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1100. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Édouard Gourdon et Antoine Gandon » pp. 79-94

Ancien directeur de l’Histoire des églises de France, il a touché autrefois d’une main compétente à ces études historiques auxquelles il reviendra sans doute ; car, par ce temps de délabrement et de philosophie épuisée, l’histoire est le dernier mot et la dernière ressource de tous les esprits vigoureux.

1101. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Le Sage » pp. 305-321

Il n’y avait là que de l’à-peu-près historique, mais cela suffit aux imaginations débiles, des mœurs à fleur d’épiderme, mais sur lesquelles on n’était pas blasé.

1102. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre IV. »

D’Archiloque, au contraire, tout est historique et vrai, jusqu’à l’impudence de sa vie.

1103. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome III pp. 5-336

Avec de tels arguments, le récit de la bataille de Fontenoy ne se défend pas d’être une relation historique, qui n’a d’autres embellissements que des vers passables, et les noms des familles qui ont illustré nos annales. […] Elle se fonde sur les époques assez reculées pour que les traditions romanesques se mêlent aux rapports historiques, et que le vrai s’y confonde avec le fabuleux. […] Or ce choix, pour l’épopée ainsi que pour le genre théâtral, doit se fixer sur une action soit historique, soit fabuleuse. […] Les annales historiques n’offrent rien de plus important pour les hommes qu’un combat mortel entre l’ambition et la liberté, entre les lois et la tyrannie ; c’est l’histoire perpétuelle du genre-humain. […] L’art infini du Tasse n’empêche pas qu’elle ne jette sur les plus agréables endroits de son poème une teinte romanesque plus apparente dans son sujet historique que dans les sujets fabuleux du chantre des amours de Jason et de Médée.

1104. (1904) Propos littéraires. Deuxième série

C’est un document historique absolument unique en son genre. […] L’Encyclopédie est si hostile à l’esprit de tradition qu’elle évite d’être historique. […] La vérité historique c’est que la bataille de Waterloo a été perdue à Ligny. […] Mais la discussion incessante sur tous les sujets, philosophiques, littéraires, historiques, artistiques, était bien la règle et l’usage universels. […] Son procédé fut le procédé historique.

1105. (1913) Les idées et les hommes. Première série pp. -368

Et la question religieuse est une question d’histoire, une question d’exégèse historique. […] Ils n’ont pas, sous le titre de l’ouvrage, inscrit ces deux mots : roman historique ; et ils ont bien fait. […] Mais alors, n’est-ce pas la fin de ce genre qui eut de la vogue, le roman historique ? […] La vérité historique n’est ni dans le pittoresque ni dans la vulgarité. […] Il y a quelque chose d’enfantin dans la collective pensée des siècles que la méthode historique n’avait pas disciplinés.

1106. (1876) Romanciers contemporains

Ce qui, d’après Chamfort, advint à Voltaire, pourrait plus justement encore atteindre ceux qui écrivent des romans historiques. […] La manière violente et brutale, dont Dumas y a maltraité les personnages historiques dont il lui a plu de s’emparer, est indescriptible. […] Dans le système historique, nous n’avons rien à contredire. […] La partie historique des romans de M.  […] Claretie est aussi un roman historique.

1107. (1881) Le roman expérimental

J’ai étudié, à plusieurs reprises, l’évolution romantique, et il est inutile que je recommence une fois encore l’historique de ce mouvement. […] Le rôle actif des sciences expérimentales, disait-il, ne s’arrête pas aux sciences physicochimiques et physiologiques ; il s’étend jusqu’aux sciences historiques et morales. […] J’ai déjà fait vingt fois l’historique de cette évolution immense qui nous emporte à l’avenir. […] Passons aux documents historiques. […] On connaît sa théorie des milieux et des circonstances historiques, appliquée au mouvement littéraire des nations.

1108. (1884) Propos d’un entrepreneur de démolitions pp. -294

La réalité historique est bien assez poignante pour que son imagination de poète ne soit nullement embarrassée de l’y découvrir. […] Seulement, comme on se remet à rabâcher de Coligny et que ce vieux nom reprend ainsi une sorte d’actualité, j’ai voulu me rafraîchir l’esprit de quelques heures d’hydrothérapie historique. […] Il paraît que cette légende si populaire, tirée des anciennes chansons de geste et mise en français moderne par des traducteurs du dix-septième siècles, a une valeur historique et archéologique tout à fait incontestable. […] Les plus atroces démentis historiques ont beau les souffleter, ils ne perdent pas contenance et ne se mettent jamais en frais de nouveaux mensonges. […] J’espère qu’on n’attend pas de moi l’éclaircissement d’une généalogie aussi ténébreuse, ni même un historique quelconque de la secte.

1109. (1924) Intérieurs : Baudelaire, Fromentin, Amiel

Il avait étudié la peinture en même temps que la médecine, avait été à Paris l’élève de Michallon, avait peint, dans le goût le plus orthodoxe de son maître et de son temps, des paysages historiques corrects et naïfs. […] Mais il lui manquait d’avoir exécuté de la peinture religieuse et historique. […] C’est la pompe des souvenirs historiques, les scènes de l’antiquité biblique et classique, que nous rappellent, en les lieux mêmes où elles se développèrent, des attitudes et des costumes. […] Tout y est bien disposé en vue d’un tableau, et d’un tableau classique, d’un paysage historique pris dans la tradition qui va de Poussin à René Ménard. […] Nous sommes ici en pleine autobiographie, sinon historique, du moins idéale.

1110. (1903) Légendes du Moyen Âge pp. -291

La tradition historique est partout extrêmement courte : il est bien rare, quoi qu’on en ait dit, qu’elle dépasse de beaucoup une génération. […] Un seul est attesté comme personnage historique : c’est l’archevêque de Reims, Turpin. […] Le dernier est particulièrement intéressant en ce qu’il nous montre à la fois le lien étroit de la chanson avec les faits historiques, et les altérations qu’elle a, en se renouvelant sans cesse, fait subir à la réalité. […] C’est un ouvrage moral et historique, une sorte de compilation sans ordre et sans originalité40, assez lourdement écrite. […] Une épopée du Juif Errant ne sera jamais qu’une série de tableaux historiques, auxquels manquera un lien réel.

1111. (1809) Tableau de la littérature française au dix-huitième siècle

Ajoutons que les comiques de cette époque sont curieux à consulter, comme monument historique et comme témoins authentiques des mœurs du temps. […] C’est ainsi que les ouvrages historiques se desséchèrent et devinrent un assemblage de faits sans liaison ou une suite de raisonnements abstraits reposant sur une base insuffisante. […] L’exposition des faits historiques montre, au contraire, peu d’érudition et de critique. […] Les travaux historiques des érudits méritent une mention particulière. […] Il vivait retiré, ainsi qu’un homme déplacé au milieu d’une époque qui n’est pas la sienne ; mais son nom était historique, et ne se prononçait qu’avec respect.

1112. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre II. La Nationalisation de la Littérature (1610-1722) » pp. 107-277

. — Qu’il serait temps de les faire entrer dans la composition du caractère historique de Descartes, — et dans les considérants du jugement à porter sur sa philosophie. […] — Toujours est-il qu’elle en a été la vulgarisatrice, en ajoutant, dans son Artamène, aux aventures du Polexandre, et aux détails historiques de la Cléopâtre : — 1º les allusions et les portraits des hommes et des femmes de la société précieuse [Cf.  […] Tamizey de Larroque, dans la collection des Documents historiques, 1880, 1883. — Les Douze Derniers Chants de la Pucelle, introduction de M.  […] Voltaire, Essai sur les mœurs ; — Turgot, Discours de Sorbonne et Fragments historiques, dans la collection de ses Œuvres, t.  […] La meilleure édition de Dufresny, qui n’est pas bien bonne, est l’édition de 1747, dont les trois premiers volumes renferment son Théâtre, et le dernier quelques morceaux en prose, parmi lesquels on peut citer les Amusements sérieux et comiques ; — un Parallèle de Rabelais et d’Homère ; — et une douzaine de Nouvelles historiques, dont on dirait les scénarios d’autant de vaudevilles ou de comédies.

