Pindare vient, au milieu des concitoyens et des amis, saluer le jeune vainqueur, dans la maison de son père, riche citoyen d’Égine ; et tout aussitôt la pensée du poëte s’élève à la joie du patriotisme commun, comme pour y perdre le souvenir de la faute et du malheur de Thèbes. […] viens, avance, montre à l’extrémité de la tombe la semelle empourprée de tes pieds ; et dévoilant l’éclat de ta royale tiare, viens, ô père, ô tutélaire Darius, afin d’entendre nos nouveaux, nos derniers malheurs ; et apparais-nous comme le maître du monde. […] Viens, ô père, ô Darius sauveur ! […] Il vient, pour ainsi dire, faire sa partie dans ce chœur funèbre de son empire ; et il s’associe par la forme et par l’accent de ses paroles aux lamentations dont il est accueilli.
Je n’allais jamais dans son palais ; il venait chez moi, la nuit, dans une voiture sans armoirie, suivi d’un seul valet de chambre qui aidait ses pas infirmes à monter l’escalier de ma villa, hors des murs de Florence. […] Ils venaient d’apprendre que le ministre de France et sa suite avaient été renvoyés comme eux, sans égards, des portes du couvent, et qu’ils cherchaient en vain un toit de berger pour y reposer leur tête. […] Cependant il éprouva le besoin, à la voix de ses amis et de ses protecteurs en France, de venir à Paris étudier son succès afin de le dépasser encore. […] La révolution de 1830 venait d’éclater en France et de triompher en trois jours. […] Cette flamme qui avait couvé sept ans dans le cœur du jeune homme, amortie par le devoir et par le respect, venait d’éclater sous la main même de la mort.
Buffon vit retiré à Montbard, loin du monde, mais point inaccessible, laissant volontiers pénétrer jusqu’à lui la gloire en la personne de visiteurs curieux, qui venaient, comme il dit de J. […] Elles sont aussi accessibles qu’aimables ; elles nous parlent de ce que tous les jours le soleil vient éclairer, des montagnes, des fleurs, des plantes, des animaux, de l’homme dans son commerce avec la nature. […] Il retrouve ses parents et il leur vient en aide. […] S’il oblige les gens, son premier mouvement est de faire montre de son crédit ; faire du bien n’est que le second ; mais le second vient pour corriger le premier. […] Vient enfin Marmontel, définisseur par profession, qui voit dans le goût « un sentiment vif et prompt des finesses de l’art, de ses délicatesses, de ses beautés les plus exquises, et de même, de ses défauts les plus imperceptibles et les plus séduisants. » C’est bien raffiné pour être un sentiment, et le raffinement est trompeur : témoin Marmontel, qui, pour en avoir trop mis dans ses jugements littéraires, en vint à dire du mal de Boileau, et, qui pis est, à le dire en vers, prouvant, contre sa propre théorie, qu’il ne savait voir ni les beautés chez les autres, ni les défauts chez lui.
D’un coup-de-poing ils ont troué l’horizon et voilà qu’en plein éther vient d’être découverte une îlebu. […] Du premier coup, la preuve venait d’être faite que toute poésie est une révolution en ce qu’elle brise les chaînes qui attachent l’homme au rocher conventionnel. […] Juste après sa réponse venait celle de Valéry sous le nom de « M. […] L’expression « poète maudit » vient du recueil de Verlaine, Les Poètes maudits, paru en 1888. […] Ces variantes viennent-elles de Crevel ?
Ce grief que vient d’énoncer Jacques, un autre écrivain l’a développé dans cette page du Juif errant. […] Non : ce baume vient de Dieu, il ne vient pas des passions humaines. […] Ces questions viendront en leur lieu. […] Cherchez d’où vient le trouble profond qui s’est produit dans les conditions de sa vie morale. […] « Je suis venu trop tard dans un monde trop vieux.
Savez-vous d’où vient l’instinct de justice ? […] Ne suffit-il pas qu’elle nous vienne pour que vous disiez tout de suite : « Eh ! […] Vous savez, je suis sûr que ce temps viendra. […] La solitude vient. […] Mais alors l’impopularité allait venir.
Les Mémoires de Saint-Simon90 On vient tard à parler maintenant de Saint-Simon et de ses Mémoires ; il semble qu’on ait tout dit, et bien dit, à ce sujet. […] Religieux par principes et chrétien sincère, il se fit des scrupules de conscience, ou du moins il tint à les empêcher de naître et à se mettre en règle contre les remords et les faiblesses qui pourraient un jour lui venir à ses derniers instants. […] Sa théorie est comme une convulsion, un dernier effort suprême de la noblesse agonisante pour ressaisir ce qui va passer à ce tiers état qui est tout, et qui, le jour venu, dans la plénitude de son installation, sera même le prince. […] La mort subite du régent (1723) vint peu après l’avertir de ce que la mort du duc de Bourgogne lui avait déjà dit si éloquemment au cœur, que les choses du monde sont périssables, et qu’il faut, quand on est chrétien, penser à mieux. […] Comme il se mettait à la table du roi devant le prince des Deux-Ponts, je dis tout haut : « D’où vient que monsieur le duc de Saint-Simon presse tant le prince des Deux-Ponts ?
Mais, quand j’ai découvert mes principes, tout ce que je cherchais est venu à moi ; et dans le cours de vingt années, j’ai vu mon ouvrage commencer, croître, s’avancer et finir. […] « Chaque société particulière vient à sentir sa force, ce qui produit un état de guerre de nation à nation. […] On s’aperçoit tout de suite que Montesquieu est un penseur léger, facile avec lui-même, très-superficiel, qui saisit au hasard la première considération venue pour en faire la base aventurée de sa politique et donner des axiomes géométriques pour des vérités politiques. […] C’est un homme qui lit beaucoup, mais sans attention et sans critique ; qui prend pour vérité un mensonge pittoresque du premier voyageur venu, et qui, de ce seul fait mal compris, mal interprété, souvent absurde, conclut ingénieusement tout un système politique ou législatif en opposition avec le bon sens. […] « La suite d’une telle situation est l’augmentation perpétuelle des tributs, et ce qui prévient tous les remèdes à venir ; on ne compte plus sur les revenus, mais on fait la guerre avec son capital.
Dans l’industrie, d’où vient la vie ? […] Le temps vient où nous embrasserons, où nous relierons toutes les conceptions religieuses, et où, de toutes les traditions, nous formerons la tradition universelle, la grande Bible de l’Humanité. […] On se fait un paradis mystique et tout spiritualiste, bien différent du paradis chrétien, du paradis sur la terre, où les corps devaient renaître quand le règne de Dieu serait venu. […] Pourquoi fais-tu réveiller ta jeune Espagnole dans son tombeau par un affreux squelette, que tu nommes la Mort, et qui vient convier ce fantôme à la danse des fantômes, en lui passant dans les cheveux ses doigts longs et noueux de squelette ? […] Poète, d’où vient l’Humanité, et où va-t-elle ?
Un littérateur, ami de Mosso, étant venu assister à ces expériences, Mosso lui demanda d’abord de lire un livre italien, puis de traduire à l’improviste un passage d’Homère : on constata aussitôt d’importantes modifications dans la forme du pouls. […] Helmholtz a montré que les sons de la flûte se rapprochent des sons simples privés de ces harmoniques qui viennent se superposer en si grand nombre aux notes fondamentales du violon. […] En tout cas, jamais il ne viendra à la pensée d’un Mozart de symboliser le calme des nuits bleues autrement que par le son de la flûte, ou d’un Weber, de rappeler les résonances lointaines de la forêt autrement que par le son du cor. La raison de ces affinités qui existent entre les sensations diverses, c’est qu’elles viennent se ramener à une fondamentale unité : elles sont toutes, au fond, des excitations et des réactions sympathiques du même appétit primordial. […] Celui qu’elle aime vient d’entrer dans le salon.
L’Académie n’a jamais eu un secrétaire tel que vous » ; il avait beau ajouter : « Parlez, agissez, écrivez hardiment ; le temps est venu… » Duclos ne répondit à ces exhortations qu’à demi et ne marcha que son pas. […] Il fit un jour une pareille scène chez la comtesse de Kaunitz, femme du ministre d’Autriche à Naples, à propos de l’abbé de Caveyrac, l’apologiste de la Saint-Barthélemy : « Comment, madame, s’écria-t-il en pleine assemblée en l’entendant nommer, est-ce qu’un tel maraud est venu chez Votre Excellence ? […] À Gênes tout d’abord il rencontre le marquis de Lomellini, qui venait d’être doge : Nous nous revîmes, dit-il, avec cette joie que ressentent deux compatriotes qui se retrouvent en pays étranger : il n’y avait pourtant alors que moi qui le fusse. […] Il ne lui a manqué peut-être que de venir un peu plus tard pour trouver tout son emploi ; et cet excès même de parole et de chaleur physique, qui détonnait dans la société et dans les salons, eût trouvé son milieu assez naturel et tout son espace dans la vie des assemblées.
Mais voilà qu’en route, vers la hauteur du cap Malée, la flotte magnifique rencontre tout à point deux vaisseaux chargés de chevaliers et de gens de pied, qui étaient de ceux qui avaient précédemment faussé compagnie, et qui au lieu de venir, comme c’était convenu, au rendez-vous de Venise, s’étaient petitement embarqués à Marseille, étaient allés en toute hâte en Syrie, n’y avaient fait que maigre besogne, et s’en revenaient dégagés de leur vœu à la rigueur, mais chétifs et confus. […] En telle manière ils coururent en remontant le canal, si bien que, la veille de Saint-Jean-Baptiste en juin, ils vinrent à Saint-Étienne, une abbaye qui était à trois lieues de Constantinople. […] à jamais anéantis dans les flammes, le cœur ne saigne, et l’on partage pleinement la douleur du digne sénateur byzantin ; on comprend sous sa plume ce mélange de Jérémie et de mythologie grecque, ces pleurs pour une statue d’Hélène et pour la profanation des vases de Sion, ces réminiscences d’une double antiquité qui lui viennent en foule et qui ressemblent à des lambeaux d’homélies entremêlés d’un retour d’Anacréon. […] C’est lui qui, à un certain moment, négocie la réconciliation entre l’empereur Baudouin et le marquis de Montferrat, prêts à s’ulcérer et à en venir à une rupture.
Avant de nous peindre, de nous raconter le jeune homme, il nous exprime le vieillard tel qu’il se montre encore aujourd’hui à la postérité dans les austères et magnifiques portraits qui le font reconnaissable entre tous : Qui que tu sois qui regardes l’image de ce grand homme, s’écrie Saumaise, ne te semble-t-il pas, à la voir seulement, que la vertu vient au-devant de toi, et qu’elle descend des rides de ce front comme des degrés d’un théâtre ou d’un magnifique palais ? […] On raconte qu’après avoir entendu son premier plaidoyer, un riche bourgeois vint lui offrir sa fille en mariage. […] Tous deux affirmaient qu’ils avaient charge de faire faire à Dijon, et dans toute la Bourgogne, ce qui venait d’être fait à Paris : Je fus appelé, dit le président Jeannin, à la délibération du conseil qui fut pris là-dessus, avec le sieur de Ruffé, frère dudit sieur de Comarin, les sieurs de Vintimille et deux autres, entre lesquels opinant le premier comme le plus jeune et le moins qualifié (car je n’étais lors qu’avocat au Parlement), mon avis fut qu’il fallait mander ces deux seigneurs qui avaient apporté cette créance, et savoir d’eux séparément, et l’un après l’autre, s’ils la voudraient donner par écrit et signer. […] Sur ce refus, j’alléguai la loi de l’empereur Théodose, qui, après avoir commandé par colère et trop précipitamment la mort d’un grand nombre de chrétiens, fut rejeté de la communion par saint Ambroise, qui le contraignit de venir à pénitence, et, pour une entière satisfaction, faire une loi par laquelle défense était faite aux gouverneurs en l’administration de la justice qui présidaient dans les provinces, de ne faire à l’avenir exécuter tels mandements extraordinaires qui étaient contre l’ordre et la forme de la justice, sans attendre trente jours, pendant lesquels ils enverraient à l’empereur pour avoir nouveau commandement en bonne et due forme ; ainsi qu’il fallait envoyer promptement au roi… Grâce à cet avis d’une ferme et respectueuse résistance qui prévalut et fut adopté, avant même qu’on eût envoyé vers le roi, le contrordre eut le temps d’arriver de Paris : la Bourgogne fut garantie du crime et du malheur commun, et le nom du comte de Charny est inscrit dans l’histoire à côté de ceux du comte de Tendes, de MM. de Saint-Hérem, d’Orthez et d’un petit nombre d’autres, comme étant resté pur de sang dans l’immense massacre.
