Ses animaux sont peints de la même force et de la même vérité.
Le païsage que le Poussin a peint plusieurs fois, et qui s’appelle communément l’ Arcadie , ne seroit pas si vanté s’il étoit sans figures.
Comme dans la plupart des civilisations très neuves, l’effort personnel ne les a pas dégagés du lien collectif ; quelques portraits pris au hasard peindront tous ces frères. […] On ne pouvait mieux peindre la dureté et l’utilité de leur office. […] Et tout cela peint en quelques traits rapides et forts, relevé d’images personnelles qu’on n’a vues nulle part. […] La satire contemporaine ne peint pas d’une autre couleur les travers, les rancunes, les passions qu’elle continue d’observer dans la Russie actuelle. […] Ils disent que pour peindre Lucifer, l’auteur du Démon n’eut qu’à regarder au dedans de soi.
Mais les admirables couleurs dont il peint sa déesse, annoncent qu’il aurait pu conserver et rajeunir tous les dieux d’Homère. […] Et à côté de ces brillantes images, quelle naïveté de détails vrais, intimes, qui prennent l’homme sur le fait, et le peignent dans toute sa profondeur, en le montrant avec toutes ses petitesses ! […] Il a peint l’homme, et il a dignement retracé les plus grands caractères et les plus belles actions de l’espèce humaine. […] Comme tous les grands maîtres de la poésie, il excelle à peindre ce qu’il y a de plus terrible et de plus gracieux. […] Les ressources que le poète a d’ailleurs puisées dans son génie, pour peindre le séjour infernal, sont au rang des plus étonnants efforts de l’imagination humaine.
Il ne restait qu’à les regarder et à les peindre du dehors, tels qu’ils se montraient en public, et c’est à quoi se bornaient les poètes qui vivaient de leurs dons, et qui les avaient à la fois pour protecteurs et pour lecteurs. […] Beau vers, qu’il s’applaudissait beaucoup d’avoir fait, dit un de ses biographes, moins sans doute pour le mérite du vers que pour la justesse du trait ; moins en poète charmé de son art qu’en homme sincère qui se peint tel qu’il est. […] Je l’aime mieux quand il peint, parce que l’imagination y suffit, et quand il raconte, parce qu’il n’y faut que de l’enjouement et de l’esprit, avec une raison ordinaire. […] Alors il considère sa nature, il se compare à l’esprit humain tel que l’ont peint les grands poètes, il distingue dans ces peintures ce qui lui ressemble ; dans les règles appliquées ou inventées par ces poètes ce qui lui est conforme. […] Ce n’est pas au poète à spéculer et à raffiner ; il sent et il peint.
Il aura aussi sa nature à lui et sa palette pour la peindre, aux bords de l’Ohio. […] L’auteur a voulu peindre aussi les funestes conséquences de ces « rêveries criminelles… introduites parmi nous par J. […] Vouloir peindre le ciel, lui René ! […] Il est également incapable de nous peindre un ciel matériel et un ciel immatériel. […] Or, dans les Mémoires, il n’aura qu’à se peindre directement, sans nulle fiction interposée entre lui et nous, dans ses rapports avec les choses et les hommes et dans les impressions qu’il en reçoit.
Il faut la dessiner et la peindre vulgaire, plate, veule. […] Lavedan, à force d’écouter les mêmes hommes et les mêmes femmes, risque de répéter les mêmes propos et de peindre les mêmes « rosseries ». […] Elle était très blonde, avec des cheveux follement luxuriants qu’elle nouait et s’épinglait légèrement sur la tête, plutôt qu’elle ne les y peignait. […] Son plus cruel roman, Peints par eux-mêmes, a fait beaucoup de bruit. […] Peint.
Ainsi lui, méridional, peint le Midi comme un étranger qui y viendrait pour première fois. […] Il n’est qu’un prétexte, cet Yves courant sur toutes les mers pour nous peindre ces mers mêmes. […] Des médaillons quand j’aurais l’ambition de peindre des tableaux ! […] Je renonce à peindre la stupeur du public. […] Sardou nous peint une Amérique de fantaisie, vue prise de Marly-le-Roy.
Le poëte a évidemment voulu peindre avant tout le pays et les mœurs ; la fable (si fable il y a), l’action romanesque qu’il a jetée à travers, n’est qu’un prétexte et tient peu de place, trop peu sans doute.
D’ailleurs, dans le paradis des poètes, ce critique-poète qui a si bien connu, pénétré et peint de main de maître le xviie siècle, n’aura-t-il pas le droit, si cela lui convient, de s’asseoir à côté de ses maîtres, et de porter, comme eux, pour achever d’ennoblir son nez tout moderne, la majestueuse perruque blonde à la Louis XIV ?
On disoit que, pour écrire ses Romans, elle s’étoit d’une plume tirée des ailes de l’Amour ; louange peut-être excessive, mais due au talent avec lequel elle a su peindre la puissance de ce Dieu.
Il peint plutôt qu'il ne raconte.
Peindre, chemin faisant, à l’occasion de cette idée, non seulement l’homme et la femme, non seulement ces deux femmes et ces trois hommes, mais tout un siècle, tout un climat, toute une civilisation, tout un peuple.
Mais rien ne peint mieux Dolet qu’une lettre de Jean Angeodonus, écrite de Strasbourg.
Dans la comédie de caractère, l’auteur dispose son plan de manière que les situations mettent en évidence le caractère qu’il veut peindre : expressions, sentiments, actions, incidents, épisodes, tout doit se rapporter à cet unique but.
Quant aux femmes, la coquetterie est peinte dans Armide, la sensibilité dans Herminie, l’indifférence dans Clorinde.
Ici nous proposons d’ouvrir un nouveau sentier à la critique ; nous chercherons dans les sentiments d’une mère païenne, peinte par un auteur moderne, les traits chrétiens que cet auteur a pu répandre dans son tableau, sans s’en apercevoir lui-même.
Avant le poète anglais, le Dante et le Tasse avaient peint le monarque de l’enfer.
Rubens qui sçavoit si bien en imposer à l’oeil par la magie de son clair-obscur, fait paroître le corps du larron sortant du coin du tableau dans cet effort, et ce corps est encore la chair la plus vraïe qu’ait peint ce grand coloriste.
Le tableau d’Attila peint par Raphaël ne tire point son mérite de ce qu’il nous en impose assez pour nous séduire et pour nous faire croire que nous voïons véritablement saint Pierre et saint Paul en l’air, et menaçans l’épée à la main ce roi barbare entouré des troupes qu’il menoit saccager Rome.
L’abbé Galiani disait : « Il y a des États qui ne sont jolis que dans leur décadence. » Le petit médaillon historique de Law, peint par Cochut, est un livre de ces sortes d’États à leur déclin, ce qui ne veut pas dire, du reste, que nous soyons le moins du monde « jolis » en tombant comme nous le faisons.
Rien n’est plus charmant de coloris doux, de nuances fines et émues… Ce n’est, je le veux bien, que des dessus déportés, faits aux trois teintes, avec du gris de lin, du bleu de ciel et du rose pâle ; mais c’est délicieux, et qui peint ainsi le dessus de porte a droit au lambris !