1113. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (4e partie) » pp. 1-63

Je suis sorti de cette enquête historique sans trouver ni conjuration, ni plan, ni meneurs de cet événement inexpliqué. […] Une seule phrase m’y blesse : c’est la dernière, concession menteuse à cette école historique de la Révolution qui attribue un bon effet à une détestable cause, et qui prétend que la Terreur a sauvé la patrie.

1114. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIe entretien. Madame de Staël »

Nous l’ignorons, mais c’est un fait historique et universel qu’aucune femme encore n’a pu chanter comme Homère ni parler comme Démosthène. […] L’esprit de parti et l’esprit de secte sont parvenus à le décréditer aujourd’hui d’un dénigrement inique, mais cette œuvre n’en ressortira pas moins de cette éclipse comme le plus inaltérable monument d’érudition, de saine critique, d’impartialité historique et de récit sévère que le dix-huitième siècle ait légué à l’Europe.

1115. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Figurines (Deuxième Série) » pp. 103-153

Ses honnêtes duretés contre cette noblesse décadente dont il s’est fait spécialement le peintre impliquent, avec un sens très juste du rôle historique de la noblesse, une irréductible sympathie et un rien de préjugé. « Si l’on pèche plus dans cette société-là, fait-il dire à un abbé, on rachète aussi davantage. […] Là, puis sur la rive historique de la Seine « aux peupliers d’or », et le lendemain, chez le Roi Soleil, sa bienvenue lui fut souhaitée en des vers magnifiques ou gracieux, dont le tour propre et toute la composition secrète témoignaient de l’antiquité d’une langue lentement formée et à la fois épurée et enrichie par toutes les savantes lèvres qui l’ont parlée depuis le Serment de Strasbourg.

1116. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre IV. Shakespeare l’ancien »

Soit dit en passant, on a essayé de nos jours de bizarres réhabilitations historiques. […] Ebn-Khaldoun, dans ses Prolégomènes historiques, raconte une autre destruction, l’anéantissement de la bibliothèque des mèdes par Saad, lieutenant d’Omar.

1117. (1830) Cours de philosophie positive : première et deuxième leçons « Première leçon »

(2) En étudiant ainsi le développement total de l’intelligence humaine dans ses diverses sphères d’activité, depuis son premier essor le plus simple jusqu’à nos jours, je crois avoir découvert une grande loi fondamentale, à laquelle il est assujetti par une nécessité invariable, et qui me semble pouvoir être solidement établie, soit sur les preuves rationnelles fournies par la connaissance de notre organisation, soit sur les vérifications historiques résultant d’un examen attentif du passé. […] Ayant acquis par là le caractère d’universalité qui lui manque encore, la philosophie positive deviendra capable de se substituer entièrement, avec toute sa supériorité naturelle, à la philosophie théologique et à la philosophie métaphysique, dont cette universalité est aujourd’hui la seule propriété réelle, et qui, privées d’un tel motif de préférence, n’auront plus pour nos successeurs qu’une existence historique.

1118. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Alphonse Daudet »

Le duc de Mora, que tout le monde a nommé, et qui relève, du reste, inévitablement de l’Histoire, est bien moins pris ici par son côté historique que par le côté intime de sa personne et de ses mœurs. […] il en faut une déjà pour oser seulement manier cette réalité historique, et s’efforcer de la monter jusqu’à son idéal le plus sublime ou de la creuser jusqu’à sa dernière profondeur.

1119. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre II. Axiomes » pp. 24-74

Principes de la Mythologie historique 41-42. […] Les deux axiomes précédents sont deux fortes preuves en faveur de notre mythologie historique et en même temps deux coups mortels pertes au préjugé qui attribue aux anciens une sagesse impossible à égaler (innarrivabile).

1120. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Lettres de la mère Agnès Arnauld, abbesse de Port-Royal, publiées sur les textes authentiques avec une introduction par M. P. Faugère » pp. 148-162

Faugère et les inconnus qu’il représente, que ces deux volumes devront s’ajouter désormais à la trentaine de volumes originaux et historiques qu’il suffit à l’homme de goût et au curieux raisonnable d’avoir dans sa bibliothèque, s’il veut connaître son Port-Roval très honnêtement et par le bon côté, par le côté moral, sans entrer dans la polémique et la théologie : c’était à peu près le chiffre auquel M. 

1121. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Appendice. »

Cousin de hasarder bien des vues historiques contestables qu’il avait l’art de coordonner avec son système philosophique.

1122. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « M. Viguier »

c’est un type romain, et vous avez beau le trouver charmant et ne pas vous lasser de l’aller entendre, de lui faire des compliments dans sa langue et de recevoir les siens, gardez-vous de lui dire que la critique littéraire est jusqu’à un certain point une branche de la philosophie et de la critique historique ; que le divin Dante tient quelquefois du barbare (sans en être moins étonnant et moins intéressant, tant s’en faut !)

1123. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Lettres de Rancé abbé et réformateur de la Trappe recueillies et publiées par M. Gonod, bibliothécaire de la ville de Clermont-Ferrand. »

Une pensée historique ressort avec évidence de la lecture de ces lettres de Rancé et jusque du sein de la réforme qu’il tente avec une énergie si héroïque : c’est que le temps des moines est fini, que le monde n’en veut plus, ne les comprend ni ne les comporte plus.

1124. (1874) Premiers lundis. Tome II « Hippolyte Fortoul. Grandeur de la vie privée. »

La scène se passe dans le Hartz, vers 1714 ; le paysage est grandement décrit ; les personnages historiques, à demi mystérieux, y sont jetés tout d’abord à la Walter Scott et sans les longueurs.

1125. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre III. L’écrivain »

Nous n’avons réussi en ce genre qu’à fabriquer de jolies machines en carton vernissé, bonnes à garder sous verre à titre de curiosités historiques.

1126. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre V. Indices et germes d’un art nouveau — Chapitre II. Signes de la prochaine transformation »

Les sujets se renouvellent : l’histoire de France, les histoires modernes s’emparent de la scène ; et ces sujets ne se contentent pas d’un vague décor sans caractère ; ils amènent infailliblement le pittoresque exact, les essais de restitution historique dans la composition littéraire et dans la représentation théâtrale.

1127. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre V. Indices et germes d’un art nouveau — Chapitre III. Retour à l’art antique »

Ce courant avait sa source dans l’érudition bénédictine, qui nous a donné l’Antiquité figurée du Père Montfaucon : là comme dans les autres matières d’érudition, l’Académie des Inscriptions et Belles-lettres recueillit l’héritage des Bénédictins et se substitua à eux pendant le xviiie  siècle ; en elle fut le centre, d’elle partit la direction de recherches d’érudition critique, philologique, historique, archéologique, auxquelles notre siècle doit tant.

1128. (1925) Méthodes de l’histoire littéraire « I. Leçon d’ouverture du Cours d’éloquence française »

J’aime mieux la méthode de Larroumet, c’est tout simplement la méthode historique.

1129. (1925) Méthodes de l’histoire littéraire « II  L’esprit scientifique et la méthode de l’histoire littéraire »

Notre étude est historique.

1130. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre VII. Maurice Barrès et Paul Adam » pp. 72-89

La sociologie est une science de passé, en tant que revue historique des formes sociales, une science de présent, en tant qu’examen des états sociaux actuels.

1131. (1890) L’avenir de la science « Préface »

Les sciences historiques et leurs auxiliaires, les sciences philologiques, ont fait d’immenses conquêtes depuis que je les embrassai avec tant d’amour, il y a quarante ans.

1132. (1890) L’avenir de la science « IV » p. 141

Mais ceux-là meurent tout entiers ; ils n’ont pas leur place dans cette grande tapisserie historique que l’humanité tisse et laisse se défiler derrière elle : ce sont les flots bruyants qui murmurent sous les roues du pyroscaphe dans sa course, mais se taisent derrière lui.