Sans trop presser cette conjecture, il est du moins certain qu’il songea à combler un désir discret de la personne qu’il venait d’associer devant Dieu à sa destinée domestique. […] Une dévotion subtile, recherchée et fuyant les voies communes, y pénétra avec Fénelon et Mme Guyon, et il fallut en venir aux sévérités et aux retranchements inexorables envers quelques membres devenus rebelles. […] N’ayant point ce qui seul peut faire un fondement solide, j’ai voulu que les filles eussent de l’esprit, qu’on élevât leur cœur, qu’on formât leur raison ; j’ai réussi à ce dessein : elles ont de l’esprit et s’en servent contre nous ; elles ont le cœur élevé, et sont plus fières et plus hautaines qu’il ne conviendrait de l’être aux plus grandes princesses… Venant au remède, elle veut pourtant ne procéder que par degrés et ne corriger le mal que de la même façon qu’il est venu : Comme plusieurs petites choses fomentent l’orgueil, plusieurs petites choses le détruiront. […] Je prends au hasard deux pièces qui nous feront tout aussitôt pénétrer dans ce monde moral plus ému qui existe, il faut bien le reconnaître, et dont il ne servirait à rien de s’interdire et de se fermer rigoureusement l’aspect, depuis que Rousseau, Goethe, Chateaubriand, Byron et Lamartine sont venus.
Maxime du Camp, oubliant la chronologie, dit ensuite : « À l’époque où ces hommes sont venus, la France, épuisée, vaincue, conquise, hélas portait des vêtements de deuil et pleurait en silence ; les meilleurs de ses enfants étaient morts, la mère sanglotait comme la Niobé antique ; une grande désolation était répandue sur elle. […] Toute une jeune race forte et libérale se rangea derrière eux, et la révolution, longtemps disputée, put enfin s’accomplir. — Ces hommes, nul ne les a remplacés ; ils sont encore les plus élevés et les plus vigoureux malgré l’âge qui vient et les événements qui les oppriment… Je ne veux pas abuser des citations, mais il est impossible de ne pas montrer tout d’abord à l’auteur combien son appréciation des faits est arbitraire et sa classification des hommes inexacte. […] Couché dans un désert immense, infranchissable, Sur un bon oreiller de sable Où vient me réveiller le vent frais du matin. […] À la fin d’une tournée en Écosse, et après en avoir noté en vers les principales circonstances pittoresques, le poète des lacs, revenant au monde du dedans et maintenant à l’esprit sa prédominance vivifiante, disait pour conclusion : Il n’y a rien de doux comme, avec les yeux à demi baissés, de marcher à travers le pays, qu’il y ait un sentier tracé ou non, tandis qu’une belle contrée s’étend autour du voyageur sans qu’il s’inquiète de la regarder de nouveau, ravi qu’il est plutôt de quelque douce scène idéale, œuvre de la fantaisie, ou de quelque heureux motif de méditation qui vient se glisser entre les belles choses qu’il a vues et celles qu’il verra.
Que n’en vient-il à être jaloux ? […] Le comte me découvrit dans l’espèce de retraite où je m’étais réfugié ; il vint à moi, me prit par la main, et me conduisit vers Ellénore. […] Et je ne le regardais non plus, lui, que j’étais venu chercher de si loin, avec le désir et la terreur de le connaître. […] Les plus délicats, et qui entrent d’ailleurs dans la donnée du livre, se demandent : Est-ce bien une preuve d’amour que cette jalousie tardive et soudaine qui vient un matin à Roger ?
Ses travaux les plus importants et les plus suivis se sont depuis longtemps dirigés du côté de l’Orient, et du plus haut Orient ; élève de Burnouf, il a pris le sanscrit pour son domaine ; mais ce n’est point un philologue pur, et il a surtout marqué sa vocation scientifique originale en faisant avancer d’un pas la branche d’études qui tend à montrer que les anciens peuples venus d’Asie en Europe, et qu’on désigne sous le nom d’indo-germaniques, ont eu, à l’origine, un même système de mythes, comme ils ont en une même langue ; les liens primitifs de famille se dénotent chez eux par tous les signes. […] Qu’ai-je fait, et comment en suis-je venu à anticiper de la sorte ? […] Louis XVI, aveuglé ici par un esprit de dévotion étroite, était de plus trompé par les informations qui lui venaient des provinces ; et Foucault sera un de ces informateurs les plus funestes, par le tableau illusoire qu’il présentera de la facilité du succès. […] S’il n’avait fait qu’y rétablir l’ordre, introduire plus de régularité et de décence dans ce bizarre parlement de Pau et dans la conduite extérieure des principaux officiers, mettre à la raison certain procureur général de trop folle humeur et des plus libertins, on n’aurait qu’à le louer ; on ne ferait que rire de quelques histoires singulières qu’il raconte : mais tout à côté de ces réformes de bon aloi, il faut bien prêter l’oreille à tous ceux que l’intendant proconsul va faire saigner et pleurer, et dont les cris de douleur sont venus jusqu’à nous.
La fermentation est au plus haut degré, les plus folles espérances sont entretenues et caressées avec enthousiasme ; on se propose l’exemple de l’Espagne, et si la guerre vient à éclater, toutes les contrées situées entre le Rhin et l’Oder seront le foyer d’une vaste et active insurrection… » Il faut lire toute cette lettre dans les Mémoires mêmes où elle est produite39. — M. […] Bignon eût prodigieusement déplu à Mme de Senfft : une galanterie publique, une liaison avec divorce qu’il affichait avec éclat dans ce temps même et à laquelle il vient d’être fait allusion, n’y nuisit pas. […] Après le dîner, on le mit sur Mirabeau ; Victor Hugo venait précisément de publier sa brochure, et M. de Pradt partit de là pour caractériser à sa manière le grand tribun. […] J’avais ces présomptions avant mon voyage d’Espagne ; ce qui ne m’a pas empêché de l’y faire venir, ni de le voir à Paris à mon retour.
Certes, nous n’irons pas l’élever au nombre de ses chefs-d’œuvre : on sait l’ordre et la suite où ceux-ci viennent se ranger. […] Mais d’autres lueurs, d’autres reflets rapides et non pas les moins touchants, venaient en quelque sorte se jouer à la traverse. […] Mais les allusions perpétuelles, au temps de la représentation première, et tous les genres d’intérêt venaient aboutir à ce personnage impérial de Titus et converger à son front comme les rayons du diadème. […] L’idée de reprendre Bérénice devait venir du moment que mademoiselle Rachel était là ; et qu’à défaut de rôles modernes, elle continuait à nous rendre tant de ces douces émotions d’une scène qui élève et ennoblit.
Je pousserais même la licence jusqu’à ne pas exclure du concours tout d’emblée les femmes du xixe siècle, si le moment de les juger était venu. […] De là, durant le cours de cette existence dont la fleur fut si courte et si vite envolée, on voit combien les choses vinrent peu à point, et l’on comprend mieux dans ce ferme et charmant esprit, cet art d’ironie fine, ce ton d’enjouement sans gaieté qui naît de l’habitude du contre-temps. […] Le mot de sécheresse vient à l’esprit ; mais, à la réflexion, on est réduit à se dire, dans la plupart des cas, que c’est tout simplement parfait et définitif. […] Le séjour au château de Silly chez une amie d’enfance, l’arrivée du jeune marquis, son indifférence naturelle, la scène de la charmille entre les deux jeunes filles qu’il entend sans être vu, sa curiosité qui s’éveille bien plus que son désir, l’émotion de celle qui s’en croit l’objet, son empire toutefois sur elle-même, la promenade en tête à tête où l’astronomie vient si à propos, et cette jeune âme qui goûte l’austère douceur de se maîtriser, cette suite légère compose tout un roman touchant et simple, un de ces souvenirs qui ne se rencontrent qu’une fois dans la vie, et où le cœur lassé se repose toujours avec une nouvelle fraîcheur.
En pleine force du corps et de l’esprit, il lâcha tout, charge, femme et fils, pour venir à Paris, et vivre à la solde d’amateurs généreux. […] D’où vient cependant que ce caractère assez laid en somme s’est prêté aux idéalisations de la critique ? […] Il voyait si clair, le bonhomme, qu’il a été le premier à noter, dès 16G0, que le temps de la fantaisie était passé, que le temps de la vérité était venu dans la littérature. […] La Fontaine tempère le lyrisme par les éléments narratifs ou dramatiques ; il l’impose ainsi à un public positif, peu rêveur et peu sentimental ; et ce public s’étonne du charme singulier de ces petits récits et de ces petites comédies, sans se douter que cette douceur pénétrante, d’une essence inconnue, vient précisément des émotions lyriques dont cette âme de poète a imprégné sa matière.
Et voilà comment, par exemple, à l’idéalisme qui, en se prolongeant et s’exagérant risque de compromettre l’art dans l’allégorie, dans la convention, dans le surhumain, le chimérique, le nébuleux, le réalisme vient opposer l’imitation de la nature, l’observation de ce qui est, le retour prudent au terre à terre. […] Est-ce qu’il est possible aux nouveaux venus, même quand ils répudient une partie de ce legs, de faire table rase de ce qui a existé avant eux, de n’en tenir aucun compte, de recommencer toute la civilisation, comme si le monde datait de leur apparition sur la terre ? […] Et, de plus, elles reposent sur un fond commun ; elles représentent toutes deux l’invasion de la démocratie dans la littérature, seulement à des degrés divers ; la dernière venue est allée plus loin que son aînée dans la même voie. […] Ainsi l’idée féodale a été durant des siècles comme la sève d’un grand arbre qui est allé grandissant, poussant des feuilles, des fleurs et des fruits, couvrant de son ombre un vaste espace ; mais un jour est venu où l’afflux du suc nourricier a cessé de suffire à une croissance nouvelle, puis s’est retiré peu à peu des racines et des branches les plus éloignées du tronc, s’est enfin, sous l’action hostile de l’âge et des forces extérieures, ralenti et réduit à rien.
Par la vision directe, la conscience se voit une actuellement, avec un cortège vague de représentations passées ou à venir que saisit la vision indirecte. […] Enfin tout vient aboutir à l’idée du moi, comme les rayons au centre, et ce centre est un mobile toujours en progrès sur une ligne continue. […] A la conscience immédiate du moi actuel vient alors s’ajouter une idée symbolique du moi, qui est une abstraction et une construction complexe, représentant un moi possible dans l’avenir et son rapport avec le moi présent. […] L’être qui se prolongera par la représentation dans le passé et dans l’avenir sera donc mieux armé dans la lutte pour l’existence : par cela même qu’il concevra sa conservation, il la réalisera dans la même mesure : il aura sa ligne tracée, sa direction, son but ; il saura d’où il vient, où il est, où il va.
D’où vient ne sont-ils pas plus courts & passent-ils la demi-heure, étendue proportionnée à la durée d’application dont le plus grand nombre d’auditeurs est capable ? D’où vient (& c’est le grand projet de M. de Montcrif pour rendre la prédication utile), ne suppléent-ils pas au talent qui leur manque, en se bornant à réciter les beaux sermons que nous avons dans notre langue ? D’où vient enfin ne cherchent-ils pas à toucher le cœur plutôt qu’à frapper l’esprit , selon la réflexion d’une princesse pieuse, qui vouloit qu’on lui fît aimer davantage la religion, & qu’on la lui prouvât moins. […] Venons à la troisième proposition, qu’il vaut mieux toucher qu’instruire.
En effet, saint Augustin nous apprend dans le même livre qui vient d’être cité, que lorsque les pantomimes eurent commencé à joüer sur le théatre de Carthage, il fallut durant long-temps que le crieur public instruisit le peuple à haute voix du sujet qu’ils alloient représenter avec leur jeu muet. […] Nous trouvons même dans l’ouvrage de Lucien, qui vient d’être cité, qu’un étranger voïant cinq habits préparez pour un même pantomime qui devoit joüer successivement cinq rolles differens, demanda si la même personne les porteroit tous cinq. […] J’alleguerai comme une espece de preuve de ce que je viens d’avancer, le livre d’un auteur italien, Giovanni Bonifacio, intitulé, l’ arte de’ cenni ou l’art de s’expliquer par signes. […] Nos deux pantomimes novices s’animerent si bien réciproquement par leurs gestes et par leurs démarches où il n’y avoit point de pas de danse trop marquez, qu’ils en vinrent jusques à verser des larmes.
