Heureusement on voit ce qu’on veut, quand on regarde avec les yeux de la foi ; et la pauvre humanité a, quoi qu’elle fasse, la bosse irréductible de la vénération. […] Il croit à la nécessité d’un certain optimisme, ou du moins de la « sympathie pour les misères et les souffrances de l’humanité ». […] Par eux les figures du premier plan se trouvent mêlées à une large portion d’humanité ; et, comme cette humanité, ainsi qu’on a vu, est mêlée elle-même à la vie des choses, il se dégage de ces vastes ensembles une impression de vie presque uniquement bestiale et matérielle, mais grouillante, profonde, vaste, illimitée. […] Il remue longuement et tristement les glaires, les humeurs, tous les dessous de l’humanité physique. […] Zola en petite estime littéraire et le renvoient à l’école parce qu’il n’a pas fait de bonnes humanités et que peut-être il n’écrit pas toujours parfaitement bien.
Boileau n’a su dire à l’humanité que des impertinences spirituelles. […] Donc deux espérances : l’une dans le progrès de l’humanité, l’autre dans l’au-delà rémunérateur et vengeur. […] Rien n’est plus stupide et rien, aussi, n’est plus constant dans l’humanité. […] Le peuple c’est la majorité de l’humanité, c’est, à négliger les fractions, l’ensemble de l’humanité. L’axe de l’humanité est donc en lui.
On peut être fier d’appartenir à une institution qui a transformé l’humanité. […] Elle consiste à ne guère admettre qu’un autre que vous puisse avoir complètement raison, ou qu’un autre que vous réalise pleinement en lui l’humanité. […] De là cette démonstration mille fois répétée que les guerres religieuses et les persécutions religieuses ne sont connues de l’humanité que depuis le christianisme et ont été inventées par le christianisme, à l’imitation des Juifs ; que ni les Grecs ni les Romains n’ont été persécuteurs et que les plus grands malheurs que l’humanité ait commis ont été déchaînés sur elle par les disciples du Christ. […] Le moyen de bonheur pour l’humanité, c’est l’humanité. […] Il est absolument inintelligent en humanité.
Ils voudraient que l’Italie, la France et l’Espagne marchassent unies, la main dans la main, et communiassent dans l’amour des lettres et de l’humanité. […] Peut-être a-t-il fait de vagues humanités ; il ne s’en est pas souvenu. […] C’est le lot ordinaire de l’humanité. […] Elle appartient à l’humanité moyenne. […] Deux buts peuvent être assignés à l’humanité.
Ils rentrèrent dans l’humanité commune : les voici négociants, diplomates, officiers, le tout par leur mérite personnel et dans la concurrence. […] L’humanité n’est pas une espèce homogène, créée d’un seul acte, avec une raison qui la distingue des êtres inférieurs et lui confère un droit naturel commun à tous les hommes. […] La politique scientifique doit connaître les lois de l’évolution, les tourner au profit de l’humanité. […] Le téléphone et les ascenseurs ne le consolent pas de tant de besoins nouveaux qu’ils ont déchaînés dans l’humanité. […] « À mon âge, disait Royer-Collard à Alfred de Vigny, on ne lit plus, on relit. » Cet âge est décidément venu pour l’humanité.
Tandis qu’une mine d’or, une ligne de chemin de fer, une usine d’irrigation travaillent, produisent pour l’humanité tout entière qui a besoin d’or, besoin de transports, besoin du blé que produit la terre fécondée. […] Reste à savoir si l’humanité lui survivrait. […] Si on pouvait trouver à ce prix-là la guérison du cancer de l’homme, celui qui s’opposerait à de telles expériences ne serait-il pas un ennemi de l’humanité ? […] Mais je crois aussi que la plupart des vivisecteurs de profession sont des gens qui obéissent à la nécessité de leur métier et qui ne sont curieux qu’au nom de la science et de l’humanité. […] Le rhume vous retranche de l’humanité.
Représenter le monde ou l’humanité d’une manière esthétique, ce n’est donc pas les reproduire passivement au hasard de la sensation, mais les coordonner par rapport à un terme fixe, — le moi original de l’auteur, — qui doit être lui-même, d’autre part, le raccourci le plus complet possible du monde et de l’humanité. […] Nous sentons s’enrichir notre cœur quand y pénètrent les souffrances ou les joies naïves, sérieuses pourtant, d’une humanité jusqu’alors inconnue, mais que nous reconnaissons avoir autant de droit que nous-mêmes, après tout, à tenir sa place dans cette sorte de conscience impersonnelle des peuples qui est la littérature. […] Le sentiment de la nature et aussi celui de l’humanité se sont ainsi élargis. « Je suis revenu à l’Ancien Testament, écrivait Henri Heine en 1830. […] Ce qui est né le plus incontestablement sur le sol de la Judée, c’est cette littérature beaucoup plus colorée et plus simple tout ensemble que les œuvres grecques, beaucoup plus sobre que la littérature hindoue, incomparable modèle de ce qu’on pourrait appeler le lyrisme réaliste, et qui nous offre probablement, avec quelques psaumes hindous, les exemples de la plus haute poésie à laquelle ait atteint l’humanité.
Ce qui fait que l’humanité aura toujours beaucoup de complaisance pour M. […] C’est par exemple : « … Le véritable caractère de l’humanité, qui est moins, n’est-ce pas ? […] Ne le voyez-vous pas abbé et professant les humanités dans un collège de sa province ? […] Mais il a répandu dans les esprits et dans les cœurs une anarchie qui ébranle l’œuvre de l’humanité. […] Le plus humain des peuples était un peu las des plaisirs et des pouvoirs de l’humanité.
L’humanité aura péri, sans doute, bien avant cette époque. […] La génération nouvelle fait ainsi le procès à la science et la déclare déchue du droit de gouverner l’humanité. […] Ces sentiments ne témoignent-ils pas d’une humanité terriblement rude et simple ? […] Quant à Shakespeare, c’est le poète de l’humanité. […] Certes, la large humanité de César fut toujours étrangère au collègue d’Octave et de Lépide.
Le poète érotique pour nous, c’est celui qui transporte la patrie, la liberté, l’humanité, dans l’amour, qui consacre les tourments et les désirs de la volupté par des douleurs et des espérances bien autrement viriles ; c’est celui qui nous enivre de notre gloire en même temps que de la beauté, qui, dans le délire des sens, a une pensée encore pour les malheurs du monde : nommons-le, le poète érotique pour nous, c’est Béranger, plaçant le message d’Athènes jusque sous l’aile de la colombe amoureuse.
Serait-ce que, après tout, les « humanités » sont humaines en effet ; que les lettres, au moins dans le temps où on ne les pratique pas pour vivre, adoucissent les cœurs, et que la mathématique les endurcit ?
Est-ce à dire que l’histoire, en s’interdisant toute visée utilitaire, soit condamnée à n’être qu’un gaspillage de temps et de forces ; que son immense labeur aboutisse à un vain savoir dont l’humanité ne tirera jamais aucun avantage ?
C’est que les idées sont des forces ; animées par la passion, elles renversent et elles édifient ; elles transforment le présent ; elles créent l’avenir ; elles ne guident pas seulement l’humanité, elles la modèlent à leur image.
Renan appartient à la famille des grands penseurs, des contempteurs de beaucoup de conventions humaines, que des esprits plus humbles, des gens comme moi, manquant « d’idées générales » vénèrent encore, et nul n’ignore qu’il y a une tendance chez ces grands penseurs, à voir, en cette heure, dans la religion de la Patrie, une chose presque aussi démodée que la religion du Roi sous l’ancienne monarchie, une tendance à mettre l’Humanité au-dessus de la France : des idées qui ne sont pas encore les miennes, mais qui sont incontestablement dans l’ordre philosophique et humanitaire, des idées supérieures à mes idées bourgeoises.
Les cris d’un homme qui ne tient à nous que par l’humanité, nous font voler à son secours par un mouvement machinal qui précede toute déliberation.