Mais tous ces hôtes passagers qui ne pourraient qu’égayer d’une anecdote un fond si grave, que sont-ils auprès du fondateur même, je veux dire le bibliothécaire de Mazarin et le grand bibliographe d’alors, ce Gabriel Naudé dont le cachet est là partout sous nos yeux, dont l’esprit se représente à chaque instant dans le choix des livres et s’y peint comme dans son œuvre ? […] Deux ans après l’Apologie, il donna un petit opuscule qui nous sied mieux et où il se peint directement dans son vrai jour : Advis pour dresser une Bibliothèque, présenté à M. le président de Mesmes (1627). […] Naudé, au premier chapitre de son livre, soutient, en s’appuyant de l’autorité de Cardan et de Campanella, que, pour bien peindre un homme ou pour bien traiter un sujet, il faut se transmuer dedans ; et il cite spirituellement l’exemple de Du Bartas, qui, pour faire sa fameuse description du cheval, galopait et gambadait des heures entières dans sa chambre, contrefaisant ainsi son objet. […] La Saint-Barthélemy peinte et Coligny immolé. […] Il avait de longue main, dans ses Rose-Croix, compté sur la badauderie des Français ; dans ses Coups d’État, s’il nous en souvient (chap. iv), il avait peint la populace en traits énergiques et méprisants, que l’émeute présente semblait faite exprès pour vérifier.
. — Pourquoi il a pu peindre les personnages et les passions de la corruption romaine. […] — Pourquoi ces comédies sont sérieuses et militantes. — Comment elles peignent les passions de la Renaissance. — Ses comédies bouffonnes. — La Femme silencieuse. […] Phrase sur phrase, coup sur coup, les idées et les faits viennent dans le dialogue peindre une situation, manifester un personnage, dégorgés de cette mémoire profonde, dirigés par cette solide logique, précipités par cette réflexion puissante. […] Les dieux grecs et tout l’Olympe antique, les personnages allégoriques que les artistes peignent alors dans leurs tableaux, les héros antiques des légendes populaires, tous les mondes, le réel, l’abstrait, le divin, l’humain, l’ancien, le moderne, sont fouillés par ses mains, amenés sur la scène pour fournir des costumes, des groupes harmonieux, des emblèmes, des chants, tout ce qui peut exciter, enivrer des sens d’artistes. […] Si je les omets, je ne puis plus peindre le seizième siècle.
Tous ses Héros ont de la valeur ; mais les traits dont il peint leur courage sont aussi variés que leurs caractères mêmes. […] Fontenelle dit que ses Bergers sont plus rustiques qu’agréables ; mais il les a peint tels qu’ils étoient alors dans la Sicile où le Poëme Bucolique a pris naissance. […] Ce Comique, heureux imitateur de Ménandre, nous offre dans ses Drames le tableau de la vie bourgeoise, tableau où les objets sont choisis avec goût, disposés avec art, & peints avec des graces si naïves, que chacun s’y voit comme dans un miroir. […] Ces images dessinées & peintes avec une netteté singuliére, deviennent sous son pinceau visibles & palpables. […] Il exprime toujours plus qu’il ne peint.
Il la peint dans toutes les attitudes ; il ne peut se rassasier de la voir. […] Il retire l’épopée du terrain ordinaire, celui où, sous la main d’Homère et de Dante, elle exprime des croyances effectives et peint des héros nationaux. […] Est-ce qu’il est possible de ne pas croire un homme qui nous peint les choses avec un détail si juste et des couleurs si vives ? […] Car, outre les objets qu’il peint, l’artiste se peint lui-même. […] Mais ce qui achève de le peindre, et ce qui annonce l’approche de la science, c’est que son imagination se fait contre-poids à elle-même.
Cela est surtout visible dans les ouvriers ; la persévérance, l’opiniâtreté, la résignation sont peintes sur leurs longs visages osseux et ternes. […] — Ils se piquent de peinture, du moins ils l’étudient avec une minutie étonnante, à la chinoise ; ils sont capables de peindre une botte de foin si exactement, qu’un botaniste reconnaîtra l’espèce de chaque tige ; celui-ci s’est installé sous une tente pendant trois mois dans une bruyère afin de connaître à fond la bruyère ; beaucoup sont des observateurs excellents, surtout de l’expression morale, et réussiront très-bien à vous montrer l’âme par le visage ; on s’instruit à les regarder, on fait avec eux un cours de psychologie ; ils peuvent illustrer un roman ; on sera touché par l’intention poétique et rêveuse de plusieurs de leurs paysages. […] Presque jamais un livre ici ne peint l’homme d’une façon désintéressée ; critiques, philosophes, historiens, romanciers, poëtes même, ils donnent une leçon, ils soutiennent une thèse, ils démasquent ou punissent un vice, ils peignent une tentation surmontée, ils racontent l’histoire d’un caractère qui s’assied.
Du reste, la conversation est pendant le dîner, bizarre, étrange, fantasque, sous l’inspiration de la cocasserie spirituelle de Forain, qui, en train de peindre l’intérieur des Cros, nous, dit : — Ah ! […] N’est-ce pas ironique, cela au moment où la Colombine du Gil-Blas, peint mon facteur, accablé sous les lettres de femmes, qui m’arrivent à toutes les heures de la journée. […] Seulement, au milieu de sa phraséologie, où il se peint bourgeoisement au temps de sa puissance, comme « un agriculteur, un sucrier », il y a le terrible accent qu’il donne à des phrases, comme celle-ci : « Oui, quand mon oncle a été brûlé ! […] Ce soir, il nous peint, au moment de l’arrivée d’une petite manicure bossue, une maison de la rue d’Edimbourg, une de ces maisons, peuplées de bas en haut, de cocottes, depuis la cocotte du premier au coupé au mois, jusqu’à la cocotte cherche-dîner sur le boulevard, des étages supérieurs.
Peignez-moi un défaut aussi léger que vous voudrez : si vous me le présentez de manière à émouvoir ma sympathie, ou ma crainte, ou ma pitié, c’est fini, je ne puis plus en rire. […] Quand on nous peint un état d’âme avec l’intention de le rendre dramatique ou simplement de nous le faire prendre au sérieux, on l’achemine peu à peu vers des actions qui en donnent la mesure exacte. […] Peindre des caractères, c’est-à-dire des types généraux, voilà donc l’objet de la haute comédie. […] La comédie peint des caractères que nous avons rencontrés, que nous rencontrerons encore sur notre chemin.
Les relations qu’il eut avec Voltaire les peignent l’un et l’autre. […] Ce n’était pas le compte de Voltaire, qui prétendait, et avec raison, peindre, animer ses tableaux, tenir le lecteur en haleine et les yeux attachés sur les principaux personnages : « Je jetterais mon ouvrage au feu, si je croyais qu’il fût regardé comme l’ouvrage d’un homme d’esprit… J’ai voulu émouvoir, même dans l’histoire.
