/ 2546
884. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Baudelaire, Charles (1821-1867) »

En rattacherai-je la forme au souvenir de quelque forme littéraire ? […] [Entretiens politiques et littéraires (1892).] […] [Entretiens politiques et littéraires (février 1893).]

885. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Leconte de Lisle, Charles-Marie (1818-1894) »

[Causeries littéraires (1854).] […] [La Vie littéraire (1892).] […] Ses premiers poèmes, publiés à Rennes (où il étudiait le droit) aux environs de l’année 1840, dans une revue littéraire aujourd’hui introuvable, s’intitulaient, exotiquement, Issa ben Marianna, et étaient dédiés à Lamennais… Le recueil publié par lui en 1853 et intitulé : Poèmes et poésies, contient un chant très beau et vraiment chrétien : La Passion.

886. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre VII. Maurice Barrès et Paul Adam » pp. 72-89

Une préoccupation sociale et littéraire, formulée sans éclat, cela semble de l’ironie, — car on m’a montré cette phrase comme telle. […] Avec quelques contes, un portrait littéraire et deux ou trois dissertations, ce n’est que récits de voyages. […] Paul Adam a connu tour à tour : 1º Paul Alexis ; 2º le monde des Entretiens politiques et littéraires, Griffin.

887. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre I : Qu’est-ce qu’un fait social ? »

Elle leur convient ; car il est clair que, n’ayant pas l’individu pour substrat, ils ne peuvent en avoir d’autre que la société, soit la société politique dans son intégralité, soit quelqu’un des groupes partiels qu’elle renferme, confessions religieuses, écoles politiques, littéraires, corporations professionnelles, etc. […] Or, ce que nous disons de ces explosions passagères s’applique identiquement à ces mouvements d’opinion, plus durables, qui se produisent sans cesse autour de nous, soit dans toute l’étendue de la société, soit dans des cercles plus restreints, sur les matières religieuses, politiques, littéraires, artistiques, etc. […] Telle est l’origine et la nature des règles juridiques, morales, des aphorismes et des dictons populaires, des articles de foi où les sectes religieuses ou politiques condensent leurs croyances, des codes de goût que dressent les écoles littéraires, etc.

888. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’empire russe depuis le congrès de vienne »

L’empire russe depuis le congrès de vienne5 I Quoique l’influence des circonstances politiques meure au seuil des ouvrages de critique purement littéraire, il n’est pas moins vrai qu un livre sur la Russie publié à cette heure doit attirer vivement l’attention… En effet, solitairement et pour son propre compte, la Russie, ce colosse de neige, sort enfin de l’énigmatique immobilité qu’elle a gardée pendant quarante ans vis-à-vis de l’Europe, et qui était peut-être tout le secret de la fascination qu’elle exerçait sur les esprits. […] ce n’est pas nous qui jetterons la pierre au seul gouvernement qui convienne à la Russie actuelle, nous savons trop ce qu’il doit entrer nécessairement de despotisme dans l’éducation des peuples enfants ; nous voulons seulement constater, dans notre limite de critique littéraire, pourquoi il n’y a pas d’histoire en Russie. […] Et cela est si vrai que les compositions traduites par Chopin ressemblent elles-mêmes à des nouvelles qu’on aurait traduites en russe, et qui auraient été primitivement écrites en français, en anglais, ou en allemand, dans une des trois langues littéraires de l’Europe.

889. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « IX. L’abbé Mitraud »

si libre que soit un auteur dans l’application de sa méthode et dans l’exposition de ses théories attardées, il est des formes littéraires qui sont comme les devoirs de politesse de la pensée. […] Ce que nous disons aujourd’hui est au-dessus de toute critique littéraire. […] La Critique, cette dissection sur le vif, comme disait Rivarol, nous a trop appris la physiologie littéraire pour que nous ne voyions pas très bien, sous les lignes de la composition, quel a dû être le procédé de l’auteur.

890. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « L’Abbé Prévost et Alexandre Dumas fils » pp. 287-303

Mais la Critique, mais tous ceux qui, depuis quarante ans et plus, conduisent l’opinion littéraire, et qui avaient la prétention de décider des œuvres de l’esprit humain ! […] Il fallut le dévergondage de l’imagination romantique pour voir dans ce livre — que je ne crains point d’appeler une pauvreté littéraire — des beautés qui n’y étaient pas… Assurément moins corrompus qu’au temps peint par l’abbé Prévost dans son livre et le redoutable Laclos dans le sien, par la raison que nous avions traversé le sang de deux époques sanglantes et que le sang, n’importe comme il soit versé, purifie toujours, nous n’en avions pas moins, péché originel ineffaçable ! […] je n’ignorais pas que la couleur plastiquement littéraire était à peu près inconnue au xviiie  siècle.

891. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Marie Desylles » pp. 323-339

Le livre est là… Ces lettres de tant d’âme ont été envoyées à l’impression comme de la copie littéraire, et le cœur a beau me saigner de faire de la critique sur un pareil livre, de disséquer une vivante d’hier, — si ce n’est même pas une vivante d’aujourd’hui, — je suis bien obligé de vous en parler. […] Elles tombent sous ma coupe littéraire. […] Or, si le roman disparaît, il n’y a plus là que des lettres, — des lettres sans aucun souci littéraire, sans aucune ambition que celle d’exprimer l’amour dans la nudité passionnée et pure d’une âme vraie.

892. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Le Comte de Gobineau »

Cette belle place littéraire à prendre aurait pu le tenter cependant, car Gobineau est un esprit sérieux, de philosophie stoïque, et le stoïcisme est pour lui — il le dit en termes formels dans une thèse qui a de la fierté — un des plus nobles buts de la vie. […] Je l’ai dit : au point de vue de la Critique littéraire et de la construction de l’ensemble, c’est un livre mal fait ; il n’en faut plus parler. […] Mais si le livre est littérairement manqué, l’homme qui l’a écrit a des facultés littéraires quelquefois puissantes, souvent délicieuses, lorsqu’il échappe à quelques affectations de style retrouvées ici et là dans des phrases trop coquettes, et qui sont (ces affectations) la conséquence forcée de l’exquisité voulue, du trop de raffinement dans la conception et dans les sentiments.

893. (1912) Pages de critique et de doctrine. Vol I, « I. Notes de rhétorique contemporaine », « II. Notes de critique psychologique »

Voici, résumée assez exactement, je crois, ses idées sur ce point de doctrine littéraire. […] Ce soi-disant sceptique fut un dévot de sa foi littéraire. […] Il y a lieu, semble-t-il, de l’étendre aux grands artistes littéraires. […] Comme il y a des lois de la nature politique, il y a des lois de la nature littéraire. […] Il semblait qu’une bonne fée présidât à la conduite de sa vie personnelle et littéraire.

894. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Appendice. — [M. de Latena, Étude de l’homme.] » pp. 523-526

Ce n’est point en lisant les auteurs ses devanciers que M. de Latena est arrivé à l’idée de résumer, à son tour, dans un ouvrage de morale les résultats de son expérience ; en composant ce livre, il est resté en dehors de toute excitation littéraire proprement dite : ce n’est pas sans dessein que je le remarque, car il y a eu de temps en temps des modes littéraires, même pour les livres de morale.

895. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Note »

Bien est-il heureux pour ma probité littéraire, monsieur, que ma jeunesse fût achevée dans mes Mémoires, car je vous aurais certainement volé. […] « Chateaubriand. » Et maintenant qu’on s’étonne, si l’on veut, et qu’on se scandalise qu’après des années écoulées, en ne cessant de placer M. de Chateaubriand au premier rang littéraire du siècle, j’aie écrit sur lui, dans les deux volumes dont il est le sujet et le centre, comme en pensaient et en parlaient dans la familiarité tous ses amis et connaissances, toutes les personnes de la société en dehors de sa coterie, M.

896. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XIX. De la littérature pendant le siècle de Louis XIV » pp. 379-388

De la littérature pendant le siècle de Louis XIV61 C’est par l’étude des anciens que le règne des lettres a recommencé en Europe ; mais ce n’est que longtemps après l’époque de leur renaissance que l’imitation des anciens a dirigé le goût littéraire. […] Mais s’il faut une réflexion approfondie pour démêler ce qu’on pourrait ajouter encore à de tels chefs-d’œuvre, les bornes de la philosophie, dans le siècle de Louis XIV, se font sentir d’une manière bien plus remarquable dans les ouvrages littéraires qui n’appartiennent pas à l’art dramatique.

897. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Première partie. Préparation générale — Chapitre III. De la sécheresse des impressions. — Du vague dans les idées et le langage. — Hyperboles et lieux communs. — Diffusion et bavardage »

Joli sert de préférence aux jugements artistiques et littéraires. […] Ce n’est ni l’ascendant de l’esprit, ni la force du raisonnement qui séduisent le public : mais ils fournissent, toute préparée pour l’usage, la formule qui juge le dernier événement politique, la dernière œuvre littéraire.

898. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Dierx, Léon (1838-1912) »

Bien qu’il devienne peu à peu célèbre dans le monde supérieur de l’art littéraire, ses livres : Les Lèvres closes, la Messe du vaincu, les Amants, Poèmes et poésies… sont peu connus de la foule, — et je suis sûr qu’il n’en souffre pas. […] Il n’y a nulle exagération à dire, et le disant on n’apprend rien à personne, qu’il est et demeurera une des plus hautes figures littéraires de notre temps, et par un très haut talent et par cette vie entièrement dédiée à la poésie, et à la plus hautaine.

899. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Silvestre, Armand (1837-1901) »

[La Vie littéraire (1892).] […] [Entretiens politiques et littéraires (25 mars 1893).]

900. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » pp. 124-134

Il ne s’agit ici que de Productions littéraires qui semblent être le fruit de ses délassemens, & sur lesquelles il ne fonde pas sans doute sa réputation. […] Son Essai sur les Gens de Lettres est un assemblage de sagacité, d’élévation, d’une noble indépendance, qu’il seroit à souhaiter, pour l’honneur du Monde littéraire, que chaque homme de Lettres pût réduire en pratique.

901. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le voltairianisme contemporain »

Mais si nous ne revenons pas sur le mérite, historique ou littéraire, d’un livre qui ne peut plus être loué que par Janin, — et dans l’Artiste, encore !  […] les admirateurs de Voltaire ne sont, après tout, rien de plus que les exécuteurs de son testament de putréfaction, et c’est ce qu’il ne faut pas oublier quand ils parlent si haut de leurs admirations littéraires.

902. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Auguste Nicolas »

… Ainsi nous avons exclusivement, pour illustration littéraire, des livres comme ceux-ci, par exemple : Les Aventures de monsieur le baron, Azur et Or, le Chevalier d’Estagnol, la Comtesse de Charny, Costal l’Indien, Olympe de Clèves, Nos plus beaux rêves, Une Haine au Moyen Âge, etc., etc. […] Telle est sa haute valeur comme apologiste, et c’est ce que nous voulions noter en passant plus que le mérite intrinsèque de son livre, nous qui nous préoccupons beaucoup moins de la beauté même des œuvres littéraires que des conquêtes de la vérité.

903. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Préface » pp. -

Mais il n’en est pas moins certain que le Roman, production toute moderne, a pris en ces dernières années une importance et un développement extraordinaires, qu’aucune forme littéraire n’a plus à un égal degré. […] Cousin, cette pie voleuse philosophique ; — il parlait apparemment de la sienne prise à Descartes, à Reid, à Hegel, et il oubliait ces grands théologiens qui ne désossaient pas la leur de l’idée de Dieu, — non, ce n’est pas la philosophie, mais c’est le Roman qui est d’hier dans l’histoire littéraire.

904. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Léon Cladel »

L’auteur de la Fête votive de saint Bartholomée Porte-glaive — un nom de tableau bien plus que de livre — n’est, à exactement parler, ni un inventeur dans l’ordre du roman ou du drame, ni un esprit d’aperçu qui voit les idées par-dessus les images, ni un écrivain… littéraire. […] IV Signalons en finissant que la Fête votive est le premier livre littéraire, esthétique, désintéressé, qui paraisse depuis nos malheurs, et surgisse au-dessus de ce fourmillement de livres intéressés, publiés sur la guerre par des généraux qui n’ont imité Soubise que dans sa défaite, — car il se tut après Rosbach.

905. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — IV »

Mais ce qu’on peut constater dès maintenant, et la constatation contredit d’une façon piquante le préjugé où nous vivons sur l’audace des esprits élevés, c’est que depuis le grand mouvement industriel et commercial qui transforme l’Europe, il y a presque constamment en France une protestation de l’élite intellectuelle (au moins du monde littéraire accrédité) contre les directions du siècle. […] Nos grands écrivains littéraires, quand ils dépeignent la société moderne, et à quelque parti d’ailleurs qu’ils se figurent appartenir, emploient toujours des couleurs au moins aussi injurieuses que celles qu’on trouve dans ces Carnets de voyage de Taine.

906. (1929) La société des grands esprits

Le hasard joue toujours un certain rôle dans les relations sociales et dans les recueils d’essais ou de portraits littéraires. […] D’autres jugements littéraires sont également contestables. […] Sainte-Beuve a consacré tout un « lundi » à l’œuvre littéraire de Fromental Halévy. […] Ce fanatique de Gluck, de Beethoven et de Weber, ne plaçait pas trop mal non plus ses admirations littéraires. […] La valeur littéraire de l’ouvrage n’y était ‘pour rien, ou presque rien.

907. (1902) Le critique mort jeune

Depuis longtemps j’ai cessé d’être un critique littéraire. […] Ses études sur nos quatre grands siècles littéraires leur sont expressément dédiées. […] (Préface des « Propos littéraires ».) […] De formation purement littéraire, comme les trois quarts des Français « cultivés », M.  […] Henry Bordeaux, avant d’être romancier, se donnait à la critique littéraire.

908. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (1re partie) » pp. 313-408

La France littéraire, pervertie par l’esprit de parti et distraite par ses orages, avait besoin de vous. […] Les Soirées du lundi, plus approfondies que La Harpe, plus littéraires que Grimm, devinrent la correspondance, non plus avec tel ou tel prince d’Allemagne, mais avec la postérité. […] Je lis assidûment les admirables articles qui font du Constitutionnel du lundi le premier des livres littéraires de haute critique de la France. […] « De son cachet littéraire, s’il peut être ici question de cela, je ne dirai qu’un mot. […] « Je vous crois appelé, monsieur, aux plus grandes destinées littéraires, mais je trouve encore un peu d’affectation dans vos vers.

909. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1893 » pp. 97-181

Enfin j’aurais voulu lui faire proclamer à nouveau — lui, qui a été le seul défenseur des tentatives révolutionnaires au théâtre, que tout ce qui est permis aux étrangers ne l’est pas à nous, de par notre critique actuelle, qui nous défend un théâtre élevé, littéraire, philosophique, original, un théâtre qui dépasse le goût et l’intelligence d’un Sarcey, un théâtre autre, que celui renfermé dans les aventures bourgeoises du ménage d’aujourd’hui. […] Mercredi 12 juillet De bien imbéciles jugements littéraires, formule ce Delacroix, notamment sur Balzac, et sur ce chef-d’œuvre : Eugénie Grandet. […] Sarah est une romantique ; elle a certainement, dans ce moment, par le bruit qui s’est fait autour de Réjane, la velléité de tenter de la modernité, mais son tempérament littéraire s’y refuse, puis elle jouit, dans ma pièce, d’une bien vilaine sœur, et dans la vie, elle se trouve avoir une sœur, ce que je ne savais pas du tout. […] Alors le petit Hahn s’est mis au piano, et a joué la musique composée par lui, sur trois ou quatre pièces de Verlaine, de vrais bijoux poétiques, une musique littéraire à la Rollinat, mais plus délicate, plus distinguée, plus savante, que celle du poète berrichon. […] Goncourt, la belle page à écrire sur l’amitié littéraire !

910. (1891) Esquisses contemporaines

On ne saurait sans injustice leur disputer de sérieuses qualités littéraires. […] Leurs loisirs seulement pouvaient être consacrés au travail littéraire. […] sa fortune littéraire est engagée dans cette réponse. […] Gréard par curiosité littéraire. […] Revue politique et littéraire, janvier 1885.

911. (1902) Le chemin de velours. Nouvelles dissociations d’idées

La gloire littéraire est une illusion. […] La gloire littéraire est nominale ; la vie littéraire est personnelle. […] La justice littéraire est une absurdité. […] La mieux partagée n’a donc pas reçu une véritable culture littéraire, ni même une méthode de culture littéraire. […] Des Réputations littéraires.

912. (1895) Nos maîtres : études et portraits littéraires pp. -360

Telle fut — trop brièvement esquissée — l’évolution de l’art littéraire. […] L’art plastique recrée les sensations ; l’art littéraire recrée les notions. […] Comme le langage des arts plastiques, et comme celui des arts littéraires, le langage de la musique fut d’institution purement humaine. […] Tandis qu’il rédigeait un drame vengeur, le jeune prince pessimiste et névrosé a été saisi par la vanité littéraire. […] Et de là vient sans doute que ce livre m’a paru le point de départ d’un genre littéraire nouveau.

913. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « François Ier, poëte. Poésies et correspondance recueillies et publiées par M. Aimé Champollion-Figeac, 1 vol. in-4°, Paris, 1847. »

Mais, du moment que les vers, ramenés à l’état de simple composition littéraire, devinrent un art plus précis, du moment que les rimes durent se coucher par écriture, et qu’il fallut, bon gré mal gré, et nonobstant toutes métaphores, noircir du papier, comme on dit, pour arriver à l’indispensable correction et à l’élégance, dès lors il fut à peu près impossible d’être à la fois roi et poëte avec bienséance. […] Champollion, dans le volume qu’il a publié sur la Captivité de François Ier 7, s’en est utilement servi pour rétablir le vrai sur quelques particularités contestées ; mais, au point de vue littéraire, que pourrait-on dire en présence d’une enfilade de vers comme ceux-ci : De toutes pars lors despouillé je fuz, Mays deffendre n’y servit ne reffuz ; Et la manche de moy tant estimée Par lourde main fut toute despecée. […] On conçoit donc qu’il y aurait dans ce sujet matière à une discussion délicate, et qu’on en pourrait faire un piquant chapitre qui traverserait l’histoire littéraire du xvie . […] Un tel travail de traduction suppose en effet une application littéraire qui tient au métier. […] Historiquement, je l’ai dit, elles ont leur intérêt et même leur importance ; au point de vue littéraire, je doute fort qu’elles ajoutent beaucoup à la réputation de François Ier.

914. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXIXe entretien. Œuvres diverses de M. de Marcellus (2e partie) » pp. 5-63

. — Ce livre est une répétition des anecdotes littéraires analysées par nous au commencement de cette étude. […] De là, une extrême ambition littéraire, satisfaite du premier coup par le succès le plus fantastique qui fût jamais, succès que toute une religion relevée, vengée, illustrée, avait porté jusqu’à l’idolâtrie. V Nous avons vu que ce succès littéraire n’avait été que l’amorce de son ambition, qu’il avait parfaitement oublié ses rois exilés, et qu’il s’était rallié à Bonaparte, recommençant l’ère de Charlemagne par la restauration du culte. […] XVIII Quoi qu’il en fût, M. de Marcellus, par esprit littéraire, et par esprit sérieusement chrétien, se mit à parcourir la Grèce nouvelle et l’Albanie, ni littéraire ni chrétienne, mais tour à tour, et selon le goût des Albanais, chrétienne ou mahométane comme son héros Scanderbeg, pour y chercher un nouvel Homère.

915. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 457-512

Voltaire, [Marie-François Arouet de] de l’Académie Françoise, & de presque toutes les Sociétés Littéraires de l’Europe, né à Paris en 1694, mort dans la même Ville en 1778. […] Nous ne nous proposons pas d'analyser les différens travaux de cette espece d'Hercule littéraire. […] La plupart de ses Dissertations littéraires sont un tribut d’hommages qu’il se paye à lui-même, ou des arrêts prononcés contre ses Rivaux ; ses observations sur la Tragédie, une justification de ses Pieces, & la satire adroite de celle des autres ; son Essai sur la Poésie épique, une Apologie de la Henriade, & une censure injuste des autres Poëmes ; la connoissance des beautés & des défauts de la Poésie & de l’Eloquence, dans la Langue Françoise, donnée sous un nom emprunté, l’apothéose de ses Productions ; mille autres Ouvrages de sa façon, sont autant de trompettes sonores qu’il consigne à la Renommée, pour préconiser son mérite en tout genre. […] Quels seront les sentimens de la Postérité, quand, après avoir admiré la Henriade, Mérope, Alzire, &c. elle verra paroître, à leur suite, la Guerre de Geneve, la Défense de mon Oncle, les Honnêtetés Littéraires, & une infinité d’autres Libelles, qui supposeroient dans elle le plus grand degré de perversité, si elle ne les rejetoit avec horreur ! […] Ses Admirateurs ne peuvent se dissimuler que quantité de ses Pieces de Théatre n’aient éprouvé des chutes humiliantes ; ses Histoires fourmillent d’erreurs, de bévues, & de faussetés ; ses Mélanges littéraires offrent une infinité de faux principes, de faux jugemens, de critiques injustes ; ses Productions polémiques sont odieuses, comme nous l’avons indiqué, par de fausses imputations, des mensonges, des calomnies.