Il est trop question avec lui, au point de vue où il se place, de se croiser les bras et de regarder, — avec lui qui, à l’heure la plus ardente de sa jeunesse, peignant la noble élite dont il faisait partie, écrivait : « L’espérance des nouveaux jours est en eux ; ils en sont les apôtres prédestinés, et c’est dans leurs mains qu’est le salut du monde… Ils ont foi à la vérité et à la vertu, ou plutôt, par une providence conservatrice qu’on appelle aussi la force des choses, ces deux images impérissables de la Divinité, sans lesquelles le monde ne saurait aller longtemps, se sont emparées de leurs cœurs pour revivre par eux et pour rajeunir l’humanité. » Et c’est ici, peut-être, que s’explique un coin de l’énigme que nous nous posions plus haut, au sujet de ces intelligences si supérieures à leur action et à leur œuvre. […] Les résultats les plus généraux de ses méditations à ce sujet sont consignés dans deux leçons d’un cours particulier professé par lui en 1826 (de l’État actuel de l’Humanité). […] Je sais que la marche de l’humanité est tracée, et que Dieu n’a pas laissé son avenir aux chances des faiblesses et des caprices de quelques hommes : mais ce que nous ne pouvons empêcher ni faire, nous pouvons du moins le retarder ou le précipiter par notre mauvaise ou bonne conduite.
La pensée la plus sainte, la plus juste et la plus pieuse, quand elle passe par l’imparfaite humanité, n’en sort qu’en lambeaux et en sang. […] Ils étaient et ils se sentaient eux-mêmes mieux que cela : des ouvriers de Dieu, appelés par lui à restaurer la raison sociale de l’humanité, et à rasseoir le droit et la justice par tout l’univers. […] Universelle comme l’humanité, elle n’eut pas l’égoïsme de s’isoler.
ici elle a incrusté du premier coup le Sauveur des hommes dans l’âme et dans les yeux de l’humanité ! […] Ses mains jointes sont tellement éloquentes par la pression des doigts contre les doigts et par les veines à travers lesquelles on voit circuler le sang brûlant de se répandre pour l’homme, son frère, que, lors même qu’on ne verrait ni le corps, ni les jambes, ni le buste, ni la tête divine, mais que ces mains seules sortiraient de l’ombre, le tableau aurait suffisamment parlé au cœur ; on aurait pleuré, on aurait compris que ces deux mains tendues par l’enthousiasme de l’agonie triomphante étaient assez fortes pour arracher l’aiguillon à la mort et le salut de l’humanité au ciel. — La passion de ces mains est égale à l’objet. […] Naufrages de l’humanité que Dieu seul connaît, dont il a caché les débris dans les profondeurs de la terre, comme pour les dérober à notre curiosité !
Lectrice des philosophes du xviiie siècle, amie de Barbès, de Michel (de Bourges), de Pierre Leroux, de Jean Raynaud819, et surtout bonne, d’une bonté immense et profonde, elle adopte la religion de l’humanité. […] Sans doute aussi, dans les deux autres périodes, son optimisme féminin, son besoin d’aimer les gens dont elle disait l’histoire, lui ont fait peupler ses romans d’êtres plus généreux, de passions plus nobles, de plus belles douleurs qu’on n’en rencontre selon la loi commune de l’humanité ; elle forme des idées de pures ou hautes créatures sur qui sa large sympathie puisse se reposer sans regret. […] Il n’y a guère dans la littérature de personnages plus complets et plus vivants que Colomba, que Carmen : nous les voyons pleinement, dans toutes leurs particularités morales et physiques ; et leur individualité singulière n’en fait pas des êtres d’exception : nous en sentons la solide humanité, revêtue d’une forme unique.
Dans le monde antique une harmonie existait, inconsciente, entre l’homme et la nature environnante ; l’humanité, de l’avenir devra rétablir, consciemment, cette harmonie. […] Beethoven et Wagner sont les deux grands-prêtres de la nouvelle religion. — Toutes les religions et toutes les philosophies de l’histoire nous annoncent une troisième époque pour l’humanité, celle de la paix et de la bonne volonté entre les hommes, dont Kant même a rêvé. Les mots de Brünuhilde à la fin de la Goetterdaemmerung s’adressent à cette humanité là, et dans Parsifal le maître nous a montré le chemin par où l’atteindre.
L’humanité aime celui qui l’aime ou qui l’a aimée. […] À ces écrivains qui la vengent, l’humanité est reconnaissante. […] » Ces Italiens ont été décidément le répertoire de l’humanité. […] Un maladif rayon d’amour féminin se mêle à cet amour pour l’humanité. […] L’humanité n’adopte et n’admire que ses laudateurs, ses amoureux.
La colère emporta la majorité à jeter un voile sur les scrupules d’humanité et à laisser condamner sans merci ceux que la victoire aurait livrés à notre juste vengeance. […] Excepté Cervantès, qui donna le coup de grâce à la chevalerie errante, quel philosophe a jamais corrigé l’humanité, cette patraque toujours jeune, toujours vieille, qui va toujours… heureusement pour nous et nos successeurs ! […] « Il ne raillait toutefois l’humanité que lorsqu’il ne pouvait lui venir en aide, il le prouva en mainte occasion. […] … Patraque d’humanité !
……………………………………………………………………………………………………… Des vers de Molière, la conversation, remonte à Aristophane, et Tourguéneff, laissant éclater tout son enthousiasme pour ce père du rire, et pour cette faculté qu’il place si haut, et qu’il n’accorde qu’à deux ou trois hommes dans l’humanité, s’écrie avec des lèvres humides de désir : « Pensez-vous, si l’on retrouvait la pièce perdue de Cratinus, la pièce jugée supérieure à celle d’Aristophane, la pièce considérée par les Grecs comme le chef-d’œuvre du comique, enfin la pièce de La Bouteille, faite par ce vieil ivrogne d’Athènes… pour moi, je ne sais pas ce que je donnerais… non je ne sais pas, je crois bien que je donnerais tout. » Au sortir de table, Théo s’affale sur un divan, en disant : « Au fond, rien ne m’intéresse plus… il me semble que je ne suis plus un contemporain… je suis tout disposé à parler de moi, à la troisième personne, avec les aoristes des prétérits trépassés… j’ai comme le sentiment d’être déjà mort… — Moi, reprend Tourguéneff, c’est un autre sentiment… Vous savez, quelquefois, il y a, dans un appartement une imperceptible odeur de musc, qu’on ne peut chasser, faire disparaître… Eh bien, il y a, autour de moi, comme une odeur de mort, de néant, de dissolution. » Il ajoute, après un silence : « L’explication de cela, je crois la trouver dans un fait, dans l’impuissance maintenant absolue d’aimer, je n’en suis plus capable, alors vous comprenez… c’est la mort. » Et comme, Flaubert et moi, contestons pour des lettrés, l’importance de l’amour, le romancier russe s’écrie, dans un geste qui laisse tomber ses bras à terre : « Moi, ma vie est saturée de féminilité. […] Théo, sortant de sa somnolence, dit : La fève est la plante qui touche le plus à l’humanité. […] Je me demande, comment toutes les plumes, tous les talents, toutes les indignations ne sont pas soulevées contre cet axiome blasphématoire, comment toutes les idées de justice, semées dans le monde par les philosophies anciennes, le christianisme, la vieillesse du monde, n’ont pas protesté contre cette souveraine proclamation de l’injustice, comment il n’y a pas eu insurrection contre cette intrusion du darwinisme en la réglementation contemporaine, et peut-être future de l’humanité, comment enfin, toutes les langues de l’Europe ne se sont pas associées, dans un manifeste de la conscience humaine, contre ce nouveau code barbare des nations. […] Au milieu des tambours, des parfums, de l’allegro des voix et des instruments, de pieuses nuques de femmes aux cheveux jaunes, torsadés sous la calotte de drap qui les coiffe, des profils d’hommes roux, aux traits barbares et mystiques, aux poils frisés des saint Jean-Baptiste de la vieille peinture, me donnent chez ces populations vivant de miel et de lait, à la façon des anciens apôtres, le spectacle du vieux catholicisme, célébré par une jeune humanité.
Il y a eu un commencement de l’humanité ; M. […] J’écartais la guerre offensive de la république comme un crime envers l’humanité et envers Dieu ; je n’acceptais dans mes pensées pour la république que la guerre défensive et patriotique. […] Nous ne changerons pas la nature humaine, nous ne ferons pas une humanité d’algébristes. […] Il venait de mourir avant le temps, malade de dégoût pour les choses humaines et de mépris pour l’humanité : la mauvaise humeur l’avait tué.
