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796. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Des prochaines élections de l’Académie. »

Baudelaire gagne à être vu, que là où l’on s’attendait à voir entrer un homme étrange, excentrique, on se trouve en présence d’un candidat poli, respectueux, exemplaire, d’un gentil garçon, fin de langage et tout à fait classique dans les formes. […] Gratry a déjà été distingué par l’Académie dans le concours Montyon, pour un livre de théologie morale où il se trouve bien du talent, bien des observations ingénieuses, et aussi bien des théories hasardées.

797. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Une monarchie en décadence, déboires de la cour d’Espagne sous le règne de Charles II, Par le marquis de Villars »

La reine s’avança pour le recevoir à l’entrée de son appartement, c’est-à-dire d’une chambre de paysan, de la porte à l’escalier ; elle parut se jeter à genoux pour lui baiser la main ; il l’en empêcha et la releva, mais ils se trouvèrent tous deux bien embarrassés de ne se pouvoir entendre. […] Sa Majesté a permis à la reine de ne se coucher plus qu’à dis heures et demie, et de monter à cheval quand elle voudra, quoique cela soit entièrement contre l’usage. » Mais n’allez pas vous figurer pourtant de bien grandes joies ; ne laissez pas courir votre imagination ; prêtez l’oreille, écoutez l’ironie fine : « On se trouve toujours bien du changement de la camarera-mayor.

798. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Histoire de la Restauration par M. Louis de Viel-Castel. Tomes IV et V. »

Berryer et Dupin, et contre le système de défense qu’ils avaient adopté dans l’affaire du maréchal Ney, à des invectives tellement violentes, qu’il faut les citer textuellement, parce qu’aucune analyse n’en donnerait une juste idée : « A Dieu ne plaise, disait-il, que nous suivions jamais l’exemple qui nous a été donné dans une affaire récente dont les détails ont longtemps lasse notre patience… Nous avons une plus juste idée des devoirs que nous impose notre ministère, et si jamais ils se trouvaient, en opposition avec nos devoirs et nos sentiments de citoyens, notre choix ne serait pas douteux. […] Fiévée, justifiant cette Chambre de 1815, a prétendu qu’après les événements antérieurs qui avaient brisé, trituré ou détrempé tant de caractères, s’il restait quelques espérances de talents applicables aux circonstances dans lesquelles on se trouvait au second retour de Louis XVIII, « ce ne pouvait être que parmi les royalistes qui avaient vécu, disait-il, hors du tourbillon qui entraînait l’Europe, réfléchissant sur l’inconstance des événements, en recherchant les causes, comparant le passé à ce qu’ils voyaient, faisant la part des hommes et des choses, et trouvant dans des pensées toujours refoulées un exercice qui doublait leurs forces : « J’ai toujours cru et je crois encore, écrivait-il en 1819, que la Chambre de 1815 offrait plusieurs hommes de cette trempe.

799. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid. »

C’est ce qui faisait dire à Saint-Évremond encore, lorsqu’il voulait marquer le contraste étrange qu’il y avait de Corneille composant et s’exprimant avec sublimité au nom de ses personnages, à ce même Corneille conversant assez brusquement ou platement pour son compte dans la vie commune : « Il ose tout penser pour un Grec ou pour un Romain : un Français ou un Espagnol diminue sa confiance ; et quand il parle pour lui, elle se trouve tout à fait ruinée. […] Je transcris le passage du Mémorial où se trouve pour la première fois le mot qui a tant couru et qui, dans sa version vraie, est digne de Corneille lui-même : « La haute tragédie, disait l’Empereur à l’un de ses couchers à Saint-Cloud, est l’école des grands hommes.

800. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise par M. Taine. »

Cet esprit si fort de pensée, si ferme et si rigoureux de doctrine, se trouve être l’âme la plus douce et la plus tendre dans le cercle du foyer. […] « J’ai admiré souvent, et j’avoue que je ne puis encore comprendre, quelque sérieuse réflexion que je fasse, pourquoi toute la Grèce étant placée sous un même ciel, et les Grecs nourris et élevés de la même manière, il se trouve néanmoins si peu de ressemblance dans leurs mœurs. » C’est cette différence d’homme à homme dans une même nation, et jusque dans une même famille, qui est le point précis de la difficulté.

801. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Méditations sur l’essence de la religion chrétienne, par M. Guizot. »

Je ne veux pas me répandre en complaintes morales et en pressentiments sinistres ; mais je n’hésite pas à affirmer qu’il n’y a point d’imagination qui puisse se représenter avec une vérité suffisante ce qui arriverait en nous et autour de nous si la place qu’y tiennent les croyances chrétiennes se trouvait tout à coup vide, et leur empire anéanti. […] Tant qu’il y aura des hommes sur la terre, on cherchera ainsi toujours, et le dernier mot, reculant sans cesse, ne se trouvera jamais.

802. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « La Réforme sociale en France déduite de l’observation comparée des peuples européens. par M. Le Play, conseiller d’État. (Suite et fin.) »

La raison qu’il en donne est que « Bourges est bien l’endroit le plus triste, le plus monotone et le plus ennuyeux du royaume », et que le roi, ne devant être suivi que des gens graves de sa Cour, se trouvera là en parfaite harmonie avec les lieux : dans ce séjour d’ennui choisi tout exprès, il pourra se livrer sans distraction et sans partage à l’œuvre immense de réparation qui pèse sur ses bras : « Milton, ajoute-t-il, si médiocre dans les écrits qu’il a faits pendant qu’il jouissait de la vue, devint sublime et fit son Paradis perdu, dès que, devenu aveugle, il ne fut plus distrait de ses inspirations et de ses méditations. […] Pour lui, il est des premiers à reconnaître et il se fait fort d’établir que « la solution des problèmes sociaux se trouvera désormais de moins en moins dans les institutions qui maintiennent systématiquement l’inégalité entre les hommes, et qu’il faut la chercher de plus en plus dans les sentiments et les intérêts qui créent entre toutes les classes l'harmonie encore plus que l'égalité. » C’est cette harmonie sociale, dont l’histoire, découvre des exemples dans le passé sous le règne d’un autre principe, qu’il voudrait voir renaître et se former aujourd’hui autour du principe nouveau et fécond de la liberté.

803. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, — Antiquité et Moyen Âge — Par M. J. Zeller. (Suite et fin.) »

Après avoir sauvé de l’élément ennemi l’Étolie pauvre et guerrière, la grasse Thessalie et la lourde Béotie, il se trouve tout à coup étroitement étranglé au centre par la double victoire que remporte la mer au golfe de Corinthe et à l’Euripe ; mais il se dédommage bientôt en lançant d’un côté la pointe de l’Attique et en s’épanouissant de l’autre en différents rameaux dans la Morée ; quand il cède enfin, il proteste encore contre sa défaite en faisant jaillir cette couronne de belles îles qui relient la Grèce, comme autant d’arches de pont, à l’Asie Mineure et à l’Italie. […] Notre fondateur Romulus, bien plus sage, a vu la plupart des peuples voisins, en un seul jour ennemis de Rome et ses « concitoyens. » Le programme de Romulus (si Romulus il y a) fut celui de toute la République et de tout l’Empire ; il fut appliqué et pratiqué, bon gré, mal gré, à chaque période, et dans des proportions de plus en plus larges, jusqu’au jour où parut enfin ce décret impérial dont on fait honneur à Caracalla, et en vertu duquel tous les hommes libres, sans distinction, répandus sur toute la surface de l’Empire, se trouvèrent avoir acquis officiellement le droit de cité romaine.

804. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire des cabinets de l’Europe pendant le Consulat et l’Empire, par M. Armand Lefebvre (suite et fin.) »

Dans la condition où l’Europe se trouvait alors, l’Angleterre et l’Autriche devaient finir par entraîner la Prusse et la Russie, ce qui mettait la France dans l’impérieuse nécessité d’être, à elle seule, plus forte que les quatre grandes monarchies ensemble, ou de subir leur loi. […] Varnhagen d’Ense, le mari de la célèbre Rahel, avait entre les mains une lettre de M. de Metternich où se trouvait le récit détaillé du premier effet causé à Vienne par le retour de l’île d’Elbe en 1815.

805. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Observations sur l’orthographe française, par M. Ambroise »

Je n’aime point cette besogne, mais il faut bien s’y résoudre, car, sans cela, nous aurions vu arriver non pas les calendes de janvier 1736, mais celles de 1836, avant que la Compagnie eût pu se trouver d’accord. » Au moment de mettre sous presse, on fut encore arrêté quelque temps, du fait de l’imprimeur : « Coignard, écrivait l’abbé d’Olivet (8 avril 1736), a depuis six semaines la lettre A, mais ce qui fait qu’il n’a pas encore commencé à imprimer, c’est qu’il n’avait pas pris la précaution de faire fondre des E accentués, et il en faudra beaucoup parce qu’en beaucoup de mots nous avons supprimé les S de l’ancienne orthographe, comme dans despescher, teste, masle, que nous allons écrire dépêcher, tête, mâle, etc. » Le xvie  siècle avait été hardi ; le xviie était redevenu timide et soumis en bien des choses ; le xviiie reprit de la hardiesse, et l’orthographe, comme tout le reste, s’en ressentit : elle perdit ou rabattit quelque peu, dès l’abord, de l’ample perruque dont on l’avait affublée. […] Le verbe capitaliser ne se trouve pas non plus dans la dernière édition du Dictionnaire de l’Académie ; il n’a trouvé place que dans le Complément.

806. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DIX ANS APRÈS EN LITTÉRATURE. » pp. 472-494

Les talents qui en sont à leurs secondes phases, et qui les ont eues meilleures que les premières, se trouvent rapprochés par une certaine harmonie plus proportionnée des œuvres. […] Le fait est que c’est l’heure pour les générations qui ont commencé à briller ou qui étaient déjà en pleine fleur il y a dix ans, de se bien pénétrer, comme en un rappel solennel, qu’il y a à s’entendre, à se resserrer une dernière fois, à se remettre en marche, sinon par quelque coup de collier trop vaillant, du moins avec quelque harmonie, et, avant de se trouver hors de cause, à fournir quelque étape encore dans ces champs d’études qui ont toujours eu jusqu’ici gloire et douceurs.

807. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Réception de M. le Cte Alfred de Vigny à l’Académie française. M. Étienne. »

Par suite de la loi de progrès que nous avons signalée tout à l’heure, le discours de réception du nouvel académicien se trouve être le plus long qui ait jamais été prononcé à l’Académie jusqu’à ce jour. […] Toutes grossières et sans goût, toutes rebutantes que se trouvent ces dernières pièces, elles ne sont pas autant à mépriser qu’on est tenu de le faire paraître dans un Éloge public.

808. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre IV »

Je n’ai donc pas décrit, de chic, l’observation de fièvre typhoïde qui se trouve tout au long rapportée dans Madame André. […] quand il se trouve, au bout de six semaines, en présence de sa femme, il ne la reconnaît seulement pas.

809. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre premier. Les signes — Chapitre II. Des idées générales et de la substitution simple » pp. 33-54

Le triangle est une figure fermée par trois lignes qui se coupent deux à deux, et non cette image indécise sur fond noirâtre ou blanchâtre, aux pointes plus ou moins aiguës, qui tour à tour, à la moindre insistance, se trouve scalène, isocèle ou rectangle. […] À ce titre, il correspond à la qualité commune et distinctive qui constitue la classe et qui la sépare des autres, et il correspond seulement à cette qualité ; toutes les fois qu’elle est présente, il est présent ; toutes les fois qu’elle est absente, il est absent ; il est éveillé par elle et n’est éveillé que par elle. — De cette façon, il est son représentant mental et se trouve le substitut d’une expérience qui nous est interdite.

810. (1892) Boileau « Chapitre VII. L’influence de Boileau » pp. 182-206

Lié avec Mme de Scudéry, tenant par sa jeunesse au monde précieux, Bussy se trouve sur la fin de ses jours tout proche de Perrault et de Fontenelle, trop grand seigneur et trop bon esprit pour s’embrigader dans un parti littéraire, mais insensiblement et naturellement porté de ce côté par la pente de son esprit. […] À la fin du xviiie  siècle, en vérité, on se trouve si loin du vrai Boileau et des grands artistes auxquels la haute partie de sa doctrine s’appliquait, que quand nous y rencontrons un classique, mais un pur classique au grand et beau sens du mot, selon l’esprit profond de l’Art poétique, un artiste capable de sentir la nature et de créer la beauté, nous sommes tentés d’en faire un révolutionnaire et le précurseur d’un art nouveau.

811. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre IV. Le roman »

Abandonné à des écrivains amateurs, à des femmes, il se trouvait, au début du xviiie  siècle, libre et souple, sans règles, à traditions multiples et flottantes, prêt à recevoir toutes les formes, à contenir toutes les pensées. […] Le xviie  siècle avait eu des romans nobles et héroïques, des récits burlesques et satiriques : entre les deux se trouvait le roman vrai.

812. (1911) La valeur de la science « Troisième partie : La valeur objective de la science — Chapitre XI. La Science et la Réalité. »

Or il est clair qu’une pareille description ne saurait se trouver dans l’énoncé de la loi ; si on la faisait d’ailleurs, la loi deviendrait inapplicable ; si on exigeait à la fois tant de conditions, il y aurait bien peu de chance pour qu’à aucun moment elles fussent jamais toutes réalisées. […] Cette vérité, la Terre tourne, se trouvait mise sur le même pied que le postulatum d’Euclide par exemple ; était-ce là la rejeter.

813. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Des lectures publiques du soir, de ce qu’elles sont et de ce qu’elles pourraient être. » pp. 275-293

Les auditeurs se trouveraient avoir pleuré à l’un, tandis qu’ils auraient applaudi à l’autre. […] À cette époque si rude de la saison, dans une salle de spectacle non chauffée comme celle du Conservatoire, il serait difficile de prendre une juste idée de ce que sont les réunions en temps ordinaire ; l’auditoire se trouve nécessairement très réduit.

814. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Pline le Naturaliste. Histoire naturelle, traduite par M. E. Littré. » pp. 44-62

Quand un homme instruit, un chevalier romain était au Cirque, et qu’il se trouvait par hasard assis à côté de Tacite sans savoir son nom, après un quart d’heure de conversation, s’apercevant qu’il avait affaire à quelqu’un de connu dans les lettres : « Vous êtes Pline, lui disait-il, à moins que vous ne soyez Tacite. » La postérité a continué de faire ainsi, et cette touchante confraternité dure encore. […] C’est ainsi qu’à certaines époques du monde la prudence et même la vertu des modérés et des sages se trouvent vaines, et le malade réclame je ne sais quels miracles ou quelles vertus nouvelles pour se sauver.

815. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Histoire de la Restauration, par M. de Lamartine. (Les deux premiers volumes. — Pagnerre.) » pp. 389-408

Lubis qui se trouveront dans les volumes non encore publiés de M. de Lamartine, car les mêmes indications à l’encre annoncent qu’elles ont dû être transcrites comme les précédentes. […] Mais, quoi que j’aie pu dire à M. de Lamartine ce jour-là, et quand même, à l’exemple de tant d’autre il m’aurait échappé en parlant quelque sottise, qu’a de commun, je vous prie, un pareil propos avec un article de critique aussi motivé que celui qu’on vient de lire, et dans lequel il se trouve d’ailleurs, ce me semble, d’assez beaux restes d’admiration ?

816. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le surintendant Fouquet. (Article Fouquet, dans l’Histoire de Colbert, par M. P. Clément.) 1846. » pp. 294-312

Il y en avait de quelques femmes de la Cour, de celles même qu’on n’aurait pas soupçonnées : une seule, dit-on, Mlle de Menneville, se trouva entièrement compromise ; mais c’était l’être déjà que de se trouver dans cette cassette intime.

817. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — I. » pp. 441-459

C’était (sauf des différences qu’il serait trop long ici d’expliquer), c’était en somme une tentative de réorganisation de la justice en France sur un plan uniforme et d’après l’idée d’une législation homogène ; mais les auteurs de ce plan avaient bien moins songé à l’ordre judiciaire et à la justice en elle-même qu’aux conséquences politiques de cette mesure dans les difficultés extrêmes où ils se trouvaient. […] En flétrissant ces choses atroces, la plume de Portalis n’est pas tout à fait le burin d’un ancien ; on a pu dire de quelques autres publicistes d’alors qu’ils écrivaient avec un fer rouge : lui, il a surtout sa précision et sa force quand il exprime des idées de probité et de morale sociale : Des familles honnêtes, dit-il, se trouvent dépouillées de leur patrimoine par des jugements qui n’ont été que des crimes… Mais, dira-t-on, l’État ne peut réparer tous les maux inévitables d’une révolution.

818. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — II. » pp. 460-478

Pendant qu’on changeait de chevaux à Osnabrück, un voyageur qui venait de France, et qui se trouvait par hasard au même relais, se présenta à eux, et, dès qu’il l’aperçut, se jeta dans les bras de Portalis. […] Mais en les lisant, même sans être en rien du métier, on sent l’esprit général qui a présidé à ce code de prudence et d’équité : ce n’est pas une compilation, mais bien une composition qu’il y faut voir ; un conseil de sages enhardis par un héros profita du moment décisif où la nation, profondément remuée, se trouvait tout à coup replacée sous un meilleur génie et associait la vigueur d’un nouveau peuple à la maturité d’un peuple ancien.

819. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre V. Le génie et la folie »

Mais si c’est là une description fantastique, si, au lieu de décrire le génie vrai, on n’a décrit que le faux génie, le génie malade et égaré, rien n’est fait, rien n’est prouvé, et il reste toujours à établir comment l’état le plus sain de l’esprit se trouve avoir la même origine que ses maladies les plus déplorables. […] Confondre tant de faits différents, les expliquer tous de la même manière et pour des analogies superficielles qui peuvent se trouver incidemment entre l’un de ces états et la folie, conclure que le génie pris en soi est essentiellement de même nature que la folie, c’est méconnaître toutes les lois de l’observation scientifique.

820. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre V. Seconde partie. Des mœurs et des opinions » pp. 114-142

C’est peut-être dans cette seule combinaison de la marche de l’esprit public qu’il faut attribuer la distance qui se trouve maintenant entre les mœurs et les opinions. […] Il est à remarquer encore que les femmes, conservatrices des mœurs, sont très habiles à s’élever dans la hiérarchie du monde, et à s’acclimater promptement dans les rangs au-dessus de ceux où elles se trouvent placées par la naissance.

821. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome II

Je voudrais prendre texte de l’occasion que me donne le tricentenaire de Molière pour montrer combien cette théorie se trouve vérifiée à son sujet. […] Il se trouve que ce vote coïncide avec la tentative faite à Gotha par le libraire E.  […] Ce verbe ne se trouve pas dans le dictionnaire, et c’est justice. […] À le creuser, il se trouve exprimer de nouveau un à peu près. […] Ils se trouvent, s’ils réussissent, avoir augmenté la fortune de tous.

822. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Lettre sur l’orthographe » pp. 427-431

Mon cher monsieur, Vous me faites l’honneur de me demander mon avis au sujet de ce petit Vocabulaire français qui va se trouver si à propos sous la main de quiconque aura une lettre à écrire : en voulant bien m’adresser pareille question, vous vous êtes souvenu sans doute que je ne suis pas seulement un académicien, mais que je suis aussi un membre de la Commission du dictionnaire.

823. (1875) Premiers lundis. Tome III « Eugène-Scribe. La Tutrice »

Le jeune comte n’est pas parti, et il se trouve en présence de mademoiselle de Moldaw, qui, noble et généreuse, a été héritière malgré elle, et ne veut être que la tutrice du neveu de son bienfaiteur.

824. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Malaise moral. » pp. 176-183

Je connais là-dessus les propos des hommes « sensés » qui se trouvent être presque tous, je ne sais pourquoi, des hommes d’argent. « Laissez donc !

825. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Casuistique. » pp. 184-190

Corollairement, et pour enlever à ces meurtres, s’il se peut, un reste d’excuse, il faudrait qu’il devînt « de bon ton » de n’être pas dur aux filles-mères, — ni même aux jeunes veuves du monde qui se trouvent subitement « dans l’embarras ».

826. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Villiers de L'Isle-Adam, Auguste de (1838-1889) »

Il en était de même de l’Intersigne qui avait été plus tard réuni aux Contes cruels, un recueil d’un indiscutable talent, dans lequel se trouve Véra, une nouvelle que Des Esseintes considérait comme un petit chef-d’œuvre.

827. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Lutèce » pp. 28-35

Tout d’abord, il regretta amèrement de n’avoir pas été élevé chez les Jésuites, ce qui le privait d’une partie des sensations de son modèle ; — il déplora de n’être pas né duc, car il ne comptait ainsi parmi ses aïeux aucun mignon de Henri III et se trouvait dépourvu de précieuses hérédités.

828. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXIV » pp. 394-401

Madame de Montespan avait remarqué que madame de Soubise mettait des pendants d’oreille d’émeraude les jours que M. de Soubise allait à Paris ; elle fit suivre le roi un de ces jours-là, et il se trouva que c’était effectivement le signal d’un rendez-vous L’intrigue du roi avec madame de Soubise inquiéta madame de Montespan : une lettre de madame de Sévigné nous apprend le 7 août que madame de Montespan redoublait de soins pour sa parure, qui y dit-elle, est extrême comme sa beauté et sa gaîté, ajoute-t-elle, est extrême comme sa parure.

829. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 211-219

L’invention en eût été plus riche, la diction plus naturelle, & l’intérêt plus sensible ; l’Auteur auroit employé des expressions plus correctes, & évité les tournures Gasconnes ; ses images auroient été mieux choisies, ses comparaisons plus justes & moins ridicules ; il n’eût point appelé le Soleil le Duc des Chandelles les Vents les Postillons d’Eole, le Tonnerre le Tambour des Dieux ; le total de l’Ouvrage eût été dans le goût de ces vers du quatrieme Chant, qu’on peut citer avec estime, dès qu’il ne s’agit pas de l’Astronomie : Il se trouve entre nous des esprits frénétiques Qui se perdent toujours dans des sentiers obliques, Qui, sans cesse créant des systêmes nouveaux, Prouvent que la raison gît loin de leurs cerveaux.

830. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Examen du clair-obscur » pp. 34-38

Parce qu’ils se trouvent plus souvent dans la scène de la nature qu’on se propose d’imiter qu’ils ne s’y trouvent pas.

831. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Troisième faculté d’une Université. Faculté de droit. » pp. 506-510

Elles doivent se trouver encore dans ses papiers personnels, qui ont été conservés.

832. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 20, de quelques circonstances qu’il faut observer en traitant des sujets tragiques » pp. 147-156

Il est vrai que les défauts qui resultent de cet embarras ne sont remarquez que par un petit nombre de personnes assez instruites pour les connoître ; mais il arrive que, pour faire valoir leur érudition, elles exagerent souvent l’importance des défauts, et il ne se trouve que trop de gens qui se plaisent à repeter leur critique.

833. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Renan — II »

Ainsi, vers la moitié de ce siècle, les personnes d’une vie morale un peu intense se trouvaient dans cette alternative également fâcheuse de déserter les belles besognes de la critique moderne parce qu’elles n’y pouvaient contenter leurs aspirations religieuses, ou de s’y maintenir, mais en atrophiant une part de leur être.

834. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Jean-Jacques Ampère »

Dans ses chambres sans ordre et remplies de livres, Ampère avait un placard caché où se trouvaient ces chères reliques qu’il a été donné à bien peu de ses amis, même de ceux qui vivaient le plus près de lui, de voir et de connaître. […] Ampère se trouvait donc tout naturellement le meilleur représentant de son groupe au dehors, le plus approprié, le mieux désigné, le mieux causant, sinon le plus éloquent. […] Son crayon exact se trouve être même assez coloré quand il le faut. […] Ampère se trouvait en présence d’un esprit didactique, dogmatique, un peu raide, jaloux de fonder et d’asseoir toute la littérature française sur elle-même ou sur une base purement classique, et de la circonscrire avec une muraille quasi de Chine alentour. […] Je ne viens point faire une réclamation tardive contre une publication dont le but était évidemment de montrer sous un jour nouveau le grand homme que l’Allemagne et l’Europe révèrent en faisant surprendre, pour ainsi dire, à travers l’abandon d’une lettre particulière la bonhomie et le charme de son intimité ; je me contenterai de remarquer que de pareilles publications ont toujours leurs inconvénients : mille mots échappent dans la rapidité d’une correspondance privée qui n’expriment pas fidèlement la pensée de celui qui écrit, mais seulement la disposition plus ou moins fugitive dans laquelle il se trouve en écrivant.

835. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome I

Il se trouve avoir contribué ainsi à une évolution de la Critique dont nous observons aujourd’hui l’aboutissement. […] Hugo est né en 1802, ce qui le mène aux environs du point de maturité où se trouvaient les deux vieillards qui s’introduisirent près de Suzanne. […] Le drame se trouve ainsi mettre ces Espèces en action à travers les individus. […] La portée de son intelligence est telle qu’encore aujourd’hui il se trouve avoir devancé les plus hardis parmi les novateurs d’idées. […] Entendez par là que certains traits de la nouvelle génération littéraire se trouvent être fortement marqués en lui.

836. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre IV. Le mécanisme cinématographique de la pensée  et l’illusion mécanistique. »

De même, l’être a pu se trouver toujours là : le néant, qui est rempli et comme bouché par lui, ne lui en préexiste pas moins, sinon en fait, du moins en droit. […] Le vide dont je parle n’est donc, au fond, que l’absence de tel objet déterminé, lequel était ici d’abord, se trouve maintenant ailleurs et, en tant qu’il n’est plus à son ancien lieu, laisse derrière lui, pour ainsi dire, le vide de lui-même. […] Et, l’affirmation essentielle du mécanisme étant celle d’une solidarité mathématique de tous les points de l’univers entre eux, de tous les moments de l’univers entre eux, la raison du mécanisme devait Se trouver dans l’unité d’un principe où se contractât tout ce qu’il y a de juxtaposé dans l’espace, de successif dans le temps. […] Et comme il n’y a pas d’intuition qui nous transporte dans l’intemporel, toute intuition se trouve ainsi être sensible, par définition. […] Et les lois les plus générales de la nature, en lesquelles se condensent les relations entre les phénomènes, se trouvent ainsi avoir engendré les principes directeurs de la pensée, en lesquels se sont intégrées les relations entre les représentations.

837. (1901) L’imagination de l’artiste pp. 1-286

Ils doivent donc avoir, outre les aptitudes spéciales dont témoigne la diversité de leur œuvre, quelque aptitude commune que nous n’aurons remarquée dans aucun d’eux, précisément parce qu’elle se trouve en tous. […] Sur quelque sujet que l’artiste exerce son imagination, il se trouvera documenté ; de là une aisance et une fécondité d’invention exceptionnelles. […] Notre pensée se trouve donc à l’unisson de la sienne. […] Alors même qu’il se trouvera en présence du modèle, l’artiste de peu d’imagination sera très circonspect. […] N’y a-t-il pas quelque chose de vraiment génial dans cette façon de représenter les choses par de simples emblèmes, symboles plutôt qu’images de la réalité, où pourtant tout l’essentiel se trouve ?

