— On connaît trop ses manières charmantes, dit un habitué du café de Floupette en parlant du diable. […] Oui, ils sont les dignes fils de ce grand et noble poète tant bafoué et calomnié de son vivant, et si mal connu encore à cette heure ; de ce pur artiste qui écrivait : « … La poésie, pour peu qu’on veuille descendre en soi-même, interroger son âme, rappeler ses souvenirs d’enthousiasme, n’a pas d’autre but qu’elle-même ; elle ne peut pas en avoir d’autre et aucun poème ne sera si grand, si noble, si véritablement digne du nom de poème, que celui qui aura été écrit uniquement pour le plaisir d’écrire un poème. » Et, en remontant jusqu’aux premières années du siècle, on trouverait un autre ancêtre, Alfred de Vigny, l’auteur de Moïse, de La Colère de Samson, de La Maison du berger et de ce délicieux mystère où … les rêves pieux et les saintes louanges, Et tous les anges purs et tous les grands archanges… chantent sur leurs harpes d’or la naissance d’Éloa, cette ange charmante née d’une larme de Jésus. […] Les symbolistes attendaient qu’en ses vieux jours ce poète savant et charmant chantât, à leur venue, le cantique de Siméon.
Un intérieur charmant, mais trop de portraitures d’amis et de parents. […] … Le joli causeur à la malice amusante que ce Banville, et tout ce qu’il raconte sur le théâtre qu’on ne lit pas, avec des aperçus si philosophiquement blagueurs, et les portraits si bien mordus à l’eau-forte qu’il enlève des comédiens et des comédiennes, et le délicieux comique et le parfait acteur qu’il est pour jouer ce monde des planches, et l’art unique qu’il a, avec son ironie flûtée et poignardante, d’exposer les dessous infâmes ou ironiques des choses des coulisses… Et les paradoxes charmants, énormes, stupéfiants, les paradoxes de lettré, où au fond de l’exagération hyperbolique, existe toujours un grain infinitésimal de vérité ou de bon sens, et qui sortent de sa bouche à tout moment. […] À propos d’un charmant portrait de la Duthé, que nous lui disons se trouver chez Mme de Boigne, et provenant d’un legs fait à un d’Osmont par l’abbé de Bourbon, lors d’une maladie dont il crut mourir, il nous raconte qu’il a vu la Duthé, étant encore tout enfant.
» Et tout le long du chemin, c’était un réveil de son plus fin et de son plus caustique esprit, à l’encontre des bandes de bourgeois que nous traversions : « Mais tu ne dis rien, me jeta-t-il, après un mot charmant sur un couple de vieilles amours, ça te fait de la peine de me voir comme ça, hein ? […] C’était pour moi, dans son enfance, quelque chose de doux et de charmant d’écouter sa petite parole trébuchante contre ces deux consonnes, et ses tolères contre sa nou-ice. […] Un groupe charmant dans les allées.
Et il est en effet le poète charmant et gâté, celui qui trouve place dans toutes les mémoires, même les plus moroses. […] On pourra objecter que nul ne se soucie d’une suite de raisonnements mis en vers ; sans doute ; n’oublions pas pourtant que les grandes idées font la grande poésie, et que, pour Musset même, sa réelle valeur n’est pas dans le badinage, si élégant et charmant qu’il soit, mais dans l’expression sincère, poignante parfois, de la souffrance morale et de l’angoisse du doute. […] Le masque est si charmant que j’ai peur du visage, Et, même en carnaval, je n’y toucherais pas.
… Il est vrai qu’il a des traits charmants, ce diable de cardinal : « Si le prieur des chartreux lui eût plu », dit-il, « elle eût été solitaire de bonne foi. — Son dévouement à la passion qu’on pouvait dire éternelle, quoiqu’elle changeât continuellement d’objets, n’empêchait pas qu’une mouche ne lui donnât des distractions ! […] Cousin, et qui lui fait écrire : « Elle avait une taille ravissante, le plus charmant visage, le plus beau sein », — le plus beau sein ! […] Cousin trouvera toujours bien, à ce niveau d’intérêt et de moralité, des femmes plus ou moins charmantes, dont il continuera de nous vanter les vices… ou même les vertus !
c’était l’auteur, jeune invraisemblablement, de vers si extraordinaires, puissants, charmants, pervers ! […] dans ses chansons si musicales, en dehors, bien entendu, des airs charmants qu’il y adaptait, rime faiblement : Ô ma charmante, Ô mon désir, Sachons cueillir L’heure charmante ! […] Il appert que l’auteur, épris surtout de la personnalité, de la délicatesse et de la naïveté, mère et nourrice de toutes les perfections grandes et petites, s’est sustenté des mêmes sucs, a assumé la même vie que le sensitif raffiné, mais amoureux de simplicité noble et charmante qu’il est de nature. […] J’entends parler de ceux à qui leurs excès, bien de leur âge et de leur intransigeance, charmante au fond, avaient valu de la part de tels critiques qui ne les valaient pas les épithètes de Décadents et de Symbolistes... […] En dehors des « Romans », puisque, décidément, le nom s’est imposé, il y a une pléiade indépendante d’elle-même de poètes charmants ou forts, chacun cherchant sa voie, la plupart d’entre eux l’ayant trouvée, — ou la trouvant, les uns, adeptes fervents, d’autres partisans sceptiques, à ce qu’il semble, de ce vers libre que je n’aime pas trop en dernière analyse.
., c’est lui-même, Rémusat, un des plus charmants causeurs et des plus fertiles.)
Sa conversation se distingue par un tour imprévu et charmant ; il y emploie du reste les mêmes mots que tout le monde, et dans le même sens, ou à peu près.
Charles Morice Jules Laforgue est comme unique, non point dans cette génération, mais dans la littérature… Je ne vois pas de psychologie plus aiguë et plus poétique, à la fois spéciale et généralisée, que celle de ces Moralités légendaires, plus précieuse encore que les vers des Complaintes et de Notre-Dame la Lune… Ce qu’il a fait, chanson qui vibre à l’écart du fusinage caricatural d’essence si purement artistique, c’est l’œuvre d’un sceptique sentimental, non sans force, certes, mais sans la sage folie d’espérer ; c’est comme le sourire de ce visage charmant que personne n’oubliera, ce sourire qui comprenait tout.
Ils ont vu l’auteur de Psyché et d’Hermia devenir délicieusement chrétien dans les Poèmes évangéliques, s’enflammer jusqu’à la satire pour la défense de sa foi et de ses convictions, unir dans Pernette le drame à l’idylle, trouver, pendant les désastres de l’invasion allemande, des accents inoubliables de douleur et de patriotisme, répandre enfin, dans le Livre d’un père, les mâles et charmantes tendresses de son cœur.
Pourtant, elles furent si charmantes !
Selon Voltaire, Anne d’Autriche avait apporté à la cour de France une galanterie noble et fière qu’elle tenait du génie espagnol, et y avait joint les grâces, la douceur et une liberté décente qui n’était qu’en France : l’anecdote des férets d’aiguillettes en diamants qu’elle avait reçus du ici, et qu’elle donna presque aussitôt au duc de Buckingham, les vers où Voiture lui parle à découvert de son amour pour ce charmant Anglais et le plaisir qu’elle prit à les lire, le soin qu’elle mit à les garder, ces détails attestés par madame de Motteville annoncent dans la reine toute l’inconsidération d’un goût très vif, et sortent des bornes de cette galanterie noble et fière et de cette liberté décente que Voltaire lui attribue.
Elle n’épargna pas même ce charmant dialogue en prose, intitulé Débat de Folie & d’Amour.