1133. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre IV. Cause immédiate d’une œuvre littéraire. L’auteur. Moyens de le connaître » pp. 57-67

Bref, on accomplit tout un travail de critique historique dont les règles sont aujourd’hui connues.

1134. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Cours de littérature dramatique, par M. Saint-Marc Girardin. (2 vol.) Essais de littérature et de morale, par le même. (2 vol.) » pp. 7-19

Je ne sais si cela a cessé d’être vrai aujourd’hui qu’on se flatte d’avoir aboli les distinctions de naissance, il me semble que les fils de personnages considérables, que les noms historiques, ne laissent pas d’avoir encore au moins dix ans d’avance sur les autres au début de la carrière.

1135. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « De la question des théâtres et du Théâtre-Français en particulier. » pp. 35-48

Ordinairement la littérature et le théâtre s’emparaient des grands événements historiques pour les célébrer, pour les exprimer : ici c’est l’histoire vivante qui s’est mise à imiter la littérature.

1136. (1901) La poésie et l’empirisme (L’Ermitage) pp. 245-260

Mais, nous voici naturellement amenés au centre historique de notre sujet, à la récente crise qui mit comme en présence, toutes les tendances toutes les formes, toutes les forces de nos lettres modernes, et cela à l’époque où précisément, par une coïncidence merveilleuse tandis que sur la poésie le formisme régnait, dans le domaine du roman trônait l’empirisme à son apogée.

1137. (1864) De la critique littéraire pp. 1-13

Reybaud est visible ; tous les critiques n’entrent pas dans des détails aussi domestiques ; mais que de fois des théories sur l’art, des vues historiques, toutes les recherches de l’esprit et de l’expression tiennent-elles la place de l’analyse que j’attends !

1138. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IV. Des changements survenus dans notre manière d’apprécier et de juger notre littérature nationale » pp. 86-105

Voltaire cependant venait de flétrir de sa plume cynique et impie l’un de nos plus beaux souvenirs historiques ; et il recueillait des applaudissements égaux pour toutes ses injustices, comme si on eût voulu verser le discrédit à la fois sur notre passé et sur notre avenir.

1139. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’Empire Chinois »

Ainsi, tout d’abord et sans conteste, telle est la grande place que prend et gardera le livre de l’Empire Chinois dans la littérature historique de l’Europe.

1140. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. de Lacretelle » pp. 341-357

Ce n’est donc ni les Girondins, qui furent un tonnerre pour ceux qui aiment le bruit, ni tant de discours éloquents, ni ce qu’on appelle enfin les œuvres politiques ou historiques de Lamartine qui font sa gloire immobilisée, —  c’est-à-dire : son immortalité !

1141. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VIII. M. de Chalambert. Histoire de la Ligue sous le règne de Henri III et de Henri IV, ou Quinze ans de l’histoire de France » pp. 195-211

Malheureusement M. de Chalambert ne s’est pas chargé de cette juste exécution historique et nous l’attendons toujours.

1142. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « IX. L’abbé Mitraud »

Il est évident, en effet, qu’au-dessous de toute cette battologie philosophique, l’auteur de la Nature des sociétés humaines ne sait pas ce qu’on doit entendre par ce mot de société dont il se sert, et qu’il en confond la notion métaphysique avec la notion historique des différents peuples qui se sont agités sur la terre et se sont efforcés de réaliser cet idéal de société qui, pour l’incrédule, n’est qu’une ironie et pour le chrétien qu’une aspiration ?

1143. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Le Comte de Gobineau »

Qu’il nous donne donc de l’histoire, mais de l’histoire vivante, et non plus de l’histoire morte, de l’histoire cadavre, que toutes les académies du monde qui se croient des thaumaturges ne sont pas capables de ressusciter ; qu’il nous peigne les figures historiques qu’il rencontre et qu’il juge à travers sa diplomatie.

1144. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre X. Des Romains ; de leurs éloges, du temps de la république ; de Cicéron. »

Il avait composé des mémoires grecs sur son consulat, qui peuvent passer pour un éloge historique ; et de plus, il s’était célébré lui-même dans un poème latin en trois chants, et qui n’est pas non plus parvenu jusqu’à nous.

1145. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre II. De la métaphysique poétique » pp. 108-124

Aussi, comme on le voit déjà par l’exemple tiré de Jupiter, tous les sens mystiques d’une haute philosophie attribués par les savants aux fables grecques et aux hiéroglyphes égyptiens, paraîtront aussi choquants que le sens historique se trouvera facile et naturel.

1146. (1889) Les artistes littéraires : études sur le XIXe siècle

Selon la seule expérience historique, en dehors des arguments de philosophie, il ne semble nullement prouvé que l’art, pour avoir droit à l’existence — et à l’admiration — doive subir aucune prédominance quelconque. […] Huysmans l’a si bien compris qu’il a fait tenir le sadisme entier dans ce mode unique125 ce qui est une erreur d’une façon générale, ce que dément d’une manière complète l’étude historique et philosophique de notre siècle. […] Ce qui l’est encore bien davantage dans la réalité historique, car des artistes comme Shakespeare, comme Balzac ou comme Flaubert se sont si profondément mêlés à leur œuvre qu’ils y ont toujours laissé des parcelles d’eux-mêmes, qu’on y retrouve leur âme et leur pensée, leur conception de la vie et leur manière de la sentir. […] Costumes, mobiliers, habitations, sites historiques ou autres, chaque circonstance matérielle devait être reconstituée dans son intégrité parfaite. […] Il parle des fées, des djinns, des larves ou des homoncules comme s’il s’agissait d’illustrations historiques, parfaitement notoires et incontestées.

1147. (1912) Pages de critique et de doctrine. Vol I, « I. Notes de rhétorique contemporaine », « II. Notes de critique psychologique »

Le roman de Barbey est d’abord historique. […] Une autre règle du roman historique, c’est qu’il soit doublé d’une documentation très exacte et que cependant il soit un roman, c’est-à-dire une évocation animée et colorée. […] Il n’est pas seulement historique, il est régional. […] Le roman social est historique par une de ses faces, — et cela serait déjà bien légitime. Qui l’empêche, tout comme l’autre, de montrer les caractères de ces personnages historiques dans leur humanité éternelle ?

1148. (1923) Nouvelles études et autres figures

« Devant moi, dit Mahomet à Dante, Ali s’en va pleurant, le visage fendu depuis le menton jusqu’à la houppe de ses cheveux. » Rien n’est plus historique. […] Son œuvre en reçoit une signification historique plus large. […] La résurrection historique ou légendaire risquait de tourner à la mascarade. […] Les poèmes les plus contraires au bon sens et à la vérité, Ratbert ou le Jour des rois, nous donnent encore l’impression d’un grand décor historique ravagé par une imagination barbare. […] Il lui léguait son exemple, Polytechnique à préparer et peut-être le goût du roman, car le fils rencontra plus tard dans ses papiers une ébauche de roman historique.

1149. (1891) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Quatrième série

Autant que des Espagnols ou des italiens, il s’inspira de Plutarque ; et s’il traita volontiers des sujets romanesques, il en traita d’historiques aussi, qu’on avait traités avant lui, qu’on devait traiter après lui. […] et que nous craignons que son second volume, purement historique et anecdotique, n’intéresse beaucoup plus les Espagnols que les Français ? […] Ils y étaient sans doute aidés par leur situation à l’extrémité de l’Europe, et surtout par les conditions de leur développement historique. […] Le livre eut un autre mérite : ce fut de donner aux études historiques une direction nouvelle. […] George Bengesco nous a donc donné, dans son premier volume, la Bibliographie des œuvres dramatiques, poétiques, et historiques de Voltaire.

