîche.
Il y a, dans ce livre, plusieurs poésies qui m’ont ému comme une feuille ; il y a la Petite fiancée, qui est un chef-d’œuvre de grâce, de simple émotion, de vérité, Voici la lampe sainte, Fiançailles, Réveil et tant d’autres.
Ces pâquerettes, comme il les appelle, c’étaient des fleurs du jardin de Saint-Remy, fleurs toutes simples, mais toutes fraîches, fleurs de saine pensée comme de gai savoir, offrande et appel adressé du fond du Mas des pommiers à tout le peuple de Provence.
La raison en est simple : Grasset et Walter Crane se sont préoccupés de composer l’affiche utile aux industries qui employaient leur talent.
Traduisons tout cela en langage plus simple : Par la complexité, par la solidarité, par la mobilité du vaste ensemble que l’historien d’une littérature embrasse, il est obligé : D’abord de distinguer, dans la suite ininterrompue des âges, des époques enfermées entre des dates aussi précises que faire se peut ; Ensuite de trouver la formule générale de la littérature pendant chacune de ces époques ; Puis d’indiquer, ses attaches, lors de ces mêmes époques, avec tous les phénomènes d’ordre divers au milieu desquels elle évolue ; Enfin, d’expliquer par quelles transitions et, si possible, par quelles causes et suivant quelles lois elle a passé de l’une à l’autre.
L’arithmétique est un modèle d’exactitude ; l’addition est la plus simple des opérations, et pourtant il n’est pas rare de rencontrer des additions fausses.
Ses Poésies annoncent une imagination douce & brillante ; les expressions en sont naturelles & délicates, le style simple & plein de graces ingénues.
Jamais l’ambition inquiete d’étaler ses propres idées, défaut ordinaire à la plupart des Historiens, ne l’entraîne à prévenir les réflexions du Lecteur ; il se contente de le mettre à portée de réfléchir lui-même, en se bornant à la simple narration.
Les Eloges de Fontenelle & de Montesquieu sont des plus instructifs & des mieux écrits : le style en est simple, sans la moindre recherche, & presque toujours animé par le sentiment.
D’ailleurs une présomption d’irréalité pèse déjà sur ces objets : lorsque, regardant de près à leur genèse on les voit émerger de la sensibilité même du sujet, n’est-on pas tenté de se demander s’ils ne sont pas de simples signes auxquels le moi confère la réalité par un acte de volonté arbitraire ?
Il affectoit de mettre dans sa déclamation ces mouvemens & ce feu qui distinguent si bien l’auteur du simple acteur.
Cet illustre contemporain de Virgile naquit d’un simple affranchi, à Venuse dans la Pouille.
D’abord il se garde bien de nommer le héros troyen ; il dit seulement, il y en avait un, et il ne nomme Hector à son vainqueur, qu’après lui avoir dit qu’il l’a tué combattant pour la patrie ; Τὸν σὺ πρώην κτεῖνα ; ἀμυνόμενον περὶ πάτρης : il ajoute alors le simple mot Hector, Ἔκτορα.
Son vêtement est simple ; sa taille élégante et légère.
Si vous aimez mieux des incidens plus simples, plus communs et moins grands, envoyez le bûcheron à la forêt, embusquez le chasseur, ramenez les animaux sauvages des campagnes vers leurs demeures, arrêtez-les à l’entrée de la forêt, qu’ils retournent la tête vers les champs dont l’approche du jour les chasse à regret ; conduisez à la ville le paysan avec son cheval chargé de denrées, faites tomber l’animal surchargé, occupez autour le paysan et sa femme à le relever.
Laissez-moi vous expliquer ; c’est bien simple…
Nibelle, comme inspiration et comme forme, a goûté à cette candide coupe de lait écumant dans laquelle buvait Yorick… Lorsque la visée commune est la force, soit dans l’expression des caractères ou des passions, soit dans les situations dramatiques, à une époque de corruption et de décadence où l’on a transporté dans le langage, cette forme rationnelle de la pensée, la couleur torrentielle des peintres les plus éclatants, il faut savoir bon gré à un jeune homme d’avoir, dans ses premiers récits, été sobre et simple comme s’il avait eu l’expérience, et de ne s’être adressé qu’aux saintes naïvetés du cœur pour plaire et pour intéresser.
Homère nous montre toujours ses héros se nourrissant de chair rôtie, nourriture la plus simple de toutes, celle qui demande le moins d’apprêt, puisqu’il suffit de braises pour la préparer86.
