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61. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre II. De l’ambition. »

Celui qui prise ainsi le pouvoir est insensible à tout autre genre d’éclat ; cette disposition suppose une sorte de mépris pour le genre humain, une personnalité concentrée qui ferme l’âme aux autres jouissances. […] Passer de l’occupation de soi à celle de tout autre objet, est une sorte de régénération morale dont il existe bien peu d’exemples. […] Pour aimer et posséder la gloire, il faut des qualités tellement éminentes, que si leur plus grande action est au dehors de nous, cependant elles peuvent encore servir d’aliment à la pensée dans le silence de la retraite ; mais la passion de l’ambition, les moyens qu’il faut pour réussir dans ses désirs, sont nuls pour tout autre usage : c’est de l’impulsion plutôt que de la véritable force ; c’est une sorte d’ardeur qui ne peut se nourrir de ses propres ressources ; c’est le sentiment le plus ennemi du passé, de la réflexion, de tout ce qui retombe sur soi-même. […] Une révolution suspend toute autre puissance que celle de la force ; l’ordre social établit l’ascendant de l’estime, de la vertu : les révolutions mettent tous les hommes aux prises avec leurs moyens physiques ; la sorte d’influence morale qu’elles admettent, c’est le fanatisme de certaines idées qui n’étant susceptible d’aucune modification, ni d’aucune borne, sont des armes de guerre, et non des calculs de l’esprit. […] quelle sorte de suffrage on obtient !

62. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXI » pp. 87-90

Dumas ne s’est épargné aucune sorte de mauvaise grâce dans sa lettre d’hier, 30 (voir la Presse. […] Il commence par toutes sortes de personnalités qui ne font rien à l’affaire. […] Bien des gens disent et répètent que le temps de la comédie est passé, qu’elle est devenue impossible par toutes sortes de raisons, et les théories ingénieuses sur cette lacune désormais inévitable ne manquent pas.

63. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre premier. Causes physiologiques et psychologiques du plaisir et de la douleur »

Ces trois dernières conditions sont les moins importantes et peuvent se ramener aux deux premières, entre lesquelles subsiste une sorte de rivalité. […] Il y a donc entre les organismes une concurrence active pour un surplus, une sorte d’ambition pour la conquête du mieux et non une guerre purement défensive. […] La méthode de Cardan, qui se procurait volontairement toutes sortes de peines pour jouir du plaisir d’en être délivré, est manifestement contraire à l’expérience. […] — S’il en était de la sorte, l’équilibre même produirait un état neutre de la sensibilité et de la conscience, une immobilité : révolution n’aurait pas lieu. […] Il y a donc dans la nature animée un développement du dedans au dehors, non pas seulement une sorte d’enveloppement et d’absorption du dehors par le dedans.

64. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Agrippa d’Aubigné. — I. » pp. 312-329

Entré dans l’arène vers le temps où le vieux Montluc en sortait, et de cinquante ans plus jeune, il offre dans les rangs calvinistes, et aussi dans la série des écrivains militaires, une sorte de contrepartie de ce chef catholique vaillant et cruel. […] Son père, passant avec lui à Amboise où les têtes des conjurés étaient encore exposées aux potences, lui mit la main sur la tête et lui fit faire, dès l’âge de huit ans et demi, une sorte de serment d’Annibal. […] Cette Histoire universelle de d’Aubigné, son grand ouvrage sérieux, et qui semble indigeste à première vue, ne le paraît plus autant lorsqu’on y pénètre, et mérite plus d’une sorte de considération. […] En même temps les chapitres qui précèdent ce dernier sont invariablement consacrés aux affaires du dehors, Orient, Midi, Occident, Septentrion, et il établit entre ces sortes de chapitres, d’un livre à l’autre, des corrélations et correspondances. […] » Dans une Histoire contemporaine comme celle qu’il écrit et où il est témoin et quelquefois acteur, il lui est difficile de ne point parler de soi ; il n’évite pas ces sortes de digressions ou d’épisodies, selon qu’il les appelle ; il s’y complaît même ; toutefois, malgré le coin de vanité et d’amour de gloire, qui est sa partie tendre, il a soin le plus souvent de ne pas se nommer, et ce n’est qu’avec quelque attention qu’on s’aperçoit que c’est lui, sous le nom tantôt d’un écuyer, tantôt d’un mestre de camp, qui est en cause dans ces endroits, et qui donne tel conseil, qui tient tel discours.

65. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Santeul ou de la poésie latine sous Louis XIV, par M. Montalant-Bougleux, 1 vol. in-12. Paris, 1855. — I » pp. 20-38

Il fut très remarqué de ce dernier, qui l’encouragea fort, admira ses premiers essais de vers latins (la pièce sur la Bulle de savon), et lui donna, à travers ses louanges, toutes sortes de conseils qu’il ne suivit qu’à demi. […] Ceux qui pensaient de la sorte, s’ils survécurent jusqu’en 1670, se trouvèrent tout d’un coup de cinquante ans en arrière. […] Ce que je traduirai de la sorte : « Ici des châtiments vengeurs des crimes ont établi leur tribunal. […] Arrivé à un certain âge, il eut cependant une sorte d’événement dans sa vie, et une tentative de retour vers la gravité des mœurs et du ton. […] Ce malheureux démon de gloire poétique, qu’on avait cru un moment exorcisé, le possédait et l’agitait de plus belle : « Les autres font leur salut dans l’église, disait-il ; mais moi c’est le contraire : pour faire le mien il faut que j’en sorte, de peur d’entendre mes hymnes avec trop d’orgueil. » Il les envoyait cependant à M. de Rancé et aurait voulu qu’on les chantât à la Trappe.

66. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français (suite.) »

Il y a certes des beautés de différentes sortes et de différents degrés ; les manifestations de la vie et de l’âme humaine sont infinies. […] C’est fâcheux, car ce serait le meilleur exemple à nous offrir de ces sortes de compositions dramatiques, si tant est que les érudits en telle matière ne se trompent pas en nous le déclarant le plus parfait en son genre. […] Il me semble, dès à présent, que quelque chose ici fera défaut, ne fut-ce que la langue ; il serait fort singulier, on en conviendra, qu’un chef-d’œuvre commençât de la sorte. […] Ainsi tancé, averti et rôti, il est renvoyé pour tenter de meilleure sorte Jésus au désert. […] Judas est né à Jérusalem d’un homme appelé Ruben et de Cyborée sa femme : celle-ci a rêvé une nuit qu’il naîtrait d’elle un enfant qui commettrait toutes sortes de crimes, meurtres, trahisons, qui tuerait son père, épouserait sa mère et finirait par livrer le Sauveur.

67. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. Suite et fin. » pp. 73-95

Rabelais aussi s’amusait dans ces sortes d’énumérations, mais plus gaiement et plus en son lieu. […] … Quoi qu’il en soit de nos désirs et, de nos regrets, la nécessité à laquelle Carthage est supposée réduite, après toutes sortes de gradations et de vicissitudes, exalte le fanatisme de la populace ; le Sénat cède, il est décidé qu’on immolera des enfants, et un, entre autres, pris dans une grande famille. […] Le roman historique suppose nécessairement un ensemble d’informations, de traditions morales, de données de toutes sortes nous arrivant comme par l’air, à travers les générations successives. […] Et Montesquieu, dans ces sortes déconsidérations, nous représente de plus anciens que lui. […] Ces sortes d’expressions datent un livre.

68. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre II : Philosophie politique de Tocqueville »

La conséquence de cette tyrannie obscure exercée sur la pensée est une sorte de servilisme nouveau et de courtisanerie démocratique digne d’être étudiée. » Cette servitude d’un nouveau genre peut se comprendre aisément. […] On comprend l’extrême facilité des révolutions dans ces sortes de sociétés. […] Au reste, pour bien comprendre la pensée de Tocqueville et ne pas confondre des choses très-distinctes, il faut remarquer qu’il peut y avoir deux sortes de despotisme dans les sociétés démocratiques : le despotisme politique, qui naît de l’omnipotence des majorités, et le despotisme administratif, qui vient de la centralisation. […] Or il y a deux sortes d’égalité, — l’égalité de servitude et l’égalité de liberté, l’égalité d’abaissement et l’égalité de grandeur. […] Et ce qui doit rendre plus indifférent à ces sortes de projets, c’est que les esprits vulgaires s’y abandonnent avec complaisance et qu’ils en ont toujours le cerveau plein.

69. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Charles Labitte »

J’ai ma conviction là-dessus, et il est bien rare que ces sortes de convictions trompent. […] de la vie terrestre, de cette sorte de vision aussi qu’on a non moins justement appelée le songe incompréhensible. […] Charles Labitte, qui était un esprit resté naturel parmi les jeunes (qualité des plus rares aujourd’hui), dans le livre utile où il apporte toutes sortes de preuves nouvelles en aide à la saine tradition, fait justice de ces travers en sens opposé. […] Auguste Bernard, en effet, ces registres, qui paraissaient si tardivement au jour et qui encore ne paraissaient que mutilés, loin de venir comme pièce à l’appui de la Ménippée, en étaient bien plutôt une sorte de réfutation et de démenti perpétuel. […] La Satyre Ménippée nous rend l’ esprit même des États, leur rôle turbulent et burlesque ; elle simule une sorte de séance idéale qui les résume tout entiers.

70. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Étienne de La Boétie. L’ami de Montaigne. » pp. 140-161

Il en est de plus d’une sorte dont aucune, si elle est sincère, n’est à dédaigner. […] La Fontaine, au contraire, semble avoir conçu l’amitié aussi vive que l’amour, et il les a quelquefois mêlés par une sorte de confusion charmante. […] Il y a toujours un degré de vivacité qui ne se trouve point entre les personnes du même sexe ; de plus, les défauts qui désunissent, comme l’envie et la concurrence, de quelque nature que ce soit, ne se trouvent point dans ces sortes de liaisons. […] L’avantage de ces sortes de liaisons, c’est de pouvoir commencer bien plus tard que les amitiés d’hommes, lesquelles, pour être tout à fait vives et profondes, ont besoin de s’être nouées dans la jeunesse. […] Montaigne n’aurait-il pas trouvé ces sortes de liaisons qu’on vient de définir, trop molles pour lui et trop délicates ?

71. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE PONTIVY » pp. 492-514

Ces sortes d’images n’ont rien de commun avec lui. […] Une sorte de fierté modeste, ou de sauvagerie timide, isolait son âme et permettait de la méconnaître. […] Sa pensée se reportait en arrière, et ce temps, dont il n’aurait pas voulu la continuation, il le regrettait par une sorte de contradiction singulière, et qui n’est pas si rare. […] Il s’y mêlait vite une sorte de tristesse qui en augmentait peut-être le charme, mais qui en dérobait l’éclat. […] Une sorte de scrupule de convenance lui naissait aussi, comme prétexte qu’elle se donnait involontairement dans ses sentiments un peu froissés.

72. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Gil Blas, par Lesage. (Collection Lefèvre.) » pp. 353-375

Nous faisons ensemble toutes sortes de débauches. […] Il y eut toutes sortes de difficultés pour la représentation ; il fallut que Monseigneur, fils du roi, les levât. […] Mais, même dans leur hardiesse, elles gardent une sorte d’innocence. […] Cette sorte de dissidence, poussée jusqu’à l’aversion, se marque dans tous les actes de sa vie littéraire. […] C’est là le malheur dont eut à souffrir Lesage, qui est une sorte de Molière adouci.

73. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre III : La science — Chapitre II : De la méthode expérimentale en physiologie »

Pour bien comprendre la question, il ne faut pas oublier qu’il y a deux sortes de sciences : les sciences d’observation et les sciences d’expérimentation. […] La force vitale elle-même, fût-elle distincte des autres forces naturelles, devrait se manifester par une série de phénomènes rigoureusement liés, s’enchaînant les uns aux autres dans un ordre fixe et précis, de telle sorte que, l’un étant donné, l’autre s’ensuit nécessairement ; de telle sorte encore que, telle condition venant à manquer, le phénomène ou se modifie ou disparaît, et qu’à telle autre condition correspond tel autre phénomène ; en un mot, rien n’est arbitraire, rien n’est laissé au hasard, à l’inconnu, à la fantaisie. […] A la vérité, tous les organes peuvent exercer les uns sur les autres le rôle d’excitants, ce qui semblerait donner à l’organisme vivant, considéré dans son ensemble, une sorte d’indépendance et de spontanéité générale ; ce n’est cependant qu’une apparence. […] C’est le sang qui permet à l’être vivant de supporter les plus grands changements dans le milieu externe, parce qu’il se maintient lui-même dans une sorte d’équilibre moyen, dont les perturbations accidentelles sont les principales causes des maladies. […] Aujourd’hui encore, on voit les joueurs croire à quelque divinité occulte de ce genre, qu’ils appellent la chance, et qui se joue de toutes les combinaisons, de tous les desseins ; c’est bien là en effet une sorte de fatalisme, mais ce n’est pas là le fatalisme philosophique.

74. (1897) Manifeste naturiste (Le Figaro) pp. 4-5

Après les hallucinations et les névroses du symbolisme, il paraît que nous serions sur le point d’assister à une sorte de convalescence des esprits… Voilà un beau programme, et que nous ne pouvions refuser à M. […] Il est également possible d’atteindre, grâce aux odes et aux drames, à une sorte de puissance morale qui confine à la dictature, comme Hugo, Wagner et Émile Zola en donnent l’exemple en ce siècle. […] Rousseau conta les amours de Julie, dans le but unique de tromper son cœur et d’utiliser les flammes de sa passion, la plupart des auteurs ne composent des odes et des tragédies que par une sorte de subterfuge à l’aide duquel ils oublient leur fortune, les voluptés que leur refusent d’exquises amantes et les guerrières expéditions à quoi semblaient les destiner leurs mérites et leurs sentiments. […] C’est que cette ivresse militaire qui exultait naguère si fortement nos pères s’est transformée chez nous en une sorte de culte de la force, auquel personne ne pourra se soustraire.

75. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « IV »

— Deux sortes de styles. — Théorie de l’originalité. — Le vrai style d’après M. de Gourmont. […] Il y a deux sortes d’imitations ; l’une est un exercice littéraire d’ordre privé, excellent moyen de former son style… L’autre, la vraie, est une imprégnation générale.‌ […] Voilà la vérité vraie, contre laquelle tous les livres de réfutation ne pourront rien. » Pour rendre cet enseignement clair et pratique, nous avons cru devoir distinguer d’abord deux sortes de style : le style d’idées, ou abstrait, et le style d’images, ou de couleur. […] On propose donc une autre classification ; « Il y a deux sortes de style : le style visuel et le style émotif, l’un qui procède de la vision, l’autre de l’émotion.

76. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « De la comédie chez les Anciens. » pp. 25-29

On peut distinguer deux sortes de comédies d’intrigue. […] Cette sorte d’intrigue est celle qui produit un plus grand effet, parce que le spectateur, indépendamment de ses réflexions sur l’art du poète, est bien plus flatté d’imputer les obstacles qui surviennent, au caprice du hasard, qu’à la malignité des maîtres ou des valets. […] Mais de tous les inconvénients qui sont attachés à cette sorte d’intrigue, le plus considérable est le défaut de vraisemblance, défaut qu’entraînent les déguisements et la plupart des ruses employées en pareil cas dans les comédies.

77. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre troisième. Découverte du véritable Homère — Appendice. Histoire raisonnée des poètes dramatiques et lyriques » pp. 284-285

Pour résoudre ces difficultés, il faut reconnaître qu’il y eut deux sortes de poètes tragiques, et autant de lyriques. […] Chez les Latins les premiers poètes furent les auteurs des vers saliens, sorte d’hymnes chantés dans les fêtes des dieux par les prêtres saliens. […] La tragédie dut commencer par un chœur de satyres ; et la satire conserva pour caractère originaire la licence des injures et des insultes, villanie, parce que les villageois grossièrement déguisés se tenaient sur les tombereaux qui portaient la vendange, et avaient la liberté de dire de là toute sorte d’injures aux honnêtes gens, comme le font encore aujourd’hui les vendangeurs de la Campanie appelée proverbialement le séjour de Bacchus.

78. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

Les gens de toute sorte de conditions sont infectés de ce sale vice. […] Ce salut se fait en cette sorte. […] Le spectacle de ces diverses sortes de combats dura jusqu’à onze heures. […] On servait avec chaque plat une grande écuelle de sorbet, une assiette de salade et de deux sortes de pain. […] Les calates sont de diverses sortes.

79. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VII. Les poëtes. » pp. 172-231

Cette sorte de poésie ressemble à la cuisine ; il ne faut ni cœur ni génie pour la faire, mais une main légère, un œil attentif et un goût exercé. […] Elle n’est qu’une sorte de conversation supérieure et de discours plus choisi. […] Pope s’est efforcé de le faire une fois dans l’Essai sur l’Homme, qui est une sorte de Vicaire savoyard, moins original que l’autre. […] De même ici la Magicienne, le Combat des Bergers, toutes sortes d’églogues antiques sont travesties à la moderne. […] Toujours, au moment d’écrire, se dresse un modèle auguste, une sorte de maître d’école qui pèse sur eux de tout son poids, de tout le poids que cent vingt ans de littérature peuvent donner à des préceptes.

80. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre II : Règles relatives à l’observation des faits sociaux »

Ce sont ces idola, sortes de fantômes qui nous défigurent le véritable aspect des choses et que nous prenons pourtant pour les choses mêmes. […] Ainsi, il existe deux sortes d’unions monogamiques : les unes le sont de fait, les autres de droit. […] On en choisit certains, sorte d’élite, que l’on regarde comme ayant seuls le droit d’avoir ces caractères. […] Les phénomènes choisis ne peuvent avoir été retenus que parce qu’ils étaient, plus que les autres, conformes à la conception idéale que l’on se faisait de cette sorte de réalité. […] Veut-on classer les différentes sortes de crimes ?

81. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Chateaubriand, jugé par un ami intime en 1803 » pp. 2-15

Je reviendrai tout à l’heure, avec plus de détail, sur l’ensemble des conditions qui me semblent à réunir pour aborder avec avantage de tels problèmes biographiques ; mais, en ce qui est de Chateaubriand, l’auteur d’abord s’est peint lui-même, s’est analysé en tous sens dans des portraits de jeunesse ; il s’est réfléchi et projeté à tout moment dans ceux mêmes de ses écrits subséquents qui, par le sujet, auraient dû être le moins personnels ; il s’est, dans sa vieillesse, raconté de nouveau et avec toutes sortes de variations dans des Mémoires dits d’Outre-Tombe. […] M. de Loménie, affilié à la coterie, poussa aussi son soupir qu’il appuya de toutes sortes de réfutations et de raisonnements : essayant de m’opposer moi-même à moi-même, il ne daigna pas admettre qu’en pareille matière de jugements contemporains il vient une heure et un moment où, quand on n’est lié par rien de particulier, la vérité reparaît de plein droit et prend le pas sur la politesse. […] J’étais bien sûr d’être d’accord sur les points principaux avec ces hommes d’autrefois, dont j’avais recueilli si souvent les paroles, quand ils s’exprimaient dans la familiarité sur cette nature singulière de génie qui, même après toutes les explications, était restée pour eux une sorte de problème. […] Or, M. de Chateaubriand ayant été envoyé à Rome, en 1803, à titre de secrétaire d’ambassade attaché au cardinal Fesch, il ne sut point s’y conduire d’abord avec la prudence et la circonspection que commandait sa qualité nouvelle ; il entra dans une sorte de lutte avec son ambassadeur ; il vint de celui-ci des plaintes à Paris, lesquelles, exagérées sans doute encore en passant de bouche en bouche et en se redisant à l’oreille, avaient pris créance parmi les amis mêmes ; M. de Fontanes, M.  […] Il y a en effet, dans le fond de ce cœur, une sorte de bonté et de pureté qui ne permettra jamais à ce pauvre garçon, j’en ai bien peur, de connaître et de condamner les sottises qu’il aura faites, parce qu’à la conscience de sa conduite, qui exigerait des réflexions, il opposera toujours machinalement le sentiment de son essence ; qui est fort bonne.

82. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre IV. La folie et les lésions du cerveau »

Chapitre IV La folie et les lésions du cerveau Dans les sciences physiques et chimiques, lorsque l’on veut connaître les conditions qui déterminent la production des phénomènes, on fait ce que l’on appelle des expériences : on supprime telle ou telle circonstance, on en introduit de nouvelles, on les varie, on les renverse, et, par toute sorte de comparaisons, on cherche à découvrir des effets constants liés à des causes constantes. […] Selon d’autres, les altérations sont cérébrales, mais de toute sorte de nature. […] On la confondra avec le péché, comme le fait Heinroth, ou avec l’erreur, comme le fait Leuret ; mais je réponds que si l’âme est susceptible de deux sortes de désordres aussi différents l’un de l’autre que le péché et l’erreur, je ne vois pas pourquoi elle n’en admettrait pas un troisième, à savoir la folie, J’accorde qu’il n’est pas facile de définir et de distinguer la folie de ce qui l’avoisine ; mais M.  […] Supposez que ce trouble superficiel devienne plus profond, que mon libre arbitre soit suspendu, que mes idées, affranchies de leur discipline habituelle, se produisent fatalement, suivant une sorte d’automatisme : me voilà sur le chemin de la folie. […] Durand (de Gros), dans un livre d’ailleurs distingué (Essai de physiologie philosophique), s’est étonne de cette proposition, et y a vu une sorte de concession au matérialisme.

83. (1910) Victor-Marie, comte Hugo pp. 4-265

Une sorte de bure. […] J’ai horreur de cette sorte de pose. […] Toutes sortes de bêtes. […] Ils sont dans une sorte d’extase. […] Une sorte de confiscation.

84. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon » pp. 423-461

Très peu de parties de notre histoire (si on l’essaye) résistent à cette épreuve, et échappent à ce contrecoup ; car les peintres de cette sorte sont rares, et il n’y a même eu jusqu’ici, à ce degré de verve et d’ampleur, qu’un Saint-Simon. […] Et la Fronde, quelle moisson nouvelle de récits de toutes sortes, quelle brusque volée d’historiens inattendus elle a enfantés parmi ses propres acteurs en tête desquels Retz se détache et brille entre tous comme le plus grand peintre avant Saint-Simon ! […] Il y a une sorte d’histoire qui se fonde sur les pièces mêmes et les instruments d’État, les papiers diplomatiques, les correspondances des ambassadeurs, les rapports militaires, les documents originaux de toute espèce. […] Prétendre compter chez lui ces sortes de portraits, ce serait compter les sables de la mer, avec cette différence qu’ici les grains de sable ne se ressemblent pas. On ne peut porter l’œil sur une page des Mémoires sans qu’il en sorte une physionomie.

85. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Les romans de M. Edm. de Goncourt » pp. 158-183

Dans ce livre, M. de Goncourt a de nouveau consigné toutes les originales beautés de son art, l’acuité de sa vision, la délicatesse de son émotion et la science de sa méthode, la sorte particulière de style qui procède de cette sorte particulière de tempérament. […] C’est comme une intimité physique et intellectuelle, dans une sorte de demi-teinte où les lueurs fugitives des reverbères passant par les portières, jouent dans l’ombre avec la femme, disputent à une obscurité délicieuse et irritante sa joue, son front, une fanfiole de sa toilette et vous montrent un instant son visage de ténèbres, aux yeux emplis d’une douce couleur de violette. C’est dans la notation de ces sentiments ténus, délicieux et troubles qu’éclate la maîtrise de M. de Goncourt, dans le rendu tâtonnant, repris, poussé, flottant et enlaceur de ces mouvements d’âme vagues et inaperçus de tous, dans la description de l’ivresse languissante que causent à Chérie la musique ou un effluve de parfums, dans la sorte d’extase hilare de deux clowns tenant un tour qui stupéfiera Paris, dans la vague stupeur d’âme qui vide peu à peu la cervelle d’une prisonnière histérique. […] III À ce sentiment vif et pénétrant de la vie en acte, de ses remuements physiques et des ses agitations morales, à cette recherche appliquée et reprise de l’enveloppement du fait par la phrase, se joint en M. de Goncourt le goût particulier d’une certaine sorte de beauté, qu’il recherche avidement et rend amoureusement, dont l’attrait l’a guidé dans ses courses de collectionneur, dans la détermination des sujets et des scènes de la plupart de ses romans : le goût passionné du joli. […] M. l’empereur Napoléon Ier » ; un restaurateur de la rue Montmartre promet « pour 1 fr. 50 un repas comprenant : potage, 4 plats, 3 desserts et vin » ; enfin, un chocolatier encore ingénu libelle ainsi sa réclame : « La confiserie hygiénique fabrique deux sortes de chocolat : l’un qui est sa propriété exclusive a reçu le nom de chocolat bi-nutritif, parce qu’il contient des aliments alibiles empruntés au jus de poulet, et rendus complètement insipides. » On se targuait surtout au Paris d’avoir de la fantaisie, et visiblement Henri Heine était un peu le génie du lieu.

86. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre XI. Seconde partie. Conséquences de l’émancipation de la pensée dans la sphère de la littérature et des arts » pp. 326-349

Le règne de Louis XV, qui fut une sorte d’interrègne sous le rapport des mœurs, le fut aussi sous le rapport des arts : la décadence avait été trop précipitée pour qu’elle pût durer. […] Nous devons renoncer désormais à cette critique verbale qui n’entre point dans le fond des choses, qui s’attache surtout aux formes du style, à l’économie d’une composition, à l’observance de certaines règles, à la comparaison superstitieuse avec les modèles, sorte de critique secondaire dont M. de La Harpe est souvent un modèle si parfait. […] Tous les poètes qui ont suivi ont créé des événements plus ou moins analogues les uns aux autres, mais tous ont été fidèles à la sorte de vraisemblance du sujet ; tous ont été unanimes dans les caractères des personnages qui sont les héros de cette épopée romanesque. […] Au reste, ce que nous disions tout à l’heure de la réserve avec laquelle il faut user des divinités grecques s’étend non seulement aux divinités indiennes et scandinaves ou calédoniennes, mais encore à ces sortes d’êtres iconologiques et moraux dont la création est toute moderne. […] L’art pittoresque s’applique davantage aux détails de la vie privée : il a moins d’idéal, puisqu’il n’a pas cette sorte d’immobilité qui indique un être élevé au-dessus des passions humaines ; il est donc plus approprié à toutes les conditions de l’état social.

87. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre IV. De la morale poétique, et de l’origine des vertus vulgaires qui résultèrent de l’institution de la religion et des mariages » pp. 168-173

De cette divination, sortes, les Latins définirent le mariage, omnis vitæ consortium, et appelèrent le mari et la femme, consortes. En italien, on dit vulgairement que la fille qui se marie prende sorte. […] C’est le premier de tous les symboles divins après celui de Jupiter…   Considérons le genre de vertu que la religion donna à ces premiers hommes : ils furent prudents, de cette sorte de prudence que pouvaient donner les auspices de Jupiter ; justes, envers Jupiter, en le redoutant (Jupiter, jus et pater), et envers les hommes, en ne se mêlant point des affaires d’autrui ; c’est l’état des géants, tels que Polyphème les représente à Ulysse, isolés dans les cavernes de la Sicile : cette justice n’était au fond que l’isolement de l’état sauvage.

88. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Les frères Le Nain, peintres sous Louis XIII, par M. Champfleury »

Louis XIV et son époque introduisirent avant tout, la pompe, l’éclat, la majesté, la gloire, et, dans tous les genres, une sorte d’aspiration à la grandeur. […] … Tous ces personnages, hommes, femmes, enfants, sourient doucement, et à travers ce sourire perce une sorte de tristesse. […] L’auteur a moins de théorie et moins de connaissances comparées que plusieurs des savants qui ont traité de ce genre si réhabilité aujourd’hui ; mais il est praticien autant qu’aucun, et il a le sens de cette sorte d’investigation et de cueillette en pays de France. […] Je ne parle ni des cannes, ni des tabatières, qui peuvent avoir leur mérite, ni des coiffures ou perruques, ces parties intégrantes du costume ; mais les plus futiles objets, billets de théâtre, billets de faire-part, boutons de veste, etc., tout peut devenir matière à cette sorte d’avarice doublée d’amour-propre, et qui finit par être un tic, la Collection. […] Que si tout cela te manque et que tu te bornes strictement à ce que tu es, sans presque nul choix et selon le hasard de la rencontre, si tu te tiens à tes pauvretés, à tes sécheresses, à tes inégalités et à tes rugosités de toutes sortes, eh bien !

89. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Correspondance de Louis XV et du maréchal de Noailles, publiée par M. Camille Rousset, historiographe du ministère de la guerre »

Non, j’ose le dire, quoique incompétent dans le détail à coup sûr, mais après avoir entendu bien des déposants et par une sorte de verdict de sens commun, par une impression d’ensemble et comme une conviction naturelle, — non, il y avait de l’appareil plus que du fonds dans tout le maréchal de Noailles. […] Il y a problème, et un problème qui vaut la peine d’être éclairci, d’être résolu autant que ces sortes de problèmes peuvent l’être. […] Or, cette idée, à première vue, ressemblait trop à une imagination de Saint-Simon pour ne pas lui être attribuée, et en effet le duc de Noailles, qui soufflait ce feu, donnait tout bas son cher confrère pour auteur et promoteur de ce singulier projet de salutation, de telle sorte que, parmi cette noblesse outrée, plus d’un aurait pu lui en chercher querelle et lui faire un mauvais parti. […] On a rarement plus d’esprit et plus de toutes sortes d’esprit, plus d’art et de souplesse à accommoder le sien à celui des autres, et à leur persuader, quand cela lui est bon, qu’il est pressé des mêmes désirs et des mêmes affections dont ils le sont eux-mêmes, et pour le moins aussi fortement qu’eux, et qu’il en est supérieurement occupé. […] Je n’ai jamais été dans la politique, ni témoin de ces sortes d’intrigues ; mais la littérature a aussi ses compétitions, ses jalousies et ses roueries, et il est telle rencontre particulière, telle circonstance intime et avérée qui m’a suffi pour me former une idée exacte sur la moralité et le degré de délicatesse de certains hommes de talent que chacun vante et que je connais.

90. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « THÉOPHILE GAUTIER (Les Grotesques.) » pp. 119-143

Cela promet toute sorte d’éclats et d’ouvertures dans tous les sens, et c’est le cas, ou jamais, de dire avec M. […] Nous avons vu avec une sorte d’effroi que ce livre sortait des presses de Firmin Didot, si classique en impressions correctes. […] Gautier, qui souvent aurait eu peu à faire pour compléter de la sorte ses propres aperçus, pour donner du moins un fond solide à ses jeux brillants et capricieux, s’en est trop peu soucié d’ordinaire. […] Je pourrais continuer en bien des sens à épiloguer de la sorte, et harceler l’auteur sur bien des points, tant pour ce qu’il dit que pour ce qu’il ne dit pas. […] En agissant de la sorte, M.

91. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre sixième »

Deux sortes de poètes jouissaient alors de la faveur publique. […] est-ce que la raison dans Boileau serait d’une autre sorte que la raison générale ? […] L’objet de la raison, comme l’entend Boileau, n’est point une sorte de vrai ; c’est tout ce qui est vrai. […] Le vrai de l’Art poétique n’est pas d’une autre sorte que celui des satires littéraires. […] Cette sorte de spéculation, moitié littéraire, moitié philosophique, qui le plus souvent dégénère en une sorte de rêverie laborieuse et confuse, ne s’accommode pas de cet enthousiasme intérieur, de ce feu sans lequel il n’y a pas de poète.

92. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre IV. Addison. »

si pour l’exciter à la piété on l’avertissait915 que l’omniscience et l’omniprésence de Dieu nous fournissent trois sortes de motifs, et si on lui développait démonstrativement ces trois sortes, la première, la seconde et la troisième ? […] Chez lui le sol n’est point réduit à certaines sortes de plantes ; il convient également au chêne et au myrte, et s’accommode de lui-même aux produits de tous les climats. […] Elle était enfermée dans une sorte de substance cornée taillée en une infinité de petites facettes ou miroirs, lesquels étaient imperceptibles à l’œil nu ; de telle sorte que l’âme, s’il y en avait une là, avait dû passer tout son temps à contempler ses propres beautés. […] Ce sont des lettres de toutes sortes de personnages, ecclésiastiques, gens du peuple, hommes du monde, qui chacun gardent leur style et déguisent le conseil sous l’apparence d’un petit roman. […] On sent qu’il se plaît dans ce monde magnifique et fantastique ; c’est une sorte d’opéra qu’il se donne ; ses yeux ont besoin de contempler des couleurs.

93. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME GUIZOT (NEE PAULINE DE MEULAN) » pp. 214-248

Ces deux idées contradictoires en présence lui posaient une sorte d’énigme oppressante et douloureuse : sa raison approuvait et se révoltait à la fois dans une même cause. […] Le bon Pierre, avons-nous déjà dit, est une sorte de Pangloss honnête, un Jacques le Fataliste qu’on peut accueillir. […] Notre jeune écrivain essaya de faire de la sorte et y réussit ; son imagination l’aida dans cette combinaison assez naturelle et surtout attendrissante. […] Dans ces sortes d’actions réciproques, chacun même tour à tour semble avoir triomphé, selon qu’on examine l’autre. […] Elle tient une sorte de milieu entre Jean-Jacques et Mme Necker, à la fois pratique comme Jean-Jacques ne l’est pas, et rationaliste comme Mme Necker de Saussure ne croit pas qu’il suffise de l’être.

94. (1888) Petit glossaire pour servir à l’intelligence des auteurs décadents et symbolistes « Petit glossaire »

— Sorte d’étoffe. […] — Sorte de musette. […] — Sorte d’agate. […] — Sorte d’épice. […] — Sorte de poire.

95. (1901) Figures et caractères

Il y avait donc là une sorte de prodige à opérer. […] Il y a là des héros de toutes sortes. […] Une sorte de satisfaction hautaine le réconforte. […] Depuis, il est devenu une sorte de barde national. […] Les souvenirs washingtoniens de toutes sortes y abondent.

96. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Chapitre VII »

Ou bien l’enseignement du latin sera maintenu et même fortifié par l’étude des textes de la seconde et de la troisième latinité ; ou bien notre langue deviendra une sorte de sabir formé, en proportions inégales, de français, d’anglais, de grec, d’allemand, et toutes sortes d’autres langues, selon leur importance, leur utilité, ou leur popularité. […] Il y a deux sortes de peuples : ceux qui imposent leur langue et ceux qui se laissent imposer une langue étrangère.

97. (1889) Les artistes littéraires : études sur le XIXe siècle

Cette sorte de petite préface se termine par un vœu formulé dans une phrase un peu obscure : on espère que l’écrivain « élargira ses voies, en étendant son horizon ». […] N’était-ce pas, à huis clos, sans souci de l’opinion publique, une sorte de pendant réel à sa fiction de la Charogne ? […] N’est-ce là qu’un reflet exotique, amené par une sorte de dilettantisme bizarre ? […] En tant qu’effort philosophique, peut-être même y a-t-il quelque chose de génial dans cette sorte de travail. […] C’était en somme une sorte d’encyclopédie générale à exécuter sur une question particulière, et il était permis de reculer devant l’immensité de la tâche.

98. (1911) Visages d’hier et d’aujourd’hui

Il y a là une sorte de grandeur obscure et qui donne à rêver. […] Son œuvre est une sorte d’épopée effrayante de la maladie criminelle. […] Elle goûta ainsi toutes les sortes de la tendresse. […] Il a organisé là une sorte de catéchisme du « pessimisme héroïque ». […] Virgile devint une sorte de Tolstoï imprévu.

99. (1911) Études pp. 9-261

C’est une sorte de délivrance affreuse. […] Même quand la couleur force l’attention, c’est par une sorte d’acidité immobile. […] Elle a une sorte de gaîté qui est l’activité même de son cœur. […] Il est frappé d’une sorte d’immense amour hagard. […] Et ce détachement dont vous parlez, n’est-ce pas une sorte d’incapacité ? 

100. (1927) Quelques progrès dans l’étude du cœur humain (Freud et Proust)

Le premier conçoit les deux systèmes dans une sorte de conflit et de lutte réciproques. […] Proust dénonce de l’inconscient derrière toutes sortes de sensations et de sentiments très divers. […] Je crois qu’il exagère beaucoup cette sorte d’inconvénients, mais il met tout de même le doigt sur une des lacunes de la psychologie de Proust. […] C’était en tous cas, du premier coup, l’impression d’une sorte de miracle devant moi soudain réalisé. […] Et ils prennent ainsi une sorte de vérité qui les dépasse ; ils deviennent un moment de l’âme humaine, une forme générale du sentiment.

101. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre deuxième. L’idée de l’espace. Son origine et son action »

Cette manière d’être et de réagir propre à la conscience n’est point une forme, ni une sorte de cadre intellectuel a priori : c’est un état général en corrélation avec l’étendue de l’organisme, c’est un ensemble d’impressions venant de partout et provoquant une réaction du centre dans toutes les directions ; c’est un rayonnement véritable, une sorte d’irradiation de la vie comme celle d’un foyer de chaleur. […] L’intensité est une sorte de concentration, l’extension est une sorte d’expansion ; l’un n’est pas plus intellectuel en soi que l’autre. […] La résistance donne à l’obstacle une sorte de dureté, conséquemment de corporéité, de matérialité, comme quand on se heurte à un mur. […] En réalité il ne songe nullement à imiter la mort ; mais la crainte, en produisant une sorte de paralysie, l’empêche d’être aperçu par son ennemi ; son immobilité le sauve. […] L’odorat a une sorte d’accommodation qui se fait, par les muscles des ailes du nez.

102. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Introduction. » pp. -

Après tout, cette sorte de tableau idéal, le géométrique comme le psychologique, n’est guère complexe, et on voit assez vite les limites du cadre où les civilisations, comme les cristaux, sont forcées de se renfermer. […] Si la conception générale à laquelle elle aboutit est une simple notation sèche, à la façon chinoise, la langue devient une sorte d’algèbre, la religion et la poésie s’atténuent, la philosophie se réduit à une sorte de bon sens moral et pratique, la science à un recueil de recettes, de classifications, de mnémotechnies utilitaires, l’esprit tout entier prend un tour positiviste. […] Telle est la première et la plus riche source de ces facultés maîtresses d’où dérivent les événements historiques ; et l’on voit d’abord que si elle est puissante, c’est qu’elle n’est pas une simple source, mais une sorte de lac et comme un profond réservoir où les autres sources, pendant une multitude de siècles, sont venues entasser leurs propres eaux. […] Que le lecteur considère quelques-unes de ces grandes créations de l’esprit dans l’Inde, en Scandinavie, en Perse, à Rome, en Grèce, et il verra que partout l’art est une sorte de philosophie devenue sensible, la religion une sorte de poëme tenu pour vrai, la philosophie une sorte d’art et de religion, desséchée et réduite aux idées pures. […] Il y a un état moral distinct pour chacune de ces formations et pour chacune de leurs branches ; il y en a un, pour l’art en général, et pour chaque sorte d’art, pour l’architecture, pour la peinture, pour la sculpture, pour la musique, pour la poésie ; chacune a son germe spécial dans le large champ de la psychologie humaine ; chacune a sa loi, et c’est en vertu de cette loi qu’on la voit se lever au hasard, à ce qu’il semble, et toute seule parmi les avortements de ses voisines, comme la peinture en Flandre et en Hollande au dix-septième siècle, comme la poésie en Angleterre au seizième siècle, comme la musique en Allemagne au dix-huitième siècle.

103. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure »

Le poète était alors, socialement parlant, une sorte de pendant du comédien ; il amusait, et on le méprisait. […] Les écrivains, les poètes et les journalistes, relevés de cette sorte de dégradation civile qui n’admettait pas la partie égale entre eux et leurs adversaires, devraient bien, en se ressouvenant du passé, en tirer du moins cette morale, que c’est leur devoir, aujourd’hui que tout le monde les respecte ou est disposé à le faire, de se respecter également entre eux, de ne point renouveler les uns contre les autres ces dégradantes attaques qui ne sont autre chose que des bastonnades au moral et qui ont même introduit un infâme et odieux mot dans l’usage littéraire. […] Ô mes chers confrères (et je comprends sous ce nom toutes les sortes d’adversaires), contredisons-nous, critiquons-nous, raillons-nous même finement si nous le pouvons, mais ne nous bâtonnons jamais. […] On a la lettre par laquelle Marais le remercie : « Vous me comblez, monsieur, de toutes sortes d’honnêtetés, lui écrivait-il (29 décembre 1727), et je ne sais quelles grâces vous en rendre. […] Les plus grands hommes ont été exposés à ces sortes d’injustices ; rendez donc au plus tôt vos ouvrages publics, et marchez à la gloire que vous méritez. » Voilà un noble langage.

104. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SUE (Jean Cavalier). » pp. 87-117

Non, il n’est jamais permis à l’art humain d’être vrai de cette sorte ; quand même on aurait le sujet vivant, l’espèce sociale en personne sous les yeux, c’est là encore, si l’on peut dire, de l’art contre nature. […] On se détend alors ; on consent, après avoir dit beaucoup, à s’envelopper, si on le peut, dans la grâce, dans une sorte d’illusion idéale encore. […] On n’en veut jamais de cette sorte à un homme et à un roi sans avoir de très-proches raisons61. […] Nous ne nous fussions pas hasardé à critiquer de la sorte bien des confrères de M. […] J’imagine qu’il voulait voir par une sorte de gageure jusqu’où, cette fois, il pourrait conduire du premier pas ses belles lectrices, et si les grandes dames ne reculeraient pas devant le tapis franc.

105. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre VI. De la politique poétique » pp. 186-220

Les pères de famille avaient reçu les terres de la divine Providence, comme une sorte de fiefs divins ; souverains dans l’état de famille, ils formèrent par leur réunion les ordres régnants dans l’état de cités. […] Les Romains ont connu, au moins par une sorte d’instinct, cette formation des républiques d’après les principes éternels des fiefs. […] Chez les premiers peuples, on ôtait le droit de cité par une sorte d’excommunication (aquâ et igne interdicebantur). 2. […] De cette manière, le droit des gens qui s’observe maintenant entre les nations, fut, à l’origine des sociétés, une sorte de privilège pour les puissances souveraines. […] De même, quand la barbarie antique reparut au moyen âge, les princes décidaient eux-mêmes les querelles nationales par des combats singuliers, et les peuples se soumettaient à ces sortes de jugements.

106. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Une petite guerre sur la tombe de Voitture, (pour faire suite à l’article précédent) » pp. 210-230

Après s’être vus à Paris et s’être fait toutes sortes de bonnes grâces, Balzac fut le premier à attaquer de lettres Voiture : Monsieur, bien que la moitié de la France nous sépare l’un de l’autre, vous êtes aussi présent à mon esprit que les objets qui touchent mes yeux, et vous avez part à toutes mes pensées et à tous mes songes. […] Il a un certain art de faire bonne chère qui n’est guère moins à estimer que sa rhéthorique, et, entre autres choses, il a inventé une sorte de potage que j’estime plus que le Panégyrique de Pline et que la plus longue harangue d’Isocrate. […] Et, de l’autre côté, voilà Costar, cet esprit peu loyal, mais subtil et fin, qui va insinuer sur Balzac et ses enflures, sur ses procédés de style et ses moules de phrase qu’il ira même jusqu’à contrefaire, toutes sortes de critiques ironiques et sensées. […] Il a jugé que cette sorte d’éloquence ne pouvait souffrir deux Balzacs, non plus que l’empire d’Asie deux souverains, et le monde deux soleils ; que même la nature, je dis la jeune nature, lorsqu’elle était la plus féconde en miracles34, eût eu de la peine de produire en France deux hommes faits comme vous, et que sur son déclin, pour vous donner au monde, elle a épuisé ses derniers efforts. Il s’est donc résolu de vous laisser foudroyer et tonner tout seul… Il y a dans tout cela une ironie prolongée, aigre-douce, une sorte de parodie qui se complaît à contrefaire le Balzac tout en ayant l’air de le célébrer.

107. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « QUELQUES VÉRITÉS SUR LA SITUATION EN LITTÉRATURE. » pp. 415-441

1843 Il y a quelques années, il a été fait dans cette Revue une sorte d’appel à tous les talents qui, nés à peu près en même temps que le siècle, se trouvaient approcher de l’âge toujours redoutable de la maturité183. […] Nous sommes nés dans des entre-deux sans cesse coupés, non pas sous un seul astre continu, et force nous a été de croître à travers toutes sortes de régimes vacillants et recommençants. […] ni d’harmonie idéale comme les grands siècles tant cités, les choses pourtant étaient loin de se passer de la sorte. […] Aux œuvres, aux hommes qui se produisent et qui ont le don de l’amuser, de le fixer un instant, il est empressé, accueillant, facile ; il offre d’abord tout ce qu’il peut offrir, une sorte d’égalité distinguée : il vous accepte, vous êtes en circulation et reconnu auprès de lui, après quoi il ne demande guère plus rien. […] La première règle à se poser, dans cette série recommençante, serait de se garder de cette sorte de sévérité qui naît moins du fond des choses que du contraste et du désaccord entre les espérances exagérées et le résultat obtenu.

108. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Fontenelle, par M. Flourens. (1 vol. in-18. — 1847.) » pp. 314-335

Il convient que son héros n’a guère aimé qu’une seule fois avec une sorte de tendresse : c’est dans l’affection qu’il eut pour son ami et camarade d’enfance, M.  […] Fontenelle, de bonne heure, marqua tous les défauts d’une nature privée d’idéal et de flamme, et qui n’avait ni ciel à l’horizon ni foyer intérieur ; mais il eut aussi toutes les qualités compatibles avec ces sortes de natures purement intellectuelles. […] Il y gagne en même temps d’introduire toutes sortes de vérités sous un air frivole, et sans avoir affaire aux théologiens du temps, qui n’avaient pas encore pris leur parti de bien des choses. […] Comme il n’est nullement touché du sentiment des autres, il ose être de son opinion non seulement avec bonne foi, mais avec une sorte d’audace et d’impudeur tranquille. […] Cette sorte d’allure, on le sait, est surtout agréable aux femmes et aux délicats.

109. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Saint-Évremond et Ninon. » pp. 170-191

Son caractère naturel est une supériorité aisée ; je ne saurais mieux le définir qu’une sorte de Montaigne adouci. […] Le commerce des femmes me fournirait le plus doux, si l’agrément qu’on trouve à en voir d’aimables ne laissait la peine de se défendre de les aimer. » Et il montre de quelle sorte et dans quel esprit doit être l’entretien ordinaire auprès des femmes pour leur agréer : Le premier mérite auprès des dames, c’est d’aimer ; le second, est d’entrer dans la confidence de leurs inclinations ; le troisième, de faire valoir ingénieusement tout ce qu’elles ont d’aimable. […] Elle eut de la sorte pour amis tout ce qu’il y avait de plus trié et de plus élevé à la Cour, tellement qu’il devint à la mode d’être reçu chez elle, et qu’on avait raison de le désirer par les liaisons qui s’y formaient. […] De quelque sorte que cela soit, qui m’aurait proposé une telle vie, je me serais pendue. […] Toutes les deux en ce temps-là tenaient le sceptre de l’esprit, et passaient pour les arbitres des élégances… La dernière avait été façonnée de telle sorte par la nature qu’elle semblait une Vénus pour la beauté, et pour l’esprit une Minerve.

110. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — I. » pp. 343-360

Le père de Sylvain Bailly était à la fois peintre et auteur dramatique, homme d’esprit et de plaisir, qui faisait des parodies, de petits opéras-comiques et toutes sortes de bluettes pour la scène italienne ; je ne sais si le nom de baptême de Sylvain, qui fut donné à son fils, ne vient pas d’une de ces réminiscences pastorales. […] Il devenait de la sorte le médiateur entre eux ; il y avait dans ce rôle de quoi flatter l’amour-propre et dessiner un personnage. […] Martin68, a vu, non pas naître, mais se développer avec une faveur toute nouvelle deux hypothèses peu conciliables, et pourtant acceptées alors avec enthousiasme par les mêmes esprits, parce qu’elles dérivent d’une même source, de la passion pour le nouveau et l’inconnu, savoir : l’hypothèse du progrès indéfini de l’humanité, et l’hypothèse d’un âge d’or des sciences mathématiques et physiques près du berceau du genre humain. » En effet, dans le temps même où Turgot traçait pour l’humanité le programme d’une marche ascendante et d’un progrès indéfini, que Condorcet devait développer avec une sorte de fanatisme et pousser aux dernières limites, jusqu’à dire que la mort pour l’homme pourrait se retarder indéfiniment, Buffon, Bailly se reportaient en arrière vers un âge d’une date non assignable, dans lequel ils plaçaient je ne sais quel peuple sage, savant, inventeur à souhait, et créaient un véritable âge d’or pour des imaginations d’académiciens. […] Bailly a, ce me semble, une idée peu juste, en vertu de laquelle il juge très défavorablement de ces peuples anciens et les déclare incapables des inventions scientifiques, qu’il estime peut-être supérieures elles-mêmes à ce qu’elles étaient en effet : quand il voit chez eux des fables accréditées et prises au pied de la lettre, il croit que tout cela a dû commencer par être une poésie allégorique, et que ce n’est que par une sorte de corruption et de décadence qu’on en est venu à prêter graduellement à ces fables une consistance qu’elles n’avaient pas d’abord dans l’esprit des inventeurs : en un mot, il croit à une sorte d’analyse antérieure à une réflexion philosophique préexistante à l’enfance et à l’adolescence humaines si aisément riches de sensations et toutes fécondes en imagesj. […] [1re éd.] en un mot, il croit à une sorte d’analyse antérieure et à une réflexion philosophique préexistante à l’enfance et à l’adolescence humaines si aisément riches de sensations et toutes fécondes en images.

111. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Guillaume Favre de Genève ou l’étude pour l’étude » pp. 231-248

Favre s’attacha à prouver par toutes sortes de raisons qu’il faut lire Chloridos, et que ce nom de Chloris ou de Flora (car c’est encore la même chose) s’adapte tout naturellement à la Vénus Arsinoé. […] On le voyait faire toute sorte d’exercices suivant la saison ou suivant la compagnie, danser au milieu d’une société de femmes, et souvent faire porter après lui un portefeuille pour écrire quand il lui en prenait envie. […]  » Favre savait dès lors bien des sentiers, quantité de choses sur toutes sortes de points d’érudition et de belles-lettres. […] Il est piquant de voir comme chacun tirait à soi, par amour-propre, le héros demi-dieu : les Persans, pour se consoler d’avoir été vaincus, faisaient Alexandre fils du premier Darius (de telle sorte qu’en détrônant le second Darius, il n’avait fait que chasser son frère cadet) ; et les Égyptiens, en vertu d’un même point d’honneur, le faisaient fils de leur dernier roi national, Nectanèbe. Favre énumère successivement ce que disaient de la sorte, de plus ou moins absurde et de controuvé, les Persans, les Turcs, les Grecs Alexandrins, les Byzantins, les Moldaves, les Arabes, etc.

112. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LE COMTE MOLÉ (Réception à l’Académie.) » pp. 190-210

les gens de lettres par des choix d’une littérature moins spéciale, et par toutes les sortes de variétés que présentent, dans une société comme la nôtre, les applications publiques de la parole : à la bonne heure ! […] Mais il se trouvait, par bonne fortune, que le père de ce duc de La Trémoille avait épousé la petite-fille de Mme de La Fayette, l’auteur de la Princesse de Clèves, et le nouvel académicien, arrière-petit-fils de Mme de La Fayette par sa mère, se pouvait dire de la sorte petit-neveu (à la mode académique) de la Princesse de Clèves et de Zaïde. […] Et nul doute que c’était le souvenir de ces années de jeune union, qui avait ramené là M. de Chateaubriand, malgré son absence de dix ans à ces sortes de solennités. […] Il ignora cette sorte de rêverie des derniers jours que produisent les illusions détruites, et qui console de tout ce qui échappe par le plaisir d’en être détrompé. […] Je leur dis alors que mon discours leur ayant fait quelque plaisir, il auroit fait plaisir à toute la terre, si elle avoit pu m’entendre ; qu’il me sembloit qu’il ne seroit pas mal à propos que l’Académie ouvrît ses portes aux jours de réception, et qu’elle se fit voir dans ces sortes de cérémonies, lorsqu’elle est parée… Ce que je dis parut raisonnable, et d’ailleurs la plupart s’maginèrent que cette pensée m’avoit été inspirée par M.

113. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre premier. De l’amour de la gloire »

Les hommes ne veulent pas qu’on renonce totalement à ses intérêts personnels, et ce qui est, à un certain points contre leur nature, est déjoué par eux ; de tous ses avantages il n’y a que la vie qu’on puisse sacrifier avec éclat ; l’abandon des autres, quoique bien plus rare et plus estimable, est représenté comme une sorte de duperie ; et quoique ce soit le plus haut degré du dévouement, dès qu’il est nommé duperie, il n’excite plus l’enthousiasme de ceux mêmes qui sont l’objet du sacrifice. […] Il y a dans tous les caractères des défauts qui jadis étaient découverts, ou par le flambeau de l’histoire, ou par un très petit nombre de philosophes contemporains que le mouvement général n’avait point enivrés ; aujourd’hui celui qui veut se distinguer est en guerre avec l’amour-propre de tous ; on le menace du niveau à chaque pas qui l’élève, et la masse des hommes éclairés prend une sorte d’orgueil actif, destructeur des succès individuels. […] Par une sorte d’abstraction métaphysique, on dit souvent que la gloire vaut mieux que le bonheur ; mais cette assertion ne peut s’entendre que par les idées accessoires qu’on y attache ; on met alors en opposition les jouissances de la vie privée avec l’éclat d’une grande existence ; mais donner à quelque chose la préférence sur le bonheur, serait un contresens moral absolu. […] n’est plus un bonheur accordé à celui que la passion de la gloire a dominé longtemps ; ce n’est pas que son âme soit endurcie, mais elle est trop vaste pour être remplie par un seul objet ; d’ailleurs, les réflexions que l’on est conduit à faire sur les hommes en général, lorsqu’on entretient avec eux des rapports publics, rendent impossible la sorte d’illusion qu’il faut, pour voir un individu à une distance infinie de tous les autres : loin aussi que de grandes pertes attachent au genre de bien qu’il reste, elles affranchissent de tout à la fois ; on ne se supporte que dans une indépendance absolue, qui n’établit aucun point de comparaison entre le présent et le passé. […] En m’attachant avec une sorte d’austérité, à l’examen de tout ce qui doit détourner de l’amour de la gloire, j’ai eu besoin d’un grand effort de réflexion, l’enthousiasme me distrayait, tant de noms célèbres s’offraient à ma pensée ; tant d’ombres glorieuses, qui semblaient s’offenser de voir braver leur éclat, pour pénétrer jusques à la source de leur bonheur.

114. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire de la Restauration, par M. Louis de Viel-Castel » pp. 355-368

Nous sommes avec un esprit sage, prudent, modéré, doué des qualités civiles ; il a ses préférences, ses convictions ; il ne les cache pas, il les professe ; mais nous sommes aussi avec un esprit droit qui ne procède point par voies obliques ; lui du moins, en écrivant l’histoire, il ne songe à faire de niches à personne (ce qui est indigne d’esprits éclairés et mûrs, ce qui fait ressembler des hommes réputés graves, des hommes à cheveux gris et à cheveux blancs, à de vieux écoliers malins tout occupés à jouer de méchants tours à leur jeune professeur) ; il ne pense pas sans cesse à deux ou trois choses à la fois, il ne regarde pas toujours le présent ou l’avenir dans le passé : il étudie ce passé avec scrupule, avec étendue et impartialité, et il nous permet de faire avec lui, ou même sans lui, toutes sortes de réflexions sur le même sujet. […] Étonnez-vous après cela que le chêne de saint Louis, arrosé et rebaptisé de la sorte par l’eau de la Tamise, n’ait pu reverdir ! […] Comme dans une moralité satirique de la fin du Moyen Âge, le vieux monde qui se réveille, et qui, mal éveillé encore, se frotte les yeux, fait toutes sortes de maladresses et de balourdises, et cogne à tout coup le nouveau monde, qu’il croit absent, évanoui, et qu’il rencontre à chaque pas sans vouloir le reconnaître. […] Pareille faveur fut accordée à la Restauration : elle aura, en effet, sa seconde édition, — revue, augmentée et développée, très illustrée à coup sûr et très embellie, ornée de toutes sortes d’images et de figures brillantes, — mais, au fond et en définitive, une édition nullement corrigée74. […] Clausel de Coussergues qu’on fait passer par toutes sortes d’orthographes (t. 

115. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 4, de l’art ou de la musique poëtique, de la mélopée. Qu’il y avoit une mélopée qui n’étoit pas un chant musical, quoiqu’elle s’écrivît en notes » pp. 54-83

Qu’il y avoit une mélopée qui n’étoit pas un chant musical, quoiqu’elle s’écrivît en notes On a vû par l’énumeration et par la définition des arts musicaux, que la musique poëtique, prise dans toute son étenduë, ne faisoit qu’un seul et même art parmi les grecs, mais que parmi les romains elle faisoit deux arts distincts, sçavoir l’art de composer des vers métriques de toute sorte de figure, et la mélopée ou l’art de composer la mélodie. […] Ces republiques, dans la crainte que les vices de prononciation dans lesquels tomberoit leur officier, ne fissent rejaillir une sorte de ridicule sur les loix mêmes, prenoient donc la précaution de faire composer la déclamation de ces loix, et même elles vouloient que celui qui les recitoit fut encore soûtenu par un accompagnement capable de le redresser s’il manquoit. […] Je ne crois pas qu’on me reproche de faire signifier ici au terme de modulation le chant musical uniquement, quoique je lui donne ailleurs une acception beaucoup plus étenduë, en lui faisant signifier toute sorte de chants composez. […] " Boéce louë donc ici les musiciens des temps antérieurs, d’avoir trouvé deux inventions ; la premiere d’écrire les paroles et ce chant qui s’appelloit carmen et qui n’étoit, comme on le verra, qu’une simple déclamation ; la seconde étoit d’écrire toute sorte de chant, c’est-à-dire le chant musical même, dont Boéce va donner les notes quand il dit ce qu’on vient de lire. […] Le mot de semeia signifie bien toute sorte de signes en general, mais on en avoit fait le nom propre des notes ou des figures dont il est ici question.

116. (1912) L’art de lire « Chapitre II. Les livres d’idées »

Vous observez que toute sa politique doit venir de là, et vous êtes amené ainsi à comparer tel ou tel texte des Lois à la fameuse prosopopée des Lois dans le Criton, Vous vous dites que Platon est avant tout un aristocrate, mais qu’une sorte de respect stoïque et même chevaleresque de la loi est une chose qu’il doit avoir dans le cœur puisqu’il l’admire si fort dans le cœur des autres. Il serait donc une sorte de républicain aristocrate, républicain c’est-à-dire ne voulant être que sujet de la loi et voulant que la loi soit plus puissante que tous les hommes, aristocrate c’est-à-dire ne voulant pas du commandement de la foule. […] Cela peut aussi nous paraître très facile à réfuter par une donnée immédiate de la conscience, par cette affirmation de notre être intime que, si nous sentons en nous bien des vices, nous nous saisissons aussi à tel moment comme capable d’une vertu et comme dans une sorte d’impuissance de ne pas céder à son appel. […] Cela nous mènerait assez vite à une étroitesse d’esprit, à une sorte d’irréceptivité, si je puis dire ainsi, en vérité à une inintelligence acquise qui serait certainement la plus fâcheuse des acquisitions. […] Avec les philosophes, la lecture est une escrime où, quelques précautions prises, que nous avons indiquées, l’esprit prend incessamment des forces nouvelles qui peuvent être utiles de toutes sortes de façons et qui, par elles-mêmes et pour le seul plaisir de les posséder, valent qu’on les possède.

117. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre VII. Les hommes partagés en deux classes, d’après la manière dont ils conçoivent que s’opère en eux le phénomène de la pensée » pp. 160-178

Ce n’est point même encore l’objet de ce chapitre, parce que je dois, pour le moment, laisser la question indécise jusqu’à ce qu’elle sorte d’elle-même de la discussion comme conséquence rigoureuse. […] Ceux-là pensent que les libertés d’un peuple résultent de ses droits, et non point des concessions des princes, non plus que d’états antérieurs ; ils pensent que l’homme fait une sorte d’acte libre en entrant dans une association politique, et qu’à cet instant, qui est une fiction convenue, il cède une partie de ses droits, pour jouir de certains avantages qu’il n’aurait pas sans la société, comme, par exemple, celui de la propriété. […] Les rois alors avaient cette sorte de liberté qui est accordée encore aux sujets. […] Mais, avant de terminer ce chapitre, il faut que j’explique deux choses ; car, dans une telle matière, il est très difficile d’être clair d’après un simple énoncé, surtout lorsqu’on a peu l’habitude de ces sortes de discussions. […] L’autre observation que j’ai à faire consiste dans l’importance que j’attache à une question aussi abstraite et aussi ténue que celle dont nous sommes occupés ; car enfin il ne s’agit plus, au point où nous en sommes venus, que de prouver que si, à présent, l’union de la pensée et de la parole n’a plus cette sorte de simultanéité qui lui est attribuée par quelques personnes, elle n’a pu s’en passer pour l’établissement de toutes choses.

118. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Appendice. [Rapport sur les primes à donner aux ouvrages dramatiques.] » pp. 497-502

Quelques auteurs pourtant peuvent se tromper avec une sorte de sincérité et croire qu’il n’y a nul inconvénient à présenter hardiment les scènes d’un monde mélangé et corrompu, en ayant pour guide et pour conducteur quelque sentiment pur, quelque passion plus élevée, représentée dans un des personnages, et en visant à une conclusion satisfaisante pour les cœurs honnêtes ou pour les convenances sociales. […] Pourtant la limite entre les ridicules et les vices proprement dits ne saurait se franchir indifféremment, et dans ces vices mêmes tous ne sont pas de telle sorte qu’ils puissent être impunément exposés. […] Mais il a été remarqué d’autre part que cette sorte d’exagération avait toujours été concédée aux moralistes, aux satiriques, aux auteurs de comédies ; que c’est un peu la condition de la scène ; que si la vérité peut manquer sur quelques points du tableau, cette vérité se fait sentir en d’autres endroits d’une manière vive, énergique et neuve : par exemple, lorsque le personnage principal au quatrième acte se voit presque amené, à force d’humiliations d’avanies et d’outrages, à se repentir de ce qu’il a fait de bien, et à apostropher le monde entier dans une sorte de délire : moment dramatique et lyrique tout ensemble, d’une vigueur poignante.

119. (1874) Premiers lundis. Tome I « Diderot : Mémoires, correspondance et ouvrages inédits — I »

Cette sorte de conjuration instinctive et intéressée de tous les hommes de bon sens et d’esprit contre l’homme d’un génie supérieur n’apparaît peut-être dans aucun cas particulier avec plus d’évidence que dans les relations de Diderot avec ses contemporains. […] Sa vie se passa de la sorte, à penser d’abord, à penser surtout et toujours, puis à parler de ses pensées, à les écrire à ses amis, à ses maîtresses ; à les jeter dans des articles de journal, dans des articles d’encyclopédie, dans des romans imparfaits, dans des notes, dans des mémoires sur des points spéciaux ; lui, le génie le plus synthétique de son siècle, il ne laissa pas de monument. […] « Faisons en sorte, mon amie, que notre vie soit sans mensonge ; plus je vous estimerai, plus vous me serez chère ; plus je vous montrerai de vertus, plus vous m’aimerez… J’ai élevé dans mon cœur une statue que je ne voudrais jamais briser ; quelle douleur si je me rendais coupable d’une action qui m’avilît à ses yeux ! » « Au milieu de cela, j’envoie quelquefois ma pensée aux lieux où vous êtes, et je me distrais… Avec vous, je sens, j’aime, j’écoute, je regarde, je caresse, j’ai une sorte d’existence que je préfère à toute autre.

120. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre I. Un retardataire : Saint-Simon »

Ce qu’il écrivait, c’était le détail de ses idées et de ses affections : un parallèle des trois premiers rois Bourbons, où Louis XIII était le grand homme des trois, toute sorte de mémoires sur les duchés-pairies, sur leurs origines et leurs privilèges, toute sorte de mémoires historiques et politiques. […] Quand il eut annoté Dangeau, il se sentit seulement en haleine : il éprouva le besoin de rédiger, lui aussi, ses Mémoires ; il reprit les notes que, depuis l’âge de dix-huit ans, il avait entassées, et, gardant toujours une copie de Dangeau devant les yeux, pour lui donner le fil de l’exacte chronologie, il composa507 cette œuvre volumineuse qui embrasse les vingt dernières années de Louis XIV, avec toute sorte de digressions sur les parties antérieures du règne, et l’époque de la Régence. […] Rédigeant ses Mémoires au temps où le roi de Prusse cajolait Voltaire, il y notait l’envoi eu exil d’un certain « Arouet, fils, écrit-il, d’un notaire qui l’avait été de mon père, et de moi » ; il n’eût pas parlé de cette bagatelle, « si ce Arouet n’était devenu une sorte de personnage dans la république des lettres, et même une manière d’important dans un certain monde ».

121. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre XI. Troisième partie. Conséquences de l’émancipation de la pensée dans la sphère des idées politiques. » pp. 350-362

Il est évident que le juré qui ne voudra pas appliquer la peine de mort, dans les cas prévus par la loi, sera obligé de trahir sa propre conscience, de mentir à l’évidence du fait, ce qui est un très grand mal, parce que c’est une sorte d’immoralité qu’on ne se reproche point. […] La société continuera d’exister par l’échange mutuel des services entre les hommes et les classes ; mais ce ne peut plus être qu’un échange libre, une sorte de servitude volontaire, s’il est permis de parler ainsi. […] Les poètes anciens sont pleins de ces sortes de présages. […] Ce qu’on a appelé la force des choses constitue aussi, je le sais, une sorte de fatalité ; mais lorsque la société nouvelle sera définitivement assise sur ses véritables bases, la force des choses viendra de moins loin, aura moins d’intensité, et les rênes seront plus flottantes.

122. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXVII. Sort des ennemis de Jésus. »

Selon d’autres, il mourut d’une sorte d’hydropisie, accompagnée de circonstances repoussantes que l’on prit pour un châtiment du ciel 1229. […] Une légende pleine d’irrévérences de toutes sortes prévalut et fit le tour du monde, légende où les autorités constituées jouent un rôle odieux, où c’est l’accusé qui a raison, où les juges et les gens de police se liguent contre la vérité. […] Le gendarme y était considéré, comme ailleurs le juif, avec une sorte de répulsion pieuse ; car c’est lui qui arrêta Jésus !

123. (1894) Écrivains d’aujourd’hui

La musique particulière à ce style est d’une sorte de plainte continue. […] Bourget une sorte de bréviaire. […] Il y avait une sorte d’immense lueur diffuse dans les eaux. […] Il met une sorte de coquetterie à ne laisser planer aucun doute sur sa pensée. […] Il n’a aucune sorte de moralité.

124. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre quatrième »

Ses poésies sont un fruit de l’esprit français réduit à ses seules ressources, policé par le contact plutôt que fécondé par la pratique savante de l’antiquité, et ayant une sorte de maturité précoce, après laquelle la décrépitude commence. Après Marot, que la Réforme avait si mal à propos occupé de querelles théologiques et dont elle avait gâté le génie en lui faisant traduire en vers enfantins les magnifiques pensées des livres saints, deux sortes de poètes se partagent la faveur de la cour de Henri II. […] Dans son enthousiasme pour la langue grecque, il y voyait toutes sortes de conformités imaginaires avec la nôtre. […] On pourrait extraire quelques beaux vers des Antiquités de Rome ; sorte de chant dans lequel la vue des ruines fait faire au poète un retour sur lui-même. […] C’est par l’imagination que nous admirons les contemporains, et de là nos illusions ; c’est par le jugement, quelle que soit la prévention qui le sollicite, que nous les critiquons ; et de là cette sorte d’infaillibilité de la critique.

125. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — George Sand, Lélia (1833) »

Ce ne sont plus seulement des femmes du monde et d’un rang distingué, comme on disait, qui se délassent de la sorte ; ici comme ailleurs il n’y a plus de rang, et la démocratie coule à pleins bords. De quelque manière qu’on veuille interpréter ces symptômes évidents, qu’on y voie, comme les plus illuminés semblent le croire, l’annonce de je ne sais quelle femme miraculeuse destinée à tout pacifier ; qu’on y voie simplement, comme certains esprits plus positifs, la nécessité de réformer trois ou quatre articles du Code civil, nous pensons qu’il doit y avoir sous ce singulier phénomène littéraire une indication sociale assez grave ; nous aimons surtout à y voir un noble effort de la femme pour entrer en partage intellectuel plus égal avec l’homme, pour manier toutes sortes d’idées et s’exprimer au besoin en sérieux langage. […] Au lieu de signaler dans Lélia la véritable donnée génératrice, la pensée mi-partie saint-simonienne et mi-partie byronienne, au lieu d’y relever le côté original et senti, d’y blâmer le côté rebattu et déclamatoire, au lieu de saisir la filiation étroite de cette œuvre avec les précédentes de l’auteur, et d’apprécier cette Lélia au sein de marbre comme une sorte d’héroïne vengeresse de la pauvre Indiana, on a chicané sur une question de forme et d’école, on a reproché à l’écrivain l’abus du genre intime, comme s’il y avait le moindre rapport entre le genre intime et le ton presque partout dithyrambique, grandiose, symbolique ainsi qu’on l’a dit, et même par moments apocalyptique de ce poëme. […] Il est nécessaire à un auteur, en ces sortes de compositions, de s’arrêter souvent et de n’avancer que pas à pas, pour suivre sans écart le courant caché. 

126. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre X. Prédictions du lac. »

Le travail, dans ces sortes de climats, paraît inutile ; ce qu’il donne ne vaut pas ce qu’il coûte. […] Si Dieu prend soin de vêtir de la sorte une herbe des champs, qui existe aujourd’hui et qui demain sera jetée au feu, que ne fera-t-il point pour vous, gens de peu de foi ? […] L’Évangile, de la sorte, a été le suprême remède aux ennuis de la vie vulgaire, un perpétuel sursum corda, une puissante distraction aux misérables soins de la terre, un doux appel comme celui de Jésus à l’oreille de Marthe : « Marthe, Marthe, tu t’inquiètes de beaucoup de choses ; or une seule est nécessaire. » Grâce à Jésus, l’existence la plus terne, la plus absorbée par de tristes ou humiliants devoirs, a eu son échappée sur un coin du ciel. […] Dieu des richesses et des trésors cachés, sorte de Plutus dans la mythologie phénicienne et syrienne.

127. (1888) Poètes et romanciers

L’écho des louanges officielles autour de sa tombe lui faisait peur ; il y voyait une sorte d’indiscrétion posthume. […] Son amour ne me semble être qu’une sorte d’attendrissement, de pitié, ou tout au plus de l’amitié émue. […] Il me paraît y avoir, dans cette sorte de critique, un déplorable système de chicane contre une mémoire illustre. […] Je ne prétends pas qu’en ces sortes de sujets la vérité excuse tout. […] Jusque-là, c’était toujours avec une sorte de timidité qu’il avait tenté d’en élever le ton.

128. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — III. (Fin.) » pp. 371-393

Il fallut même, pour cette dernière, vaincre une sorte d’opposition des artistes de la danse, qui s’entendaient pour lui refuser toute espèce de talent. […] Plus tard, dans ses loisirs, lui aussi il reviendra passionnément et avec une prédilection marquée à une sorte de culte, au culte littéraire du xviie  siècle ; mais, même dans ce mouvement qui lui est commun avec d’autres, notez les différences. […] À partir de cette époque, il voyait comme une double lutte se poursuivre entre deux sortes de sociétés rivales et incompatibles, entre la société ingénieuse et décente dont Anne de Bretagne avait donné l’idée, et la société licencieuse dont les maîtresses de roi, les duchesse d’Étampes, les Diane de Poitiers, favorisaient le triomphe. […] Cette activité, longtemps dispersée sur toutes sortes de sujets dont aucun ne lui paraissait ingrat, s’est retrouvée la même à la fin sur d’autres sujets purement agréables et parfaitement désintéressés. […] Dans ses Mémoires qu’on a récemment publiés (1866), il ne dissimule nullement cette sorte d’antipathie de nature et cette discordance de ton (t. 

129. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — II » pp. 454-475

Vous, mon cher ami, vous êtes onctueux et indulgent. » Cette onction de M. de Meilhan de loin nous échappe, mais les auteurs contemporains ont ainsi, pour les personnes qui les connaissent et qui les aiment, toutes sortes de vertus et de supériorités singulières qui s’évanouissent à distance. […] C’est ainsi que de près il a pu inspirer une sorte de surprise et d’enthousiasme à ceux qui l’ont beaucoup vu, au prince de Ligne comme à Mme de Créqui. […] Dès qu'elle est née et produite, il la reconnaît comme une puissance sans arrêt et une sorte de fatalité irrésistible. […] La conclusion du président, dans cette espèce de liquidation d’une grande bibliothèque, qu’il montre si réduite si l’on en ôtait tout ce qui est devenu inutile, fastidieux ou indifférent, semblera peu en rapport avec nos goûts d’aujourd’hui, à nous qui aimons toutes les sortes de curiosités et d’éruditions, et qui y recherchons, jusqu’à la minutie, les images et la reproduction du passé ; elle a pourtant sa vérité incontestable et philosophique, plus certaine que les vogues et les retours d’un moment : Tous ces livres, dit-il en achevant son énumération, ne seront pas plus recherchés un jour que les factums relatifs à des affaires qui dans leur temps fixaient l’attention générale. […] Malgré moi tu m’apprends toutes sortes de hontes, moi qui connais tout ce qu’il y a de bon et de beau parmi les hommes. » Le vieux poète, imbu d’une philosophie naturellement païenne et voluptueuse, s’adresse à un jeune ami Cyrnus.

130. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SCRIBE (Le Verre d’eau.) » pp. 118-145

Il lui assurait toutes sortes d’avantages. […] Son théâtre, à le bien analyser, se réduirait probablement à quatre ou cinq situations fondamentales, auxquelles il a mis toutes sortes de paravents et de toilettes diverses. […] Mais ici, à l’insistance, à la vivacité de son attaque, on sent une sorte d’inspiration morale, une conviction qui n’est peut-être autre que le mépris très-cordial de ceux qu’il met en jeu. […] Il y aurait toutes sortes de critiques à y adresser, et qui seraient justes, et on les a faites la plupart sans nous. […] La comédie devient chose bien difficile de nos jours ; il y a toutes sortes de raisons à cela.

131. (1889) L’art au point de vue sociologique « Introduction »

Vie intense, en effet, sera celle de l’artiste, car « on ne donne après tout la vie qu’en empruntant à son propre fonds… Produire par le don de sa seule vie personnelle une vie autre et originale, tel est le problème que doit résoudre tout créateur5. » La caractéristique du génie est donc, pour Guyau, « une sorte de vision intérieure des formes possibles de la vie », vision qui fera reculer au rang d’accident la vie réelle. […] En outre il est des types proprement sociaux, qui ont pour but de représenter l’homme d’une époque dans une société donnée ; or, les conditions de la société humaine sont de deux sortes : il y en a d’éternelles et il y en a de conventionnelles. […] Quant au réalisme, son mérite est, en recherchant « l’intensité dans la réalité », de donner une impression de réalité plus grande, par cela même de vie et de sincérité : « la vie ne ment pas, et toute fiction, tout mensonge est une sorte de trouble passager apporté dans la vie, une mort partielle. » L’art doit donc avoir « la véracité de la lumière ». […] C’est donc surtout par des raisons morales et sociales que doit s’expliquer, — et aussi se régler, — l’introduction du laid dans l’œuvre d’art réaliste. » L’art réaliste a pour conséquence d’étendre progressivement la sociabilité, en nous faisant sympathiser avec des hommes de toutes sortes, de tous rangs et de toute valeur ; mais il y a là un danger que Guyau met en évidence. […] « Nous sentons s’enrichir notre cœur quand y pénètrent les souffrances ou les joies naïves, sérieuses pourtant, d’une humanité jusqu’alors inconnue, mais que nous reconnaissons avoir autant de droit que nous-mêmes, après tout, à tenir sa place dans cette, sorte de conscience impersonnelle des peuples qui est la littérature. » Enfin la sociabilité humaine doit s’étendre à la nature entière ; de là cette part croissante que prend dans l’art moderne la description de la nature.

132. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre onzième. La littérature des décadents et des déséquilibrés ; son caractère généralement insociable. Rôle moral et social de l’art. »

L’état de fièvre, pour la conscience, se manifeste par le sentiment d’un malaise vague et d’un manque d’équilibre intérieur, et il y a une sorte de gens dont l’état normal est semblable à la fièvre, les névropathes et les délinquants. […] Les causes perturbatrices peuvent être de bien des sortes, mais le résultat est le même : ralentissement ou abaissement de la production littéraire. […] La lumière n’est plus qu’un demi-jour, un clair de lune perpétuel ; les images sont plus semblables à des — impressions, aux impressions de toutes sortes que les choses produisent en nous, — qu’à ces choses elles-mêmes. […] Un psychologue distingué parmi nos littérateurs, Paul Bourget, a fait une sorte d’apologie de la décadence et de la littérature appelée « malsaine ». […] « La décadence romaine, dit encore Paul Bourget, représentait un plus riche trésor d’acquisitions humaines. » — Nullement : elle marquait la fin des acquisitions et le commencement des pertes de toute sorte.

133. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Charron — I » pp. 236-253

Il se fit recevoir avocat, et fréquenta quelque temps le Palais ; mais prévoyant trop d’obstacle et d’ennui dans la pratique, par la dépendance où se trouvaient les avocats vis-à-vis des procureurs, il se tourna du côté de l’Église, et muni comme il était de toute sorte de doctrine, doué d’une faconde naturelle, et d’une parole abondante et démonstrative, il devint prêtre et prédicateur. […] Or ce grand bouillon de colère et indignation étant aucunement refroidi, et là-dessus ayant ouï parler des gens de toute sorte, consultant à part moi souvent de ce qu’en conscience il en faut tenir et croire, enfin je me suis aperçu bien changé… Il est à remarquer que la date de cette lettre, qui est d’avril 1589, coïncide avec les premiers temps de la connaissance que fit Charron de Montaigne37 : je n’irai pas jusqu’à conjecturer que, dès les premiers entretiens, Montaigne fut pour quelque chose dans ce changement de Charron. […] Au moment de la conversion de Henri IV, Charron pensa qu’il était bon et opportun de publier une réfutation de cet ancien traité, et qui fût en même temps une exhortation claire et démonstrative, une sorte de manifeste résumant le vœu de tous les bons Français et leur désir de voir les principaux compagnons du roi de Navarre imiter l’exemple de leur roi. […] Chez Charron, on voit trop l’arrangement et l’art, et une sorte d’insouciance d’arriver. […] Il y a quelque égoïsme et bien de la superbe dans ce portrait si méprisant du monde, mis en regard de cette sorte d’insensibilité mi-sceptique et mi-stoïque qu’il caresse et qui est son idéal secret.

134. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « La princesse des Ursins. Ses Lettres inédites, recueillies et publiées par M. A Geffrot ; Essai sur sa vie et son caractère politique, par M. François Combes » pp. 260-278

Il n’est pas un point de l’histoire de Mme des Ursins, et pouvant de près ou de loin s’y rapporter, qui n’ait été l’objet, de sa part, d’un examen approfondi, et qui ne lui ait fourni la matière d’un chapitre ou plutôt d’une sorte de mémoire raisonné et de dissertation. […] Pensionnée à cette fin par Louis XIV, elle est une sorte de résidente perpétuelle de la France, une coadjutrice utile et zélée, parfois un peu rivale, de nos cardinaux et de nos ambassadeurs. […] Le cardinal de Giudice et les auditeurs de Rote espagnols m’ayant vue depuis, ils m’ont témoigné une aversion infinie pour l’archiduchesse, jusqu’à me dire que ce mariage les faisait retomber dans leur premier malheur et qu’ils ne croyaient pas même qu’il y eût de la sûreté à livrer leur roi à ces sortes de femmes. […] La maréchale de Noailles, en effet, n’avait pas moins de onze filles sur vingt et un enfants ; il y avait de quoi l’allécher que de lui montrer de grands partis, et sous air de railler on venait de glisser une sorte de promesse. — C’est dans ces termes habiles et modestes que Mme des Ursins présente d’abord son idée, sa vue. […] La galanterie, qui ne quitte guère jamais ces sortes de femmes, n’est que sur le second plan, et reste subordonnée ou même subalterne : la grande comédienne et la belle joueuse sont seules toujours en avant.

135. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Stéphane Mallarmé » pp. 146-168

C’est à expliquer, sinon à concilier des jugements si divers, que veut s’employer cette étude, sorte de mise au point impartiale du débat. […] Après un déjeuner « très bref » auquel assistait Mistral, Mallarmé conduit ses visiteurs dans son cabinet de-travail et leur lit l’ouvrage auquel il travaillait : C’était, poursuit Mendès, un assez long conte d’Allemagne, une sorte de légende rhénane, qui avait pour titre Igitur d’Elbénone. […] c’était à cela, à cette œuvre dont le sujet ne s’avouait jamais, à ce style où l’Art, certes, était évident, mais où les mots, comme par une sorte de gageure, hélas ! […] Est-ce par la seule magie de sa parole qui provoquait chez ses auditeurs « une sorte de griserie intellectuelle » ? […] Et Retté, romantique malgré lui jusqu’à la moelle des os, s’élève contre cette prétention d’un langage spécial, convaincu qu’il est que le rôle du poète consiste à dépeindre, au moyen d’images frappantes, ses joies et ses douleurs personnelles, de telle sorte qu’elles offrent à tous une interprétation fidèle des joies et des douleurs communes.

136. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Lettres inédites de l’abbé de Chaulieu, précédées d’une notice par M. le marquis de Bérenger. (1850.) » pp. 453-472

Je vous assure que c’est un agréable spectacle que d’en voir cent avec des vestes de toutes sortes de couleurs, des écharpes de soie tressée où pend un sabre auprès duquel le mien, que l’abbé de Marcillac a tant vanté, serait un canivet (petit couteau). […] Chaulieu indique à sa belle-sœur qu’il serait en passe, s’il demeurait tant soit peu, d’avoir toutes sortes de succès. […] Dans une des lettres nouvelles, on le voit, après un voyage en Nivernais, qui a été des plus fatigants, arriver à une terre appelée les Bordes ; il faut entendre comme il en décrit les délices : « On y mange quatre fois par jour ; on y dort vingt heures, et il n’y a pas de lit que le Sommeil n’ait fait de ses propres mains. » Et il entre alors dans tous les détails sur les avantages du lieu, et sur certains agréments de garde-robe qu’il décrit au long à sa belle-sœur avec un enthousiasme, avec une sorte de verve lyrique que je me garderai de citer ; nous sommes devenus trop petite bouche pour cela. […] Chaulieu ne quitta presque pas un jour, dans ses dernières années, le prince qu’il appelait son bienfaiteur et son ami, et avec qui il vivait depuis quarante ans dans le sein de la confiance et de l’intimité : « Ces sortes de mariages de bienséance, sans être un sacrement, disait-il, ont la même force que les autres, et se peuvent quasi aussi peu dissoudre. » Dans l’assertion grave de Saint-Simon, il faut faire la part de l’aversion bien connue du noble écrivain pour les gens de peu, redoublée de celle qu’il avait pour les poètes et rimeurs. […] Il est intitulé « Fragment », et il commence brusquement par plusieurs points, de cette sorte : … Il disait que l’esprit dans cette belle personne était un diamant bien mis en œuvre.

137. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Les Faux Démétrius. Épisode de l’histoire de Russie, par M. Mérimée » pp. 371-388

Ce Boris était de ces hommes d’énergie et d’autorité qui, en voulant régner et se satisfaire, veulent aussi civiliser à tout prix une nation ; c’était une sorte de Pierre le Grand anticipé et incomplet, venu dans des conditions moins favorables. […] Mérimée nous a rendu parfaitement les progrès de Démétrius et fait sentir les causes de son succès dans une sorte de conspiration universelle. […] Le temps et les délais sont pour lui, au rebours de ce qui a lieu en ces sortes d’entreprises qui, désespérées d’ordinaire, veulent être enlevées dans un premier succès. […] Tite-Live, dans sa belle et large manière qui est la vraie voie romaine en histoire, commence volontiers par invoquer les dieux et les déesses, sentant qu’il y a une sorte de religion dans ce qu’il entreprend. […] Lui, il ne procède point de la sorte ; il s’interdit ces analyses de cœur faites au nom de celui qui raconte ; il n’a jamais de ces petits couplets rêveurs ou mélancoliques.

138. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre V. Seconde partie. Des mœurs et des opinions » pp. 114-142

Il fallait alors que la philosophie luttât contre les égarements de l’imagination, contre les séductions des sens, mais toujours en respectant le sentiment religieux, sorte d’instinct qui seul donne de la durée à l’existence de l’homme, qui seul revêt d’une sanction inviolable les lois auxquelles il doit obéir. […] Ainsi l’excommunication admise par les traditions du clergé de France contre les spectacles paraît être en opposition avec les opinions actuelles, avec les progrès de la société : cependant elle est tellement dans nos habitudes de bienséance, que si elle tombe devant la force de l’opinion il restera toujours cette sorte d’excommunication civile dont les Romains, avant nous, avaient déjà frappé cette classe qui se dévoue aux plaisirs du public, cette profession où ceux qui l’exercent immolent leur personne même à la multitude. […] Dans un pays où le bien-être social consiste en des choses de délicatesse et de goût, où l’existence intime repose sur l’honneur, où les discours légers ont tant de gravité, où les interprétations d’une conduite exempte de tout reproche peuvent être si fatales, ou les femmes sont tellement mêlées à la société, et y mêlent tellement toutes les sortes de susceptibilités, et j’oserais dire toutes les sortes de pudeur, où tous les amours-propres sont toujours éveillés et si facilement irritables ; dans un tel pays, avouons-le, la médisance devient de la calomnie, les écrits indiscrets feront des blessures profondes que nulle puissance au inonde ne pourra guérir, la censure deviendra un tribunal public dont les arrêts justes ou injustes seront trop souvent des outrages. […] Chez nous, par exemple, pour la certitude du calcul, il faut considérer les opinions où elles sont actuellement, et les mœurs où elles étaient avant la Régence ; car ce n’est qu’à cette époque que l’on peut juger de nos véritables mœurs nationales ; à présent elles sont trop voilées par nos opinions : les mœurs de la Régence et celles qui ont suivi sont une exception dans l’histoire de notre caractère, une sorte d’interrègne et de confusion. […] Un orateur de la Chambre des Députés demandait une sorte de code pénal pour punir ceux des électeurs qui se montreraient trop peu empressés à exercer leurs droits : sans doute il pensait aussi que le régime représentatif n’était point encore dans nos mœurs.

139. (1901) L’imagination de l’artiste pp. 1-286

Cela peut même devenir une sorte d’obsession. […] Nous pouvons même reconnaître dans un thème graphique une sorte de tonalité. […] D’où vient cette sorte d’équivalence que j’établis entre les deux sensations ? […] Que de belles œuvres perdues de la sorte dans l’entraînement des manipulations ! […] Il faut aussi qu’elles aient une sorte de généralité typique pour pouvoir être plusieurs fois répétées.

140. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Dédicace, préface et poème liminaire de « La Légende des siècles » (1859) — Préface (1859) »

Exprimer l’humanité dans une espèce d’œuvre cyclique ; la peindre successivement et simultanément sous tous ses aspects, histoire, fable, philosophie, religion, science, lesquels se résument en un seul et immense mouvement d’ascension vers la lumière ; faire apparaître, dans une sorte de miroir sombre et clair ― que l’interruption naturelle des travaux terrestres brisera probablement avant qu’il ait la dimension rêvée par l’auteur ― cette grande figure une et multiple, lugubre et rayonnante, fatale et sacrée, l’Homme ; voilà de quelle pensée, de quelle ambition, si l’on veut, est sortie la Légende des Siècles. […] Quand d’autres volumes se seront joints à ceux-ci, de façon à rendre l’œuvre un peu moins incomplète, cette série d’empreintes, vaguement disposées dans un certain ordre chronologique, pourra former une sorte de galerie de la médaille humaine. […] L’auteur, du reste, pour compléter ce qu’il a dit plus haut, ne voit aucune difficulté à faire entrevoir dès à présent qu’il a esquissé dans la solitude une sorte de poëme d’une certaine étendue où se réverbère le problème unique, l’Être, sous sa triple face : l’Humanité, le Mal, l’Infini ; le progressif, le relatif, l’absolu ; en ce qu’on pourrait appeler trois chants, la Légende des Siècles, la Fin de Satan, Dieu.

141. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre V. Première partie. Les idées anciennes devenues inintelligibles » pp. 106-113

Parmi ces différentes sortes d’idées il est bien facile de reconnaître celles qui cherchent à s’introduire de force dans le monde, sans y être attendues, et celles qui ont fini de régner, mais dont on voudrait prolonger l’empire parmi les peuples. […] Il est devenu sensible pour tous que les idées anciennes non seulement étaient décréditées, mais encore qu’elles étaient frappées d’une sorte d’obscurité qui les rendait inintelligibles au plus grand nombre ; comme les paroles de cette fille de Priam, qui étaient empreintes du sentiment de l’avenir, mais à qui le don d’imposer la croyance avait été refusé. […] Ainsi chez les uns l’opposition venait de la force de leur caractère ; chez les autres, d’une sorte de timidité qui est une marque certaine de droiture.

142. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LONGUEVILLE » pp. 322-357

Il aura peut-être agréable l’humiliation de mon cœur et l’enchaînement de mes misères profondes… Adieu, ma chère Mère, mes larmes m’aveuglent ; et s’il étoit de la volonté de Dieu qu’elles causassent la fin de ma vie, elles me paroîtroient plutôt les instruments de mon bien que les effets de mon mal. » M. de Grasse ne cessait aussi de lui écrire, et il l’avait fait avec une sorte d’éloquence, sur cette mort. […] Par cette humeur donc, j’ai ouvert avec rapidité cette lettre. » Elle poursuit de la sorte, et ajoute bien des aveux sur ses prompts dégoûts, ses mobilités d’humeur, ses brusques sécheresses envers les gens, si elle n’y prenait garde. […] Ce fut une sorte de douceur dernière, et bien permise, à laquelle son inconsolable mère fut crédule. […] Mme de Sévigné (lettre du 12 avril 1680) loue d’étrange sorte, et non sans de vives pointes d’ironie, cette oraison funèbre qu’on ne permit pas même d’imprimer. […] Cousin revient avec éloquence, avec passion, sur cette même gracieuse querelle ; il l’étend même cette fois davantage et traite M. de La Rochefoucauld de telle sorte qu’il nous donnerait bien envie de relever le gant, si nous en avions le droit et si déjà nous n’en avions trop dit.

143. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Ernest Renan »

Il y plonge par ses racines, il en a gardé le fond ; et parmi ceux qui sont habitués à reconnaître et à démêler ce qui subsiste d’essentiel à travers les transformations morales, je n’étonnerai personne en disant que, sous sa formephilosophique la plus consommée, il a encore de sa race première certains traits que lui-même a notés comme les plus profonds et les plus durables, « la foi, le sérieux, l’antipathie pour ce qui est vulgaire, le mépris de la légèreté » ; — oui, la foi, — une sorte de foi, non au surnaturel, mais au divin ; et l’on peut dire en effet que, dans sa manière d’envisager la nature, l’histoire et l’humanité, M.  […] Renan avait reçu notamment une très vile impression des idées et des vues de Herder ; cette espèce de christianisme ou de fonds religieux supérieur, qui admet toutes les recherches, toutes les conséquences de la critique et de l’examen, et qui, avec cela, laisse subsister le respect, même l’enthousiasme ; qui le conserve et le sauve en le transférant en quelque sorte du dogme à l’histoire, à la production complexe et vivante, le rasséréna et le tranquillisa beaucoup ; il sentait que, s’il eût vécu en Allemagne, il eût pu trouver des stations propices à une étude indépendante et respectueuse, sans devoir rompre absolument avec des choses ou des noms vénérables, et à l’aide d’une sorte de confusion heureuse de la poésie avec la religion du passé. […] Et puis, nous dit-il encore : « Si j’étais né pour être chef d’école, j’aurais eu un travers singulier : je n’aurais aimé que ceux de mes disciples qui se seraient détachés de moi. » L’enseignement philosophique, en effet, s’il n’est pas la démonstration obligée d’une sorte de catéchisme philosophique dont les articles, posés à l’avance, sont réputés irréfutables, ne saurait être qu’une provocation et une excitation à une recherche incessante, qui, dès lors, amène avec elle ce qu’elle peut et n’exclut rien de ce qu’elle trouve. […] C’est ce qu’il appelle la conscience du genre humain, — une sorte de miroir supérieur et mobile où se réfléchissent et se concentrent les principaux rayons, les principaux traits du passé, et qu’à chaque époque le nombre plus ou moins grand des hommes qui pensent promène avec soi et transmet à ceux qui suivent. […] On a, d’après cette manière de voir, une sorte d’équivalent de l’immortalité, dont l’idée ne ferait ainsi que se déplacer et se traduire.

144. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Le père Lacordaire. Quatre moments religieux au XIXe siècle. »

Je connus l’abbé Lacordaire à l’époque de ses premiers débuts et pendant tout le cours de sa liaison avec l’abbé de Lamennais, et je continuai de le voir encore dans les années qui suivirent, jusqu’à ce que son dernier habit fût venu mettre une sorte de barrière entre les profanes purement respectueux et lui. […] Et pourtant il faut bien dire un mot de ce que nous pensons : c’est le propre et, si l’on veut, le faible de l’esprit critique, quand il a quelque chose (ne fût-ce qu’un petit mot) à dire, de ne pouvoir le garder ni sur le cœur ni sur la langue : il faut absolument que le grain de sel sorte, si grain de sel il y a. […] J’aurais peur de scandaliser toutefois en louant trop longtemps de cette sorte, et je ferai à d’autres lettres quelques objections sérieuses. […] Et encore, dans la même lettre, après une sorte d’anathème lancé à Vico : « Je vous supplie, mon cher ami, de ne pas vous laisser séduire aux écrits modernes. […] On peut voir notamment la lettre très-belle, très-juste, sur l’éducation domestique d’un petit monsieur gâté dans sa famille, « une sorte de petite momie enfermée dans un vase de soie et qui finit par se croire un petit dieu » (pages 125-128) ; cette lettre, qui est de la fin de 1850, présageait les talents que le Père Lacordaire ne se savait pas encore pour l’éducation de la jeunesse et qu’il a développés dans la dernière partie de sa carrière.

145. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre III. Poésie érudite et artistique (depuis 1550) — Chapitre I. Les théories de la Pléiade »

Deux noms résument les tendances du groupe : Maurice Scève, compliqué, savant, singulier, obscur, avec une sorte d’ardeur intime qui soulève parfois le lourd appareil des allusions érudites et de la forme laborieuse ; Louise Labé, la fameuse cordière, qui fit le sonnet mignard aussi brûlant qu’une ode de Sapho191. […] Du Bellay et Ronsard ont à conquérir le terrain sur deux sortes d’ennemis : les ignorants et les humanistes. […] Il fallait jeter bien des mots dans la langue ; les meilleurs resteraient, élus par l’usage ; une sorte de concurrence et de sélection naturelle déblaierait le vocabulaire peu à peu. […] 5° Légitime aussi est l’emploi des termes techniques et de métiers : et de hanter « toutes sortes d’ouvriers et gens mécaniques », c’est pour le poète un excellent moyen d’élargir le vocabulaire littéraire. […] La poésie devient comme un magasin de bric-à-brac gréco-romain, où sont entassés pêle-mêle toute sorte d’oripeaux et d’accessoires : et il est étrange que Ronsard, qui avait le bon goût d’aimer « la naïve facilité d’Homère », n’ait pas vu que le meilleur moyen de ne pas ressembler à Homère était précisément, pour un homme du xvie  siècle… de s’habiller, de parler, de marcher comme le lointain aède des temps héroïques.

146. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XVII. Forme définitive des idées de Jésus sur le Royaume de Dieu. »

S’il n’eût été qu’un puritain, une sorte de Channing ou de « Vicaire Savoyard », il n’eût obtenu sans contredit aucun succès. […] On y avait pratiqué à diverses époques le culte du feu, et l’endroit était devenu une sorte de cloaque. […] » devint une sorte de mot de passe que les croyants se disaient entre eux pour se fortifier dans leur foi et leurs espérances. […] La société n’étant plus sûre de son existence, en contracta une sorte de tremblement et ces habitudes de basse humilité, qui rendent le moyen âge si inférieur aux temps antiques et aux temps modernes 816. […] Une sorte de divination grandiose semble l’avoir tenu dans un vague sublime embrassant à la fois divers ordres de vérités.

147. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — Se connaître »

Il y aurait là, suivant son intime sentiment, une sorte de prédestination divine ou fatale, que nulle force humaine ne pourra contrarier. […] Cette sorte d’esprits inamovibles constitue le gros de l’opinion. […] Je trouve un merveilleux exemple de cette sorte d’opinion dans le spirituel article d’un publiciste en vogue intitulé Notre Pays 52. […] Une langue dans laquelle on transvase de la sorte un autre idiome fait ce qu’elle peut pour refuser. […] « Une sorte d’inconscience funeste a égaré, a déprimé notre âme nationale »58, a-t-on dit chez nous. « Et nous ne nous apercevons pas, ajoute M. 

148. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre premier : M. Laromiguière »

Et la conclusion d’un raisonnement, n’est-ce pas le résultat de deux comparaisons, d’une sorte de balancement entre deux propositions ? […] Laromiguière fit une seconde distinction, et remarqua que l’âme est capable de plusieurs sortes de modifications passives. […] Il trouva ainsi qu’il y a quatre sortes de sentiments ou modifications passives, et que toutes les idées ont leur origine dans l’un ou dans l’autre de ces sentiments : Les idées des objets sensibles ont leur origine dans le sentiment-sensation, et leur cause dans l’attention. […] Ils supposent l’esprit de l’homme plein et comblé d’idées de toutes sortes, entrées par cent sortes de voies, obscures, confuses, perverties par les mots, telles que nous les avons lorsque nous commençons à réfléchir sur nous-mêmes, après avoir pensé longtemps et au hasard.

149. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vaugelas. Discours de M. Maurel, Premier avocat général, à l’audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry. (Suite et fin.) »

Un principe pourtant se glissait, s’insinuait partout, et déterminait l’inclinaison dans la plupart des cas : en dehors du Palais, la Ville et la Cour étaient d’accord et dans une sorte d’émulation pour adoucir à l’envi les mots et la façon de les prononcer, pour rendre, en parlant, toute chose plus agréable et plus facile ; c’était là le courant général et la pente. […] Vaugelas, qui nous a transmis toutes ces piquantes fortunes et aventures de mots, et qui était l’homme de France le mieux renseigné sur l’usage, n’oublie pas, chemin faisant, d’y joindre toutes sortes de petites règles et de maximes pratiques trop négligées par les grammairiens qui ont suivi ; il nous initie à sa manière de procéder et d’expérimenter, à sa méthode. […] Il le savait bien : aussi se comparait-il à Cléanthe et à Chrysippe qui s’étaient mêlés autrefois d’écrire des traités de Rhéthorique ; mais ç’avait été de telle sorte, disait en riant Cicéron, que, si l’on voulait apprendre à se taire, on n’avait rien de mieux à faire qu’à les lire. […] Cette réponse qu’on lui arrache est une sorte de réclamation dernière faite pour l’acquit de sa conscience plus encore que pour l’honneur de la cause. […] Chacun connaît Génin, qui n’a même eu qu’en ces sortes de matières grammaticales tout son mérite et son agrément.

150. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DES MÉMOIRES DE MIRABEAU ET DE L’ÉTUDE DE M. VICTOR HUGO a ce sujet. » pp. 273-306

Cette idée morale, au milieu des exagérations et des égarements qu’elle eut à traverser, se conserva de la sorte jusqu’au commencement de l’Empire. […] Lassé de ces bruits sonores et des statues de tout métal debout sur leurs socles démesurés, on se rejette avec une sorte de faiblesse en arrière et, comme Dante en ses cercles sombres, on réclame un guide compatissant et à portée de la main : O Virgile, Térence, Racine, Fénelon, grands hommes et si charmants, pris au sein même et dans les proportions de l’humanité, où êtes-vous ? […] Ces sortes de natures opiniâtres et vigoureuses vont, trébuchent, s’accrochent, se relèvent, et donnent de perpétuels démentis à ceux qui en désespèrent. […] Victor Hugo ; jamais notre langue n’avait rendu tant de chocs et d’éclairs ; jamais le despotisme du génie tribunitien n’avait été inauguré dans une telle pompe ; jamais cette sorte de bête fauve, comme l’écrivain l’appelle, ne s’était montrée si puissamment déchaînée : nous regrettons un certain souffle moral que nous n’avons nulle part senti circuler. […] Lerminier a l’art d’exceller en ces sortes de statues qu’il dresse ; l’orateur, on le sent par lui, s’adresse volontiers aux masses comme le statuaire ; la solennité, l’ampleur, le sacrifice des détails, l’exagération poussée au colossal, leur vont à tous deux et sont conformes à leurs fins.

151. (1883) La Réforme intellectuelle et morale de la France

La France est de la sorte le résultat de la politique capétienne continuée avec une admirable suite. […] La France, il le savait, ne la désirait en aucune sorte 4. […] Les organisations militaires se succèdent de la sorte comme les machines de l’industrie. […] Le Ritter, qui avait un cheval, sorte de brigadier de gendarmerie, devint un petit seigneur. […] La carrière militaire entendue de la sorte est trop chétive pour attirer les bons sujets.

152. (1874) Premiers lundis. Tome I « Victor Hugo : Odes et ballades — II »

Hugo l’avait conçu de la sorte ; mais en approchant de la scène, son imagination l’a entraîné ; il s’est fait involontairement spectateur, et la pompe de l’incendie l’a bien plus occupé que le cœur de Néron. […] Une autre sorte de composition dans laquelle M.  […] Hugo ne ressemble à aucun autre : à son air de prétention et d’apparat, on croirait voir une sorte de miles gloriosus, un vrai Bayard de tragédie. […] Hugo le fait surtout par inadvertance et illusion ; c’est une sorte de simplicité enfantine qui se laisse prendre par les yeux.

153. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre II. L’antinomie psychologique l’antinomie dans la vie intellectuelle » pp. 5-69

La spéculation peut être une sorte de sport de la pensée, une sorte de jeu supérieur ; elle peut revêtir des formes sociales ou antisociales : dilettantisme philosophique et scientifique ; attitude spectaculaire du contemplateur insoucieux et dédaigneux des intérêts sociaux. […] Draghicesco, trois sortes de milieux pour l’homme : l’organisme, le monde extérieur, la société. […] On peut entendre aussi par science les recherches scientifiques particulières, sortes de techniques raisonnées portant sur une portion définie de la réalité. […] Tous les novateurs sont conduits à cet acte de foi par une sorte de fatalité historique. […] Elle constitue la forme la plus raffinée et proprement intellectuelle de l’abstentionnisme social ; elle est une sorte d’égotisme et comme de solipsisme intellectuel.

154. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre cinquième. Le réalisme. — Le trivialisme et les moyens d’y échapper. »

La vie ne ment donc pas, et toute tout fiction, mensonge est une sorte de trouble passager apporté dans la vie, de mort partielle. […] Le temps agit le plus souvent sur les choses à la manière d’un artiste qui embellit tout en paraissant rester fidèle, par une sorte de magie propre. […] Nous oublierons même la fatigue que nous pouvions éprouver, si elle était légère, les petites préoccupations de toute sorte, les mille riens qui distrayaient notre attention : tout cela sera emporté, effacé. […] L’antique est une sorte de réalité purifiée par le temps. […] Zola, le vieux secrétaire de la maison (dans la Joie de vivre) est peint de telle sorte que ce meuble a une vie à lui, il est quelqu’un, il est l’âme même de la vieille maison.

155. (1884) Cours de philosophie fait au Lycée de Sens en 1883-1884

De la sorte, on évite toute équivoque. […] Elle nous apparaît ainsi comme une sorte de spontanéité. […] Il y a trois sortes de certitude. […] Nous avons admis deux sortes de raisonnements, nous avons donc deux sortes d’erreurs : les sophismes de déduction et les sophismes d’induction. […] Cette sorte de responsabilité est inconciliable avec le déterminisme.

156. (1890) Le réalisme et le naturalisme dans la littérature et dans l’art pp. -399

Tout cela n’est encore qu’une sorte d’introduction qui nous conduit aux origines plus rapprochées et plus visibles de l’art contemporain. […] Il trace des lignes, tire des plans, remarque le croisement des chemins, qui forment une sorte de grand A. […] L’orchestre enrichi de timbres nouveaux servit à donner aux airs une sorte de couleur locale. […] On avait jusqu’ici deux opinions sur ces sortes de peintures. […] La marche du Semeur n’est-elle pas réglée par une sorte de balancement fier et hardi ?

157. (1906) La rêverie esthétique. Essai sur la psychologie du poète

Ceux-là nous semblent en effet avoir une sorte de poésie propre, qui émanerait d’eux comme d’une source vive. […] On entre dans l’état second, dans une sorte de transe, où l’on devient docile à toutes les suggestions. […] Qu’ensuite il sorte de lui-même. […] Mais cette sorte de ruse est-elle bien digne du poète ? […] La rêverie, à ce degré, est une sorte d’ivresse qui se paie.

158. (1842) Discours sur l’esprit positif

On peut donc finalement envisager l’état métaphysique comme une sorte de maladie chronique, naturellement inhérente à notre évolution mentale, individuelle ou collective, entre l’enfance et la virilité. […] Envers chaque ordre d’événements, ces lois doivent, à cet égard, être distinguées en deux sortes, selon qu’elles lient par similitude ceux qui coexistent, ou par filiation ceux qui se succèdent. […] Longtemps habitué à une sorte d’unité de doctrine, quelque vague et illusoire qu’elle dût être, sous l’empire des fictions théologiques et des entités métaphysiques, l’esprit humain, en passant à l’état positif, a d’abord tenté de réduire tous les divers ordres de phénomènes à une seule loi commune. […] Mais cette sorte de transaction spontanée entre le principe théologique et le principe positif ne comportait, évidemment, qu’une existence passagère, propre à faciliter davantage le déclin continu de l’un et le triomphe graduel de l’autre. […] Quant à leur défaut habituel de cette sorte de culture régulière que reçoivent aujourd’hui les classes lettrées, je ne crains pas de tomber dans une exagération philosophique en affirmant qu’il en résulte, pour les esprits populaires, un notable avantage, au lieu d’un inconvénient réel.

159. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE RÉMUSAT » pp. 458-491

La bonté demande une sorte de discernement du mal : elle le voit et le pardonne. […] Elle lui permettait de jouir des biens qu’elle avait appréciés elle-même, et dont elle aimait le souvenir ; car son âme conservait une sorte de reconnaissance pour toutes les époques de sa vie. […] Naturellement expansive et d’un abandon facile, elle n’eut pas plus tôt retrouvé Mme de Vergennes, qu’elle ne ménagea point l’arriéré des récits et toutes sortes de confidences. […] En ces sortes d’ouvrages surtout, où il y a couleur et fleur, c’est une différence incomparable de vieillir dans le tiroir ou de vieillir à la lumière. […] Il suffit de savoir résister à l’entraînement qui l’accompagne, car il y a bien aussi quelque sorte d’ivresse dans les plaisirs de l’esprit. » — La machination tramée par le ministre, et qui manque de briser l’existence des personnages qui lui restent le plus chers, ne fait que retarder de peu sa chute.

160. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Mézeray. — II. (Fin.) » pp. 213-233

Il y avait dans le royaume, sans compter les libertins et les athées qui n’étaient pas en petit nombre, trois sortes d’esprits… Et il considère ces trois sortes d’esprits, les uns acharnés à la destruction de la religion romaine, les autres à sa défense, et « quelques-uns, tenant le milieu, qui n’eussent pas voulu la détruire, mais seulement y réformer certains abus ». […] Mézeray, en favorisant cette demi-réforme, ne croit pas innover ; en religion comme en politique, il paraît croire qu’il suffit de revenir à une époque antérieure où régnait une sorte de constitution religieuse, monarchique et suffisamment populaire ; on l’eût embarrassé sans doute en le pressant de définir cette période idéale de notre histoire ou les abus avaient cessé moyennant la Pragmatique et la tenue régulière des États généraux. […] Le troisième tome de Mézeray, contenant le règne de Henri III et les premières années de celui de Henri IV, parut en 1651, c’est-à-dire entre deux Frondes : jamais pour ces sortes d’ouvrages on n’avait joui de plus de liberté. […] À ces causes, considérant que les sciences et les arts n’illustrent pas moins un grand État que font les armes, et que la nation française excelle autant en esprit comme en courage et en valeur ; d’ailleurs désirant favoriser le suppliant et lui donner le moyen de soutenir les grandes dépenses qu’il est obligé de faire incessamment dans l’exécution d’un si louable dessein, tant pour paiement de plusieurs personnes qu’il est obligé d’y employer que pour l’entretien des correspondances avec toutes les personnes de savoir et de mérite en divers et lointains pays ; nous lui avons permis de recueillir et amasser de foules parts et endroits qu’il advisera bon être les nouvelles lumières, connaissances et inventions qui paraîtront dans la physique, les mathématiques, l’astronomie, la médecine, anatomie et chirurgie, pharmacie et chimie ; dans la peinture, l’architecture, la navigation, l’agriculture, la texture, la teinture, la fabrique de toutes choses nécessaires à la vie et à l’usage des hommes, et généralement dans toutes les sciences et dans tous les arts, tant libéraux que mécaniques ; comme aussi de rechercher, indiquer et donner toutes les nouvelles pièces, monuments, titres, actes, sceaux, médailles qu’il pourra découvrir servant à l’illustration de l’histoire, à l’avancement des sciences et à la connaissance de la vérité ; toutes lesquelles choses, sous le titre susdit, nous lui permettons d’imprimer, faire imprimer, vendre et débiter soit toutes les semaines, soit de quinze en quinze jours, soit tous les mois ou tous les ans, et de ce qui aura été imprimé par parcelles d’en faire des recueils, si bon lui semble, et les donner au public ; comme aussi lui permettons de recueillir de la même sorte les titres de tous les livres et écrits qui s’imprimeront dans toutes les parties de l’Europe, sans que, néanmoins, il ait la liberté de faire aucun jugement ni réflexion sur ce qui sera de la morale, de la religion ou de la politique, et qui concernera en quelque sorte que ce puisse être les intérêts de notre État ou des autres princes chrétiens. […] Ce que les saint-simoniens de mon temps traduisaient dans leur sens : « À chacun selon sa capacité, et à chaque capacité selon ses œuvres », tirant de la sorte à eux Mézeray.

161. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier (Suite et fin.) »

Chez Gustave Planche, la morgue habituelle compromettait trop souvent le bon sens ; chez d’autres moins hautains, l’étude constante venait à l’appui de la finesse des aperçus et donnait toute valeur à la sagacité des analyses : les Paul Mantz, les Chennevières se sont formés de la sorte. […] Il ne ferait pas de cas d’un peintre qui se contenterait de prendre, fût-ce le plus dextrement du monde, la ressemblance exacte des choses, et de la jeter sur la toile, telle quelle, avec une couleur congrue et suffisante : il veut que l’artiste ait en lui un monde en petit ou en grand, une sorte de glace magique où tout se réfléchisse, se transforme et ressorte ensuite, quand on l’y considère, avec une harmonie nouvelle qui constitue proprement la création et l’originalité. […] Il y a une sorte de gris (c’est son mot) dans l’art français, qu’il peut estimer, mais qui ne l’enflamme guère. […] Cela lui imposait tout un langage et un style continu, une sorte de gamme et d’échelle harmonique où, la clé une fois donnée, rien ne fît fausse note et ne détonnât. […] Une sorte de fraternité s’établit à l’instant entre les hôtes ; les beaux yeux d’Isabelle, l’ingénue de la troupe (et véritablement honnête en effet), n’y nuisent pas.

162. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SÉVIGNÉ » pp. 2-21

C’était, comme dit Mme de Sévigné, des conversations infinies : « Après le dîner, écrit-elle quelque part à sa fille, nous allâmes causer dans les plus agréables bois du monde ; nous y fûmes jusqu’à six heures dans plusieurs sortes de conversations si bonnes, si tendres, si aimables, si obligeantes et pour vous et pour moi, que j’en suis pénétrée7. » Au milieu de ce mouvement de société si facile et si simple, si capricieux et si gracieusement animé, une visite, une lettre reçue, insignifiante au fond, était un événement auquel on prenait plaisir, et dont on se faisait part avec empressement. […] Ces sortes de lettres, brillantes de forme et d’art, et où il n’y avait pas trop de petits secrets ni de médisances, faisaient bruit dans la société, et chacun désirait les lire. « Je ne veux pas oublier ce qui m’est arrivé ce matin, écrit Mme de Coulanges à son amie ; on m’a dit : Madame, voilà un laquais de Mme de Thianges ; j’ai ordonné qu’on le fît entrer. […] Il y en a cinq ou six dans cette contrariété. » Ces réminiscences un peu fades de pastorales et de romans sont naturelles sous son pinceau, et font agréablement ressortir tant de descriptions fraîches et neuves qui n’appartiennent qu’à elle : « Je suis venue ici (à Livry) achever les beaux jours, et dire adieu aux feuilles : elles sont encore toutes aux arbres, elles n’ont fait que changer de couleur ; au lieu d’être vertes, elles sont aurore, et de tant de sortes d’aurore que cela compose un brocard d’or riche et magnifique, que nous voulons trouver plus beau que du vert, quand ce ne seroit que pour changer. » Et quand elle est aux Rochers : « Je serois fort heureuse dans ces bois, si j’avois une feuille qui chantât : ah ! […] Quant à elle, au milieu des accidents de ce monde, elle incline la tête, et se réfugie dans une sorte de fatalisme providentiel, que ses liaisons avec Port-Royal et ses lectures de Nicole et de saint Augustin lui avaient inspiré. […] Mademoiselle de Montpensier, du même âge que Mme de Sévigné, mais qui s’était un peu moins assouplie qu’elle, écrivant en 1660 à Mme de Motteville sur un idéal de vie retirée qu’elle se compose, y désire des héros et des héroïnes de diverses manières : « Aussi nous faut-il, dit-elle, de toutes sortes de personnes pour pouvoir parler de toutes sortes de choses dans la conversation, qui, à votre goût et au mien, est le plus grand plaisir de la vie et presque le seul à mon gré. » 8.

163. (1892) L’anarchie littéraire pp. 5-32

Par une sorte d’hérédité romantique ils affichent des airs d’excentricité et manifestent leur goût pour les innovations ; dans le fond, ils sont pourris de la banalité de notre époque. […] Sous prétexte de philosophie évolutive, ils écrivent une sorte de charabia fort suggestif, dit-on, lorsqu’on le met en musique. […] Il exerce une sorte de police rigoureuse dans ce clan hermétique qui, selon sa pittoresque expression, est plutôt une « caserne » qu’une école littéraire. […] Saint-Pol-Roux, Jules Méry, Albert Aurier n’hésitèrent pas à fonder le Magnificisme, sorte de romantisme littéraire et mystique, négateur de la Science, plus rétrograde que l’autre. […] C’est une sorte de paradis où l’on n’est admis qu’à la faveur de certaine notoriété, et où l’on se garde bien de gémir sur son sort dans la crainte d’être renvoyé.

164. (1874) Premiers lundis. Tome II « H. de Balzac. Études de mœurs au xixe  siècle. — La Femme supérieure, La Maison Nucingen, La Torpille. »

Les impressions que causera cette préface seront très diverses, et il y en aura de toutes sortes, à la vue de pareilles assertions. […] Il vous sera permis de dire alors que rien d’incompatible avec le plus scrupuleux sentiment de notre dignité ne trouverait une excuse dans l’or reçu en échange ; mais vous saurez aussi que des richesses loyalement acquises seraient d’un grand prix, et vous laisserez la prétention de mépriser les biens à ceux qui, ne pouvant s’en détacher, s’irritent contre une sorte d’ennemi toujours victorieux. » Voilà le cri à demi étouffé d’une nature haute que la pauvreté comprime : mais, cela dit, il faut se taire. […] On avait mis dans un beau bassin propre de Versailles des poissons qui bientôt y mouraient : « Ils sont comme moi, disait-elle, ils regrettent leur bourbe » ; ce que M. de Balzac paraphrase ainsi : « Ils regrettent leurs vases obscures. » Eh bien, il a dans son expression, là même où l’on ne peut le contredire par une autorité historique, beaucoup de ces sortes d’impropriétés : ce style, sans cesse remué, s’alanguit et s’étire.

165. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre VIII. Les Fedeli » pp. 129-144

En 1613, il fit représenter à Milan une sorte de mystère (rappresentazione sacra), intitulé Adamo. […] La Ferinda vaut un peu mieux : c’est une comédie chantée, une sorte d’opéra-comique, dans lequel sept ou huit dialectes se livrent bataille : le mauvais allemand, le français corrompu, le patois vénitien, napolitain, génois, ferrarais, le langage pédantesque, sans compter un bègue qui ne peut, lui, parler aucune langue. […] C’était la confusion dans la magnificence, une sorte de Babel dramatique.

166. (1884) Propos d’un entrepreneur de démolitions pp. -294

Pour savourer toute la basse horreur de cela, il faut se souvenir de quelle sorte d’éphèbe c’est le propos. […] Louis Veuillot a fait deux sortes de livres : les livres qui assomment et les livres qui édifient. […] Je le rencontrai pour la première fois chez un romancier célèbre où il avait conquis une sorte d’installation. […] Il ne s’agit plus de poésie, ni de chants, ni de joie, ni de prière, ni d’étoile d’aucuns sorte. […] Voilà, je pense, une sorte de miracle en art.

167. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire de la querelle des anciens et des modernes par M. Hippolyte Rigault — [Introduction] » pp. 132-142

Moralement on est tenté de dire de soi et de son temps bien du mal, mais pour l’esprit on ne prétend pas céder, et on a toutes sortes de bonnes raisons pour se prouver à soi-même qu’on en a un peu plus que ses devanciers. « Je suis fier pour mon temps, je suis fier pour mon siècle, mon pays… » Combien de fois n’avons-nous pas entendu ce langage, essentiellement moderne, dans la bouche de ceux même qui savaient et prisaient le mieux l’Antiquité ! […] Sénèque parle quelque part, dans ces mêmes lettres à Lucilius où on lit ces beaux passages, d’un jeune homme qui était si modeste et si classique en son temps, que s’il avait cru en composant écrire quelque chose qui surpassât les anciens ou les devanciers, il se serait retenu, de peur de commettre une sorte de sacrilège. […] Rigault a conçu son travail à un point de vue plus étendu que je ne l’aurais fait moi-même : j’en aurais voulu faire, ce me semble, et si l’on me permet cette imagination bien facile après coup, un épisode distinct et tranché de l’histoire littéraire française, une pure et vraie querelle, une fronde en trois actes, avec une sorte d’intérêt et de gradation, avec début, milieu et fin, les complications étrangères y tenant moins de place, et les grands philosophes énigmatiques comme Vico ne faisant tout au plus que s’apercevoir à l’horizon ; car, dès qu’ils interviennent, ils écrasent un peu trop les nôtres. […] Son livre est plus complet de la sorte et très riche de faits, de textes, de quantité de remarques ingénieuses ; mais peut-être a-t-il des lenteurs et de la plénitude, une densité trop continue, et en tout cas il se dessine moins nettement dans l’esprit après qu’on en a terminé la lecturei.

168. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Préface »

Beaucoup de personnes dont je parle peuvent vivre encore ; or, ceux qui ne sont point familiarisés avec la publicité en ont une sorte de crainte. […] L’ordre naturel de ce livre, qui n’est autre que l’ordre même des périodes diverses de ma vie, amène une sorte de, contraste entre les récits de Bretagne et ceux du séminaire, ces derniers étant tout entiers remplis par une lutte sombre, pleine de raisonnements et d’âpre scolastique, tandis que les souvenirs de mes premières années ne présentent guère que des impressions de sensibilité enfantine, de candeur, d’innocence et d’amour. […] Le monde marche vers une sorte d’américanisme, qui blesse nos idées raffinées, mais qui, une fois les crises de l’heure actuelle passées, pourra bien n’être pas plus mauvais que l’ancien régime pour la seule chose qui importe, c’est-à-dire l’affranchissement et le progrès de l’esprit humain. […] Or les croyances ne sont dangereuses que quand elles se présentent avec une sorte d’unanimité ou comme le fait d’une majorité indéniable.

169. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Introduction »

En ce cas quelle sorte d’égalité leur reconnaître ? […] — Savoir avec précision, d’une part quelle sorte d’égalité nous voulons réaliser, et d’autre part quels effets produit tel ou tel type d’institutions. […] C’est avouer que bien longtemps encore nous devrons nous laisser guider dans la politique par une sorte de tact empirique. […] Les conditions matérielles ou morales de toutes sortes, la configuration du sol qui porte les hommes, la nature des instruments qui sont à leur disposition, les caractères anatomiques de leur race, leurs besoins, leurs croyances, leurs sentiments, les qualités différentes des choses ou des personnes peuvent exercer une influence, directe ou indirecte, médiate ou immédiate, sur le succès social de l’idée de l’égalité : pour être sûr de n’oublier aucun de ses antécédents, il faudrait passer en revue toutes ces espèces de phénomènes, et peser l’efficacité propre à chacune d’elles.

170. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (3e partie) » pp. 5-79

Il se sentait une sorte de colère ; il ne savait contre qui. […] Il considéra l’enfant avec une sorte d’étonnement, puis il étendit la main vers son bâton et cria d’une voix terrible : — Qui est là ? […] « Le propre des peines de cette nature, dans lesquelles domine ce qui est impitoyable, c’est-à-dire ce qui est abrutissant, c’est de transformer peu à peu, par une sorte de transfiguration stupide, un homme en bête fauve, quelquefois en bête féroce. […] « Toutes ces choses, réalités pleines de spectres, fantasmagories pleines de réalités, avaient fini par lui créer une sorte d’état intérieur presque inexprimable. […] Sans qu’il fût besoin d’aucune explication désormais, toute cette foule, comme par une sorte de révélation électrique, comprit tout de suite et d’un seul coup d’œil cette simple et magnifique histoire d’un homme qui se livrait pour qu’un autre homme ne fût pas condamné à sa place.

171. (1905) Pour qu’on lise Platon pp. 1-398

Elles sont donc une sorte de déclamation populaire. […] Il y a des athées de différentes sortes. […] De telle sorte que le Dieu suprême, que Dieu n’est nullement responsable de ce qu’il y a de mauvais dans le monde. […] Que le savant passionné sorte de l’artiste, c’est aussi rare et c’est aussi irrationnel, tout au moins c’est aussi peu nécessaire que ceci que l’artiste sorte de l’amoureux. […] Car il y en a de plusieurs sortes et d’une infinité de sortes.

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