Je n’ai à suivre ce récit qu’autant qu’il sert à peindre l’historien lui-même. […] À l’arrivée dans l’Hellespont et devant le Bosphore, il a pourtant des accents et quelques traits qui peignent bien l’impression de grandeur et d’éblouissement qu’il reçoit.
Son aménité se peignait dans ses manières, dans ses discours, dans ses conseils… Ce caractère devait surtout plaire aux femmes. […] De même pour l’immortalité et pour l’avenir des destinées humaines : rendant compte, dans son Éloge de Buffon, des Époques de la nature et rappelant l’hypothèse finale du grand naturaliste lorsqu’il peint la lune déjà refroidie et lorsqu’il menace la terre de la perte de sa chaleur et de la destruction de ses habitants : Je demande, s’écrie-t-il, si cette image lugubre et sombre, si cette fin de tout souvenir, de toute pensée, si cet éternel silence n’offrent pas quelque chose d’effrayant à l’esprit ; je demande si le désir des succès et des triomphes, si le dévouement à l’étude, si le zèle du patriotisme, si la vertu même, qui s’appuie si souvent sur l’amour de la gloire, si toutes ces passions, dont les vœux sont sans limites, n’ont pas besoin d’un avenir sans bornes ?
Tel, quoi qu’il veuille conquérir ou peindre, gardera toujours de la chaire, de l’école et du professeur. […] Jeune ou vieux, il n’a cessé de se peindre, et, ce qui vaut mieux, de se montrer, de se laisser voir, et, en posant solennellement d’un côté, de se livrer nonchalamment de l’autre, à son insu et avec une sorte de distraction.
On se le demandait, et bientôt on sut qu’en artiste ironique et fier, qui prétend ne pas dépendre du public ni de son propre succès, résistant à tout conseil et à toute insinuation, opiniâtre et inflexible, il laissait de côté pour un temps le roman moderne où il avait, une première fois, presque excellé, et qu’il se transportait ailleurs avec ses goûts, ses prédilections, ses ambitions secrètes ; voyageur en Orient, il voulait revoir quelques-unes des contrées qu’il avait traversées et les étudier de nouveau pour les mieux peindre ; antiquaire, il s’éprenait d’une civilisation perdue, anéantie, et ne visait à rien moins qu’à la ressusciter, à la recréer tout entière. […] Flaubert a choisie pour fond et pour sujet de son récit, et qu’il a voulu peindre dans tout le détail de ses atrocités, l’offrant comme une espèce de type de la guerre chez les Anciens ou du moins chez les peuples d’Afrique.
Dès qu’il s’en éloignait, elle reprenait à ses veux tout son charme : telle l’Ile-de-France pour Bernardin de Saint-Pierre, qui de près l’aima peu, et qui ne nous l’a peinte si belle que de souvenir. […] Il s’est écrié en finissant : Aux champs comme aux cités, l’homme est partout le même, Partout faible, inconstant, ou crédule, ou pervers, Esclave de son cœur, dupe de ce qu’il aime : Son bonheur que j’ai peint n’était que dans mes vers.
En un mot, c’est ici où cet incomparable Scaramouche, qui a été l’ornement du théâtre et le modèle des plus illustres comédiens de son temps qui avaient appris de lui cet art si difficile et si nécessaire aux personnes de leur caractère, de remuer les passions, et de les savoir bien peindre sur le visage (c’est une allusion à Molière) ; c’est ici, dis-je, où il faisait pâmer de rire pendant un gros quart d’heure dans une scène d’épouvante où il ne proférait pas un seul mot. […] Après, poussant plus loin cette triste figure, D’un cocu, d’un jaloux, il en fait la peinture ; Tantôt à pas comptés vous le voyez chercher Ce qu’on voit par ses yeux, qu’il craint de rencontrer ; Puis, s’arrêtant tout court, écumant de colère, Vous diriez qu’il surprend une femme adultère, Et l’on croit, tant ses yeux peignent bien cet affront, Qu’il a la rage au cœur et les cornes au front.
Walckenaer, frais, vif, rose et riant, peint par Greuze, menant de front les plaisirs et le travail, ardent à l’étude, au monde, à la société, sensible aux passions, présentant l’image d’une jeunesse à la fois sérieuse et amoureuse ; nous ne pouvons que le deviner, mais littérairement il se trahit, et toujours il gardera dans son style, dans sa manière de dire, même quand il voudra peindre le siècle de Louis XIV, quelque chose de ce qui caractérise l’époque de Louis XVI.
Il s’est peint lui-même dans ses œuvres « avec sa pauvre figure pâle, ornée d’un nez en as de trèfle ». […] Humouriste à teintes adoucies et pures, dans une contrée où l’humour a des tons criards et je ne sais quelle hagarde ivresse, il ne doit la transparence de son sourire et la limpidité de ses larmes qu’à la chasteté du sentiment chrétien qui ne l’abandonne jamais, et, sur les limites de la passion où parfois il glisse, se rappelle encore à lui par une rougeur… Ascète adorable, qui donnerait des charmes inattendus à l’Austérité et qui s’est peint en trois traits, lui et son talent, quand il a dit : « Que faut-il à « un homme pour être heureux ?
Molière l’a peint avec force, avec puissance, avec cruauté. […] Elle est pleine d’hypocrisie et de fiel quand elle peint Clitandre à Philaminte sous des couleurs défavorables. […] Il a peint, non des caractères, mais des professions, ou, si l’on veut, il a peint des caractères professionnels. […] Il n’a, dans Perrin-Dandin, peint et voulu peindre que le juge monomane, dans Chicaneau, que le plaideur monomane ; rien de plus ; et il a fait ce qu’il a voulu faire, des caricatures. […] Ce qu’ils peignent pour moi, ce ne sont pas les ancêtres de Gomez de Silva, ce sont ses sentiments.
Je m’étais mis à leur appliquer tout d’abord une forme de critique singulièrement délicate et chatouilleuse ; je me faisais l’introducteur, l’interprète et jusqu’à un certain point le panégyriste de grands écrivains qui allaient se modifiant eux-mêmes pendant que je les peignais, et qui, souvent, par leur prompte métamorphose, déjouaient mes louanges les plus sincères et les plus méritées. — Je dirai tout de suite que pour avoir sous les yeux tout ce que j’ai écrit ex professo sur La Mennais, il faudrait y joindre l’article sur la Correspondance publiée par M.
Je pourrais bien ici faire le romanesque, Vous peindre Maria dans la couleur mauresque, Quelque gitana fière, à l’œil sombre, au front d’or ; Mais je sais peu décrire et moins mentir encor.
La scène est au commencement du treizième siècle, notez l’époque ; et, quand il veut peindre son héroïne, il ne trouve d’autres images que celles d’Hélène, de Vénus, de Galatée et d’Eurydice ; Philippe-Auguste est l’Alcide français, l’Apollon de Lutèce.
L’auteur a peint le premier sans effort et avec vérité ; il en a fait un homme simple, mais grand, passionné sous des dehors froids, et généreux sous une enveloppe épaisse ; on rencontre de telles gens devers Rotterdam.