Le simple acquiescement du cœur à la règle est un pas fait dans le perfectionnement. […] Non : tout est plus simple, plus positif, plus pratique, plus conforme à la sagesse romaine, dans les ressorts du génie de César. […] Essayons un simple chapitre de l’histoire du langage. […] Le langage de la science, qui les énumère et les décrit, est donc simple, abstrait, prosaïque. […] Dans ces époques simples et primitives, cette division concorde avec celle des aptitudes et des fonctions principales de la nature humaine.
C’est en somme le type le plus simple et le plus commun du roman. […] Cette question sociale, cette thèse est simple. […] Je ne veux pas dire que le problème de l’intelligence, de son primat ici ou là, soit résolu, ni surtout qu’il soit simple. […] La raison en est simple. […] S’il s’agit du plaisir des jeunes gens, il est trop spontané, trop simple, trop inconscient pour que sa peinture aille bien loin.
De la méthode, tel est le titre si simple aujourd’hui, mais prodigieux alors, sous lequel Descartes présenta au monde ses pensées29. […] Rien ne paraît plus simple, plus facile et plus sage qu’une pareille marche ; cependant elle est à peu près impraticable, et elle ne peut mener à aucun grand résultat. […] L’histoire ne serait plus alors une succession fortuite de systèmes, d’écoles, d’époques, c’est-à-dire de la simple chronologie, mais de la chronologie dans un cadre lumineux et intéressant. […] Les idées sont-elles de simples signes qui n’existent que dans le dictionnaire, de purs mots, et faut-il être nominaliste ? […] Une simple tradition d’éclat et de magnificence, sans prestige sur l’esprit des peuples et sur celui des monarques eux-mêmes.
Le style, de plus en plus simple, est épaissi et négligé. […] Il a la foi, et c’est un simple. […] Gens très rudes, qui deviendraient vite des fanatiques ; le maître semble presque aussi simple qu’eux. […] C’étaient des hommes simples. […] Il panait à des hommes ignorants et simples.
Maurice Donnay ne pouvait nous donner une simple imitation ou adaptation de la Lysistrata d’Aristophane. […] On ne peut vraiment pas attendre des livres tout simples d’un poète qui est un savant, d’un Breton qui est un Gascon, d’un philosophe qui a été séminariste. […] L’architecte Durosier était un bon vivant, tout simple et tout rond. […] Ils sont simples, lents, taciturnes ; ils ont peu d’idées, et très tenaces. […] C’est bien simple.
A force de compliquer les choses, ils sont impuissants à goûter les sentiments simples. […] C’est par la sensibilité forte et simple et non par les procédés d’école qu’on atteint l’art. […] Son style, sans formule ni rhétorique, est un style absolument simple. […] La simplicité qui n’est pas simple, voilà le mérite de beaucoup d’œuvres de notre époque. […] L’art doit-il être une photographie pure et simple ?
Camille Jordan, né à Lyon le 11 janvier 1771, appartenant à une famille de commerçants aisés, de mœurs simples et d’une probité antique, fît de brillantes études à Lyon même, au collège de l’Oratoire, et il les couronna par un cours de philosophie de deux ans au séminaire de Saint-Irénée109. […] Discutant les conditions essentielles de cette liberté, Camille Jordan en venait à montrer l’iniquité et l’inutilité du serment ; il rappelait ce dilemme si simple et que chacun, disait-il, répétait au-dehors : « Les bons seront fidèles sans serment, les méchants seront rebelles malgré tous les serments. » La loi ne distinguait plus le prêtre du simple citoyen : pourquoi donc l’en distinguer sur ce seul article du serment ? […] Vous, simples citoyens, ne cessez de réclamer ces assemblées primaires qu’aucune puissance n’a droit à vous ravir… Dites-vous bien que telle est en France l’immense majorité des amis de l’ordre, que, même après qu’elle est décimée, il en reste partout assez pour comprimer la horde impure qui a juré le pillage de vos fortunes et l’assassinat de vos personnes. […] Rien de plus simple que votre lettre à l’époque où vous l’avez écrite. […] Nous n’avons pas besoin de répéter ici ces louanges sans mesure que lui-même dédaigne ; il nous suffit de dire, dans un langage plus simple parce qu’il est plus vrai : Oui, ce citoyen a bien mérité de son pays.
Le simple énoncé de l’entreprise. […] Il y a infiniment plus dans le futur antérieur que dans le futur simple. […] Leur histoire est bien simple. […] Et la raison en est bien simple. […] Et tantôt elle ne le porte même pas, tellement c’est simple.