838. (1925) Promenades philosophiques. Troisième série

Les femmes, qui aiment la cuisine ou la couture, donnent quelques instants par jour à ces besognes et tout se trouve fait à point. […] Voici une séance où il se trouve encore que le principal témoin est M.  […] Le plus universel des penchants est aussi le plus personnel, et c’est en nous que se trouve le meilleur livre que l’on puisse nous proposer sur l’amour. […] Ce sont des réquisitoires, jamais des plaidoyers, encore moins de sages résumés où se trouveraient équitablement réunis les arguments du pour et du contre. […] Sans doute, car le violet, qui est sa couleur, est-aussi sa logique, et l’on se trouve toujours bien d’avoir respecté la logique de sa destinée.

839. (1874) Premiers lundis. Tome II « Étienne Jay. Réception à l’Académie française. »

Pendant que les destinées du pays, sa stabilité comme sa gloire, se trouvent plus que jamais remises en question par l’aveuglement d’une coterie triomphante ; pendant que les violences succèdent aux fautes, que les leçons de quarante années de révolution se perdent en un jour, et que les constitutions naissantes auxquelles on croyait quelque vie reçoivent, de la main de leurs auteurs, d’irréparables ébranlements ; pendant, en un mot, que la capitale de la France est en état de siège, et que les conseils de guerre prononcent peut-être quelque nouvelle condamnation à mort, aujourd’hui mardi, l’Académie française tenait sa séance solennelle, et M. 

840. (1875) Premiers lundis. Tome III «  Chateaubriand »

René est bien le fils d’un siècle qui a tout examiné, tout mis en question ; mais le fils ne s’en tient pas au testament du père, il veut recommencer la vie et ne sait comment ; une intelligence avancée, consommée, qui a tout décomposé de bonne heure et tout analysé, se trouve chez lui en désaccord flagrant avec une imagination réveillée et puissante, avec un cœur avide, désenchanté et inassouvi.

841. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre IX. Précision, brièveté, netteté »

Mais il y a de plus une sorte de netteté qui est toute dans l’arrangement des mots et l’ordonnance des phrases, qui peut manquer où existe la netteté de la pensée, et se trouver là où celle-ci n’est pas.

842. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les Zutistes » pp. 19-27

À la vérité, rien n’était plus dissemblable que ces deux natures et la vie ne devait pas tarder à les disjoindre, mais ils se trouvaient alors réunis par la même fièvre de recherches, la même ingéniosité, la même pénétration et la même hauteur de vues.

843. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Chapitre Premier »

Nous ne comprenons plus, sans études préalables, le vieux français ; la tradition a été rompue le jour où les deux littératures, française et latine, se trouvèrent réunies aux mains des lettrés ; les hommes qui savent deux langues empruntent nécessairement, quand ils écrivent la plus pauvre, les termes qui lui manquent et que l’autre possède en abondance.

844. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre cinquième. »

Il demande à Arlequin comment il se trouve à présent.

845. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre quatrième. Éloquence. — Chapitre IV. Bossuet orateur. »

C’est par l’opposition qui se trouve entre ce grand cœur, cette princesse si admirée, et cet accident, inévitable de la mort, qui lui est arrivé comme à la plus misérable des femmes ; c’est parce que ce verbe faire, appliqué à la mort qui défait tout, produit une contradiction dans les mots et un choc dans les pensées, qui ébranlent l’âme ; comme si, pour peindre cet événement malheureux, les termes avaient changé d’acception, et que le langage fût bouleversé comme le cœur.

846. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre V. Harmonies de la religion chrétienne avec les scènes de la nature et les passions du cœur humain. — Chapitre VI. Harmonies morales. — Dévotions populaires. »

Son cœur se trouve allégé.

847. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — S’il est plus aisé, de faire une belle action, qu’une belle page. » pp. 539-539

Jamais l’homme de lettres ne se trouve dans cette position urgente, il est seul quand il écrit ; l’homme de génie n’a d’autre motif que son génie auquel il obéit.

848. (1892) Impressions de théâtre. Sixième série

Delmar se trouvait là. […] Blandinet se trouve ruiné par la fuite d’un banquier. […] Mais Cécile, après toutes ces émotions, se trouve mal. […] Mais il se trouve que le père Brémont, un vieil Harpagon colossalement riche, est mort (en France) trois jours avant son fils. […] Si Jacques n’avait point de belle-sœur, il se trouverait avoir fait la plus jolie action du monde, voilà la vérité.

849. (1905) Promenades philosophiques. Première série

Ils préparèrent la Réforme, avec une grande innocence, et se trouvèrent trop faibles pour opposer au mouvement la moindre digue. […] On se trouve là au nœud du conflit entre le besoin de liberté et le besoin d’activité. […] De plus, comme on l’a déjà fait observer, les dérivés féminin, efféminé, etc., se trouveraient en l’air. […] Il est probable qu’un nombre très grand de mots se trouveraient défigurés. […] Il semble, en effet, quand on parle du langage et de l’écriture, que l’on se trouve en présence de faits réductibles l’un à l’autre, ou, du moins, rigoureusement parallèles.

850. (1903) Hommes et idées du XIXe siècle

Elle va au-devant de lui, elle l’invite, elle le provoque, elle s’arrange pour se trouver partout sur son passage. […] « La Légende des Siècles se trouve avoir deux conclusions. […] Quand ces deux principes se trouvent en présence, il faut que l’un chasse l’autre. […]se trouve l’origine de la plupart de ses idées directrices. […] Pour la constituer, est-il besoin d’un grand nombre de personnes et suffit-il que ces personnes se trouvent ensemble ?

851. (1910) Variations sur la vie et les livres pp. 5-314

Pageon, se trouve la maison habitée à la Vallée-aux-Loups par Chateaubriand. […] Et la contrition de Sagesse ne se trouve-t-elle pas en germe dans ces Sanglots ? […] Le montreur se trouvait caché derrière avec ses marionnettes. […] Je me précipitai dans un wagon de bagages qui se trouvait devant moi, et je fis le trajet, jusqu’à Saint-Raphaël, assis sur une vieille malle. […] Quelque temps après, les deux hommes se trouvèrent ensemble chez des amis communs, et Rétif fut plein de cordialité, cette fois.

852. (1914) Une année de critique

Elle se trouvait dans cet état d’esprit un peu simplet de l’enfant qui se sent plus intelligent que ses parents, et qui retire de cette constatation un orgueil excessif. […] Henry Bidou, chaque semaine, sont parmi les meilleures choses qui se trouvent dans les journaux, aujourd’hui. […] Tout serait parfait, s’il suffisait, dans la vie, de s’abandonner au gré des événements ; or, il est des circonstances où l’on se trouve contraint de prendre une initiative. […] Je crois qu’un jeune homme d’à présent, à ses débuts dans la vie intellectuelle, se trouve mieux armé que ses aînés pour échapper aux sollicitations de la barbarie. […] Il y faut quelques conditions qui ne se trouvent pas réalisées aujourd’hui.

853. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Joseph de Maistre »

Tout le monde ne sait-il pas qu’on aime les gens fidèles partout où ils se trouvent ? […] Vous savez que lorsqu’on se rosse un jour de vogue, surtout lorsqu’on est un peu gris, on ne sent pas les coups ; mais c’est le lendemain qu’on se trouve bleu par-ci et bleu par-là, qu’on se sent roide comme le manche d’une fourche, et qu’il n’y a pas moyen de mettre un pied devant l’autre. […] A force d’avoir prédit juste, il se trouve naturellement en veine, et souvent alors il en dit trop. […] Quand il se trouva à Paris un moment, en 1817, sa montre ne marquait plus du tout la même heure que la France : était-ce à l’horloge des Tuileries qu’était toute l’erreur ? […] Compatriote de saint François de Sales, il écrit dans sa langue, qui se trouve en même temps la nôtre, dans une langue postérieure à celle de Montesquieu, et qui tient de celle-ci pour les beautés comme pour les défauts.

854. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre I. De l’évolution de la vie. Mécanisme et finalité »

Mais ces conditions font corps avec elle et ne font même qu’un avec elle, étant caractéristiques du moment où la vie se trouve alors de son histoire : comment supposer connue par avance une situation qui est unique en son genre, qui ne s’est pas encore produite et ne se reproduira jamais ? […] Surtout (et c’est le point sur lequel le finalisme s’est le plus gravement trompé), l’harmonie se trouverait plutôt en arrière qu’en avant. […] Pour que la vision s’opère, dit l’auteur d’un livre bien connu sur les « Causes finales », il faut « que la sclérotique devienne transparente en un point de sa surface, afin de permettre aux rayons lumineux de la traverser… ; il faut que la cornée se trouve correspondre précisément à l’ouverture même de l’orbite de l’œil… ; il faut que derrière cette ouverture transparente se trouvent des milieux convergents… ; il faut qu’à l’extrémité de la chambre noire se trouve la rétine… 23 ; il faut, perpendiculairement à la rétine, une quantité innombrable de cônes transparents qui ne laissent parvenir à la membrane nerveuse que la lumière dirigée suivant le sens de leur axe 24, etc., etc. ». — A quoi l’on a répondu en invitant l’avocat des causes finales à se placer dans l’hypothèse évolutionniste. […] Ainsi, dans le cas qui nous occupe, il est incontestable que le premier rudiment de l’œil se trouve dans la tache pigmentaire des organismes inférieurs : cette tache a fort bien pu être produite physiquement par l’action même de la lumière, et l’on observe une foule d’intermédiaires entre la simple tache de pigment et un œil compliqué comme celui des Vertébrés. — Mais, de ce qu’on passe par degrés d’une chose à une autre, il ne suit pas que les deux choses soient de même nature. […] Son acte simple s’est divisé automatiquement en une infinité d’éléments qu’on trouvera coordonnés à une même idée, comme le mouvement de ma main a laissé tomber hors de lui une infinité de points qui se trouvent satisfaire à une même équation.

855. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre I. Les Saxons. » pp. 3-71

Ceux-ci en Germanie, sous leurs tempêtes, dans leurs misérables bateaux de cuir, parmi les rigueurs et les périls de la vie maritime, se trouvaient entre tous façonnés pour la résistance et l’entreprise, endurcis au mal et contempteurs du danger. […] Ils sont plus gloutons, ils dépècent leurs porcs, ils s’emplissent de viandes, ils avalent coup sur coup l’hydromel, la bière, le vin de pigment, toutes ces fortes et âpres boissons qu’ils ont pu ramasser, et se trouvent égayés et ranimés. […] Dans leur langue, les flèches « sont les serpents de Héla, élancés des arcs de corne », les navires sont « les grands chevaux de la mer », la mer est la coupe des vagues, « le casque est « le château de la tête  » ; il leur faut un langage extraordinaire pour exprimer la violence de leurs sensations, tellement que lorsque avec le temps, en Islande où l’on a poussé à bout cette poésie, l’inspiration primitive s’alanguit et l’art remplace la nature, les Skaldes se trouvent guindés jusqu’au jargon le plus contourné et le plus obscur. […] Il n’a point trop de tous les détails d’une peinture complète ; il aime à voir les objets, il s’attarde autour d’eux, il jouit de leur beauté, il les pare de surnoms splendides ; il ressemble à ces filles grecques qui se trouveraient laides si elles ne faisaient ruisseler sur leurs bras et sur leurs épaules toutes les pièces d’or de leur bourse et tous les trésors de leur écrin ; ses larges vers cadencés ondoient et se déploient comme une robe de pourpre aux rayons du soleil ionien. […] — m’enlacent si durement. —  Ici sont de larges flammes,  — au-dessus et au-dessous ; — je n’ai jamais vu — de campagne plus hideuse. —  Ce feu ne languit jamais ; — sa chaleur monte par-dessus l’enfer. —  Les anneaux qui m’entourent,  — les menottes qui mordent ma chair — m’empêchent d’avancer,  — m’ont barré mon chemin ; — mes pieds sont liés,  — mes mains emprisonnées. —  Voilà où Dieu m’a confiné. » Puisqu’il n’y a rien à faire contre lui, c’est à sa nouvelle créature, à l’homme, qu’il faut s’en prendre ; à qui a tout perdu, la vengeance reste ; et si le vaincu peut l’avoir, il se trouvera heureux, « il reposera doucement, même sous les chaînes » dont il est chargé.

856. (1903) Articles de la Revue bleue (1903) pp. 175-627

L’auteur des Mémoires d’un Centaure se trouve entre ces deux remarquables écrivains à sa vraie place, mais ce n’est point pour reprendre l’analyse de M.  […] Lorsque, après avoir terminé ses études de droit et traversé en amateur l’École des chartes, il partit pour l’Angleterre, il ne songeait pas que son âme entière allait se trouver modifiée. […] Au contact des poètes d’outre-Manche il prit conscience de lui-même, et reconnut où se trouvait sa vraie famille intellectuelle. […] Henri de Régnier, on se rend compte sans peine qu’on se trouve en présence d’un mode d’expression qui, pour être différent de celui qu’emploieront MM.  […] Sully Prudhomme, sentant au fond où se trouvait le nœud de la question, me demandait de définir le vers.

857. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LEBRUN (Reprise de Marie Stuart.) » pp. 146-189

C’est ainsi que, lorsque le Prytanée français eut envoyé une petite colonie pour fonder le Prytanée de Saint-Cyr, l’élève Lebrun, qui en était, se trouva monter un jour dans la chaire de belles-lettres et y remplacer son professeur De Guerle, malade pour le moment. […] Il se trouvait dans le premier recueil manuscrit du poëte de douze ans une tragédie de Coriolan, que l’auteur remania plus tard à quinze. […] Dans ce même tome du Lycée, page 61, se trouvait une critique de Carmagnola par M.

858. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « MÉLEAGRE. » pp. 407-444

Il est arrivé ainsi, au grand regret et déplaisir déjà de Fénelon en son temps, que la langue française poétique s’est vue graduellement appauvrir, dessécher et gêner à l’excès, qu’elle n’a jamais osé procéder que suivant la méthode la plus scrupuleuse et la plus uniforme de la grammaire 118, que tout ce qui est droit, licence et gaieté concédée aux autres poésies, a été interdit à la nôtre, et qu’on n’a fait presque nul usage, en cette voie, des conformités naturelles premières qu’on se trouvait avoir par un singulier bonheur avec la plus belle et la plus riche des langues, conformités que, deux siècles et demi après Henri Estienne, Joseph de Maistre retrouvait, proclamait hautement à son tour119, et qui tiennent en bien des points à la conformité même du caractère et du génie social des deux nations. […] Au chant xiii de l’Odyssée, Ulysse, trop longtemps retenu à son gré chez les Phéaciens, a obtenu un vaisseau ; il doit partir le soir même, il assiste au dernier festin que lui donnent ses hôtes ; mais, impatient qu’il est de s’embarquer pour son Ithaque, il n’entend qu’avec distraction, cette fois, le chantre divin Demodocus, et il tourne souvent la tête vers le soleil comme pour le presser de se coucher : « Comme lorsque le besoin du repas se fait sentir à l’homme qui, tout le jour, a conduit à travers son champ les bœufs noirs tirant l’épaisse charrue : il voit joyeusement se coucher la lumière du soleil pressé qu’il est d’aller prendre son souper, et les genoux lui font mal en marchant ; c’est avec une pareille joie qu’Ulysse vit se coucher la lumière du soleil. » La passion de l’exilé sur le point de revoir sa patrie, comparée à celle du pauvre journalier pour son souper et son gîte à la dernière heure d’une journée laborieuse, ne se trouve point rabaissée en cela ; elle n’en paraît que plongeant plus à fond, enracinée plus avant dans la nature humaine ; mais rien n’est compris si cette circonstance naïve des genoux qui font mal en marchant est atténuée ou dissimulée ; car c’est justement cette peine qui est expressive, et qui aide à mesurer l’impatience même, la joie de ce simple cœur. […] Or ce mot-là, j’imagine, ne devait pas encore se trouver dans le vocabulaire et dans l’Anthologie de Méléagre.

859. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre I. Succès de cette philosophie en France. — Insuccès de la même philosophie en Angleterre. »

L’ambassadeur américain455, homme pratique, explique à Washington avec une ironie grave la jolie parade académique et littéraire qui précède le tournoi politique et public. « Les discours sont lus d’avance dans une petite société de jeunes gens et de femmes, au nombre desquelles se trouve ordinairement la belle amie de l’orateur ou la belle dont il désire faire son amie ; et la société accorde très poliment son approbation, à moins que la dame qui donne le ton au petit cercle ne trouve à blâmer quelque chose, ce qui naturellement conduit l’auteur à remanier son œuvre, je ne dis pas l’améliorer. » Rien d’étonnant si, parmi de pareilles mœurs, les philosophes de profession deviennent des hommes du monde. […] Ses Persans jugent la France en Persans, et nous sourions de leurs méprises ; par malheur, ce n’est pas d’eux, mais de nous qu’il faut rire ; car il se trouve que leur erreur est une vérité464. […] Étranger, protestant, original de tempérament, d’éducation, de cœur, d’esprit et de mœurs, à la fois philanthrope et misanthrope, habitant d’un monde idéal qu’il a bâti à l’inverse du monde réel, il se trouve à un point de vue nouveau.

860. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIIe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (1re partie). Littérature scientifique » pp. 221-288

Jadis, lorsque j’étudiais les étoiles, je fus saisi d’un mouvement de crainte, inconnu de ceux qui mènent une vie sédentaire ; il m’était douloureux de penser qu’il faudrait renoncer à l’espoir de contempler les belles constellations qui se trouvent au voisinage du pôle sud. […] Humboldt, livré à de pénibles réflexions, se trouva sur le pont avec Bonpland (la fièvre sévissait à fond de cale) ; son œil était fixé sur une montagne ou sur une côte que la lune éclairait par intervalle, en traversant d’épais nuages. […] Jamais il ne prit part aux menées obscures des cœurs étroits dont il se trouva souvent entouré ; il réservait à leur adresse, dans l’occasion favorable, quelques mots sarcastiques, pour manifester le fond de sa pensée, ou bien se prononçait nettement et sans voiles.

861. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXVe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (4e partie) » pp. 429-500

Constantin bâtit sa basilique de Saint-Pierre sur une partie de l’emplacement de ce cirque ; mais, jusqu’en 1586, l’obélisque, chose étonnante, resta debout dans le lieu où Caligula l’avait mis, c’est-à-dire à l’endroit où se trouve maintenant la sacristie de Saint-Pierre, bâtie par Pie VI. […] Deux moines espagnols, qui se trouvèrent dans la boule de Saint-Pierre lors de la secousse de 1730, eurent une telle peur, que l’un d’eux mourut sur la place. […] Une porte basse y conduit ; l’on se trouve forcé de se courber et de grimper entre deux voûtes parallèles, l’une extérieure, l’autre intérieure, artifice de l’architecture que je n’ai pas compris, mais qui a été adopté comme une nécessité de l’art dans plusieurs autres voûtes à cathédrale, soit pour consolider la construction de ces dômes portant sur eux-mêmes, soit pour rectifier à l’œil du spectateur les lignes harmonieuses de leurs dômes aériens.

862. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXIIe entretien. Chateaubriand, (suite.) »

Il ne se trouvera plus, l’homme devant qui la terre se taisait ! […] Tout se trouve dans les rêveries enchantées où nous plonge le bruit de la cloche natale : religion, famille, patrie, et le berceau et la tombe, et le passé et l’avenir. […] Qui ne se trouve quelquefois accablé du fardeau de sa propre corruption, et incapable de rien faire de grand, de noble, de juste ?

863. (1913) La Fontaine « I. sa vie. »

Donc, en 1663, l’amitié est faite, le quatuor est constitué ; il faut même dire le quintette, puisque Chapelle se trouva très souvent dans les parties de plaisir et dans les conversations des quatre amis. […] Il y eut là une très vive querelle entre Racine et Molière ; par conséquent, ils ne pouvaient plus se trouver ensemble. […] M. de La Chambre, qui le recevait, lui adressa un discours où se trouve le petit compliment suivant.

864. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — II. (Suite.) » pp. 155-174

De même à Fontenay en Poitou : après une bonne défense, la ville se rend et capitule sans vouloir rien mettre par écrit, sans demander d’otages, mais en se fiant entièrement en la foi et en la parole de Henri qu’ils savent bien être inviolable : « De quoi ce brave courage se trouva tellement touché, qu’il accorda tant aux gens de guerre qu’aux habitants quasi tout ce qu’ils voulurent demander, et le leur fit observer loyaument, traitant ceux de la ville tout ainsi que si elle n’eût point été prise par siège. » Le soin que mettent les secrétaires de Sully à enregistrer ces actes de clémence et ce nouveau droit de la guerre, prouve à quel point il était nouveau en effet, et combien il tranchait sur les mœurs et les habitudes du temps. […] Dans cet état, le mollet emporté d’un coup de lance, blessé d’un coup de pistolet à la hanche, et d’un coup d’épée à la tête et à la main, il ne laissa pas de se relever après quelque étourdissement ; mais il se trouva seul sur le champ de bataille, n’ayant près de lui aucun des siens, ne sachant où aller ni que faire.

865. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Mézeray. — II. (Fin.) » pp. 213-233

  Le sieur de Mézeray, notre historiographe, nous a très humblement représenté que l’une des principales fonctions de l’Histoire à laquelle il travaille depuis vingt-cinq ans, c’est de marquer les nouvelles découvertes et lumières qui se trouvent dans les sciences et dans les arts, dont la connaissance n’est pas moins utile aux hommes que celle des actions de guerre et de politique, mais que cette partie ne se pouvait pas insérer dans le gros de son ouvrage, sans faire une confusion ennuyeuse et un mélange embarrassé et désagréable, et qu’ainsi sa principale intention étant, comme elle a toujours été, de servir et profiter au public et lui fournir un entretien aussi fructueux et aussi honnête que divertissant et agréable, il aurait pensé de recueillir ces choses à part et d’en donner une relation toutes les semaines, sous le titre de J.  […] [NdA] Ce curieux projet de privilège se trouve également aux Manuscrits de la Bibliothèque impériale dans les papiers de Mézeray, au milieu du volume intitulé Dictionnaire historique, géographique, étymologique, particulièrement pour l’histoire de France et pour la langue française ; c’est le même ouvrage que Camusat a publié sous le titre de Mémoires historiques et critiques, etc., par Mézeray.

866. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — II. (Suite.) » pp. 434-453

Picard, à cette date, se trouvait à un moment critique et décisif pour son talent ; il était dans sa meilleure veine : par Monsieur Musard, un petit chef-d’œuvre, par Les Marionnettes, par Les Ricochets, il atteignait à toute la vérité de ce talent gai, vif, léger et naturel. […] Il n’en est point qui n’aiment l’indépendance, il en est peu qui n’aient embrassé quelques illusions de gloire ; et presque tous se trouvent cependant obligés de se contenter de ces illusions, et de s’astreindre à des occupations qui ne sont point selon leurs goûts.

867. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) «  Œuvres de Chapelle et de Bachaumont  » pp. 36-55

L’Huillier, et qui se trouve loué précisément par cette absence de toute louange des précieuses […] Enfin, un troisième éclair suivi d’un troisième coup succéda presque aussitôt, et j’entendis crier sous le gaillard que quelque vaisseau se trouvait en danger ; en effet, ce bruit fut semblable à un coup de canon tiré près de nous, il ne roula point.

868. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — II » pp. 159-177

Cowper, ce poète moraliste et austère qui avait visé à réformer le monde, se trouva subitement à la mode et dans la faveur des salons pour une boutade qui, sauf plus d’innocence et une chasteté parfaite, aurait pu être aussi bien une des drôleries plaisantes et comme qui dirait un Cadet Buteux ou Monsieur et Madame Denis de Désaugiers. […] Je passe rapidement sur ces gentillesses, sur les progrès de la chaise que le jonc de l’Inde a rendue plus flexible, à laquelle on ajoute des bras, et à ces bras encore on ne donne pas d’emblée la parfaite et commode courbure : rien, dans les arts de la vie, ne se trouve du premier coup.

869. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Instruction générale sur l’exécution du plan d’études des lycées, adressée à MM. les recteurs, par M. Fortoul, ministre de l’Instruction publique » pp. 271-288

Mais les gants devinrent de mode, et les larges parements se trouvèrent inutiles : ce qui n’empêcha point qu’on ne les conservât. […] Le travail critique de ces cinq années, qui se trouve recueilli dans ces onze volumes, et dans lequel je crois avoir fait preuve quelquefois de fermeté véridique, n’a pas été étranger à ces démonstrations malveillantes et à cette légère avanie.

870. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Œuvres de Maurice de Guérin, publiées par M. Trébutien — II » pp. 18-34

Tout rentra dans l’ordre ; et Guérin, à la veille de se trouver lancé dans la mêlée du monde, goûta quelques mois de parfaite harmonie. […] Un cordial ami breton qui se trouvait à Paris (M. 

871. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Les frères Le Nain, peintres sous Louis XIII, par M. Champfleury »

« On peut donner une façon matérielle de reconnaître les tableaux des Le Nain, à l’entassement de chaudrons, écuelles, légumes, qui se trouvent souvent sur le premier plan… « Ce sont des peintres de pauvres gens. » Théorie vraie, mais un peu absolue toutefois ; car, sans compter les tableaux de sainteté qui, par leur nature, sortent du programme, il faut toujours faire exception pour celui des trois frères qu’on appelait le chevalier Le Nain, le gros monsieur et le grand seigneur de la famille, celui qui peignait Cinq-Mars et Anne d’Autriche. […] On croit saisir une de ces chansons au vol, on la prend par le bout de l’aile, et l’on se trouve n’avoir ramené qu’un oiseau envolé de Paris, ou encore le couplet d’un bel esprit de l’endroit.

872. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Oeuvres inédites de la Rochefoucauld publiées d’après les manuscrits et précédées de l’histoire de sa vie, par M. Édouard de Barthélémy. »

« La constance des sages n’est qu’un art avec lequel ils savent enfermer leur agitation dans leur cœur. » La générosité n’est que le désir de se donner le rôle où l’on se trouve le plus grand, le plus à sa gloire ; ou, comme il le dit avec sa subtilité profonde, « c’est un industrieux emploi du désintéressement pour aller plus tôt à un plus grand intérêt. » La magnanimité n’est qu’un trafic plus grand et plus hardi que les autres : « La magnanimité méprise tout, pour avoir tout. » Ou encore (et ceci, je le crois, est inédit en effet) : la magnanimité, c’est « le bon sens de l’orgueil et la voie la plus noble pour recevoir des louanges. » Les plus humbles vertus, après les grandes, y passent à leur tour ; pas une ne trouve grâce devant lui. […] Chacun, s’il n’y prend garde, s’aime et se préfère à tous les autres ; chacun se trouve si naturellement sous sa main comme type et premier modèle de l’espèce de talent et du genre de beauté qu’il accueillera et louera chez autrui, en repoussant plus ou moins tout ce qui en diffère !

873. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni. (suite) »

Il se trouva que si l’un était une manière de poète et d’artiste, l’autre personne était une grande dame, une femme de qualité, et de ce qu’on appelle le faubourg Saint-Germain. […] L’analyse, ce n’est pas Michel qui l’apporterait d’abord, il s’en passerait bien ; c’est la dame, la noble dame, désignée simplement sous le nom de Marie, qui va l’introduire à toute force et obliger Michel à cet exercice imprévu, à cette escrime où il se trouvera maître.

874. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Histoire de Louvois par M. Camille Rousset. Victor-Amédée, duc de Savoie. (suite et fin.) »

Le pied est de vermeil doré, très riche… On prétend que Madame, sortant de son cabinet, verra tout d’un coup ce joli écran, sans savoir d’où ni comment il se trouve là… Voilà des présents comme je voudrais bien en pouvoir faire à qui vous savez : je ne sais si je vous l’ai bien dépeint. » Eh bien ! […] Quoi qu’il en soit et sur l’heure même, entre Casai et Pignerol, Turin se trouvait pris entre deux feux, et toute indépendance anéantie.

875. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite) »

La conquête de l’Angleterre par les Normands (1066) est la dernière en date des grandes invasions territoriales qui ont précédé partout le Moyen-Age, et le Moyen-Age était déjà commencé partout ailleurs quand elle eut lieu ; la langue, et partant la littérature anglaise qui en devait sortir, se trouva ainsi en retard sur les autres littératures du continent, particulièrement sur la française : elle s’inspira, elle s’imprégna d’abord de celle-ci, et elle n’acquit qu’avec le temps son juste tempérament, sa saveur propre. […] Elle était restée longtemps inconnue des Anglais eux-mêmes ; elle se trouve à la page 50 d’un charmant petit livre, Trésor des meilleures chansons et poèmes lyriques (The golden Treasury…), recueilli par M. 

876. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite et fin.) »

Je ne puis paraître à une fenêtre, même avec mes enfants, sans être insultée par une populace ivre, à qui je n’ai jamais fait le moindre mal, bien au contraire, et il se trouve assurément là des malheureux que j’aurai secourus de ma main. […] Cette lettre de la reine à son frère Joseph se trouve dans le recueil de M. d’Hunolstein ; elle ne se retrouve pas dans celui de M. 

877. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Mlle Eugénie de Guérin et madame de Gasparin, (Suite et fin.) »

À voir, cependant, chez elle l’emploi de ce patois si libre, si naïf, si coloré, je me suis rappelé une remarque du comte Jaubert, qui se trouve des mieux justifiées : « On peut soutenir sans paradoxe, dit-il dans la savante Introduction au Glossaire du centre de la France, que les patois déploient généralement un luxe de tropes à étonner Dumarsais lui-même, une originalité, une sorte de génie propre, capable non seulement d’intéresser, mais même d’offrir certaines ressources au grand art d’écrire. » Il y faut seulement, pour ce dernier point, du choix et de la sobriété. […]se trouvaient une quinzaine de cavaliers et amazones.

878. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les fondateurs de l’astronomie moderne, par M. Joseph Bertrand de l’académie des sciences. »

Joseph Bertrand, doué par la nature de la faculté mathématique la plus élevée et la plus profonde, à laquelle l’éducation a donné tout son développement, se trouve être de plus un esprit ingénieux, aimable, facile et de lui-même ouvert au goût des lettres. […] Il se trouvait à Rome (1825), et on l’y soigna extrêmement ; il s’y prêta avec complaisance, et même, à en croire ses amis, avec ferveur.

879. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée par le chevalier d’Arneth »

Elle pourra aussi se trouver dans des circonstances à désirer un serviteur fidèle et uniquement dévoué à sa personne. […] Je suis charmée que Vermond se trouve avec vous, écrit l’impératrice, j’y ai toute ma confiance, connaissant son attachement.

880. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SOUZA » pp. 42-61

C’est dans Charles et Marie que se trouve ce mot ingénieux, souvent cité : « Les défauts dont on a la prétention ressemblent à la laideur parée ; on les voit dans tout leur jour. » Si le voyage en Angleterre, le ciel et la verdure de cette contrée jetèrent une teinte lactée, vaporeuse, sur ce roman de Charles et Marie, on trouve dans celui d’Eugénie et Mathilde, qui parut seulement en 1811, des reflets non moins frappants de la nature du Nord, des rivages de Hollande, des rades de la Baltique, où s’était assez longtemps prolongé l’exil de Mme de Flahaut. « La verdure dans les climats du Nord a une teinte particulière dont la couleur égale et tendre, peu à peu, vous repose et vous calme… Cet aspect ne produisant aucune surprise laisse l’âme dans la même situation ; état qui a ses charmes, et peut-être plus encore lorsqu’on est malheureux. […] L’aimable M. d’Entrague, toujours grondé par Mme de Nançay, toujours flatté par Blanche, et qui se trouve servir chaque projet de celle-ci sans le vouloir jamais, est un personnage qu’on aime et qu’on a connu, quoique l’espèce ne s’en voie plus guère.

881. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre II. Littérature dramatique — Chapitre I. Le théâtre avant le quinzième siècle »

Il ne se trouvait jamais assez longtemps retenu par le service de Dieu. […] De même voit-on jouer pendant le xive  siècle la Nativité à Toulon et à Baveux, l’Assomption à Bayeux, la Résurrection à Cambrai et à Paris, un Jeu de sainte Catherine à Lille ; on atteint ainsi les Confrères de la Passion et les Mystères, et l’intervalle se trouve comblé entre les productions du xiie et celles du xve  siècle.

882. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Alphonse Daudet, l’Immortel. »

dans une société si différente de l’ancienne et quand la notion même de l’Etat se trouve quasi renversée ? […] Car il se trouve que Fraydet et même Passajon ont l’œil et le style de M. 

883. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Lettres de la marquise Du Deffand. » pp. 412-431

Le goût de son temps l’excédait : « Ce qu’on appelle aujourd’hui éloquence m’est devenu si odieux, que j’y préférerais le langage des halles ; à force de rechercher l’esprit, on l’étouffe. » Ses jugements littéraires, qui durent paraître d’une excessive sévérité dans le moment, se trouvent presque tous confirmés aujourd’hui. […] Où cela se trouve-t-il ?

884. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires d’outre-tombe, par M. de Chateaubriand. » pp. 432-452

, il est, dis-je, tel homme vénérable par ses vertus, qui se trouve traité, dans les Mémoires d’outre-tombe, avec indignité et mépris. […] Grâce à Dieu, m’estimant à ma juste valeur, je n’ai jamais prétendu à l’empire… Ce talent supérieur, c’est Mme de Staël qui se trouve traduite ici comme coupable (le croirait-on ?)

885. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Les Confessions de J.-J. Rousseau. (Bibliothèque Charpentier.) » pp. 78-97

Cette facilité, cette aisance, qui d’ordinaire sera si peu vraie de lui lorsqu’il se trouvera de sa personne auprès des femmes, sera toujours vraie de son style en les peignant. […] Mais ces folies et ces vices de l’homme ne sauraient prévaloir sur les mérites originaux, et nous masquer les grandes parties par lesquelles il se trouve encore supérieur à ses descendants.

886. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Vauvenargues. (Collection Lefèvre.) » pp. 123-143

Peut-être ne faisons-nous le bien que parce que notre plaisir se trouve dans ce sacrifice. […] Si Vauvenargues avait seulement vécu quelques années de plus, il allait se trouver dans une portion délicate et singulière.

887. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — III. (Suite et fin.) » pp. 242-260

Le mystificateur, sans doute, se trouvait pour la première fois mystifié ; les rieurs se partagèrent. […] Comme tous les hommes arrivés à un grand renom et très redoutés, mais qui ne se gouvernent pas avec prudence, il allait, se trouver en présence d’hommes de talent, plus jeunes, hardis, énergiques, avides de célébrité aussi, ayant leur réputation à faire, et pour qui il devenait, s’il n’y prenait garde, une proie très appétissante.

888. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Bernardin de Saint-Pierre. — II. (Suite et fin.) » pp. 436-455

Mais dans une composition assez analogue que nous offre l’Étude treizième, et où il nous montre un voyageur jeté par un naufrage dans une île inconnue, qui se trouve être l’île de Naxos, il a excédé la mesure : appliquant le même procédé d’idéalisation à l’antique histoire d’Ariane, il montre cette jeune fille de Minos, dans le récit légendaire d’un berger, pleurant nuit et jour l’infidèle Thésée et ne pouvant même être consolée par les jeunes Naxiennes qui lui versent du vin dans des coupes d’or. […] La comparaison de l’aigle qui ne vint qu’à la fin du discours après l’homélie philosophique, et qui, détachée aujourd’hui, produit tant d’effet, ne se trouve point particulièrement indiquée dans les extraits critiques que j’ai lus, et, si elle fut remarquée, je crains que ce n’ait été plutôt à titre d’image singulière et risquée, eu égard au goût du temps.

889. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Marguerite, reine de Navarre. Ses Nouvelles publiées par M. Le Roux de Lincy, 1853. » pp. 434-454

Elle fit, à cette époque, comme toute la cour de France, qui, à certain jour, et en n’obéissant qu’à la mode, au progrès des lettres et au plaisir de comprendre la Sainte Écriture ou de chanter les Psaumes en français, faillit se trouver luthérienne ou calviniste sans le savoir. […] Cette dame Oisille répond de la manière la plus édifiante : Mes enfants, vous me demandez une chose que je trouve fort difficile, de vous enseigner un passe-temps qui vous puisse délivrer de vos ennuis ; car, ayant cherché le remède toute ma vie, n’en ai jamais trouvé qu’un, qui est la lecture des Saintes Lettres, en laquelle se trouve la vraie et parfaite joie de l’esprit, dont procède le repos et la santé du corps.

890. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1880 » pp. 100-128

… » Le dîner a commencé gaiement, mais voici que Tourguéneff parle d’une constriction du cœur, survenue la nuit, il y a quelques jours, constriction mêlée à une grande tache brune, sur le mur en face de son lit, et qui dans un cauchemar, où il se trouvait moitié éveillé, moitié dormant, était la Mort. […] * * * — Les pays de l’Europe, où ne se trouvent pas d’objets d’art français, on y découvre des éventails : — l’éventail des émigrées, cet objet, que dans sa fuite la plus précipitée, la femme française emportait toujours.

891. (1899) Esthétique de la langue française « Le vers libre  »

Dès l’origine il fut fondé sur le nombre et sur la césure ; le vers de huit syllabes lui-même, qui se trouve tout fait dans les hymnes de saint Ambroise, est coupé par la césure (Chanson de Saint Léger) . […] Mais le vers de M. de Régnier, même s’il a un air de « vers libre », demeure, avec des innovations purement musicales, le vers syllabique : après Verlaine, nul liseur de vers ne peut chez lui se trouver dépaysé .

892. (1897) Préface sur le vers libre (Premiers poèmes) pp. 3-38

Il en résulte que les libertés romantiques, dont l’exagération (plaisante) se trouverait dans des vers comme ceux-ci Les demoiselles chez Ozy             menées ne doivent plus songer aux hy             ménées sont fausses dans leur intention, parce qu’ils comportent un arrêt pour l’oreille que ne motive aucun arrêt du sens. […] La rime ou l’assonance doivent donc être des plus mobiles, soit que le poème soit conçu en strophes fermées, ou qu’on utilise la formule dénommée depuis les laisses rythmiques, dont le premier exemple se trouve dans les Palais Nomades p. 129, celle qui se rapproche le plus des discours classiques, la plus propre à un long énoncé de sentiments, ou bien qu’on emploie la brève évocation des lieds.

893. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 38, que les peintres du temps de Raphaël n’avoient point d’avantage sur ceux d’aujourd’hui. Des peintres de l’antiquité » pp. 351-386

D’ailleurs il falloit bien que des statuës où il se trouve une expression aussi sçavante et aussi correcte que celle du Laocoon, du rotateur, etc. […] Le coloriste qui aura mieux réussi que tous les autres coloristes qui seront venus jusques au temps d’un historien qui parlera de l’état où la peinture se trouve de ses jours, sera cité par cet historien pour le plus grand coloriste qui puisse être, pour un homme dont la nature même étoit jalouse.

894. (1911) Jugements de valeur et jugements de réalité

Parce qu’un état se trouve dans un grand nombre de sujets, il n’est pas, pour cela, objectif. […] En effet, le jugement social est objectif par rapport aux jugements individuels ; l’échelle des valeurs se trouve ainsi soustraite aux appréciations subjectives et variables des individus : ceux-ci trouvent en dehors d’eux une classification tout établie, qui n’est pas leur œuvre, qui exprime tout autre chose que leurs sentiments personnels et à laquelle ils sont tenus de se conformer.

895. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre III. Personnages merveilleux des contes indigènes »

Lorsque Kayes fut inondé en 1905, on dit que le faro du Sénégal se vengeait de ce qu’on lui avait capturé un de ses enfants ; que celui-ci se trouvait dans la citerne de la Délégation sur le plateau, et qu’elle tentait d’aller l’y reprendre. […] Ils n’aiment pas les abeilles ; aussi n’habitent-ils pas les arbres où se trouvent des ruches (v.

896. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Édelestand du Méril »

En Europe, il se trouve assurément des philologues, des savants, des annotateurs, aussi abondants et redondants en notions et en connaissances qu’Édelestand du Méril ; mais, sur le sujet spécial qu’il s’est donné pour but de traiter et même d’épuiser, il n’en est probablement aucun qui soit seulement son égal. […] Selon la méthode de Taine, qui indigne du Méril, mais qui l’indigne si doux, le talent lui-même n’est plus qu’un champignon d’une espèce particulière, qui pousse tout à coup quand l’humus se trouve contenir du phosphore, qu’aucun nuage ne neutralise l’action du soleil et que l’air ambiant est suffisamment saturé d’oxygène.

897. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Jean Richepin »

Jésus-Christ », les gueux ne pouvaient pas ne point tenter l’imagination de ceux-là qui savent où se trouve la Poésie dans les choses humaines. […] Ils avaient, si on s’en souvient, appliqué déjà cette méthode de trahison à un autre poète, Rollinat, l’auteur des Névroses, acclamé par eux dans la surprise d’un talent plein de nouveauté, puis bientôt bafoué et traité de saltimbanque par cette envie qui se trouve toujours embusquée dans un repli du joli cœur de l’homme, et qui se repentait d’avoir applaudi !

898. (1900) La province dans le roman pp. 113-140

Je prétends simplement que la pénétration réciproque était bien faible aux siècles passés entre Parisiens et provinciaux, qu’ils avaient de sérieuses raisons de s’ignorer, et, quand ils se rencontraient, de se trouver dissemblables. […] On chante bien encore un peu dans le Midi, on nasille légèrement dans le Poitou, on a la gorge assez rude dans le Nord ; mais, je vous le certifie pour avoir couru les chemins de France, les fortes convictions dans l’erreur de grammaire ou de prononciation descendent de plus en plus vers la rue, et bientôt ne se trouveront plus que là.

899. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre X : M. Jouffroy psychologue »

Le plus grand bien étant conçu, toutes les répugnances, toutes les paresses, toutes les craintes, toutes les séductions, toutes les agitations se trouvent faibles. […] La cause est trouvée ; le sentiment d’envie, qui est un fait, se trouve dérivé d’un autre fait, qui est l’illusion d’optique.

900. (1882) Essais de critique et d’histoire (4e éd.)

Chez lui on ne se croit pas en Angleterre ; une fois dans son Angleterre, l’on ne se trouve pas forcé d’y rester. […] D’ailleurs Cyrus lui envoyait les tributs des villes qui se trouvaient aux mains de Tissapherne. […] Il s’est trouvé que cette doctrine était une supposition en philosophie ; il se trouve qu’elle est une règle en critique. […] Au bout de quelques mois, cette émotion, sans cesse accrue, devient une passion, et il se trouve naturellement que c’est celle du siècle. […] Pour moi, voyant cette belle troupe, je fus tout réjoui, tant ils prenaient garde de ne jamais se trouver devant Protagoras de peur de le gêner.

901. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Appendice. — [M. de Latena, Étude de l’homme.] » pp. 523-526

Les parties trop subtiles qui se trouvent dans les Pensées de M. 

902. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « SAINTE-BEUVE CHRONIQUEUR » pp. -

Quelques suppressions, pourtant, ont été indispensables çà et là, et nous avons dù aussi rapprocher certains fragments épars qui se trouvaient trop disjoints.

903. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « SUR ANDRÉ CHÉNIER. » pp. 497-504

Ce qu’il avait écrit dans la première et au sein d’une retraite d’étude et d’intimité ne parut que trente ans plus tard, et il se trouva, par son influence au milieu de la Restauration, contemporain de Lamartine, de Victor Hugo, de Béranger.

904. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Et Lamartine ? »

Rappellerai-je que ce roi de l’élégie amoureuse et religieuse est aussi le poète de la Marseillaise de la paix, des Révolutions, des Fragments du livre antique ; que nul n’a plus aimé les hommes, ni annoncé avec une éloquence plus impétueuse l’Evangile des temps nouveaux ; qu’il a fait Jocelyn, cette épopée du sacrifice et le seul grand poème moderne que nous ayons ; que nul n’a exprimé comme lui la conception idéaliste de l’univers et de la destinée, et qu’enfin c’est dans Harold, dans Jocelyn et dans la Chute d’un Ange que se trouvent les plus beaux morceaux de poésie philosophique qui aient été écrits dans notre langue ?

905. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Une âme en péril »

monsieur l’abbé, je ne saurais vous dire quel chagrin c’est, pour une âme restée religieuse et qui s’attendait à rencontrer un prêtre, de se trouver en face d’un vilain homme de lettres et d’un auteur fieffé !

906. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Les snobs » pp. 95-102

nous avions cela. » Les snobs, plus crédules, se trouvent parfois être plus clairvoyants, sans bien savoir pourquoi.

907. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Sully Prudhomme (1839-1907) »

C’est dans ce recueil que se trouve le fameux Vase brisé, qui a dû faire le malheur de Sully Prudhomme, tant cette très jolie bluette fut, dès le principe, exaltée par un public imbécile, au détriment de tant de beautés infiniment plus remarquables.

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