Peu après André Chénier, et, avant qu’on eût publié ses poèmes, M. de Chateaubriand, dans les Martyrs, retrouvait de grands traits de la beauté grecque antique ; dans son Itinéraire, il a surtout peint admirablement le rivage de l’Attique.
On peut être embarrassé de peindre le caractère du peuple athénien, et de résumer en quelques traits l’histoire du paysan français, tandis que l’on se tirerait convenablement du portrait du vieillard Dêmos ou de la vie de Jacques Bonhomme.
On fut étonné de cette force majestueuse dont il a décrit les mœurs, le Gouvernement, l’accroissement & la chute des grands Empires, & de ces traits rapides d’une vérité énergique dont il peint & dont il juge les Nations.
Crime et Châtiment est admirable parce que ce roman est appelé à peindre l’hallucination criminelle, mais le peintre qui entoure d’une pareille hallucination indifféremment un violoniste mondain, une jeune femme charmante, Carlyle, ou de délicieux enfants roses est absurde, parce que ces œuvres sont absurdes et morbides, parce que l’absurde et le malade ne peuvent pas rationnellement prétendre prendre jamais place dans notre admiration..
Il faut seulement que, pour faire croire le contraire, elle se fasse peindre devant son livre.
Il est si vrai que le christianisme jette une éclatante lumière dans l’abîme de nos passions, que ce sont les orateurs de l’Église qui ont peint les désordres du cœur humain avec le plus de force et de vivacité.
On peut remarquer que la première voyelle de l’alphabet se trouve dans presque tous les mots qui peignent les scènes de la campagne, comme dans charrue, vache, cheval, labourage, vallée, montagne, arbre, pâturage, laitage, etc., et dans les épithètes qui ordinairement accompagnent ces noms, telles que pesante, champêtre, laborieux, grasse, agreste, frais, délectable, etc.
Mais tous ces objets me paraissent peints d’une touche trop douce et trop uniforme.
Un peintre qui peint des coupoles et des voûtes d’église, ou qui fait de grands tableaux destinez pour être placez dans tous les lieux où les hommes ont coutume de se rassembler, est plûtôt connu pour ce qu’il est, que le peintre qui travaille à des tableaux de chevalet destinez pour être renfermez dans les appartemens des particuliers.
Peintes par un homme de talent qui, sans être austère, aurait eu le chaste pinceau de la force, quelle galerie magnifique elles auraient formée devant le petit Panthéon de terre cuite de Michelet !
Peindre d’avance de telles mœurs, tout en les condamnant, n’est-ce pas enseigner à les imiter ?
À Leyde, cité industrieuse et docte, il regarda les syndics des drapiers, tels que les a peints Rembrandt. […] de peindre Noël Davril. […] Quant à Suzanne, il est naturel que, l’ayant vue, j’aie voulu la peindre. […] Il n’a pas fait peindre, sur la couverture de son volume, des drapeaux-réclames. […] Les cités grecques étaient, en général, de pauvres bourgades, décorées d’une magnifique parure de statues peintes et de temples enluminés.
L’auteur de Ma grande est habile à peindre la tendresse. […] Il les a peintes avec une gracieuse légèreté. […] Romain Rolland décida de peindre. […] Quand il peint, de couleurs crues, l’heure présente, il peint aussi, pour le contraste, l’heure précédente : il nous invite à comparer l’une et l’autre. […] Or, toute la longue histoire des Baillard est ainsi peinte dans son atmosphère.
Il parle de Coitier, sans le nommer même, et pour dire combien de milliers d’écus il extorquait par semaine au roi par la terreur, mais sans le peindre, ce que même on regrette, sans le peindre, parce que ce n’est pas un homme d’État, parce que ce n’est pas un homme d’intelligence, ou tenu par sa fonction d’en avoir, et coupable de n’en avoir pas. […] La pitié de Commynes est profonde et n’est point sans amertume à peindre Louis XI à Plessis-lès-Tours. […] Quel mouvement, et quelle aisance, et quel art de peindre ! […] Il n’est, pour peindre la race dont on est, que de se connaître soi-même, et de se décrire naïvement en ses différentes parties. […] Très souvent, en voyant Montaigne se peindre lui-même, on se rappelle le portrait suivant, qui n’est pas de lui : « C’était le meilleur petit bonhommet qui oncques ceignit l’épée.
Cela me confirme dans ma résolution de m’en tenir désormais uniquement à la nature : elle seule est d’une richesse inépuisable ; elle seule fait les grands artistes. » Ce que Werther dit là de la peinture, il l’entend également de la poésie : « Il ne s’agit que de reconnaître le beau et d’oser l’exprimer : c’est, à la vérité, demander beaucoup en peu de mots. » Et il cite en exemple une rencontre qu’il a faite, le jeune garçon de ferme amoureux de la fermière veuve, et amoureux tendre, timide, passionné : Il faudrait te répéter ses paroles mot pour mot, si je voulais te peindre la pure inclination, l’amour et la fidélité de cet homme. […] Voilà ce qu’il a peint admirablement dans son Werther, ce qui en fait l’âme, et qui en reste vrai pour nous encore, à travers toutes les vicissitudes de la mode et des genres. […] La vraie conclusion de Werther pour les artistes (car Werther est un artiste ou veut l’être), ce serait la conclusion qu’a choisie Goethe lui-même, s’occuper, produire, se guérir en s’appliquant ne fût-ce qu’à se peindre ; et si tous, dans cette tâche, n’atteignaient pas aussi haut qu’un Goethe le peut faire, ils y gagneraient du moins de sortir de leur mal, de le traverser, et de se rattacher bientôt derechef aux attraits puissants de la vie.
Gardez donc de donner, ainsi que dans Clélie, L’air ni l’esprit français à l’antique Italie, Et sous des noms romains faisant notre portrait Peindre Caton galant et Brutus dameret. […] Le Cyrus et tous ces romans et tragédies dont les héros ont l’air d’être assidus à Versailles, ont d’abord le tort de ne peindre que des manières et des modes. […] Il ne s’agit pas, encore ici, de peindre des Persans, ni des Turcs, ni des Grecs, mais des hommes.