Il va de la nébuleuse à l’homme, des lois simples qui régissent le cours des astres aux lois complexes qui président à l’évolution des sociétés. […] L’entourage du monstre est d’une psychologie plus simple et plus vraisemblable. […] Ce n’est pas un simple livre de théorie : c’est aussi un traité pratique, Il a fallu à M. […] Le plan est simple et rigoureux. […] Un homme à son tour n’est pas un simple agrégat de parties juxtaposées, sans aucune cohésion entre elles.
Aimable pays après tout que celui de France, où un simple homme de lettres qui ne peut rien, qui n’est rien, tient tant de place, et où se déclare si spontanément l’hommage de tous pour l’esprit, pour le talent et la grâce !
Quel dommage qu’une prétention presque continue gâte tout cela, et que la sensibilité simple et vraie manque sous ces vernis si souvent flatteurs !
Quelle interprétation outrée pour un simple portrait en cire21 !
Charles Nodier, que certes on ne récusera pas comme l’un des types les plus actuels et les plus contemporains, assure qu’il a besoin de remettre au net même de simples articles de journal.
Cependant, en y réfléchissant, on voit que le prix étant l’objet d’une convention libre, le juge n’a pas à le fixer ; et que si, sans le consentement de l’auteur, l’entrepreneur joue, c’est là un fait matériel simple à constater, un délit analogue à ce que serait pour un livre imprimé ou pour une gravure le délit de contrefaçon, et qui rentre sous la répression correctionnelle.
Mais Aubanel, lui, a suivi jusqu’au bout son inspiration poétique, et il a terminé sa carrière… Son meilleur recueil de vers, les Filles d’Avignon, presque introuvable naguère, a pu être réédité enfin… Sa vie fut très simple.
Les cheveux noirs sont légèrement frisottants et crêpelés, ce qui leur donne l’air ébouriffé ; le teint d’un brun mat, les dents blanches, petites et espacées, les lèvres pourprées d’un rouge de corail, les yeux petits et un peu enfoncés, mais très vifs, et qui prennent l’air malin quand le rire les éclaire, les narines ouvertes, les sourcils fins et droits, l’oreille exquise, le col un peu fort et très bien attaché, sont d’une sphinge tranquille et divine, ou d’une guerrière de Thyatire dont la beauté simple, accomplie et idéalement parfaite ne peut fournir aucun thème d’illustration aux dessinateurs de La Comédie humaine.
Édouard Thierry Il lisait toujours et s’efforçait rarement de produire ; mais ce qu’il écrivait était simple et excellent, ingénieux avec le plus grand air de naturel, et spirituel sans se piquer de le paraître… Tout cela est précis et délicat, ingénieux et sincère, toujours intéressant, toujours original, mais de cette originalité vraie et qui s’ignore, plein de ce charme funeste, et qui ne fut mauvais qu’à lui-même, l’enchantement du rêve répandu sur la vie.
Les fictions en sont simples & ingénieuses ; les sentimens vifs & naturels, la versification harmonieuse & facile, qualités sans lesquelles il faut renoncer à ces sortes de compositions.
Son imagination, vive & judicieuse tout ensemble, répand la chaleur & la vie sur tous les objets ; le style en est clair, simple, méthodique, plein de grace & de dignité.
Dresser sur cette pensée, d’après les données spéciales de l’histoire, une aventure tellement simple et vraie, si bien vivante, si bien palpitante, si bien réel, qu’aux yeux de la foule elle pût cacher l’idée elle-même comme la chair cache l’os.
C’est moins chez eux, ainsi que parmi nous, quelques pensées éclatantes, au milieu de beaucoup de choses communes, qu’une belle troupe de pensées qui se conviennent, et qui ont toutes comme un air de parenté : c’est le groupe des enfants de Niobé, nus, simples, pudiques, rougissants, se tenant par la main avec un doux sourire, et portant, pour seul ornement, dans leurs cheveux, une couronne de fleurs.
Ce vers si simple et si aimable : Je ne l’ai point encor embrassé d’aujourd’hui, est le mot d’une femme chrétienne : cela n’est point dans le goût des Grecs, et encore moins des Romains.
Si elles n’étaient que de simples vertus morales, imaginées par le poète, elles seraient sans mouvement et sans ressort.
A la tête de l’ouvrage, on trouve le traité des Beaux-Arts réduits à un même principe, qui est l’imitation de la belle nature : principe simple, aisé à saisir, facile à expliquer, également propre à soulager l’artiste qui travaille & l’amateur qui juge.
Elle est si simple et si ingénue !
Ce n’a été qu’après que Pison et d’autres medecins habiles ont été au Brésil, que les medecins d’Europe en ont bien connus les simples et les arbres.