Ce qu’on pense et ce qu’on écrit de beau à Rome, à Ispahan, à Jérusalem, à Pétersbourg, à Vienne, à Londres, à Madrid, à Calcutta, à Pékin, grandit l’humanité pensante à Paris. […] La France a peu d’imagination poétique ; elle semble réserver cette qualité surhumaine de l’humanité, l’enthousiasme, pour ses actes plus que pour ses œuvres. […] C’est l’explosion moqueuse ou virulente d’une âme plus sensible aux laideurs qu’aux beautés intellectuelles ou morales de l’humanité. […] Boileau aurait pu l’imiter complétement et lui dérober le stylet sanglant de la satire politique : il avait pour cela assez d’âcreté dans la bile et de dégoût de l’humanité ; mais la satire politique était impossible à un poète qui ne voulait pas jouer sa tête contre un beau vers sous Louis XIV.
Elle a été galante, elle a été légère, elle a ébloui les yeux des princes et de ceux qui sont devenus rois ; elle n’a pas cru qu’on dût résister à la magie de sa beauté ni qu’elle dût y résister elle-même ; elle a tout naturellement cédé et sans combat, elle a triomphé des cœurs à première vue et n’a pas songé à s’en repentir ; elle a obéi à cette destinée d’enchanteresse comme à une vocation de la nature et du sang ; il lui a semblé tout simple de jouer tantôt avec les armes royales de France, et tantôt avec celles d’Angleterre qu'elle écartelait à ses panneaux : mais tout cela lui a été et lui sera pardonné, à elle par exception ; tous ses péchés lui seront remis, parce qu’elle a si bien pensé, parce qu’elle a si loyalement épousé les infortunes royales, comme elle en avait naïvement usurpé les grandeurs ; parce qu’elle est entrée dans l’esprit des vieilles races à faire honte à ceux qui en étaient dégénérés ; parce qu’elle a eu du cœur et de l’honneur comme une Agnès Sorel en avait eu ; parce qu’elle a eu de l’humanité au péril de sa vie, parce qu’elle a confessé la bonne cause devant les bourreaux, et qu'elle a osé leur dire en face : Vous êtes des bourreaux ! […] Mme Elliott n’hésita point et rentra dans Paris au jour et à l’heure même où tous eussent voulu s’en échapper ; femme timide, mais enhardie par un sentiment d’humanité, elle se replongea bravement dans la gueule du monstre et en pleine fournaise.
Je me suis rappelé Homère, indiquant toujours comme le signe dela triste humanité, de n’avoir pu trouver « de remèdeni contre, la vieillesse ni contre la mort. » Je me suisrappelé ce cri échappé du milieu de ses triomphes augénéral victorieux de l’armée d’Italie, en présence d’uneépidémie caniculaire : « Misérables humains que nous sommes, nous ne pouvons qu’observer la nature, mais non la surmonter ! […] Pour rien au monde, quand je le pourrais, je ne voudrais enlever à l’humanité un dogme utile ou même une illusion consolante ; mais lorsqu’une doctrine prend la forme d’un jeu d’esprit ou d’un exercice de talent, il est bien permis de la discuter.
Je suis loin de prétendre interdire aux artistes l’entrée et la conquête poétique de cet Orient, dans lequel, dit-on, l’état mental de l’humanité est un peu différent du nôtre. […] J’en sais (et ici ma pensée se généralise) pour qui le talent ne commence réellement que là où l’humanité, l’honnêteté naturelle, ce qu’on croit être le fait de M.
vous, avec votre humanité (tu homo), vous me rendrez fou. » Mais Micion, de plus en plus lancé et mis lui-même hors des gonds, va non plus jusqu’à excuser, mais jusqu’à épouser les désordres de son fils adoptif (et il sentira tout à l’heure, quand il sera seul, qu’il s’est laissé emporter un peu loin) ; cet homme doux se fâche tout de bon ; la contradiction le pousse, la passion ne lui laisse pas son sang-froid : « Ah ! […] Formé à cette école, nourri et abreuvé de ces sources, faut-il s’étonner que Térence ait fait entendre le premier des accents de bonté et d’humanité universelle à Rome, dans cette dure Rome de Caton l’Ancien ?
Renan nous présente un homme comme il n’y en a jamais eu, et au-dessus de l’humanité, un homme-type. […] Il en a désormais, de ces démêlés avec une notable et peu aimable portion de l’humanité, pour le reste de sa vie.
Zeller hésite un peu sur ce point ; mais il n’hésite pas quand il attribue à César l’idée de fonder, sous un nom ou sous un autre, une monarchie populaire, universelle et, en quelque sorte, humaine : « Étendre le droit de cité à tous les hommes libres de l’Empire, régner sur le monde pour le monde entier, non pour l’oligarchie ou la démocratie quiritaires ; abaisser les barrières entre les classes comme entre les nations, entre la liberté même et la servitude, en favorisant les affranchissements et en mettant le travail en honneur ; avoir à Rome une représentation non du patriciat romain, mais du patriciat du monde civilisé ; fondre les lois de la cité exclusive dans celles du droit des gens ; créer, répandre un peuple de citoyens qui vivent de leur industrie et qu’on ne soit pas obligé de nourrir et d’amuser : voilà ce qu’on peut encore entrevoir des vastes projets de celui qu’on n’a pas appelé trop ambitieusement l’homme du monde, de l’humanité ; voilà ce dont témoignent déjà les Gaulois, les Espagnols introduits dans Rome, Corinthe et Carthage relevées, et ce qu’indiquent les témoignages de Dion Cassius, de Plutarque, de Suétone, bien qu’ils aient pu prêter peut-être à César quelques-unes des idées de leur temps. » César (s’il est permis d’en parler de la sorte à la veille d’une publication par avance illustre), César, au milieu de tous ses vices impudents ou aimables, de son épicurisme fondamental, de ce mélange de mépris, d’indulgence et d’audace, de son besoin dévorant d’action, et de cet autre besoin inhérent à sa nature d’être partout le premier, César, à travers ses coups de dés réitérés d’ambitieux sans scrupule et de joueur téméraire, avait donc une grande vue, une vue civilisatrice : il n’échoue pas, puisque son idée lui survit et triomphera, mais il périt à la peine, parce qu’il avait devancé l’esprit du temps, tout en le devinant et le servant, parce qu’il vivait au milieu de passions flagrantes et non encore domptées et refoulées. […] Comme médecin moral, comme directeur et conseiller des âmes, il n’était que le plus humble, le plus doux et le mieux morigéné des mortels : l’humanité, pour se guérir, voulait un Dieu.
On ne trouverait, au contraire, dans les lettres de Frédéric écrites dans le même temps, que des louanges pour la grandeur d’âme et l’humanité de l’impératrice. […] Peu de princes, ne l’oublions pas, ont eu un plus sincère amour de l’humanité, une pensée plus fixe et plus suivie d’améliorer le sort des hommes confiés à leurs soins.
Richepin ou nous le rend plus curieux à considérer) cet étalon a fait d’excellentes humanités. […] Les Trois matelots de Groix et le Serment sont de beaux poèmes, égaux pour le moins aux Pauvres gens, et où il entre plus d’humanité que M.
D’autre part supposons une pareille évolution ; admettons, si l’on veut, que l’humanité dure assez pour que cette évolution puisse avoir des témoins. […] Nous retombons donc toujours sur ce même processus que nous avons analysé plus haut, et si l’humanité venait à découvrir quelque chose dans ce genre, elle ne dirait pas que ce sont les lois qui ont évolué, mais les circonstances qui se sont modifiées.
Il avait à faire exécuter contre eux les édits, et, tout en y procédant selon les rigueurs d’usage, il éprouvait des scrupules d’humanité ; il en référait à Trajan : J’hésite beaucoup, dit-il, sur la différence des âges. […] Parlant de ceux qu’il avait interrogés, et même de deux pauvres filles esclaves qu’il avait fait mettre à la question, il reconnaît qu’il n’a pu apercevoir en eux tous d’autre crime qu’une mauvaise superstition et une folie : Ils assurent que toute leur faute ou leur erreur consiste en ceci, qu’ils s’assemblent à un jour marqué, avant le lever du soleil, et chantent tour à tour des vers à la louange du Christ, qu’ils regardent comme Dieu ; qu’ils s’engagent par serment non à quelque crime, mais à ne point commettre de vol ni d’adultère, à ne point manquer à leur promesse, à ne point nier un dépôt ; qu’après cela ils ont coutume de se séparer, et ensuite de se rassembler pour manger en commun des mets innocents… Pline et son oncle étaient des hommes humains, modérés, éclairés ; mais cette humanité des honnêtes gens d’alors était déjà devenue insuffisante pour la réformation du monde.