1150. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIIIe entretien. Cicéron (2e partie) » pp. 161-256

Mais l’histoire de tous les siècles et de tous les pays proteste contre cet axiome ; Moïse, David en Judée, Confucius en Chine, Mahomet en Arabie, Solon et Démosthène en Grèce, Scipion, Cicéron et César à Rome, Dante et Machiavel à Florence, vingt hommes d’État historiques, à la fois grands orateurs, grands écrivains, grands courages, attestent la compatibilité puissante de l’action et de la pensée. […] Il s’éleva aux causes politiques, les seules qui rendent historique le nom d’un orateur. […] Il vaut mieux renvoyer les esprits, qui parmi nous s’occupent de ces matières, aux écrivains grecs eux-mêmes. » « Vous avez raison, Varron », répond Cicéron en rappelant avec la complaisance de l’amitié les beaux ouvrages poétiques et historiques composés par cet ami. « Pour moi, ajoute-t-il (je vais vous confesser les choses telles qu’elles sont), pendant le temps où l’ambition, les honneurs, le barreau, la politique et plus encore ma participation au gouvernement de la république m’entravaient dans un réseau d’affaires et de devoirs, je renfermais en moi mes connaissances philosophiques, et, pour que le temps ne les altérât pas, je les renouvelais dans mes heures de loisir par la lecture.

1151. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins » pp. 185-304

Thiers, dont on ne m’accusera pas de dénigrer les grandes œuvres historiques (voyez mes Entretiens sur l’Histoire de l’Empire, que j’ai appelée, le premier, le livre du siècle), M.  […] Le second mobile qui me sollicitait intérieurement à écrire cette histoire à la fois dramatique et critique de la Révolution française, était, je l’avoue, un mobile humain, une ambition d’artiste, une soif de gloire d’écrivain toute semblable à la pensée d’un peintre qui entreprend une page historique ou un portrait, et qui n’a pas pour objet seulement de faire ressemblant, mais de faire beau, afin que dans le tableau ou dans le portrait on ne voie pas uniquement l’intérêt du sujet, mais qu’on voie aussi le génie du pinceau et la gloire du peintre. […] Je n’en sais rien ; mais, quand elle viendra, je crains bien qu’elle trouve sa place prise par les préjugés historiques, et que l’opinion trompée ne continue à prendre les idoles de l’intrigue audacieuse pour les héros modestes du salut de la patrie.

1152. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1875 » pp. 172-248

L’exorde est tout plein de jolies gamineries, d’amusantes pasquinades, d’aimables traits d’esprit, puis vient le morceau sérieux, le morceau historique, où le récipiendaire déclare, grâce à sa faculté de lire entre les lignes de l’imprimé, avoir fait la découverte que Richelieu n’a jamais été jaloux des vers de Corneille, qu’il lui en a seulement voulu un moment, pour avoir retardé, avec sa création du Cid, l’unité française. […] Une figure presque historique de ce temps, car ce magasin a été l’endroit, l’école, pour ainsi dire, où s’est élaboré ce grand mouvement japonais, qui s’étend aujourd’hui de la peinture à la mode. […] « Cela est nettement et clairement démontré par la lecture de trois cents volumes, que j’ai le premier lus et coupés, — vous m’entendez, messieurs, coupés — les trois cents volumes du Corps Législatif, dans lesquels aucun historien n’a mis le nez, et qui étaient, ce que sont de nos jours, les distributions… Oui, il m’est arrivé de baiser la page, où est l’historique du serment du jeu de Paume… Maintenant ces hommes qui ont fondé une société civile, étaient-ils capables de fonder une société politique.

1153. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre sixième. Le roman psychologique et sociologique. »

Hugo, rejetant les règles arbitraires et les personnages de convention, disait dans la préface de Cromwell : « Le poète ne doit prendre conseil que de la nature, de la vérité, et de l’inspiration. » En s’essayant au roman historique dans Notre-Dame de Paris, Hugo avait déjà peint un état social et un ensemble de mœurs, quelque faiblesse qu’il ait montrée dans la conception des caractères individuels. […] Il y a des romans dits historiques, comme Notre-Dame de Paris qui sont bien moins de l’histoire humaine que les romans non historiques de Balzac, par exemple Victor Hugo n’a aucun souci du réel dans la trame et l’enchaînement des événements ; il considère tous les petits événements de la vie, toutes les vraisemblances des événements comme des choses sans importance.

1154. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1889 » pp. 3-111

» Puis cette foule de voyous, magnifiquement effrayants sous leurs blouses, dans le moderne de leurs vêtements, en leurs travestissements de pêcheurs de Masaniello, ayant perdu tout caractère, ayant l’air d’une mascarade historique de chienlits de la Révolution. […] Et cette société d’admiration, je la cherchais à la première de Germinie Lacerteux, où la salle ne voulait pas laisser prononcer mon nom, à la première de La Patrie en danger, cette reconstitution d’une époque historique, je puis l’affirmer, comme il n’y en a aucune dans une pièce française, et que la salle, par ses mépris, ses égayements, l’affectation de son ennui, déclarait inférieure à tout. […] Des Charlemont qui font de la peinture historique, jolie à la façon de la peinture historique, qui se commande sur les vases de Sèvres.

1155. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la liberté de l’enseignement »

Ce n’est pourtant que depuis 89, depuis cette ère historique, où tout s’est retrempé et d’où nous datons, que le libre examen, l’exercice de la pensée, cet exercice non pas simplement intérieur, mais se produisant au dehors en des termes de discussion convenable et sérieuse, est devenu de droit commun ; il l’est devenu surtout pour les régimes qui se font honneur d’inscrire 89 dans leur acte de naissance et dans leur titre de légitimité. […] Sée a débuté en déterminant plus que jamais son programme et sa méthode ; à savoir, l’indépendance absolue de la médecine par rapport à aucune secte philosophique, quelle qu’elle soit, et surtout officielle : « Je ferai en peu de mot, a-t-il dit, l’historique de la question.

1156. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre III. Pascal »

Pascal a cherché la solution du problème de la révélation dans une critique historique et philologique des Écritures. […] Si donc on traite la religion comme un fait, les miracles, les évangiles comme des faits, la raison, critiquant ces réalités sensibles, pourra y faire apparaître avec évidence un élément surnaturel et surhumain : l’action divine, insaisissable en elle-même, sera atteinte dans ses manifestations historiques.

1157. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Edmond et Jules de Goncourt »

Mais je viens de lire Renée Mauperin pour la première fois, au moment où je finissais cette caricature historique de l’Empire (La Curée) par Zola, décidément le Ponson du Terrail du réalisme et du matérialisme. […] … La Faustin de M. de Goncourt est une suite de notations sur la vie, au théâtre et hors du théâtre, des comédiennes ; c’est des prospects variés sur leurs habitudes de famille et de camaraderie, sur leurs manières de travailler et d’être oisives, sur leurs amours, leurs caprices, leurs perversions, leurs nervosités, tout leur artificiel mis à la place de leurs sentiments vrais, et c’est colligé et collectionné ici comme un inventaire, — un de ces inventaires du xviiie  siècle auxquels M. de Goncourt nous a accoutumés dans ses études historiques.

1158. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Variétés littéraires, morales et historiques, par M. S. de Sacy, de l’Académie française. » pp. 179-194

Variétés littéraires, morales et historiques, par M. 

1159. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Étude sur la vie et les écrits de l’abbé de Saint-Pierre, par M. Édouard Goumy. L’abbé de Saint-Pierre, sa vie et ses œuvres, par M. de Molinari. — I » pp. 246-260

Au fur et à mesure qu’il s’appliquait à un sujet, selon sa méthode d’examen étrangère à toute considération historique, il était frappé de ce que les idées, les plus raisonnables selon lui, étaient le moins en usage, et que, sur chaque point, le genre humain semblait encore dans l’enfance.

1160. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Le père Lacordaire. Quatre moments religieux au XIXe siècle. »

Tradition ou légende, tout lui est bon, pourvu que le tour d’imagination qui lui est cher y trouve son compte ; il n’admet à aucun degré la critique historique, appliquée aux choses sacrées : elle l’incommode.