Viennent ensuite la nièce même de cette princesse, la seconde Marguerite de Valois fille de Henri II et femme de Henri IV, auteur de quelques pages de Mémoires que l’Académie française, par un jugement où il entrait peut-être de la galanterie, regardait comme le modèle de la prose au xvie siècle158 ; le cardinal d’Ossat, ambassadeur de Henri IV près la cour de Rome, esprit pénétrant, simple et droit, qui expose au roi son maître, d’un style abondant et ferme, toute sa négociation relative à certains projets politiques de Henri IV, et notamment à l’affaire de l’abjuration 159 ; Brantôme, dont la curiosité ne se renferme pas dans les choses de son temps et de son pays ; qui recueille çà et là dans les livres et dans les ouï-dire les matériaux de sa chronique scandaleuse ; du reste, dans ce goût peu honorable pour les immondices de l’histoire, plein de sens, de finesse et d’excellent style, et plus à blâmer peut-être pour avoir eu la plus malhonnête curiosité dans un siècle si curieux, celle des musées secrets, que pour avoir exploité de propos délibéré la corruption de son temps160 ; le maréchal de Montluc, dont Henri IV appelait les Mémoires la Bible des soldats, jugement qui peint le livre161. […] Il fait justice de la Ligue au nom des principes éternels qui condamnent toute anarchie, il oppose à sa politique la vraie politique de la France, et il retrouve, pour peindre les horreurs de la guerre civile, les accents de Démosthène dévoilant Philippe, et de Cicéron accablant Antoine. […] Ce que dit Montaigne des causes qui déterminent sa volonté, de ces incertitudes où il faut si peu de chose pour le décider à jeter, comme il dit, sa plume au vent, peint naïvement les misères de cette liberté de l’intelligence qui résiste à un principe de morale universelle, et qui abdique devant une pointe !
Tel nous le peint un de ses camarades d’alors, Sélis, traducteur de Perse75. […] Deux témoins considérables, et qui ont eu part inégalement à sa familiarité, nous en parlent sur le même ton, et nous le peignent dans les années qui précédèrent 89. […] En effet, Madame, le triomphe de la tendresse fraternelle, l’amitié généreuse et les combats magnanimes de deux héros avaient naturellement trop de droits sur votre âme, et peindre des vertus, c’était s’assurer l’honneur du suffrage de Votre Majesté. — Je suis avec un très profond respect, Madame, de Votre Majesté le très humble, très obéissant et très fidèle sujet, Chamfort. » 79.
Il y en a qui peignent des paysages, moi je m’amuse à faire des paysages en relief. […] fait le maître de la maison, c’est un costume de comédie… Oui, une personne de ma famille qui, dans une pièce de théâtre, a rempli un rôle de couvent et voulut se faire peindre avec les habits de son rôle… Des mœurs, Messieurs, que vous aimez, des mœurs du xviiie siècle… Ma famille adorait la comédie. […] » Et là-dessus il s’élève contre la polychromie de l’architecture et de la sculpture, affirme que Pausanias n’a dit nulle part que les Grecs peignaient leurs statues, et que l’exemple de Pompéi n’est nullement probant à cause de la décadence de l’art ; — enfin, lâchant la polychromie, le vieux Delécluze s’étend longuement sur les difficultés que les chrétiens fervents éprouvent à mourir.
D’un autre côté, après avoir peint tant d’esprits dont les proportions ne font du peintre qui les reproduit qu’un faiseur de pastels ou de miniatures, quelle que soit d’ailleurs la supériorité de son art, l’auteur des Portraits littéraires était digne de nous dérouler quelque grande toile où le génie épique de Virgile se fût dressé dans toute sa stature et eût respiré de vie dans sa tranquille immortalité. […] C’étaient, à la distance de quelques siècles, les mêmes hommes, les mêmes institutions, les mêmes temps, les mêmes mœurs qu’il avait à peindre. […] Voilà ce que j’avais à dire sur ces fameuses lettres dans lesquelles on croyait trouver presque du scandale, et où l’on ne trouve que quelques petites malices qui ne sont pas bien méchantes, et cette déclaration naïve, dans laquelle le finaud d’habitude a oublié pour une fois la couarde hypocrisie de son esprit et qui le peint d’un trait : « Je me suis fait plus d’ennemis avec mes éloges qu’avec mes critiques. » Tout Sainte-Beuve est là, en effet.
Voici un duc et pair de la Cour de Louis XIV, peint par un ennemi que vous devinerez sans peine : « La plus vaste et la plus insatiable ambition, l’orgueil le plus suprême, l’opinion de soi la plus confiante et le mépris de tout ce qui n’est point soi le plus complet ; la soif des richesses, la parade de tout savoir, la passion d’entrer dans tout, surtout de tout gouverner ; l’envie la plus générale, en même temps la plus attachée aux objets particuliers et la plus brillante, la plus poignante ; la rapine hardie jusqu’à essayer de faire sien tout le bon, l’utile, l’illustrant d’autrui ; une vie ténébreuse, enfermée, ennemie de la lumière… une profondeur sans fond : c’est le dedans. […] Remarquez-vous le peu qui est accordé au portrait physique, et combien les expressions mêmes qui servent à peindre sont peu précises, empruntées au vocabulaire des idées, des sentiments et des comparaisons littéraires ? […] « Ni gesticulations, ni cris, ni horreurs, ni trop de larmes… Le Christ est une des plus élégantes figures que Rubens ait imaginées pour peindre un Dieu… Vous n’avez pas oublié l’effet de ce grand corps un peu déhanché, dont la petite tête, maigre et fine, est tombée de côté, si livide et si parfaitement limpide en sa pâleur, ni crispé, ni grimaçant, d’où toute douleur a disparu, et qui descend avec tant de béatitude, pour s’y reposer un moment, dans les étranges beautés de la mort des justes.
Il y a là quelques pages touchées avec une ironie exquise et douce, et qui nous peignent à merveille les chimères innocentes d’un parti en désarroi. […] Il essaya plusieurs comédies, une entre autres, intitulée Les Hermaphrodites, dans laquelle il peignait les hommes efféminés, reste de l’ancien régime. […] Personne n’a peint la crise avec cette finesse et ce tact. […] Feuillet n’ait su peindre que ces amours éphémères, ces légères ivresses d’une heure charmante que l’heure prochaine dissipe. […] La première, la plus difficile à peindre, celle qui risquerait fort, avec moins d’art, de toucher ou à la puérilité, ou à une déclamation prématurée, c’est l’éducation religieuse de Sibylle.
Ce n’est, dit-on, que du carton peint ; en effet, mais, dans un roman, c’est moins encore que du carton peint, c’est du papier noirci ; pourtant l’illusion se produit. […] Mais, à côté de lui, que de personnages secondaires peints d’un trait ! […] Huysmans peint avec une intensité effroyable. […] Il a besoin de voir pour savoir, d’être remué pour peindre. […] Ne dites donc pas que j’ai l’idiote prétention de ne peindre que le ruisseau.
La poésie, dans Werther, s’était attachée à peindre et à glorifier les tourments de la passion. […] Goethe, qui le peignit en termes si éloquents, s’occupa aussi de bonne heure d’y chercher un remède. […] Et tout cela, sous prétexte de peindre le parti des saints en Allemagne ! […] Peindre le peuple allemand : lui-même nous en avertit dans son épigraphe, et, pour le peindre, le chercher là où on peut le saisir avec ses qualités propres, c’est-à-dire dans son travail journalier. […] Freytag, et c’est celui qui est peint des couleurs les plus vives : là est la comédie, là est le drame.
De la comédie grecque Les tragédies (si l’on en excepte quelques chefs-d’œuvre) exigent moins de connaissance du cœur humain que les comédies, l’imagination suffit pour peindre ce qui s’offre naturellement aux regards, l’expression de la douleur.
Et quels sont les mots qui peignent ?