Il garda de cette éducation commencée sous les belles années de Louis XVI, la faculté d’espérance sociale et de bienveillance universelle, une vue riante de l’humanité, une teinte de philanthropie dont il avait en lui le principe et le foyer, mais dont la couleur se ressentait de la date de son enfance et de sa première jeunesse. […] Droz, il rendait meilleurs ceux avec lesquels il conversait, parce qu’il les supposait bons comme lui ; parce qu’il avait une entière persuasion que la vérité se répandra sur la terre ; et parce que nul soin, pour la cause de l’humanité, ne pouvait lui paraître pénible.
C’était le temps de la philosophie de l’histoire, de la palingénésie sociale ; on expliquait les lois de l’humanité par les rapports du fini et de l’infini ; on traduisait Vico et Herder ; on se demandait si le monde marchait en ligne droite, en ligne courbe ou en spirale. […] La sympathie pour les misères humaines et pour tout ce qui touche l’humanité, la curiosité et la compassion pour les races lointaines opprimées, persécutées, l’horreur pour tout ce qui fait souffrir inutilement les hommes, le scrupule dans le choix et la mesure des peines, tels sont les traits les plus nobles et les plus relevés des sociétés démocratiques.
À compter de ce moment, c’est-à-dire à dater de son berceau, l’endroit de l’art dramatique est l’apothéose, et son envers la parodie de l’humanité. […] À la place de personnages supérieurs à l’humanité, il mit des êtres différents de l’humanité au héros, il substitua l’exception morale ; l’art classique s’élevait au-dessus de la vie réelle : il se tint à côté ; si bien que l’abstraction et le faux, loin d’être mis à la porte de la comédie, s’y maintinrent en changeant de nom. […] — dans les Esprits malades ; seulement ces esprits-là habitent une région où l’épidémie de l’absurde paraît être un fléau endémique. — La vie y est comprise à rebours, l’humanité déplorablement contrefaite. […] L’humanité a une part dans ses chants, mais c’est le moi qui y domine. […] Le poète se fait le centre et le motif de son œuvre ; il en devient la cause et le but. — Société, humanité, univers, les sujets les plus vastes ne sont pour lui qu’un moyen d’étaler de plus haut son génie et son orgueil.
Il avait donné son cœur et sa vie à l’humanité. […] Il ne rejetait que les dogmes, et cela en cherchant à en fonder de nouveaux sur le sentiment, sur l’amour de l’humanité, sur l’admiration du beau et de la vertu. […] Les plaisirs et les biens de tout genre ne sont tout au plus qu’un moyen de perfectionner indirectement la situation fondamentale de notre âme… En cherchant la pierre philosophale, on a découvert la chimie ; en cherchant le souverain bien, l’humanité s’est perfectionnée. » N’était-ce pas là le développement de l’idée vers l’infini, tel que l’enseignait Hegel ? […] C’est Dieu même qui la lui a donnée, et c’est le premier cri qui est remonté à lui de l’humanité. […] En somme le théâtre de Victor Hugo doit être considéré comme une œuvre de polémique plutôt que comme le produit d’un de ces génies sereins et vastes qui embrassent l’humanité d’un regard en même temps passionné et ironique.
Quand la sienne est foncièrement belle et magnanime, ses amertumes passent, Dieu les dissipe, et l’humanité toute entière reçoit le bienfait de son inspiration. […] Nous sentons que cette belle nature n’est rien sans l’action de l’humanité, à qui Dieu a confié le soin de continuer l’œuvre de la création. […] Avec une idée plus hardie de la justice éternelle et des fins providentielles de l’humanité, il eût résolu plus clairement la question. […] L’humanité n’est point si parfaite qu’il faille exiger d’elle l’amour du bien sans l’amour de soi dans le bien. […] On le sentait malheureux, dévié, roidi contre le temps qui marche et l’humanité qui avance, n’importe par quel chemin.
Mais pour cela, il aurait fallu ne pas avoir soi-même d’illusion, connaître sa nation et l’humanité.
Les Hellènes servaient donc la justice et l’humanité.
La réforme de l’humanité, ou simplement de notre état social (ce qui est la même chose), dépasse tout à fait mon pouvoir.
La renaissance scientifique de l’Europe ne s’est pas faite non plus avec le catholicisme, et, à l’heure qu’il est, sans qu’il faille beaucoup s’en étonner, le catholicisme lutte encore pour empêcher la pleine réalisation de ce qui résume le code rationnel de l’humanité, l’État neutre, en dehors des dogmes censés révélés.
Et quant aux plaies et aux misères de l’humanité, toutes les fois qu’il les étalera dans le drame, il tâchera de jeter sur ce que ces nudités-là auraient de trop odieux le voile d’une idée consolante et grave.
Ce grand écrivain prétendait conserver Dieu dans le langage philosophique, parce que sa suppression déconcerterait l’humanité.
Ceux même qui continuent de prendre l’humanité par le côté ouvert et généreux, qui embrassent avec chaleur une philosophie de progrès, et persistent avec mérite et vertu dans des espérances toujours ajournées et d’autant plus élargies, ceux-là (et je ne cite aucun nom, de peur d’en choquer quelqu’un, tant ils sont divers, en les rapprochant), ceux-là ont des formules auprès desquelles le programme de La Fayette, la déclaration des droits, n’est plus qu’une préface très-générale et très-élémentaire, ou même ils vont à contredire et à biffer sur quelques points ce programme. […] — Certes, je ne prétendrai pas qu’il n’y ait eu chez Mirabeau, chez Sieyès, chez Talleyrand, même chez Rœderer, un grand témoignage d’intelligence dans cette promptitude à entendre les divers aspects de l’humanité, à s’en souvenir, à deviner, à ressaisir sitôt le dessous de cartes et le revers, à se rendre compte du lendemain dès le premier jour, à ne pas s’en tenir au sublime de la passion qu’ils avaient (ou non) partagée un moment ; à discerner, sous la circonstance d’exception, l’inévitable et prochain retour de cette perpétuelle humanité avec ses autres passions, ses infirmités, ses vices et ses duperies sous les emphases. Malgré la défaveur qui s’attache à cet aveu dans un temps d’emphase générale et de flatterie humanitaire, il m’est impossible de n’en pas convenir : tant que nous n’aurons pas une humanité refaite à neuf, tant que ce sera la même précisément que tous les grands moralistes ont pénétrée et décrite, celle que les habiles politiques savent, — mais au rebours des moralistes, sans le dire, — il y aura témoignage, avant tout, d’intelligence à dominer par la pensée les conjonctures, si grandes qu’elles soient, à s’en tirer du moins et à s’en isoler en les appréciant, à démêler sous l’écume diverse les mêmes courants, à sentir jouer sous des apparences nouvelles, et qui semblent uniques, les mêmes vieux ressorts. […] Terminer la Révolution à l’avantage de l’humanité, influer sur des mesures utiles à mes contemporains et à la postérité, rétablir la doctrine de la liberté, consacrer mes regrets, fermer des « blessures, rendre hommage aux martyrs de la bonne cause, seraient pour moi des jouissances qui dilateraient encore mon cœur ; mais je suis plus dégoûté que jamais, je le suis invinciblement de prendre racine dans les affaires publiques ; je n’y entrerais que pour un coup de collier, comme on dit, et rien, rien au monde, je vous le jure sur mon honneur, par ma tendresse pour vous et par les mânes de ce que nous pleurons, ne me persuadera de renoncer au plan de retraite que je me suis formé et dans lequel nous passerons tranquillement le reste de notre vie. » Mais s’il est loin de les avoir tenues à la lettre, il semble s’être toujours souvenu de ces paroles et ne s’être jamais trop départi du sentiment qu’il y exprime. […] Et alors, comme on l’a vu en 1830, il avait une hâte extrême de se décharger : Qu’on en finisse, et que les droits de l’humanité soient saufs !
Ils ont prêté tant d’extravagances à leurs chevaliers imaginaires, que l’auteur de don Quichotte n’eut besoin que d’exposer leurs visions pour imprimer à la chevalerie un ridicule ineffaçable : on doute aujourd’hui s’il rendit en cela un bon service à la société et à l’humanité. […] Il me semble que la nature des hommes est de ne rien écouter dans l’ardeur de la passion, d’être insensible à tout ce qui la contrarie ; mais d’ouvrir les yeux à la raison et le cœur aux sentiments de l’humanité, quand l’ivresse, dissipée par une autre émotion plus forte, donne lieu à la réflexion. […] Sévère en juge autrement ; il ne peut s’empêcher d’admirer ce noble enthousiasme qui élève un homme au-dessus de la nature et de l’humanité, qui lui fait dédaigner ce qu’il y a de plus enchanteur et de plus précieux sur la terre. […] Le théâtre d’Athènes offrait au peuple des infortunes royales, des trônes renversés, d’illustres familles réduites à l’esclavage, des traits effrayants de la puissance et de la colère des dieux, de grands exemples des vicissitudes du sort et des maux de l’humanité. […] L’admiration est le plus noble des sentiments que la poésie puisse inspirer aux âmes honnêtes ; c’est le plus honorable pour l’humanité.