Il s’agit bien de toucher de son sceptre une femme charmante, adorée et qui se meurt de douleur !
Cette langue latine est charmante.
Sans ce nom d’une femme qui est le plus charmant souvenir de nos esprits et dont on les couronne, ils ne soulèveraient pas, même l’espace d’un jour, le poids de leur obscurité.
Nous ne citerons rien des pages charmantes que le Traité des études a inspirées à notre auteur. […] Le monde dont il a été le charmant interprète s’en va. […] Avez-vous vu l’ingénieuse et charmante pièce qui a pour titre Par droit de conquête ? […] On empoisonne, ou peu s’en faut, et il faut, bon gré mal gré, que vous le trouviez charmant. […] Quiconque n’écrira pas au bas de chaque page de Regnard : charmant !
Aussi beaucoup de femmes charmantes l’avaient aimé. […] Les guerriers au grand cœur se pressaient en foule afin de voir la vierge charmante. […] Kriemhilt les coupa elle-même, la charmante vierge. […] Je vois ce riche guerrier, modeste comme une jeune fille, marcher avec bonne apparence et avec une grâce charmante. […] C’est avec ce bouclier que la vierge charmante voulait combattre.
Ce jour-là, seulement, un peu de la gaîté de ce carnaval enfantin, l’entourant de sa ronde, montait à son visage, et y mettait un charmant rayonnement. […] » Jeudi 11 août Alfred Stevens est venu dîner, avec sa jolie fille, aux yeux si tristement charmants. […] À quelques années de là, c’était au bout de la rue de la Paix, le second de la maison faisant le coin de la rue des Petits-Champs et de la place Vendôme, que ma tante occupait, un vieil appartement charmant, un appartement qui coûtait, je crois bien, diable m’emporte, en ce temps-là, 2 500 francs. […] Un charmant trio, que la réunion de ces trois femmes : ma tante avec sa figure brune, pleine d’une beauté spirituelle ; sa belle-sœur, une créole blonde, avec ses yeux d’azur, sa peau blanchement rosée, et la paresse molle de sa taille ; ma mère avec sa douce figure et son petit pied. […] une charmante créature.
Et il se couche, nous faisant de son lit, avant de s’endormir, de charmantes plaisanteries enfantines et qu’il sait si bien faire, sur le bal et les folies que nous aurions pu y faire. […] 10 mars J’ai reçu de Mme Sand sur Les Hommes de lettres une lettre charmante comme une poignée de main d’ami… La vérité est que notre livre a un succès d’estime : il ne se vend pas. […] Philosophant avec ce grand et charmant esprit, en cette petite allée toute droite de son jardin, dans laquelle nous allons jusqu’au bout, puis nous revenons, nous causons de la mort de la province, depuis la Révolution qui a commencé à appeler toutes les capacités dans la capitale. […] Et le vaste palais de poésie du maître demeurera grand et charmant, comme ce géant de grâce mêlant Albert Durer à Michel-Ange, brouillant Rabelais et Palladio, ayant Gargantua dans sa tonne et l’Invicta Venus dans sa chapelle.
Si tu devenais l’épouse de ce héros, ô charmante fille de roi, l’enfant qui naîtrait de cette union éclaterait de perfections surhumaines. […] « Prédestinés l’un à l’autre », dit le poète, « ils ne s’étonnent pas de se voir pour la première fois ; ils semblent s’être vus toujours ; ils ne se reconnaissent pas, ils se connaissent ; ils se regardent immobiles et ravis, avec ce charmant sourire qui dit : Nous ne commençons pas, nous continuons de nous aimer. » Cependant le cruel message sort des lèvres de Nala. […] La charmante Damayanti se présente dans l’assemblée des princes. […] Nala se réveille ; il se demande s’il ne serait pas mieux à lui de mourir ou de fuir dans une inaccessible solitude, que de faire endurer à cette femme de tels tourments : « Près de moi, dit-il, cet être charmant ne peut trouver que les agonies du cœur ; fuyons !
Je tâcherai de le faire ici, non pas en zigzag, mais avec suite et méthode, de manière à montrer à tous en quoi consistent l’innovation et l’espèce de découverte réelle du charmant artiste genevois. […] Je n’ai pas craint de laisser arriver ces pensées graves et funèbres jusque dans la lecture de ces derniers Voyages si remplis de soleil, de joie, d’accidents de toute sorte, si animés d’une sociabilité charmante, et tout parsemés de figures ou de perspectives.
L’histoire d’ailleurs a du vrai ; il y a de charmants portraits et des scènes excellentes. […] J’ai ouï dire que Mlle Mars elle-même avait peu de sensibilité proprement dite ; mais elle était née pour jouer du Marivaux avec cette ingénuité habile, avec cet art du naturel, avec cet organe charmant, enchanteur, et cette voix sonore à travers laquelle se dessinaient les moindres intentions comme les perles dans une eau limpide.
Pourquoi M. de Lamartine, qui trouve au passage de ces vues charmantes et de ces aperçus d’un biographe supérieur, les laisse-t-il fuir par négligence, et les gâte-t-il presque aussitôt ? […] Toute cette partie est d’une jeunesse, d’une fraîcheur de tendresse et de miséricorde charmante, et qui sent sa première sève.
madame, il ne tient qu’à vous que je ne passe pour être le plus honnête homme de France. » — Le marquis de Sévigné de même, qui laissait sa charmante femme pour Ninon, était persuadé « qu’on ne peut être honnête homme sans être toujours amoureux. » Ce qu’on voyait pendant les hivers, ce n’étaient donc pas seulement les distractions bruyantes et faciles de toute jeunesse guerrière, c’était une rare émulation chez quelques-uns qui se piquaient d’honnêteté, et des gageures de cette sorte : « Le duc de Candale, qui était l’homme de la Cour le mieux fait, crut qu’il ne manquait rien à sa réputation que d’être aimé de la plus belle femme du royaume ; il résolut donc à l’armée, trois mois après la campagne, d’être amoureux d’elle (Mme d’Olonne) sitôt qu’il la verrait, et fit voir, par une grande passion qu’il eut ensuite pour elle, qu’elles ne sont pas toujours des coups du ciel et de la fortune. » On s’embarquait de parti pris avec quelqu’un, avec quelqu’une, pour se faire honneur dans le monde, pour faire parler de soi, et « parce que les femmes donnaient de l’estime aussi bien que les armes ». […] Pour comprendre qu’elles le parussent de son temps à d’autres que lui, on a besoin de se rappeler que ce temps était celui où l’art, le génie épistolaire, qui allait briller et éblouir dans la correspondance de la charmante cousine de Bussy, était encore à s’essayer et à se former.
Il faut lire encore la Médaille, c’est-à-dire le beau côté et son revers : non plus une simple copie d’après nature, mais une invention ingénieuse de cette imagination charmante et souple qui savait prendre toutes les formes pour s’insinuer et persuader. […] Ce charmant homme, au fond, est de la famille de Montaigne et même de Rabelais éducateur, en cela du moins.
Je m’explique pourquoi cette physionomie, prise au repos et fixée par la photographie, est plutôt grave et triste, et si fortement travaillée ; je ne l’avais vu que dans le monde, c’est-à-dire causant, animé et charmant. […] « Quelquefois on n’y pensait plus, et il reparaissait triomphant avec le mot de l’énigme ; — et il riait de toutes ces originalités de studieux et de curieux avec une naïveté charmante.