Dieux, qui êtes entre le ciel et la terre, venez tous. […] Si vous faites exactement cela, vous serez toujours prospères, et votre grandeur s’accroîtra ; car ce Dieu exterminera vos ennemis, qui maintenant dévorent à leur aise vos campagnes. » Chose remarquable, et bien conforme à la nature sérieuse et appliquée du peuple romain : ces premiers contacts de l’imagination et de la poésie grecques ne lui venaient pas en délassement et en parure de l’esprit, mais comme un secours de politique et de guerre, un encouragement à la défense, une arme du patriotisme et de la liberté. […] C’est là notre fait : nous ne sommes maintenant ni à la moisson, ni au camp ; nous allons là ; de là, ici ; et là venus, l’esprit bat la campagne. […] Ainsi, cette rude poésie des vieux âges de Rome, quoique imitée en partie de la Grèce, était une voix vivante qui parlait aux âmes romaines, voix trop forte pour être soufferte, quand viendrait l’empire.
Quoi qu’il en soit, il y eut procès, condamnation même, et c’est à la veille de cette plaidoirie plus que littéraire que j’adressai à l’auteur la lettre suivante, dans la pensée de venir en aide à la défense et de ramener la question à ce qu’elle était en soi, c’est-à-dire à une simple affaire de goût relevant de la seule critique. […] Vous êtes, vous aussi, de ceux qui cherchent de la poésie partout ; et comme, avant vous, d’autres l’avaient cherchée dans des régions tout ouvertes et toutes différentes ; comme on vous avait laissé peu d’espace ; comme les champs terrestres et célestes étaient à peu près tous moissonnés, et que, depuis trente ans et plus, les lyriques, sous toutes les formes, sont à l’œuvre, — venu si tard et le dernier, vous vous êtes dit, j’imagine : « Eh bien !
Madame Dorval a paru et est venue saluer ; mais ce n’était pas elle qu’on demandait. Bocage est venu, mais ce n’était pas lui.
. — La grande nouvelle qui domine toutes les autres est celle de la transformation du journal la Presse qui vient d’augmenter son format, d’abaisser son prix, et de prendre d’un grand coup de filet la masse et l’élite des écrivains. En effet, selon que l’annonçait le journal le Globe du 24 novembre, la Presse, par une spéculation audacieuse, vient d’acheter tout ce qu’il y avait d’écrivains sur le marché ; elle les a achetés à tout prix et comme à perpétuité ; elle a fait comme ces riches capitalistes qui, pour être maîtres de la situation, achètent tout ce qu’il y a d’huiles ou de blés et accaparent, sauf à revendre ensuite en détail aux petits marchands.
. — Pour moi, dit l’une, je suis persuadée que ce parfum nous est venu exprès d’en haut pour embellir et pour animer la fleur. […] Cordélia vint à entrer, elle s’assit ; presque aussitôt une langueur comme enivrante la saisit et enchaîna ses sens ; elle poussait de légers soupirs, mais bientôt ce furent des cris étouffés, des mouvements convulsifs et rapides.
Un soir d’hiver arrivèrent à pied, dans le village, un homme et un enfant épuisés de fatigue ; ils vinrent frapper à la porte de M. […] Ses progrès rapides promettaient un artiste de talent, lorsqu’une ophthalmie cruelle vint l’arrêter au plus fort de son travail, au plus beau de son rêve.
Ils sont venus à lui ; oui, tous, un peu plus tôt, un peu plus tard, ils sont venus reconnaître en sa personne l’esprit du temps, lui rendre foi et hommage, lui donner des gages éclatants… [Causeries du lundi (1852).]
Aux Émaux bressans sont venus s’ajouter les Déliquescences d’Adoré Floupette, le Miracle de Saint-Nicolas, Fleurs d’avril, l’Heure enchantée, À la Bonne Franquette et, tout récemment, le Bois-Joli. […] Jean de Meung, Villon, Marot, Régnier, La Fontaine, et qu’en fin de compte celui-là n’occupe point un rang ordinaire dans notre littérature qui, ayant des précédents, suivant l’expression de La Bruyère, « le jeu, le tour et la naïveté, vient relier entre eux et nous la tradition si fâcheusement interrompue ».
Ce flux du mouvement vient-il à s’arrêter, voici l’univers phénoménal figé dans l’espace : ainsi de quelque fleuve immense dont la surface se serait glacée et qui serait devenu soudain impuissant à faire mouvoir les bateaux lourds de denrées et les barques chargées de messages que ses eaux agiles portaient vers les contrées les plus distantes. […] *** Si, avec un plus grand détail, on observe à l’égard de la matière l’exercice de ce pouvoir double et contradictoire qui se manifeste dans la production de la réalité objective, on peut considérer le principe de mouvement qui vient d’être décrit comme un pouvoir de division à l’infini, le principe d’arrêt qui lui était opposé comme un pouvoir de cohésion.
Raffaëlli à Jersey ; l’entretien vint à porter sur les articles que l’on a pu lire dans la Vie Moderne ; ils se résumaient en somme en une prédilection marquée pour les peintres émotifs, si l’on peut dire ainsi, les peintres donnant une émotion de couleur, et pour leur représentant, M. […] « Certes, je reconnais l’importance qu’il convient de donner à l’hallucination comme facteur de la civilisation à une époque où l’illusion religieuse vient à nous faire défaut ; je reconnais aussi que toute œuvre d’art résulté d’une hallucination.
. : on ne peut plus s’occuper que d’elle ; on en est possédé, enivré : on la retrouve partout ; tout en retrace les funestes images ; tout en réveille les injustes désirs : le monde, la solitude, la présence, l’éloignement, les objets les plus indifférents, les occupations les plus sérieuses, le temple saint lui-même, les autels sacrés, les mystères terribles en rappellent le souvenir32. » « C’est un désordre, s’écrie le même orateur dans la Pécheresse 33, d’aimer pour lui-même ce qui ne peut être ni notre bonheur, ni notre perfection, ni par conséquent notre repos : car aimer, c’est chercher la félicité dans ce qu’on aime ; c’est vouloir trouver dans l’objet aimé tout ce qui manque à notre cœur ; c’est l’appeler au secours de ce vide affreux que nous sentons en nous-mêmes, et nous flatter qu’il sera capable de le remplir ; c’est le regarder comme la ressource de tous nos besoins, le remède de tous nos maux, l’auteur de nos biens34… Mais cet amour des créatures est suivi des plus cruelles incertitudes : on doute toujours si l’on est aimé comme l’on aime ; on est ingénieux à se rendre malheureux, et à former à soi-même des craintes, des soupçons, des jalousies ; plus on est de bonne foi, plus on souffre ; on est le martyr de ses propres défiances : vous le savez, et ce n’est pas à moi à venir vous parler ici le langage de vos passions insensées35. » Cette maladie de l’âme se déclare avec fureur, aussitôt que paraît l’objet qui doit en développer le germe. […] La reine se trouble, un feu secret coule dans ses veines : les imprudences commencent ; les plaisirs suivent ; le désenchantement et le remords viennent après eux.
La verge de la loi à la main, avec une autorité incroyable, il chasse pêle-mêle devant lui et Juifs et Gentils au tombeau ; il vient enfin lui-même à la suite du convoi de tant de générations, et, marchant appuyé sur Isaïe et sur Jérémie, il élève ses lamentations prophétiques à travers la poudre et les débris du genre humain175. […] « Ce fut après le déluge que parurent ces ravageurs de provinces que l’on a nommés conquérants, qui, poussés par la seule gloire du commandement, ont exterminé tant d’innocents… Depuis ce temps, l’ambition s’est jouée, sans aucune borne, de la vie des hommes ; ils en sont venus à ce point de s’entretuer sans se haïr : le comble de la gloire, et le plus beau de tous les arts a été de se tuer les uns les autres179. » Il est difficile de s’empêcher d’adorer une religion qui met une telle différence entre la morale d’un Bossuet et d’un Tacite.
Si le goût est une chose de caprice, s’il n’y a aucune règle du beau, d’où viennent donc ces émotions délicieuses qui s’élèvent si subitement, si involontairement, si tumultueusement, au fond de nos âmes, qui les dilatent ou qui les serrent, et qui forcent de nos yeux les pleurs de la joie, de la douleur, de l’admiration, soit à l’aspect de quelque grand phénomène physique, soit au récit de quelque grand trait moral ? […] C’est lui qui réfléchit et qui voit dans l’arbre de la forêt, le mât qui doit un jour opposer sa tête altière à la tempête et aux vents ; dans les entrailles de la montagne, le métal brut qui bouillonnera un jour au fond des fourneaux ardents, et prendra la forme et des machines qui fécondent la terre et de celles qui en détruisent les habitants ; dans le rocher, les masses de pierre dont on élèvera des palais aux rois et des temples aux dieux ; dans les eaux du torrent, tantôt la fertilité, tantôt le ravage de la campagne ; la formation des rivières, des fleuves ; le commerce, les habitants de l’univers liés, leurs trésors portés de rivage en rivage et de là dispersés dans toute la profondeur des continents ; et son âme mobile passera subitement de la douce et voluptueuse émotion du plaisir au sentiment de la terreur, si son imagination vient à soulever les flots de l’océan.
Pourquoi vient-il des siecles où les hommes ont un éloignement invincible de tous les travaux d’esprits, et où ils sont si peu disposez à étudier, que toutes les voïes dont on se sert pour les y exciter demeurent long-temps inutiles ? […] Enfin, pourquoi voit-on dans le même païs des siecles si sujets aux maladies épidemiques, et d’autres siecles presques exempts de ces maladies, si cette difference ne vient point des altérations survenuës dans les qualitez de l’air qui n’est pas le même dans tous ces siecles ?
La cécité, la pauvreté d’Homère furent celles des rapsodes, qui, étant aveugles (d’où leur venait le nom d’ὅμηροι), avaient une plus forte mémoire. […] Aussi ni la philosophie, ni la poétique ou la critique, qui vinrent plus tard, n’ont pu jamais faire un poète qui approchât seulement d’Homère. — 6.
Racine, comme venu le dernier, fut le plus imité. […] Il vient, il la presse ; il prend ses hésitations pour l’embarras de la pudeur. […] Il voyait par-delà ses succès le refroidissement venir, dès qu’on lirait ses pièces avec le goût qu’il avait lui-même contribué à former. […] La tendresse de l’auteur pour les vers qui viennent d’éclore, cette candeur du premier travail qui lui fait tenir pour bon tout ce qu’il vient d’écrire sincèrement, la contradiction, l’injustice des critiques et l’excès des louanges, tout cela pouvait tromper un moment Voltaire sur la valeur de son œuvre. […] Autant Voltaire regimbe contre la correction qui lui vient d’autrui, autant il se ménage peu quand il se l’administre de ses propres mains.
C’est pourquoi aussi, quand vient le moment du rappel, nous ne recourons pas exclusivement à l’intelligence ni exclusivement à l’automatisme : automatisme et réflexion se mêlent ici intimement, l’image évoquant l’image en même temps que l’esprit travaille sur des représentations moins concrètes. […] Alors, quand viendra le moment du rappel, on redescendra du sommet de la pyramide vers la base. […] Elle consiste dans un mouvement de l’esprit qui va et qui vient entre les perceptions ou les images, d’une part, et leur signification, de l’autre. […] Partant alors de ces représentations, nous les déroulons en mots imaginés qui viennent rejoindre et recouvrir les mots lus ou entendus. […] Quand viendra le moment de rendre compte de l’efficacité, il faudra bien écarter tout ce qui n’est pas représentation, se placer en face de la représentation elle-même, chercher une différence interne entre la représentation purement passive et la même représentation accompagnée d’effort.
Prévoyant les horribles jours qui allaient venir, il émigra. […] Je viens d’employer le terme de vieille France et non celui d’ancien régime. […] Les Génois refusèrent de les rendre, afin d’épuiser la génération à venir. […] Puis est Venu un temps, il dure encore, où ils ont été lus. […] Il était tout cela, et aussi un très pauvre homme qui venait d’agoniser, durant des jours et des jours, d’une horrible maladie nerveuse.