Il pourrait dire en cette occurrence : L’humanité c’est moi. […] Ils travaillent au bonheur de l’humanité en poétisant tous les êtres. […] Où serait la grandeur de l’humanité si on lui ôtait l’esprit de sacrifice ? […] Petit malheur, si la vie y palpite, si l’humanité y frissonne ! […] La nature l’intéresse toutefois moins que l’humanité, ou, pour mieux dire, c’est encore l’humanité qu’il cherche ou met dans la nature.
Car, voyez-vous, c’est encore ce que l’humanité a trouvé de mieux.
Des réflexions si justes et si élevées de mon ami Corréard, je vous engage particulièrement à retenir ceci, que nous ne sommes pas des isolés dans le temps ; que tout ce que la vie a pour nous soit de commodité, soit de noblesse, c’est à nos pères, à nos aïeux, à nos ancêtres que nous le devons ; que nous devons aux morts la culture même d’esprit qui nous permet, sur certains points, de penser autrement qu’eux et mieux, je l’espère et qu’enfin, suivant le beau mot d’Auguste Comte, l’humanité est composée de plus de morts que de vivants.
. — Comme les héros des chansons de gestes voyaient le monde divisé en deux camps : les chrétiens, qui sont les bons, et les païens, qui sont les méchants ; ou comme saint Ignace, dans un de ses « exercices », partage l’humanité en deux armées : celle du bien et celle du mal, ou celle des amis des Jésuites et celle de leurs ennemis, ainsi pour l’esprit révolutionnaire la nation se divise exactement en prolétaires et en bourgeois.
Des opinions d’une espèce différente, mais toujours d’un caractère religieux, inspiraient l’humanité : elles sont si naïves, qu’elles embarrassent l’écrivain.
C’est par le fétichisme que commença l’humanité. […] L’humanité a commencé tout entière par le crime. […] L’humanité est encore dans l’enfance. […] S’il faut des contes à l’humanité, répondra M. […] L’humanité elle-même se modifie très lentement.
Elles vivent, elles se transforment et elles expriment, en se modifiant sans cesse, la pensée de l’humanité. […] Je n’en sais point qui touche à plus de choses profondes et qui pénètre plus avant dans les mystères de la pauvre humanité ; mais il convient de la garder un peu secrète. […] Aussi l’humanité ne s’attache-t-elle guère avec passion qu’aux œuvres d’art ou de poésie dont quelques parties sont obscures et susceptibles d’interprétations diverses. […] Enfin, cette douceur profonde qui se fait sentir dans cet esprit grave, d’une gravité parfois un peu lente, met un charme sur ce livre que tout autre, peut-être, eût conçu avec moins d’humanité. […] Il était optimiste et croyait qu’en définitive le bon l’emportait sur le mauvais ; il aimait cette humanité dont il fut un des plus magnifiques exemplaires.
qui, sans trop estimer l’humanité, l’aiment quand même, et se dévouent à son bonheur, tout en comptant sur son ingratitude ! […] Peut-être même qu’à prendre pour flambeau cette définition du docteur Halley, « l’homme est la partie musculaire de l’humanité, la femme en est la partie nerveuse », il y aurait lieu, qui sait ? […] Les masses qui composent l’humanité ne se conduisent pas par des raisonnements ; elles vont par instincts profonds, par flux et reflux, comme la mer. […] Quelle honnêteté, quelle sincérité, quelle humanité ! […] Comprenant la puissance de l’art et les habitudes de l’humanité, le christianisme imagina d’accommoder à ses idées les formes païennes.
Il explique du moins la tristesse du poète et son humanité profonde. […] Il semble que l’humanité répugne profondément au dilettantisme tel que nous essayons d’en indiquer ici les changeants avatars, sans doute parce que l’humanité comprend d’instinct qu’elle vit de l’affirmation et qu’elle mourrait de l’incertitude. […] De là ces tableaux d’une humanité à la fois très réelle et très mutilée. […] Il a cru qu’il y allait du salut d’un des deux héritages séculaires de notre pauvre humanité. […] » dit leur historien, « le rendez-vous des hommes, le rond-point de l’humanité !
L’humanité est analogue à l’homme. […] L’âge total de l’humanité sera de huit mille quatre cents ans. […] D’autres ont quelquefois parlé de sa froideur apparente, de son manque d’humanité. […] Elle se mettait en flagrante contravention avec le génie de l’humanité. […] La pauvre humanité est rendue à sa patrie.
L’humanité se fait elle-même, dit Vico. […] Il fut de l’humanité, de son temps, de sa race, de son pays. […] Il a un haut sens des intérêts communs à l’humanité tout entière. […] Il parle volontiers du bien de l’humanité et le confond avec le sien propre. […] Ne constituent-ils pas une sorte de réalité idéale où l’humanité aime à se représenter à ses propres yeux ?
Parce que c’est la partie la plus nombreuse de l’humanité, et parce que, notre devoir étant d’aimer nos semblables (puisque c’est là encore nous aimer nous-même), c’est dans le plus grand nombre que nous devons aimer l’homme ou nous aimer véritablement nous-même. […] La liberté a tout autant besoin de gouvernement que la monarchie ; le peuple est un beau nom, mais il lui faut une forme : le chef-d’œuvre de l’humanité, c’est un gouvernement. » XXIX Ces pensées étaient précisément les miennes. […] Il avait trouvé plus facile et plus sûr de faire tout le bien qu’il pouvait faire, homme par homme, dans un cercle privé autour de soi, que de faire un bien abstrait, incertain et problématique aux nations et à l’humanité dans l’ordre social ou politique. […] Il désirait l’amélioration de l’humanité en masse plus qu’il n’y croyait. […] Laisney, prenant dans le casier et maniant d’une main novice ces lettres qui contiennent toute l’âme de l’humanité et auxquelles il devra un jour son immortalité.
Il professa les humanités en différentes villes, et la rhétorique à Narbonne. […] L’humanité, dont Féchier donne en plus d’un endroit des marques, ne prend jamais la forme à laquelle le xviiie siècle nous accoutumera ; il ne fait point état de philanthropie, il n’étale rien. […] Les jours de grande exécution, Fléchier aimerait à sortir de la ville et à se tenir à l’écart, par un sentiment d’humanité, qui se confond chez lui avec la bienséance.
Roland, aussi, n’est pas à la fin du poème ce qu’il était au début : l’orgueilleux et colérique baron s’apaise aux approches de la mort ; il se dépouille insensiblement de sa basse humanité, et, par une ascension merveilleuse et vraisemblable, il atteint au sommet de l’héroïsme chrétien : son agonie est d’un saint. […] Raoul de Cambrai 24 nous ramène à la vulgaire humanité, nous jette en pleine vie féodale. […] Ils ont surtout — et en cela ils semblent révéler l’aptitude éminente de la race — ils ont le sens du drame et du roman : sans poésie, sans style, leur art est là, dans le dessin des actions, et l’imitation de la remuante humanité.
Voilà les petits côtés de l’humanité, même dans les grands hommes31. » Mais ici les « petits côtés » sont aussi bien chez Corneille que chez Racine. […] Il me semble, du reste, que tous ceux qui ont marqué dans notre littérature ont été par leurs mœurs, ou par leur probité, ou par leur bonté, ou tout au moins par leur générosité native, dans la bonne moyenne de cette pauvre humanité, ou sensiblement au-dessus. […] L’artiste, habitué à regarder, et pour qui toutes choses semblent « se transposer » et n’être plus, à un certain moment, « qu’une illusion à décrire »36, observe malgré lui ce qu’il sent, n’en est pas possédé, démêle et se définit son propre état, trouve peut-être quelque « divertissement »37 dans cette étude, et tantôt accueille la pensée que tout est nuance et spectacle et que tout, par conséquent, est vanité, tantôt songe qu’il y a dans son cas quelque chose de commun à tous les hommes et aussi quelque chose d’original et de particulier qui, traduit, transformé par le travail de l’art, pourrait intéresser les autres comme un curieux échantillon d’humanité.