Musset nous présageait, à vingt ans de là, cet autre enfant charmant et cruel qui devait aller sur place observer et étudier la Grèce, qui l’a si bien peinte, mais si malignement et tout en gaieté, dans ses mœurs, dans sa politique, dans ses finances, dans sa police, dans sa pauvre royauté. […] About, la Grèce contemporaine, savez-vous que c’est un amusant et un charmant livre, instructif aussi, prophétique même (l’événement l’a prouvé), et plein de bon sens sous ses airs d’étourderie ?
Mais, chez Millevoye, l’art en lui-même est faible, et ce poëte charmant, mélodieux, correct, a besoin de la sensibilité toujours présente. […] Un critique ingénieux l’a exprimé plus énergiquement que nous : « Millevoye a fait de charmantes choses, mais la force lui manque ; c’est Narcisse qui s’écoule en eau par amour. » 161.
Il se pourrait qu’elles fussent charmantes sans être bien neuves, qu’elles ajoutassent peu de chose au vieux trésor des anciens moralistes, qu’elles n’eussent guère d’autre valeur que celle d’un exercice élégant. […] Mais souvent aussi cette diction monotone et pure d’idole ennuyée qui ne daigne pas se dépenser, comme le commun des mortels, en inflexions inutiles et bruyantes, a quelque chose de hautain et de charmant.
Madame, après son dîner, aimait à se coucher sur des carreaux ; elle s’approchait de Mme de La Fayette, « en sorte que sa tête était quasi sur ses genoux », et, dans cette position familière et charmante, elle lui racontait le détail de son cœur, ou elle en écoutait l’histoire écrite d’après elle, et elle se regardait au miroir que son amie lui en offrait. […] En cette soudaine atteinte où la mort la prit comme à la gorge, elle garda sa présence d’esprit, pensa aux choses essentielles, à Dieu, à son âme, à Monsieur, au roi, aux siens, à ses amis, adressa à tous des paroles simples, vraies, d’une mesure charmante et, s’il se peut dire, d’une décence suprême.
Mais il y a le Ducis homme et caractère, poète au cœur chaud, d’autant plus poète qu’il parle en prose et non en vers, et qu’il a le langage plus naturel, écrivant à ses amis des lettres charmantes, toutes semées de mots simples et grandioses, de pensées qui sentent la Bible, le livre de la Sagesse, et où résonne pourtant comme un lointain grondement du tonnerre tragique. […] Campenon, m’est toujours restée dans l’esprit à l’état d’image charmante ; et, comme un peu de malice n’est pas défendu, ce qui ajoute, pour moi, à la grâce de cette petite scène, c’est de voir M.
» C’est nous, en effet, nous les critiques qui tenons encore pour la grande sornette catholique, c’est nous race de critiques, dénonciateurs, pourvoyeurs de ministères publics, comme elle nous appelle (page 106), cette charmante, qui l’avons barbouillée d’adultère ! […] Elle n’est, si vous Técoatez, qu’une aimable rêveuse, vierge de tout ce qu’on lui reproche ; qui a commencé par pondre, sans rime ni raison, des romans pour ces vilains hommes, et qui berquinant sur le tard de la vie, pond pour ses enfants des comédies que ces vilains hommes incorrigibles trouvent charmantes ] Elle n’a jamais pensé qu’à l’Art et au plaisir de faire des contes, et ce n’en est pas un qu’elle nous fait là !
Ce dix-huitième siècle, tant méprisé, « ces poupées charmantes, musquées et poudrées », Voltaire et Montesquieu le recueillirent, et la vraie conversation commença. […] Cousin, les entretiens alors étaient charmants, les bâtiments magnifiques, les fêtes galantes, les actions héroïques, les amours nobles, les caractères grands, la piété parfaite, et que dans ce monde accompli Mme de Longueville tenait le premier rang.
Au moment où la douce figure de Mme de Longueville commence à se reformer sous les yeux du lecteur, il entend un fracas d’in-folio qui tombent ; c’est une dissertation qui arrive et efface la charmante image sous son appareil démonstratif. […] Cette angélique figure resta gravée dans sa mémoire, dans son cœur peut-être, et le souvenir de la charmante et touchante princesse, épuré par la vue de sa piété parfaite et de sa pénitence héroïque, lui servit plus tard, lorsque du haut de la chaire il peignait la beauté et la pureté des anges, et emportait avec lui ses auditeurs attendris dans le ciel.
Ce que Molière conçut dans sa vie de province de charmantes et de fécondes idées, a fructifié dans son cerveau, et plus tard son imagination se charge de les colorer. […] Comme cela est naturel, comme cela est charmant ; quelle femme achevée, quelle vraie femme, et en même temps quelle femme ayant le degré d’innocence que comporte la situation ! […] Il lui prête tous les défauts de bon ton, tous ceux qu’on serait bien fâché de ne pas avoir, les défauts charmants, comme l’impertinence ; quand il place le bourgeois et le noble en face l’un de l’autre, le bourgeois est toujours accablé ! […] Armande possédait tellement Molière qu’il en a tracé dans plusieurs pièces des portraits si ressemblants que tous les contemporains l’y reconnaissent, et qu’il ne peut s’empêcher de proclamer en plein théâtre les défauts de sa femme, et ces défauts il les fait charmants. […] Privilège charmant de l’esprit français de n’être le don que d’un seul peuple et de plaire à tous tandis que d’ordinaire ce qu’il y a d’original dans une nation est ce qui rebute le plus facilement les autres.
Paris, il est d’une lecture facile, et respire dans toutes ses parties une naïveté charmante.
J’ai vu les Aïssaouas, pendant des quarts d’heure qui semblaient des heures très longues, secouer leurs têtes comme des loques au-dessus d’un brasier, avec des miaulements lamentables… Mais ces têtes étaient charmantes, mais ces cris étaient doux et berceurs comme le bruissement des feuilles, comparés aux cris et aux têtes des acteurs du théâtre annamite.
Lire un livre pour en jouir, ce n’est pas le lire pour oublier le reste, mais c’est laisser ce reste s’évoquer librement en nous, au hasard charmant de la mémoire ; ce n’est pas couper une œuvre de ses rapports avec le demeurant de la production humaine, mais c’est accueillir avec bienveillance tous ces rapports, n’en point choisir et presser un aux dépens des autres, respecter le charme propre du livre que l’on tient et lui permettre d’agir en nous… Et comme, au bout du compte, ce qui constitue ce charme, ce sont toujours des réminiscences de choses senties et que nous reconnaissons ; comme notre sensibilité est un grand mystère, que nous ne sommes sensibles que parce que nous sommes au milieu du temps et de l’espace, et que l’origine de chacune de nos impressions se perd dans l’infini des causes et dans le plus impénétrable passé, on peut dire que l’univers nous est aussi présent dans nos naïves lectures qu’il l’est au critique-juge dans ses défiantes enquêtes.
Joseph Autran Théâtre de Ponsard : Lucrèce : Par ses familiarités charmantes, la langue de Lucrèce s’écarte, en maints endroits, du langage consacré ; non loin de certains vers dont la grâce exquise émane d’André Chénier, d’autres surviennent qui, dans leur franche et verte allure, apportent un souvenir de comédie.
Les deux amants ressuscités par le Christ offrent un épisode charmant que n’auraient pu fournir les fables mythologiques.
Elle ajoute des choses dont il n’y a pas un mot dans le texte ; enfin elle supprime quelquefois les idées d’Homère, et les remplace par ses propres idées, et c’est ainsi qu’elle change ces vers charmants : Τὼ δ’ ἐπεὶ οὖυ φιλότητος ἐταρπήτην ἐρατεινῆς, Τερπέσθην μύθοισι πρὸς ἀλλήλους ἐνέποντε.
