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2439. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre II. Le comique de situation et le comique de mots »

Nous l’avons vue briller à tous les tournants décisifs de notre chemin.

2440. (1902) La poésie nouvelle

Mais c’est de lui-même surtout qu’il se moque :‌ Oyez, au physique comme au moral, Ne suis qu’une colonie de cellules De raccroc ; et ce sieur que j’intitule Moi, s’est, dit-on, qu’un polypier fatal : Quand j’organise une descente en Moi, J’en conviens, je trouve là, attablée, ‌ Une société un peu bien mêlée ‌ Et que je n’ai point vue à mes octrois.‌ […] Il avait constaté que les choses, à être longtemps vues toujours les mêmes, cessent d’être perceptibles parce que s’use notre impression. […] Des voix fraîches se mêlent à de farouches, à de dures, à de désespérées, des ritournelles joyeuses à de sinistres clameurs ; mais la gaieté pourtant domine, une légère, vive et alerte gaieté, celle même de l’Ile-de-France…‌ Toutes les époques sont ici représentées, non, certes, en vue d’une restitution historique, ni non plus pour caractériser l’évolution d’un esprit national. […] Ou bien, eu égard au caractère symphonique de cet art, il fallait que le rapport des diverses parties musicales fût calculé très exactement en vue du tout qu’il s’agissait de produire, lequel devait être l’expression symbolique de l’Ile-de-France.‌ […] Et ceux-ci ne l’ont pas vue, qui s’en allaient vers l’action, les yeux aveuglés des visières des casques, ceux-là non plus qui pourtant étaient allés vers elle, pieux et très doux, laissant l’herbe d’oubli pousser dans leurs maisons et qui sont revenus sans plainte, joueurs de flûte « jouant en leur âme à des étoiles mortes »… Mais quelqu’un, dans la Forêt, chante à la Dame de la Forêt la chanson de son espoir et de sa folie, et la Dame est docile à son rire, câline à sa mélancolie, enivrante à son désir.

2441. (1914) Note conjointe sur M. Descartes et la philosophie cartésienne pp. 59-331

Lui seul saurait se réjouir de telle déliaison, entrer dans telle vue, pénétrer dans telle profondeur. […] Et dans cette vie de Jeanne d’Arc qui est la plus belle de toutes et la plus grande et la plus haute et la plus pure absolument et notamment au moins dans six ou sept ordres et selon six ou sept plans du regard et en partant de six ou sept points de la vue il est peut-être permis de dire que la plus grande détresse secrète de cette vie et son point de douleur et sa catastrophe tragique fût qu’elle pensait trouver un roi et qu’elle en trouva un autre. […] Ils perdent constamment de vue cette précarité qui est pour le chrétien la condition la plus profonde de l’homme ; ils perdent de vue cette profonde misère ; et qu’il faut toujours recommencer. […] Mais les simplicités sont ce que l’on perd le plus facilement de vue.

2442. (1927) Les écrivains. Deuxième série (1895-1910)

Puis, le plus souvent, par une perversité singulière, cet argent avec lequel il pourrait vivre quelques semaines, et puiser de nouvelles forces, en vue des détresses prochaines, il le donne à de plus pauvres que lui ; âme charmante, qui reste, dans cette horreur, douce, naïve, confiante, presque heureuse, ébauchant des projets de livres, de pièces, écrivant, le soir, à la lueur des réverbères, des articles de journaux, dont il ne doute pas un instant qu’ils vont lui donner, dès le lendemain, des sommes considérables et de considérables honneurs. […] … Ce silence, cette solitude, ces routes qui vont on ne sait où, ce vaste cimetière de tant de vies mortes qu’est la terre brune ou herbue, ces moissons fauchées, ces horizons brouillés, il ne pouvait, non seulement y fixer une pensée sereine, mais en supporter la vue. […] Il y a des pages d’une acuité de bistouri débridant une plaie… d’une odeur d’hôpital sous le grand ciel de la pleine vue, et sous le soleil cru de la vérité : les opérations qui tuent les organes de la vie, les matrones qui volent les nouveau-nés et qui les vouent à la mort, les chirurgiens du néant, la lamentable famille Moineaud, victime de la société ! […] La volonté, d’ailleurs, ne fait pas défaut à Marguerite Audoux, et, quant à l’expérience, ce qui lui en tient lieu, c’est ce sens inné de la langue qui lui permet, non pas d’écrire comme une somnambule, mais de travailler sa phrase, de l’équilibrer, de la simplifier, en vue d’un rythme dont elle n’a pas appris à connaître les lois, mais dont elle a, dans son sûr génie, une merveilleuse et mystérieuse conscience.

2443. (1890) Les romanciers d’aujourd’hui pp. -357

Jules Tellier et moi en vue d’une série sur les Écrivains d’aujourd’hui, j’ai rangé, comme il l’a fait pour les poètes, les romanciers contemporains par catégories. […] Méditez-moi ces deux traits, Monsieur : — « Une demoiselle de seize ans (grâce pour le nom), fardée et maquillée comme une femme de quarante, profitant de l’absence de ses parents pour courir les petits théâtres au bras de son frère à peine plus âgé qu’elle, et, sur le devant de la loge où ils se sont assis, bien en vue, cette requête de la mignonne : “P’tit frère, dis-moi donc zut, tout haut, qu’on croie qu’tu parles à ta maîtresse.” » — Et ceci : — « Déclaration d’une demoiselle de dix-huit ans à son cavalier : “Oh ! […] Paul Bourget, une des preuves les plus frappantes de la hauteur de vue d’Alfred de Vigny que d’avoir deviné la valeur poétique du symbolisme.

2444. (1860) Cours familier de littérature. IX « Le entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier (2e partie) » pp. 81-159

« La chambre à coucher était ornée d’une bibliothèque, d’une harpe, d’un piano, du portrait de madame de Staël et d’une vue de Coppet au clair de lune.

2445. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIe entretien. Phidias, par Louis de Ronchaud (2e partie) » pp. 241-331

Je ne sentais que ce qu’on éprouve à la vue d’une œuvre sans défaut, un plaisir négatif ; mais une impression réelle et forte, une volupté neuve, puissante, involontaire, point !

2446. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre III. Molière »

Là est la faute d’Arnolphe, qui par une vue tout égoïste condamne Agnès à l’ignorance, à la bêtise, à la privation de tous les plaisirs naturels : mais la nature d’Agnès se révolte, et la petite niaise court énergiquement, directement, à son bonheur, selon son instinct ; et Molière bat des mains.

2447. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre cinquième. De l’influence de certaines institutions sur le perfectionnement de l’esprit français et sur la langue. »

Mais pour celles qu’on a extraites du livre de Nicole, autant elles sont agréables dans la suite de son discours, où elles égayent la sévérité de la matière, autant elles nous sont indifférentes, ainsi détachées et mises au grand jour, pour être vues hors de leur place et pour elles-mêmes.

2448. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre II. Le rôle de la morale » pp. 28-80

Et nous, en tant qu’êtres sociaux, nous avons un ensemble d’opinions sur les hommes, sur l’État, sur les lois, sur les fonctionnaires, sur la famille et sur le véritable bien, mais en tant qu’individus égoïstes, nous avons d’autres impressions et d’autres vues.

2449. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 mars 1886. »

A première vue, en effet, il paraît indigne d’un grand peuple de garder rancune à un mort pour une blessure d’amour-propre faite dans un moment mai choisi pour la vengeance.

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