Il vit de fèves et de pain bis… Le poète façonne la bouche tendre et balbutiante des enfants ; il défend leur oreille contre les propos grossiers ; il forme leur cœur par de belles maximes ; il leur enseigne l’humanité et la douceur… Il console le pauvre et celui qui souffre. […] Né d’un vieux sang républicain et très pur ; muni des meilleures « humanités » ; formé à la fois par la fréquentation du monde, par l’étude de l’histoire et de l’économie politique, et par de longs voyages en Amérique et en Allemagne (tout à fait l’éducation d’un homme politique d’outre-Manche, comme vous voyez) ; honnête homme avec raffinement ; très courageux, et du courage le plus allègre ; et, par surcroît, ayant eu l’esprit de n’être pas encore ministre, il m’apparaît, j’ai plaisir à le dire, comme une des grandes espérances de notre pays. […] * * * Le bon hagiographe Pouvillon a pieusement extrait de cette histoire miraculeuse tout ce qu’elle comportait de poésie, d’humanité et d’évangélisme.
Mais la misère et le désordre intellectuels, la contamination du goût et des mœurs, l’abaissement des caractères sont indiscutables lorsqu’on voit, comme aujourd’hui, l’élite et la foule se passionner pour un théâtre épileptique, factice, grossier ou fade, dénué d’humanité comme de fantaisie, où l’adresse tient lieu de tous autres mérites — qui est, sauf cinq ou six exceptions brillantes, le théâtre aujourd’hui triomphant — et prendre intérêt au cabotinage arrogant et infatué, au bluff mercantile, aux grotesques pantalonnades qui caractérisent en général le théâtre contemporain. […] Mais il appliquait cette théorie à l’histoire de l’humanité tout entière. […] L’auteur dramatique charpente, assemble, groupe ; il s’efforce de faire vivre, par effets de mise en scène, une action, d’exprimer par des synthèses expressives des caractères d’humanité, de tirer des effets compliqués de certains conflits personnels, presque toujours les mêmes.
Il résulte donc de là que l’on ne peut connaître la véritable histoire de chaque science, c’est-à-dire la formation réelle des découvertes dont elle se compose, qu’en étudiant, d’une manière générale et directe, l’histoire de l’humanité. […] Nous considérerons donc avec beaucoup de soin l’histoire réelle des sciences fondamentales qui vont être le sujet de nos méditations ; mais ce sera seulement dans la dernière partie de ce cours, celle relative à l’étude des phénomènes sociaux, en traitant du développement général de l’humanité, dont l’histoire des sciences constitue la partie la plus importante, quoique jusqu’ici la plus négligée. […] La première considère les phénomènes les plus généraux, les plus simples, les plus abstraits et les plus éloignés de l’humanité ; ils influent sur tous les autres, sans être influencés par eux.
» Le grand cœur de saint Louis, son humanité toute chrétienne et toute fraternelle, se montre ainsi tout d’abord dans le récit de Joinville d’une manière bien touchante. […] Pour Henri IV, je crois que sinon par charité et humanité chrétienne, du moins par noblesse de cœur et point d’honneur de soldat, par bonne grâce de Béarnais, il aurait fait comme saint Louis.
Et comment aurait-il paru, aux yeux de l’opinion, se séparer le moins du monde de ces inspirateurs funestes, lorsque lui-même, par des projets insensés tels que celui de la loi du sacrilège, venait porter un défi aux lumières et à l’humanité de l’époque ? […] D’autres, simples assistants et hommes de désir, se plaisaient à voir le catholicisme s’essayer à des interprétations compatibles peut-être avec les progrès de la science et avec ceux de l’humanité ; ils prenaient goût à de hauts entretiens qui rappelaient ceux des philosophes ou des chrétiens alexandrins.
Et pourtant il n’y a pas de sa part d’insensibilité : l’humanité se retrouve dans ces pages, une humanité qui compatit aux bêtes comme aux gens, un sentiment vrai d’égalité humaine.
J’ai vu, dans mon enfance, une génération convaincue s’avancer intrépidement au-devant des obstacles, et je sais combien de sang et de larmes coûte chaque progrès de l’humanité ; j’ai vu, au lendemain de la Terreur, les restes de cette société égoïste et frivole se dédommager de quelques années d’abstinence en se jetant dans une licence sans limites : j’ai suivi le torrent, et, sans égard aux formes nouvelles, je continue les mœurs de mes contemporains. […] J’y vois bien le mélange qu’offre d’ordinaire l’humanité.
. — Les principes, soit ; mais à la condition qu’ils ne se séparent jamais de l’humanité ! L’humanité !
C’est d’abord à propos de l’amour, de l’amitié, que ce goût s’exerce : puis la philosophie inonde les esprits ; à la place de l’amour de Dieu, elle met l’amour de l’humanité ; à la place de la nature corrompue, elle offre la nature toute bonne. L’humanité, la nature, tous les rapports sociaux, toutes les actions sociales deviennent pour les âmes des occasions de vibrer avec intensité, ou de s’amollir délicieusement.
En voici que nous prenons parmi les plus brèves : La guerre est la mue de l’Humanité : elle y perd ses vieilles plumes, soit qu’elles tombent, soit qu’on les arrache. […] C’est toujours ou une idée morale, ou une vue sur l’histoire de l’Humanité, ou une observation délicate des mouvements de l’âme, rendus par une comparaison prise dans la nature physique ; c’est toujours l’abstrait sous des formes matérielles, souvent ravissantes.
L’humanité se divise ainsi en meneurs et en menés, en dupeurs et en dupes104. […] Selon nous, ces deux opinions sont exagérées. — C’est aller trop loin que de soutenir, avec Hobbes et Machiavel, que tout est calcul, imposture, supercherie, à l’origine des croyances sociales. — Il conviendrait peut-être ici de faire une distinction entre les sociétés primitives et les sociétés très évoluées comme les nôtres. — Dans l’humanité primitive, l’imagination règne en maîtresse et son pouvoir d’illusion est à son maximum.
Il a, chemin faisant, mainte maxime d’État, mais aucune de ces réflexions morales qui éclairent et réjouissent, qui détendent, qui remettent à sa place l’humanité même, et comme il en échappe sans cesse à Voltaire. […] Qu’ils ne guindent pas toujours l’humanité.
Je sentis ayant de penser, c’est le sort commun de l’humanité. […] Aussi n’oubliera-t-il jamais, même dans le tableau idéal qu’il donnera plus tard de son bonheur, de faire entrer ces choses de la vie réelle et de la commune humanité, ces choses des entrailles.
Le livre de saint François de Sales, en paraissant, fit une révolution heureuse : il réconcilia la dévotion avec le monde, la piété avec la politesse et avec une certaine humanité ; il remplit, assure-t-on, un vœu de Henri IV lui-même, lequel, causant avec Deshayes, cet ami intime du saint évêque, avait exprimé le désir que l’on composât un tel ouvrage qui remit à la Cour la religion en honneur et ne la présentât aux laïques ni comme vaine, ni comme farouche. […] Je cherche bien loin : il a l’humanité, il lui manque proprement la charité.
Quant à Jordan, il demeure fidèle à son rôle de savant, d’homme paisible et de philosophe ami de l’humanité. […] Fouqué, à chaque présent dont il sent l’intention, est attendri ; il ne sait comment reconnaître cette amitié qui, depuis plus de trente ans, le cherche et l’honore, mais qui se multiplie surtout depuis que lui n’est plus bon à rien et n’est plus propre à y répondre que par ses sentiments : « Ce qui vous distingue, Sire, des autres princes, c’est que vous faites tant de bien à un homme qui ne peut, par le moindre service, vous en témoigner sa reconnaissance. » Quand il le voit étonné d’être l’objet de tant de soins, Frédéric le rassure simplement et par des mots naturels, puisés dans la meilleure et commune humanité : « Vous vous étonnez que je vous aime : vous devriez plutôt vous étonner si je n’aimais pas un officier de réputation, honnête homme, et de plus mon ancien ami. » Quoique Frédéric n’ait que cinquante-quatre ans lorsque Fouqué en a soixante-huit, il se fait exprès vieillard comme lui ; très brisé lui-même par les fatigues, il se suppose du même âge que son vieux compagnon : J’attends ici tranquillement dans mon trou le retour du printemps (9 février 1766) ; cette saison-ci n’est pas faite pour notre âge.