Cela était hardi, cela était original, et cela était charmant !
À ce jeu charmant, qui est un jeu noble et magnifique, on gagne une gloire très pure. […] » — Je m’en voudrais de prétendre expliquer combien cela est charmant. […] Michelet, et cela est charmant, fut l’abbé Moussinot de Quinet. […] Vraiment, pour son âge, il est charmant. […] Je survivrai dans un cœur charmant ; je survivrai dans une pensée aimante ; je survivrai dans des larmes.
Dans cette page charmante, il n’a eu qu’à se ressouvenir et à nous raconter son propre secret : « Mais qui mieux que l’auteur lui-même, nous dit-il, ressent cette harmonie mutuelle du langage et du chant ? […] Les anciens avaient de ces propos charmants qui ne se tenaient qu’à la fin des banquets, entre soi, sub rosa, comme ils disaient, et qui ne se répétaient pas au dehors. […] On rencontre surtout au premier rang et l’on ne peut s’empêcher d’aimer un certain Manegold, un charmant et vaillant écolier, qui par gageure, au sortir d’une nuit passée à la taverne, est le premier à entrer dans la classe en criant : En avant et du nouveau ! […] Après les charmantes définitions qu’il avait données de M. […] Camille Jordan n’était pas un esprit aussi sérieux, c’était plutôt un homme charmant et du monde.
À considérer dans quel rapport numérique sont les œuvres significatives et durables avec celles (souvent charmantes) que négligeront les historiens de la littérature, on voit que cette critique écrite sur le sable ne convient pas mal à des comédies dont si peu paraîtront un jour gravées sur l’airain. […] Henri Lavedan a fait un tour de force charmant. […] C’est aussi bête que cela ; et c’est pour cette raison que l’Affranchie a finalement déconcerté la foule, en dépit du talent de l’auteur, qui n’a pas diminué ; en dépit du rôle adorable de Juliette, sœur de la petite Alice Doré de Sapho, mais moins « brebis » ; en dépit du five o’clock de perruches du deuxième acte, et des mots charmants, et des mots profonds, et de la psychologie pénétrante et souple, et de la grâce partout répandue. […] Le mouvement du petit prince qui l’embrasse dans son demi-sommeil est une trouvaille charmante ; mais les fureurs qui cèdent à ce baiser d’enfant étaient étrangement pâles et modérées, et le petit prince avait trop beau jeu. […] (Et je ne vous ai pas assez dit combien cette Suzanne était charmante.
la femme est tout entière dans ces charmantes analyses de la nature de la jeune fille ; mais on l’y voit du même œil et dans le même esprit que Fénelon lui-même. […] Tout ce qu’il en savait et tout ce qu’il en pouvait voir, il l’a su et il l’a vu en prenant la plume, et il y est entré avec une aisance et une grâce charmantes. […] Tout est charmant dans les Dialogues sur l’Éloquence et dans la lettre sur les Occupations de l’Académie française. […] Une mémoire heureuse qui mêle à propos les citations décisives aux raisonnements sur l’art ; l’amour des anciens, qui n’empêche pas l’estime pour les modernes ; cette même liberté ingénue, dont j’ai parlé tout à l’heure, qui inspire à un prélat de judicieuses remarques sur la comédie ; une littérature aussi variée que profonde, telles sont les séductions de ce charmant ouvrage, fruit de la vieillesse de Fénelon, dans un siècle où la vieillesse n’était que l’âge mûr de la raison. […] C’est ce même ciel dont tout le Télémaque est éclairé, c’est cette présence du génie grec à toutes les pages, ce sont toutes ces images agréables ou sérieuses par lesquelles l’antiquité nous a initiés à la connaissance de la vie, qui donnent un mérite d’éternelle nouveauté à ce livre charmant, espèce de vase antique où la main de Fénelon semble avoir composé un bouquet des plus belles fleurs de la Grèce.
On a pu lire ici plusieurs de ses poèmes si exquis et si charmants. […] Mais la forme en était charmante et troublante. […] Mais je parie que l’abus de ces instantanés charmants et épouvantables va remettre à la mode la littérature bleue ou rose. […] Un Français amoureux est ce qu’il y a au monde de plus charmant, de plus fort et de meilleur. […] Très charmant.
Il reconnaît qu’il y a là des images charmantes et des dialogues étincelants. […] Elle le met en scène à l’heure charmante et périlleuse où le collégien devenait homme et se réveillait poète. […] Elle était mise très simplement et voilée, en sorte que je ne pouvais voir son visage ; cependant sa taille et sa démarche me parurent si charmantes, que je la suivis des yeux quelque temps. […] Non moins charmant est le tableau du modeste intérieur de la pâle jeune femme aux grands yeux noirs. […] Edouard Grenier dans ses charmants Souvenirs littéraires (Revue bleue du 15 octobre 1892).
vous le murmurez dans vos sphères sacrées, Étoiles du matin, ce mot triste et charmant. […] Ils sont charmants, ces vers. […] Dans cette planète, où sont les âmes qui par amour de la gloire ont fait des actions vertueuses, Dante met un épisode charmant. […] En silence, elle s’était assise sur l’escabeau et reposait sur les genoux de son amie sa tête charmante. […] L’amitié d’un jeune souverain, le plus libre esprit du monde et le plus charmant, offre à Wolfgang de royales occasions de s’étourdir, il les saisit.
À travers les charmants et bien mérités éloges auxquels prêtait ce genre de réponse toute personnelle, j’ai regretté, je l’avoue, de rencontrer deux ou trois traits piquants qui visaient au-delà, qui semblaient s’adresser à de grands talents placés hors de la sphère et de la portée académique60.
Il laisse une mémoire charmante et douce, il n’a trouvé dans ses nombreux amis ni un ingrat ni un indifférent.
A Rome, ce commode asile des grandes ambitions détrompées ou déchues, elle vit le cardinal de Bernis qu’on y appelait le roi de Rome, et qui se consolait du portefeuille dans la pourpre et de la disgrâce dans l’opulence ; il assistait régulièrement aux bains de madame de Genlis, et les égayait par sa conversation charmante.
A peine l’histoire se lève qu’elle a déjà atteint l’éclat du midi et qu’elle s’y a couche ; les yeux vous font mal et on se meurt de chaleur. » Il marque un étonnement ingénu qui fait sourire, quand, à propos des charmantes lettres retrouvées de Diderot à mademoiselle Yoland, il s’écrie : « Croiriez-vous que moi, homme de quarante ans, qui en ai vu de toutes les couleurs, elles « m’ont fait rougir plus de vingt fois ?
Emmanuel Signoret égalent en fougue harmonieuse toutes celles qu’il chanta jamais ; et c’est une grande tristesse de penser que la vie est dure à ce poète épris de lumière et de beauté qui, dans la pire détresse matérielle, invente encore, pour notre joie, des formes magnifiques et charmantes.
L’homme (Renan) toujours plus charmant et plus affectueusement poli, à mesure qu’on le connaît et qu’on l’approche.
ce Jupiter brisé ; cet autel renversé ; ce brasier répandu ; quel effet entre ces natures féroces ne produit point ce jeune acolyte, d’une physionomie douce et charmante agenouillé entre le sacrificateur et le saint.
