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846. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « I. Saint Thomas d’Aquin »

Impossible de suivre dans un seul chapitre d’un livre comme celui-ci, le détail infini d’un travail exposé à grand’peine en deux volumes, mais ce qui résulte de ce travail, c’est l’inutilité démontrée de la peine qu’on a prise au point de vue des acquêts et des accroissements de la philosophie.

847. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « V. Saint-René Taillandier »

Quand on a lu ce triste et traître morceau, impossible de se méprendre sur l’incurable faiblesse d’esprit d’un homme qui a osé écrire au front de son livre les mots d’histoire et de philosophie religieuse et qui, précisément dans ces deux grands ordres d’idées, ne procède que par sophismes vulgaires et a démontré qu’il n’y avait en lui que la pauvreté de l’erreur.

848. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Victor de Laprade. Idylles héroïques. »

II Il nous est impossible de croire qu’il n’y a point pensé un peu… S’il ne nous avait donné que des poésies dans le livre qu’il publie aujourd’hui, nous dirions : « C’est une grâce d’état, une inspiration particulière que cette poésie perpétuellement grave, que cette cornemuse, perpétuellement enflée du même vent. » La poésie de M. de Laprade, grave et vide, ressemble à la barbe de cet ambassadeur de Venise, dont Paul III disait, croyant qu’il n’y avait rien derrière cette barbe, pleine de gravité : Bella barba !

849. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « J.-J. Ampère ; A. Regnault ; Édouard Salvador »

il est impossible de moins se surfaire et de mieux apprécier son livre tout en l’expliquant… Seulement, la Critique littéraire, qui voit les facultés où elles sont et qui lit les feuillets des livres qui n’ont jamais été écrits, regrette que des intelligences faites pour mieux se contentent de brûler le pavé et ne rapportent au logis, sur des peuples qu’on a regardés du dehors au dedans, au lieu de les regarder du dedans au dehors, rien de plus que des impressions personnelles, fussent-elles aussi vivantes que peuvent l’être ces impressions !

850. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome II

Elles sortent si nécessairement de son analyse, qu’il semble impossible de ne pas les voir. […] Il est impossible que l’on en désigne une autre que la nationalité allemande. » Pour Haeckel et ses pareils, la nationalité allemande a une mission plus spécifique. […] » Il est impossible de mieux dénoncer le sophisme sur lequel le philosophe de Kœnigsberg appuie sa morale. […] Répartir ce Crédit intellectuel dont on nous apporte le projet nous semble donc bien difficile, sinon impossible. […] Est-il impossible de recruter de même une élite de sous-officiers qui deviennent, pour leurs recrues, ces éducateurs immédiats et directs, rêvés par Renan ?

851. (1895) De l’idée de loi naturelle dans la science et la philosophie contemporaines pp. 5-143

Cette affirmation est impossible, c’est-à-dire que A et non-A ne peuvent pas être posés ensemble. […] Il nous est impossible, en effet, de connaître, par l’expérience, l’inertie et la force ; il faudrait pour cela avoir assisté à la création. […] Mais cette réduction à l’unité de l’expérimental et du logique nous est impossible. […] Pour lui, il est impossible d’expliquer le jugement d’existence impliqué dans toute expérience, si l’on n’admet une action de l’esprit. […] Il est impossible de dire où l’une finit, où l’autre commence.

852. (1904) Propos littéraires. Deuxième série

Il me paraît impossible d’en douter désormais. […] Impossible d’aller de l’une à l’autre la main tendue. […] Dès lors ne poursuivre que la beauté de son art lui est à peu près impossible. […] Impossible de dire plus net que votre bien n’est pas votre bien. […] Plus j’y réfléchis, plus j’estime qu’il est même impossible qu’elle ne soit pas exacte.

853. (1884) Les problèmes de l’esthétique contemporaine pp. -257

Il est impossible de dédoubler notre être, de supposer qu’en nous cela seul est esthétique qui est passif. […] Renan imaginent est physiquement impossible ; la race en disparaîtrait au profit d’une autre mieux équilibrée. […] D’ailleurs il est impossible de juger les peuples dont l’existence nationale date d’un siècle et qui sont pour ainsi dire en voie de formation, sortes de nébuleuses humaines. […] Plus d’un philosophe cesserait d’aimer le pays où il est né, et plus d’un poète hésiterait à le chanter si, par impossible, sa conservation leur apparaissait comme nuisible à l’humanité entière. […] L’hésitation est impossible entre ces diverses formes du vers40.

854. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1866 » pp. 3-95

Et tout cela avec une telle naïveté, une si grande bonne foi cynique, une si naturelle absence de sens moral, qu’il est impossible de démêler ce qu’il y a de vérité ou de mensonge dans cet amour pour cette fille morte…. […] J’ai écrit à Lecour de venir chez moi et je lui ai dit : « Je voudrais avoir des pectoraux comme dans les bas-reliefs et des biceps hors ligne. » Lecour m’a un peu tubé comme ça… « Ce n’est pas impossible », m’a-t-il dit… Tous les jours, je me suis mis à manger cinq livres de mouton saignant, à boire trois bouteilles de vin de Bordeaux, à travailler avec Lecour deux heures de suite… J’avais une petite maîtresse en train de mourir de la poitrine. […] Mais cette pièce est impossible pour deux raisons. […] À ce blasphème Saint-Victor, devenu positivement fou furieux, se remet à hurler avec sa voix de zinc et ses cris d’aliénés, que c’est trop fort, que c’est impossible à entendre, que nous insultons la religion de tous les gens intelligents.

855. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1895 » pp. 297-383

Rigaud Kair ajoute, qu’il ne serait pas impossible, que lorsque je me suis trouvé à Croisset, j’aie aperçu un trois-mâts, saluant trois fois, avec son pavillon amené bas, très bas, comme on salue un souverain, l’excellent maître Gustave Flaubert, que cette petite manœuvre étonna d’abord, puis ravit ensuite. […] Du reste impossible de mettre plus de louange délicate, et d’amitié respectueusement affectueuse dans ce discours de vrai lettré, qui, je l’avoue, m’a fait les yeux humides, un moment. […] Le jour convenu, Lacroix arrive tout seul, disant qu’il lui a été impossible de le rencontrer. […] Mais tout en se déchargeant sur moi de la composition de nos livres, mon frère était resté un passionné de style, et j’ai raconté dans une lettre à Zola, écrite au lendemain de sa mort, le soin amoureux qu’il mettait à l’élaboration de la forme, à la ciselure des phrases, au choix des mots, reprenant des morceaux écrits en commun, et qui nous avaient satisfaits tout d’abord, les retravaillant des heures, des demi-journées, avec une opiniâtreté presque colère, ici, changeant une épithète, là, faisant entrer dans une période, un rythme, plus loin, refaçonnant un tour de phrase, fatiguant, usant sa cervelle, à la poursuite de cette perfection, si difficile, parfois impossible à la langue française, dans l’ expression des sensations modernes… et après ce labeur restant de longs moments, brisé sur un canapé, silencieux, dans la fumée d’un cigare opiacé.

856. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VI : Difficultés de la théorie »

Dans la recherche des degrés successifs de perfection par lesquels un organe a passé successivement en se perfectionnant chez une espèce quelconque, il faudrait considérer exclusivement la série rétrogressive de ses ancêtres ; mais il nous est presque impossible de remplir une telle condition. […] Que ce procédé continue d’agir pendant des millions de millions d’années, et chaque année sur des millions d’individus de toutes sortes, est-il donc impossible de croire qu’un instrument d’optique vivant puisse se former ainsi jusqu’à acquérir sur ceux que nous construisons en verre toute la supériorité que les œuvres du Créateur ont généralement sur les œuvres, de l’homme ? […] Il est impossible d’imaginer par quels degrés successifs d’aussi merveilleux organes se sont formés. […] Or, avant la première émersion des continents, toute accumulation de sédiment était impossible comme nous le verrons autre part.

857. (1888) Épidémie naturaliste ; suivi de : Émile Zola et la science : discours prononcé au profit d’une société pour l’enseignement en 1880 pp. 4-93

L’imagination s’est ingéniée, depuis des siècles, à grouper de mille façons les événements, à différencier les caractères de même nature par des nuances minuscules, infinitésimales de telle sorte qu’il est quasi impossible de découvrir d’autres combinaisons. […] On avait étudié et reproduit les sentiments, les passions, les idées, les caractères, les aventures, les événements possibles et impossibles, les situations variées il restait à définir les sensations et les causes physiologiques qui les déterminent. […] Impossible d’innover. […] Les divers éléments qui entrent en conflit sont en nombre si considérable, qu’il est impossible de soupçonner quels sont ceux qui l’emporteront sur les autres, quand on fait le calcul qu’un seul être peut avoir à la onzième génération 2,048 facteurs directs et indirects.

858. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Les poëtes français. Recueil des chefs-d’œuvre de la poésie française »

Il était presque impossible de satisfaire tout le monde, dès qu’on touchait à des vivants.

859. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — George Sand, Lélia (1833) »

Ce mélange de réel et d’impossible, qui était presque inévitable dans un roman-poëme, déconcerte un peu et nuit à la suite de l’émotion.

860. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Virgile et Constantin le Grand par M. J.-P. Rossignol. »

C’est une des causes, entre tant d’autres, qui rend la traduction des Bucoliques impossible et presque nécessairement insipide ; car ce charme de la forme s’évanouissant, il ne reste rien de nettement dessiné et qui marque du moins les lignes du tableau.

861. (1874) Premiers lundis. Tome II « Jouffroy. Cours de philosophie moderne — I »

« Les prétentions d’une religion qui aujourd’hui se donne mission d’annoncer la nouvelle solution du problème moral de la destinée de l’homme sont donc tout à fait inadmissibles et impossibles à réaliser.

862. (1874) Premiers lundis. Tome II « Des jugements sur notre littérature contemporaine à l’étranger. »

Mais un article du Quarlerly Review, reproduit par la Revue britannique avec une certaine emphase et des réserves qui sont un peu là pour la forme (car elle-même a souvent exprimé pour son compte des opinions analogues), intente contre toute notre littérature actuelle un procès criminel dans de tels termes, qu’il est impossible aux gens d’humble sens et de goût, dont notre pays n’a pas jusqu’ici manqué, de taire l’impression qu’ils reçoivent de semblables diatribes importées de l’étranger, lorsque toutes les distinctions à faire, toutes les proportions à noter entre les talents et les œuvres, sont bouleversées et confondues dans un flot d’injures que l’encre du traducteur épaissit encore.

863. (1875) Premiers lundis. Tome III « L’Ouvrier littéraire : Extrait des Papiers et Correspondance de la famille impériale »

un crédit très-mobilier, — d’avenir final, sont-elles à jamais impossibles ?

864. (1890) L’avenir de la science « I »

Il sera à tout jamais impossible que le même homme sache manier avec la même habileté le pinceau du peintre, l’instrument du musicien, l’appareil du chimiste.

865. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Préface. de. la premiere édition. » pp. 1-22

  Au milieu de tous ces désordres, il est impossible au zele de ne pas élever sa voix.

866. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 151-168

Justesse de raisonment, force de pensées, élégance de style, finesse d’expression, sagesse de morale, tout y plaît, tout y attache, & les vers en sont si bien frappés, qu’il est impossible d’en faire de meilleurs dans notre Langue.

867. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Japonisme » pp. 261-283

Tout sage qu’il était, il avait oublié, en entreprenant de jouer le rôle d’un débauché, qu’il lui serait impossible de fatiguer le dévouement de sa femme.

868. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préfaces des « Odes et Ballades » (1822-1853) — Préface de 1824 »

Et remarquons, en passant, que, si la littérature du grand siècle de Louis le Grand eût invoqué le christianisme au lieu d’adorer les dieux païens, si ses poëtes eussent été ce qu’étaient ceux des temps primitifs, des prêtres chantant les grandes choses de leur religion et de leur patrie, le triomphe des doctrines sophistiques du dernier siècle eût été beaucoup plus difficile, peut-être même impossible.

869. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 9, des obstacles qui retardent le progrès des jeunes artisans » pp. 93-109

Il est impossible que l’attention sérieuse sur des minuties que ce travail exige, ne fatigue pas bien-tôt.

870. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre III. Mme Sophie Gay »

Depuis, on en a vu une autre… En 1848, on remarquait aux dîners de M. de Lamartine une vieille femme, aux bonnets impossibles, à la voix haute et rude, qui exhalait la plus rabelaisienne des odeurs, et jurait comme un capitaine de corsaire.

871. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XII. Mme la Princesse de Belgiojoso »

Aucun procédé, aucun effort de volonté, aucune de ces comédies intérieures que l’homme se joue et qu’il appelle de l’art, n’a pu donner à l’auteur, de ces souvenirs d’Asie l’accent brisé et doux de bonheur impossible qu’on entend, mais qui ne gémit pas, sous ses phrases écrites, dirait-on, par une signora Pococurante, dans le calme et l’indifférence, ni lui faire composer à loisir ce parfum subtil qui s’en échappe et vous enveloppe bientôt tout entier… Mme de Belgiojoso a-t-elle jamais été une femme littéraire ?

872. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Pélisson et d’Olivet »

Il y a des noms qui survivent à leurs œuvres, mais qu’il est impossible d’y rattacher, tant ces œuvres sont oubliées.

873. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Francis Wey » pp. 229-241

Impossible de citer toutes les anecdotes de ce livre qu’il faut lire, et qui se lèvent de tous les chartriers des villes que parcourt, dans son carrick anglais, cet antiquaire, qui n’est pas celui de Scott, lequel nous amuse en nous faisant rire un peu de lui à ses dépens, il faut bien le dire !

874. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « W.-H. Prescott » pp. 135-148

— menacé dans sa vie et son autorité, chargé d’un gouvernement impossible, et qui reste à son poste et fait tête comme un capitaine qui exécuterait une consigne.

875. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Crétineau-Joly » pp. 367-380

il aimait mieux que sa cause pérît que de la voir s’aider d’alliances qui n’étaient pas seulement des bassesses, mais des compromissions, si, par impossible, elle triomphait !

876. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Le docteur Revelière » pp. 381-394

. — Et c’est pourquoi il est une ruine aussi, parmi tant d’autres, impossibles à relever !

877. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « IV. Saisset »

Avec leurs tourbillons, leur vide et leur plein, leur dynamique, leurs harmonies préétablies, leurs idéalismes impossibles, ce sont de grands poëtes, mais abstraits, — des faiseurs, comme dit le mot poëte, des créateurs de puissantes ou d’impuissantes chimères, car l’homme n’invente réellement que sur le terrain de l’imagination : mais Dieu lui donne et il reçoit seulement sur celui de la vérité.

878. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Mistral. Mirèio »

Il faut le lire et le lire tout entier pour en avoir une idée, impossible à donner, par des citations isolées, qui ne seraient jamais que des démembrements de sa pensée ou de sa forme.

879. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. de Banville. Les Odes funambulesques. »

La vérité étant toujours dans un extrême (l’extrême opposé à l’erreur), les esprits à outrance, quand ils ne sont pas dans la vérité, sont si bien dans l’erreur qu’on les y voit tout de suite et qu’il est impossible de s’y tromper !

880. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pécontal. Volberg, poème. — Légendes et Ballades. »

Évidemment cela était impossible.

881. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Corneille »

Lui, l’homme des héros et d’un Idéal trop haut pour n’être pas étroit, l’homme à qui on a reproché de pousser la nature humaine jusqu’à l’abstraction, à la plus impossible des abstractions, sentit sur le tard de sa vie combien cette malheureuse nature humaine est concrète.

882. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Chapitre VII. Dernières preuves à l’appui de nos principes sur la marche des sociétés » pp. 342-354

Il était impossible que l’enfance de l’humanité suivît une marche différente ; on a remarqué dans un axiome que les enfants ont au plus haut degré la faculté d’imiter le vrai dans les choses qui ne sont point au-dessus de leur portée ; c’est en quoi consiste la poésie, laquelle n’est qu’imitation.

883. (1891) Impressions de théâtre. Cinquième série

Il m’est réellement impossible de me mettre à sa place. […] Il est même impossible d’en parler et d’en faire la critique. […] Cela était impossible, du moins par les moyens dont dispose le théâtre. […] Or, il est impossible de faire exactement le départ de ces divers éléments. […] C’est impossible, vous le savez bien ! 

884. (1902) Propos littéraires. Première série

Mademoiselle, “impossible” est un mot rare à la montagne ! […] Il était impossible au bout de quelques mois d’être plus pris que ne l’était M.  […] Il est évidemment impossible de l’être dans un volume intitulé Paris ou Londres ou Berlin. […] « Je ne sais s’il est vrai qu’un théâtre statique soit impossible. […] Firmin Girard ; c’est impossible.

885. (1891) La vie littéraire. Troisième série pp. -396

Car, sans morale aucune, il lui est impossible de subsister. […] Pendant des jours et des jours il épie le retour impossible, mais certain, de la morte. […] Il demanda à la vie tout ce qu’elle peut donner, sans jamais lui demander l’impossible. […] J’avoue qu’il m’est impossible de concevoir une meilleure organisation de la vie future. […] Et puis, si, par impossible, il était parvenu à le faire, on n’aurait pu le jouer et c’eût été dommage.

886. (1930) Le roman français pp. 1-197

— il est impossible de comprendre quelques aspects de notre romantisme. […] Sans Walter Scott, il est impossible de se rendre compte de certains des aspects caractéristiques, sinon essentiels, que prit le roman français de cette période de la Restauration, et de celle qui suivit. […] Impossible de concevoir un subjectivisme littéraire plus intégral que le sien. […] Il composait Les Dieux ont soif : « Cela ne va plus, me dit-il, je suis bloqué. » Je souris : France arrêté par une difficulté littéraire, cela me semblait impossible. « Oui, poursuivit-il, bloqué ! […] Il est tout entier, en effet, le produit de sa mémoire, mais il est impossible de savoir si ses souvenirs sont volontaires ou involontaires, tant il semble toujours tout se rappeler.

887. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque » pp. 2-79

II Jamais l’œuvre et l’écrivain ne sont plus indissolublement unis que dans les vers de Pétrarque, en sorte qu’il est impossible d’admirer la poésie sans raconter le poète : cela est naturel, car le sujet de Pétrarque c’est lui-même ; ce qu’il chante c’est ce qu’il sent. […] Les papes cependant s’efforçaient de transformer par la magnificence des édifices Avignon en une Rome des Gaules ; la vie qu’on y menait était élégante et raffinée ; les jeunes gens même à qui la tonsure donnait droit aux bénéfices ecclésiastiques sans leur imposer les devoirs du sacerdoce, fréquentaient les académies et les palais des femmes plus que les églises ; leur costume était recherché et efféminé, « Souvenez-vous », dit Pétrarque dans une lettre à son frère Gérard, où il lui retrace ces vanités de leur jeunesse, « souvenez-vous que nous portions des tuniques de laine fine et blanche où la moindre tache, un pli mal séant auraient été pour nous un grand sujet de honte ; que nos souliers, où nous évitions soigneusement la plus petite grimace, étaient si étroits que nous souffrions le martyre, à tel point qu’il m’aurait été impossible de marcher si je n’avais senti qu’il valait mieux blesser les yeux des autres que mes propres nerfs ; quand nous allions dans les rues, quel soin, quelle attention pour nous garantir des coups de vent qui auraient dérangé notre chevelure, ou pour éviter la boue qui aurait pu ternir l’éclat de nos tuniques !  […] Dans un tel état de choses, les facultés de ses grands hommes ne servent qu’à les torturer davantage par le spectacle de l’impuissance de leurs destinées ; de là des rêves, seule consolation des imaginations héroïques emprisonnées dans l’impossible.

888. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Troisième partie de Goethe. — Schiller » pp. 313-392

Ces deux existences désormais n’en font qu’une, tellement qu’il est impossible d’écrire l’histoire du génie de l’un sans toucher au génie de l’autre. […] Elle crée l’impossible, et, après avoir enfanté la chimère, elle s’abîme à grand bruit dans le néant. […] … « Il m’est impossible ici, sur les bords du Rhin, continue-t-elle, de ne pas vous écrire sur mon amie, la jeune Caroline Günderode.

889. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre » pp. 393-472

Il n’y a certainement qu’un usurpateur de génie qui ait la main assez ferme et même assez dure pour rétablir… Laissez faire Napoléon… Ou la maison de Bourbon est usée et condamnée par un de ces jugements de la Providence dont il est impossible de se rendre raison, et, dans ce cas, il est bon qu’une race nouvelle commence une succession légitime, etc. » On voit avec quelle souplesse de logique le fidèle de l’ancien régime se convertit aux volontés de la Providence et les justifie même contre son propre dogme. […] Il voulait imposer son nom à la reconnaissance de la maison de Savoie par un de ces services officieux, éclatants, qui font d’un sujet le restaurateur de son prince ; ou plutôt il ne savait pas bien précisément encore ce qu’il voulait à cet égard, car la résurrection du Piémont lui paraissait radicalement impossible tant que Napoléon serait sur le trône, et cependant c’était désormais à Napoléon qu’il allait s’adresser pour relever la monarchie de Sardaigne sur le continent. […] Or, puisqu’à ses propres yeux il était impossible, Napoléon vivant, de rendre Turin, le Piémont et la Savoie au roi de Sardaigne, c’était donc un autre royaume qu’il fallait obtenir de Napoléon en indemnité pour cette cour.

890. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (1re partie) » pp. 413-491

Étrangère de haute distinction, il n’était guère possible de ne la point voir et de ne pas la remarquer, plus impossible encore, une fois vue et remarquée, de ne pas lui trouver un charme infini. […] Toutefois, encore chancelant entre le oui et le non de cette flamme nouvelle, au mois de décembre je pris la poste, et je m’en allai à franc étrier jusqu’à Rome, voyage insensé et fatigant, dont je ne rapportai pour tout fruit que mon sonnet sur Rome, que je fis, une nuit, dans une pitoyable auberge de Baccano, où il me fut impossible de fermer l’œil. […] « Dire la stupéfaction et la fureur de Charles-Édouard, ce serait chose impossible.

891. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VII »

Mais je ne puis que répéter ce que Sidney Smith disait des passages vertigineux d’un virtuose : « Plût à Dieu que ce fût « impossible !  […] Si ce fourvoiement n’existait point, une œuvre qui dénature aussi complètement le drame wagnérien n’aurait pas obtenu le succès qu’elle a eu dans la presse65, et, surtout, il aurait été impossible qu’elle réussisse sur la scène. […] Il choisit donc les passages impossibles à rendre de façon parfaite quant au lien entre la musique et le texte.

892. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1872 » pp. 3-70

Sans cette armée, il était impossible que cela ne finît pas comme cela a fini… Je reviens à l’Empereur. […] » Impossible de vous rendre le comique de la parole et de l’intonation, je me tordais les côtes de rire, pendant que le pauvre diable me racontait son ulcère. […] Il est impossible de rendre la grognonnerie, en même temps que la gêne du général bavarois.

893. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1887 » pp. 165-228

Impossible d’y trouver un chapitre intéressant, une ligne qui nous apprenne quoi que ce soit… ………………………………………………………………………………………… « Voulez-vous devenir auteur ? […] Chez les Mexicains, impossible de découvrir aucun signe de faiblesse humaine. […] Et le voici revenant sur sa maladie, disant que quand il désirait du vin, il demandait de l’eau, disant que c’était le plus souvent une interversion de syllabes dont il n’était pas le maître, et qui lui faisait prononcer du féca, quand il voulait du café, ajoutant qu’il lui était impossible d’écrire, répétant deux ou trois fois de suite le mot parce que, etc., etc.

894. (1894) Textes critiques

Donnay, et l’impression de la création, supprimant la fatigue de prévoir ; et en second lieu, des sujets et péripéties naturelles, c’est-à-dire quotidiennement coutumières aux hommes ordinaires, étant de fait que Shakespeare, Michel Ange ou Léonard de Vinci sont un peu amples et d’un diamètre un peu rude à parcourir, parce que, génie et entendement ou même talent n’étant point d’une nature, il est impossible à la plupart.‌ […] Ce que nous allons expliquer était impossible au théâtre antique, la lumière verticale ou jamais assez horizontale soulignant d’ombre toute saillie du masque et pas assez nettement parce que diffuse. […] Et pratiquement chaque spectateur voit le masque personel d’une façon égale, avec des différences à coup sûr négligeables, en comparaison des idiosyncrasies et aptitudes à différemment comprendre, qu’il est impossible d’atténuer — qui d’ailleurs se neutralisent dans une foule en tant que troupeau, c’est-à-dire foule.‌

895. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIe entretien » pp. 5-85

Moi qui l’ai habitée si longtemps, qui l’aime comme une mère, qui lui dois le peu de poésie dont son ciel, ses mers, ses paysages, ses ruines, ont imbibé mon imagination, il m’est impossible de ne pas sentir battre dans ses membres encore enchaînés le pouls immortel de son génie, le génie initiateur de l’Europe. […] XIV Il nous est impossible de ne pas augurer une troisième renaissance littéraire pour une contrée aussi inépuisable en fécondité intellectuelle qu’en fécondité matérielle. […] Il vaut mieux accepter franchement le néant d’ici-bas que de lutter ridiculement et péniblement avec l’impossible.

896. (1856) Réalisme, numéros 1-2 pp. 1-32

Elle est avide des coloriages où les personnages ont des visages bleus et des mains jaunes ; elle délaissera un paysage net et vrai pour s’abattre devant des machines flamboyantes, impossibles. […] … un charlatanisme ; et la sincérité est impossible sans la liberté ; comment être sincère quand on est resserré dans les lois formulées d’un système. […] Pour quelques-uns qui ont leur petite idée à eux, le Réalisme est impossible, parce qu’on ne peut pas dire tout, et dans leur pensée à eux le Réalisme veut dire être réel. Or la réalité comporte des choses impossibles ; par conséquent si les réalistes n’emploient pas ces choses, ce ne sont plus des réalistes, mais des gens qui ne savent ce qu’ils veulent et qui n’ont jamais eu aucun commerce avec la logique. […] Si cette idée impossible, absurde, était offerte sincèrement aux lecteurs, je crois que justice en serait faite aussitôt.