La plupart des tragédies de Shakespeare ne sont qu’une suite de métaphores brodées sur le canevas de la première histoire venue. […] Une fois que je tiens mon air, un autre bientôt vient s’ajouter au premier. […] Ainsi, dans l’art catholique, l’idée vient du christianisme, et la figuration, du paganisme. […] Mithra venait d’Orient avec un dogme complet. […] Comme tout se tient, si la houille venait à manquer, la production littéraire baisserait de moitié.
Chaque trait s’ajoute à son tour, et prend place de lui-même dans cette physionomie qu’on essaye de reproduire ; c’est comme chaque étoile qui apparaît successivement sous le regard et vient luire à son point dans la trame d’une belle nuit. Au type vague, abstrait, général, qu’une première vue avait embrassé, se mêle et s’incorpore par degrés une réalité individuelle, précise, de plus en plus accentuée et vivement scintillante ; on sent naître, on voit venir la ressemblance ; et le jour, le moment où l’on a saisi le tic familier, le sourire révélateur, la gerçure indéfinissable, la ride intime et douloureuse qui se cache en vain sous les cheveux déjà clair-semés, — à ce moment l’analyse disparaît dans la création, le portrait parle et vit, on a trouvé l’homme. […] Seulement l’art, dans la force de génération qui lui est propre, a quelque chose de fixe, d’accompli, de définitif, qui crée à un moment donné et dont le produit ne meurt plus ; qui ne varie pas avec les niveaux ; qui n’expire ni ne grossit avec les vagues ; qui ne se mesure ni au poids ni à la brasse, et qui, au sein des courants les plus mobiles, organise une certaine quantité de touts, grands et petits, dont les plus choisis et les mieux venus, une fois extraits de la masse flottante, n’y peuvent jamais rentrer. […] En attendant, tous les genres de travaux qui s’offraient lui étaient bien venus ; le métier de journaliste, comme nous l’entendons, n’existait pas alors, sans quoi c’eût été le sien. […] Tout homme doué de grandes facultés, et venu en des temps où elles peuvent se faire jour, est comptable, par-devant son siècle et l’humanité, d’une œuvre en rapport avec les besoins généraux de l’époque et qui aide à la marche du progrès.
Il s’y ennuyait et aspirait à en sortir à tout prix, quand le meurtre du duc d’Enghien vint soulever le monde et qu’il donna sa démission, très honorable, pour ne pas être à jamais impliqué dans une machine gouvernementale qui égalait du premier coup la Terreur. […] Pendant ces hésitations, le prince de Polignac, qui m’aimait, pense à moi ; il m’écrit, me conjure de venir à Paris, m’offre avec instance la direction des Affaires étrangères ; je n’hésite pas à refuser. — Il insiste sur un entretien ; j’arrive à Paris, je cause à cœur ouvert avec lui, il est moins sincère avec moi qu’avec M. de Marcellus, il nie imperturbablement la pensée du coup d’État. […] Les voleurs étaient venus sur la montagne pour y voler des chevaux, et ils n’y trouvèrent point de chevaux. […] « Aux rayons de la lune, qui répand une si douce lueur dans ces régions asiatiques, aux derniers bruits que la mer apaisée jette sur la plage, les filles de Scio venaient, sur le banc de pierre dressé à la porte de leur maison, écouter les plaintes et les déclarations d’amour des jeunes hommes, quelquefois mêler leurs voix aux chants passionnés, au son du téorbe ou de la mandoline. […] Mais Manos se lève, se dirige vers quelques tablettes suspendues à la muraille et saisit l’Odyssée. « Écoutez-moi à mon tour, dit-il, et oubliez ce que vous venez d’entendre !
Seulement, pour que rien ne vienne nous distraire du fond, il faut que la forme ne contrarie pas l’idée que nous nous faisons de la réalité historique. […] Nous n’y venons pas chercher une leçon : il faut qu’on nous amuse. […] Tout cela, le premier venu le peut-il ? […] Viennent ensuite la clarté, sans laquelle ni la vérité ne se fait sentir, ni l’émotion ne se dégage — et la précision, par laquelle on ne reconnaît pas vaguement, en gros, la nature de l’objet, mais on le voit dans un degré particulier de force et de beauté, tel qu’il est en effet, mais revêtu par votre expression, d’après votre sensation, d’un caractère unique. […] Voilà ce qui manquait à Chapelain : d’où vient que sa Pucelle est ennuyeuse et ridicule ?
2º Il ne m’était pas venu à l’idée qu’un vœu pour le rétablissement du latin pût cacher une arrière-pensée politique. […] Que vient faire la politique dans ce débat ? […] Tous les jours on entend dans les salons des phrases de cette qualité : « J’aime à ce que vous veniez me voir. — Je pars à Nice. — Madame X. a une jolie dentition. — La rue de la Paix est très passagère », etc., etc. […] Nos enfants durant leurs études (j’ai trois grands fils qui viennent d’achever leurs études) ne sont guère préoccupés que des langues étrangères. […] Hé bien, le rôle des nouveaux venus, s’ils le comprennent, sera de mettre un peu d’ordre et de style dans les excès d’une sensibilité trop aiguë.
Seulement, ce bruit qui ne vient pas du mérite intrinsèque des œuvres se dissipe promptement. […] » et qui lui articule les raisons de son mépris, qui sont très bonnes, — et tout cela est excellent de vérité, d’observation, de connaissance de ces bourgeoises qui se donnent au premier aristocrate venu, je ne dis pas de naissance, mais de high life, de chevaux, d’élégance, de luxe et de célébrité. […] ce serait venu ! […] Tout ce qui suit la scène que je viens d’indiquer est inférieur à elle, dans ces Amours de Philippe, qu’on croit nombreux et intéressants, puisque l’on en a timbré le livre ; mais on est trahi par l’annonce fastueuse de ces Amours. […] Reconnaissez pourtant dans ce roman, tout faible qu’il soit, un romancier qui, s’il se ressemble trop à lui-même, ne ressemble pas du moins à ceux-là, venus après lui, et qui tendent à s’élever sur ses débris… Octave Feuillet a encore à son front un reflet de romantisme de sa première heure.
Mais, à côté de ces mouvements qui sont provoqués mécaniquement par une cause extérieure, il en est d’autres qui semblent venir du dedans et qui tranchent sur les précédents par leur caractère imprévu : on les appelle « volontaires ». […] Il est vrai que du dedans serait venue la première impulsion, à la vision intérieure nous aurions demandé le principal éclaircissement ; et c’est pourquoi le problème resterait ce qu’il doit être, un problème de philosophie. […] Mais que tel ou tel d’entre eux vienne nous dire que c’est là de la science, que c’est l’expérience qui nous révèle un parallélisme rigoureux et complet entre la vie cérébrale et la vie mentale, ah non ! […] Mais d’où vient la plus ou moins grande difficulté du rappel ? […] D’où venons-nous ?
D’autres Moralistes, qui vinrent après, y substituerent des hommes ; car il est à présumer que les premiers Romans n’étoient que des fictions morales. […] De ces Déesses communicatives nous vinrent peut-être les Fées, qui passoient elles-mêmes pour n’être point trop sauvages. […] Venons à un Roman où la Féerie n’entre pour rien, & qui réunit assez complettement la vraisemblance physique & morale. […] Vint un autre scrutateur qui parut faire dans le cœur humain de nouvelles découvertes. […] De longues dissertations viennent trop fréquemment intercepter l’intérêt.
La brièveté consiste à prendre son point de départ où il faut, sans remonter trop haut ; à ne point énumérer les parties où il suffit de montrer le tout (souvent on peut se contenter de dire le fait sans entrer dans le détail ni dire le comment) ; à ne point prolonger la narration au-delà de ce qu’on a besoin de savoir ; à n’y point mêler de choses étrangères ; à faire entendre parfois ce qu’on ne dit pas par le moyen de ce qu’on dit ; à écarter non seulement ce qui nuit au récit, mais aussi cc qui ne lui nuit ni ne lui sert, à ne dire chaque chose qu’une fois ; à ne point recommencer ce qu’on vient justement d’achever de dire. […] Il fallut qu’il se fût lassé ; alors un de ses chevaliers vint le saisir par derrière. […] Il est venu, le fils dont elle était si fière !
Ladite chronique, outre le plaisir qu’elle procure à ceux qui en sont l’objet et l’intérêt qu’elle gardera pour la science archéologique venir, peut encore avoir son prix, précisément comme chronique. […] Et ils viendront. […] À propos des peintres de la venue la plus récente, une seule question se pose : sont-ils vraiment novateurs ?
Ajoutons que Jean est le seul évangéliste qui ait une connaissance précise des relations de Jésus avec la famille de Béthanie, et qu’on ne comprendrait pas qu’une création populaire fût venue prendre sa place dans un cadre de souvenirs aussi personnels. […] Marthe et Marie vinrent au-devant de Jésus, et, sans le laisser entrer dans Béthanie, le conduisirent à la grotte. […] La solennité de Pâque approchait, et on pensait que Jésus, selon sa coutume, viendrait célébrer cette fête à Jérusalem 1035.
On voit en 1672, M. de La Rochefoucauld prier madame de Sévigné de venir entendre chez lui une comédie de Molière. […] Nos biographes n’en parlent point ; mais les mémoires de Tallemant-des-Réaux, qui viennent d’être publies, la vengent de cet oubli, à la vérité de manière à faire désirer qu’un autre chroniqueur la venge de ses injures. […] Les murs auraient amplement contenu Toute sa vie…………………………… Au fond du temple on eût vu son image, Avec ses traits, son souris, ses appas, Son art de plaire et de n’y penser pas… J’aurais fait voir à ses pieds, des mortels, Et des héros, des demi-dieux encore, Même des dieux : ce que le monde adore Vient quelquefois parfumer ses autels.
Un de plus dans le torrent, ce n’est en soi chose ni bien importante, ni bien nouvelle, mais celui-ci n’est pas le premier venu. […] Un jour, avec l’emphase propre aux Quinet, mari et femme, ce bon ménage en tout, même en amphigouri, elle dit : « Mon mari vient d’écrire, sous les obus, sa Victoire morale » (c’est un article de journal), comme si on écrivait autrement que sous les obus dans ce temps-là, quand on écrivait à Paris ! […] « Le 24 janvier au soir (écrit-elle), l’horrible éventualité de la capitulation se présenta à notre esprit. » Mais plus tard, ni l’accablante capitulation, ni les derniers écrasements de nos pauvres armées ne l’empêchent, à la page 359, d’écrire cette froide réclame d’une plume sensée, qui sait que le fin et le contre-fin de tout est la réclame dans ce noble temps : « Lacroix vient d’emporter les manifestes d’Edgar Quinet pendant le bombardement.
La mahométane Mme Henry Gréville qui s’est créée homme… par le nom, est une nouvelle venue dans la littérature de l’instant. […] Alexandre Dumas, ce sauveteur des imbéciles, venait en aide, ce n’est pas Mme Sand, avec ses gros yeux ses grosses lèvres, son gros esprit qui ne bougeait pas, qui ne remuait pas plus qu’un sphinx assis sur sa croupe, — et c’était là l’énigme ! […] Et c’est pourquoi lorsqu’un livre vient à couper ce flot pesant du bas-bleuisme, par lequel l’esprit français se laisse entraîner, le livre fait tout à coup lumière d’éclair et, comme l’éclair, peut ne pas durer, mais c’est le succès !
Horace Walpole, qui s’en venait du fond de l’Angleterre pour jouer aux jonchets de la conversation philosophique chez cette ennuyée qui n’ennuie jamais, madame du Deffand, ou chez le duc de Choiseul, pouvait s’y tromper ; mais c’était un Anglais ! […] C’est ici que viennent se marquer plus distinctement que jamais toutes les conséquences du système qui voit dans Paris le type de la France, lorsque l’histoire tout entière atteste au contraire qu’il en est plutôt la contradiction ! […] Un écrivain sérieux aurait d’abord examiné ce qu’il y a de semblable et de différent entre Paris, ce caravansérail du monde et de la province, ce home de la France, — comme diraient les Anglais, — entre Paris, le vaste déversoir de toutes les vagues sociales qui viennent s’y engloutir avec leurs impuretés et leurs écumes, et la province, cette multitude de baies où le flot se circonscrit et séjourne ; — Paris, patrie anonyme de tous les hommes qui ont brisé le lien de la famille et qui ont quitté la province pour en éviter le regard qui tombait de trop près sur eux, et la province, cette vraie patrie de la famille française qui en garde plus austèrement l’honneur et les traditions ; — entre Paris enfin, spirituel, mobile, éloquent, au cœur un peu trop tendre aux révolutions, qui s’habille, babille, se déshabille et brille… de cet éclat de strass qui exagère les feux du diamant, et la province, perle sans rayon, mais d’un bon sens si tranquille et pourtant d’une action si puissante quand il s’agit de dire des mots décisifs, la province, qui a toujours répondu par des empires — parfaitement français — aux républiques parisiennes.