Il y a là de la tenue d’écrivain, de l’élégance, de la netteté, et souvent une fine ironie, toutes choses excellentes, mais qu’il faudrait utiliser dans une composition plus vaste qu’une simple et courte monographie.
Ainsi par le simple secours de l’intelligence, et sans avoir besoin de celui de la mémoire, qui devient inutile lorsque les faits manquent pour frapper nos sens, nous avons rempli la lacune que présentait l’histoire universelle dans ses origines, tant pour l’ancienne Égypte que pour l’Orient plus ancien encore.
Ménandre fut le père de la comédie nouvelle, dont les personnages sont de simples particuliers, et en même temps imaginaires ; c’est précisément parce qu’ils sont pris dans une condition privée, qu’ils pouvaient passer pour réels sans l’être en effet.
Pratinas se fût peut-être soumis au destin : il eût peut-être qualifié de fait pur et simple ce que nous nous plaisons à nommer injustice. […] Le puissant outillage d’un tissage nous subjugue ; qui a jamais regardé avec émotion le simple jeu de deux aiguilles à tricoter ? […] Et comment a-t-on osé jeter le ridicule sur une opinion aussi saine formulée en un langage si simple et si sûr ? […] La conscience morale, pour cet esprit simple, est absolue. […] Vient ensuite (30), et c’est logique, la classe : bien élevée, respectueuse, modeste, douce, simple.
À intervalles très irréguliers, comme il convient, quelquefois formant un chapitre, quelquefois deux ou trois (les chapitres de Commynes sont courts), quelquefois simple ligne ou simple incise jetée négligemment, la remarque arrive, comme au moment même où on la désirait, c’est-à-dire au moment où on allait la faire, et l’on sait toujours gré à l’auteur de réfléchir avec vous précisément quand on était en humeur de philosopher. […] Son déisme même, si profond, si sincère, si énergique aussi, mais si simple, si peu embarrassé de théologie, pur recours, fervent, mais tout uni, à la cour d’appel et de cassation de là-haut, est encore un trait tout moderne. […] Ces livres ont l’air de simples plaisanteries ; mais ce n’est là que l’enseigne. […] Le paradoxe c’est quelquefois une simple vérité qui a contre elle de n’être pas généralement admise. […] La raison en est peut-être très simple.
Ce qui est tendre paraît plus tendre, ce qui est émouvant plus émouvant, ce qui est humain plus humain, ce qui est simple plus simple, dans une poésie à ce point docte et composite. […] Au fait, on le voit, dans toute sa correspondance des vingt dernières années, très libéral et aumônier, d’ailleurs fort simple de mœurs. […] Les Veuves À moins d’être très bonne, très simple, très modeste, et aussi d’avoir aimé son défunt « pour lui-même », — ne croyez pas que ce soit facile, le rôle de veuve d’un grand homme, ou d’un homme illustre, ou d’un homme célèbre. […] Et enfin, parmi les veuves, il en est une dont la souffrance ne fut connue des profanes qu’en tant qu’elle était liée à un deuil public ; dont toute la conduite récente ne fut que modestie, dignité simple et discrète, charité, désintéressement sans effort, et que nous avons saluée tous avec le respect le plus ému pour le noli me tangere de sa profonde et silencieuse douleur.
C’est surtout dans les gens de lettres, c’est même uniquement parmi eux que ces hommes se rencontrent : c’est aux personnes seules de l’art qu’il est réservé d’apprécier les vraies beautés d’un ouvrage, et le degré de difficulté vaincue ; s’il appartient aux grands d’en porter un jugement sain, ce n’est qu’autant qu’ils seront eux-mêmes gens de lettres dans toute la rigueur Rarement un simple amateur raisonnera de l’art avec autant de lumières, je ne dis pas qu’un artiste habile, mais qu’un artiste médiocre. […] Quelques bons livres en entier se trouvent dans ce sanctuaire, et quelques feuillets détachés d’un plus grand nombre : mais on lit au dehors du temple le simple titre d’une infinité d’autres, affiché à toutes les colonnes du portique, et présenté par des colporteurs à gage à tous les passants, à peu près comme le sont aux portes de nos spectacles les billets des farceurs et des empiriques que nous recevons sans les lire. […] Mais il serait à souhaiter du moins qu’ils fussent simples spectateurs dans cette société forcée, et spectateurs assez attentifs pour n’avoir pas besoin de retourner trop souvent à une comédie qui n’est pas toujours bonne à revoir ; qu’ils assistassent à la pièce comme le parterre qui juge les acteurs, et que les acteurs n’osent insulter : qu’en un mot ils y fussent à peu près dans le même esprit qu’Apollonius de Thyane allait autrefois à Rome du temps de Néron, pour voir de près, disait-il, quel animal c’était qu’un tyran. […] Peut-être deviendra-t-il enfin si ridicule, que nos auteurs se trouveront plus ridicules encore de l’avoir adopté, et qu’ils en reviendront au vrai et au simple. […] Le cardinal de Richelieu avait donné à l’Académie Française une forme très simple et très noble, mais aussi c’était le cardinal de Richelieu.