Plein de chaleur & d’intérêt, il sait donner la vie à tout ce qu’il peint, & la Nature même devient plus intéressante par les charmes que son pinceau répand sur tous les objets.
Personne n’a jamais mieux connu les ridicules, & ne les a peints avec tant de force & de vérité.
Est-elle une voix visible, une langue peinte de la pensée ?
Le plus sûr moyen de corriger le ridicule, c’est de le peindre & même de le charger.
On nous fera peut-être une objection : on dira que ce n’est pas le charme emprunté des livres saints qui donne à Bernardin de Saint-Pierre la supériorité sur Théocrite, mais son talent pour peindre la nature.
J’ai eu soin, autant que je l’ai pu, de les distinguer les uns des autres, & de les peindre sous des traits si différens qu’on ne puisse les confondre.
Bossuet manquent d’onction, on les lit avec fruit, parce qu’ils sont pleins d’idées élevées, & que la Religion y est toujours peinte en grand.
Cependant cet Amour qui commande à ses cadets, est peint à merveille.
La forme bizarre du tableau peut avoir forcé la composition, ou bien le peintre a été fort sage de cacher des figures qu’il n’était plus en état de peindre.
Il est vrai que nos bergers et nos païsans sont si grossiers, qu’on ne sçauroit peindre d’après eux les personnages des églogues ; mais nos païsans ne sont pas les seuls qui puissent emprunter des agrémens de la campagne les figures de leurs discours.
Je ne sçais point même s’il ne faut pas plus de génie pour tirer du marbre une composition pareille à celle de l’Attila, que pour la peindre sur une toile.
On sçait que plusieurs peintres se sont trompez sur leurs propres ouvrages, et qu’ils ont pris quelquefois une copie pour l’original qu’eux-mêmes ils avoient peint.
Oui, c’est un sujet à tenter le pinceau d’un grand artiste : Prendre huit verres, remplis chacun d’un vin différent, et les peindre avec une telle vérité qu’on puisse dire, au premier coup d’œil jeté sur la toile, le cru de chaque vin et l’année !
Pour bien peindre la Nature, ne doit-on pas s’efforcer de l’observer ?
Cela est très visible dans les formules telles que ; le sein de l’Académie, l’activité dévorante, ouvrir son cœur, la tristesse était peinte sur son visage, rompre la monotonie, embrasser des principes.
Sa liberté nous est un gage qu’elle saura tout peindre, mais non pas qu’elle s’interdira de rien défigurer. […] Flaubert, qui a peint la luxure avec des couleurs si provocatrices ; M. […] Que servira-t-il ensuite de peindre les souillures de l’adultère ? […] L’enchaînement est logique entre les caractères qu’a peints M. […] Il avait affaire ici à un vice trop fort pour lui, à une de ces maîtresses passions qui veulent l’homme sans partage, qui tuent tout le reste en lui, de qui l’état naturel et ordinaire est l’excès, qu’on peint mal quand on ne les peint pas dans leurs extrémités.
Barrière excelle à peindre, sont cependant aussi insignifiants qu’ils sont laids et déplaisants. […] Nous préférerons toujours une batterie de cuisine peinte avec la perfection hollandaise à un médiocre tableau de sainteté. […] Son style, qui est celui d’un vrai poète, sait peindre avec esprit et nuancer avec finesse sans subtilité. […] Quoi qu’il raconte ou peigne, André Theuriet le raconte et le peint élégamment, sans pour cela rien sacrifier de la vérité à cette élégance. […] Le monde peint par M.
— Il ne s’agit pas ici de cette vieille controverse close dès toujours, à savoir s’il faut être capable des atrocités qu’on peint pour bien les peindre. […] Il peint des formes en mouvement et qu’il a le bonheur de voir belles. Mais la vie intérieure de ces formes lui échappe, c’est pourquoi il ne peint pas vivant : il peint mouvementé, beau et froid. […] Leconte de Lisle, ils n’ont souvent guère plus de vie que des figures peintes. […] nous peint un lion.
Il ne peint que l’ivresse du plaisir, mais il la peint sans monotonie, et marque avec un art infini tous les progrès de l’exaltation amoureuse. […] On dirait que M. de Lamartine tient à nous prouver qu’il possède une palette opulente, et ne veut pas prendre la peine de peindre. […] L’amour paternel est profondément senti, et l’auteur trouve pour le peindre des couleurs dignes du sujet. […] L’amant de Marie de Neubourg veut-il peindre la profondeur de sa passion pour la reine ? […] Hugo pour peindre les malheurs de la maison de Bourbon est donc, de tout point, une figure absurde.
Les miniaturistes du quinzième siècle la peignent avec amour. […] Ce ne sont pas les cerveaux terriblement étroits que M. de Uhde a peints, et qu’on craint de voir éclater de fureur ignorante. […] Teodor de Wyzewa a peint ces Iduméens avec une grâce rustique qui rappelle l’Eubéenne de Dion Chrysostome. […] À chaque page je crois voir un tableau peint à la cire dans l’atelier de Parrhasius. […] Mais Fortunat nous a peint son temps dans ses vers, et c’est ce qui donne un vif intérêt à sa mauvaise poésie.
En sens inverse, le père du pessimisme dans notre siècle, a été, nous le verrons, un de ceux qui ont trouvé, pour peindre les tourments de leur âme, les accents les plus douloureux. […] On ne peut en douter, sauf quelques événements imaginaires auxquels le héros se trouve mêlé, l’auteur a voulu se peindre lui-même. […] Le soir j’ai dîné chez Edmond ; il a fallu parler avec Mme Morel de papiers peints et d’appartements. […] Toujours est-il que l’Anglais mélancolique dont nous parle Chateaubriand est peint d’après nature et porte bien sa date. […] Cette vie posthume et cette mort anticipée sont peintes avec les couleurs les plus sombres qui puissent s’offrir à une imagination affolée.
Quand ils veulent peindre un arbre, ils se procurent une feuille et un morceau d’écorce, et ils copient ces deux objets jusqu’à ce que leur arbre soit achevé. Ils peignent un champ de la même manière, en répétant un unique brin d’herbe jusqu’à ce que tout l’espace soit couvert ; c’est ce qu’ils appellent la nature. — Par Jupiter ! […] Il rencontre une maison, puis deux, puis plusieurs, et, devant toutes, des ustensiles de campagne peints en couleurs vives. Les maisons se multiplient : elles sont en bois verni ; voilà aussi des moulins aux fenêtres garnies de rideaux roses, des arbres dont le tronc est peint en bleu du pied jusqu’à la naissance des branches. […] Broek, ses maisons lavées, ses rues polies et ses arbres peints ne répondaient certainement à aucun des endroits vus en rêve, dont la description aurait rempli un volume.