1161. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « L’abbé Prevost et les bénédictins. »

J’indique, un peu à regret, pour ceux qui veulent tout savoir, les anecdotes sur l’abbé Prevost qui se trouvent au tome 111, page 149 et suiv. des Mélanges historiques, satiriques… de Bois-Jourdain.

1162. (1874) Premiers lundis. Tome II « Jouffroy. Cours de philosophie moderne — II »

Or l’humanité, dans le sens où il l’entend, l’humanité, collection et succession de tous les individus humains, n’a pas d’âme, n’a pas de vie antérieure, n’a pas de vie ultérieure ; elle n’a qu’un développement historique ; ce qu’on peut entendre par sa destinée ne saurait signifier relativement à elle ce que signifie le mot de destinée appliqué à l’homme.

1163. (1875) Premiers lundis. Tome III « Sur le sénatus-consulte »

« J’ai rédigé, comme secrétaire du Comité historique, la circulaire qui donne des instructions aux Correspondants de province sur les recherches littéraires concernant le moyen âge auxquelles ils devront se livrer, circulaire insérée au Moniteur le 18 mai 1835, et signée Guizot.

1164. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Première partie. Préparation générale — Chapitre V. De la lecture. — Son importance pour le développement général des facultés intellectuelles. — Comment il faut lire »

Quand les écoliers ont appris et répété les déclinaisons, les conjugaisons, la syntaxe de l’ancien français, quand ils ont mené jusqu’au bout un cours de grammaire historique, il ne leur en reste qu’un grand ennui, beaucoup de confusion dans l’esprit, et un peu plus de penchant à faire des fautes d’orthographe : quant à lire vingt vers de la Chanson de Roland dans le texte après un an de ce labeur, il n’en faut pas parler.

1165. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre VII. Induction et déduction. — Diverses causes des faux raisonnements »

Là, par l’exemple d’Henriette d’Angleterre, ici par un développement tout général et spéculatif, il donne la même leçon, grande et utile : « Ô mort… toi seule nous convaincs de notre bassesse, toi seule nous fais connaître notre dignité ; … tu lui apprends (à l’homme) ces deux vérités, qui lui ouvrent les yeux pour se bien connaître : qu’il est infiniment méprisable, en tant qu’il passe ; et infiniment estimable, en tant qu’il aboutit à l’éternité. » Vous pouvez donc, quoi que vous ayez à démontrer, ou bien chercher dans l’étude des faits historiques ou naturels la preuve expérimentale de ce que vous voulez établir, ou bien chercher dans l’analyse de la question quelque principe évident par lui-même ou antérieurement prouvé, dont la vérité débattue dépende par une conséquence nécessaire.

1166. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série «  Les femmes de France : poètes et prosateurs  »

Les Femmes de France poètes et prosateurs, morceaux choisis avec introduction, des notices biographiques et littéraires et des notes philologiques, littéraires, historiques, par P.

1167. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens II) Henry Fouquier »

Sur toute question historique, sociale, morale ou littéraire, il sait tout ce qu’un « honnête homme » peut savoir au moment précis où il écrit.

1168. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Barbey d’Aurevilly. »

La religion ne lui est point une règle de vie, mais un costume historique et un habit de théâtre où il se drape en Scapamonte.

1169. (1911) La valeur de la science « Première partie : Les sciences mathématiques — Chapitre I. L’intuition et la logique en Mathématiques. »

Ce n’est pas cela que je veux dire ; en devenant rigoureuse, la Science mathématique prend un caractère artificiel qui frappera tout le monde ; elle oublie ses origines historiques ; on voit comment les questions peuvent se résoudre, on ne voit plus comment et pourquoi elles se posent.

1170. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre VIII. Jésus à Capharnahum. »

Sans doute il y a eu ici, comme dans la campagne de Rome, quelque changement de climat, amené par des causes historiques.

1171. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XV. Commencement de la légende de Jésus  Idée qu’il a lui-même de son rôle surnaturel. »

XVII, qui expriment bien un côté de l’état psychologique de Jésus, quoiqu’on ne puisse les envisager comme de vrais documents historiques.

1172. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XIII. Dernière semaine de Jésus. »

Les discours placés par Jean à la suite du récit de la Cène ne peuvent être pris pour historiques.

1173. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface du « Roi s’amuse » (1832) »

Nous ne ferons pas revivre de vieux scandales historiques.

1174. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — I. La métaphysique spiritualiste au xixe  siècle — Chapitre II : Partie critique du spiritualisme »

Le spiritualisme français, sans méconnaître le génie de Fichte et les éclatants services que cet éloquent et profond philosophe a rendus à la cause de la personnalité humaine, se rattache plutôt par un lien historique naturel à Maine de Biran.

1175. (1912) L’art de lire « Chapitre IX. La lecture des critiques »

Nos « discours historiques » l’étaient un peu moins ; car encore nous savions un peu plus d’histoire proprement dite que d’histoire littéraire ; nous n’avions pas lu Érasme ; mais nous connaissions un peu Henri IV, Louis XIV, Turenne et Condé.

1176. (1761) Apologie de l’étude

Ayant ainsi appris à mes dépens qu’il ne faut montrer aux hommes, ni la vérité historique qui les blesse, ni la vérité philosophique qui les révolte, mais des vérités froides et palpables, qui ne donnent prise ni à la calomnie ni à la satire, je me suis jeté dans les sciences exactes, et j’ai fait enfin un livre dont on a dit du bien, mais qui n’a été lu de personne.

1177. (1854) Préface à Antoine Furetière, Le Roman bourgeois pp. 5-22

Cette conformité de tendance, dont on a eu soin de relever dans les notes toutes les preuves, justifie la liaison de Furetière avec Boileau et Racine, liaison attestée d’ailleurs par leur correspondance, par les mémoires de Racine le fils et par les anecdotes de Ménage ; elle assigne une date au livre et lui donne l’importance d’un document historique.

1178. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame Récamier »

Même des faits inconnus, et, par cela, d’un intérêt qu’on peut évaluer, ne suffisent pas pour nous montrer dans sa vérité nuancée et profonde, — dans toute sa vérité morale et historique, — la personne qu’on a suppléée dans des Souvenirs qu’elle n’écrivit pas, et il n’y a pas d’ailleurs de ces faits inconnus dans le livre que voici.

1179. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Madame Paul de Molènes »

Au lieu des cinq actes qui sont le terme des plus longues comédies, celle-ci en a seize, qui sont des chapitres… Malgré l’ancienneté des noms qui forment son titre, monsieur Adam et madame Ève ne sont pas les personnages historiques de ces noms vieux comme l’univers.

1180. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — Se connaître »

La première est pratiquée par une foule de paisibles citoyens, à célébration lente et restreinte, ancrés dans un optimisme national atavique qui ne leur permet pas de douter un seul instant de la supériorité de la mère-patrie sur toute nation passée, présente ou future, supériorité pour eux indubitable, inébranlable, indiscutable, historique et légendaire, écrasante, immuable, inscrutable autant qu’un dogme ou qu’une loi de nature existant de toute éternité.

1181. (1915) La philosophie française « I »

Mais bien séduisante aussi, bien adaptée au siècle qui avait revivifié les sciences historiques, était la conception doublement optimiste de l’histoire qui pénétrait l’œuvre de ce maître ; car, d’une part, il pensait que l’histoire enregistre un progrès ininterrompu de l’humanité, et, d’autre part, il voyait en elle un succédané de la philosophie et de la religion.

1182. (1936) Réflexions sur la littérature « 1. Une thèse sur le symbolisme » pp. 7-17

Vraiment le symbolisme a mis moins de temps que le romantisme ou le Parnasse à devenir historique, à laisser tomber autour de lui la poussière dorée du combat.