« … Votre ancienne amitié vous fait désirer de savoir quelque chose de ma santé : je vous dirai qu’elle est aussi bonne que le comporte le nombre de mes années, que je vis dans une retraite charmante, que j’y vis avec ce que j’ai de plus cher au monde, et que mon unique occupation est d’y goûter, dans toute sa plénitude, les douceurs du farniente : Lorsque de tout on a tâté, Tout fait ou du moins tout tenté, Il est bien doux de ne rien faire… « Vous ne connaissez pas Rochecotte, sans quoi vous ne diriez pas : Pourquoi Rochecotte ? […] C’est un portrait de société, charmant et adouci, mais très peu flatteur au fond. […] À côté et au-dessous de cette lettre vraiment charmante et quelque peu sentimentale, il n’est pourtant pas hors de propos de placer le passage du même chapitre de Mémoires, dans lequel Gagern s’efforce de répondre aux reproches adressés par les Allemands, ses compatriotes, à l’ancien ministre de Napoléon pour sa soif d’argent et sa vénalité.
Chez Lamartine, chez celui que je voudrais saluer aujourd’hui comme l’Homère d’un genre domestique, d’une épopée de classe moyenne et de famille, de cette épopée dont le bon Voss a donné l’idée aux Allemands par Louise, que le grand Goethe s’est appropriée avec perfection dans Hermann et Dorothée, et dont Beattie, Gray, Collins, Goldsmith, Baggesen, parmi nous l’auteur de Marie, sont des rapsodes soigneux et charmants, d’inégale haleine ; — chez Lamartine, le plus abondant de tous, on pourrait noter quelque chose de l’habitude homérique dans la reprise fréquente des mêmes beautés, des mêmes images, et quelquefois presque des mêmes vers. […] C’est le nom de l’enfant ; Laurence, nom douteux, enfant charmant, virgilien, qui tient d’Euryale et de Camille, qui a quinze ans : pene puella puer ! […] Un lilas, à sa porte, annonce le printemps ; Un cyprès nous y dit : « Tout passe avec le temps. « Le charmant rousselet, la bergamote encore, D’un duvet parfumé s’y couvre et se décore, etc., etc.
L’ouvrage, qui ravit avec tant d’aisance un prix si disputé, est demeuré un morceau précieux et charmant, sans trace aucune de hasard ni d’inexpérience. […] Villemain, ajoutait avec sa vivacité pittoresque de critique : « Mais lorsqu’on est aguerri au feu, si j’ose ainsi parler, c’est alors qu’on est frappé de la fécondité, de la sagacité, de l’étendue et de la justesse des vues du professeur. » Benjamin Constant, dans un charmant portrait de femme, a parlé de ces traits d’esprit, qui sont comme des coups de fusil tirés sur les idées, et qui mettent la conversation en déroute. […] Cette école du romantisme poétique ne fut d’ailleurs qu’à peine touchée dans son Cours ; il l’éluda dans sa charmante et judicieuse leçon sur André Chénier.
C’est charmant ! […] Soyez charmant, et pensez ce que vous voudrez ! […] Je ne m’attendais pas à un rafraîchissement d’esprit si charmant, mais j’en avais besoin : « Ce n’était pas la saison des roses », comme dit le poète persan Saadi.
Ce contraste d’une philosophie très cruelle et d’un cœur très humain me paraît charmant. […] J’abandonne les autres ; mais je ne puis m’empêcher de réclamer un peu pour cette charmante Mme de Rémusat. […] Il y a aussi de suaves commerces de cœur et d’esprit entre l’homme et la femme ; l’amitié amoureuse, qui est plus que l’amour, car elle en atout le charme, et elle n’en a point les malaises, les grossièretés ni les violences : l’ami jouit paisiblement de la grâce féminine de son amie, il jouit de sa voix et de ses yeux et il retrouve encore, dans sa sensibilité plus frémissante, dans la façon dont elle accueille, embrasse et transforme les idées qu’il lui confie, dans sa déraison charmante et passionnée, dans le don qu’elle possède de bercer avec des mots, d’apaiser et de consoler, la marque et l’attrait mystérieux de son sexe.
Cette poésie ne fait pas d’efforts pour s’éloigner de la prose ; elle sait qu’il n’y a rien de plus charmant que la prose française, et que le mieux qu’elle puisse faire, c’est de ressembler à sa sœur en gardant sa physionomie. […] Le genre si français de la comédie légère s’est personnifié dans un homme d’un charmant esprit, Scribe, qui, dans la fécondité du théâtre contemporain, a été à lui seul aussi fécond que tous. […] Si je ne craignais d’être doublement dans l’illusion, comme contemporain et comme ami, j’oserais prédire à deux conteurs charmants et populaires, aussi heureux dans le roman qu’au théâtre, que leurs œuvres auront des lecteurs en France, tant qu’on y goûtera les délicatesses du sentiment et de la pensée exprimées dans la langue des bons écrivains.
Cinq ou six grands sujets : il a dédié toute son œuvre à les recréer : une charmante gaieté enfantine, les élans de la primitive piété, quelques rêveries douloureuses. […] Et voici la tranquille grâce d’une danse : dans une fugue sautillent les mélodies ; c’est la danse paisible et charmante de trois couples. […] Ne sait-il pas exprimer les conceptions les plus hautes, les plus philosophiques, autant que les émotions exquises et charmantes ?
Quoi de plus charmant, de plus rêveur, de plus faisant rêver que le sien ? […] Tout l’est en lui : le talent, les qualités et les défauts, les élans, les défaillances, le succès, les chutes, les opinions, la niaiserie comme le génie, les maladresses, les ridicules, tout, — même les chansons, même les caprices, ces choses charmantes ordinairement petites ! […] qui est la grande malice et qu’on a généralement trouvé charmant.
Charmant Caramuel que tu aurais de bonnes et fructueuses causeries avec Jean Lorrain, rue d’Auteuil, dans le salon où il y a une tête coupée, sanglante et verte ! […] Il est charmant ce petit poème ; s’il contient quelques fautes d’harmonie, des vers rudes (surtout dans la longue laisse dont nous n’avons rien cité), c’est que M. […] Mais n’est-ce point charmant de se prédire les joies d’un maternel hôpital, par imitation, par amour pour un poète cher ? […] Sa poésie est charmante et purificatrice. […] Il était charmant, quoique très fier ; aimable, quoique triste et replié ; doux, quoiqu’il eût à souffrir ou de la vie, ou des importuns et des envieux, car il eut une gloire précoce, comme son talent.
Il revient voir la charmante Solweig, qui lui engage sa foi. […] Blanche, l’aînée, plus sage, un peu maternelle, charmante, souffre plus qu’elle n’avait pensé. […] j’ai quelques bonnes soirées sur la planche. » La scène est charmante. […] Julie, elle, n’a que-vingt ans, et elle est charmante. […] Et cela est charmant.
Il a raconté lui-même sa visite à la comédienne, déjà vieille et encore charmante. […] Cette charmante comédie ne devait voir la rampe que quelques années plus tard. […] C’est ainsi qu’il a vécu tour à tour des heures charmantes à Sienne, à Bruxelles, à Rome. […] Tout ce qu’il y a de charmant dans la vie nous vient d’eux. […] Elles sont charmantes.
VI Il arrive à Goritz, charmante petite ville de Frioul. […] Cette charmante personne m’apportait alors, tantôt un biscuit, tantôt une tasse de café, tantôt seulement son beau visage toujours gai, toujours souriant, fait exprès pour rasséréner l’esprit fatigué et pour ranimer l’inspiration poétique. […] D’Aponte, suivi de sa charmante femme, ne manque pas de trouver un prétexte pour passer par Venise et pour aller à Cénéda surprendre sa famille, embrasser son vieux père, éblouir ses frères, ses sœurs, ses amis d’enfance du spectacle de sa prospérité. […] Ces jeunes femmes, mes sœurs, étaient toutes charmantes de visage ; mais Faustina, la plus jeune de ces sept sœurs, était un véritable ange de beauté ; je lui proposai, en badinant, de la conduire à Londres avec moi : mon père y consentait, mais elle, ne répondant ni oui ni non, je soupçonnai, non sans fondement, que bien qu’elle n’eût encore que ses quinze ans accomplis, elle ne fût déjà plus entièrement maîtresse de son propre cœur.