Avec elle, dîne sa fille mariée à un Ephrussi, une jeune mariée qui a toutes les grâces, toutes les gentillesses, toutes les fraîcheurs d’une fillette, dans une robe de lampas rose, aux immenses fleurs, rappelant la richesse des étoffes peintes dans les anciens tableaux. […] À un départ d’un endroit quelconque, au moment où les chevaux de son break allaient prendre le galop, il nous peint une énorme femme, appuyée sur la croupe des chevaux, et lui jetant : « Ah ! […] Dimanche 4 mars Un mot qui peint l’érotisme cérébral, dans lequel est plongé ce pauvre Burty. […] Il y a à vingt pas d’ici, une crémerie qui, d’après des photographies, qu’on ferait peindre par un peintre de charcutier, donnerait un décor cent fois plus réel. […] Je lui parlais encore des gens, n’ayant pas reçu ce don du ciel, et s’efforçant de chercher dans la peinture, les côtés dramatiques, spirituels, littéraires enfin : tout ce qui n’est pas de la peinture, et qui ne me parle pas, et qui me fait préférer un hareng saur de Rembrandt, au plus émouvant tableau d’histoire, mal peint.
Cette petite scène et mon entrée a été peinte assez au vif dans Victor Hugo, raconté par un témoin de sa vie. […] Ascagne, Astyanax, bâtant leurs petits pas, De loin lui peignaient-ils ce fils qui n’était pas ? […] Sainte-Beuve a pu s’y peindre en y peignant tout entier son père. […] Un portrait de son père, une miniature peinte en 1791 nous le représente avec des yeux bleus, le nez fort et fin qui, vu de profil, doit être recourbé, la narine bien ouverte ; la bouche, qui devait être grande, est fermée comme par une habitude naturelle : les deux lèvres, sans être serrées et plutôt souriantes, relevées dans les coins, forment une ligne fine et longue sur laquelle la lèvre supérieure seule a un peu de relief et de contour, marqués par une légère teinte rose.
Enfin, à un langage qui n’appartient pas en propre aux personnages, qui vise au trait, que gâtait un reste de pointes italiennes, il fallait substituer la conversation de gens exprimant naïvement leurs sentiments et leurs pensées, et n’ayant d’esprit que le leur ; il fallait, en un mot, plus observer qu’imaginer, plus trouver qu’inventer, et recevoir des mains du public les originaux qu’il s’agissait de peindre. […] Il n’a pas eu à craindre leurs originaux dans le monde, et il ne leur fait pas l’honneur de se fâcher quand il les peint. […] Quant à l’Alceste du Misanthrope, si ce n’est pas là Molière tout entier, quoi de plus probable que, déjà trompé, mais toujours épris et plein de pardons, il ait peint dans Alceste ses emportements et son indulgence ? […] Tout ce que Cléante dit du faux dévot, Alceste des méchants, Chrysale du bel esprit, Célimène, qui a son bon côté, des sots qui lui font la cour ; tout ce qui sent la haine des méchants, le mépris des gens à la fois malhonnêtes et ridicules, l’amour du bien, du naturel, du vrai ; tout ce qui est, soit une maxime de devoir, soit un conseil de bienveillance, tout cela est sorti du cœur de Molière ; et tel est, dans ce convenu de l’art des vers, le tour naïf, la facilité, le feu, l’entraînement de ce langage, qu’on croit entendre Molière lui-même, et qu’au plaisir de voir des personnages peints au vrai se joint je ne sais quelle tendre affection pour celui qui les a créés.
Pickwick, dans Le Magasin d’antiquités, Dickens aborde le chapitre des comédiens errants ; dans Olivier Twist, il décrit le monde des voleurs et des filles de Londres ; dans les Temps difficiles, ce sont des ouvriers et une troupe d’écuyers ambulants ; chacun de ces tableaux de mœurs est assurément peint avec les couleurs les plus fausses et les plus faibles, et quand Dickens veut parler du grand monde, c’est encore en homme qui s’est plu à s’en faire une idée directement contraire à la réalité ; l’école de M. […] Plus tard, dans les romans que nous préférons, quand Dickens, plus las et plus calme, se fut fatigué de se trop mêler à ses livres, dans Les Grandes Espérances, dans L’Ami commun, il a réussi à peindre, dans le gris et le glauque, quelques beaux sites de marais, de grandioses tombées de nuit sur le lent cours de la Tamise. […] Si l’on examine minutieusement les moyens qu’emploie Dickens pour faire apparaître et vivre la multitude d’êtres divers qui peuplent ses livres, on reconnaîtra que ses caractères et ses portraits sont tracés par le dehors, à gros traits et de premier aspect, comme par un artiste improvisateur qui note et peint sur un coup d’œil. […] Le type de l’hypocrite est peint en M.
Son mot, aussi bien sur les comédies de Regnard que sur les tragédies de Voltaire, est toujours : « Cela ne peint pas les caractères. » Peindre les caractères, et les peindre par de « petits faits » très nets, très précis, très circonstanciés, voilà pour lui toute la littérature. […] Celui qui va les peindre, Balzac, ne leur donnera guère que cette passion-là, sous différentes formes. […] Il n’a pas toujours réussi à nous peindre des personnages vrais, mais il l’a voulu, et n’y a pas toujours échoué. […] Delacroix se soit fait une autre manière de peindre que M. […] S’il a eu dès le principe l’idée nette du rôle qu’il devait jouer ici-bas, il a dû se dire en commençant : « Je peindrai des hommes ; ensuite j’en peindrai d’autres.
ne pouvant l’être par les couleurs, il ouvrira la voie aux autres, il indiquera les chemins ; il dira, comme un guide, les sentiers escarpés qui mènent au point de vue réputé désespéré et inaccessible ; il esquissera ce que d’autres peindront, et, à chaque pas de plus que fera la peinture sincère à la conquête de ces rudes Alpes, il applaudira au triomphe. […] Il nous semble qu’il manque quelque chose à sa visite de la Grande-Chartreuse ; il est novice encore, son monastère est trop effacé ; il nous peint la haute vallée plutôt que le but même ; il n’a pas l’hymne du chartreux, l’allégresse du cloître, le rayon de Le Sueur et de saint Bruno.
Ne demandez point au roman de l’abbé Prévost de ces descriptions, ni de ces couleurs dont on a tant usé et abusé depuis : s’il peint, c’est en courant et sans appuyer ; ses personnages n’ont de couleur que la carnation même de la vie dans la première jeunesse. […] Laisné d’avoir la copie d’un certain nombre de lettres inédites de l’abbé Prévost, qui achèveraient de le peindre.
Arago, caractérisa heureusement l’intelligence à la fois forte et subtile de son ami, quand il la compara à la trompe, si merveilleusement organisée, dont l’éléphant se sert avec une égale facilité pour saisir une paille et pour déraciner un chêne. » Cela n’est pas tout à fait exact : Jeffrey n’a pas dit une telle chose ; c’est en parlant de la machine à vapeur et de ses merveilleux effets, et non de l’intelligence de Watt, qu’il a dit : « La trompe d’un éléphant qui peut ramasser une épingle ou déraciner un chêne n’est rien en comparaison. » Parlant de l’esprit de Watt, Jeffrey le peint plus délicatement : Il avait, dit-il, une promptitude infinie à tout saisir, une mémoire prodigieuse et une faculté méthodique et rectifiante pour tirer, comme par une chimie naturelle, quelque chose de précieux de tout ce qui s’offrait à lui, soit dans la conversation, soit dans la lecture. […] Un grand portrait de lui, un portrait en pied, serait à faire, et, si on le traitait de la même manière qu’il a traité les autres, Monge par exemple, et pas plus délicatement, il s’y peindrait tant bien que mal tout entier.