897. (1927) Quelques progrès dans l’étude du cœur humain (Freud et Proust)

La résistance semble donc être l’effet d’une force, de nature proprement affective, et qui s’oppose à l’apparition dans la conscience claire, à l’illumination, de certains éléments psychiques qu’elle considère comme incongrus, comme impossibles à regarder en face. […] Toute contamination des uns par les autres apparaît à Proust comme impossible. […] Mais parce que je la savais impossible dans une lettre adressée à moi, cette vue, non accompagnée de croyance ne me causa pas de joie. […] Et ce serait peut-être indispensable pour vous faire éprouver la sorte de pression constante, infatigable, impossible à déjouer qu’exerce l’esprit de Proust sur toute donnée qui lui est soumise, sur le monde en général. […] L’amour est tout naturellement producteur d’absolu ; il a besoin d’absolu ; c’est une puissance si grande qu’elle prend spontanément une sorte de vertu métaphysique et qu’elle transpose le sujet qui l’éprouve dans une autre réalité, plus grande, plus profonde et dont il lui est naturellement impossible de douter qu’elle lui soit extérieure.

898. (1892) Un Hollandais à Paris en 1891 pp. -305

Il m’a été impossible jusqu’ici de garder mes domestiques. […] Je n’ai jamais parlé de ceci à personne : il m’était impossible d’en rien dire. […] Ce n’est pas impossible. […] Il m’est impossible de m’arracher à ce spectacle. […] L’homme, qui a du nerf, au contraire, saisit l’occasion et achève l’impossible.

899. (1894) Dégénérescence. Fin de siècle, le mysticisme. L’égotisme, le réalisme, le vingtième siècle

Alexandre Starr a publié vingt-trois cas de lésions ou affections des lobes frontaux du cerveau dans lesquels il était « impossible (aux malades) de fixer leur attention75 », et M.  […] Il transporte leur esprit dans l’état d’activité intellectuelle déterminé par la seule association d’idées sans frein, propre au mystique ; il éveille aussi en eux ses représentations-frontières ambiguës et inexprimables, et il leur donne le pressentiment des rapports les plus étranges, les plus impossibles des choses entre elles. […] L’ingénieur en proie au mysticisme s’exténue à des inventions impossibles, croît être sur la trace de la solution du problème du mouvement perpétuel, imagine des communications entre la terre et les astres, des puits conduisant au noyau incandescent de notre globe, etc. […] Le socialisme, en effet, à côté de ses doctrines économiques radicales et de ses théories égalitaires impossibles, représente l’émancipation de la pensée. […] On constatera toujours que cela est impossible.

900. (1907) Le romantisme français. Essai sur la révolution dans les sentiments et dans les idées au XIXe siècle

D’autres, pervertis au même idéal d’impossible jouissance, le poursuivront par l’abus des passions et ravageront toutes choses autour d’eux. […] A peine pourvu, il se rend impossible et sincèrement ne parle que de partir. […] Voilà, de la part d’une vierge, l’impossible et le faux. […] Impossibles, comment ces caractères engendreraient-ils aucune action ? […] Uniquement la stupeur, étant impossibles, d’exister.

901. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Mme Valmore soigna elle-même sa fille mourante à Passy, et pendant de longues semaines, elle fut en présence d’un dépérissement étrange, muet, bizarre, d’un besoin obstiné de solitude, d’une sorte de terreur contenue et fermée à toute espérance, à toute lueur distrayante : « (À Mme Derains, 4 octobre 1852)… Il m’est impossible, dans la sincérité de mon cœur, de veus dire quoi que ce soit d’absolu sur l’état de ce que j’aime. […] Écrire autrement, c’est mentir, — chose impossible avec vous.

902. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Mémoires »

Dans ce salon étroit, et qui était assez peu et assez noblement rempli pour qu’on se sentît fier d’être au cercle des préférés, il était impossible, durant les intervalles de la lecture, ou même en l’écoutant, de ne pas s’égarer aux souvenirs. […] Mais quand il vient à se rappeler que cette société, la première qu’il ait  remarquée, est aussi la première qui ait disparu à ses yeux ; quand il montre la mort dépeuplant par degrés cette maison heureuse, une chambre qui se ferme et puis une autre, et le quadrille de l’aïeule devenu impossible, faute des partners accoutumés, il touche alors à une corde de sensibilité intime dont ses Mémoires nous rendent plus d’un tendre soupir.

903. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « François Ier, poëte. Poésies et correspondance recueillies et publiées par M. Aimé Champollion-Figeac, 1 vol. in-4°, Paris, 1847. »

Mais, du moment que les vers, ramenés à l’état de simple composition littéraire, devinrent un art plus précis, du moment que les rimes durent se coucher par écriture, et qu’il fallut, bon gré mal gré, et nonobstant toutes métaphores, noircir du papier, comme on dit, pour arriver à l’indispensable correction et à l’élégance, dès lors il fut à peu près impossible d’être à la fois roi et poëte avec bienséance. […] « Sire, répondit le poëte, rien n’est impossible à Votre Majesté ; elle a voulu faire de mauvais vers, et elle y a réussi. » Louis XIV, avec son grand sens, se le tint pour dit.

904. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la loi sur la presse »

Nogent Saint-Laurens, dans son troisième rapport supplémentaire, a bien voulu laisser une porte entr’ouverte et faire entrevoir que plus tard, — peut-être, — il ne serait pas impossible d’obtenir quelque réduction nouvelle pour les droits de timbre et les droits postaux : ce serait un article à insérer dans une loi future de finance. […] Par quantité de règlements qui ne sont pas tous mauvais ni inutiles, et qui sont même, quelques-uns, d’une bonne police, la France, la nouvelle France, s’est vue réduite et rangée à un régime quotidien où ne s’était jamais vue la vieille France, celle de nos grands-pères ; à bien des égards elle a été mise en classe, et il n’est pas impossible qu’elle s’accoutume à y rester.

905. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

Le ton de ces lettres est triste comme les événements de cette saison : « Les seules nouvelles que je puisse vous apprendre d’ici, écrit-il à cette dame, c’est que la pluie est si continuelle qu’il est impossible de quitter la maison, et l’on est forcé de renoncer aux exercices de la campagne, pour se livrer, dans l’appartement, à des jeux tout à fait puériles. […] Et tant que vous serez pénétré de ces principes, il ne vous sera pas difficile de rendre à votre famille et à votre patrie des services importants ; au contraire, vous pouvez devenir le lien heureux qui attachera plus étroitement cette ville à l’Église et votre famille à cet État ; et, quoiqu’il soit impossible de prévoir quels événements peuvent arriver un jour, je ne doute point que cela ne se puisse faire avec un égal avantage pour tous, observant néanmoins que vous devez toujours préférer les intérêts de l’Église.