Mais ce n’était pas une bonté d’indifférence ou d’insouciance, comme dans le visage épicurien de la Fontaine, c’était une bonté aimante, charmante, intelligente d’elle-même et des autres, qui inspirait la reconnaissance et l’épanchement du cœur devant lui, et qui défiait de ne pas l’aimer. […] « C’était un charmant enfant, dit sa sœur ; sa joyeuse humeur, sa bouche bien dessinée et souriante, ses grands yeux bruns, à la fois brillants et doux, son front élevé, sa riche chevelure noire, le faisaient remarquer dans les promenades où l’on nous conduisait tous les deux. […] Une jeune fille en sait assez quand elle ne fricasse pas Annibal avec César, ne prend pas le Trasimène pour un général d’armée, et Pharsale pour une dame romaine ; lis Plutarque et deux ou trois livres de ce calibre-là, et tu seras calée pour toute ta vie, sans déroger à ton titre charmant de femme. […] J’aime, je suis aimé par la plus charmante femme inconnue qui soit sur la terre.
Elle fait bon accueil au jeune huguenot, que sa charmante figure recommande ; elle l’envoie à l’hospice de Turin, où il se laisse facilement convertir. […] Car alors l’égoïsme naturel, légitime et charmant, fait place à l’intérêt, injuste et odieux ; la lutte et la misère naissent de la multiplication des besoins, par l’invention artificielle de plaisirs d’opinion, par la prévoyance contre nature des utilités futures. […] Il a vu lever le soleil au Monte en face de Turin, en 1728 ; et l’abbé Gaime qui l’y a mené, lui a fourni, avec l’abbé Gàtier, le professeur du séminaire d’Annecy, les traits du Vicaire savoyard ; de sa passion profonde pour Mme d’Houdeto est sortie la Nouvelle Héloïse : les amours de Julie et de Saint Preux, ce sont les leurs, brutalement tranchés dans la réalité, délicieusement achevés par le rêve ardent de son désir ; les paysages où s’encadrent ces amours, ce sont les bords du lac de Genève, de son lac ; et les sensations de ses personnages dans cette charmante nature, ce sont les siennes, ses profondes émotions d’enfance. […] Rousseau peint avec attendrissement la simplicité de la vie de famille dans les classes moyennes, tout le tracas vulgaire et charmant du ménage, les tâches journalières de la maîtresse de maison et de son monde, la propreté, l’ordre, l’aisance large et hospitalière d’une maison bourgeoise568, la gaieté des vendanges, l’intimité des veillées.
Laissez-nous donc analyser lourdement et péniblement cette double ivresse, l’une saine, l’autre malsaine qui sort des coupes et des fleurs de ce charmant poète, et si nous sommes trop sévères, trop délicats, trop froissés par le mauvais pli d’une feuille de rose comme le Sybarite, ne vous y trompez pas, ce n’est pas mollesse, c’est conscience ; rien de ce qui froisse l’âme ou de ce qui ternit la pudeur ne doit être pardonné à celui qui écrit pour la jeunesse, ce printemps de la pureté. […] Ô Dieu d’oubli, Dieu jeune, au front pâle et charmant ! […] C’est une enfant qui dort sous ces épais rideaux, Une enfant de quinze ans, — presque une jeune femme ; Rien n’est encor formé dans cet être charmant. […] vous le murmurez dans vos sphères sacrées, Étoiles du matin, ce mot triste et charmant !
L’agriculture est une figure charmante ; mais tout à fait charmante, et par la grâce de son contour et par l’effet de la demie-teinte. […] Est-ce là ce fier, ce terrible Renaud, cet Achille de l’armée de Godefroid, ce charmant et volage guerrier du Tasse ? […] Cette figure simbolique de l’agriculture est tout à fait interressante, le linge qui lui couvre une partie du bras, merveilleux ; tout en est charmant, tout ; mais feuilletez le porte-feuille de Cortonne et vous l’y retrouverez en cinquante endroits.
Ne séparant point l’idée de goût d’avec celle des sociétés charmantes où il a vécu, il conclut en disant : On peut remettre le trône en France, mais le goût jamais. […] De là, je partis pour un quartier d’hiver charmant.
Mes chères amours, il faut dire vrai, nous nous aimons bien : certes, pour femme, il n’en est point de pareille à vous ; pour homme, nul ne m’égale à savoir bien aimer… Il est dommage qu’on puisse écrire de ces charmantes choses à plus d’une personne en si peu de temps : car les lettres à la marquise de Verneuil suivirent de près celles que j’indique, et leur ressemblent. Henri IV envoie une fois des vers à Gabrielle ; ce sont les stances célèbres : Charmante Gabrielle… Un littérateur belge73 a retrouvé dans un recueil manuscrit ancien le refrain : Cruelle départie… Henri IV ou ses poètes n’auront donc fait qu’emprunter à une chanson en vogue ce refrain qu’affectionnait peut-être Gabrielle, et ils l’auront adapté à des couplets nouveaux.
Il se crut dévot, se fit une retraite charmante joignant les Incurables, et y mena quelques années une vie forte édifiante. […] Dans la visite qu’il fait à une charmante villa à Bagnaia près Viterbe, il est évident, à la manière dont il y est accueilli et dont il en parle, qu’il s’y considérait volontiers en passant comme le maître de la maison.
Charmante Gabrielle était devenu un air national, un air de famille ; on pleurait toujours quand on prononçait le nom de Henri IV. […] Il est fort heureux qu’il ait lu Plutarque dans son enfance et par les soins de sa mère, car il ne l’aurait sans doute pas lu plus tard ; il n’en aurait eu ni le temps ni la patience, et nous n’aurions pas cette charmante lettre, la plus jolie de celles qu’il adresse à Marie de Médicis, et qui est des premiers temps de son mariage (3 septembre 1601) : M’amie, j’attendais d’heure à heure votre lettre ; je l’ai baisée en la lisant.
On avait échoué, mais, selon moi, en partie seulement ; car il était possible encore, dans l’ensemble confus des poésies oubliées de cette époque, de recueillir à première vue et de faire goûter une certaine quantité de pièces vives, neuves, d’un rythme ferme et varié, d’une couleur charmante, d’une expression imprévue et pourtant bien française. […] Cela est si vrai, que lorsqu’il veut se corriger lui-même, Ronsard n’a pas la main sûre ni le tact heureux ; il lui arrive de retrancher, on ne sait pourquoi, de ses dernières éditions des vers qui sont charmants, et du petit nombre de ceux qui paraîtront tels à tous les yeux.
Ce qui est certain, c’est que tous les honneurs de la contenance et du courage, dans ces scènes à la fois atroces et grotesques, sont pour la charmante et généreuse femme qui risque vingt fois sa vie en le cachant. […] Un charmant portrait gravé, joint au volume, nous donne l’idée de cette beauté fine au col long et mince et qui appellerait le pinceau d’un Hamilton.