1183. (1887) Études littéraires : dix-neuvième siècle

Mais ce n’est ni un livre contenant beaucoup de noms, ni un livre sur le mouvement des idées, lequel serait plutôt historique que littéraire, que j’ai voulu écrire. […] Il bondit sans transition d’un sujet à un autre, avec une allure de brouillon essoufflé, puis laisse tomber un axiome de philosophie historique solennellement puéril. […] Sa famille, de petite noblesse, et non historique, mais très ancienne, a toujours porté ce nom. […] Avant la révolution de Juillet, il avait publié un petit volume de vers (Poèmes antiques et modernes), un roman historique, Cinq Mars (1826), une traduction d’Othello (1829) un drame, La Maréchale d’Ancre (1830). — Après 1830, il ne publia que des œuvres en prose : Stello (1832), Grandeur et servitude militaire (1835), un drame, Chatterton (1835).

1184. (1874) Portraits contemporains : littérateurs, peintres, sculpteurs, artistes dramatiques

Je donnai même à l’ouverture du Château-Rouge, sur une tête de Turc toute neuve, le coup de poing de cinq cent trente-deux livres devenu historique ; c’est l’acte de ma vie dont je suis le plus fier. […] » Maintenant Paul de Kock est devenu un auteur historique. […] Aux carrefours douteux, vous trouvez sur les pierres blanches des flèches qu’on croirait tombées du carquois de Diane ; leur pointe vous dirige vers le but : un grès d’une difformité curieuse, une grotte aux accidents pittoresques, un arbre séculaire ou historique, un point de vue d’une étendue immense. […] En ce temps-là, l’école romantique pittoresque commençait à peine à se produire, et le paysage historique florissait principalement. […] Puis vient la seconde manière, celle du style historique, dans laquelle l’artiste, averti à temps, n’a fait heureusement que très-peu de tableaux.

1185. (1923) Les dates et les œuvres. Symbolisme et poésie scientifique

Et, s’ils supportent des responsabilités parmi des desseins et des actes devenus généralement historiques, n’importe-t-il pas qu’il s’en déduise en quelle mesure a été réalisée notre luttante unité : elle-même et en ses rapports, en même temps, avec les tensives volontés d’une Epoque — qui s’en doivent naturellement dramatiser d’antagonismes ou de concordances ? […] Amassant détail à détail leurs composantes et leurs énergies de concentration et d’expansion (selon la loi à double action il laquelle il me paraît devoir ramener les phénomènes de tous ordres), deux Mouvements vont à s’accomplir, chacun en son unité propre, mais en même temps l’un et l’autre, évolutivement, est la progression d’une unité historique. […] Faisant l’historique de ces six numéros en la publication collective « l’Idée évolutive », parue en 1893, Marcel Batilliat attribue cette disparition momentanée à ce que Gaston Dubedat et moi comprîmes que n’était plus possible l’association à ma technique poétique et ma pensée philosophique, de l’idée étrangère du Symbole alors que, de la voir tendre à une doctrine d’Ecole, nous ne pouvions plus la considérer comme, simplement, une généralisation de l’essentielle et primitive aptitude de la pensée et de la langue à la poésie, de sorte que de tout temps et en toute poésie vraie existât un Symbolisme. […] Seulement, pour la vérité, une correction s’impose et ressort naturellement de l’historique des années antérieures. […] Mais, si Ion admet que les hautes poésies antiques et modernes prirent toujours à tâche de résumer, confusément mêlés aux rêves, aux émotions et aux sensations de l’homme, les conceptions religieuses esthétiques, la théologie, la métaphysique et le savoir de ses diverses phases historiques, on reconnaître que le vaste Système évolutionniste devait être à son tour interprété esthétiquement et que vient à son heure, en tant que conception actuelle du monde, le poème de M. 

1186. (1884) Cours de philosophie fait au Lycée de Sens en 1883-1884

La religion admet, outre le témoignage de la raison, l’autorité de la tradition historique. […] Cet historique de l’idée d’extériorité n’explique pas entièrement la notion que nous avons du monde extérieur. […] La critique du témoignage constituera donc une grande part des sciences historiques. […] C’est en cela que consiste ce qu’on peut appeler l’expérimentation historique. […] Historique de l’utilitarisme.

1187. (1883) Essais sur la littérature anglaise pp. 1-364

Saxons, Danois, Normands, toutes ces populations successives suivent un même courant historique. […] C’est là ce qui fait des ouvrages littéraires les documents historiques les plus précieux de tous, car la littérature, outre son domaine propre, comprend tous les autres, en sorte, comme l’a dit fort bien M.  […] J’écarte, à cause de sa naissance écossaise, le nom de l’homme illustre qui a plus fait cependant qu’aucun autre par ses romans historiques pour rappeler l’Angleterre à son véritable génie. […] Un don Quichotte historique. […] De tout cela, dis-je, nous ne savons rien avec une certitude historique ; mais il est très facile, d’après la lecture du Barde endormi, de se représenter et sa personne et ses opinions.

1188. (1897) La vie et les livres. Quatrième série pp. 3-401

Les notions historiques sont distribuées un peu au hasard, à propos des auteurs expliqués ou des faits rencontrés en chemin. […] C’est un roman historique. […] Son roman historique est la mise en action du fameux chapitre de Taine. […] » Voilà une parole historique, qui, dans quelque temps, paraîtra antédiluvienne. […] La lassitude du présent nous a donné, presque infligé, des dons singuliers de résurrection historique.

1189. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome I

Que sera-ce dans l’ordre des connaissances les plus vivantes et les plus complexes qui se puissent concevoir, j’entends les sciences historiques ? […] Mémoires et correspondances, monographies historiques et romans d’analyse, œuvres des artistes et travaux des artisans, — l’investigation du savant doit s’étendre à tout. […] La race y a contribué, puis le milieu, puis la série des influences historiques. […] La critique historique a seule qualité pour répondre. […] C’était une époque presque historique, de laquelle datait une régénération du monde.

1190. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre IV. La philosophie et l’histoire. Carlyle. »

—  Son mysticisme historique. —  Grandeur et tristesse de ses visions. —  Comment il figure le monde d’après son propre esprit. […] Voilà la grande particularité, l’incommensurable, —  celle qui distingue à un degré effectivement infini le plus pauvre fait historique de toute espèce de fiction quelle qu’elle soit. […] I De 1780 à 1830, l’Allemagne a produit toutes les idées de notre âge historique, et pendant un demi-siècle encore, pendant un siècle peut-être, notre grande affaire sera de les repenser. […] Ils ont rendu sensibles des thèses morales, des périodes historiques ; ils ont fabriqué et appliqué des esthétiques ; ils n’ont point eu de naïveté, ou ils ont fait de leur naïveté un usage réfléchi ; ils n’ont point aimé leurs personnages pour eux-mêmes ; ils ont fini par les transformer en symboles ; leurs idées philosophiques ont débordé à chaque instant hors du moule poétique où ils voulaient les enfermer ; ils ont été tous des critiques1421, occupés à construire ou à reconstruire, possesseurs d’érudition et de méthodes, conduits vers l’imagination par l’art et l’étude, incapables de créer des êtres vivants, sinon par science et par artifice, véritables systématiques qui, pour exprimer leurs conceptions abstraites, ont employé, au lieu de formules, les actions des personnages et la musique des vers.

1191. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre second » pp. 200-409

Sans Sénèque et Martial, combien de mots, de traits historiques, d’anecdotes, d’usages, nous aurions ignorés ! […] Lorsque je commençai cet ouvrage, ou plutôt mes lectures, je ne me proposai pas seulement de recueillir quelques-unes des belles pensées de Sénèque ; j’avais encore le dessein d’y joindre les anecdotes historiques qui rendent ses ouvrages si intéressants et si précieux. […] Polybe recueillera les actions de César et fera passer aux siècles futurs les hauts faits dont il est témoin ; Claude lui fournira lui-même le sujet de l’histoire et le modèle du style historique… Je demande si l’on a pu dire gravement de pareilles sottises d’un prince imbécile, et les dire à un courtisan délicat. […] L’auteur d’un Dictionnaire historique en 6 vol. in-8°, dit, article Sénèque, qu’un commerce illicite avec la veuve de Domitius le fit reléguer en Corse. […] 4° « Que l’auteur entasse dans la vie de Sénèque un tas de faits historiques…362 » Il a suivi Tacite pas à pas.