Quitard est un antiquaire à sa façon, — un antiquaire non plastique, mais verbal, — qui fait des fouilles, non dans la vile argile, mais dans l’histoire et la langue, — et encore non dans l’histoire écrite, mais dans l’histoire orale, dans la tradition par toute voie, — pour nous déterrer ces apophtegmes, ces aphorismes, ces axiomes de morale universelle qui valent mieux, à coup sûr, que des médailles de bronze, des vases étrusques, des torses de Vénus cassés ; car la plastique ne vient qu’après l’histoire, si vous voulez bien le permettre, et la forme n’emporte le fond que pour… Brid’oison ! […] J’en suis fâché, car je voudrais véritablement faire bon ménage avec Quitard, le parémiographe, mais il m’est impossible d’accepter la grande source vague d’où il dit que viennent les proverbes qu’il a recueillis. […] Déjà dans la préface de son Dictionnaire il nous avait dit — et c’était à nous faire venir l’eau à la bouche, à la bouche trompée, — « qu’il avait d’abord conçu son Dictionnaire de manière à suivre la langue proverbiale des troubadours jusqu’à nos jours et à former trois gros volumes in-8o », mais que prudemment il l’a diminué de deux volumes « parce qu’il aurait été trop difficile de rencontrer un éditeur », et c’est devant cette fuite d’éditeur que son épicurisme de savant s’est déconcerté et qu’il a sacrifié deux chers volumes à cette panique.
Puisque j’ai osé écrire ce grand diable de mot, qu’on me permette d’ajouter qu’il y en a de deux espèces : celle précisément qui vient d’en haut et qui reste longtemps sans descendre, et celle qui vient d’en bas et qui ne reste pas longtemps même là. […] Mais le continuateur, qui vient après lui et reprend en sous-œuvre la création inachevée, doit faire taire en soi sa personnalité, cette personnalité toujours si vive dans les natures d’artistes, et entrer dans la pensée d’autrui avec assez de loyauté, d’intelligence et de profondeur pour y perdre entièrement la sienne.
Le mal économique, le mal qui vient d’une déperdition de richesses ou de forces productrices, voilà le mal réel, le mal suprême ! […] On eût dit qu’à partir des commencements de la monarchie cette question s’endormait par moments, puis avait ses réveils de lion, avec quelque grand homme qui tout à coup venait à naître… Quand Charlemagne conférait le baptême sous peine de mort ; lorsque Louis XI frappait la féodalité à la tête ; lorsque Catherine de Médicis ne craignait pas de laisser peser sur sa mémoire l’effroyable décision de la Saint-Barthélemy ; quand Richelieu, plus tard, abattait de la même main les restes de l’aristocratie féodale et le protestantisme de son temps retranché dans la Rochelle, achevant à lui seul la double besogne de Louis XI et de Catherine de Médicis, nulle de ces grandes têtes politiques n’avait cédé à des passions vulgaires. […] Mettez par la pensée Louis XIV à la place de Henri IV, et Henri IV à la place de Louis XIV, et vous n’aurez rien changé peut-être à la politique de leur époque, tant il est des logiques de situation qui viennent modifier ces grandes individualités politiques qui sont moins des hommes que des systèmes !
Ils sont rares comme la tranquille conscience du talent qu’on a et de la fierté de l’esprit qu’on se sent… Avec l’effroyable prurit de vanité littéraire qu’ont les moins littéraires de ce temps, et qui fait d’eux des mendiants de publicité se trémoussant comiquement autour du moindre article pour qu’on leur en fasse la charité, un écrivain qui publie son livre et le met tout simplement sous la vitrine de l’éditeur, sans importuner personne de son importance et sans viser à la pétarade des journaux, m’est, par cela seul, plus sympathique que les autres, et je suis très disposé à aller vers lui, parce qu’il ne vient pas vers moi avec ces torsions de croupe respectueuses qu’ont les quêteurs d’articles qui veulent qu’on en mette dans leur chapeau… C’est précisément ce qui m’a fait aller à M. […] … Le long de cette histoire, bien entendu, l’esprit révolutionnaire qui n’en est plus à son origine, qui est très bien venu, au contraire, très perceptible, très gros et très puissant, se mêle à tout et agite la masse, — mens agitat molem , — et il faudrait être aussi bête que la masse pour ne pas le voir… Il ne précède déjà plus la Révolution, mais il l’accompagne. […] Le temps est venu des sténographes, même en Histoire !
Il vient avec Veuillot et de Pêne. […] Je ne veux point qu’on vienne me dire : Vous m’aviez cru ; vous avez eu tort de me croire ; je crois maintenant que moi-même je ne me crois plus. […] Voilà pourtant toutes les raisons de l’espèce d’amende honorable que fait, sans torche, sans-corde au cou et sans escalier de Palais de Justice, l’auteur d’un livre qui n’avait qu’à le signer pour en tirer l’honneur qu’il mérite, et qui ne craint pas d’avilir son livre, en le condamnant… L’auteur d’À travers l’Antiquité ressemble, dans son épilogue, à l’homme qui a peur d’un pétard qu’il vient d’allumer.
Personne dans son temps, dans aucun temps, personne, fût-ce Voltaire, qui ne s’ennuya jamais, lui, ne fut plus intéressant et plus charmant que cette vieille, son égale en esprit et en grâce, dont l’ennui si intéressant pour nous fut si cruel et si tenace pour elle ; et ces deux volumes, en attendant ceux qui viendront encore, sont de nature à confirmer sur cette femme, la plus singulière de son siècle, ce que les volumes précédemment publiés nous avaient appris. […] Son incurable ennui ne venait pas non plus des pauvretés de sa destinée. […] Une des reines du xviiie siècle, douée de tous les dons aimables par lesquels on était reine alors, une Titus femelle, les délices du genre humain, comme disait d’elle une de ses amies, une des plus éblouissantes soupeuses de cette époque où le souper était « une des quatre fins de l’homme et où l’on oubliait les trois autres », un des esprits les plus teintés de ce rouge audacieux que les femmes mettaient sur leurs joues pour qu’on vint l’essuyer, se plaint, à travers les rires de tout le monde et même des siens, d’un ennui que ne connaît personne, de cet inexorable ennui dont parle quelque part Bossuet, que certainement elle ne lisait pas !
Il vaut réellement l’édition qu’on vient d’en faire, — et cette édition est, par l’exécution typographique et l’ornementation, par la gravure, le luxe et la coquetterie des détails, très digne de la courtisane dont il est question dans ce livre, — de la courtisane la plus courtisane de l’époque la plus courtisane aussi, et dont MM. de Goncourt sont les courtisans… Les courtisans, il faut bien le dire, oui ! […] Quand on est ce qu’ils sont, l’abjecte, dans Sophie Arnould, on peut ne pas la voir sous les roses de la courtisane et dans les fulgurations d’un esprit qui mit tout son siècle à feu ; mais l’imbécillité, tard venue, — mais enfin venue, — pouvait-elle échapper à qui aime tant les choses de l’esprit et se connaît tant aux choses de l’esprit ?
Eh bien, le gouvernement d’Angleterre — ce gouvernement qui est tout ce que nous venons d’énumérer — a senti, pour la première fois, — depuis qu’il sème des colonies, c’est-à-dire de la graine de société sur les continents qu’il découvre, — l’insuffisance de sa propre action sur la terre d’Australie et la force très suffisante de quelques prêtres, qui n’ont pour toute ressource que la consigne de Rome et leur crucifix sur le cœur ! […] à ses prêtres, ils s’en vont devant eux sans aucune précaution humaine, montrant le Crucifié souvent pour tout langage, et en quelques jours des milliers de sauvages viennent s’abattre autour de cette fleur mystique de la Croix qui tend son cœur ouvert aux nations ! […] Mais, sur ce point, comme nous l’avons dit plus haut, l’abbé Falcimagne, son traducteur, lui est venu en aide avec une grande sûreté de connaissances et un rare bonheur d’exposition.
Aujourd’hui, avec leur Soulouque qui les égorge comme ils ont toujours été égorgés, ils ne sont ni plus opprimés ni plus libres qu’ils n’étaient sous ce collier de tyrans, Boyer, Christophe, Dessaline ; mais la domination du dernier venu n’aura pas plus de durée que la domination des autres… Gustave d’Alaux a-t-il tu sciemment ou n’a-t-il pas seulement entrevu ces idées ? […] Si nous en croyons les dépositions curieuses et terribles de l’histoire d’Alaux, Soulouque, ce vieil enfant, car il avait plus de soixante ans quand il fut élevé à la présidence de la République d’Haïti ; Soulouque, « ce formidable poltron qui voit dans toute ombre un fantôme et dans tout silence un guet-apens », cet être absurde, fanatique, dévoré par des superstitions de sauvage, méfiant, fanfaron, cruel, mais apathique après que le sang, dont il a des soifs vraiment physiques, est versé ; Soulouque, ou, pour l’appeler du nom d’empereur qu’il s’est donné dans une farce officielle qu’aucun gouvernement n’a eu d’intérêt à empêcher, Faustin, est très au niveau, si ce n’est très au-dessous, du premier Cafre venu qui va s’éteindre sur la Côte d’Ivoire. […] Règle générale en cette matière : pour tout historien dont l’intention est plus profonde que de raconter des excentricités risibles ou effrayantes et des histoires… grotesques et arabesques, comme dirait Edgar Poe, toute histoire de nègres ou sur des nègres doit être précédée d’une étude à fond sur la race, et Gustave d’Alaux était digne de la faire, cette étude sans laquelle toute histoire quelconque, même celle qu’il vient d’écrire, manque de flambeau.
Charles De Rémusat31 I Nous venons d’avoir une sensation sur laquelle nous ne comptions pas. […] Alors il crut que l’Histoire, aux âpres enseignements, lui donnerait, de vigueur et de mordant, ce qu’il n’avait pas, et tonifierait du même coup et sa pensée et son langage ; et il choisit, de toutes les histoires, l’histoire d’Angleterre, ce carquois où des mains ennemies viennent prendre les traits qu’elles décochent au gouvernement de la patrie. […] L’intérêt qu’on y rencontre, car il y a un intérêt, vient uniquement des hommes et des choses de ce fier pays.
C’est lui que je venais habiter, à vrai dire. […] Que suis-je pour la ville à qui tout grand artiste, Célèbre ailleurs, s’en vient demander s’il existe ? […] C’est — viens voir — Pis qu’un soir De Norvège.
C’est lui à qui on vint annoncer au milieu d’un sacrifice que son fils venait de mourir : il avait une couronne de fleurs sur la tête, et il l’ôta. […] C’est celle d’un vieillard plein de sens, accoutumé au spectacle des choses humaines, qui ne s’échauffe pas, ne s’éblouit pas, admire avec tranquillité et blâme sans indignation ; sa marche est mesurée, et il ne la précipite jamais : semblable à une rivière calme, il s’arrête, il revient, il suspend son cours, il embrasse lentement un terrain vaste ; il sème tranquillement, et comme au hasard sur sa route, tout ce que sa mémoire vient lui offrir ; enfin partout il converse avec son lecteur : c’est le Montaigne des Grecs ; mais il n’a point comme lui cette manière pittoresque et hardie de peindre ses idées, et cette imagination de style que peu de poètes même ont eue comme Montaigne. […] Les derniers discours de Démosthène à l’officier qui voulait lui persuader de venir à la cour de son maître, sont de ce genre d’éloquence qui naît bien plus du caractère que de l’esprit.