Cet esprit arrogant s’est montré tendre pour le fils de Racine, comme l’éminent Montesquieu avait été d’une indulgence charmante pour Rollin : cela sied aux forts. […] Ce bon sujet en effet, qui « ne voulut jamais rien faire imprimer contre les règles », devait trouver, à publier ses vers tout édifiants, bien plus de difficultés que le charmant libertin Voltaire à débiter les siens si profanes : pour leur donner la clef des champs, Voltaire n’avait qu’à entr’ouvrir sa fenêtre ; ils avaient des ailes et s’envolaient d’eux-mêmes.
De nouveaux noms de poètes se lèvent et scintillent sur bien des points, un peu confusément et au hasard, sans prééminence d’aucun ; il serait prématuré et téméraire d’entreprendre de les classer ; mais, en première ligne désormais, le dernier et le plus jeune d’entre les anciens, se détache et brille un rare talent, une muse charmante, capricieuse, colorée de tous les tons, philosophique aussi à sa manière, et qui n’a pas encore reçu les couronnes qui lui sont dues : tous ceux qui aiment l’art et qui apprécient le style ont nommé Théophile Gautier. […] … À chaque rappel d’un souvenir, il lui dit comme Juliette à Roméo : « Ne pars pas ; non, ce n’est pas l’aurore… » Et dans une suite de couplets, réitérant sa supplication tendre, il lui nomme tour à tour, en manière de refrain, les constellations qui tiennent encore leur place nocturne dans le ciel : « Non, ce n’est, pas l’aurore, l’étoile de Vénus est encore loin. — Non, ce n’est pas l’aurore, près du Cygne rayonne encore Jupiter. — Non, ce n’est pas l’aurore, la constellation de la Lyre est encore au zénith. » Tout ce motif est poétique et charmant.
. — L’homme de talent est propre, bien rasé, charmant, accessible à tous ; il prend chaque jour la mesure du public et lui fait des habits à sa taille, tandis que le poète forge de gigantesques armures que les Titans seuls peuvent revêtir. — Sous Delacroix, vous avez Delaroche ; sous Rossini, Donizetti ; sous Victor Hugo, M. […] Apprécions de même chez Théophile Gautier, parlant sur le cercueil de Fiorentino (il n’a pas choisi l’occasion), la charmante et si distinguée définition du métier de feuilletoniste (Moniteur du 5 juin 1864).
Cette idée de grâce, les Grecs la portaient en tout ; pour dire les gens comme il faut, les gens bien élevés, les honnêtes gens, même au sens politique, les Conservateurs, ils avaient ce mot charmant : et [caracteres grecs illisibles] , comme qui dirait : les gracieux, les agréables. […] Mais, pour avoir raisonné d’Homère tout au long avec Wolf, l’œuvre homérique n’en demeure pas moins à nos yeux le plus admirable produit de la poésie humaine ; Théocrite, pour avoir eu des précurseurs dans son genre, et pour n’être pas un inventeur et un créateur, absolument parlant, n’en reste pas moins la plus charmante et la plus fraîche des flûtes pastorales.
Il se juge lui-même admirablement et avec une modestie charmante, et je résumerai presque ses pensées autant que les miennes, en disant : D’une génération formée par la solitude, par les livres, par les sciences, il n’a pas reçu (comme nous autres plus faibles, mais plus croisés, plus mélangés), la tradition successive. […] Il faut admirer ce que nous avons et ce qui nous manque ; il faut faire autrement que nos ancêtres et louer ce que nos ancêtres ont fait. » Et après quelques exemples saillants empruntés à l’art du Moyen-Age et à celui de la Renaissance, si originaux chacun dans son genre et si caractérisés, passant à l’art tout littéraire et spirituel du xviie siècle, il continue en ces termes : « Ouvrez maintenant un volume de Racine ou cette Princesse de Clèves, et vous y verrez la noblesse, la mesure, la délicatesse charmante, la simplicité et la perfection du style qu’une littérature naissante pouvait seule avoir, et que la vie de salon, les mœurs de Cour et les sentiments aristocratiques pouvaient seuls donner.
Nous en signalerons bientôt plus d’une trace, véritablement charmante, dans l’écrit dont nous avons à parler. […] Au reste, ces pages de M. de La Mennais sont merveilleuses de jeunesse d’imagination, de transparence de couleur et, par moments, de philosophique tristesse : « D’Antibes à Gênes, la route côtoie presque toujours la mer, au sein de laquelle ses bords charmants découpent leurs formes sinueuses et variées, comme nos vies d’un instant dessinent leurs fragiles contours dans la durée immense, éternelle. » Et plus loin, en Toscane, il nous montre çà et là, « à demi caché sous des ronces et des herbes sèches, le squelette de quelque village, semblable à un mort que ses compagnons, dans leur fuite, n’auraient pu achever d’ensevelir. » Mais à peine avons-nous le pied dans les États romains, quelques prisonniers conduits par les sbires du pape, comme il dit, font contraste avec cette simplicité naïve de foi que l’auteur s’attribue encore par oubli, ou qui du moins ne devait pas tarder à s’évanouir.
Malgré des incorrections de détail et des longueurs, l’essai était charmant ; ce dut paraître un très-heureux commencement pour les poëmes à venir, comme Hernani avait pu paraître, dans ses hasards, un heureux prélude pour des drames futurs. […] Et comme, avant ce poëme et avant Jocelyn, les volumes du Voyage en Orientavaient été déjà, malgré d’admirables pages, une négligence trop prolongée et trop avouée, comme la préface de Jocelyn même contenait quelques assertions littéraires très-peu justifiables, qui avaient pu s’éclipser devant une charmante lecture, mais que la pratique d’aujourd’hui revient éclairer ; comme, enfin, le volume en ce moment publié sous le nom de Recueillements affiche de plus en plus ces dissipations d’un beau génie, il est temps de le dire ; au troisième chant du coq, on a droit de s’écrier, et d’avertir le poëte le plus aimé qu’il renie sa gloire.
Plus tard, ayant joué un rôle d’homme dans un drame de La Chaussée, elle quitta l’habit d’Amour, mais parce qu’on lui fit faire un charmant habit d’homme qu’elle ne quitta plus qu’à son départ de la Bourgogne. […] quel spectacle charmant !
Dans un style ordinaire, réfléchi et raisonnable, que de pensées ainsi resteraient grandes ou charmantes ! […] Raynouard, Cambacérès, Barbé-Marbois, Fontanes, sont peints en passant, et dans tous ces portraits il y a des parties supérieurement traitées, même des détails fins et charmants.
Les intervalles étaient suivis de réveils charmants. […] Une de ses plus gracieuses correspondantes d’Angleterre, miss Georgiana Shipley, à qui il avait envoyé son Dialogue avec la Goutte et autres riens qu’il s’amusait à écrire et, qui plus est, à imprimer lui-même, lui rappelait les heures charmantes et sérieuses qu’elle avait autrefois passées dans sa société, et où elle avait pris goût « pour la conversation badinante et réfléchie ».
Elle jouit de ces charmants tableaux encore plus qu’elle ne songe à les mesurer ou à les classer ; elle en aime l’auteur, elle le reconnaît pour celui qui a le plus reproduit en lui et dans sa poésie toute réelle les traits de la race et du génie de nos pères ; et, si un critique plus hardi que Voltaire vient à dire : « Notre véritable Homère, l’Homère des Français, qui le croirait ? […] Je vous répondrai d’abord qu’il ne goûtait pas assez le genre dans lequel ce conteur charmant excella.
