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827. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » pp. 369-371

L’Auteur ne se borne pas à faire la satire des ridicules & des vices du Siecle, il présente aussi les moyens de les corriger ; & si ses observations ne sont pas toujours élégantes & vivement exprimées, elles ont du moins le mérite de la justesse, & annoncent un Esprit aussi éclairé, que jaloux du bonheur de ses Concitoyens.

828. (1913) Le bovarysme « Deuxième partie : Le Bovarysme de la vérité — III »

Il devra apparaître au cours de cette revue que toute conception bovaryque est pour la vie une attitude d’utilité, soit qu’elle desserve une utilité purement vitale, soit qu’elle soit le moyen d’une utilité de connaissance.

829. (1911) L’attitude du lyrisme contemporain pp. 5-466

L’amour de l’art, de la beauté universelle qui fait pleurer les hommes et par le moyen de quoi nous formulons nos rêves, nous palpons un instant notre idéal, a toujours exalté notre poète. […] Tout sentiment profond est un absolu qui ne peut se communiquer à d’autres qu’en prenant une forme représentative, au moyen du langage. […] Ce volume, Les Pas sur la Terre, n’a d’autre fin que de nous remettre en mémoire, au moyen d’exemples délicieux, nos origines intellectuelles. […] Il porte l’artiste au désir d’extérioriser, d’objectiver sous forme d’harmonies, ces élans indéterminés de l’âme, et de les communiquer à ses semblables par le moyen de rythmes appropriés. […] On l’évoque au moyen d’images, on ne peut l’appréhender dans un concept simple, mais seulement dans des rythmes évocateurs.

830. (1857) Réalisme, numéros 3-6 pp. 33-88

Répondre qu’on ne l’est pas est le moyen le plus simple, mais il est un peu primitif. […] Tous les moyens lui sont bons, paradoxes étranges, renversement des idées convenues, que lui importe pour étonner et amuser ! […] Il était dans son élément et a tiré parti de tous ses moyens. […] Et puis Balzac a-t-il, dans son désir de luxe, employé les moyens qu’il fait employer à quelques-uns de ses héros ? […] Tous ces petits moyens sont inutiles et même nuisibles aux gens de talent, les médiocrités seules s’en servent.

831. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre II. La Nationalisation de la Littérature (1610-1722) » pp. 107-277

Après un siècle de tâtonnements et d’efforts, pendant lequel on avait demandé tour à tour aux Anciens, aux Italiens et aux Espagnols les moyens d’atteindre ce que l’on ne voyait pas très clairement, on le voyait enfin, et les moyens n’en consistaient qu’à s’affranchir de l’imitation des Espagnols et des Italiens, pour se mettre, comme autrefois les Anciens, en face de la nature. […] Épouse ou maîtresse, la vieille demoiselle n’imagine qu’un moyen d’assurer à la fois et de se faire pardonner sa fortune, qui est d’affecter la dévotion et la pruderie. […] Le moyen de mettre en belles périodes éloquentes la médecine du docteur Sangrado ? […] Les Époques du théâtre français]. — Qu’il s’est pourtant passé quelque chose entre 1640 et 1660 ; — et qu’il y a moyen de le dégager de la statistique elle-même. […] Ils veulent se faire admirer ; — et leur moyen à tous est d’exciter l’étonnement.

832. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre II. La parole intérieure comparée à la parole interieure »

Ce timbre est plus ou moins pur et musical, c’est-à-dire plus ou moins homogène mais unique pour chaque individu ; si l’on en possède plusieurs, un seul est usuel, les autres ne sont que des moyens de comédie. […] De plus, l’intensité de la parole intérieure varie dans de moindres limites que celle de la parole extérieure ; elle se maintient habituellement dans une certaine moyenne de laquelle elle s’écarte peu. […] En somme, la rapidité moyenne de la parole intérieure est supérieure à la vitesse ordinaire de la parole audible. […] Ce privilège de l’image sonore a deux motifs : le premier, c’est que le son est peut-être plus agréable à l’âme que le tactum buccal ; le second, qui est décisif, c’est que la parole d’autrui n’est pour nous qu’un son : quand l’enfant commence à parler, il n’invente pas la parole, il imite celle qui entend, il veut faire comme les autres ; le son est donc le but, le mouvement buccal n’est qu’un moyen ; or il est de règle que, dans une série de fins et moyens, l’attention porte de préférence sur le phénomène final. […] Victor Egger compte parmi les nombreux émules des deux professeurs au Collège de France (Maury et Hervey de Saint-Denys, sinologue, ayant publié en 1867 Les Rêves et les moyens de les diriger) qui se mettent à tenir plus ou moins régulièrement des recueils de leurs rêves (voir J.

833. (1903) Articles de la Revue bleue (1903) pp. 175-627

Tout artiste puissant et original doit nécessairement heurter le goût de ses contemporains, car il apporte une façon nouvelle de sentir, et une façon nouvelle de sentir ne peut s’exprimer fortement qu’avec des moyens nouveaux. […] Que les vers soient des moyens merveilleux d’expression pour la poésie, qui le nie ? Mais comme on conçoit la plus grande diversité dans le choix de ces moyens d’expression ! […] Plus il comprendra profondément le travail de la conscience et de l’imagination créatrice, plus il verra augmenter ses moyens de prise sur la Nature. […] Cela dit, quels moyens un poète français, vivant à notre époque, peut-il avoir à sa disposition pour agir sur ses contemporains, et, s’il a l’ambition d’être un grand artiste, sur les générations futures ?

834. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LIII » pp. 206-208

— Si l’exposition de cette année offre peu de grandes toiles très-remarquables, on y signale une foule de paysages et de jolis tableaux de moyenne dimension.

835. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXVIII » pp. 313-315

Il n’y a pas eu de combat, attendu que le ministère a trouvé un moyen, depuis quelque temps, pour s’assurer de la majorité, c’est d’adhérer à toutes les mesures que propose l’opposition ; il résulte de là que le ministère, au lieu de la majorité, a tout simplement l’unanimité.

836. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Lahor, Jean = Cazalis, Henri (1840-1909) »

Jean Lahor a évité cet écueil par un très bon moyen qui n’est pas à la portée de tout le monde, et qui consiste tout simplement à être pénétré et convaincu de ce qu’il dit… Je crois qu’on avait rarement traduit Schopenhauer en vers d’une façon aussi précise et aussi forte.

837. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 301-304

La liberté de la presse, que les Philosophes implorent & préconisent avec tant de complaisance, en s’en réservant toutefois le privilége pour eux-mêmes, seroit le moyen le plus sûr de corrompre l’Univers.

838. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 2-5

Rabelais seroit actuellement plongé dans l’oubli, s’il n’eût pas passé toutes les bornes ; moyen assuré d’entraîner la multitude & de paroître merveilleux aux Esprits communs.

839. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre VI. Des Esprits de ténèbres. »

Il nous a révélé des esprits de ténèbres, machinant sans cesse la perte du genre humain, et des esprits de lumière, uniquement occupés des moyens de le sauver.

840. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre troisième. Histoire. — Chapitre VI. Voltaire historien. »

Renoncer à sa morale tendre et triste, ce serait renoncer au seul moyen nouveau d’éloquence que les anciens nous aient laissé.

841. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DE LA MÉDÉE D’APOLLONIUS. » pp. 359-406

Minerve donne les mains à l’expédient de Junon : « Je n’entends rien, dit-elle, à tous ces traits ni à tous ces foments de l’amour ; mais puisque le moyen te paraît bon, j’y consens, et je suis prête à te suivre : seulement ce sera à toi de porter la parole. » Les deux déesses s’envolent aussitôt et arrivent au palais bâti à Vénus par son boiteux époux. […] On se rappelle que Virgile, au livre premier de l’Énéide, a trouvé l’ingénieux moyen de déguiser l’Amour sous les traits d’Ascagne, que son père envoyait vers Didon. […] N’y eût-il que le passage suivant, il n’y aurait pas moyen d’en douter : « La nuit, continue Apollonius, la nuit vint ensuite, amenant les ténèbres sur la terre ; les nautoniers sur la mer avaient les yeux fixés vers la grande Ourse et vers les étoiles d’Orion ; c’était déjà l’heure où tout voyageur et tout gardien aux portes des villes106 commence à désirer le sommeil ; un assoupissement profond s’emparait même des mères dont les enfants sont morts. […] Plus ordinaire chez les femmes que chez les hommes, qui ont trop de facilités pour la prévenir ou la dissiper, elle ne laisse pas d’être devenue assez rare chez les femmes elles-mêmes qui, en certains pays et dans certain train de société, ont mille moyens gracieux de l’éluder, de s’en prendre ou de s’en tenir aux semblants. […] Elle aime surtout à revenir autour de cette histoire d’Ariane qui la tente, et qu’elle fait un peu semblant de ne savoir que confusément ; elle trouve même moyen d’éviter de nommer par son nom celle qu’elle appelle simplement la fille de Pasiphaé.

842. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre premier. Les caractères généraux et les idées générales. » pp. 249-295

. — Nous l’isolons au moyen d’un signe qui devient son représentant mental. — Inventions successives de diverses sortes de signes pour représenter les séries d’unités abstraites. — Première forme du calcul. — Les dix doigts. — Les petits cailloux. — Addition et soustraction au moyen des doigts et des cailloux. — Les noms de nombre, substituts des doigts et des cailloux. — Commodité, petit nombre et combinaisons simples de ces nouveaux substituts. — Derniers substituts, les chiffres. — Ils sont les plus abréviatifs de tous. — Nous formons ainsi des collections d’unités mentales sans songer à les adapter aux collections d’unités réelles. — Ultérieurement et à l’expérience, toute collection d’unités réelles se trouve adaptée à une collection d’unités mentales. — Exemples. — Nos nombres sont des cadres préalables. […] Ce n’est pas nous qui les arrangeons pour la commodité de notre pensée ; ils ne sont pas de simples moyens de classer, des instruments de mnémotechnie. […] Par conséquent, elle n’est, comme toute aptitude, propriété et capacité, qu’un caractère général de l’objet, et ce caractère peut être dégagé, retiré, mis à part par les procédés ordinaires, c’est-à-dire au moyen d’un nom, et, en général, au moyen d’un signe. — Bien mieux, il n’y en a pas de plus facile à mettre à part ; car tous les objets et tous les événements le présentent, puisque chaque objet et chaque événement contribue avec d’autres semblables à faire une collection qui est sa classe.

843. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIe entretien. Balzac et ses œuvres (2e partie) » pp. 353-431

” En 1816, les plus habiles calculateurs de Saumur estimaient les biens territoriaux du bonhomme à près de quatre millions ; mais comme, terme moyen, il avait dû tirer par an, depuis 1793 jusqu’en 1817, cent mille francs de ses propriétés, il était présumable qu’il possédait en argent une somme presque égale à celle de ses biens-fonds. […] Les deux piliers et la voûte formant la baie de la porte avaient été, comme la maison, construits en tuffeau, pierre blanche particulière au littoral de la Loire, et si molle que sa durée moyenne est à peine de deux cents ans. […] Elle invente, avec sa mère et Nanon, tous les moyens de déguiser la parcimonie de son père et la nudité de la maison. […] Trois allées parallèles, sablées et séparées par des carrés dont les terres étaient maintenues au moyen d’une bordure en buis, composait ce jardin que terminait, au bas de la terrasse, un couvert de tilleuls. […] Il doit la vendre, s’il peut être nommé juge de paix. — Il veut succéder à M. de Bonfons dans la présidence du tribunal, et prend ses précautions, répondit Mme d’Orsonval ; car M. le président deviendra conseiller, puis président à la cour, il a trop de moyens pour ne pas arriver. — Oui, c’est un homme bien distingué, disait un autre.

844. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (1re partie) » pp. 81-159

« Si vous voulez bien comprendre, au contraire, que, l’esclave étant une mauvaise propriété, mais enfin une propriété légale, garantie par l’État comme toutes les autres, vous ne pouvez l’exproprier sans indemnité aux propriétaires, et sans donner en même temps aux propriétaires du sol, par votre indemnité, les moyens de payer un salaire à l’esclave émancipé pour son travail devenu libre, je reste alors et je poursuivrai persévéramment avec vous cette œuvre d’humanité et de civilisation !  […] J’inventais mille moyens pour combattre ce monstre, la mort, qui venait rendre tous mes travaux inutiles et détruire les objets de mes affections. […] Je pensai que le moyen de m’approprier la nature, c’était de la copier. […] D’ailleurs Philadelphie et New-York, où je reçus un excellent accueil, ne m’offrirent aucun moyen pécuniaire de continuer mon entreprise. […] La mère les attira vers l’extrémité opposée de la hutte, me montra du doigt, et dans une longue conférence discuta sans doute avec ses dignes fils les moyens de se défaire de moi et de s’approprier la montre fatale qui avait tenté sa cupidité.

845. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre premier. Le Moyen Âge (842-1498) » pp. 1-39

On peut dire du moins que les représentations qu’il en autorise, ou qu’il en favorise, nous apparaissent comme autant de distractions par le moyen desquelles il tâche à retenir un pouvoir qu’il sent qui lui échappe. […] Mais c’est ce qui n’est point arrivé ; et, en attendant, la Renaissance allait nous donner trois choses qui nous avaient jusqu’alors manqué : un modèle d’art, en nous proposant les grands exemples de l’antiquité ; l’ambition d’en reproduire, d’en imiter les formes ; et, pour remplir ces formes elles-mêmes, si je puis ainsi parler, de nouveaux moyens, une manière nouvelle d’observer la nature et l’homme. […]   On voit par ces détails sommaires l’importance de la littérature « allégorique » au Moyen Âge ; — il resterait à rapprocher ces « personnifications » des « Entités » ou des « Quiddités » de la scolastique ; — et les unes et les autres de ce que l’on appellera plus tard « la réduction à l’universel » ; — ou, en d’autres termes, les idées générales. — Que, malheureusement, si les intentions étaient bonnes, le moyen était faux ; — car, à mesure qu’on allégorisait davantage, l’idée n’en devenait pas plus claire ; — et on s’éloignait à mesure du naturel et de la vérité. — C’est ce que voulait dire Pétrarque, dans la lettre citée plus haut, quand il reprochait aux auteurs du Roman de la Rose que leur « Muse dormait » ; — et quand il opposait à leur froideur l’ardeur de passion qui respire dans les vers de « ces chantres divins de l’amour : Virgile, Catulle, Properce et Ovide ». […] Quelques mots sur les Soties ; — qui appartiennent à la période encore presque inexplorée de la littérature du moyen Age. — Qu’il semble cependant qu’elles soient, à une Farce comme Pathelin, ce que les dernières branches du Renard sont aux premières ; — ou l’inspiration de Jean de Meung à celle de G. de Lorris : — c’est encore l’allégorie qui réagit elle-même contre elle-même, — en essayant de le sauver de la froideur par la grossièreté. […] Les Cycles dramatiques. — Il y en a trois, qui sont : 1º le Cycle de l’Ancien Testament ; — 2º le Cycle du Nouveau Testament ; — et, 3º le Cycle des saints. — Que, dans le premier de ces trois Cycles aucune des données de la Bible n’est traitée pour elle-même, — comme dans l’Esther ou dans l’Athalie de Racine, par exemple ; — mais uniquement dans son rapport avec la venue du Christ, — dont la vie remplit uniquement le second. — Par là s’expliquent, et seulement par là : — le choix des épisodes [Job, Tobie, Daniel, Judith, Esther] ; — la grossièreté de quelques-uns d’entre eux, destinés à rehausser d’autant la figure du Christ ; — et la part enfin que le clergé pendant longtemps a prise à la représentation des Mystères. — Du Cycle des saints, et de son caractère généralement local ; — qui n’en est pas pour cela plus laïque. — Les Mystères sont des « leçons de choses », une manière d’enseigner aux foules les vérités essentielles de la religion ; — et un moyen, comme on l’a dit, de se les attacher. — Qu’il n’y a que deux Mystères qui fassent exception : le Mystère du siège d’Orléans et le Mystère de Troie ; — mais que l’état d’esprit qui a inspiré le premier n’a rien d’incompatible avec le caractère essentiel des Mystères sacrés ; — et que le second n’a sans doute jamais été représenté.

846. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre second » pp. 200-409

Les moyens de mourir ne manquent qu’à celui qui manque de courage. […] Ce serait d’ailleurs un moyen très-délicat de louer le mort, s’il en valait la peine. […] Sénèque emploie souvent des moyens subtils ; mais les moyens simples et solides ne lui échappent pas. […] Exiger trop de l’homme, ne serait-ce pas un moyen de n’en rien obtenir ? […] C’est par ce moyen, et par ce moyen seul, que l’intervalle qui sépare les phénomènes se remplira successivement par des phénomènes intercalés ; qu’il en naîtra une chaîne continue, qu’ils s’expliqueront en se touchant, et que la plupart de ceux qui nous présentent des aspects si divers, s’identifieront.

847. (1896) Le IIe livre des masques. Portraits symbolistes, gloses et documents sur les écrivains d’hier et d’aujourd’hui, les masques…

Il avait le projet d’un livre, un seul, d’une synthèse de la vie offerte par les moyens les plus simples, les plus frappants. […] Barrès, c’est qu’en écrivant un article électoral, il y met du talent et des idées et que celui-là même qui méprise le but qu’il vise ne méprise pas le moyen qu’il emploie. […] Si les Goncourt étaient devenus populaires, si la notion du style pouvait pénétrer dans les cerveaux moyens ! […] Les moyens de Dieu sont obscurs ; ses desseins sont clairs. […] La Providence se réserve l’extraordinaire et l’absurde, c’est-à-dire le surnaturel ; en cet ordre d’idées, elle opère le plus souvent au moyen des saints et d’abord de la Vierge Marie, qui est la Sainte au-dessus des saints.

848. (1896) Impressions de théâtre. Neuvième série

Il est même d’une très bonne moralité moyenne. […] Dumas avait son idée sur Israël, et qu’il a donc voulu l’exprimer, fût-ce par le moyen d’un personnage évidemment inutile à l’action. […] Dumas, ayant son idée sur les juifs, avait tout bonnement voulu l’exprimer, fût-ce par le moyen d’un personnage « à côté ». […] J’ai précisément employé ce moyen parce que je le savais unique et irrémédiable. […] Cela offusque par une mauvaise économie, une espèce de gaspillage des « moyens » dramatiques.

849. (1906) Propos de théâtre. Troisième série

Jules Gastambide sont, du reste, d’une qualité qui ne dépasse pas la moyenne, si tant est qu’elle y atteigne. […] Elle a collectionné les moyens de déplaire. […] C’était un moyen de vous obliger à être ainsi que M.  […] C’est Adolphe, le jeune et beau capitaine qui rêve de la guerre, non pas comme d’un moyen d’avancement, mais comme d’un moyen pour se faire aimer. […] Il l’a tué pour sauver le pays et parce que, pour sauver le pays, il n’y avait pas d’autre moyen à prendre.

850. (1930) Physiologie de la critique pp. 7-243

Je prends le mot dans son sens très matériel : un corps d’écrivains plus ou moins spécialisés, qui ont pour profession de parler des livres, et qui, en écrivant sur les livres des autres, font des livres où les sommets du génie n’ont pas encore été atteints, mais dont il n’y a aucune raison pour que la moyenne ne vaille pas la moyenne des autres livres. […] La précision, le besoin et les moyens de la précision, ont été fournis, a dit justement M.  […] Le beau, réalisé par des moyens précis, détermine des états imprécis et complexes. […] Entre le sectarisme du goût et son cosmopolitisme, le vrai goût, le goût délicat admet un moyen terme qui ne saurait être fixé avec précision, — un moyen terme placé dans l’homme — mesure, modération — et non dans les choses, puisque ces familles d’esprit, différentes et rivales les unes des autres, couvriraient à elles toutes le champ entier du goût. […] On en voit, en moyenne une tous les cinq ans.

851. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 445-448

Les avantages que les Sciences, les Belles-Lettres & les Arts procurent à notre Royaume, nous invitent à ne négliger aucun des moyens qui peuvent contribuer à leur maintien & à leurs progrès.

852. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préfaces des « Odes et Ballades » (1822-1853) — Préface de 1823 »

Il lui a semblé que la cause de cette monotonie était dans l’abus des apostrophes, des exclamations, des prosopopées et autres figures véhémentes que l’on prodiguait dans l’Ode ; moyens de chaleur qui glacent lorsqu’ils sont trop multipliés, et étourdissent au lieu d’émouvoir.

853. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre I. Des Livres qui traitent de la Chronologie & de la maniere d’écrire l’Histoire. » pp. 2-4

LE moyen de ne rien sçavoir en Chronologie, ce seroit de lire tout ce qu’on a écrit sur ce sujet si important & si embrouillé.

854. (1767) Salon de 1767 « Sculpture — Le Moine » p. 321

C’était un moyen de montrer avec force le ridicule, l’ignoble de ces grosses joues boursouflées, de cette boule, de ce petit nez serré entre deux vessies, de ce front étroit.

855. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre I. Les idées et les œuvres. » pp. 234-333

Les monarchies tempérées et les administrations régulières ont laissé la classe moyenne se développer sous la pompeuse noblesse de cour, comme on voit les plantes utiles pousser sous les arbres de parade et d’ornement. […] Que le poëte prenne garde de se laisser détourner par la poésie ; qu’il prenne garde de faire comme Burns, « de ne songer à son travail que pendant qu’il y est. » Il doit y songer toujours, le soir en dételant ses bêtes, le dimanche en mettant son habit neuf, compter sur ses doigts ses œufs et sa volaille, penser aux espèces de fumier, trouver le moyen de n’user qu’une paire de souliers et de vendre son foin un sou de plus la botte. […] Ils se proposaient « d’adapter aux usages de la poésie le langage ordinaire de la conversation, tel qu’il est employé dans la moyenne et la basse classe », et de remplacer les phrases étudiées et le vocabulaire noble par les tons naturels et les mots plébéiens. […] Miss Austen, miss Brontë, mistress Gaskell, mistress Eliot, Bulwer, Thackeray, Dickens et tant d’autres peignent surtout ou peignent uniquement, comme lui, la vie contemporaine, telle qu’elle est, sans embellissements, à tous les étages, souvent dans le peuple, plus souvent encore dans la classe moyenne. […] Ils l’envoient dans tous les recoins de la société civile et dans tous les événements de l’histoire privée à la recherche de documents et d’expédients pour apprendre de lui le moyen de remédier aux abus, de soulager les misères, de prévenir les tentations.

856. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome II

Ce moyen, petit en lui-même, est terrible dans ses résultats ; et cependant avec quelle, rigueur ne l’a-t-on pas reproché à Racine ? […] Avec de tels moyens il se croyait un Orphée, et il l’emportait sur tous les artistes musiciens par la haute opinion qu’il avait de son talent. […] La Bible tout entière est remplie de faits qui attestent que Dieu use de pareils moyens contre ses ennemis. […] Et cependant le contraire arriva : c’est un fait unique, extraordinaire, et tout à fait incroyable, quoiqu’il n’y ait pas moyen d’en douter. […] Cependant Julie trouve le moyen de se sauver : elle arrive à Venise, se déguise en homme, et gagne l’amitié du duc de Médine, qui la ramène dans sa patrie.

857. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Benjamin Constant. Son cours de politique constitutionnelle, ou collection de ses divers écrits et brochures avec une introduction et des notes, par M. Laboulaye »

Le savant éditeur et commentateur a trouvé moyen de nous rendre la plupart des écrits et de ne pas nous montrer l’homme. […] Sieyès ne venant pas, Bonaparte demandait au Gouvernement « une Commission de publicistes pour organiser l’Italie libre. » C’est là-dessus que M. de Talleyrand proposait Benjamin Constant, à défaut de Sieyès : « Vous paraissez désirer, Citoyen général, qu’on vous envoie quelques hommes distingués, soit publicistes, soit philosophes, qui, amis sincères de la liberté, puissent, par les résultats de leurs méditations et par leurs conceptions républicaines, vous seconder dans les moyens de hâter et de combiner fortement l’organisation des Républiques italiques. […] Il répondrait, s’il était là présent (car il eut plus d’une fois à répondre à des interpellations pareilles), que s’il se crut en droit de servir le Directoire avant comme après fructidor, c’est qu’il s’était fait une maxime, qu’il s’était posé une règle dès l’entrée de sa carrière, à savoir de s’attacher non au meilleur des gouvernements, mais à celui qui offrait des garanties, des moyens d’amélioration, et de se rallier à tout régime où il y avait espoir, sinon de faire prévaloir tous les principes, du moins d’en introduire et d’en appliquer quelques-uns : « En attendant ce qui est bon, disait-il, j’adopterai ce qui est moins mauvais. » Quoiqu’il puisse paraître singulier qu’en vertu de cette maxime il ait été amené à préférer le Directoire expirant à l’ère consulaire qui s’inaugurait, je ne le chicanerai pas là-dessus.

858. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite.) »

Ce fut (chose assez piquante) pendant cette suite de marches destinées à couper à l’ennemi les moyens de subsister et à l’obliger à la retraite, que les amis de Catinat en Cour, M. le Peletier, Mme de Noailles, songèrent à le marier et lui en firent des propositions, même des instances. […] Ainsi il se jouait en Piémont une partie double : Tessé, à la fois homme d’épée et diplomate officieux, menant une intrigue en vue de la paix ; Catinat faisant son métier de général, et le faisant en toute conscience, mais bien péniblement, à cause du peu de secours qu’on lui donnait et du manque d’argent, de moyens de transport, de subsistances, de tout. […] J’ai été quatre ou cinq jours bourrelé et n’ai presque point dormi, ayant besoin d’efforts pour manger ; à quoi j’ai suppléé pour aliment en prenant quelques écuellées de lait pour apaiser le sang… » C’était pour un homme de cœur une position cruelle en effet que de se voir obligé d’attendre des renforts, des moyens d’agir, et de supporter cette infériorité évidente d’un air d’indécision et de timidité.

859. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Joséphine de Saxe dauphine de France. (Suite et fin.) »

Toutes les dames qui sont venues avec elle disent qu’elle est charmante, que tout ce qu’il y a à désirer est qu’elle ne se gâte point dans ce pays-ci… » Et, à notre tour, nous aurions le moyen aussi de dire notre avis. […] Tout le monde sortit avec une espèce de douleur, car cela avait l’air d’un sacrifice, et elle a trouvé le moyen d’intéresser tout le monde pour elle. […] Il ne peut certes y avoir qu’un sentiment pour le blâmer d’avoir eu recours à de si odieux, à de si détestables moyens, et on plaint l’époque où ils étaient en usage, à la disposition et sous la main des puissants ; mais ce n’était point précisément pour séduire qu’il les employait : la séduction (si tant est qu’il en ait eu besoin) était fort antérieure ; la liaison datait au moins de deux ans : il y avait sans cesse des brouilles ; la petite fée était un démon que le caprice de l’amour conjugal ressaisissait jusque dans ses infidélités ; et la faiblesse, en ceci, du grand capitaine était simplement de vouloir fixer ce qui s’échappait et reconquérir ce qu’il avait perdu.

860. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le Général Franceschi-Delonne : Souvenirs militaires, par le général baron de Saint-Joseph. »

Il n’y avait pas moyen de fuir : les chevaux de poste étaient mauvais et exténués. […] Je ne lardai pourtant point à m’apercevoir que les chagrins minaient insensiblement le général ; il ne mangeait presque plus, se plaignait sans cesse de maux de nerfs, et, de plus, il était presque hors d’état de s’occuper. » D’honorables négociants de Carthagène, les Valarino, trouvèrent moyen de faire pénétrer dans la prison des consolations, des secours d’argent : le général les partagea avec tous les prisonniers. […] Napoléon, qui le gardait prisonnier à Vincennes, le considérait comme un précieux otage politique ; il ne le renvoya qu’après les désastres de 1813, espérant s’en faire un moyen d’arrangement avec les Espagnols.

861. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [V] »

… Surtout préparez dans votre intérieur les moyens de tenir vos engagements… Pénétrez-vous bien de cette vérité, que, pour s’illustrer par une résistance honorable au siècle où nous vivons, un peuple peu nombreux doit opposer aux armées disciplinées et permanentes le courage du Spartiate. […] Comme toujours on s’arrêta à un terme moyen ; on n’abandonna pas le système des forteresses extérieures, mais on adopta en outre celui des forteresses intérieures sur des points habilement déterminés. […] De même pour les mouvements du maréchal Ney dans la seconde quinzaine de mai 1813, dans les jours qui précédèrent la bataille de Bautzen, le colonel Lecomte, en discutant la Correspondance impériale, y signale des lacunes et s’attache à montrer d’ailleurs que, même avec les éléments qu’on a, il y a tout à fait lieu et moyen d’attribuer à l’influence directe de Jomini le changement de résolution qui détourna le maréchal Ney de faire front vers Berlin pour se rabattre sur Bautzen.

862. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « HISTOIRE DE LA ROYAUTÉ considérée DANS SES ORIGINES JUSQU’AU XIe SIÈCLE PAR M. LE COMTE A. DE SAINT-PRIEST. 1842. » pp. 1-30

Cependant, une fois la surface levée d’une certaine façon, une fois les événements accomplis, il n’y a pas moyen de revenir. […] Arrivé le dernier, il a trouvé moyen d’y jeter toutes sortes de vues nouvelles, inattendues. […] La France a longtemps été monarchique ; elle a toujours assez et, trop aimé, sauf les intervalles, aller à un seul, obéir à quelqu’un ; et cette idée, qui trouverait ses retours jusque dans le triomphe de la démocratie, vaut bien la peine qu’en temps régulier, et même à travers l’apparente défaveur, on s’y arrête encore : l’observer à loisir et la reconnaître, c’est le bon moyen d’en moins abuser.

863. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DE BARANTE. » pp. 31-61

Comme nous l’avons déjà observé pour mademoiselle de Meulan et pour d’autres esprits influents sortis du même milieu, nous rencontrons ici un nouvel exemple d’un intéressant berceau placé dans cette haute classe moyenne, au sein de cette haute société administrative qui vivait avec l’aristocratie sans en être, et qui devait, dans la génération prochaine, la remplacer. […] On lut avec émotion, on connut pour la première fois dans son entière sincérité cet épisode unique, cette première Vendée restée la plus grande et la seule vraiment naïve ; on salua, on suivit avec enthousiasme et avec larmes ces jeunes et soudaines figures d’une Iliade toute voisine et retrouvée à deux pas dans les buissons et derrière les haies de notre France ; ces défis, ces stratagèmes primitifs, ces victoires antiques par des moyens simples ; puis ces malheurs, ce lamentable passage de la Loire, ce désastre du Mans, cette destruction errante d’une armée et de tout un peuple. […] J’ai cru trouver ainsi un moyen de circonscrire et de détacher de nos longues annales une des époques les plus fécondes en événements et en résultats.

864. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre III. L’Histoire »

Très proche encore des chansons de geste, il en a le ton, les formules, la couleur : mais, à l’exemple des traducteurs du faux Turpin, il allège le genre du poids inutile des rimes, simple embarras quand elles ne sont pas moyen d’art et forme de poésie ; d’autre part, suivant les premiers narrateurs des croisades, et plus rigoureux qu’eux encore, il saisit les événements avant toute déformation, tels que ses yeux, et non son imagination, les lui donnent : enfin, de la même épopée qui achevait en ce temps-là de dégénérer en roman, il dégage définitivement l’histoire. […] La femme n’a pas de place en son histoire : les pâles figures d’impératrices ou de princesses, qu’il nous fait entrevoir un moment, ne viennent que pour servir aux trafics de la politique ; leurs personnes sont des moyens qui procurent des alliances ou des fiefs. […] Ayant une fois tâté de la croisade, il en a assez, et quand saint Louis reprend la croix et l’engage à faire de même, il répond, avec plus de sens que de zèle, que le meilleur moyen de servir Dieu, pour un seigneur, c’est de rester sur ses terres, et de protéger ses gens.

865. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre I. Roman de Renart et Fabliaux »

Évidemment la satire est l’âme du roman de Renart : très anciennement, puisque la plus ancienne branche, le Pèlerinage de Renart, est sans valeur et sans signification même à tout autre égard, très anciennement l’histoire des animaux n’a apparu aux narrateurs et aux auditeurs que comme un moyen de dauber le prochain, le baron, le curé, le vilain, la femme : mais c’est un caractère vraiment remarquable que la bonne humeur de cette inextinguible malice. […] On se plaint, parce qu’on a pâti : c’est un moyen de reprendre l’avantage. […] Ce qui a duré, c’est l’esprit du genre qui est une forme de l’esprit de la race, et ainsi reparaissent de temps à autre dans nos farces du Palais-Royal des moyens et des effets dont usaient les auteurs des fabliaux : nos armoires ont remplacé les buffets de nos pères, nos pantalons leurs braies.

866. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre II. Corneille »

D’abord il n’a pas usé de moyens romanesques : on ne citerait pas un travestissement, pas un incognito, dans son théâtre, hors don Sanche qui n’est pas une tragédie, hors Hëraclius aussi : mais dans Héraclius la substitution d’enfants n’est pas un moyen de traiter le sujet, c’est l’essence même du sujet, et de cette donnée singulière le poète veut tirer moins des péripéties surprenantes que des états d’àme pathétiques ; ce qui l’intéresse, c’est le cas moral, extraordinaire sans doute, mais humain, de Phocas. […] Des personnages secondaires Autour de ses héros, représentants de cette force infinie qui est en nous et dont la plupart de nous font si peu d’usage, Corneille place des âmes moyennes, telles que la vie en présente à chaque instant ; ces caractères de second plan sont souvent d’une observation curieuse, d’une vérité originale et fine.

867. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre V. Le roman »

En somme, le gorille méchant ou polisson de Taine, tel que le peuvent babiller les classes moyennes ou populaires en notre France. […] Cette vie, très particulière en son détail, est si vraie, d’une vérité si moyenne en sa contexture et qualité, qu’elle en prend une valeur générale : à sa tristesse s’ajoute toute la tristesse des innombrables vies que nous apercevons derrière ce cas unique, et la puissance douloureuse de l’œuvre en est infiniment accrue. […] Sa carrière de marin lui a fourni le moyen de développer, d’achever son tempérament : elle l’a promené par le monde, à travers toutes les formes de la nature et de la vie ; elle a rendu plus aiguës ses perceptions et ses mélancolies.

868. (1890) L’avenir de la science « II »

Le seul moyen de ramener l’ancien ordre de choses, c’est de détruire la conscience en détruisant la science et la culture intellectuelle. […] (Quant aux moyens, je comprends, je le répète, la plus radicale diversité.) […] Pour la politique, dit Herder, l’homme est un moyen ; pour la morale, il est une fin.

869. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « V »

Lamoureux, sûr apparemment de terrifier la Revue Wagnérienne, m’affirma que de toute sa puissance il combattrait la Revue et par tous les moyens ; enfin à ses engagements personnels (dont hélas, je n’avais pas pris la simple précaution de demander un écrit) il répondait, ne les niant pas, par cet authentique mot : « je me mets en faillite avec vous37… » Ce qui, d’ailleurs, paraît n’infirmer aucunement « la probité bien connue », etc. […] Lamoureux et Wilder représentent le wagnérisme parisien officiel ; braver ce double veau d’or n’est pas un moyen de fortune, pour qui surtout n’a pas — étant d’ailleurs trop jeune — de pupille millionnaire. […] N’y aurait-il aucun moyen ce vous entraîner, vous aussi, dans ce délicieux cercle magique.

870. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE XIV »

Je sais bien, en effet, que l’idée de Claude est de rendre la guerre impossible par l’exagération de ses moyens meurtriers : mais cette prétention n’est pas sérieuse ; on dut en dire autant quand on fondit, au quatorzième siècle, la première bombarde. […] M. de Montaiglin, dans cette fin de scène, dépasse la taille moyenne de la sublimité naturelle. […] Sans moyens forcés, sans violence, le noeud est dénoué aussi vite qu’il serait tranché.

871. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Condorcet, nouvelle édition, avec l’éloge de Condorcet, par M. Arago. (12 vol. — 1847-1849.) » pp. 336-359

Il a vingt correspondances, dix amis intimes ; et chacun d’eux, sans fatuité pourrait se croire son premier objet : jamais, jamais on n’a eu tant d’existence, tant de moyens et tant de félicité. […] S’ils ne faisaient qu’assigner les caractères généraux de la société moderne, la prédominance de la science et de l’industrie sur la guerre, une certaine égalité de culture et de bien-être pour le plus grand nombre, égalité qui doit être désormais le but principal des institutions ; s’ils ne faisaient que recommander enfin à l’humanité, qui est désormais une personne mûre, de prendre en tout l’esprit de son âge, on n’aurait guère à les contredire, et on les louerait sans réserve d’avoir été des précurseurs dans la recherche et l’indication des voies et moyens. […] Écoutons Condorcet rendant compte de ces mouvements précurseurs, dans la Chronique de Paris du 18 juin : Plusieurs sections de Paris se sont présentées à la barre ; leurs pétitions avaient toutes le même objet en vue, celui d’écarter les dangers qui menacent la chose publique… Ce sont les mêmes hommes qui en 89, et à peu près à cette époque, délibéraient avec autant de calme que de fermeté sur les moyens de réprimer l’insolence de la tyrannie… Mais, familiarisés aux principes politiques par trois années de révolution, ce n’est plus par le sentiment seul que produisent les événements qu’ils se laissent entraîner.

872. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le comte-pacha de Bonneval. » pp. 499-522

On a ses lettres ; elles sont délicates, discrètes, tendres, parfaites de tout point ; et c’est l’une des plus pures et des plus rares figures de femmes sous la Régence, que cette épouse presque vierge et sitôt veuve, modeste, sacrifiée, résignée, et aussi longtemps dévouée qu’il y eut moyen à l’honneur et aux intérêts de cet aimable mauvais sujet, qui court d’aventure en aventure et ne lui répond pas. — Mme de Bonneval mérite d’être placée à côté de Mlle Aïssé, parmi les plus gracieuses exceptions de cette époque de désordre et de licence. […] Il trouva moyen de se mettre en froid avec le prince Eugène, un peu vieilli, dont il frondait la maîtresse et les créatures. […] Entre lui et Prié, c’est une guerre à mort ; il se figure que l’Europe entière est attentive à ce démêlé et à l’éclat qu’il en a fait : Je dois songer à la grande affaire qui est de vaincre, écrivait-il à un ami de Bruxelles pendant sa détention au château d’Anvers (16 septembre 1724) ; le moyen que j’ai pris et mes mesures m’y conduisant tout droit, il n’importe pas si cela se fait exactement suivant le goût et la règle des cours, puisqu’un homme de courage hasarde volontiers une petite mortification de la part de son maître pour arriver à un plus grand bien, et qu’il doit suivre sans aucun égard les routes les plus courtes, pourvu que ce soient celles des gens de bien, quand on y devrait chiffonner sa perruque, déchirer ses habits, perdre son chapeau et le talon de ses souliers en sautant les fossés… Au reste, si vous lisez attentivement mes lettres à Sa Majesté, vous verrez qu’elles présagent les pas que j’ai faits avec toute la franchise d’un soldat qui ne craint rien, pas même son maître, quand il y va de son honneur, que je n’ai jamais engagé ni n’engagerai de ma vie à aucun des rois de la terre.

873. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre sixième. La volonté — Chapitre premier. Existence de la volonté »

Si, au contraire, j’ai l’idée et le désir de prendre la plume pour écrire ma signature au bas d’un contrat, la décision que je prends me paraît avoir son antécédent immédiat et suffisant dans mes états antérieurs de conscience, qui sont : 1° l’idée de tel mouvement comme moyen pour telle fin, 2° le désir de ce mouvement. […] Quand nous voulons mouvoir notre petit doigt, dit M. de Hartmann, nous devons supposer, en sus de la volition consciente, une volonté inconsciente : la première, en effet, ne connaît pas la place du cerveau où elle peut agir, ni le moyen d’y agir pour produire le mouvement ; il faut donc qu’il y ait une volition inconsciente qui agit sur le point P du cervelet où le nerf moteur prend naissance, et, pour cela, il faut encore que cette volition ait la représentation du point P. […] Ce sont deux aveugles qui se portent secours et qui, à eux deux, trouvent moyen de se diriger, et même d’y voir avec une clarté infaillible. — Cette théorie fantastique est bien inférieure à l’hypothèse de l’assistance divine : au moins le dieu de Descartes n’est pas aveugle.

874. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre I. Shakespeare — Son génie »

En 1804, l’auteur d’une de ces Biographies universelles idiotes où l’on trouve moyen de raconter l’histoire de Calas sans prononcer le nom de Voltaire, et que les gouvernements, sachant ce qu’ils font, patronnent et subventionnent volontiers, un nommé Delandine, sent le besoin de prendre une balance et de juger Shakespeare, et, après avoir dit que « Shakespear, qui se prononce Chekspir », avait, dans sa jeunesse, « dérobé les bêtes fauves d’un seigneur », il ajoute : « La nature avait rassemblé dans la tête de ce poëte ce qu’on peut imaginer de plus grand, avec ce que la grossièreté sans esprit peut avoir de plus bas. » Dernièrement, nous lisions cette chose écrite il y a peu de temps par un cuistre considérable, qui est vivant : « Les auteurs secondaires et les poètes inférieurs, tels que Shakespeare  », etc. […] Le poëte ne se limite que par son but ; il ne considère que la pensée à accomplir ; il ne reconnaît pas d’autre souveraineté et pas d’autre nécessité que l’idée ; car, l’art émanant de l’absolu, dans l’art comme dans l’absolu, la fin justifie les moyens. […] Les moyens varient.

875. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Vien » pp. 74-89

Un catéchisme d’autant plus utile aux peuples qu’on n’avoit guères que ce moyen de tenir présentes à leurs esprits et à leurs yeux, et de graver dans leur mémoire, les actions des dieux, la théologie du tems. […] Le prêtre n’aura qu’un moyen de perpétuer une portion de la superstition lucrative ; c’est d’exiger du statuaire d’approcher le plus près qu’il pourra son image de l’image ancienne. […] Or si un grand prince, une grande princesse commandait à M. de Voltaire un ouvrage et que l’exécution ne répondît ni au nom de l’auteur ni au nom auguste qui l’aurait ordonné, ne croyez-vous pas qu’il serait bien naturel à moi de chercher les moyens de me dispenser de déférer cet ouvrage à celui à qui il est destiné ?

876. (1920) Action, n° 4, juillet 1920, Extraits

C’est pourquoi elle néglige comme moyen de sensation, la description naturaliste de la réalité quoique ce réel pourri fût si tangible ; mais elle se crée elle-même avec une énergie inouïe et brutale ses moyens d’expression et les trouve dans la force accélératrice de l’esprit (ne s’efforçant nullement d’ailleurs d’en éviter les abus !) […] Une citation des deux frères était placée en exergue : « La parole, le son, la couleur, la forme, la ligne sont des moyens d’expression.

877. (1868) Curiosités esthétiques « VII. Quelques caricaturistes français » pp. 389-419

On avait inventé un moyen de subvenir aux amendes dont le Charivari était accablé ; c’était de publier dans la Caricature des dessins supplémentaires dont la vente était affectée au payement des amendes. […] Comédien, il était exact et froid ; écrivain, vétilleux ; artiste, il avait trouvé le moyen de faire du chic d’après nature. […] Grandville est un esprit maladivement littéraire, toujours en quête de moyens bâtards pour faire entrer sa pensée dans le domaine des arts plastiques ; aussi l’avons-nous vu souvent user du vieux procédé qui consiste à attacher aux bouches de ses personnages des banderoles parlantes.

878. (1902) Symbolistes et décadents pp. 7-402

Coexistent Étienne Marcel, Gerson, Armagnac, Louis d’Orléans, Jean de Bourgogne ; la chevalerie meurt ; la persécution, c’est-à-dire l’adoption d’une idée avec assez de force pour l’imposer par tout moyen, fleurit. […] Pour ces professeurs et savants, le travail manuel ou l’exercice, l’hygiène par quel moyen que ce soit serait plus profitable à l’espèce et à eux-mêmes que ce qu’ils font. […] Je lui vois des lecteurs qui l’imitent de trop près, je ne lui vois pas de successeur, dans cette note moyenne entre le lyrisme et l’ironie, éclairée de grandes échappées de lyrisme pur où il excella. […] Si j’avais le moyen de voyager sans être forcé de séjourner pour travailler et gagner l’existence, on ne me verrait pas deux mois à la même place. […] Un artiste pur, consciencieux et connaissant ses moyens d’action, ne considérera jamais le développement politique du monde que comme des vestitures variées qui couvrent la vraie face d’Isis.

879. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Première partie. Plan général de l’histoire d’une littérature — Chapitre II. Pourquoi il faut préférer la méthode inductive » pp. 13-14

Elles fournissent, en attendant mieux, le moyen d’ordonner les phénomènes.

880. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » pp. 163-165

Qu’importe qu’elles soient peu d’accord avec les bienséances de notre Théatre, si resserré dans ses moyens ?

881. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 162-165

Le moyen, après cela, de ne pas craindre la chute entiere de la Littérature, & le découragement du vrai talent !

882. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre premier. Beaux-arts. — Chapitre VI. Architecture. — Hôtel des Invalides. »

Au moyen du dôme, inconnu des anciens, la religion a fait un heureux mélange de ce que l’ordre gothique a de hardi, et de ce que les ordres grecs ont de simple et de gracieux.

883. (1836) Portraits littéraires. Tome II pp. 1-523

Arnault, et il a même trouvé moyen d’appeler à son secours la mémoire de sa mère absente. […] C’était là encore un moyen de préciser les dates. […] Si au lieu d’accumuler dans le même poème, trois moyens, dont un seul suffisait, M.  […] Il voit trop vite les moyens d’éclaircissement ; il se rit des doutes si faciles à résoudre. […] N’y a-t-il aucun moyen d’établir la compétence de la critique ?

884. (1884) L’art de la mise en scène. Essai d’esthétique théâtrale

Il doit, en un mot, s’efforcer de mériter les applaudissements du public, mais se montrer sévère sur les moyens de les lui arracher. […] C’est souvent par des moyens contraires qu’on obtient des effets analogues. […] Le point fixe, immuable, c’est l’effet à produire ; ce qui est mobile et changeant, c’est le moyen de produire cet effet. […] Pour eux toutefois le point de convergence optique représente encore une moyenne de distance et d’obliquité. […] Tout cela, bien que ne présentant aucune difficulté, se comprendra mieux encore au moyen d’un exemple.

885. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Charles Labitte »

De tous les genres littéraires qui sont tous capables d’un si énorme ennui, le plus ennuyeux assurément est le genre parénétique, autrement dit le sermon  ; il trouve moyen d’ennuyer, même lorsqu’il est bon ; ici il était relevé par les passions politiques, mais elles n’y ajoutaient le plus souvent qu’un surcroît de dégoût et des vomissements de grossièretés. […] Or, il n’y a qu’une manière de se tenir en garde contre l’abus, c’est de faire toujours entrer la tradition pour une grande part dans ses considérations, et de ne pas la supprimer d’un trait sous prétexte qu’on n’a plus de moyen direct et matériel d’en vérifier tous les éléments. […] Ainsi Charles Labitte trouvait moyen vers le même temps de faire excursion jusque par-delà les sources mystiques de Dante, et de se rabattre en pleine Beauce, au cœur de nos glèbes gauloises. […] Ce que j’en ai n’est pour moi qu’un moyen factice d’occuper les heures et de distraire le dégoût de toutes choses par l’activité.

886. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIV » pp. 126-174

Le ridicule des précieuses de mauvais goût et de bas étage fournit le prétexte et les moyens d’essayer contre celles-ci une réaction, qu’on aurait été bien aise de voir étendre à toutes les autres par l’opinion publique. […]  » Ce que l’abbé d’Aubignac appelle tenir ruelle, est, comme nous l’avons vu, un moyen employé quelquefois par une précieuse coquette, pour diversifier son jeu ou d’autres intérêts que l’expérience seule peut apprendre. […] L’habitude du travail en famille, la réunion de la mère de famille et de ses filles autour d’une taille de travail est le seul moyen d’enseigner les usages du monde où les jeunes personnes sont destinées à vivre, le seul moyen de donner à leur esprit le développement convenable, à leur langage la facilité et la mesure appropriées à leur condition.

887. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Étude sur la vie et les écrits de l’abbé de Saint-Pierre, par M. Édouard Goumy. L’abbé de Saint-Pierre, sa vie et ses œuvres, par M. de Molinari. — II » pp. 261-274

Mais à deux pas de là, on va me citer ce qui a l’air d’une mauvaise plaisanterie : Projet pour rendre les ducs et pairs utiles… Moyen de rendre les sermons utiles…. […] Pour moyens d’y arriver, il n’eut que deux maximes principales, qu’il suivit constamment et exactement tous les jours : c’était d’étudier mieux que ses rivaux toutes les choses qui déplaisaient à celui qui gouvernait, pour les éviter, et toutes les choses qui lui plaisaient et celles qui lui plaisaient le plus, pour les rechercher avec soin dans l’étendue de son ministère.

888. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « M. Viguier »

Et il en avait fait lui-même une paraphrase en vers : Passant, quand le soleil brille à ce méridien, Contemple le temps vrai, mais n’en fais point usage ; Le bon sens et la loi suivent le temps moyen. […] Villemain, et je ne puis m’empêcher de croire qu’il n’ait en vue un moyen, bien simple pour lui, de rendre une convenable justice à votre travail sans en écrire pour les journaux.

889. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XIII. Des tragédies de Shakespeare » pp. 276-294

Il n’a point eu recours à ce moyen dans Richard III. […] Les jeux de mots, les équivoques licencieuses, les contes populaires, les proverbes qui s’entassent successivement dans les vieilles nations, et sont, pour ainsi dire, les idées patrimoniales des hommes du peuple ; tous ces moyens, qui sont applaudis de la multitude, sont critiqués par la raison.

890. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre I. L’esprit gaulois »

Tout est moyen ici, tempéré, plutôt tourné vers la délicatesse que vers la force. […] II En tout cas, il y a un moyen de s’assurer de ce caractère que nous prêtons à la race.

891. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre I. Les mémoires »

Mais il faut tenir compte surtout des individus, qui, prenant le déploiement de toutes leurs énergies pour règle et pour fin de leur activité, faisaient servir à eux-mêmes les causes qu’ils servaient, et ne cherchaient réellement dans le triomphe poursuivi du calvinisme, ou du catholicisme, que les moyens d’étendre et d’enrichir leur personnalité. […] Les conteurs limitent leur ambition et leur effort : entre la bouffonnerie épique, l’universalité scientifique de Rabelais, et la gauloiserie satirique sans portée des anciens couleurs français, ils déterminent une voie moyenne : Noël du Fail205, surtout, mêle le réalisme pittoresque de la description des mœurs à la satire particulière des divers caractères de l’homme et des divers états de la vie.

892. (1925) Méthodes de l’histoire littéraire « I. Leçon d’ouverture du Cours d’éloquence française »

N’attendez pas de moi un portrait complet, une biographie détaillée de Gustave Larroumet : je n’en ai ni les moyens ni le temps. […] Brunetière : il ôtait à leurs idées ce qui en faisait des systèmes, il en gardait ce qui donnait moyen d’interroger, d’embrasser le plus de réalité possible.

893. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Baudelaire, Charles (1821-1867) »

Gustave Flaubert Vous avez trouvé le moyen de rajeunir le romantisme. […] Il ne développe guère que des lieux communs, et je consens qu’il réussisse quelquefois, par les moyens que l’on a vus, à les rendre plus communs encore… Si Baudelaire ne fut pas ce que l’on appelle un fou, du moins fut-ce un malade, et il faut avoir pitié d’un malade, mais il ne faut pas l’imiter.

894. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre IV. Le théâtre des Gelosi » pp. 59-79

Isabelle reproche au capitaine son manque de foi et trouve moyen de contenter son ressentiment. […] Fabritio lui promet de le lui faire retrouver au moyen d’un miroir magique.

895. (1890) L’avenir de la science « Préface »

Ce qu’il y a de grave, c’est que nous n’entrevoyons pas pour l’avenir, à moins d’un retour à la crédulité, Le moyen de donner à l’humanité un catéchisme désormais acceptable. […] La science restera toujours la satisfaction du plus haut désir de notre nature, la curiosité ; elle fournira à l’homme le seul moyen qu’il ait pour améliorer son sort.

896. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IV. La littérature et le milieu psycho-physiologique » pp. 126-137

On s’accorde assez à reconnaître, en théorie du moins, que la moyenne des Français se distingue de la moyenne des Espagnols ou des Allemands par la taille, la complexion, le visage, la constitution physique ou morale ; même dans la pratique, à qui de nous n’est-il pas arrivé, en présence d’un inconnu, de dire au premier abord, sans qu’il ait eu besoin d’ouvrir la bouche : « Cet homme est Italien !

897. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. John Stuart Mill — Chapitre I : De la méthode en psychologie »

2° Que la loi mentale par le moyen de laquelle cette formation a lieu est la loi de l’association. […] Les principes de lithologie sont proprement les principes moyens, les axiomata media de la science de l’esprit.

898. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « De la question des théâtres et du Théâtre-Français en particulier. » pp. 35-48

L’Opéra-Comique représente ce genre moyen cher à l’esprit français, dans lequel la musique se mêle au drame selon une mesure qui plaît à notre organisation et que l’on goûte sans étude et sans effort ; c’est un genre particulièrement agréable, qui refleurit à chaque saison et qu’il est naturel de maintenir. […] Les théâtres présentent le moyen d’action le plus prompt, le plus direct, le plus continu sur les masses.

899. (1901) La poésie et l’empirisme (L’Ermitage) pp. 245-260

Leur roman n’en sera pas moins roman, drame leur drame, — mais roman document, mais drame plaidoyer ; — et par là ils se sauveront, et par là ils vaudront encore — mais sans le moyen de l’art. […] Monde des idées et monde des corps, il saura célébrer toute chose créée… mais par le moyen artistique d’une nouvelle création. » Et les ennemis du Parnasse, aux pontifes de l’Empirisme jetaient ces derniers mots, soudain, comme un défi.

900. (1904) La foi nouvelle du poète et sa doctrine. L’intégralisme (manifeste de la Revue bleue) pp. 83-87

Elle y tend par des moyens dont ne dispose pas la prose, et qui sont, en français, la numération des syllabes, le jeu des césures, et la rime. […] Plus le poète comprendra profondément le travail de la conscience et de l’imagination créatrice, plus il verra augmenter ses moyens de prise sur la nature. » Rien ne nous semble plus juste.

901. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Police générale d’une Université et police, particulière d’un collège. » pp. 521-532

Des programmes imprimés en exposeront la nature et inviteront tous les citoyens à y assister ; et ce qu’il importe bien davantage d’ordonner, c’est que tous les élèves de la classe, ignorants ou instruits, soient indistinctement exposés à répondre aux questions des assistants : moyen excellent d’honorer la diligence, de punir la paresse des élèves et de soutenir l’émulation des maîtres. […] Un moyen sûr de juger d’une école, c’est de voir si les élèves qu’on y fait promettent un jour de bons maîtres.

902. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre I : Qu’est-ce qu’un fait social ? »

Mais la statistique nous fournit le moyen de les isoler. Ils sont, en effet, figurés, non sans exactitude, par le taux de la natalité, de la nuptialité, des suicides, c’est-à-dire par le nombre que l’on obtient en divisant le total moyen annuel des mariages, des naissances, des morts volontaires par celui des hommes en âge de se marier, de procréer, de se suicider12.

903. (1860) Ceci n’est pas un livre « Décentralisation et décentralisateurs » pp. 77-106

Et les rédacteurs de journaux, les éditeurs de livres, les directeurs de théâtres, se voient forcés de répondre à leurs avances : « Pas moyen, cher ami. […] Sur les cinq (la moyenne est indulgente), un a du talent, un vrai talent ; les quatre autres n’ont qu’une vocation littéraire fort discutable.

904. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre II. De la métaphysique poétique » pp. 108-124

Ce droit fut d’abord divin, dans ce sens qu’il était interprété par la divination, science des auspices de Jupiter ; les auspices furent les choses divines, au moyen desquelles les nations païennes réglaient toutes les choses humaines, et la réunion des unes et des autres forme le sujet de la jurisprudence. […] Le ciel était pour les Perses le temple de Jupiter, et leurs rois, imbus de cette opinion, détruisaient les temples construits par les Grecs. — Les Égyptiens confondaient aussi Jupiter et le ciel, sous le rapport de l’influence qu’il avait sur les choses sublunaires et des moyens qu’il donnait de connaître l’avenir ; de nos jours encore ils conservent une divination vulgaire. — Même opinion chez les Grecs qui tiraient du ciel des θεωρήματα et des μαθήματα, en les contemplant des yeux du corps, et en les observant, c’est-à-dire, en leur obéissant comme aux lois de Jupiter.

905. (1901) L’imagination de l’artiste pp. 1-286

Leur sensibilité est évidemment montée d’un ton au-dessus de la sensibilité moyenne. […] Pour le public, qui ne dispose que d’une moyenne faculté de vision mentale, elle est inachevée. […] L’art de peindre est, comme l’art d’écrire, un moyen d’expression : ce n’est pas un but. […] Plus la moyenne des types que nous observons journellement sera élevée, plus vaudra cet idéal. […] Pour le savoir, il faut nous rendre compte des moyens dont l’imagination plastique dispose pour figurer le surnaturel.

906. (1863) Causeries parisiennes. Première série pp. -419

m’écriai-je ; parler de cette mort qui est un deuil personnel pour tous les cœurs généreux et m’en servir comme d’un moyen littéraire, je ne le ferai jamais ! […] Pour y voir une nouveauté, il faudrait remonter à ces temps antéhistoriques, où l’on n’avait pas encore inventé la maxime que la fin justifie les moyens. […] Ce qui est excellent pour l’individu peut être fort mauvais comme moyen de gouvernement. […] les moyens de communication ont manqué ; on apprend si peu le français au Japon ! […] L’intérêt se soutient par trop de moyens et par de trop gros moyens surtout.

907. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « V » pp. 19-21

L'antique modestie des matrones romaines admirablement peinte en vers simples, fidèles, une grande et vraie connaissance de l’Antiquité ; à tout moment d’heureuses réminiscences ou même des traductions, mais heureusement amenées à l’état de moyens dramatiques.

908. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXXIV » pp. 141-143

. — On dit que l’esprit humain est inventif ; ce qui me frappe plutôt, c’est combien il l’est peu, et combien on se traîne sur les mêmes traces et l’on épuise les mêmes moyens à satiété, jusqu’à ce que vienne quelqu’un qui redonne du coude, comme on dit, et qui vous retourne d’un autre côté.

909. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « a propos de casanova de seingalt  » pp. 510-511

Un certain nombre, qui ne possèdent ces hautes facultés qu’inégalement ou selon une mesure assez moyenne, sont favorisés dans leur honorable ténacité, par le peu de tentation que leur donnent à droite ou à gauche les facultés mobiles et divertissantes, presque nulles chez eux.

910. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Herold, André-Ferdinand (1865-1940) »

Lucien Muhlfeld Le bon poète, notre ami Ferdinand Hérold, n’abandonne pas l’artificiel des moyens âges.

911. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 555-559

Cet Auteur a encore le défaut de pousser plusieurs événemens au delà de toute vraisemblance, & même contre toute vraisemblance, moyen infaillible d’affoiblir l’intérêt.

912. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Préface » pp. 1-3

Les temps redevenant plus rudes, l’orage et le bruit de la rue forçant chacun de grossir sa voix, et, en même temps, une expérience récente rendant plus vif à chaque esprit le sentiment du bien et du mal, du juste et de l’injuste, j’ai cru qu’il y avait moyen d’oser plus, sans manquer aux convenances, et de dire enfin nettement ce qui me semblait la vérité sur les ouvrages et sur les auteurs.

913. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre troisième. Suite de la Poésie dans ses rapports avec les hommes. Passions. — Chapitre IX. Du vague des passions. »

Formée pour nos misères et pour nos besoins, la religion chrétienne nous offre sans cesse le double tableau des chagrins de la terre et des joies célestes ; et, par ce moyen, elle fait dans le cœur une source de maux présents et d’espérances lointaines, d’où découlent d’inépuisables rêveries.

914. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre sixième »

On venait de trouver le moyen de faire passer le spectateur dans la même soirée par les deux états extrêmes de l’âme, le rire et les larmes. […] Aujourd’hui, dans le monde, on ne connaît qu’un crime, C’est l’ennui : pour le fuir, tous les moyens sont bons. […] Le même sentiment de la nature avait indiqué à Molière, parmi les plus puissants moyens d’effet, le contraste des caractères. « Moyen usé, s’écrie Diderot. […] Ce serait peut-être le bon moyen ; mais alors le drame se renie lui-même, et devient malgré lui la tragédie.

915. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre septième »

Il fait beau voir comme il traite les grands, les courtisans, les riches, de quel prix il entend qu’ils payent leurs privilèges, en quels termes véhéments il leur enjoint de faire l’aumône, non par caprice, ni à leurs moments, mais par devoir, mais selon leurs moyens qu’il évalue ; avec quelle audace il va les menaçant des comptes qu’ils auront à rendre à Dieu « le caissier des pauvres !  […] C’est que Bossuet ne raisonne pas comme l’école ; il explique, à l’aide de tous les moyens du discours. […] S’il est rhéteur, c’est que son procédé est trop souvent au-dessous de son dessein, et ses moyens moins bons que sa volonté. […] Le rhéteur n’a pas la véritable invention qui consiste dans les raisons moyennes ; il veut frapper fort, et il cherche dans les choses outrées la force que l’orateur trouve dans les choses justes. […] Du premier ordre dans un genre où le premier ordre est formé de Pascal, de La Rochefoucauld, de La Bruyère, de Nicole, quand Nicole écrit le Traité des moyens de conserver la paix parmi les hommes, cela veut dire que Vauvenargues est leur égal ; c’est en dire trop.

916. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre cinquième. Genèse et action des principes d’identité et de raison suffisante. — Origines de notre structure intellectuelle »

La structure intellectuelle et cérébrale peut avoir plusieurs origines, qui, selon nous, se ramènent aux cinq suivantes : 1° l’action directe du milieu sur le cerveau et sur la conscience par le moyen des sens ; 2° l’habitude acquise, puis transmise par hérédité ; 3° la sélection naturelle ; 4° les lois fondamentales de la vie ; 5° la constitution universelle des éléments, au point de vue physique et psychique. […] En d’autres termes, le cerveau codifie et promulgue les lois de la société cellulaire, et les deux premiers articles de la constitution physiologique sont nécessairement les suivants : 1° l’être est et s’affirme par tous les moyens, 2° l’être agit et pâtit de la même manière dans les mêmes circonstances. […] Ici, le grand moyen de communication réciproque n’est plus, comme dans le corps vivant, la mutuelle pression et la poussée des cellules, se transmettant l’une à l’autre leurs élans ou leurs arrêts, leur puissance ou leur résistance, par une sympathie immédiate et une commune pulsation de vie ; dans le corps social, des intermédiaires deviennent indispensables : l’action directe doit être remplacée par l’action indirecte, qui s’exerce à distance dans l’espace, à distance dans la durée. […] La connaissance est un moyen de vouloir et de jouir dont nous avons fait ensuite une fin, par une sorte d’artifice supérieur, en le détachant, comme un tout capable de se suffire, de ce cercle sensitif et moteur dont il n’était qu’une partie, de ce déploiement de la volonté dont il n’était qu’un moment. […] Nous n’avons d’autre moyen que de nous le figurer sur le type de ce que nous appelons agir, faire effort, tendre, désirer, vouloir.

917. (1888) Impressions de théâtre. Deuxième série

Thouvenin lui conseille de le demander à Denise elle-même : c’est le meilleur moyen de le savoir. […] En réalité, ce n’est pas un homme, c’est un moyen dramatique. […] C’est le moyen de M.  […] Bergerat est naturel et vrai, mais je le voudrais amené par des moyens moins artificiels. […] Par quels moyens ?

918. (1879) À propos de « l’Assommoir »

A un moment où les misères du peuple émeuvent tous les cœurs généreux, où l’on cherche sérieusement un moyen d’y remédier, il serait criminel de calomnier ce peuple, d’exagérer ses vices ; mais il est honnête, utile et moral de le montrer tel qu’il est. […] Ses vingt-cinq ou trente autres romans se sont vendus raisonnablement, à deux ou trois éditions en moyenne. […] Je fus heureux de lui donner les moyens de faire une besogne décente, bien qu’il fût obligé de rendre compte de l’Assemblée de Versailles. […] Zola méritait cette distinction, aussi bien qu’un autre et mieux que bien des autres : ses théories sont contestables, ses critiques peuvent être blessantes, on n’est pas tenu d’aimer et d’admirer ses œuvres, mais il n’y a pas moyen de nier son talent ; ses adversaires les plus déclarés le reconnaissent, et ceux qui parlent encore de lui avec un dédain calculé ne font guère que se couvrir de ridicule. […] Zola avait dépassé la moyenne ; qu’il était déjà trop en évidence ; qu’il fallait bien se garder d’accorder une distinction à un homme qui fixait déjà tous les regards, faisait le sujet de toutes les discussions.

919. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XIII : Affinités mutuelles des êtres organisés »

Quelques auteurs le considèrent purement comme un plan imaginaire pour grouper ensemble les choses vivantes qui sont les plus semblables, et pour diviser celles qui sont le plus dissemblables, ou comme un moyen artificiel pour énoncer aussi brièvement que possible certaines propositions générales. […] Toutes les difficultés, toutes les règles et tous les moyens de classification qui précèdent, s’expliquent, je crois, à moins que je ne me trompe étrangement, en admettant que le système naturel a pour fondement le principe de descendance modifiée ; et que les caractères considérés par les naturalistes comme prouvant des affinités réelles entre deux espèces ou plusieurs, sont ceux qu’elles ont hérités d’un commun parent. […] Cependant tous ces organes si divers et destinés à de si différents usages sont formés au moyen d’un nombre infini de modifications d’une lèvre supérieure, de mandibules et de deux paires de mâchoires. […] Je conclus de là qu’il est très possible que chacune des nombreuses modifications successives, au moyen desquelles chaque espèce a acquis sa structure actuelle, peut ne s’être pas manifestée dès les premiers âges de la vie des individus ; et nos animaux domestiques nous fournissent quelques preuves directes que cette supposition est fondée. […] De même, les formes cristallines, qui servent à la classification minéralogique, ne sont que des combinaisons d’éléments premiers, et de l’une de ces formes on peut toujours concevoir le passage à une autre forme comme dérivée, ainsi que les professeurs de minéralogie le démontrent tous les jours dans leurs cours, au moyen d’une série de solides s’emboîtant les uns dans les autres.

920. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XX. Conclusion » pp. 499-500

Aux architectes futurs, quels qu’ils puissent être, je souhaite patience, talent, largeur et finesse de vues, heureux si dans ce livre, dont je sens mieux que personne les lacunes et les imperfections, j’ai pu leur suggérer quelques moyens de faire l’édifice plus solide, plus riche, plus majestueux, plus complet.

921. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 234-238

Que faudra-t-il penser de sa Dialectique, si elle cesse d’être un moyen d’éclairer & d’instruire, pour devenir un instrument destructif qui s’attache à tout ?

922. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 121-125

En continuant le genre pour lequel il semble né, le Fabuliste en écartera ce qui le dépare ; & ses talens, perfectionnés par ce moyen, n’auront même plus besoin de l’indulgence, qu’ils sont en droit d’obtenir aujourd’hui par le mérite qui les annonce.

923. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Molière »

Encore avez-vous une satisfaction que vous n’auriez pas si c’étoit une maîtresse, et la vengeance, qui prend ordinairement la place de l’amour dans un cœur outragé, vous peut payer tous les chagrins que vous cause votre épouse, puisque vous n’avez qu’à l’enfermer ; ce sera un moyen assuré de vous mettre l’esprit en repos. […] Mais je n’eus que trop de moyens de m’apercevoir de mon erreur, et la folle passion qu’elle eut, peu de temps après, pour le comte de Guiche, fit trop de bruit pour me laisser dans cette tranquillité apparente. […] Il se retira et laissa Molière, qui rêva encore fort longtemps aux moyens d’amuser sa douleur. » Cette touchante scène se passait à Auteuil, dans ce jardin plus célèbre par une autre aventure que l’imagination classique a brodée à l’infini, qu’Andrieux a fixée avec goût, et dont la gaieté convient mieux à l’idée commune qu’éveille le nom de Molière. […] Louis XIV congédia brusquement le curé et la veuve ; en même temps il écrivit à l’archevêque d’aviser à quelque moyen terme. […] C’est pour cela que les grands génies dramatiques doivent unir tous les éléments de l’âme humaine à un plus haut degré, mais dans les mêmes proportions que le commun des hommes ; qu’ils doivent posséder un équilibre moyen entre des doses plus fortes d’imagination, de sensibilité, de raison.

924. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre II. Le Roman (suite). Thackeray. »

J’en appelle aux classes moyennes. […] Des goûts et des verges, il ne faut pas disputer ; mais sans disputer on peut comprendre, et le plus sûr moyen de comprendre le goût anglais est de l’opposer au goût français. […] L’amour maternel, chez elle comme chez toutes les autres, est un aveuglement incurable ; son fils est son dieu ; à force d’adoration, elle trouve le moyen de le rendre insupportable et malheureux. […] ils y seront bien reçus. » L’habitude du despotisme fait les despotes, et le meilleur moyen de mettre des tyrans dans les familles, c’est de garder des nobles dans l’État. […] Ce moyen ingénieux est employé à la campagne par Mme la majoresse Punto.

925. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — N — Nodier, Charles (1780-1844) »

La postérité, dont il ne s’est point assez occupé, conservera sa mémoire ; la faveur qui, de nos jours, accueillit ses ouvrages ne les abandonnera pas : le moyen d’être sévère pour celui qu’on ne peut lire sans l’aimer !

926. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Soulary, Joséphin (1815-1891) »

Soulary possède à merveille la langue poétique de la Renaissance, et, grâce à l’emploi d’un vocabulaire très large, mais toujours choisi, il a trouvé moyen de dire, en cette gêne du sonnet, tout ce qu’il sent, ce qu’il aime ou ce qu’il n’aime pas, tout ce qui lui passe par le cœur, l’esprit ou l’humeur, son impression de chaque jour, de chaque instant.

927. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « La doctrine symboliste » pp. 115-119

« L’émotion esthétique a pour cause (étant admise la réalité du monde extérieur, mais comme une réalité de fiction) des différenciations de mouvement de la matière, perçues au moyen des sens.

928. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 120-124

Les Philosophes ont beau employer toute sorte de moyens pour se venger des courageux adversaires de leurs systêmes ; ils ont beau se montrer, dans la pratique, les plus fiers ennemis de la tolérance qu’ils prêchent, nous n’en serons pas moins disposés à les plaindre, quand ils seront malheureux ; & plus nous aurons mis de zele & de chaleur à combattre leurs erreurs, plus on nous trouvera empressés à réclamer, pour leur personne, l’indulgence de l’autorité & la protection du crédit.

929. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre X. Machines poétiques. — Vénus dans les bois de Carthage, Raphaël au berceau d’Éden. »

Au surplus, si des critiques chagrins voulaient absolument bannir la magie, les anges de ténèbres pourraient exécuter eux-mêmes ce qu’Armide fait par leur moyen.

930. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre premier. Beaux-arts. — Chapitre II. Du Chant grégorien. »

Au reste, en ne parlant que des chants grecs de l’Église, on sent que nous n’employons pas tous nos moyens, puisque nous pourrions montrer les Ambroise, les Damase, les Léon, les Grégoire, travaillant eux-mêmes au rétablissement de l’art musical ; nous pourrions citer ces chefs-d’œuvre de la musique moderne, composés pour les fêtes chrétiennes, et tous ces grands maîtres enfin, les Vinci, les Leo, les Hasse, les Galuppi, les Durante, élevés, formés, ou protégés dans les oratoires de Venise, de Naples, de Rome, et à la cour des souverains pontifes.

931. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre troisième. Histoire. — Chapitre premier. Du Christianisme dans la manière d’écrire l’histoire. »

Quiconque rejette les notions sublimes que la religion nous donne de la nature et de son auteur, se prive volontairement d’un moyen fécond d’images et de pensées.

932. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — XV. Le fils du sérigne »

Pas moyen de le faire rester aux endroits où il veut le mettre !

933. (1853) Portraits littéraires. Tome I (3e éd.) pp. 1-363

Son indignation, qui d’abord défendait aux paroles de s’ordonner, se transforme sans se calmer, et trouve moyen de s’exprimer clairement. […] Le poète a trouvé moyen de rajeunir l’éternelle opposition de l’espérance dans la liberté, et du désespoir dans la servitude. […] En nous montrant dans toute sa nudité la dégradation de son héros, il a trouvé moyen de lui concilier l’indulgence des juges les plus sévères. […] Lorsqu’il lui arrive d’appeler à son secours un rapprochement trivial, il trouve moyen de racheter, d’expier cette faute par la rapidité du récit. […] Sandeau leur innocence toute patriarcale, et lui demander comment il n’a pas trouvé moyen de leur donner un seul des vices qui affligent les villes.

934. (1899) Arabesques pp. 1-223

Lumet, — la pensée qui les émit trouverait toujours moyen de s’infiltrer d’une façon ou d’une autre. […] Par cent moyens différents, ils tentent d’étayer la bâtisse vermoulue où s’abrite la Bête mauvaise : le Capital. […] — Faire de l’homme une machine. — Quel moyen faut-il employer pour cela ? […] Sa conduite s’explique, puisque le premier devoir de l’homme est de sauvegarder son existence et qu’on lui refuse le moyen d’y pourvoir. […] On s’indigne à cause des moyens employés par quelques désespérés pour réagir contre l’ordre social dont ils furent les victimes.

935. (1730) Discours sur la tragédie pp. 1-458

., tout cela, sans doute, ne paroît pas un bon moyen de leur imposer silence. […] Elles ne peuvent être singuliéres que par deux moyens ; par celui de la nouveauté, ou par celui de l’importance des intérêts. […] Le moyen de s’attacher à des portraits chimériques qui ne ressembleroient à rien de ce qu’on connoît ! […] La seconde que trois avis de mort auroient été très-ennuyeux, et qu’il falloit trouver le moyen d’en exprimer deux d’une maniere nouvelle. […] Ne craignez rien, monsieur ; quand on interdiroit les vers aux génies poëtiques, ils trouveroient bien encore l’occasion et les moyens d’être poëtes en prose.

936. (1925) Proses datées

Cette thèse n’était pas seulement un moyen de défense rétrospectif et futur. […] Les naufragés s’y trouvaient sans aucun moyen d’en sortir et sans autres provisions que, quelques caisses de biscuit et quelques barils de tafia. […] Elles lui ont épargné des épreuves d’où son demi-homonyme Pierre Viaud se tira par des moyens auxquels il est tout de même fâcheux d’avoir recours. […] Leur faste a d’autres moyens de se satisfaire. […] Son poste lui fournissait les moyens de subvenir à une existence luxueuse et élégante, car il était Homme de belles manières et d’esprit distingué.

937. (1862) Notices des œuvres de Shakespeare

L’esprit de Johnson, plus droit et plus ferme qu’élevé, arrivait assez bien à l’intelligence des intérêts et des passions qui agitent la moyenne région de la vie, mais il ne parvenait guère à ces hauteurs où vit sans effort et sans distraction une âme vraiment stoïque. […] Quelque temps après, le thane de Cawdor ayant été mis à mort pour cause de trahison, son titre fut conféré à Macbeth, qui commença, ainsi que Banquo, à ajouter grande foi aux prédictions des sorcières et à rêver aux moyens de parvenir à la couronne. […] Ce n’est point le fait, ce n’est point la situation qui a dominé le poëte et où il a cherché tous ses moyens de saisir et d’émouvoir. […] Mais il est curieux d’observer l’infinie variété des moyens par lesquels le génie se déploie, et combien de formes diverses peut recevoir de lui le même fond de situations et de sentiments. […] Dans un manuscrit persan qui rapporte le même fait, il s’agit d’un pauvre musulman de Syrie avec qui un riche juif fait ce marché pour avoir les moyens de le perdre et parvenir ainsi à posséder sa femme dont il est amoureux ; le cas est décidé par un cadi d’Émèse.

938. (1898) Ceux qu’on lit : 1896 pp. 3-361

» Et il explique ses projets, l’universelle démocratie, purifiée par le feu, par tous les moyens possibles ! […] Je lui indiquai un autre exercice à se loger dans la tête et je lui facilitai avec la même complaisance coupable des moyens de satisfaire tout le inonde et son précepteur. […] Dans le chapitre intitulé : « le Jaloux de minuit », Bianchon raconte la guérison d’un amour passionnel, maladif, par des moyens purement thérapeutiques. […] Il faut l’embrasser comme le moyen le plus sûr de vous tenir à l’écart des systèmes, de vous affranchir des préjugés, même de ceux que nous aurions donnés. […] Mais c’était le cas ou jamais de rétablir la moyenne des années en les confondant.

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