Pour nous, persuadés qu’en toute chose les commencements sont simples et grossiers, nous regarderons les Zoroastre, les Hermès et les Orphées moins comme les auteurs que comme les produits et les résultats de la civilisation antique, et nous rapporterons l’origine de la société païenne au sens commun qui rapprocha les uns des autres les hommes encore stupides des premiers âges. […] Les formules religieuses, étant toutes en action, n’avaient rien de général ; les formules légales dans leurs commencements n’ont rapport qu’à un fait, à un individu ; ce sont de simples exemples d’après lesquels on juge ensuite les faits analogues. […] Le Journal de Trévoux en fit une simple mention. […] J’ai dédié l’ouvrage au seigneur cardinal, parce que je l’avais promis. » L’amitié d’un simple gentilhomme, nommé Pietro Belli, fut plus utile à Vico, qui reconnut ses bienfaits en mettant une préface à sa traduction de la Siphilis de Frascator. […] Alors son fils Gennaro lui fit graver, dans un coin écarté de l’église, une simple épitaphe.
Au premier coup d’œil cela semble bien simple de rédiger des notes sur sa propre vie. […] Être de son temps rien ne paraît plus simple et rien n’est plus malaisé ! […] l’alla-t-il voir en simple observateur ? […] Depuis la fondation de l’ordre, sans compter Balzac, le grand maître, ce qu’il est mort de simples Chevaux rouges, nous n’osons le dire. […] De simples frottés à la terre de Cassel ont la perfection du travail le plus patient.
Cependant, ce n’est point par simple caprice que les Lettres belges ne prennent essor qu’en 1880. […] Ce livre a l’allure simple et enfantine des vieilles chansons populaires. […] Je pense que ces simples dates suffiront à prouver tout ce qu’il faut prouver. […] Son œuvre sent bon la vie simple, loyale, fervente. […] Bruxelles, Oscar Schepens, 1900. — Des poètes simples.
Ce qui apparaît de nouveau avec Fénelon, c’est Homère contemporain du monde homérique, contemporain d’hommes vivants et d’hommes simples. […] le seul service que tu auras rendu à ces ignorants sera d’avoir changé leur ignorance simple en une ignorance triple. […] La précision, c’est un art de transformer efficacement la qualité en quantité et de trouver à la complexité réelle un équivalent pratique simple. […] Mais la critique, qui est autre chose que l’art de produire, est aussi autre chose que le simple goût. […] Le critique n’est pas l’artiste, mais il n’est pas non plus le simple amateur ; il participe des deux natures.
Représentant une époque aussi complexe, il ne saurait être simple. […] On était simple. […] Ces auteurs, parfaitement adroits à couper un acte, à le meubler d’épisodes, à en varier les couplets, ont une entière incapacité de composer d’ensemble le plan d’une comédie, tout simple qu’il soit. […] Grâce à ce qu’elles reflètent, elles présentent un mérite qui n’est pas une simple apparence. […] Elles le sont, en effet, avec un art sobre, large, simple.
Cette littérature palpable n’en produit pas moins des impressions, des sensations et des pensées ; elle est la plus naturelle, la plus simple et la plus réelle des reproductions de la nature par la main de l’homme, et par cela même il est vraisemblable qu’elle a été le premier des arts inventés par l’espèce humaine. […] quoi de plus simple de procédé ? […] Après nous être un moment rafraîchis dans cet humble asile d’une simple et cordiale hospitalité, si douce à rencontrer sous un ciel brûlant, à huit cents lieues de son pays, à la fin d’une journée de tempête, de soleil et de poussière, M. […] non pas avec des lignes et des couleurs, comme le peintre, chose facile et simple ; non pas avec des sons, comme le musicien ; mais avec des mots, avec des idées qui ne renferment ni sons, ni lignes, ni couleurs.