Lorsque, pour prélude de son entreprise sur l’Asie, en souvenir de l’ancienne défection de Thèbes et contre sa résistance nouvelle, il vint, avant de passer l’Hellespont, écraser cette malheureuse ville comme une victime expiatoire, et que, dans sa fureur, semblable aux Thraces demi-barbares qui remplissaient son armée, il fit tuer la garnison et rasa de fond en comble les murailles et les maisons, il ne se borna pas à épargner, comme on l’a vulgairement répété, cette maison de Pindare dont Pausanias, quatre siècles plus tard, notait les ruines saintes encore. […] Il semble, cependant, par un souvenir de son règne, que là même, l’ostentation orgueilleuse de la puissance, et ce je ne sais quoi d’asiatique et de barbare qu’Alexandre recevait du contact de ses ennemis vaincus, venaient altérer, dans les arts qui touchent à l’expression matérielle de la grandeur, la sublime pureté du génie grec. […] Elle vient, pour célébrer les solennels mystères de sa fille : et lui, propice comme il sied à un Dieu, il apparaît souriant et beau.
Mon père vint me voir ; il me surprit. […] Il est possible que les historiens à venir en soient déconcertés. […] Puis, entre ces garçons, d’où venait la haine ? […] Le bon apôtre n’est-il pas venu, tout gentiment, voir cet oncle ? […] Viens sur l’Océan, notre patrie première ; il écume d’impatience de nous porter.
D’autres malheurs moindres venaient, par leurs piqûres, aigrir les grandes plaies dont il souffrait. […] De sorte qu’on peut dire que sa religion maintenant n’est plus lui, qu’elle est un être séparé et mobile, qu’elle va et vient près de lui selon que ce brave docteur fréquente la maison. […] Viens donc, ô toi qui as les sept étoiles dans ta main droite ; établis tes prêtres choisis, selon leur ordre et leurs rites antiques, pour accomplir devant tes yeux leur office et verser religieusement l’huile consacrée dans tes lampes saintes toujours brûlantes. […] L’âge est venu ; exclu du pouvoir, de l’action, même de l’espérance, il revient aux grands rêves de sa jeunesse. […] Ce qui semblait sa tête — portait l’apparence d’une couronne royale. — Satan approchait maintenant, et de son siége, — le monstre, avançant sur lui, vint aussi vite — avec d’horribles enjambées.
Celle-ci soutient-elle qu’il y a des idées qui ne viennent pas des sens, ni directement ni indirectement : M. […] Avec ceux-ci certainement ; les premiers sans doute viendront plus tard. […] Si vous dites que c’est le même phénomène, mais avec quelque chose de plus, je demande d’où vient ce surplus. […] Le moment serait donc venu, à notre avis, de faire un pas de ce côté. […] D’où nous vient pourtant une telle idée ?
Non pas qu’il m’étonne : il était infailliblement prévu… ne me vient-il pas de M. […] Jadis, je n’aurais pas hésité, mais peu à peu un doute m’est venu, que je vois qui tourmente également M. […] Peut-être ; mais c’est assurément pour cela qu’une heure vient où les grands mystiques ne peuvent plus que se taire. […] « le poète ne prend de toutes choses que ce qui leur vient du ciel ». […] Il apparaît pendant une courte vie, mais d’où vient-il, où va-t-il ?
Plus tard devaient venir les abus. […] Le temps viendra, peut-être est-il venu, où elle n’intéressera plus que les délicats. […] Le désenchantement est venu avec le ministère Combes. […] Un nouvel âge vient. […] Un malheur soudain vient le frapper : sa fille, Suzanne, est atteinte de coxalgie.
sans doute, je sais que Werther, que René, que Lélia, quand leur temps sera venu, parleront d’un autre style. […] Je crois que j’allais le lire, quand, par bonheur pour moi, vous êtes venue. […] Je viens d’en dire au moins l’un des motifs. […] Je sentis que mon heure était venue et qu’il fallait suivre la trace de mon père. […] Rousseau vint, et tout changea.
L’unité vient d’une vis a tergo : elle est donnée au début comme une impulsion, elle n’est pas posée au bout comme un attrait. […] Nous venons, en effet, de voir que les tendances caractéristiques de l’évolution des deux règnes, quoique divergentes, coexistent encore aujourd’hui, et chez la plante et chez l’animal. […] Or, l’homme est probablement le dernier venu des Vertébrés 60. […] Ainsi pour les cadres, antérieurs à toute expérience, où notre expérience vient s’insérer. […] Mais si, par là, elle dépasse l’intelligence, c’est de l’intelligence que sera venue la secousse qui l’aura fait monter au point où elle est.
Ne croyez-vous pas qu’il viendra un temps où les lumières seront répandues généralement, où tous les hommes seront instruits ? […] Il vient un moment pourtant où, dans l’intérêt et pour le salut de la société, les ânes, même les meilleurs, ne suffisent pas, et où il faut recourir dans le péril au coursier généreux. […] L’objet de M. de Meilhan est de présenter un tableau général exact du gouvernement de la France et de la société avant la Révolution, et de montrer qu’il n’y avait pas lieu ni motif à la révolte, qu’il y aurait eu moyen de la conjurer si on l’avait su craindre, et que lorsque la crainte est venue après l’extrême confiance, elle a, par son excès même, paralysé les moyens : « La légèreté d’esprit dans les classes supérieures a commencé la Révolution, la faiblesse du gouvernement l’a laissée faire des progrès, et la terreur a consommé l’ouvrage. » La description que donne l’auteur de l’ancien gouvernement de la France, de cette Constitution non écrite, éparse et flottante, mais réelle toutefois, est des plus fidèles ; il fait parfaitement sentir en quoi la France d’avant 89 ne pouvait nullement être considérée comme, un État despotique proprement dit ; il parle du roi et de la reine, du clergé, de la noblesse, du tiers état et du rapprochement des diverses conditions, des parlements, du mécanisme de l’administration, des lettres de cachet, de la dette, de l’influence des gens de lettres sous Louis XVI, avec une justesse et une précision qui me font considérer cet ouvrage comme la meilleure production de M. de Meilhan, après ses Considérations sur l’esprit et les mœurs, et comme pouvant se joindre à titre de supplément utile à l’Abrégé chronologique du président Hénault. […] Arrivé à sa cour, il réussit moins de près que de loin ; il quitta bientôt Pétersbourg, avec une pension toutefois ; la mort de l’impératrice la lui fit supprimer et vint détruire ses projets de composition historique. On a de lui des lettres où il célèbre l’âme et le génie de Catherine ; mais ici se trahit un grave défaut de M. de Meilhan, et qui était déjà sensible dans quelques passages de ses Considérations sur l’esprit et les mœurs ; cet homme d’esprit et de conception, qui n’a pas seulement de la finesse, qui y joint des vues et de la portée, n’a pas le goût très sûr : il le prouva bien lorsque étant parti de Rome pour aller en Russie, l’idée lui vint un jour de comparer l’église de Saint-Pierre et Catherine II.
D’Argenson, arrivé à cette date du milieu du siècle, en vient donc à le juger moins désespéré et moins incurable qu’il ne l’avait déclaré d’abord. […] Cet auteur est un homme d’une imagination forte, et son jugement ne vient qu’à la suite de son esprit. […] Il pensait que les abus et les maux de l’ancien régime étaient venus au point d’exiger qu’on tirât la France, « non de dessous ses rois, à Dieu ne plaise ! […] Il est vrai que c’est une folie, de là vient que les philosophes ne sont pas propres à la guerre, au lieu que les gens à passions y sont propres ; les jeunes gens, les sanguins, s’y dévouent légèrement et franchement, mais tout philosophe qui réfléchit mûrement trouve que le plus grand bien est de vivre, et le plus grand mal du monde est l’anéantissement ; car les gens à passions trouvent, disent-ils, la vie plus mêlée, de maux que de biens, au lieu que les philosophes trouvent le contraire et ont raison, la vie leur est délicieuse. […] [NdA] Son opinion sur Mme de Maintenon, d’après une lecture des mémoires et lettres donnés par La Beaumelle (1756), vient encore à l’appui du reste.
On ne le prend plus au pied de la lettre pour ce qu’il a été et pour ce qu’il est en tant qu’auteur : on le prend comme un de ces individus collectifs, le dernier venu et, en quelque sorte, le dernier mot d’une génération de satiriques oubliés, leur héritier le plus en vue et chef à son tour d’une postérité nouvelle, faisant lien et tradition entre Rutebeuf et Rabelais. […] Villon ne s’en tint pas là : il vint un moment où il descendit jusqu’à une Margot, dont il nous ouvre le bouge, et il s’y montre installé comme chez lui, — mieux que chez lui. […] Il est plus certain qu’il fut très mal accueilli sur le territoire de l’évêque d’Orléans, Thibault d’Aussigny, et qu’y ayant commis, par suite de cette même nécessité qui fait saillir le loup hors du bois, quelque nouveau méfait, quelqu’une de ces peccadilles dont il était si fort coutumier, il fut jeté dans les prisons de Meung-sur-Loire, y languit tout un été au fond d’un cul de basse fosse, et ne dut sa grâce qu’à Louis XI, nouvellement roi, qui vint à passer en cette ville de Meung dans l’automne de cette année 1461. […] La page de critique conjecturale où il se répand à ce sujet, et où il se laisse aller à quelques regrets sur son auteur favori, est trop heureuse de développement et d’une trop bonne venue pour que nous en privions le lecteur : On ne peut, nous fait-il remarquer, afficher plus de mépris pour la campagne que n’en montre Villon dans cette pièce. […] Ne venons pas prononcer, à son sujet, le nom de Bossuet, ni même celui de Byron et des don Juan modernes.
Ce sont ces aimables frères, unis ou plutôt confondus par l’amitié comme par les goûts, qui viennent aujourd’hui nous donner le résumé, la quintessence et l’esprit de leurs recherches favorites, de leur commerce prolongé avec le xviiie siècle, dans un volume où les femmes de ce temps sont montrées dans tous les rangs et dans toutes les classes, à tous les crans et à tous les moments de la société, à toutes les heures et à tous les âges. […] La profondeur, la réflexion, le sourire viennent au regard, et l’œil parle. […] Elle a été très-jolie, très-abandonnée, et très-méchante ; sa beauté s’en est allée, ses amants s’en sont allés, et elle pense que le Diable va venir. […] Elle n’a pas encore eu l’apparence d’inégalité ; mais, malgré la patte de velours qu’elle m’a toujours montrée, je ne puis me défendre de la crainte de la griffe dont on m’a tant parlé, et cette crainte me donne une contrainte insurmontable telle qu’il ne me vient pas une idée… » La crainte se trouve en défaut : ce premier séjour à Chanteloup, d’une semaine environ, se passe à la satisfaction de tous, et Mme de Choiseul n’a à donner que des louanges : « L’abbé (Barthélémy) part après-demain, écrit-elle à Mme du Deffand. […] Elle court les spectacles, elle se dévoue aux princes ; elle ne pouvait venir chez moi l’après-dîner, parce qu’à quatre heures elle devait aller avec Mme la duchesse de Bourbon dans la petite maison du duc de Chartres.
Il passa de là au barreau, qui n’est pas accoutumé à recevoir pour siens de ces élèves d’Euclide ; il vint habiter dans l’île Saint-Louis, où la Révolution le trouva encore obscur, jeune avocat, ayant plaidé cependant non sans succès à la Grand’Chambre ; l’illustre Gerbier avait été son introducteur et son patron. […] Il en était venu, après Fructidor, à être le correspondant de Louis XVIII, un de ceux qui étaient censés devoir l’éclairer sur l’état vrai de l’opinion en France. […] Une dépêche de lui, alors qu’il était ministre des affaires étrangères en 1821, tout récemment rappelée et citée devant le Sénat dans une circonstance fort particulière, est venue témoigner de cette sincérité et de cette vivacité de sentiments plus pratiquée par lui qu’affichée. […] Il eut, à son début, sa journée d’éclat (28 octobre 1815), lorsque répondant à M. de Kergorlay qui s’attaquait à l’inviolabilité des biens nationaux et qui prétendait l’infirmer au nom de mille exemples historiques, anciens et modernes, allégués en preuve de l’éternelle vicissitude des choses et de l’instabilité des institutions humaines, il éleva et opposa, en face de ce spectacle philosophique trop décourageant, le point de vue du vrai politique et de l’homme d’État, qui doit se placer, au contraire, et raisonner constamment dans la supposition de la stabilité et, s’il se pouvait, de l’éternité des lois sur lesquelles la société repose, et qui doit d’autant plus paraître s’y fier et les proclamer durables, que l’on vient d’échapper à de plus grands orages : « Voilà, s’écriait-il, voilà ce qu’il faut espérer, ce qu’il faut vouloir, voilà ce qu’il faut, s’efforcer de voir et de démontrer comme le résultat possible et même assuré d’une conduite où la sagesse se trouvera heureusement combinée avec la fermeté. […] Royer-Collard fit venir Jouffroy, qui promit d’y mettre plus de prudence à l’avenir, et qui pourtant récidiva.