Nous avons dit que les idées sont des espèces et que la lutte des idées est une lutte d’espèces ; en voilà une preuve nouvelle : l’humanité porte dans sa tête les embranchements, les ordres, les classes, les familles, les genres des Cuvier, des Geoffroy Saint-Hilaire et des Jussieu. […] Après avoir été surtout, à l’origine, un témoin de la lutte des idées, la conscience finit par être la principale force de sélection parmi les idées ; elle tend même à devenir de plus en plus dominante dans l’humanité : purement imitatrice au début, elle devient en un sens créatrice.
Il voit ses soldats comme des victimes innocentes et volontaires qui rachètent de leur sang les fautes de l’humanité. […] Le Christ a appliqué ses souffrances au salut de l’humanité.
Distribuant aux hommes des races les plus différentes un même droit de cité, exigeant des pays les plus disparates les mêmes impôts, rapprochant par ses voies les points extrêmes du monde ancien, l’Empire romain est le plus puissant instrument d’unification que l’humanité ait connu. […] Forcez l’unité d’une nation, et vous risquez d’en chasser, en même temps que le souci de l’humanité, le respect des individualités.
André Chénier, ce martyr de l’humanité et de la poésie, n’avait pas été le seul qui, dans ces premiers jours, en eût éprouvé la puissance. […] Comme chez Fénelon, il y avait dans Réginald Héber, à côté du charme des lettres, de la persuasion habile et gracieuse, de la prévoyance et de la sagacité mondaine, le don naturel de l’enthousiasme, le goût de l’élévation spéculative, l’amour de Dieu et de l’humanité, et par là le génie du poëte dans son plus noble essor.
L’idée du nouveau pouvoir spirituel nécessaire à l’humanité dans la vie nouvelle où la Révolution la pousse, voilà la création propre de Saint-Simon, transmise par lui à Auguste Comte et Renan. […] C’est ainsi qu’on a parlé au xxe siècle d’humanités modernes, et donc qu’on a admis, depuis les réformes scolaires de 1902, que les littératures étrangères de l’Europe moderne avaient, pour la formation de l’esprit et du goût, une valeur égale à celle des littératures anciennes. […] Il y a l’âme individuelle de l’homme et l’âme collective de l’humanité, et cette âme collective de l’humanité pour le chrétien s’appelle l’Église. […] Devant les pierres de Balbek, il y a ajouté la vision d’une humanité matérialiste, maîtresse des forces de la nature et qui ne s’en sert que pour opprimer et jouir. […] Évidemment, il ne faut pas demander à la Chute d’un Ange ce qu’on trouve en Jocelyn, de l’humanité actuelle et des caractères.
Mais les vues qui terminent ce chapitre sont profondément vraies, parce qu’elles sont profondément chrétiennes : la paix universelle et perpétuelle suppose l’humanité restée dans un état d’innocence primitive ; l’humanité déchue suppose la guerre, car elle suppose dans tous les sens le combat, la lutte, la souffrance. […] M. de Frayssinous couronna ses humanités par des études théologiques faites avec un si grand éclat, que M. […] On a vu le premier rompre, à la date de la mort du duc d’Enghien, avec le consulat, qui rompait lui-même avec la justice, l’équité, le droit des gens et le droit de l’humanité. […] Jean de La Mennais, voulut lui enseigner le latin ; mais le disciple indocile abandonna bientôt le professeur et entreprit d’achever seul ses humanités. […] Le front de l’humanité sur lequel les joies de l’orgie du dix-huitième siècle avaient passé, était redevenu sérieux ; quarante années d’expérience lui avaient donné la maturité du malheur.
Les grands hommes ne leur manqueront pas, elles peuvent le croire ; l’âge brillant des poëtes n’est peut-être pas fermé encore ; l’infatigable humanité n’a peut-être pas épuisé tous ses génies ; mais, en laissant à la Providence le soin de susciter les génies en leur temps, les générations nouvelles, en présence de ces tombes glorieuses dont elles sont appelées à sceller les pierres, doivent y contracter le saint engagement de ne pas s’arrêter dans la route de la civilisation et des lumières bienfaisantes, de rester probes, sincères, amies de tout progrès, de toute liberté, de toute justice.
Ainsi les snobs du commun ont pour guides des façons de snobs inventifs et supérieurs ; et, au point où nous sommes parvenus, le snobisme ne nous apparaît plus que comme un des noms particuliers de l’universelle illusion par laquelle l’humanité dure et semble même marcher.
Si elle eût seulement légué quinze ou vingt millions aux indigents, elle passait du coup pour une des plus illustres bienfaitrices de l’humanité souffrante.
Au gré des saisons, elle musa de la nature proche à l’humanité ambiante, épelant des âmes au miroir peu limpide des faces frustes, pénétrant les tâches du village, son trantran passif, héroïsant les piètres destins qui s’y accomplissent, et les confrontant, pour un résultat de magnification harmonieuse, avec l’autorité némorale.
Similitudes nous emmène dans le possible, mais par de trop possibles sentiers ; trop clair, c’est aussi trop simple, trop comme le désire l’auteur, qui ne daigne compter qu’avec son rêve et de toutes les contradictoires tendances de l’humanité n’en admet qu’une, enfin victorieuse, celle qui lui plaît.
Les enthousiastes (il n’en manquait pas alors) eussent salué en l’amante du poète une nouvelle Sophia ; les Renaissances et la Gloire du souvenir, venues à cette heure de l’humanité, eussent donné naissance à une doctrine hermétique.
L’illustre Pope, par humanité pour vous, a bien voulu rendre compte à la postérité de votre esprit, de vos ouvrages, de vos goûts, de vos mœurs, du temps de votre naissance & de votre mort.
Il n’est rien sorti de ses mains qui ne respire l’amour du vrai & de l’humanité, une philosophie lumineuse, les graces du stile, le bon goût, une grande connoissance du cœur humain.
L’élégance de ses mœurs, ses belles manières, son goût pour la société, et surtout son humanité, l’auraient vraisemblablement rendu un des plus grands ennemis du régime révolutionnaire.
C’est celui de tous les romains qui feroit le plus d’honneur à l’humanité, s’il avoit été juste.
Cet être d’origine indécise, qui vida ses petits (on dispute sur le nombre en disant qu’il se vante) dans le trou creusé par l’adorable saint Vincent de Paul, qui lui épargna l’assassinat ; cet ingrat monstrueux, qui glorifia l’ingratitude et publia le Vicaire savoyard pour chasser et abolir saint Vincent de Paul, le dépositaire et le nourricier de ses enfants, dut vouloir bâtardiser l’humanité, et son Contrat social n’est que la tentative de l’orgueil malade et insensé, qui crée le monde à son image !
La perfection rêvée de l’humanité, la religion universelle dans un christianisme qui n’aurait pas de culte, pas même de Vicaires savoyards !
Les philosophes français n’écrivent pas pour un cercle restreint d’initiés ; ils s’adressent à l’humanité en général.
Si charmant que soit le monde homérique, l’humanité ne pouvait en rester là Indéfiniment ; elle avait besoin que les philosophes vinssent inventer la raison. […] Cette « maîtresse d’erreur sombre » est restée stérile sur toute la ligne et ne s’est pas sauvée davantage, bien qu’elle n’ait aucunement enrichi l’humanité. […] Il connaissait trop bien l’humanité pour ignorer que, pauvre et solitaire, il eût risqué davantage d’être écrasé par ses ennemis et dédaigné des masses. […] Il réclamait des mesures d’humanité pour les ouvriers : c’est fait. […] Voyez au contraire Pasteur : certes nul n’a jamais eu plus de génie ni réalisé de découvertes plus merveilleuses, et plus utiles à l’humanité.
Je suis l’humanité vieillarde, étant né d’hier ! […] Deux parties étaient virtuellement délimitées : poèmes de l’Individu, poèmes de l’Humanité selon la science, selon la théorie évolutionniste, « de l’initial tressaillement du prime plasma à l’extase de l’Homme ». […] Et quoiqu’il s’en rapportât à la science pour délivrer l’Humanité, il pouvait vraiment parler devant des poètes, même non « scientifiques » tant il était d’églogue et d’intimisme en ses promesses ! […] Dites-vous qu’en créant de la Beauté ou en étant sur la voie d’une découverte d’ordre de science, nous ne travaillons pas pour la société, pour l’Humanité ? […] Pour nous la quantité d’Absolu que comporte l’idée d’Humanité et de Morale humaine altruiste, nous est assez.