Personne ne peut trouver à redire, quand toutes les maisons sont rassemblées sur la même place, autour de la scène ; et l’on ne s’étonne pas, quand de simples bourgeois descendent dans la rue pour causer, comme quand des rois ou des reines sortent de leur chambre pour dire leurs secrets. […] Cela se sent, plutôt qu’on ne le démontre : on voit pourtant bien qu’à une âme naïve, la plus fausse des coquettes devait, dès la première rencontre, présenter son idéal plus complet et apparent qu’une simple honnête femme : le vrai a ses limites que le faux franchit aisément. […] Il faut un rapport d’humeur (qui n’existe guère dans l’inégalité des conditions, et ainsi la raison sociale se réduit à une raison naturelle) ; c’est folie de vouloir marier le pédant Trissotin à la simple Henriette, l’hypocrite Tartufe à la candide Marianne, le cuistre Diafoirus à la douce Angélique. […] La femme à son goût, c’est ou la nonchalante et mondaine Elmire, ou la simple et sincère Eliante.
Les Romains ne furent que de grossiers soldats ; la majesté du plus beau Romain, d’un Auguste, d’un Trajan, ne me sembla que pose auprès de l’aisance, de la noblesse simple de ces citoyens fiers et tranquilles. […] Cette révélation de la grandeur vraie et simple m’atteignit jusqu’au fond de l’être. […] ô beauté simple et vraie ! […] Le dédain est la seule chose pénible pour les natures simples ; il trouble leur foi au bien ou les porte à douter que les gens d’une classe supérieure en soient bons appréciateurs.
Au point de vue du simple raisonnement, il est évident qu’on ne s’explique pas pourquoi Lohengrin, toléré dans les concerts, est soudain mis en interdit sur un théâtre. […] Quand enfin, sous l’Empire, il nous apporta le Tannhaeuser à l’Opéra, nous avons reconduit ce grand musicien comme un simple compositeur de café-concert qui n’aurait pas notre agrément. […] Heureusement, mon ami Jauner, de Vienne, qui m’accompagnait, ne fut pas atteint, et moi-même j’en fus quitte pour une simple contusion : si les membres du Jockey-Club de Vienne, Wagnériens enragés, mais hommes de bonne éducation avant tout, ne m’avaient pas protégé contre cette foule imbécile, jamais je ne serais revenu vivant de ce petit voyage de désagrément. […] Plus tard, quand l’Opéra avait donné le Tannhaeuser, nous devons reconnaître qu’au lieu d’écouter impartialement son œuvre, comme on l’aurait dû, avec ce sentiment de curiosité déférente qui est de simple bienséance envers les artistes célèbres, on l’avait brutalement égorgée sans miséricorde.
sentiment du départ guerrier, cher à tous les hommes jeunes et vaillants, et à notre nation en particulier, Villehardouin est le premier qui a eu l’honneur de l’exprimer chez nous, il y a plus de six cents ans, dans sa prose simple, nue et grave. […] Villehardouin a le tour net, simple, assez vif, la phrase courte : « S’il n’a pas, dit M.
Mais veut-on sous le pinceau du voyageur un paysage tout simple, animé de figures, avec un sentiment à la fois actuel et biblique, avec un reflet moral de l’homme au milieu de la plus réelle nature ? […] Tableau doux et champêtre dont la simple nature a fait les frais, il doit réunir comme elle la vénérable empreinte de l’antiquité aux charmes d’une immortelle jeunesse, et se renouveler au retour de chaque année comme la feuille des arbres et comme l’herbe des prés… Cette rencontre était un heureux hasard pour la troupe dont je faisais partie, et de pareils objets lui présentaient un bien nouveau spectacle ; mais nul ne leur pouvait trouver comme moi ce charme dû à la comparaison et au souvenir, et depuis longtemps ami des troupeaux, seul je les abordais en ami, jouissant de leur curiosité, de leurs craintes et de leur farouche étonnement.
L’opulence de sa maison est pour la grande place qu’il remplit et pour des bienséances d’état ; ce sont des dehors qui l’environnent ; mais, dans sa personne, tout est simple et modeste comme auparavant ; ses manières même et ses discours sont, comme autrefois, pleins d’affabilité ; c’est, en effet, la même personne que j’ai eu l’honneur de pratiquer à Germigny, il y a dix-sept ou dix-huit ans et plus… Jugez si je suis content de mon voyage ! […] Toute sa fin est du plus humble et du plus fervent chrétien, et s’il y mêle jusqu’au bout des retours et des prises d’armes du docteur et du gardien viligant des dogmes, il a aussi, quand il est réduit à lui seul et en présence de son mal, la foi simple et comme naïve du centenier de l’Évangile, et on peut le dire à l’honneur du grand évêque, il a la foi du charbonnier.