Son livre écrit de ce style diapré, qui rend la lecture de Banville si charmante à tout poète garde pour nous en dehors de sa séduction de forme une haute valeur ; pour deux raisons : d’abord pour cette affirmation de liberté, qu’il faut qu’un nouveau poète détruise des barrières que Victor Hugo a laissées debout et par un conseil vrai inclus dans son chapitre l’Inversion et ainsi lapidaire : il n’en faut jamais. […] Il est vrai que Banville possédait une façon féerique et charmante de dire les choses, qui enlève de la rigueur à ses axiomes, surtout quand il les formule si nets et si courts ; quand il est certain d’avoir enclos une loi scientifique dans la brièveté d’un verset de décalogue, c’est le plus souvent un trait heureux qu’il nous a donné.
Les femmes, et toutes les âmes charmantes quel que soit leur sexe, pour lesquelles Éloa avait été écrite, durent prendre secrètement le deuil en voyant cette infidélité du plus pur des poètes à la plus pure des Muses, qui ne lui avait rien refusé… Est-ce pour cela qu’il était infidèle ? […] Il a bien écrit, à propos d’une question de propriété littéraire, une chose charmante (une pitié encore !)
Grimauty, dans les plus tragiques moments, trouve des mots bizarres, cocasses, charmants. […] Quel art charmant, d’une merveilleuse prestesse ! […] Benjamin Vallotton s’est réfugié dans ses murs, dans ses montagnes, comme naguère Potterat, comme aussi le charmant Töpffer autrefois. […] Ils sont charmants et d’aimable accueil. […] Cette charmante femme qui allait mourir a transmis au splendide poète du siècle commençant la jeune poésie qu’avait tuée le siècle terrible.
Je me bornerai à l’imitation suivante, dans laquelle Ronsard a substitué à l’idée de l’auteur grec une idée tout aussi gracieuse, et l’a revêtue de formes encore plus charmantes : Les Muses lièrent on jour De chaînes de roses Amour ; Et, pour le garder, le donnèrent Aux Grâces et à la Beauté, Qui, voyant sa desloyauté, Sur Parnasse l’emprisonnèrent.
Car si nous dansions bien, ce serait charmant.
Je demanderais la même faveur — et aussi le droit d’être en velours — pour le veston, cher aux poètes et aux « artistes », et qui peut être charmant : les gens du temps de Louis XIII le savaient bien.
Quand on embrasse, de quelque courbe de sa rive, la Loire étalée et bleue comme un lac, avec ses prairies, ses peupliers, ses îlots blonds, son ciel léger, la douceur épandue dans l’air, et, non loin, quelque château ciselé comme un bijou, qui nous rappelle la vieille France, ce qu’elle a été et ce qu’elle a fait dans le monde, l’impression est si charmante, si enveloppante, qu’on se sent tout envahi de tendresse pour cette terre maternelle, si belle sous la lumière et si imprégnée de souvenirs.
Le roi veut faire un lieu charmant de ce château.
… Il faut que nous soyons bien indignes de nos spirituels aïeux pour que le public du théâtre de Corneille, de Racine, de Molière, de Regnard et de Beaumarchais, ait, pu prendre un moment Émile Augier pour le successeur naturel de ces auteurs charmants et superbes !
Elle lui parla avec sa grâce ordinaire des charmantes journées, des courses et promenades à travers le vallon, des gais entretiens où la conversation animée du jeune homme avait mis un attrait de plus. […] L’ode terminée aux applaudissements de tous, la conversation s’engagea : jamais esprit plus charmant, causeur plus gracieux et plus vif n’avait captivé l’attention. […] Dès qu’il commençait une leçon, je ne sais quel scrupule le prenait à la gorge : il était tout occupé d’atteindre une mesure, une exactitude qui appartient plutôt à l’écrivain qu’à l’homme de l’enseignement oral, et il n’avait plus rien de son charmant abandon ni de ses saillies, ou si les saillies venaient, c’était à l’état froid, à l’état de notes préparées. […] Depuis, Tocqueville m’avait écrit, comme à l’ordinaire, les lettres les plus rassurées, toujours d’une grâce d’amitié charmante, et témoignant d’une entière liberté d’esprit. […] Le cicerone en lui me paraît charmant, mais peu sûr.
Un murmure lointain, arrivant à travers les siècles, éveillait en lui de charmants souvenirs, bien faits pour le distraire des ennuis du présent. […] Les petites villes, les bourgs, les villages même lui ont confié des histoires tour à tour tragiques et charmantes, et il a pris un plaisir visible à nous les répéter par le menu. […] Pour mieux jouir des surprises charmantes que la nature accorde à ceux qui l’aiment et qui la désirent, il voyagea. […] Le Cantique des Cantiques, traduit par saint François de Sales, est charmant, un peu trop peut-être. […] On croyait savourer, dans cette maison charmante et sage, un avant-goût du ciel.
Andrieux, sa véritable spécialité, au milieu de cette gaie et douce amitié qui l’unissait à Ducis, Collin et Picard, c’était d’être leur juge, leur conseiller intime, leur Despréaux familier et charmant, l’arbitre des grâces et des élégances dans cette petite réunion, héritière des traditions du grand siècle et des souvenirs du souper d’Auteuil.
Et cette tolérance est charmante et fort habile.
L’homme de talent est propre, bien rasé, charmant, accessible à tous ; il prend chaque jour la mesure du public et lui fait des habits à sa taille ; tandis que le poète forge de gigantesques armures que les Titans seuls peuvent revêtir.
Marsolleau, levé, quittait sa pipe, et récitait d’une voix dolente des vers charmants : MOI J’ai dans mon sang le sang des époques hautaines, Je suis le petit-fils des marquises lointaines Et des trouvères blonds, de grâce revêtus, Qui passaient — de châteaux en châteaux attendus Par le rêve espérant des vierges amoureuses — Et puis disparaissaient par les routes ombreuses, Comme un chant qui s’éteint que l’on n’entendra plus.
Les plus effrayantes déesses seraient ainsi nées de la plus charmante.
Cette suspension fait un effet charmant.
— « Et maintenant, dit-il, ces deux âmes pieuses (Michel Le Tellier et Lamoignon), touchées sur la terre du désir de faire régner les lois, contemplent ensemble à découvert les lois éternelles d’où les nôtres sont dérivées ; et si quelques légères traces de nos faibles distinctions paraît encore dans une si simple et si claire vision, elles adorent Dieu en qualité de justice et de règle. » Au milieu de cette théologie, combien d’autres genres de beautés, ou sublimes, ou gracieuses, ou tristes, ou charmantes !
Il était convenable que la sainte des forêts fît des miracles doux comme les mousses qu’elle habite, charmants comme les eaux qui la voilent.
Noms charmants de ses héroïnes, aussitôt vous chantez dans la mémoire. […] L’antithèse de Brévannes est charmante. […] C’est pourquoi il dit toujours plus qu’il ne semble dire et réclame les forces de son lecteur qu’il récompense en le charmant. […] Les figures douces et charmantes sont amenées par l’antithèse et frôlent de leur marche légère des amoncellements de cadavres. […] Ils le parcourent avec des erreurs charmantes, des méprises jumelles, de chastes regrets.
Les prophètes, incapables, comme tous les révolutionnaires et les prédicants, de rien comprendre à ces charmantes puérilités, déclamèrent furieusement contre ce luxe inoffensif. […] Deux ou trois fois, il a gémi contre les livres charmants et oppresseurs, sous lesquels notre volonté plie et défaille. […] D’abord, pourquoi ce titre charmant : le Lys rouge ? […] Il dit souvent des choses charmantes. […] L’auteur des Noces corinthiennes sait donner à ses œuvres exquises des noms ironiques et charmants.