La société est une réunion de familles ; l’humanité une réunion de sociétés. […] Pouvons-nous penser sans signes par exemple l’idée d’humanité ? […] Définissons l’humanité par exemple l’ensemble des êtres intelligents et libres. […] Mais alors ce ne sera plus l’humanité, mais un individu présentant les caractères de l’humanité. […] Les ordres ne sont pas relatifs à tel ou tel individu, mais à toute l’humanité.
Ceux-là, d’une science plus vaste, feront jaillir une poésie plus vraie et qui des profondeurs mieux pénétrées de la nature et de l’humanité s’élèvera plus haut vers Dieu. […] L’enfer de Dante est tout rempli de ces contradictions ; le rigorisme du théologien s’y allie à l’humanité, à la tendresse, au respect, à l’admiration de l’homme pour ces grands réprouvés qu’il est contraint de damner avec l’Église. […] Littré, c’est la combinaison du savoir humain avec la morale sociale, afin que tout ce que l’humanité acquiert de vrai s’applique à développer tout ce qu’elle a de bon. » Seulement M. […] Tel est, ma chère Viviane, le dénouement de cette Comédie divine dont l’humanité est à la fois le sujet, l’acteur principal et l’éternel auditoire. […] Par-delà les variations d’idiomes, de mœurs et d’instincts, il découvre, il salue à son berceau l’humanité.
Aujourd’hui, on retranche à Eschyle son humanité et sa charité, et, si l’on pouvait, on ajouterait à Shakespeare des obscénités et des calembours. […] Je sentais que la vie aux champs, la vie tout près de la terre, c’est là le vrai, et que notre civilisation urbaine et industrielle n’est peut-être qu’une effroyable erreur de l’humanité occidentale. […] Toutes ces « vies de saints » donnent l’idée d’une humanité extraordinairement naïve et beaucoup plus violente, semble-t-il, que ne fut jamais l’humanité latine ou grecque, même aux époques primitives. […] Nous savons à présent, tout en gros, quel est l’aspect extérieur de l’humanité sur les divers points de sa planète. […] On donna quelques pièces à l’homme ; mais l’élégante compagnie resta pensive à cette révélation subite d’une existence si différente de la sienne, d’une humanité si peu semblable à celle qui fréquente les exquis casinos d’été.
Même, nous la formons d’autant moins aisément que l’humanité se développe davantage ; et il semble qu’elle ait quelque chose de plus enfantin encore qu’inconcevable. […] Et qui l’aurait enfin empêché, s’il avait cru devoir le faire, au début encore de sa deuxième partie, de nous conter la longue histoire de l’humanité primitive et de nous montrer, dans le barbare ou dans le sauvage, un Adam dégénéré de son institution première ? […] Les politiques, les hommes d’action, eux, se rangent plus volontiers à l’hypothèse du Progrès, laquelle en effet à ce grand avantage de mettre dans l’humanité le principe de son mouvement et le terme idéal de son activité. […] Regardez autour de vous, et comptez combien vous en trouverez — je dis de ceux qui pensent — pour se ranger à la suite de Bayle, et pour oser ainsi mettre avec lui la religion et la métaphysique au nombre des illusions que l’humanité ne revivra plus ? […] Et voit-on enfin ce que pouvait, ce que devait nécessairement rencontrer de faveur dans l’opinion publique une idée qui, comme celle du progrès, finit destinée — nous le montrerons par la suite, ou plutôt on le sait déjà — comme à s’élargir et à s’enfler un jour jusqu’aux proportions d’une religion de l’humanité ?
Et bénie soit la Révolution qui ouvre à l’humanité une ère nouvelle de justice et de progrès ! […] Il y a plus d’humanité dans le poème de M. […] Tout le drame a été comme transporté dans une humanité plus frémissante et plus douloureuse. […] Sans la suggestion, sans la communication des âmes entre elles et sans les échanges momentanés de personnalités, l’humanité ne vivrait pas un jour. […] Mais ils n’en tiendront pas moins l’humble humanité dans leur main, et la ressaisiront au premier mouvement qu’elle fera pour leur échapper.
Elle est particulièrement appropriée à une humanité curieuse, savante et polie. […] Mais c’est là, au contraire, le signe de votre profonde humanité. […] La figure de l’humanité ne reste pas un moment la même. […] Je tremble pour nos humanités. […] Depuis elle, l’humanité conçut des idées plus profondes ; le monde eut un frisson nouveau au contact des choses, il est vrai.
Cela veut ; dire qu’il suffit d’humanité sans religion et avec irréligion pour être charitable ! […] Tous ceux qui ont fait faire un progrès à l’humanité ont été essentiellement excentriques et se sont moqués qu’on se moquât d’eux. […] Le dévouement à l’humanité ? […] Molière a été un des trois ou quatre hommes, dans toute l’histoire de la littérature, dans toute l’histoire de l’humanité, qui aient réussi le plus pleinement à dresser en pleine vie des types humains. […] Les jeunes filles de Racine sont des femmes, ce sont des femmes charmantes, mais ce sont des femmes ; les jeunes filles de Shakespeare sont des fillettes, de très aimables fillettes, mais des fillettes ; je ne parle pas des jeunes filles de l’Arioste qui appartiennent peut-être à l’humanité, mais à une humanité que je ne connais pas.
Ne t’étonne donc pas si, dès le seuil, ton humanité souffre, si tous tes instincts animaux tentent de te ramener en arrière. […] Tu as raison : l’humanité lui doit beaucoup. […] Si le labeur de l’humanité pour la connaissance, au moins relative, de l’univers n’est qu’une illusion, à quoi bon l’effort et la volonté agissante ? […] L’humanité se l’inventa aux jours où, à cause des souffrances nécessaires qu’elle eut à subir pour son développement, — souffrances nées de son désir du mieux, de ses efforts vers le mieux, — elle s’effrayait devant l’énigme du monde. […] Luttez infatigablement pour votre Idéal ; que, grâce à vous, l’humanité se conçoive meilleure et plus belle ; abolissez, dans la mesure de vos forces, l’avidité, l’égoïsme et les instincts carnassiers de vos frères errants dans les ténèbres de l’apparence.
La ressource de l’humanité, en avançant, est de se débarrasser du bagage trop pesant et d’oublier : ainsi elle trouve moyen de se redonner par intervalles un peu de fraîcheur et une soif de nouveauté. […] Morcau se vend à la foire, j’entends les livres de philosophie, d’humanités et d’histoire. […] Jeune, d’ordinaire on estime l’humanité en masse, et l’on est plutôt de la politique libérale. […] Lui aussi, il lui convient d’être entraîné par le sentiment d’humanité et de se faire peuple un jour.
Nous aimons à nous figurer qu’à des époques aussi reculées et dans des pays aussi barbares, la politique n’était qu’un vague instinct de la société humaine, sans morale, sans règle, sans définition, sans dénomination, sans tendance, agitant confusément l’humanité au gré de la force et de la ruse, tel, par exemple, que Machiavel dans le Prince l’entendait deux mille ans après. […] Comment tout homme doué de raisonnement n’a-t-il pas conclu, au premier coup d’œil, qu’il n’y a rien au-dessus de ces deux pouvoirs, inégaux dans leur origine, égaux dans leurs effets, qu’on appelle commandement et obéissance, et que le phénomène qui en résulte, le gouvernement politique, est le chef-d’œuvre de l’humanité ? […] Si les sophismes de Platon ou de Rousseau pouvaient être adoptés par la majorité des mortels, la terre entière ne serait pas assez grande pour emprisonner l’humanité folle dans un Bedlam universel ! […] À l’exception de ces deux erreurs qui ne sont pas siennes, mais celles de son temps et vieilles comme le genre humain, l’une relative à l’esclavage qu’il croit un crime de la nature, l’autre relative aux enfants nés difformes dont il admet l’infanticide par humanité, il n’y a pas une considération fausse dans tout le livre : c’est le catéchisme du monde social.
S’il ne pouvait point étudier toute l’humanité, il étudiait du moins l’humanité dans ce qu’elle a de plus beau. […] Ce jugement du grand historien de l’humanité serait équitable, s’il ne rabaissait pas un peu trop les modernes devant les anciens. […] Herder, Idées sur la philosophie de l’histoire de l’humanité, livre XIII, chapitre 5, page 490, de la traduction de M.