Cet homme, ce caractère, on l’avait déduit avec netteté et certitude de quelques pensées simples et grandes exprimées avec un accent qui ne trompe pas. […] Aristide lui-même, si on lit sa vie dans Plutarque, n’est pas si simple et si pur qu’on se le figure de loin.
C’est un petit livre fort imprévu que celui que vient de lancer, sous ce simple titre, notre ami et collaborateur M. […] Feydeau, à quelqu’un de ses amis romanciers ou dramaturges qui insistait sur la disparité des genres, aura dit : « Et pourquoi n’appliquerais-je pas la même faculté d’analyse et de plastique à l’étude, à la reconstitution d’un sentiment unique, d’une situation simple, et n’en tirerais-je pas des effets d’art ?
Ces volumes renferment pourtant très peu de choses écrites par Mme Récamier elle-même ; elle aimait peu à écrire, ne fût-ce que de simples lettres, et ce qu’elle avait pu rédiger de ses souvenirs, elle a ordonné en mourant qu’on le détruisît. […] L’existence de Mme Récamier, si brillante, si entourée, si entrelacée de toutes parts, n’a point cependant de mystères, ou ces mystères, s’il y en a (et il y en a dans la vie de toute femme), sont assez simples et n’ont rien d’effrayant : ce ne sont pas des profondeurs.
Demandez aux plus grands de ceux qui ont gouverné les hommes et qui ont le plus fait avancer leur nation ou leur race, à quelques croyances religieuses et métaphysiques qu’ils appartiennent, — Mahomet, Cromwell, Richelieu —, ils se sont tous conduits en vertu de l’expérience pure et simple, comme gens qui connaissent à fond l’homme pour ce qu’il esth, et qui, s’ils n’avaient pas été les plus habiles des gouvernants, auraient été les moralistes perspicaces les plus sévères. […] Il était plus homme à s’intéresser à de véritables travaux qu’à de simples digressions et à des aménités littéraires.
Y eut-il jamais, dans la vie d’un peuple militaire et libre, un plus admirable moment et pour ce peuple lui-même et pour les jeunes guerriers dont il était fier, que l’heure où, après une pareille campagne unique par le génie et toute patriotique d’inspiration, toute défensive encore jusque dans ses conquêtes, après n’avoir battu tant de fois l’étranger au dehors et ne l’avoir relancé si loin que pour ne pas l’avoir chez soi au dedans, les enfants de cette triomphante armée d’Italie revinrent dans leurs foyers, simples, modestes, décorés du seul éclat des victoires ? […] Destitué lui-même par le Directoire peu après le rappel de Brune, et remplacé par Rivaud qui lui apportait l’ordre de sortir de l’Italie : Je n’en tins aucun compte, dit-il, persuadé que le Directoire n’avait pas le droit de m’empêcher de vivre en simple particulier à Milan.
Dugommier le traitait déjà, simple général de brigade, comme on traite un gouvernement. […] Que le Dugommier vif et franc, brave et simple autant qu’habile, et dont les talents n’éclatèrent également qu’à la fin de la carrière, paraît donc supérieur à ce Dumouriez, qui fut un libérateur aussi à son heure, mais qui ternit sa gloire, de tout temps un peu équivoque, par les intrigues manifestes et les manigances prolongées de sa dernière vie !
Nous faisons pour notre compte de simples monographies, nous amassons des observations de détail ; mais j’entrevois des liens, des rapports, et un esprit plus étendu, plus lumineux, et resté fin dans le détail, pourra découvrir un jour les grandes divisions naturelles qui répondent aux familles d’esprits. […] Il s’y rencontre des linéaments essentiels qui sont souvent masqués, pour être trop condensés ou trop joints ensemble, dans le grand individu ; le fond se retrouve, chez les autres de son sang plus à nu et à l’état simple : la nature toute seule a fait les frais de l’analyse.
Toutes ces circonstances de l’histoire de Jésus, tous ces personnages si connus de nom et montrés aux yeux, semblables aux gens d’à présent, devaient toucher les simples, les ignorants, qui étaient alors le grand nombre, et devenaient un enseignement vivant, parlant à tous. […] Guessard et de Certain qu’il n’y a rien de tel, pour honorer le miracle de la patriotique jeune fille, que le vrai tout simple, et ce qui permet d’en approcher le plus, le Journal de ses actions et les pièces mêmes de son procès.