916. (1897) Un peintre écrivain : Fromentin pp. 1-37

J’essayerai de dire là-dessus ma pensée, en prenant pour division la division même de l’œuvre de Fromentin, puisqu’il a touché à trois genres littéraires : le récit de voyage, le roman, la critique d’art, exemple assurément d’une belle variété d’aptitudes et aussi d’une certaine inquiétude d’esprit. […] Remarquez-vous le peu qui est accordé au portrait physique, et combien les expressions mêmes qui servent à peindre sont peu précises, empruntées au vocabulaire des idées, des sentiments et des comparaisons littéraires ? […] Je n’hésite plus ici : je dis, que c’est là un chef-d’œuvre, un livre nécessaire et sans précédent, et que c’est le livre auquel l’œuvre littéraire de Fromentin devra de survivre et de grandir. […] Elle ne consiste pas à admirer, en homme du monde et pour des hommes du monde, la peinture des maîtres flamands ou hollandais, ce qui est un exercice littéraire, et le mode en général adopté ; elle n’a pas pour but premier de faire voir le tableau à ceux qui ne l’ont pas vu, ou de le rappeler aux autres : elle va bien plus avant, elle explique le milieu où chaque maître a vécu, les influences qui l’ont formé, la qualité de son œil, l’idéal poursuivi, le procédé, le métier dont chacun a usé. […] Et si le temps ne me faisait défaut, je voudrais développer devant vous notamment, cette thèse non pas neuve, mais peu familière à beaucoup d’esprits et qui est celle de Fromentin, à savoir que la peinture n’exprime pas nécessairement une idée, qu’elle peut n’avoir « rien de pathétique, d’émouvant, surtout de littéraire », et cependant nous charmer et remplir son but, ou l’un de ses buts, qui est de réjouir l’âme humaine, par la simple beauté des couleurs et des lignes.

917. (1859) Critique. Portraits et caractères contemporains

Et, en effet, que peut-elle faire encore, l’armée littéraire ? […] Pourquoi laisser le public en paix, pendant que vous agitez le monde littéraire ? […] Vive la Manon Lescaut littéraire ! […] Jusqu’à présent, en effet, un siècle littéraire est venu après un autre siècle. […] Mais cette place, voici que déjà les partis littéraires se la disputent.

918. (1753) Essai sur la société des gens de lettres et des grands

Essai sur la société des gens de lettres et des grands, sur la réputation, sur les mécènes, et sur les récompenses littéraires Sine irâ et studio, quorum causas procul habeo. […] Quand je considère attentivement l’empire littéraire, je crois voir une place publique, où une foule d’empiriques montés sur des tréteaux, appellent les passants, et en imposent au peuple qui commence par en rire, et qui finit par être leur dupe. […] Pour terminer ces réflexions, je souhaiterais que quelque auteur célèbre voulut nous décrire philosophiquement le temple de la renommée littéraire. […] Il n’est pas absolument sans exemple de voir ces despotes de la littérature, célébrés par les étrangers et par les Français, survivre, pour la frayeur de leurs semblables, à leur réputation littéraire, lorsqu’ils cessent, par le changement des circonstances, de pouvoir faire ni bien ni mal. […] En un mot, le cardinal de Richelieu vit sans peine qu’il était trop dangereux d’établir dans les compagnies littéraires un esprit d’inégalité capable d’y entretenir le trouble, de rebuter les grands talents, de remplir à la longue ces sociétés illustres de gens médiocres à qui le titre d’académicien est nécessaire, et de rendre les récompenses littéraires trop dépendantes du caprice et de l’envie.

919. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « L’abbé de Marolles ou le curieux — II » pp. 126-147

Marolles débuta dans sa carrière littéraire active en corrigeant sa traduction de Lucain, qu’il avait publiée plus de vingt ans auparavant et dont il donna une seconde édition en 1647. […] Tel à peu près, sous le Directoire et lors de la renaissance des études au sortir de la Révolution, l’abbé Coupé, dans ses Soirées littéraires, a donné quantité de traductions plus ou moins exactes, mais courantes et faciles, des meilleurs morceaux de l’Antiquité. […] Chapelain était fort savant, d’une science solide, et il se montra judicieux, bien qu’avec pesanteur, tant qu’il n’eut affaire qu’à des auteurs et à des ouvrages qui se rapportaient aux habitudes de toute sa vie et qui dépendaient de l’école littéraire où avait été nourrie sa jeunesse. […] C’est un des livres les plus remplis de particularités intéressantes sur le xviie  siècle religieux et littéraire.

920. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Dominique par M. Eugène Fromentin »

Après d’excellentes études littéraires, sa famille le dirigeait vers la magistrature ; il était avocat, et presque déjà docteur en droit, si je ne me trompe, quand le génie de la couleur l’a séduit. […] Il y devint aussi l’écrivain pittoresque, le paysagiste littéraire, parfait et accompli du premier coup, dont les pages, publiées d’abord dans la Revue de Paris 25, puis dans la Revue des Deux Mondes 26, ont charmé tous les lecteurs. […] Prenons notre revanche alternativement au profit des deux arts, sans les mélanger, sans les forcer et en observant une limite que d’autres plus hardis, plus aventureux, plus singulièrement doués, ne craignent pas de franchir, mais qu’il me paraît bon, à moi, de maintenir et de respecter. » — Distinguant donc entre les idées visuelles ou plastiques et les idées littéraires, il rend les premières sur ses toiles, réservant les secondes pour ses pages écrites, attentif à se servir en chaque chose de l’art le plus approprié. […] L’originalité comme le charme du talent littéraire de M. 

921. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid(suite et fin.)  »

Tel est ce merveilleux Cid, singulier mélange de belles choses et de choses étranges, mais qui ouvrit une ère de création au théâtre, et qui fut le premier grand exploit littéraire de notre xviie  siècle. […] Le Cid français fut un grand événement dans l’histoire littéraire. […] Ce que Chimène a en elle de femme, d’éternellement femme, d’éternellement cher et sympathique aux jeunes cœurs, s’accuserait mieux encore par contraste, si on la suivait en détail dans cette comparution maussade devant la Chambre du haut syndicat littéraire et devant le Conseil des Prudents. Mais c’est là un sujet qui sortirait par trop de notre cadre, déjà tant élargi ; c’est un chapitre qu’il faut laisser à traiter aux historiens littéraires.

922. (1890) La fin d’un art. Conclusions esthétiques sur le théâtre pp. 7-26

« Cette gazette, étant littéraire, s’occupera rarement des théâtres », annonçait, au premier numéro de ses éphémères Taches d’encre, un jeune maître des jeunes, M.  […] Aussi bien cette émancipation était-elle faite depuis quelque temps en d’autres genres ; on s’était décidé à reconnaître que l’art d’agrément n’est pas synonyme de grand art ; on avait concédé que le roman littéraire n’est pas écrit « pour l’amusement des jeunes demoiselles en chemin de fer ». […] Cela étant, on entrevoit, non une salle de spectacle, mais un cénacle où des œuvres littéraires seraient lues ou jouées devant un groupe d’élite. […] Mais nous ajouterons : c’est heureux, car le théâtre ne saurait plus être artistique, et ces œuvres sont des œuvres d’art, d’art littéraire, bien que de forme dramatique.

923. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Fontenelle, par M. Flourens. (1 vol. in-18. — 1847.) » pp. 314-335

Né dans une famille poétique et bourgeoise, dont l’illustration datait d’avant Louis XIV, Fontenelle resta un peu arriéré au point de vue littéraire, en même temps qu’on va le voir singulièrement en avance pour le point de vue philosophique. […] La question littéraire se trouvait ainsi réduite, au grand scandale des érudits, à une question de physique et d’histoire naturelle. […] » Fontenelle avait quarante ans quand il fut nommé secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences (1697) ; il avait publié tous les ouvrages qui le distinguent sous sa première forme littéraire, et il va durer soixante années encore sous sa forme plus épurée, plus contenue, plus sérieuse : le grand esprit va désormais prendre le pas sur le bel esprit, ou du moins ne plus permettre qu’on l’en sépare. […] Sur Fontenelle, ma conclusion sera précise : c’est que par sa tenue, par sa longévité, par sa multiplicité d’aptitudes et d’emplois, avec ce composé de qualités rares et de défauts qui ont fini par assaisonner ses qualités, il n’a point son pareil, qu’il demeure hors ligne, au-dessous des génies, dans la classe des esprits infiniment distingués, et qu’il se présente, dans l’histoire naturelle littéraire, à titre d’individu singulier et unique de son espèce.

924. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Ernest Hello » pp. 207-235

V Le livre d’Ernest Hello intitulé : Physionomies de Saints, n’est pas un livre de l’ordre littéraire accoutumé, mais d’un ordre littéraire spécial, supérieur, transcendant. […] Il a la critique, et non pas seulement la critique historique, qui perce la brume des textes emmêlés et contradictoires avec une sagacité puissante, mais jusqu’à la critique littéraire, qui suit dans toutes les nuances du style les nuances de l’âme, de l’écrivain. […] Chateaubriand aurait fait certainement un chef-d’œuvre de sa Vie de Rancé, s’il n’y avait pas tant mêlé de guenilles historiques et littéraires.

925. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre premier. La Formation de l’Idéal classique (1498-1610) » pp. 40-106

C’est une manière de lire Tartuffe que d’y chercher ce que Molière a pensé de la religion, mais évidemment ce n’est pas la seule, ni surtout la plus littéraire. […] Tel est précisément le cas de la critique ; et nous essaierions en vain de nous dissimuler qu’elle n’a d’abord été qu’une forme de l’envie littéraire ! […] En tout cas, et quand il aurait valu des armées, l’importance littéraire n’en est pas pour cela beaucoup plus considérable. […] Sacy, Variétés littéraires]. — Le Discours merveilleux des déportements de Catherine de Médicis, 1575, est-il d’Henri Estienne ? […] Ginguené, Histoire littéraire d’Italie, t. 

926. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXVI » pp. 100-108

D'un autre côté, dans les écoles religieuses non universitaires, qu’alimentent les familles catholiques, les études littéraires et classiques sont généralement très-faibles et très-mitigées. […] On se rappelle à Paris la malencontreuse journée où il essaya de répondre à Lamartine au moment de la grande défection de celui-ci : c’était, nous assuraient les témoins, un singulier et triste spectacle que, dans une situation où pourtant il y avait, rien qu’avec du bon sens, tant et de si bonnes choses à dire, de voir un orateur aussi habile, une langue aussi dorée et aussi fine que l’est Villemain, balbutier, chercher ses mots et ses raisons ; on aurait cru qu’il n’osait frapper par un reste de respect pour le génie littéraire ; que l’ombre de ce génie, un je ne sais quoi, le fantôme d’Elvire debout aux côtés du poëte et invisible pour d’autres que pour l’adversaire, fascinait son œil et enchaînait son bras.

927. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « [Addenda] »

Les modernes sont moins indulgents, et l’on flétrit aujourd’hui d’un nom très peu littéraire ces frauduleux pastiches en matière historique, qui, une fois mis en circulation, et quand ils rencontrent leur homme, atteignent souvent à une valeur vénale fort élevée. […] C’est ainsi que récemment un fabricateur sarde, voulant illustrer l’histoire littéraire de son île il y a deux mille ans, a publié des renseignements curieux sur le Sardus ille Tigellius d’Horace et même des vers de ce chanteur du temps d’Auguste ; on aurait pu parier à coup sûr que Tigellius, le seul auteur sarde aussi anciennement connu, ferait les frais d’une partie de ce faux.

928. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Sur l’École française d’Athènes »

Sur l’École française d’Athènes On a récemment parlé d’un projet qui honorerait à la fois le Gouvernement français et le Gouvernement grec : il s’agirait d’établir un lien régulier entre l’Université de France et la patrie renaissante des Hellènes, de mettre en rapport l’étude du grec en France avec cette étude refleurie au sein même de la Grèce, d’instituer en un mot une sorte de concordat littéraire entre notre pays latin et la terre d’Athènes. […] L’interruption littéraire dans la Grèce moderne ne date que du xve  siècle ; depuis lors la langue, en tombant à la merci du simple peuple, s’est amoindrie, s’est appauvrie, et a subi la loi des idiomes qui se décomposent ; elle a conservé pourtant beaucoup de son vocabulaire, de ses tours et de son harmonie.

929. (1874) Premiers lundis. Tome I « Madame de Maintenon et la Princesse des Ursins — II »

Quant au mérite littéraire de sa correspondance et de celle de madame des Ursins, il est tel qu’on peut l’attendre de deux femmes de cet esprit, nourries au milieu des délicatesses d’un si beau siècle. […] Avant de s’ajuster exactement aux différentes espèces d’idées, le langage est jeté à l’entour avec une ampleur qui lui donne l’aisance et la grâce ; mais quand le siècle d’analyse a passé sur la langue et l’a travaillée à son usage, on ne peut plus qu’admirer et regretter ce charme à jamais évanoui du grand âge littéraire ; on essayerait en vain d’y revenir à force d’art ; et la critique, qui sent tout ce qu’il a d’exquis, est dans l’impuissance de le définir sans l’altérer.

930. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre V »

Nous réserverons donc le côté purement littéraire de l’étude pour n’envisager que les qualités de précision technique propres au vocabulaire de chacun de nos artistes. […] « Jamais, nous a-t-il très bienveillamment affirmé lui-même, bien que toujours curieux des choses de la médecine et profondément attiré par l’intensité de leur notion. » Ou bien il use des termes techniques comme d’un véritable procédé littéraire, dont voici, chez lui, le personnel mécanisme : dans sa jalousie de prodigieux orfèvre et ouvrier d’art, il horrifie par dessus tout la banalité du mot, expulse violemment de son répertoire les clichés ressassés, les figures redites, les termes éculés.

931. (1823) Racine et Shakspeare « Chapitre III. Ce que c’est que le Romanticisme » pp. 44-54

Ce que c’est que le Romanticisme Le romanticisme est l’art de présenter aux peuples les œuvres littéraires qui, dans l’état actuel de leurs habitudes et de leurs croyances, sont susceptibles de leur donner le plus de plaisir possible. […] Voilà la manie du raisonner, et le dandinisme littéraire de l’époque.

932. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre III. Buffon »

Chapitre III Buffon Caractère de l’homme, et valeur littéraire de l’œuvre. […] J’abandonne ses descriptions : elles sont décidément pompeuses ou coquettes, frelatées surtout, et enveloppant la vérité scientifique de lieux communs littéraires, de formes nobles ou d’idées morales ; les animaux reçoivent des sentiments généreux ou vicieux, tout comme dans les Fables de La Fontaine.

933. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « George Sand. »

Et il faut avouer qu’en dépit des excès et des malentendus, ce retour au vrai n’a pas été infécond, et qu’au surplus cette réaction était inévitable et parfaitement conforme aux lois les plus assurées de l’histoire littéraire. […] Mais chaque fois elle se sentait reprise par l’impérieux devoir de sa vocation littéraire ; et ces interruptions faisaient qu’elle aimait souvent et qu’elle ne paraissait pas aimer longtemps.

934. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « La Tolérance »

Que ceux qui ont de vingt à trente ans ne se hâtent pas trop de traiter d’imbéciles ou de malfaiteurs littéraires ceux qui en ont quarante ou un peu plus. […] Oui, il est vrai que les jeunes gens découvrent des choses depuis longtemps découvertes ; que ce qui a paru le plus neuf dans l’anarchie littéraire des dix dernières années, cet idéalisme, ce symbolisme, ce mysticisme, cet évangélisme, et ce qu’on aime dans Tolstoï et Ibsen et ce qu’on leur emprunte, tout cela ressemble fort à ce qu’on a vu chez nous il y a cinquante ou soixante ans et que, par conséquent, les jeunes sont moins jeunes qu’ils ne disent.

935. (1888) La critique scientifique « Appendice — Plan d’une étude complète d’esthopsychologie »

Voici donc le plan d’une analyse d’esthopsychologie complète, pour laquelle nous avons choisi l’un des génies littéraires les plus complexes et les plus vastes de notre temps : Victor Hugo. […] Parmi les gens du monde : les moins inaptes aux plaisirs littéraires, les Parisiens allant fréquemment au théâtre.

936. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « XV »

Nous n’avons pas eu, depuis Sainte-Beuve, de juge littéraire plus perspicace, plus rapidement, plus universellement compréhensif. […] Il n’y a pas, d’ailleurs, de défauts littéraires dont on ne puisse trouver des exemples chez les classiques.

937. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Renan — III »

On veut y voir, pour l’ordinaire, un drame de la conscience, une de ces tragédies intérieures qui mirent, certain soir, le pauvre Jouffroy dans un état si propre à la composition littéraire. […] Faisons justice d’un faux lieu commun d’histoire littéraire.

938. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIIe entretien. Revue littéraire de l’année 1861 en France. M. de Marcellus (1re partie) » pp. 333-411

Revue littéraire de l’année 1861 en France. […] voilà ce que la France littéraire venait de perdre avec M. de Marcellus. […] J’attendis que les quelques jours de liberté que tout homme trop affairé se donne en automne me renfermassent dans le solitaire manoir de Saint-Point, déshabité maintenant en attendant qu’on m’en dépouille, et me rapprochassent de ce château d’Audour, ouvert il y a moins d’un an à l’hospitalité littéraire, et maintenant fermé par le deuil d’une veuve muette de douleur, qui n’accepte que les consolations de l’amitié. […] L’Académie des inscriptions lui devait un signe d’attention : il est mort sans l’avoir reçu d’elle ; depuis, il mérita place dans une Académie plus littéraire, et il mourut sans y avoir été admis. […] Canning étaient liés par les goûts littéraires communs que le premier ministre anglais avait conservés de son premier métier de journaliste.

939. (1885) L’Art romantique

Des hérésies étranges se sont glissées dans la critique littéraire. […] Notez que la haine politique combinait son élément avec le patriotisme littéraire outragé. […] Ils contiennent la grâce littéraire suprême, qui est l’énergie. […] Ainsi la langue française périclite, et les mauvaises passions littéraires en détruisent l’exactitude. […] Au point de vue purement littéraire, ce n’est pas autre chose qu’un pastiche inutile et dégoûtant.

940. (1889) La littérature de Tout à l’heure pp. -383

Il n’y a plus d’écoles littéraires, il n’y a que des manifestations individuelles. […] Et puis il n’y a rien de si faux et de si fou que cette sorte d’engoûment littéraire et lui-même historique pour ce mythe d’une littérature patriotique. […] Leur langue n’est pas littéraire : incorrecte, impropre, impersonnelle, pesante, banale, c’est la langue des journaux. […] La critique littéraire est un peu dédaignée par la critique scientifique. […] Je veux parler des conditions actuelles de la vie littéraire, matérielles et morales.

941. (1903) Propos de théâtre. Première série

Le souci de moraliser est le mélange réfrigérant le plus funeste qui se puisse à une œuvré littéraire, et surtout à une œuvre dramatique. […] Il n’y a que nous qui n’ayons jamais de raisons personnelles dans nos démarches littéraires et philosophiques. […] Pour une idée de dissertation littéraire, c’est très honnête ; c’est suffisant. […] Puis il y a le monde bourgeois, le monde littéraire, le monde qui se rattache à la cour. […] Il s’est trouvé des gens de très petite intelligence, des gens très bornés, qui avaient un immense génie littéraire.

942. (1883) Essais sur la littérature anglaise pp. 1-364

Taine est le résultat d’une lune de miel littéraire ; j’insiste sur ce mot et sur l’idée qu’il exprime. […] Taine ; suivons maintenant l’application de ces idées à l’histoire littéraire de l’Angleterre. […] Poètes, critiques, romanciers, historiens littéraires marchent tous au même but. […] Quant à son talent littéraire, à proprement parler, il était de substance très vigoureuse et très anglaise. […] Plus leur force littéraire est grande, plus violemment ils vous ramènent à ce cercle étroit où ils furent engendrés.

943. (1896) Les idées en marche pp. 1-385

Les belles germinations littéraires ne furent jamais le fait d’un seul. […] Ce domaine de la révélation littéraire est de tous le plus réconfortant. […] Il a provoqué et dirigé des courants littéraires. […] Leur rage se passe à éreinter nos gloires littéraires. […] Les énergies littéraires se groupent et se concentrent.

944. (1894) La vie et les livres. Première série pp. -348

De 1806 à 1870 — depuis Iéna jusqu’à Sedan — la vie littéraire, en Allemagne, fut confondue avec la vie politique et sociale. […] C’est à ce moment que la « décadence » devint un sport et un genre littéraire. […] Zola et de ses disciples en vidange littéraire est dépassée et ne peut plus désormais s’adresser qu’à des arriérés. […] Incapables de foi, ils témoignaient aux dieux défunts une vénération très littéraire. […] Nous avons souffert d’abord d’une maladie littéraire.

945. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Mélanges de critique religieuse, par M. Edmond Scherer » pp. 53-66

Il y a, en ce qui est du jugement littéraire proprement dit, une page excellente, définitive : Les Paroles d’un croyant, dit M.  […] Il nous semble qu’il y a là un manque de goût littéraire, et que ce manque de goût tient au vice fondamental du talent de Lamennais, la tendance à l’emphase et à la déclamation. […] Ce style n’est point inférieur en ressources à celui de Chateaubriand, et il tend moins au pur effet littéraire.

946. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Ernest Renan »

Chacun de ses savants écrits, ses Études d’histoire religieuse, ses Essais philosophiques et littéraires s’enlevaient rapidement, et il avait atteint, auprès du public lettré, à ce degré le plus désirable de considération et d’intérêt soutenu, au-delà duquel il n’y a plus que la vogue avec ses inconstances. […] Le goût y est moins pur, les méthodes y sont moins sévères ; mais la superstition littéraire du xviie  siècle y est moindre. […] Il préludait en attendant, et ne voulait aborder ce grand sujet qu’après s’être fait une autorité et s’être gagné la faveur du public par des œuvres d’un caractère purement scientifique ou littéraire, et où sa préoccupation, son arrière-pensée religieuse, ne pût pas être trop soupçonnée.

947. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Le Brun »

Sa vie littéraire présente aussi la même continuité de principes, avec beaucoup de taches et de mauvais endroits. Élève de Louis Racine, qui lui avait légué le culte du grand siècle et celui de l’antiquité, nourri dans l’admiration de Pindare et, pour ainsi dire, dans la religion lyrique, il était simple que Le Brun s’accommodât peu des mœurs et des goûts frivoles qui l’environnaient ; qu’il se séparât de la cohue moqueuse et raisonneuse des beaux-esprits à la mode ; qu’il enveloppât dans une égale aversion Saint-Lambert et d’Alembert, Linguet et La Harpe, Rulhière et Dorat, Lemierre et Colardeau, et que, forcé de vivre des bienfaits d’un prince, il se passât du moins d’un patron littéraire. […] Au lieu de négliger simplement les salons littéraires et philosophiques, pour vaquer avec plus de liberté à son génie et à sa gloire, il les attaqua en toute occasion, sans mesure et en masse.

948. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gautier, Théophile (1811-1872) »

. — Portraits et souvenirs littéraires (1875). — Poésies complètes, en 2 vol. (1876). — L’Orient, 2 vol. (1877). — Fusains et eaux-fortes (1880) […] [Théophile Gautier, notice littéraire précédée d’une lettre de Victor Hugo (1859).] […] [Études littéraires sur le xixe  siècle (1887).]

949. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XV. M. Dargaud » pp. 323-339

Or, c’est surtout quand la production littéraire se ralentit que les réimpressions prennent de l’importance. […] Dargaud ne lui avait offert aujourd’hui qu’un de ces volumes comme certains historiens en pondent régulièrement un par année, avec une exactitude qui fait honneur à leur tempérament littéraire, elle l’aurait lu, au moins du pouce, entre la préface et la table, et elle en aurait rendu compte à peu près avec la même conscience et avec la même peine qu’il aurait été composé. […] Le morceau sur Machiavel, qui commence le second volume de l’Histoire de la Liberté religieuse est certainement la réponse la plus péremptoire qu’on ait faite à cette admiration que notre lâche dilettantisme littéraire témoigne encore aujourd’hui au grand scélérat de Florence, lequel rapetissa son génie dans une immense perversité, — oui, le rapetissa, quoiqu’elle fût immense !

950. (1890) Les romanciers d’aujourd’hui pp. -357

Que lui reste-t-il donc et par quoi expliquer sa situation littéraire ? […] On en trouvera une bonne analyse dans L’Année littéraire de M.  […] Philippe Gille (La Bataille littéraire), de M. Anatole France (La Vie littéraire), de M.  […] En critique, La Vie littéraire (série).

951. (1902) La poésie nouvelle

Il convient qu’on admire la désinvolture avec laquelle ils ont rejeté les anciennes formes littéraires. […] Puis, à vingt, ans, il disparaît ; son œuvre littéraire est close. […] Il constate la vitalité de ce mouvement littéraire qui, au lieu de présenter les signes désolants d’une décadence, apparaît comme un luxuriant renouveau de la poésie. […] A côté du Symbolisme dont il vante l’intérêt littéraire, il préconise aussi, comme essentiel, un renouvellement de la langue. […] De même que son style, son inspiration est strictement littéraire et poétique.‌

952. (1890) Derniers essais de littérature et d’esthétique

Mahaffy montre un degré de partialité politique et de cécité littéraire vraiment extraordinaire. […] Il semble n’avoir point le sens de la proportion littéraire, et en général il gâte sa thèse en l’exagérant. […] Si on la regarde simplement comme un poème, elle offre de nobles et durables traits de beauté, de mélodie et de force ; mais elle ne nous fait guère comprendre comment l’Énéide est l’épopée littéraire d’un siècle littéraire. […] En littérature et sur les sujets littéraires, il est certainement tout à fait piteux. […] Le Gallienne lui-même est tout pénétré de traditions littéraires.

953. (1882) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Deuxième série pp. 1-334

Pareillement, le sermon, comme genre littéraire, avait vécu lorsque Massillon parut dans les chaires de Paris. […] Les Lettres sur quelques écrits de ce temps sont devenues l’Année littéraire. […] C’est pourquoi vous noterez que toutes les grandes révolutions littéraires sont des révolutions de la langue. […] Telle toile de Poussin lui-même est ordonnée, répartie, distribuée comme une pièce littéraire, comme un sermon de Bourdaloue, par exemple, ou de Massillon. […] et ne sont-ce pas plutôt des qualités littéraires ?

954. (1910) Propos de théâtre. Cinquième série

En vérité, il faut la très intéressante intelligence littéraire de M.  […] Les critiques qui se sont montrés durs pour Shakespeare se sont tous placés au point de vue littéraire et uniquement au point de vue littéraire. […] Les défauts littéraires (enfin) que M.  […] Toute la famille était littéraire. […] On ne peut pas, on ne doit pas la négliger dans une histoire littéraire prise de ce biais.

955. (1900) La vie et les livres. Cinquième série pp. 1-352

Ils aimaient sa probité littéraire, le réalisme classique de son langage, son ironie subtile et profonde. […] Là-dessus, les Souvenirs littéraires du poète Édouard Grenier, qui est républicain, et le livre de M.  […] Beaucoup d’entre nous demandent à la littérature tout autre chose que des joies littéraires. […] J’ai l’air de sortir des limites où doit se mouvoir la « critique littéraire ». […] La vocation littéraire est née, chez lui, de la force des choses.

956. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — II » pp. 454-475

La feuille en renom au xviiie  siècle pour la rigidité de ses principes classiques, L’Année littéraire, avait parlé de son livre des Considérations sur les mœurs, et en assez bons termes ; Mme de Créqui n’en était pas très mécontente : Venons à la critique de L’Année littéraire, lui écrivait-elle ; elle est à quelques égards assez obligeante, et à d’autres détestable. […] Molé, dont le jugement excellent en toute matière était parfait dans ces choses littéraires qui touchent à la société, me disait un jour en parlant de M. de Meilhan : « Il a bien connu les mœurs de son temps, mais il en avait les vices. » J’ajouterai qu’il n’avait pas seulement les idées de son temps, il les dépassait souvent et les bravait par sa hardiesse d’esprit ; il devançait sur bien des points celles du nôtre. […] Quand il arrive, dans cette revue qu’il fait en idée de sa bibliothèque, aux auteurs dramatiques et aux tragédies, le président exprime des idées littéraires très libres, très dégagées, et qui, bien que justes au fond, ne sont pas vérifiées encoreao.

957. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire de la querelle des anciens et des modernes par M. Hippolyte Rigault — II » pp. 150-171

Ce qui manque à l’abbé de Pons comme à La Motte, dans l’émancipation littéraire qu’ils tentent, c’est une connaissance, une comparaison directe et plus variée des littératures et des poésies, l’habitude de se placer à des points de vue historiques différents, la faculté de s’éloigner tant soit peu de leur quai et de leur Louvre, en un mot ce qui fait et achève l’éducation du goût. […] Ils n’admirent bien que les beautés des troisièmes siècles littéraires. […] Rendant hommage au mérite de M. de La Motte, qu’il ne craint pas d’appeler, « de l’aveu de tout le monde littéraire, un des premiers hommes de son siècle », l’abbé de Pons s’exprimait en paroles bien senties et moins contestables sur son caractère moral et ses vertus de société : Cette supériorité24, disait-il, est d’ordinaire compagne de l’orgueil immodéré ; mais le souverain éloge de M. de La Motte, c’est d’avoir su allier aux talents les plus éminents la plus modeste opinion de lui-même ; c’est de n’avoir jamais cherché dans les ouvrages de ses rivaux que le beau pour le protéger, et de s’être imposé un silence religieux sur les fautes dont il aurait pu triompher. […] Il cherche à analyser le plaisir littéraire, à en décomposer les ressorts.

958. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « François Villon, sa vie et ses œuvres, par M. Antoine Campaux » pp. 279-302

Depuis sa mort, ce Villon qui avait frisé la potence, considéré comme l’un des pères de la poésie, s’est vu, à chaque reprise et à chaque renaissance littéraire, recherché des meilleurs et salué. […] De nos jours, un ecclésiastique plein de zèle pour nos antiquités littéraires qu’il n’entendait qu’imparfaitement, l’abbé Prompsault, s’était épris de Villon (singulier choix !) […] Une des pièces qui me le présentent avec le plus de franchise par un de ses aspects tout littéraires, c’est celle qu’il fit contre les amateurs du genre pastoral et champêtre, alors à la mode comme depuis. […] Campaux, on aura pour tout le reste un commentaire aussi ample qu’utile, et conçu dans un esprit mieux encore que littéraire, je veux dire sympathique et presque filial. — Il a dû y avoir, je m’imagine, du temps de Villon, quelque écolier un peu plus jeune que lui, aussi laborieux, aussi bon sujet que l’autre était mauvais et dérangé, mais grand admirateur du poète, sachant ses premières chansons, récitant à tous venants ses plus jolies ballades, en étant amoureux comme on l’est à cet âge de ce qu’on admire.

959. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Madame Roland, ses lettres à Buzot. Ses Mémoires. »

En France, depuis l’ouverture de notre grand siècle littéraire, nous avons toujours eu de l’imitation et des réminiscences jusque dans l’originalité : c’est ce qu’on appelle être classique. […] De même, dans l’ordre politique et littéraire, on suivrait à la trace un retour presque parallèle. […] Il eût suffi, en cet endroit, d’un goût littéraire plus sévère et plus vrai pour empêcher Mme Roland de se laisser aller à une phrase, à une simple inadvertance déclamatoire, qui ressemble à un manque de tact moral. […] Conseils à une mère sur l’éducation littéraire de ses enfants, par M. 

960. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre III. L’Histoire »

Le respect même et la foi sans réserve qu’on prêtait aux anciennes légendes de Charlemagne ou de Guillaume au Court Nez suscitèrent de nouveaux poèmes d’un caractère plus strictement historique : non qu’on se fit une idée plus scientifique de la vérité, ou qu’on la cherchât par une méthode plus sévère, mais simplement parce que les faits, soit extraits de chroniques latines, soit fixés tout frais et encore intacts dans une rédaction littéraire, n’avaient point subi la préparation par laquelle l’imagination populaire forme l’épopée. […] Des poèmes du xive  siècle, comme le Combat des Trente et la Vie de Bertrand du Guesclin, sont des faits stériles dans l’histoire littéraire, et des faits insignifiants, dès lors qu’ils ne sont pas des œuvres de génie. […] Par là, les vrais contemporains de Villehardouin, les représentants littéraires de l’état d’âme qu’il exprime dans l’histoire, c’est Garin, ou Bernier. […] À consulter : la Vie de saint Thomas le Martyr, étude historique, littéraire et philologique, par Étienne, Paris, 1883.

961. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Anatole France »

Comment donc la critique littéraire pourrait-elle se constituer en doctrine ? […] Ce n’est d’ailleurs que par cette docilité et cette entente qu’un corps de jugements littéraires peut se former et subsister. […] Anatole France est une des « résultantes » les plus riches de tout le travail intellectuel de ce siècle, et que les plus récentes curiosités et les sentiments les plus rares d’un âge de science et d’inquiète sympathie sont entrés dans la composition de son talent littéraire. […] Et, naturellement, il fit aussi de la critique littéraire, et de la plus libre et de la plus pénétrante ; et son esprit s’élargit encore à voir quelle est la variété des esprits.

962. (1902) L’œuvre de M. Paul Bourget et la manière de M. Anatole France

Bourget une des physionomies les plus palpitantes — sinon la plus curieuse — qui ait émergé de l’océan littéraire, ces trente dernières années. […] Bourget a été trop exclusivement gouverné, dans son labeur littéraire, par le souci de la recherche analytique. […] Et, d’autre part, si le droit reste en quelque sorte acquis à la critique d’incriminer une évolution dans un genre bien délimité, quand il doit en résulter pour celui-ci une inadmissible altération de caractère, il n’y a pas moins loin d’une telle mesure générale au radicalisme littéraire, qui voudrait aller jusqu’à imposer une casuistique rigoureuse aux formes génériques de l’expression. […] Il faudrait pouvoir suivre l’auteur des Essais de psychologie contemporaine dans les logiques et successifs développements de son esprit affiné et élégant, curieux et circonspect, vite éclairé et déçu, mais, par un fonds d’orgueil, dont la première marque, et la plus expressive, est une aveugle puissance de révolte, parallèle à l’amour-propre le plus ombrageux, — assombri d’insatisfaction précoce ; le suivre surtout dans cette jeunesse troublée, qui fut par instants inquiète, et terriblement, mais non pas mal confiante, soucieuse de tout pour en jouir et aussi pour en souffrir, quelque inclination qu’elle ait failli affirmer pour un dilettantisme qui n’a jamais été que littéraire, faite pour le boulevard beaucoup moins que pour la cellule de couvent, pour l’absorption réfléchie de toutes les jouissances, comme, et peut-être mieux, pour l’ascétisme monacal.

963. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chansons de Béranger. (Édition nouvelle.) » pp. 286-308

Il y a ici une question littéraire qui n’a jamais été touchée qu’à peine, tant il a été convenu d’emblée et d’acclamation que Béranger était classique comme Horace, et le seul classique des poètes vivants. Je viens de relire presque tout entier (de relire, il est vrai, et non pas de chanter) le recueil de Béranger, et j’ai acquis la conviction que, chez lui, l’idée première, la conception de la pièce, est presque toujours charmante et poétique, mais que l’exécution, par suite des difficultés du rythme et du refrain, par suite aussi de quelques habitudes littéraires qui tiennent à sa date ou à sa manière, laisse souvent à désirer. […] Il y a quelques années déjà que, l’étudiant à part moi, et sans songer à venir reparler de lui au public, j’écrivais cette page que je demande la permission de transcrire, comme l’expression la plus sincère et la plus nette de mon dernier sentiment littéraire à son égard : Béranger a obtenu de gloire tout ce qu’il en mérite, et un peu au-delà ; sa réputation est au comble. […] En veut-on un petit exemple tout littéraire ?

964. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Gil Blas, par Lesage. (Collection Lefèvre.) » pp. 353-375

On y trouve un aperçu des goûts littéraires de l’auteur, quand il nous montre son personnage dans la bibliothèque de son château de Lirias (un château en Espagne), prenant surtout plaisir aux livres de morale enjouée, et choisissant pour ses auteurs favoris Horace, Lucien, Érasme. La théorie littéraire de Lesage se pourrait extraire au complet de plus d’un passage de Gil Blas, et particulièrement des entretiens de celui-ci avec son ami le poète Fabrice Nuñez. […] Cette sorte de dissidence, poussée jusqu’à l’aversion, se marque dans tous les actes de sa vie littéraire. […] Tous les vrais jugements littéraires s’y trouvent exprimés.

965. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « L’abbé Galiani. » pp. 421-442

L’abbé, redevenu napolitain, recommence, pour n’en pas perdre l’habitude, à se moquer des sots, des pédants littéraires du lieu, et, sous le titre du Socrate imaginaire, il bâtit une pièce, un opéra bouffon dont un autre fait les vers, et dont l’illustre Paisiello compose la musique ; la pièce fit fureur, et on crut devoir l’interdire. […] Son vrai titre littéraire aujourd’hui pour nous, sa Correspondance avec Mme d’Épinay, a été publiée en deux volumes, et les deux éditions de cette Correspondance qui parurent à la fois et concurremment en 1818, l’une d’après une copie, l’autre d’après les originaux, sont également défectueuses, au point de compromettre l’agrément de la lecture. […] Enfin il nous sent, il nous aime, il est un des nôtres, et nous devons bien à ce charmant abbé une sépulture littéraire honorable, choisie, toute mignonne, urna brevis, une petite urne élégante et qui ne soit pas plus grande que lui. […] Il y a une morale littéraire qui devrait être celle des honnêtes gens (en prenant ce mot par opposition à celui de pédant).

966. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Bernardin de Saint-Pierre. — I. » pp. 414-435

Hennin lui obtient de M. de Vergennes (29 novembre 1780) une gratification de trois cents livres sur les fonds destinés aux gens de lettres : « C’est peu de chose, mais il s’agit de débuter. » D’ailleurs ces gratifications sur les fonds littéraires sont annuelles et équivalent à une pension à vie, quoiqu’on ne l’annonce pas formellement. […] La lettre du ministre, qui vous annonçait une gratification de 300 livres sur les fonds littéraires, ne pouvant partir jeudi, je me hâtai de vous mander le succès de mes soins. […] Je ne sais qui a pu vous dire que les fonds littéraires n’étaient employés qu’en aumônes. […] Et en post-scriptum : « Les gratifications sur les fonds littéraires sont annuelles, quoiqu’on ne l’annonce pas.

967. (1889) L’art au point de vue sociologique « Introduction »

. — Un fait littéraire et social dont Guyau signale l’importance, c’est le développement du roman moderne, qui est « un genre essentiellement psychologique et sociologique. » M.  […] IX. — La théorie du style n’a guère été faite jusqu’ici qu’à un point de vue purement littéraire, ou, chez Spencer, au point de vue un peu trop mécanique de la « moindre dépense de force et d’attention ». […] X. — Après l’évolution de l’art, Guyau en étudie la dissolution et recherche les vraies causes des décadences littéraires. […] L’émotion esthétique se ramenant en grande partie à la contagion nerveuse, on comprend que les puissants génies littéraires ou dramatiques préfèrent ordinairement représenter le vice, plutôt que la vertu. « Le vice est la domination de la passion chez un individu ; or, la passion est éminemment contagieuse de sa nature, et elle l’est d’autant plus qu’elle est plus forte et même déréglée. » Dans le domaine physique, la maladie est plus contagieuse que la santé ; dans le domaine de l’art, la reproduction puissante de la vie avec toutes ses injustices, ses misères, ses souffrances, ses folies, ses hontes mêmes, offre un certain danger moral et social qu’il ne faut pas méconnaître : « tout ce qui est sympathique est contagieux dans une certaine mesure, car la sympathie même n’est qu’une forme raffinée de la contagion. » La misère morale peut donc se communiquer à une société entière par la littérature même ; les déséquilibrés sont, dans le domaine esthétique des amis dangereux par la force même de la sympathie qu’éveille en nous leur cri de souffrance. « En tout cas, conclut Guyau, la littérature des déséquilibrés ne doit pas être pour nous un objet de prédilection exclusive, et une époque qui s’y complaît comme la nôtre ne peut, par cette préférence, qu’exagérer ses défauts.

968. (1920) Action, n° 4, juillet 1920, Extraits

André Germain (1882-1971), écrivain français, critique d’art et critique littéraire. […] André Salmon raconte la première rencontre d’Apollinaire et André Germain : le directeur du Double bouquet exprimant le vœu de rencontrer des écrivains pouvant collaborer à la revue dont Pierre Benoit est alors le rédacteur en chef, il charge ce dernier d’organiser un dîner littéraire. […] L’allusion à Giraudoux peut renvoyer à ses chroniques littéraires des Feuillets d’art : au premier numéro d’août 1919 il énumère les poètes morts à la guerre et au n° 4 de décembre 1919 il célèbre l’anniversaire de la mort de Charles-Louis Philippe et d’un « poète illustre ». […] L’avant-garde littéraire au Grand-Duché de Luxembourg entre 1917 et 1919 », Regards/mises en scène dans le surréalisme et les avant-gardes, textes réunis par Claude Bommertz et Jacqueline Chénieux-Gendron avec la collaboration de Myriam Blœdé, Leuven, Peeters, coll. « Pleine Marge », 2002, p. 23-44, où l’on trouvera le texte du manifeste de Pol Michels et d’Augustus Van Werveke paru en 1917 dans La Voix des jeunes : « Nous !

969. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « TABLE » pp. 340-348

. — Influence de la fortune sur les mœurs littéraires. — Balzac, messer milione. […]  — Considérations sur l’esprit du temps. — Mollesse et apologie. — Optimisme     279 LXXI. — Transformation du journal La Presse et des mœurs littéraires. — Son prospectus. — Chateaubriand, Alexandre Dumas, Napoléon, principaux collaborateurs. — Influence sur les lettres     281 LXXII. — M.

970. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Note »

Hugo en 1830 était surtout un homme littéraire ; il se ralliait à la révolution de Juillet par un principe général de libéralisme plutôt que par un enthousiasme personnel. […] Et maintenant, si de ces hauteurs nous descendons à de menus détails littéraires, à ces petites choses auxquelles pour ma part j’attache de l’importance, j’ai besoin de rectifier sur quelques points le passage, très-bienveillant d’ailleurs et tout favorable, qui m’est accordé dans le livre de biographie domestique intitulé : Victor Hugo raconté par un témoin de sa vie ; on y lit (t. 

971. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre IV Le Bovarysme des collectivités : sa forme imitative »

Fondant les débris des idiomes barbares dans les formes latines, elles composent un dialecte qui est, à cette époque et à la suite de la conquête normande, la langue littéraire de la Grande-Bretagne aussi bien que de la France et d’une partie des pays germaniques. […] C’est d’abord la langue littéraire que déforme, selon la judicieuse remarque de M. 

972. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Jules Vallès » pp. 259-268

ces réfractaires de Paris et de Vallès ont le rêve et la prétention littéraires… Ils sont nés de cette démangeaison. […] Sans la prétention littéraire qui les distingue et qui est leur caractéristique, ils ne seraient que des pauvres, non pas de ceux-là que l’admirable Église catholique appelle « les membres de Jésus-Christ », titre sublime qui révolterait leur orgueil ; non pas de ces pauvres honteux qui sont si touchants ; mais des pauvres sans honte, faméliques, paresseux, envieux, impudents, enragés, comme il en existe partout, dans toutes les sociétés du monde, — le fond commun de l’humanité, qui se répète, hélas !

973. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Hebel »

À la profondeur de son sentiment, à la teinte passionnée de ses superstitions, à la couleur de sépia répandue dans ses poèmes et qui rappelle la vieille « Aikie », la vieille enfumée, on reconnaît dans Burns cette virginité du génie que Dieu met sous la garde de l’ignorance pour les plus aimés de ses poètes, et que Hebel — littéraire d’habitude, de sentiment, d’horizon, comme La Fontaine lui-même, — n’avait pas. […] « Un doux éclat de soleil couchant — nous dit-il plus loin, avec ce sentiment de poète qui sent la poésie dans les autres, — rayonne de l’âme de Hebel, pure et tranquille, et teint de rose toutes les hauteurs qu’il fait surgir. » Et Jean-Paul ajoute cette phrase mélodique et enchantée du ranz des vaches que son imagination pastorale jouait toujours : « Hebel embouche d’une main la trompe alpestre des aspirations et des joies juvéniles, tout en montrant, de l’autre, les reflets du couchant sur les hauts glaciers, et commence à prier quand la cloche du soir se met à sonner sur les montagnes. » De son côté, Goethe, ce grand critique, ce grand esprit lymphatique, ce Talleyrand littéraire qui fait illusion par la majesté de l’attitude sur la force de sa pensée, cet homme que l’on a cru un marbré parce qu’il en a la froideur, Goethe, ce blank dead, comme l’appelleraient les Anglais, ce système sans émotion et dont le talent fut à froid une combinaison perpétuelle, disait de cette voix glacée qui impose : « L’auteur des poésies allemaniques est en train de se conquérir une place sur le Parnasse allemand.

974. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Louandre »

Malgré ces quelques livres cependant, auxquels la Critique d’un journal, qui s’écrit toujours un peu debout, devait de s’asseoir pour en parler plus à l’aise, comme dit Montesquieu d’Alexandre, malgré ces productions trop clairsemées et plus distinguées que les autres, tous ceux qui suivent le mouvement littéraire contemporain ont pu s’assurer que la littérature n’a point encore reçu des événements politiques qui ont changé la face de notre pays, et l’ont pénétré de meilleures influences, ce qu’ils se permettaient d’espérer. […] Au lieu de vibrer avec éclat dans des voix immortelles, l’esprit littéraire ne fit entendre alors qu’un bruit monotone et médiocre comme ceux qui le faisaient, — le bruit prosaïque et commun de la bouilloire qui berçait les rêves de ce Songe creux de Wordsworth !

975. (1905) Promenades philosophiques. Première série

C’est que les bons jugements littéraires ne sont pas purement intellectuels ; il s’y mêle beaucoup de sentiment. […] Mais il n’est presque aucun de ses écrits qui n’ait, en dehors du sujet, une valeur littéraire. […] Le manuscrit porte certainement des corrections : croit-on qu’elles soient littéraires ? […] Dijon, 1850, 15 vol. in-8 ; et Panthéon littéraire. […] Collection de Documents pour l’histoire littéraire et religieuse du Moyen Age, I.

976. (1892) Boileau « Chapitre I. L’homme » pp. 5-43

On buvait sec dans les cabarets littéraires, et l’on ne s’y grisait pas seulement de paroles. […] On s’attendrait au contraire : mais ces préférences littéraires jettent une vive lueur sur les dessous des caractères. […] C’était un mélange original de malice bourgeoise, et de mouvements littéraires, employés avec une aisance, un à-propos saisissants, et soutenus d’une mimique expressive : car Boileau jouait en perfection ses plaisanteries. […] Comme ils n’écrivent point pour s’épancher ni pour s’amuser, et qu’ils parlent de leurs affaires, leurs lettres en perdent un peu d’éclat et d’intérêt littéraire. […] Les querelles littéraires n’avaient jamais eu d’influence sur son humeur, ni de contre-coup sur sa vie ; l’affaire de Phèdre et les menaces du duc de Nevers n’avaient été qu’un incident vite oublié ; il s’était réconcilié avec Quinault, avec Boursault, avec Perrault, sans effort, et de bon cœur, n’ayant jamais été l’ennemi que des idées, et non des personnes.

977. (1902) Le culte des idoles pp. 9-94

Robert Burns, par exemple, est un admirable poète, mais quelle idée singulière de faire d’un écrivain de patois un chef d’école dans la langue littéraire ! […] En sa qualité de frère aîné, il tenait à apporter à la collaboration la part la plus précieuse ; il donnait le tour littéraire, il dégageait l’esprit et la pensée des anecdotes, autant dire qu’il gâtait tout. […] Les descriptions de M. de Goncourt ne sont que des indications pour un tableau faites par un écrivain maladroit, ce n’est pas la description littéraire d’un homme ému. […] Quant à M. de Goncourt, son Journal a une valeur bien plus pathologique que morale et littéraire. […] Autant dire qu’il souffre d’une sorte de phobie littéraire spéciale, une certaine crainte absolument maladive analogue à celle d’un musicien qu’une note ou qu’un accord rendent épileptique, car je ne vois pas pourquoi un mot répété serait plus désagréable que deux notes qui se suivent ou reviennent dans une phrase musicale.

978. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 février 1886. »

Malheureusement cet idéal suppose une éducation littéraire au moins pareille à l’éducation musicale. C’est cette éducation littéraire qui a fait défaut à votre Berlioz, comme un peu d’ailleurs toutes les éducations, je pense que vos compositeurs français aujourd’hui doivent tous la posséder ; chez nous on peut dire que tous les compositeurs sont des lettrés, et la modestie littéraire qui les empêche de faire eux-mêmes tout leur drame doit paraître d’autant plus regrettable. […] Chacun des chapitres, après un court historique de la pièce, en donne l’analyse au double point de vue littéraire et musical ; le volume n’est ni une étude purement littéraire comme celui de M. 

979. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — La déformation  »

Jusqu’à ce qu’elles aient atteint leur plus haut point de valeur commerciale, les langues littéraires se transforment avec une grande rapidité. […] La langue française, après plusieurs crises dont elle était sortie renouvelée et dégagée, s’éleva à une telle fortune littéraire qu’elle en fut immobilisée pendant plus d’un siècle, pendant cent cinquante ans, puisque les poètes de l’an 1819 sont encore sous la domination exclusive de Racine et de Boileau. […] En l’absence d’une autorité sociale et littéraire à la fois, les langues se modifient si rapidement que le vieillard ne comprend plus ses petits-enfants . […] Il ne faut pas d’ailleurs mépriser absolument l’argot ; la vie argotique d’un mot n’est souvent qu’un stage à la porte de la langue littéraire ; quelques-uns des mots les plus « nobles » du vocabulaire français n’ont pas d’autre origine ; en trente ans une partie notable du dictionnaire de Lorédan Larchey a passé dans les dictionnaires classiques. […] Bréal, m’importe peu si elle n’est qu’une opinion. « Le langage actuel de telles écoles littéraires serait-il compris de nos écrivains du xviie et du xviiie  siècle ?

980. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Victor Hugo »

Mais son succès (sans contradicteurs de son vivant) ajoute à son bonheur, — au bonheur littéraire d’un homme qu’on pourrait appeler le Polycrate, tyran de Samos, de la littérature… Le succès des IIIe et IVe volumes de La Légende des Siècles, quand ils parurent, sembla compléter sa destinée. […] Mais moi, qui ne la parle point, et qui, par conséquent, ne crèverai pas, je n’en essaierai pas moins de constater dans la mienne ce qui me frappe en ce tonnant succès des IIIe et IVe volumes de La Légende des Siècles, et ce qui me frappe surtout, c’est que ce fut un succès littéraire, — un succès purement et absolument littéraire. […] Il n’y a pas de rues dans ces Chansons des rues, et les bois, dans ces Chansons des bois, sont d’anciens bois connus, parcourus, — des bois littéraires et mythologiques. […] Repris, remmené et surmené par l’amour de ce qu’il n’a pas, par l’admiration de ce qui lui est impossible, Victor Hugo, ce gigantesque Trompette-major fait pour sonner toutes les espèces de charges, a voulu être un Tircis littéraire et souffloter, et trembloter, et chevroter dans la flûte en sureau de l’Idylle, avec ces lèvres et cette poitrine qui sont de force, vous le savez !

981. (1870) La science et la conscience « Chapitre II : La psychologie expérimentale »

Ajoutez à l’étude des monuments religieux et littéraires l’analyse des langues et des idiomes, et vous trouverez la démonstration philologique des vues générales que l’ethnographie avait tout d’abord dégagées de l’observation historique. […] Revue des Cours littéraires de la France et de l’étranger, 14 août 1869. […] Revue des Cours littéraires, 14 et 24 août 1869. […] Revue des Cours littéraires, numéro du 14 août 1869. […] Alexandre Bain, par Stuart Mill, dans la Revue des Cours littéraires.

982. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1889 » pp. 3-111

Et je disais à Daudet : Oui, peut-être le mouvement littéraire, baptisé naturalisme est à sa fin, il a à peu près ses cinquante ans d’existence, et c’est la durée d’un mouvement littéraire en ces temps, et il fera sans nul doute place à un mouvement autre ; mais il faut pour cela, des hommes à idées, des trouveurs de nouvelles formules, et je déclare que dans ce moment-ci, je connais d’habiles ouvriers en style, des vrais maîtres en procédés de toutes les écritures, mais pas du tout d’ouvriers-inventeurs pour le mouvement devant arriver. […] * * * — Il y a chez moi un ennui produit par ceci : c’est que l’imagination, l’invention littéraire n’a point baissé chez moi, mais que je n’ai plus la puissance du long travail, la force physique avec laquelle on fait un volume écrit. […] Enfin, le retour à la vie littéraire… Vendredi 12 juillet Exposition centennale. […] Une allusion fortuite au Panthéon littéraire, à Buchon qui se trouve être l’oncle de Drumont, amène la conversation sur les croisades, la prise de Constantinople, et les mépris d’Anne Comnène, cette Byzantine littéraire et artiste, à l’endroit des gros barons septentrionaux. […] Rosny me parle avec un certain mépris de son Termite paraissant dans la Revue de Mme Adam, et me confesse qu’il travaille à un livre, qu’il met au-dessus de tous ses précédents bouquins, et qui aura pour titre : La Bonté, un livre un peu en opposition avec le courant littéraire contemporain, se plaisant à peindre les roueries du mal, et qui peindra, selon l’expression de Rosny, les ruses du bien.