1192. (1892) Portraits d’écrivains. Première série pp. -328

Diane nous rejette en plein drame historique. […] Sardou est pris de l’ambition d’écrire un grand drame historique, de faire revivre de nobles et de terribles figures : ainsi dans Patrie et dans la Haine. […] Sardou, d’avoir renouvelé, en les perfectionnant, deux genres qu’on pouvait croire épuisés : le vaudeville de Scribe et le drame historique de Dumas père. […] Ce que prouve surtout leur « œuvre historique » au point de vue de leur tour d’esprit, c’est l’absolue incapacité où ils sont d’apercevoir d’une société autre chose que l’aspect de surface. […] C’est ce qu’il appelle « le roman d’histoire moderne », et qui est une sorte de transposition du vieux et si démodé roman historique.

1193. (1892) Les idées morales du temps présent (3e éd.)

Soudain, voici que ce christianisme, dont il venait de se dégager, le reconquiert par des moyens nouveaux, voici qu’il en subit l’attirance au moment même ou il l’attaque dans ses fondements historiques. […] Renan a échafaudé peu à peu, chapitre à chapitre, auquel il a travaillé sans cesse, dans ses recherches historiques, dans ses dialogues et dans ses drames philosophiques, dans ses discours académiques et dans ses toasts à des banquets divers. […] Si j’étudiais l’œuvre historique de M.  […] Brunetière voudrait y revenir, s’il n’avait assez de sens historique pour savoir qu’on ne recommence pas le passé. […] Voici la citation complète : « … Il s’insinue dans les rapports du dogme avec la morale un élément historique ou traditionnel qui vient singulièrement compliquer le problème.

1194. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1895 » pp. 297-383

Oui des chapeaux, qui ont le roux de la poudre des batailles historiques : le chapeau d’Austerlitz, le chapeau de Waterloo, et à côté de ces feutres légendaires, ce chapeau de paille, ce vieux panama, tout gondolé, au cordonnet noir, que le grand Empereur portait à Sainte-Hélène. […] » Vendredi 27 décembre Dans ce volume, le dernier volume imprimé de mon vivant, je ne veux pas finir le Journal des Goncourt, sans faire l’historique de notre collaboration, sans en raconter les origines, en décrire les phases, indiquer dans ce travail commun, année par année, tantôt la prédominance de l’aîné sur le cadet, tantôt la prédominance du cadet sur l’aîné : Tout d’abord, deux tempéraments absolument divers : mon frère, une nature gaie, verveuse, expansive ; moi, une nature mélancolique, songeuse, concentrée — et fait curieux, deux cervelles recevant du contact du monde extérieur, des impressions identiques. […] Alors succédaient les biographies d’art et les livres historiques, écrits un peu sous ma pression, et la tendance naturelle de mon esprit vers la vérité du passé ou du présent : œuvres, où il y avait peut-être un peu plus d’appoint de moi, que de mon frère.

1195. (1856) Cours familier de littérature. II « Xe entretien » pp. 217-327

On sait que le grand écrivain et le grand philosophe anglais Gibbon, auteur du chef-d’œuvre historique de son pays et peut-être de l’Europe, s’était retiré et recueilli pendant dix années à Lausanne, pour y penser à l’abri de toute distraction son livre. […] Celui-là est bon, je vous le garantis, et je serais bien fâché qu’il lui arrivât malheur dans cette bourrasque. » Puis le mendiant essaya d’articuler un nom anglais inintelligible, mais qui ressemblait à un nom historique français. […] Elle avait épousé M. le duc de Broglie, jeune homme en qui le nom historique, le caractère élevé, l’éloquence studieuse, les opinions libérales se réunissaient pour faire une grande figure de sénat ou de gouvernement sous un régime représentatif.

1196. (1890) Le massacre des amazones pp. 2-265

*** Cécile Cassot montre alternativement son impuissance dans toutes les espèces du roman ; à son comptoir vous trouverez un grand assortiment de rossignols ridicules feuilletons, illisibles romans historiques, idylles naïves, — oh ! […] Mme Meunier croit naïvement avoir fabriqué un roman historique, parce qu’elle a coupé son anecdote en morceaux plats et minces entre lesquels elle a glissé des tranches d’histoire ou même des documents textuels. […] Et ses mains de femme, propres aux petits travaux délicats, se sont souvent efforcées à nouer ces grosses gerbes difficiles, faites de fleurs et d’épines, qu’on appelle des romans historiques. […] Elle exige qu’on impose à l’enfant « la vérité actuellement connue des faits historiques ou naturels ». […] La préface nous informe que l’auteur est une ignorante de génie et qu’il n’est pas nécessaire d’étudier pour connaître les vérités historiques

1197. (1902) Le problème du style. Questions d’art, de littérature et de grammaire

Ces romans n’étaient point historiques. […] Tout est confus alors dans l’histoire, et sur le même plan ; quand on voulait se représenter l’antiquité, c’était à travers la galanterie historique des romans à la mode. […] Mais s’il est parfois utile de rédiger une description historique, on ne voit pas bien, loin des romans-feuilletons, la place d’un faux naufrage ou d’un faux déraillement. […] Ces produits instables d’une vue historique, d’un événement politique, doivent demeurer tels que leurs éléments soient immédiatement perceptibles. […] On embaumera ces flexions, on les roulera dans les suaires de la grammaire historique, et cela sera très bien.

1198. (1925) Promenades philosophiques. Troisième série

Aux origines historiques, nous trouvons toujours, non la simplicité, mais la complexité. […] Le sujet de leur étude est spécialement la douleur physique, mais elles ont dû présenter un historique de la question, et c’est ce qui m’arrêtera tout d’abord. […] Les sciences historiques ne peuvent aboutir qu’à prouver la légitimité de ce que fut, de ce qui est, de ce qui sera. […] Le roman historique. Il y a aussi la peinture historique, l’architecture historique, et, à la mi-carême, le costume historique.

1199. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1871 » pp. 180-366

De la gargote historique, où tout Paris a dîné, il ne reste guère qu’un bout de mur du rez-de-chaussée, sur lequel ne se lit plus, de l’enseigne écornée, que… de la Tête noire. […] C’est singulier, comme il faut aux documents historiques un enfoncement dans le passé, pour me toucher. […] De la cloche, de la cloche historique, qui a fondu goutte à goutte, comme une bougie, il y a un bout de métal qui ressemble à ces surfaces de bronze ondulées, avec lesquelles les Japonais représentent des flots. […] C’est le sujet pour Berthelot, d’exécuter, ainsi qu’il en a l’habitude, un historique ingénieux, un historique de la disparition du rat primitif de l’Europe, entièrement dévoré au xve et au xvie  siècles par le surmulot, qui lui-même est en train d’être mangé, à l’heure présente, par le rat scandinave. […] Dans les appartements du Grand Dauphin, de Louis XV, de Marie-Antoinette, logent un Dufaure, un Larcy, souillant ces domiciles historiques de leurs bourgeoises tables de nuit et de leurs bidets égueulés, Quant aux petits appartements de Mme du Barry, ils servent à Mme Simon, pour repriser ses bas.