906. (1911) Enquête sur la question du latin (Les Marges)

Là-dessus, impossible de se tromper. […] Mais à quoi bon, puisque c’est impossible ?

907. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre VI. Premiers pas hors de Saint-Sulpice  (1882) »

Pour moi, il m’est impossible d’être dur pour quelqu’un à priori. […] Il me serait impossible de manquer d’égards envers un chien, de le traiter rudement et avec un air d’autorité.

908. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « I »

Qu’on veuille bien lire la lettre du 15 février 1854 à Fischer, exubérante d’activité joyeuse et de projets impossibles (Allgem. […] Mais tirées à petit nombre, d’un prix assez haut, vite elles furent épuisées… je crois qu’il serait aujourd’hui absolument impossible d’acquérir la plupart d’elles.

909. (1881) La psychologie anglaise contemporaine «  M. Georges Lewes — Chapitre I : L’histoire de la philosophie »

« Le critérium subjectif de la vérité est l’impensabilité (unthinkableness) de sa négative, en d’autres termes la réduction à : A est A. » « La conscience n’est infaillible que quand elle est réduite aux propositions identiques. « Là et là seulement, il n’y a point de faillibilité. » Comme il y a place pour l’erreur partout où la proposition n’est pas identique, et comme une probabilité variable en degrés est tout ce que nous pouvons atteindre dans la plupart de nos conclusions, il est facile d’étendre le principe logique qui détermine l’infaillibilité aux degrés variables de probabilité, et par suite de rendre l’erreur impossible. […] Mais avec les éléments de la pensée, cette synthèse et cette analyse sont impossibles.

910. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1858 » pp. 225-262

Ainsi, par exemple : Je vais bien, se dit : « Je de gue vais dai gai bien den gen. » Une langue impossible, martelée de sonorités de diphtongues, et qui vous passe contre l’oreille comme une brosse dure. […] Elle dit : « Oui. » À un second, elle dit : « Peut-être. » À un troisième, elle est forcée de dire : « Impossible ! 

911. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1877 » pp. 308-348

Il ajoute avec un tact délicat : « Que le salon Charpentier aura peut-être la fortune — chose regardée comme impossible en France — de réunir et de mettre en contact des gens d’opinion différente, qui s’estiment et s’apprécient, chacun, bien entendu, gardant son opinion. » Et il parle de l’Angleterre, où le soir, dans le même cercle, les antagonistes les plus violents se donnent la main. […] Et le voici, — du reste en homme fort distingué — moitié mécontent, moitié satisfait, à se plaindre à moi, d’avoir fait figurer son frère dans un roman, avec des détails si particuliers, qu’il est impossible, me dit-il, que je ne l’aie pas connu.

912. (1899) Esthétique de la langue française « La métaphore  »

Il est impossible que l’idée de soleil n’entre pas dans le nom de la grande fleur jaune appelée tournesol ; elle ressemble exactement aux faces du soleil dans les vieilles gravures et, de plus, elle se tourne sensiblement vers l’astre qu’elle semble suivre avec inquiétude : ses deux noms français, tournesol et soleil 173, traduisent cette double impression. […] En différenciant les deux mots, la grammaire nous oblige à toutes sortes de petits mensonges, car il nous est réellement impossible parfois de savoir si nous comptons ou si nous contons.

913. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre septième. L’introduction des idées philosophiques et sociales dans la poésie. »

Aussi est-il impossible de méconnaître le rôle social et philosophique de la poésie et de l’art. « Le poète a charge d’âmes », a dit Hugo. […] Mais, si le mystère ne peut être complètement éclaira, il nous est pourtant impossible de ne pas nous faire une représentation du fond des choses, de ne pas nous répondre à nous-mêmes dans le silence morne de la nature.

914. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « II. M. Capefigue » pp. 9-45

En d’autres termes, si l’on conçoit sans peine que les ennemis de la vieille monarchie puissent rétrospectivement s’intéresser à ce roi, suicide de sa race, qui l’a frappée en sa personne, à cette fête de Sardanapale incendiaire qui a dévoré ses convives, à ce souper de soixante ans qu’on appelle le règne de Louis XV et qui semblait rendre après lui tout règne de ses descendants impossible, conçoit-on aussi facilement que les hommes, vassaux fidèles du passé, qui ont reconnu que ce n’était pas le passé seul, mais l’avenir pour eux, qui périssait dans un tel désastre ; puissent en parler autrement que pour le déplorer et le maudire ? […] IX En effet, il faut réhabiliter Mme Du Barry de la tête aux pieds, avec une autorité souveraine, — faire resplendir ce qu’elle fut, c’est-à-dire le contraire de ce que croient les hommes et de ce que dit l’histoire, — préciser avec une rigueur qui rende toute contestation impossible l’action qu’elle eut, si elle en eut jamais de profitable à la monarchie, ou ne pas s’en mêler du tout et la laisser oubliée, — si tant est qu’on puisse l’oublier — dans ce tas de chiffons souillés qui finissent par devenir sanglants et qui furent le dix-huitième siècle.

915. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’avenir du naturalisme »

D’avoir battu en brèche, sans relâche, avec une énergie extraordinaire, dans sa critique et dans son œuvre, le vieux spiritualisme ; de s’être insurgé contre le meurtrier dualisme chrétien de l’âme et du corps, d’avoir brutalement revendiqué la vie de la terre et de la matière, réentendu la nature et l’instinct, voilà ce qu’il est impossible de lui contester, et ce qui suffirait à légitimer sa gloire. […] Il est impossible actuellement de ne pas posséder une notion singulièrement plus large du déterminisme vital et cosmique, conception qui est appelée à devenir la synthèse supérieure des deux termes anciens, si longtemps opposés l’un à l’autre : déterminisme, liberté.

916. (1898) Les personnages de roman pp. 39-76

Quelle figure incomplète nous donnerions à ces étrangers ; comme ils resteraient imaginaires ; comme il nous serait impossible d’être vrais ou seulement équitables ! […] Mais j’ai pour excuse la nécessité même, car, dans un problème si délicat, il est impossible de parler d’après l’expérience des autres, et nul ne saurait noter avec certitude la marche de pareilles idées, si ce n’est dans son propre esprit.

917. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre II. La qualité des unités sociales. Homogénéité et hétérogénéité »

Foâ 92, regrettent souvent que la traite n’existe plus. » Montesquieu avait donc raison : « Ils ont le nez si écrasé qu’il est presque impossible de les plaindre. » Ainsi, souvent, l’impression que produit sur nous l’aspect physique des hommes gouverne le jugement que nous portons sur leur valeur ; nous classons les gens « sur la mine ». […] Topinard 131, l’inégalité de ces différences mêmes peut tenir à l’inégalité des séries de crânes comparées, et il est encore impossible d’affirmer « que les variations individuelles soient moins étendues dans les races inférieures que dans les races supérieures ».

918. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — George Sand, Valentine (1832) »

Parmi les trois, Bénédict, comme on le croira sans peine, choisit précisément celle qui est impossible, la fiancée de M. de Lansac, Valentine ; ou plutôt il ne choisit pas : l’amour, qui n’est pas un choix, mais un don et un destin, l’amour entre eux deux se déclare.

919. (1874) Premiers lundis. Tome I « Espoir et vœu du mouvement littéraire et poétique après la Révolution de 1830. »

Pourtant il était impossible que le contre-coup de cette ruine sociale ne retentît pas tôt ou tard dans la poésie, et qu’elle aussi n’accomplît pas sa révolution.

920. (1874) Premiers lundis. Tome II « Alexis de Tocqueville. De la démocratie en Amérique. »

Et il énumère tous les pouvoirs qui sont tombés, les grandes existences individuelles désormais impossibles, la perte des croyances, qui, chez le grand nombre, a devancé l’acquisition des lumières ; il montre la démocratie grandissant, et, à chaque combat décisif, renversant tout ce qui est sur son chemin, mais sans direction jusqu’ici, sans conscience d’un but à atteindre, et de plus en plus pareille à un enfant robuste et sauvage.

921. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre III. Du récit des faits. — Antécédents et conséquents. — Causes et effets »

Souvent un fait immense tient dans un très court moment de la durée ; souvent, dans un instant indivisible, une action impossible à décomposer s’est produite : ce qui en fera sentir la grandeur, c’est l’opposition fortement marquée entre cette action et les actions qui la précèdent et qui la suivent, les antécédents et les conséquents, que l’on développera parfois jusqu’à la limite extrême de la patience du lecteur.

922. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XVIII. Gentils conteurs » pp. 218-231

Or, je réponds : il n’est pas impossible certes, mais que c’est improbable !

923. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XXI. Le littérateur chez les peintres » pp. 269-282

Supprimer les Salons, les négliger, les faire tomber en désuétude, c’est mettre les peintres dans la triste position sociale des musiciens. « Se faire connaître », on sait, pour un musicien, c’est exactement impossible, sauf fortune ou bonne fortune.

924. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XX. Opposition contre Jésus. »

Son règne était fini, et pourtant lui demander d’abdiquer, c’était lui demander l’impossible, ce qu’une puissance établie n’a jamais fait ni pu faire.

925. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre VII » pp. 56-69

Balzac pense qu’à l’aménité, ils joignaient cette grandeur « dont il leur était impossible de se défaire, parce qu’elle tenait à leur cœur et à leur esprit, parce qu’elle avait racine en eux et n’était pas appliquée sur leur fortune.

926. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXII » pp. 222-236

Elle blâmait le grand Alcandre de son indifférence ; elle lui fournissait les moyens pour le faire revenir, sachant bien qu’il est impossible de rapprocher des amants dégoûtés l’un de l’autre.

927. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « VII »

Nul danger pour eux de tomber dans l’imitation servile, parce qu’en effet « il est aussi impossible de revenir au style d Homère que de reprendre l’arc et le bouclier ».

928. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre II. Mme Le Normand »

Mais il m’est pourtant impossible de les partager.

929. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXIII. Henry Gréville »

de la vertu la plus désespérante et les créations impossibles d’un indéconcertable optimisme.

930. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Quitard »

J’en suis fâché, car je voudrais véritablement faire bon ménage avec Quitard, le parémiographe, mais il m’est impossible d’accepter la grande source vague d’où il dit que viennent les proverbes qu’il a recueillis.

931. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Jules Girard » pp. 327-340

Girard, impossible, si on les admet, d’admettre l’historien grec et son œuvre sur le pied immense où M. 

932. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Le comte de Fersen et la cour de France »

Un homme qui pesait plus que ces Majestés dégradées, Pitt, existait pourtant en Angleterre, mais l’Angleterre, la neutre Angleterre, immobile sous la carapace de ses intérêts, ne bougea pas non plus, et ce ne fut que plus tard, et grâce à l’argent de son pays, que Pitt fit cette coalition de princes possible contre l’Empereur, mais impossible pour le Roi !

933. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Madame de Maintenon » pp. 27-40

D’abord la grande société monarchique du temps de Louis XIV est finie, et par le fait fatal et triste de cette âpre curiosité qu’on a pour les choses qu’il est impossible de revoir, et aussi par le fait du contraste de nos mœurs avec ces mœurs évanouies, nous nous attacherons pendant longtemps encore à remuer cette poussière et à lui demander ce qu’elle fut du temps qu’elle vivait.

934. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Lettres d’une mère à son fils » pp. 157-170

Mais il est nécessaire que le prêtre y soit, c’est-à-dire le père appuyé sur la tradition religieuse ; car, au point où nous voilà arrivés dans l’Histoire, impossible d’élever un enfant en dehors des idées chrétiennes.

935. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Vauvenargues » pp. 185-198

Grâce à Dieu, retiré, contre les pestes de son temps, dans ce lazaret d’un régiment, la dernière chose de l’ancienne monarchie qui ait été corrompue, s’il n’échappa point à tous les miasmes contemporains, ce qui est impossible à l’être perméable que l’on appelle l’homme le plus fort, il échappa du moins au plus grand nombre et aux plus dangereux.

936. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Félix Rocquain » pp. 229-242

que Voltaire, — il est impossible de ne pas admettre que l’auteur de L’Esprit révolutionnaire avant la Révolution ne soit animé — non pas animé, il n’est jamais animé !

937. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Abailard et Héloïse »

c’est précisément dans les lettres d’Abailard et d’Héloïse qu’il nous a été impossible de les découvrir.

938. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame Du Deffand »

Elle fut dévorée par l’ennui, avec tout ce qui, en elle et hors d’elle, dans son être et dans sa société, aurait dû rendre cet ennui impossible, et malgré tous les efforts que cet esprit ravissant, si fin et si souple, ne cessa de faire, toute sa vie, pour y échapper !

939. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XI. Gorini »

Il serait difficile pour ne pas dire impossible, à l’analyse de prendre pour vous la montrer, dans le fond de sa main, toute cette poussière de textes broyés par l’auteur de la Défense de l’Église sur toutes les questions les plus variées et les moins liées les unes aux autres, sur les saints, saint Pierre, saint Irénée, Saint-Vincent de Lérins, saint Boniface, sur la bibliothèque d’Alexandrie, sur la croyance religieuse des seigneurs gallo-romains aux quatrième et cinquième siècles, sur l’Église celtique, sur la hiérarchie ecclésiastique, sur les rapports de la Papauté avec les églises particulières, italienne septentrionale, espagnole, gallicane, etc., etc.

940. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XV. Vauvenargues »

Grâce à Dieu, retiré, contre les pestes de son temps, dans ce lazaret d’un régiment, la dernière chose de l’ancienne monarchie qui ait été corrompue ; s’il n’échappa point à tous les miasmes contemporains, ce qui est impossible à l’être perméable que l’on appelle l’homme le plus fort, il échappa du moins au plus grand nombre et aux plus dangereux.

941. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XIX. Abailard »

c’est précisément dans les lettres d’Abailard et d’Héloïse, dans ces lettres qu’aujourd’hui l’on traduit et l’on publie, qu’il nous a été impossible de les découvrir !

942. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXVI. Médecine Tessier »

Tessier, on voit que l’esprit de ce redoutable discuteur doit fomenter, depuis longtemps déjà, une vaste théorie de son art, et il est impossible de ne pas tenir compte de ce qu’on aperçoit d’un système qui, sans doute, se dégagera plus tard, avec la double force de ses développements et de son ensemble.

943. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Ch. de Rémusat. Abélard, drame philosophique » pp. 237-250

, impossible à jouer, Charles de Rémusat — à ce qu’il paraît — le lisait parfois, de son vivant, aux personnes dévouées d’esprit et d’oreille à ses œuvres.

944. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Caro. Le Pessimisme au XIXe siècle » pp. 297-311

Caro appelle : « Le Pessimisme au xixe  siècle », il commence par en faire l’histoire sentimentale avant d’arriver à la théorie scientifique de ces deux Enragés du néant qu’il nous serait impossible d’admettre deux minutes, eux et leurs idées, s’ils étaient seuls, si nous n’étions pas préparés, par cette précaution d’une histoire, à une théorie de métaphysique qui n’en reste pas moins, malgré cette histoire préliminaire, de la plus incompréhensible absurdité !

945. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « A. Dumas. La Question du Divorce » pp. 377-390

Ce n’est pas davantage une question pour une nation politique, car la vraie et grande politique ne se préoccupe que de ce qui est l’intérêt social, et non pas de l’intérêt individuel que les Épicuriens, les jouisseurs et les myopes, qui font de la justice à la mesure de leurs pauvres sensibilités, ont toujours envisagé, depuis que cette question du divorce s’agite sur le tambour de la révolte, battant la charge contre tout ce qui n’est pas la plus impossible des égalités !

946. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Georges Caumont. Jugements d’un mourant sur la vie » pp. 417-429

Mais les débris de cette absurdité brisée s’attachent à lui et entrent dans sa pensée, comme des échardes douloureuses et saignantes, et, de ce coup, impossibles à arracher ! 

947. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Le Docteur Favrot »

III Le talent, le plus grand talent, pris à la source où le talent se puise, à la source sacrée des émotions profondes, n’aurait donc pas été de trop dans ce tragique sujet des inhumations précipitées ; car s’il n’est pas tout à fait impossible, hélas !

948. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Henri Cantel »

Si nous ne l’avons pas démontré, c’est qu’on ne démontre pas plus la vie que le mouvement, et que le christianisme est toute la vie moderne, — que nous le sentions tous plus ou moins dans nos têtes et dans nos poitrines, — et qu’il est impossible, même à ceux-là qui le maudissent, de vivre deux secondes avec profondeur et puissance hors de l’étreinte de ce christianisme, notre vainqueur et notre maître à tous !

949. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Auguste Vacquerie  »

Alors qu’il se dissimulait le plus, impossible de ne pas le voir comme le soleil et comme la République !

950. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Ferdinand Fabre »

Shakespeare a créé, lui, l’impossible et monstrueux Caliban.

951. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Jules Janin » pp. 159-171

Et cependant, il n’est pas pour cela, et il est impossible de le croire, une originalité pure, une spontanéité, une force de talent vierge ; il ne s’est pas donné seulement la peine de naître, il s’est donné celle de bien autre chose !

952. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Mm. Jules et Edmond de Goncourt. » pp. 189-201

Il y a, dans ces mares d’arcs-en-ciel dissous et brouillés, dans lesquelles on entre jusqu’au ventre, de jolies nuances qu’on voudrait sauver, et c’est impossible !

953. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Théophile Gautier. » pp. 295-308

Et cependant, si aujourd’hui, à propos d’un livre qu’il m’est impossible d’admirer, je veux prendre exactement la mesure de ce talent, et si j’ose introduire mes petites réserves sur des procédés d’exécution dont je connais la profondeur et la portée, dussé-je m’adresser aux esprits les plus connaisseurs, ayant au fond la conviction que la critique que je me permets est fondée !

954. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Les Mémoires d’une femme de chambre » pp. 309-321

Et notez que ce serait là un livre tout à fait nouveau, tout à fait digne du dix-neuvième siècle et des progrès du dix-neuvième siècle, car avant le dix-neuvième siècle un pareil livre était impossible.

955. (1856) Leçons de physiologie expérimentale appliquée à la médecine. Tome I

Les généralisateurs ne manquent pas, mais les grandes généralisations sont encore impossibles en physiologie. […] Rayer ; nous y ajoutons du sang, de telle sorte que les réactions avec la potasse et le liquide cupro-potassique seraient difficiles à voir et l’épreuve optique impossible. […] Il était impossible, dans cet état, de le soumettre à l’appareil de polarisation. […] Dans ces expériences, il est évidemment impossible d’attribuer à l’alimentation l’origine du sucre dans le foie. […] Tout ce qu’on voit, tout ce qu’on observe, doit absolument rentrer dans la théorie, et l’on déclare au besoin impossibles et absurdes les faits qui la contredisent.

956. (1891) Esquisses contemporaines

Non pas qu’il soit impossible de s’étourdir ou de parader jusqu’au bout. […] Ce serait demander l’impossible et réclamer de considérations purement utilitaires ce que n’a pu opérer la plus puissante des religions. […] Rien ne nous est impossible, excepté d’établir un point d’appui pour l’âme, une assurance pour l’esprit. […] Il est impossible d’asseoir une foi plus ferme sur un scepticisme plus complet à l’égard des éléments mêmes de la foi ; il est impossible de proclamer plus âprement la nécessité d’une révélation extérieure et de lui enlever plus sûrement toute attache subjective, c’est-à-dire tout lieu d’entrée et tout point d’appui dans la nature humaine. […] Il est impossible, on le conçoit, de résumer une conversation qui a tous les caractères d’une causerie et qui s’achemine à travers mille méandres.

/ 1982