Il n’avait pourvu d’abord qu’au plus pressé et à ce qui lui avait paru le plus directement de sa convenance, aux soins des bâtiments, aux réparations, au logement de la belle bibliothèque pour laquelle il fit bâtir un local tout exprès, orné de portraits peints des plus doctes personnages. […] Quelques années après, lors du second mariage de la reine avec le nouveau roi frère de son premier mari, elle se ressouvint de son cher abbé de Marolles pour lui mander qu’elle se voulait faire peindre dans quelque tableau allégorique ou historique avec ses deux illustres époux.
Littérateur correct et instruit, il établit dans cet article un principe qu’il pousse un peu loin, et sur lequel il ne varia jamais : c’est que les grands écrivains et les grands poètes du passé, Homère tout le premier et ensuite Virgile, lequel, dit-il, « avait plus de goût encore qu’Homère, » n’ont jamais rien dit, n’ont jamais employé pour peindre les choses un seul mot qui ne fût pris dans la nature : « On ne rencontre pas dans les Géorgiques une seule expression impropre, une seule épithète oiseuse ou inexacte. […] » C’est une imitation, une inspiration élégante d’après Jean-Jacques ou Bernardin de Saint-Pierre ; mais la nature particulière de l’Espagne, le caractère du paysage ne s’y peint par aucun de ces traits tout à fait distincts, et qu’on ne peut plus oublier.
Après lui, après les deux disciples qu’on ne sépare guère de lui, on n’a que de rares idylles : Méléagre en a fait une sur le Printemps, et qui, dans sa brièveté, mérite d’être comptée à sa date pour le très-vif sentiment de la nature, qui s’y peint en chaque vers ; mais ce n’est qu’un cadre, il y manque les personnages. […] L’auteur a soin de ne donner son récit que comme un passe-temps et presque un badinage : un jour, à Lesbos, étant allé chasser dans un bois consacré aux Nymphes, il a vu un tableau peint ou une suite de peintures ; il s’est fait donner l’explication, et c’est ce récit qu’il va refaire et raconter.
Mais pourtant, avec quelle précision italienne, avec quelle netteté lumineuse elle est peinte ! […] Une individualité qui se peint dans ce poëme, peut-être à l’égal de celle de Napoléon, ne serait-elle pas celle même du poëte : poëte généreux, ingénu, au front éclairé et noyé de nobles lueurs, à la poitrine palpitante, à l’imagination inépuisable ?
On perd en soi-même toute émulation, et les plaisirs de la volupté deviennent le seul intérêt d’une existence sans gloire, sans honneur et sans morale ; tel on nous peint l’état des hommes du Midi sous les chefs du Bas-Empire. […] La confiance d’un lien intime en a plus appris sur la nature morale, que tous les traités et tous les systèmes qui peignaient l’homme tel qu’il se montre à l’homme, et non tel qu’il est réellement.
« À un crochet peint sur le mur, dit un philosophe anglais, on ne peut suspendre qu’une chaîne peinte sur le mur. » Laissons là les mots, étudions les événements, seuls réels, leurs conditions, leurs dépendances, et certainement, en reprenant le sentier ouvert par Condillac, rouvert par James Mill et ses successeurs anglais, nous arriverons par degrés à faire une science de choses et de faits.
Au fond, Du Bartas, qui peint la nature sortant des mains du Créateur, n’est qu’un Belleau protestant. […] Là comme dans le reste de la satire, deux choses font leur effet, l’invention première et générale, cette idée de donner une représentation comique des États de la Ligue, puis le jaillissement de l’esprit, des saillies, des mots qui portent, qui peignent et qui piquent, les continuelles trouvailles de l’expression.
Il ne trouve pas de traits vifs pour peindre des intrigues où il s’était vu si tiraillé, et il n’a du cardinal de Retz ni l’imagination qui ressuscite les choses passées, ni la vanité qui ranime les souvenirs personnels. […] Mais les Pensées comme les Maximes vivent par le fond ; et c’est faute de vue ou d’impartialité qu’on prend pour des figures peintes des corps pleins d’embonpoint et de vie.
Je me suis amusé à recueillir dans les lettres de Voltaire quelques passages qui le peignent au vif dans cette universalité et cette avidité passionnée de goûts. […] Mais, dès qu’il s’est mis à table, il se pique et s’excite jusqu’à ce qu’il ait trouvé quelque conte à faire, bien facétieux, bien drôle, bien bouffon, qui n’est souvent bon à entendre que dans sa bouche, et qui nous le montre encore, comme il s’est peint à nous, Toujours un pied dans le cercueil, De l’autre faisant des gambades.
Et quand il a voulu peindre les champs dans ses rimes, qu’a-t-il trouvé qui approche, pour la grâce et la fraîcheur, de ce qu’il écrivait un jour à Lemercier du milieu des landes de la Sologne : « J’ai fait une lieue ce matin dans des plaines de bruyères, et quelquefois entre des buissons qui sont couverts de fleurs, et qui chantent. […] Campenon, dans ses Lettres sur Ducis, a raconté une anecdote qui peint bien la bonhomie pieuse de cet adorateur et de ce profanateur innocent de Shakespeare.
Il écrira, il peindra, il composera, comme le lui permettront ses facultés acquises et naturelles, comme le lui commanderont ses désirs, son idéal ; c’est-à-dire que les caractères particuliers de son œuvre résulteront de certaines propriétés de son esprit. […] C’est le cas, par exemple, des romantiques en France, des peintres décoratifs encore, qui réussissent généralement si mal à peindre l’individu, le portrait.
L’action dramatique est soumise aux yeux et doit se peindre comme la vérité : or, le jugement des yeux, en fait de spectacle, est infiniment plus redoutable que celui des oreilles. […] Pourvu qu’on conserve le caractère du lieu, il est permis de l’embellir de toutes les richesses de l’art ; les couleurs et la perspective en font toute la dépense : cependant il faut que les mœurs des acteurs soient peintes dans la même scène, qu’il y ait une juste proportion entre la demeure et le maître qui l’habite, qu’on y remarque les usages des temps, des pays, des nations.
C’est là qu’il faut le chercher, et précisément, c’est en le cherchant là qu’on saisira les différences entre le style personnel et le style qu’il invente et qu’il crée à l’usage des personnages étrangers à lui et pour les peindre. […] Jamais ce n’est absolument lui-même qu’il peint dans un de ses héros ; jamais ce n’est absolument lui qui parle par la bouche de l’un d’eux.
Elle a dit, à propos des Névroses, ses goûts ou ses dégoûts, à elle, ses préférences et ses horreurs, tirant tout de sa propre personnalité, faisant comme les peintres, qui se peignent plus que les gens qu’ils peignent, dans leur peinture.