1200. (1716) Réflexions sur la critique pp. 1-296

On ne doit point donner Aristophane comme le modele de la comédie, mais seulement comme une preuve historique de l’état encore informe où elle étoit chez les grecs. […] Il n’y a point d’action historique, si bizarre qu’elle puisse être, qui ne donne lieu à quelque vérité morale ; et en ce sens, nos poëmes dramatiques qui n’ont été faits la plûpart que dans le dessein de toucher par des avantures tragiques, ou de divertir par des moeurs ridicules, sont des fables, c’est-à-dire, des instructions déguisées sous l’allegorie d’une action. […] Il n’y a que quelques sçavans qui se plaisent à l’admirer dans le grec, parce qu’ils prennent le plaisir historique et celui d’entendre une langue sçavante, pour un plaisir purement poëtique. […] Me D n’y regarde pas de si près ; elle parcourt tous les siecles, et va mendier, pour ainsi dire, d’historien en historien quelque fait bizarre qui s’accorde à peu près, avec les pratiques d’Homere ; et alors elle compare sçavamment une singularité historique, avec un usage ordinaire dans un poëme. […] J’y remarque que cette princesse au milieu des plaintes touchantes qu’elle fait à son époux, rappelle les malheurs de sa famille d’un ton beaucoup trop historique.

1201. (1902) Le critique mort jeune

Langlois ont pu censurer quelques méprises historiques, mais qui n’en est pas moins un ouvrage d’érudition agréable à lire, rempli de curieux détails, où les vues originales abondent. […] C’est encore cette imagination sentimentale grâce à laquelle on décrit chez des personnages historiques ou figurés des états de sensibilité. […] On ne veut pas faire ici l’historique de ses idées et de ses œuvres. […] Avec un goût très sûr, il a évité tous les périls auxquels l’exposait cette peinture et rejeté les vulgaires artifices qui, par l’intervention de quelque figure connue, auraient transformé son conte en faux roman historique. […] Supplices inimaginables de l’adultère, etc… (Il est aisé d’imaginer ici le développement historique.)

1202. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 5482-9849

Il n’y a pas d’autre certitude historique. […] On a distingué les tems en fabuleux & historiques. Mais les tems historiques auroient dû être distingués eux-mêmes en vérités & en fables. […] Les monumens, les cérémonies annuelles, les médailles mêmes, sont-elles des preuves historiques ? […] La foi & la morale, c’est-à-dire le culte que nous devons à Dieu par la soumission du coeur & de l’esprit, sont l’unique & le principal objet de la révélation, &, autant qu’il est possible & raisonnable, les faits & les circonstances historiques qui en accompagnent le récit.

1203. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIe entretien. Littérature politique. Machiavel » pp. 241-320

XVI Une analyse historique profonde, lucide et pénétrante de la conduite du pape Alexandre VI et de César Borgia, son fils, pour se créer une vaste domination en Italie, est présentée ici non comme modèle, mais comme exemple, à Laurent de Médicis, dans le livre du Prince : là est le venin. […] XX Mais un livre de Machiavel sur lequel il n’y a qu’un sentiment, c’est son Histoire de Florence ; toute la théorie de l’Italie classique, de l’Italie contemporaine de Machiavel et de l’Italie actuelle, est dans ce livre, quand on est capable de comprendre la logique historique des événements et la nature des nations.

1204. (1831) Discours aux artistes. De la poésie de notre époque pp. 60-88

Walter Scott est un grand artiste qui symbolise admirablement des époques historiques dans des tableaux et des caractères. […] Il n’a manqué à leurs auteurs que d’avoir été élevés dans quelque pays de civilisation arriérée, et nourris dès leur enfance de ballades et d’histoires merveilleuses : avec cela ils auraient pu faire des romans historiques, non seulement sur les traditions de leur nourrice, mais sur d’autres pays et d’autres temps.

1205. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre II. Prière sur l’Acropole. — Saint-Renan. — Mon oncle Pierre. — Le Bonhomme Système et la Petite Noémi (1876) »

Cousin, la grande rénovation que l’Allemagne opérait dans presque toutes les sciences historiques, puis les voyages, puis l’ardeur de produire, m’entraînèrent et ne me permirent pas de songer à des années qui étaient déjà loin de moi. […] Quant à moi, ce milieu étrange m’a donné pour les études historiques les qualités que je peux avoir.

1206. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1882 » pp. 174-231

Voilà le duc de Broglie, qui aujourd’hui, dans une préface, célèbre comme une nouveauté, l’utilité de la lettre autographe, au point de vue historique. […] Got est un excellent, un très remarquable acteur dans une pièce bourgeoise, mais en ce rôle historique, il ne sait ni être bossu, ni boiter, ni pleurer, ni dire un vers, et il n’a pas même la silhouette naine à la Velasquez, qu’aurait eue Rouvière… Puis toujours cette humanité hugotienne, cette humanité à la sublimité des sentiments et qui parle seulement au cerveau, et non pas au cœur, à la fibre.

1207. (1856) Cours familier de littérature. I « Ve entretien. [Le poème et drame de Sacountala] » pp. 321-398

De distance en distance, sur les rives du fleuve, on voyait la fumée des sacrifices s’élever entre les cimes des arbres vers le ciel ; des groupes de brahmanes, prêtres et religieux, dissertaient entre eux sur les mystères, ou chantaient en vers les exploits historiques des anciens héros ; d’autres se livraient, pour atteindre à la perfection spirituelle, à des contemplations extatiques, à des pénitences qui domptent et anéantissent les sens. […] Mais l’analyse et les citations de ce drame suffiront pour donner une idée du degré de perfection auquel, dans ces temps que nous appelons primitifs, et chez ces peuples inconnus avant l’époque historique de notre Europe, l’art théâtral était parvenu.

1208. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre V. Des orateurs anciens et Modernes. » pp. 223-293

Une diction pure & naturelle, des desseins communément bien pris, des citations appliquées à propos, des mouvemens bien menagés, des raisonnemens & des preuves, voilà, dit l’auteur du nouveau Dictionnaire historique, ce qui lui assure une place parmi le petit nombre des Orateurs de la seconde classe. […] Il vaut mieux passer à des ouvrages plus connus, aux différens éloges historiques qu’on publie dans la Capitale.

1209. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — III. (Fin.) » pp. 246-261

Il appartient, ainsi que la plupart des grammairiens philosophes de son temps, à cette école qui considérait avant tout une langue en elle-même et d’une manière absolue, comme étant et devant être l’expression logique et raisonnable d’une idée et d’un jugement ; il la dépouillait volontiers de ses autres qualités sensibles ; il ne l’envisageait pas assez comme une végétation lente, une production historique composée, résultant de mille accidents fortuits et du génie persistant d’une race, et qui a eu souvent, à travers les âges, plus d’une récolte et d’une riche saison ; il ne remontait point à la souche antique, et ne se représentait point les divers rameaux nés d’une racine plus ou moins commune.

1210. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — I » pp. 56-70

Corne, ancien avoué, qui s’est occupé de recherches historiques concernant la famille et la généalogie des Montluc, m’écrit de Condom que Blaise de Monluc (ainsi lui-même signait-il, et non pas Montluc), est né, selon toute vraisemblance, non à Condom, mais dans l’arrondissement de cette ville, à Sainte-Gemme, lieu situé dans la commune du Saint-Puy, canton de Valence.

1211. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Mémoires et journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guettée. — II » pp. 263-279

Les travaux critiques de Richard Simon sur l’Ancien et le Nouveau Testament, ses interprétations tout historiques et hardies sous forme littérale, et les explications philosophiques qui y étaient en germe, lui firent surtout pousser le cri d’alarme et l’occupèrent durant toutes ses dernières années : il travailla jusqu’au dernier moment à le réfuter, à le faire condamner, à faire supprimer ses livres par l’autorité ecclésiastique et séculière.

1212. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Souvenirs et correspondance tirés des papiers de Mme Récamier » pp. 303-319

Si sévères que nous puissions être envers celui qui s’est trahi à nous dans toutes ses contradictions morales et ses misères personnelles, n’oublions jamais ce qu’on doit d’admiration à un tel peintre, à celui qui, à ce titre, est et demeure le premier de notre âge : car c’est le même homme exprimant comme on vient de le voir toute la poésie de la Rome catholique, qui a su peindre avec un égal génie et une variété d’imagination toujours sublime la forêt vierge américaine, le désert d’Arabie, et les ruines historiques de Sparte63 !

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