983. (1874) Histoire du romantisme pp. -399

Des journaux en vogue jouissant d’une grande publicité et d’un grand renom littéraire lui demandaient sa collaboration ou des articles. […] — enthousiastes, pleins de foi et résolus à vaincre ou mourir dans la grande bataille littéraire qui allait se livrer. […] Quel que fût l’état d’esprit où il se trouvait, jamais son sens littéraire ne fut altéré. […] Mais, en fait d’art, dans les époques de révolution littéraire, quelques années font beaucoup. […] Louis Boulanger était un esprit artiste et un esprit littéraire, et la nouvelle école ne comptait pas de plus fervent adepte.

984. (1876) Romanciers contemporains

Nous n’avons à raconter ici ni la vie, ni la carrière littéraire de Balzac. […] Cette vocation littéraire, que si souvent les parents contrarient, oubliant qu’ils aiguisent ainsi les désirs qu’ils combattent, cette vocation littéraire irrésistible, M.  […] En revanche, les trois auteurs ont droit à des éloges semblables pour la qualité très littéraire de leur langue. […] La langue de Mme Bentzon est des plus littéraires. […] Gaboriau a ajouté à l’élément scientifique l’élément littéraire, et c’est ainsi qu’il est de notre ressort.

985. (1856) Réalisme, numéros 1-2 pp. 1-32

Dans la vie littéraire il ne peut qu’en être de même ; voilà le secret de l’indifférence ou de l’attention de la foule. […] De là les opinions erronées, les estimations à contresens, les préjugés littéraires qui se transmettent et se perpétuent. […] C’est fâcheux, car ils jouaient le rôle de vésicatoires littéraires. […] Cette extension des procès littéraires a engagé quelques anciens agents d’affaires à en faire une spécialité. […] le discrédit littéraire va aller de pair avec le crédit financier ! 

986. (1891) La bataille littéraire. Quatrième série (1887-1888) pp. 1-398

Le métier de gendarme ne m’a jamais plu, et je n’ai jamais compris la cruauté de certains juges littéraires pour des œuvres d’erreur. […] me paraissent être les instruments d’une modification possible de nos habitudes littéraires. […] Sous prétexte d’études scientifiques, combien d’écrits obscènes, sortis de cerveaux malades, sont jetés chaque jour sur le marché littéraire. […] Et voilà une belle page de plus à joindre au patrimoine littéraire de cette France que vous nous accusez d’oublier. […] Si insensée que soit la réunion de ces accusations, il faut reconnaître pourtant que la valeur littéraire de M. 

987. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — II. (Suite.) » pp. 463-478

Depuis lors, la critique littéraire qui, aux mains des maîtres, ne s’est guère appliquée qu’à des époques plus éloignées, n’a pas daigné regarder ou du moins signaler ce qu’elle n’ignorait pas, ce que pourtant, je crois, elle ne prisait point assez et à sa valeur. […] Mais en même temps et en attendant que cette épopée encore à naître fut venue, Ramond, vers 1807, savait fort bien déterminer le caractère littéraire d’un siècle qui était le sien et qui a aussi sa force et son originalité : On le dépréciera tant qu’on voudra ce siècle, disait-il, mais il faut le suivre ; et, après tout, il a bien aussi ses titres de gloire : il présentera moins souvent peut-être l’application des bonnes études à des ouvrages de pure imagination, mais on verra plus souvent des travaux importants, enrichis du mérite littéraire… Nos plus savants hommes marchent au rang de nos meilleurs écrivains, et si le caractère de ce siècle tant calomnié est d’avoir consacré plus particulièrement aux sciences d’observation la force et l’agrément que l’expression de la pensée reçoit d’un bon style, on conviendra sans peine qu’une alliance aussi heureuse de l’agréable et de l’utile nous assure une place assez distinguée dans les fastes de la bonne littérature.

988. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) «  Œuvres et correspondance inédites de M. de Tocqueville — II » pp. 107-121

Il ne lui avait manqué, avec le loisir, qu’un peu plus d’habitude des choses purement littéraires, et il y venait. […] Il était plus homme à s’intéresser à de véritables travaux qu’à de simples digressions et à des aménités littéraires. […] À ceux qui sont faits comme moi, j’indiquerai pour lecture et correctif utile, en regard de ce Tocqueville au cœur oppressé et frémissant, une notice historique sur le grand mathématicien Lagrange, qui se trouve au tome iii, page 117, des Mélanges scientifiques et littéraires de M. 

989. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Questions d’art et de morale, par M. Victor de Laprade » pp. 3-21

On avait à décerner ce prix pour la première fois ; plusieurs académiciens soutenaient avec beaucoup de vivacité que la disposition, dans les termes du décret, était inexécutable, qu’il n’y avait aucune comparaison possible à établir entre des œuvres littéraires par exemple, et des découvertes de science ou d’érudition. […] Ce qui m’y frappe avant tout et partout, c’est combien l’auteur, soit qu’il raisonne, soit qu’il interroge l’histoire littéraire, ne comprend que sa propre manière d’être et sa propre individualité ; par cela même il nous avertit qu’il n’est pas un critique. […] Le fin mot de son histoire littéraire est dans ce double point de départ et d’arrivée.

990. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Les Contes de Perrault »

Boileau est l’homme du goût littéraire et classique, le satirique judicieux qui s’attaque surtout aux livres et aux formes en usage au moment où il paraît, et qui se rattache à la tradition délicate et saine de la belle Antiquité. […] Cette bizarrerie consistait à être accessibles à tous les goûts, à toutes les vues modernes, de science, d’art, d’inventions de toutes sortes, sans que le style littéraire parût la seule chose de prix à leurs yeux ; à être les moins exclusifs des esprits, à avoir de tous les côtés des jours ouverts sur la civilisation et la société actuelle et future. […] Là aussi, « dans cet ordre littéraire comme dans l’ordre religieux, a dit un pieux et savant Anglais44, un peu de foi et beaucoup d’humilité au point de départ sont souvent récompensés de la grâce et du don qui fait aimer, c’est-à-dire comprendre les belles choses. » Je n’irai pourtant pas jusqu’à dire, avec un autre critique de la même nation, « qu’il faut feindre le goût que l’on n’a pas jusqu’à ce que ce goût vienne, et que la fiction prolongée finit par devenir une réalité. » Ce serait donner de gaîté de cœur dans la superstition et l’idolâtrie.

991. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Biot. Mélanges scientifiques et littéraires, (suite et fin.) »

Mélanges scientifiques et littéraires (suite et fin.) […] A ceux dont la pensée, subtile et ferme tout ensemble, saisit une fois et ne lâche plus ces séries et ces enchaînements de vérités immuables, un juste respect est dû. — Que s’ils joignaient à la possession de ces hautes vérités mathématiques le sentiment et la science de la nature vivante, la conception et l’étude de cet ordre animé, universel, de cette fermentation et de cette végétation créatrice et continue où fourmille et s’élabore la vie, et qui, tout près de nous et quand la loi des cieux au loin est connue, recèle encore tant de mystères, ils seraient des savants plus complets peut-être qu’il ne s’en est vu jusqu’ici, quelque chose, j’imagine, comme un Newton joint à un Jussieu, à un Cuvier, à un Gœthe tout à fait naturaliste et non plus seulement amateur, à un Geoffroy Saint-Hilaire plus débrouillé que le nôtre et plus éclairci. — Que s’ils y ajoutaient encore, avec l’instinct et l’intelligence des hautes origines historiques, du génie des races et des langues, le sentiment littéraire et poétique dans toute sa sève et sa première fleur, le goût et la connaissance directe des puissantes œuvres de l’imagination humaine primitive, la lecture d’Homère ou des grands poèmes indiens (je montre exprès toutes les cimes), que leur manquerait-il enfin ? […] Il aspira, vers le milieu de sa carrière, à être le secrétaire perpétuel de l’Académie des Sciences pour la partie physique et mathématique ; il s’y acheminait dès longtemps auparavant, il s’y préparait, et c’est probablement même dans le dessein de montrer son aptitude à ce noble emploi, qu’on le vit, de 1809 à 1812, se livrer à des productions littéraires assez diverses dont on s’expliquerait peu, sans cela, l’opportunité et la convenance dans une vie de savant si occupé.

992. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte. »

Sa vie littéraire commence à ce moment ; il avait trente-sept ans ; marié, sans fortune, homme d’imagination, n’ayant gagné à sa première vie militaire que de l’estime et des blessures, il se dit, après son début de Galatée, qu’il y avait à faire de belles choses dans les lettres, et particulièrement à entreprendre pour le théâtre qui était resté comme dans l’enfance. […] Dans cette première période de sa vie littéraire, Cervantes se mit donc pendant quelques années à composer bravement des pièces de théâtre, et il les fit représenter avec plus ou moins de succès par les troupes nomades qui desservaient alors les théâtres en plein vent des diverses capitales de l’Espagne4. […] Ce livre, l’un des plus récréatifs et des plus substantiels qui existent, commencé d’abord presque au hasard, ne visant qu’à être une moquerie des romans de chevalerie et d’un faux genre littéraire à bout de vogue est devenu vite en avançant, sous cette plume fertile, au gré de cette intelligence égayée, un miroir complet de la vie humaine et tout un monde.

993. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Sur la reprise de Bérénice au Théâtre-Français »

Despréaux, c’est-à-dire la conscience littéraire, éleva la voix, et l’on eut à son moment le Misanthrope. […] Le prestige dont parle Voltaire avait cessé, et Geoffroy, qui a le langage un peu cru, nous dit : « Il est constant que Bérénice n’a point fait pleurer à cette représentation, mais qu’elle a fait bâiller ; toutes les dissertations littéraires ne sauraient détruire un fait aussi notoire. » Talma pourtant goûtait ce rôle d’Antiochus ou celui de Titus, tel qu’il le concevait, et il en disait, ainsi que de Nicomède, que c’étaient de ces rôles à jouer deux fois par an, donnant à entendre par là que ce ton modéré, et assez loin du haut tragique, détend et repose32. […] L’Année littéraire (1783, tome I, page 137) constate un certain succès et en parle comme nous le ferions nous-même, en l’opposant aux succès plus bruyants du jour.

/ 2546