Térence, en effet, loin d’avoir affaibli Ménandre dans l’action, paraît, an contraire, avoir jugé celui-ci trop simple et l’avoir voulu d’ordinaire renforcer et doubler. […] Et le père de s’attendrir sur ces marques de bon cœur et de sensibilité de son fils : « S’il se montre ainsi touché pour une femme qui n’a été qu’une simple connaissance, que serait-ce s’il l’avait aimée en effet !
« Il ne faut pas dire : « Il n’y a pas eu d’hommes d’État dans tel pays, car s’il s’y en était trouvé, ils se seraient élevés comme Cromwell, lequel a prouvé, ainsi que d’autres, qu’il n’était pas nécessaire d’être né sur le trône. » Cela n’était pas nécessaire pour lui, mais l’était pour d’autres qui, moins en état de s’élever comme lui, ou plus scrupuleux sur le choix des moyens, sont restés simples particuliers. […] Son économie lui permet de se conduire avec ses amis selon sa manière de voir en cela, quand les circonstances le demandent ; et ses simples connaissances le trouvent prompt à rendre… » (Ici une lacune.)
Mais indépendamment des circonstances particulières qui favorisèrent le premier succès, et sur lesquelles nous reviendrons, il faut reconnaître que Racine a su tirer d’un sujet si simple une pièce d’un intérêt durable, puisque toutes les fois, dit Voltaire, qu’il s’est rencontré un acteur et une actrice dignes de ces rôles de Titus et de Bérénice, le public a retrouvé les applaudissements et les larmes. […] Il faut qu’il y ait beaucoup de science dans la contexture de Bérénice pour qu’une action aussi simple puisse suffire à cinq actes, et qu’on ne s’aperçoive du peu d’incidents qu’à la réflexion.
Ils considèrent toutes les idées dans leurs rapports naturels ; les institutions qui existent chez eux sont trop contraires aux plus simples notions de la philosophie, pour qu’ils puissent en rien y soumettre leur raison. […] Leur génie leur inspire souvent les expressions les plus simples pour les passions les plus nobles ; mais quand ils se perdent dans l’obscurité, l’intérêt ne peut plus les suivre, ni la raison les approuver.
Cette remarque doit être considérée comme une simple conséquence du même principe. […] Si l’on s’était convaincu d’un principe simple, c’est que les hommes n’ont pas le droit de faire le mal pour arriver au bien, nous n’aurions pas vus tant de victimes humaines immolées sur l’autel même des vertus.
Dans la première partie, on a dégagé les éléments de la connaissance ; de réduction en réduction, on est arrivé aux plus simples, puis de là aux changements physiologiques qui sont la condition de leur naissance. […] Par le même procédé, au-delà de ces premiers couples, nous en isolons d’autres, plus simples, qui, semblables à la formule d’une courbe, concentrent en une loi générale une multitude indéfinie de lois particulières.
Je ne puis me tenir de détacher de la conclusion ces lignes où l’émotion de l’érudit, tout en se contenant, teint son style d’une couleur charmante : … Certes nous avons eu, depuis la Renaissance, une littérature plus belle, plus variée, plus riche pour le cœur et pour l’esprit que la poésie rude et simple de Roland ; et, quand nous revenons écouter ce langage naïf en sortant des harmonies savantes de nos grandes œuvres littéraires, il nous semble entendre le bégayement de l’enfance. […] Je vous assure que ces simples lignes, à leur place, sont d’un très grand effet.
Elles sont d’ordre matériel et d’ordre moral, influant les unes sur les autres, et il sera simple d’aller directement à la question en commençant par examiner les causes matérielles. […] L’homme né pour comprendre les rapports des idées peut rester un simple lettré, s’il se borne là : mais, s’il veut, il est capable de devenir un véritable bienfaiteur social.
Mallarmé, ne comporte pas ces unités partielles ; elle ne possède qu’une unité d’ensemble, elle est à unité simple. […] J’en veux indiquer un seul trait : c’est le caractère supérieurement simple, précis et prépondérant des mots à la rime.
Là même il m’arrive de me plaire encore pour la parfaite musique des mots, le délice des vers harmonieux et simples… Mais le cas de M. […] On feint de croire qu’il peine à raffiner pour effaroucher les gens simples.
Parmi tous ces simples qui sont là, à l’ombre de ces vieux arbres, pas un, pas un seul ne vivra dans l’avenir. […] Il n’est pas bien sûr qu’un tel travail amenât aucun résultat sérieux ; n’importe ; la simple possibilité d’y trouver quelque fine induction, qui, entrant comme élément dans un ensemble plus vaste, révélât un trait du système des choses, suffirait pour hasarder cette dépense.