Ce qu’il faut se hâter de dire à la louange de ces hommes aimables, de ces courtisans-philosophes si élégants et si accomplis, c’est que, quand vinrent les épreuves sérieuses, ils ne se trouvèrent pas trop au-dessous : la fortune eut beau s’armer de ses foudres et de ses orages, elle échoua le plus souvent contre leur humeur. […] Ordonnons à celui de nos gens qui sait lire De bien exécuter ce que l’on vient d’écrire ; De soutenir partout prose, vers et couplets, Nonobstant les clameurs, nonobstant les sifflets : Tel est notre plaisir et telle est notre envie. […] Lorsque M. de Ségur rentra dans sa patrie après cinq années d’absence, la Révolution de 89 venait d’éclater : un autre ordre d’événements et de conjonctures s’ouvrait au milieu de bien des espérances déjà compromises et de bien des craintes déjà justifiées. […] Les Mémoires d’un Homme d’État sont venus depuis éclairer d’un jour nouveau et par le côté étranger toute cette portion longtemps voilée de la politique européenne ; les mille causes qui déjouèrent la diplomatie de M. de Ségur, et qui auraient fait échouer tout autre en sa place, y sont parfaitement définies175. […] Il s’empressa de venir à Paris, armé de sa tragédie de Coriolan, d’une douzaine de fables et de cinq à six chansons.
Au milieu de cette vie d’excitation et d’élourdissement, se voyant atteinte de crises nerveuses et menacée d’une maladie de poitrine, Mme de Krüdner part pour Paris au mois de mai 1789 ; elle n’y était venue que tout enfant, à l’âge de treize ans : c’est donc pour la première fois qu’elle va juger de cette ville, qui était bien véritablement alors la capitale du monde. […] Je vais continuer de lui paraître bien léger en telle matière ; mais je suis persuadé que Mme de Krüdner, déjà convertie, eût été choquée elle-même, au milieu de tous ses repentirs, qu’on vînt dire que l’homme qu’elle avait un jour aimé pût être humilié à ce souvenir. […] Eynard traite bien durement le spirituel comte Alexandre de Tilly, « un homme que ses ridicules Mémoires, dit-il, ont livré au mépris des uns et à la pitié des autres. » On a assez le droit d’être sévère pour le comte de Tilly, sans qu’il soit besoin d’en venir à ces extrémités de dédain qui passent la justice ; d’autres diraient, qui blessent la charité. […] Elle n’a pas alors moins de trente-sept ans ; elle les déguise avec art sous une grâce divine que les femmes mêmes sont forcées d’admirer ; mais elle sent que le moment est venu d’appeler à son aide les succès de l’esprit et de prolonger la jeunesse par la renommée. […] Faites imprimer ces vers dans le journal du soir… Envoyez-moi bien vite le journal où cela sera imprimé… Si le journal ne voulait pas s’en charger ou qu’il tardât trop, envoyez-moi-les écrits à la main, et on les insérera ici dans un journal… » Puis vient le prêté-rendu, la récompense offerte au bon docteur, la promesse de contribuer à lui faire acquérir en retour cette réputation que méritent ses talents et ses vertus : « Oui, digne et excellent homme, j’espère bien y travailler ; j’attends avec impatience le moment où, rendue à Paris, mon temps, mes soins et mon zèle vous seront consacrés : vous me ferez connaître La Harpe, auprès duquel est déjà un de vos amis.
Fénelon, alors à Cambrai, apprit avec douleur que son amie venait d’être transférée à Vincennes. […] Tout fit écho à cette douce voix d’un pontife législateur et poëte, qui venait instruire, consoler et charmer le monde. […] Le bruit en vint à Louis XIV. […] L’été venu on vit mourir de faim, une poignée d’herbe à la bouche. […] Des villages entiers, ruinés par les gens de guerre, venaient se réfugier auprès de lui.
A-t-on réfléchi que lorsque Boileau rejette le fatras des rimes banales, chères aux copistes maladroits de Malherbe, et déclare Qu’il ne saurait souffrir qu’une phrase insipide vienne à la fin du vers remplir la place vide, c’est la preuve qu’il ne comprend pas le rôle de la rime autrement que M. de Banville et tous nos Parnassiens, qui en font l’élément constitutif du vers, et s’efforcent de la faire porter sur les mots caractéristiques de la phrase ? […] Tous ces vers que l’on sait par cœur, et qui ont immortalisé leurs victimes, d’où en est venue la force ? […] L’idée chasse la sensation, et la notion de vérité ou d’erreur, de bien ou de mal, vient se jeter à la traverse d’une perception de forme et de couleur. […] Si la poésie vient du cœur, comment ne serait-il pas poète en parlant des lettres, la seule passion ardente de sa vie, et qui l’emplit tout entière ? […] Et cela, à propos d’un ministre ennemi des flatteries, et pour venir à rendre la mollesse responsable de la fausse vanité et des fausses louanges.
On a souvent observé que si tous les corps de l’Univers venaient à se dilater simultanément et dans la même proportion, nous n’aurions aucun moyen de nous en apercevoir, puisque tous nos instruments de mesure grandiraient en même temps que les objets mêmes qu’ils servent à mesurer. Le monde, après cette dilatation, continuerait son train sans que rien vienne nous avertir d’un événement aussi considérable. […] § 3. — Le continu physique a plusieurs dimensions J’ai expliqué dans Science et Hypothèse d’où nous vient la notion de la continuité physique et comment a pu en sortir celle de la continuité mathématique. […] Si nous supposons deux objets différents qui viennent successivement occuper la même position relative par rapport à nous, les impressions que nous causeront ces deux objets seront très différentes ; si nous les localisons au même point, c’est simplement parce qu’il faut faire les mêmes mouvements pour les atteindre ; à part cela, on ne voit pas bien ce qu’ils pourraient avoir de commun. […] Je n’aurais que quatre sensations qualitativement différentes, et si l’on me demandait si elles sont liées par la proportion que je viens d’énoncer, la question me semblerait ridicule, tout comme si l’on me demandait s’il y a une proportion analogue entre une sensation auditive, une sensation tactile et une sensation olfactive.
Mais la puissance relative de ces forces ne demeure pas la même ; celles-ci croissent, celles-là, décroissent et un jour vient où celle qui régnait est détrônée et remplacée par une de celles qui la combattaient. […] Enfin Malherbe vint… On croirait vraiment que Malherbe a créé de toutes pièces la littérature française. […] Le Père Malebranche, disciple logique de Descartes, recevait à coups de pied sa chienne qui venait le caresser et, comme on le lui reprochait : « Et quoi ! […] Quand vient à mourir un prince, une princesse, un homme de haut parage, on tapisse une église de tentures superbes ; on dresse au milieu de la nef un catafalque qui cache l’autel ; on expose des tableaux qui racontent les hauts faits du personnage et de sa famille ; on construit des estrades où s’entassent marquises, duchesses et grands seigneurs ; on fait en un mot de la cérémonie funéraire une pompe théâtrale capable d’effacer les plus belles décorations des ballets royaux. […] Ils dureront jusqu’au moment où le xviiie siècle (dans sa seconde moitié principalement) viendra rendre à la sensibilité, au Moi, au monde extérieur la part d’attention qu’ils méritent… Certes, je ne prétends pas que les quatre caractères, dont je viens de montrer la coexistence, suffisent à exprimer dans sa complexité la littérature de l’époque choisie comme champ d’études.
Elle me flatte, me confie tous ses desseins, me consulte et m’écoute. » Sa douceur venait du sentiment de son déclin. […] » On se rappelle qu’en 1672 elle écrivait à madame de Saint-Géran : « Le maître vient quelquefois chez moi, malgré moi, et s’en retourne désespéré, jamais rebuté. » Je suis persuadé qu’il n’y a pas une âme délicate, pas une femme qui ne sente une différence entre les deux locutions, et ne se plaise à en discerner le caractère d’après les circonstances. […] L’orgueil du prince le plus jaloux de son autorité étant intéressé par ces accusations à la persécution des protestants, d’autres circonstances vinrent l’irriter. […] Elle promet à Gobelin le plaisir de voir le roi très aimable et très chrétien à la messe, quand il viendra à Versailles ; elle parle de la simplicité de la chambre qu’elle occupe ; mais elle ajoute : « Plût au ciel qu’il y en eut autant dans mon cœur, et que sans compter ce que je n’y connais pas, le n’y découvrisse pas encore des replis qui peuvent gâter ce que je suis ! […] La bonne compagnie, d’où madame de Maintenon était sortie pour venir dans cette cour corrompue, acquit un nouveau degré de considération ; sa distinction fut mieux marquée entre la pruderie, la pédanterie, la préciosité d’une part, l’incontinence effrontée, la galanterie licencieuse de l’autre ; elle eut pour caractère la décence des mœurs et l’élégance des esprits ; elle reconnut des modèles ; elle fixa ses principes, elle eut ses traditions ; elle forma école ou plutôt elle conserva ci fonda à perpétuité celle que l’hôtel de Rambouillet avait transmise épurée à ses élèves.
… Ces séraphins, qui tombent du ciel ou du plafond, viennent là comme, en d’autres temps, seraient venus les Amours et les Cupidons ; on les introduisait sans y croire ; c’est fâcheux, même en poésie. […] Ne viens point, quand tu les as en foule devant toi, ne viens point parler de ce silence de mort qui a succédé à des chants. […] Évidemment le premier genre Soumet est détrôné ; on sent que Théophile Gautier est venu, et que, tout à côté de l’auteur, il s’est beaucoup moqué de l’ancienne tragédie.
— À travers toutes ses déclamations et le mépris qu’il répandait sur les ministres, il se montrait monarchique, et répétait que ce n’était pas sa faute si on le repoussait et si on le forçait, pour sa sûreté personnelle, à se faire le chef du parti populaire : « Le temps est venu, dit-il, où il faut estimer les hommes d’après ce qu’ils portent dans ce petit espace, là, sous le front, entre les deux sourcils. » Ceci se passait à la fin du mois de juin 1789. […] en nul pays du monde la balle ne viendra-t-elle donc au joueur ! » Un moment Mirabeau crut que la balle lui venait en effet, et il la reçut avec une sorte d’ivresse et de bondissement. […] Doctrinaires, ne venez pas aujourd’hui revendiquer cette monarchie-là, celle de Mirabeau ; ce ne fut jamais la vôtre ! […] Le moment viendra, et bientôt, où il lui faudra essayer ce que peuvent une femme et un enfant à cheval ; c’est pour elle une méthode de famille ; mais, en attendant, il faut se mettre en mesure, et ne pas croire pouvoir, soit à l’aide du hasard, soit à l’aide des combinaisons, sortir d’une crise extraordinaire par des hommes et des moyens ordinaires.
Malgré le titre, et quoiqu’il soit toujours très difficile de venir parler de sermons, et de l’art d’en faire, sans ennuyer, l’abbé Maury instruit et n’ennuie pas. […] Le 16 février (j’ai retenu cette date), il vint me voir et passa une grande partie de la matinée avec moi. […] La conversation étant venue sur le chapitre des langues, sans se soucier de son interlocuteur qui en savait cinq et en déchiffrait deux autres, le cardinal Maury disait, en poussant toujours tout droit devant lui : Les langues sont la science des sots. […] Des souvenirs personnels, quelques anecdotes introduites à propos, viennent consoler de la continuité des préceptes sans en distraire. […] Toutes ces contre-vérités, pourtant, ne sautent pas également aux yeux, et il est plus d’un vers sur lequel hésite celui qui vient d’étudier l’abbé Maury.
Ce n’est pas à nous qui avons la conscience si large, et sur bien des points si indifférente, de venir aujourd’hui porter notre mesure et notre balance commode dans ces scrupules que connurent ces vies irréprochables et ces âmes rigoureuses : Rollin était naturellement de cette morale chrétienne que préféraient et pratiquaient les Despréaux, les Racine, les Du Guet ; mais cela le conduisit à prendre parti pour le père Quesnel, et bien au-delà ; à se prononcer même pour le diacre Pâris et pour les prétendus miracles du cimetière de Saint-Médard. Dans les discussions qu’excita la bulle Unigenitus, et par suite du rôle qu’il y prit, il en vint à compromettre et à sacrifier cette œuvre d’enseignement de la jeunesse, qui était chez lui un art et un don. […] Il connaissait le diacre Pâris qui mourut en mai 1727 ; il ne l’estimait pas seulement, il en vint à le vénérer comme un saint, et à ajouter toute confiance aux prétendus miracles qui se faisaient sur sa tombe dans le cimetière de Saint-Médard. […] Génération vraiment nouvelle, et qui sera toujours distincte et marquée d’un caractère singulier qui la sépare des temps anciens et des temps à venir ! […] Pour rendre à ces nouveaux venus le respect des lettres et des nobles études, on ne saurait les présenter trop sérieuses, trop essentielles à la nature humaine et à son développement, trop liées avec tout ce qui est utile dans l’histoire, dans la politique, trop conformes à la vraie connaissance morale et à l’expérience.
Puisque la perception de la douleur chez autrui est en quelque sorte le prélude d’une douleur chez nous-mêmes, comment cette douleur peut-elle en venir à procurer indirectement quelque plaisir ? […] Mais ce qui importe, c’est que le sentiment d’un encouru danger par un individu ou d’une douleur subie par lui en vienne à provoquer, chez un autre individu, des mouvements réflexes aboutissant vers le point douloureux à soulager ou vers le danger à écarter ; nous en venons alors à localiser chez autrui l’origine de notre malaise sympathique, et nous cherchons à y porter remède chez autrui. […] L’utile est un ensemble de moyens en vue de la jouissance à venir ; il n’est donc pas l’agréable, mais la recherche parfois pénible de l’agréable. […] Enfin à l’expression vient s’ajouter la fiction, pour multiplier à l’infini la puissance contagieuse des émotions et des pensées.
La fibre musculaire a la propriété de se contracter ; toutefois, pour que cette fibre se contracte, il faut qu’elle y soit provoquée par quelque excitation qui lui vienne soit du sang, soit d’un nerf ; et, si rien ne change dans les conditions environnantes ou intérieures, elle restera en repos. […] Lorsque le philosophe prend d’un côté un morceau de marbre, et de l’autre une grande pensée, un grand sentiment, un acte de vertu, il n’a pas de peine à démontrer que ces phénomènes répugnent à la nature du marbre ; mais, lorsque d’intermédiaire en intermédiaire il s’est élevé du minéral au végétal, du végétal à l’animal, de l’animal à l’homme, lorsqu’il passe du travail chimique au travail vital, de là au travail psychologique, — lorsque enfin il vient à remarquer que de la vie consciente à la vie inconsciente, et réciproquement, il y a un va-et-vient perpétuel et un passage insensible et continu, il ne peut s’empêcher de demander en quoi consiste ce moyen terme entre l’âme pensante et la matière brute, qui lie l’une à l’autre, et qui, sans pouvoir se séparer de la seconde, est ici-bas la condition indispensable de la première. […] L’explication métaphysique se distingue essentiellement de toute explication physique et empirique : celle-ci consiste toujours à rattacher un phénomène à un autre ; de là vient que pour le physicien les forces ne sont jamais que des formules, des manières de s’exprimer. […] De là vient le droit, c’est-à-dire l’accord de la liberté de chacun avec la liberté de tous. […] Lorsque le besoin que j’ai d’une chose s’arrête devant le droit d’autrui, on peut dire que c’est la série mécanique des phénomènes de la nature qui vient se choquer contre une idée.
Après avoir vaincu, le symbolisme devait connaître la défaite : « Une nouvelle génération qui vient, rêve à son tour un art à sa convenance et à l’empreinte de son esprit. […] C’est le vœu des meilleurs d’entre les nouveaux venus, des Fernand Gregh, des Charles Guérin ou des Francis Jammes4… » M. […] Avec Zarathoustra, c’était, mêlée aux inquiétudes modernes, toute la lumière d’Hellas qui venait à nous, ses méthodes, son âme, ses erreurs, sa volupté précise. […] Qu’il vienne, le maître de la pensée et du verbe, la jeune âme française lui obéira et le suivra. […] Une partie du public en est venue à préférer l’ébauche au travail achevé, à aimer les œuvres informes, mal composées, sous prétexte qu’elles sont plus proches de la vérité.
Cela vient aussi et principalement de ce que les dieux et les saints ne font des miracles que dans des temps d’ignorance et de barbarie, et que leur empire est fini lorsque celui des arts commence. […] Si mes pensées sont justes, vous les fortifierez de raisons qui ne me viennent pas, et de conjecturales qu’elles sont vous les rendrez évidentes et démontrées. […] Mais laissons cela, et venons au Caesar de Vien. […] Mais s’il vient un coup de vent de la mer, au diable, le vaisseau. à gauche, au pié de la statue, deux femmes accroupies. […] Venez à ce st Grégoire qui ne vous extasie que parceque vous n’avez pas vu un certain st Bruno qui est dans la possession de Mr Vatelet.
Née au dixième siècle, composée en partie de la langue romaine, qui était le reste du langage de nos premiers vainqueurs, de la langue des Gaulois ou des Celtes, de la langue des anciens sauvages des bords du Rhin, de la langue des Scandinaves ou des Danois, qui, sous le nom de Normands, vinrent ravager l’Europe, et s’établir en France après l’avoir désolée ; elle fut longtemps, comme la monarchie française, un amas de débris. […] Seulement ces mots se déguisèrent sous une terminaison française, comme des étrangers qui prennent l’habit du pays qu’ils viennent habiter. […] Alors la langue harmonieuse et douce de l’Arioste et du Tasse, la langue forte et précise de Machiavel et du Dante, vint donner de nouvelles leçons, comme de nouvelles richesses à la nôtre. […] Cicéron contre Catilina et contre Antoine, s’abandonnait à son génie ; et les expressions, les tours, les mouvements, venaient le chercher en foule, et se précipitaient au-devant de lui : ce même orateur, quand César régna dans Rome, voulut lui adresser une espèce de discours en forme de lettre, où il conciliât ce qu’il se devait à lui-même, et ce qu’il fallait accorder au nouveau maître que lui avait donné Pharsale ; il recommença six fois, et n’en put venir à bout ; et il y eut, dans l’éloquence même, quelque chose d’impossible à Cicéron. […] Les idées s’entassent par la foule des objets que l’on voit, et l’esprit s’agrandit par les tableaux qui viennent frapper l’imagination : alors il s’excite une espèce de sève ou de fermentation générale qui anime tout.
Je donnerai ici une partie de la réponse que j’ai faite dans L’Athenaeum du 29 décembre 1855 : Il m’en coûte de ne voir dans le fils de M. d’Argenson qu’un éditeur critiqué et mécontent, qui vient faire l’apologie d’une édition dont je n’ai relevé les défauts qu’incidemment, qui pouvait être suffisante pour le temps où elle parut, mais qui ne remplit aucune des conditions d’exactitude exigées aujourd’hui dans ces sortes de travaux. […] Or je maintiens que le marquis d’Argenson, philosophe et citoyen, philanthrope en son temps, s’occupant des intérêts du genre humain, et qui écrivait tous les matins ses idées pour qu’elles ne fussent point perdues, appartient à quiconque sait le lire, le comprendre et le peindre ; et si un éditeur de sa famille vient après un siècle nous l’arranger, nous l’affaiblir, lui ôter son originalité et l’éteindre, je lui dirai hardiment : « Laissez-nous notre d’Argenson. »
La reine Victoria a pris ce voyage du duc de Bordeaux en pique, et l’a considéré comme un trouble-fête qui venait gêner la partie arrangée du duc et de la duchesse de Nemours. […] Si le ministre de l’instruction publique consultait ses désirs et ses craintes, il n’accorderait rien, pas même la faculté de laisser faire des bacheliers venus d’autre part que des colléges de l’Université.
Les lecteurs tout à fait contemporains de l’écrivain de Souvenirs aiment à refeuilleter avec lui au hasard quelques années de leur vie ; ceux qui sont venus plus tard, s’ils ont l’esprit curieux, ouvert, un peu oisif, pas trop échauffé à sa propre destinée, apprennent beaucoup de détails à ces causeries familières et devinent toute une société légèrement antérieure, au sein de laquelle ils s’imaginent volontiers avoir vécu. […] Ainsi elle nous est venue, une de ces natures actives et utiles à la société qu’elles décorent, gardant de l’entraînement malgré l’expérience et l’impulsion native à travers la finesse acquise ; talent sympathique et éclatant, toujours dévoué aux infortunes comme aux agréments d’autrui et prodigue de lui-même.
La lumière semblait venir d’en bas et éclairer le dessous des feuilles. Au détour de la roche, je vis s’ouvrir un petit col, dominant une vaste plaine, d’où venait en effet la lumière. — Ici, il y a une lacune, car, sans transition, je me trouve être à cheval au milieu de ; cette plaine, ayant encore conscience d’un guide qui marchait après moi, mais que je ne voyais pas.
Dès que l’idée en est venue à son dernier degré de perfection, le mot éclôt, se présente et la revêt. » Cela est vrai, mais au fond cela ne dit pas grand’chose. […] Encore aujourd’hui, si éloignés que nous soyons de l’imitation corporelle, ils gardent avec eux une partie du cortège qui les entourait à leur naissance ; ils renaissent en nous accompagnés par l’image des gestes que nous avons faits lorsqu’ils sont venus sur nos lèvres ; ils traînent après eux la figure de l’objet qui pour la première fois vous les fait jaillir… De sorte qu’un mot bien choisi fait en nous comme un éveil de sensations ; par lui un point clair se détache, et tout alentour apparaissent et s’enfoncent par échappées les choses environnantes.
C’est devant lui qu’il vient s’étendre dans la dernière partie de son dernier livre. Las d’avoir battu inutilement et en tout sens les plaines enflammées et vides du désert, il vient se coucher devant le monstre de pierre et confesser l’inanité de ses désirs, l’inanité de ses rêves, l’inanité de tout.
Alphonse de Lamartine Te souviens-tu du temps où tes Guêpes caustiques, Abeilles bien plutôt des collines attiques, De l’Hymète embaumé venaient chaque saison Pétrir d’un suc d’esprit le miel de la raison ? […] Plus vrai encore fut l’Alphonse Karr de la première jeunesse, maigre, nerveux, vétu d’une blanche robe de moine, irrité par le spectacle de la Bêtise humaine, et ne portant alors qu’une légère et noire moustache de Scaramouche, qui semblait ponctuer la poésie de son génie railleur, venu en droite ligne d’
Que le poète vienne donc ! […] Demain il quittera l’œuvre faite pour l’œuvre à faire ; il sortira de cette foule pour rentrer dans sa solitude ; solitude profonde, où ne parvient aucune mauvaise influence du monde extérieur, où la jeunesse, son amie, vient quelquefois lui serrer la main, où il est seul avec sa pensée, son indépendance et sa volonté.
Au lieu de cette taille élégante et légère qui convenait à son âge, cette Grâce est toute d’une venue. […] Carle Van Loo est un bon homme, et certainement cette platitude ne lui est pas venue.
Le public à venir, qu’on me permette cette expression, qui en jugera par sentiment, ainsi que le public contemporain en avoit jugé, sera toujours de l’avis des contemporains. […] Jusqu’à ce que cet ouvrage vienne à être connu generalement, le prejugé que la décision des gens du métier a jetté dans le monde, balance le sentiment des personnes de goût et désintéressées, principalement si l’ouvrage est d’un auteur dont la réputation n’est pas encore bien établie.
Miomandre prit le parti de venir en personne négocier l’édition de son livre. […] Le moment n’était pas encore venu. […] Et d’où vient ce moi de surréalisme ? […] » Et aussitôt il fit venir des tapissiers pour rafraîchir la peluche. […] Il vient d’écrire encore sur La Révolution française un drame.
De pareilles idées ne viennent qu’à des hommes d’une trempe rare. […] … Retourne comme tu es venu. […] Mais d’où lui venait sa perplexité ? […] Que la fortune vienne à moi, ou qu’elle me quitte, je ne m’en douterai pas. […] D’où venait cette intolérance des stoïciens ?
Pour sauver sa liberté, elle quitte Rome et vient en France. […] Régina vient demander protection au meilleur ami de Saluce, à l’auteur des Confidences. […] En second lieu, le chef de la colonie savait très bien que l’expédition française ne venait pas rétablir l’esclavage. […] Le premier venu peut en faire autant. […] Elle vient au rendez-vous que Ruy Blas lui a donné avant de lui déclarer son amour.