Quand la science est animée par l’esprit de Religion, bien loin de nuire aux vertus du cloître, elle ne peut que les rendre plus éclairées, plus solides, & plus respectables : l’Abbé de la Trappe en étoit un exemple lui-même.
Sirmond eut deux neveux, Antoine Sirmond, de la même Société, connu par un Ouvrage, intitulé Défense de la Vertu, dans lequel il ose avancer, qu'il ne nous est pas tant recommandé d'aimer Dieu, que de ne pas le haïr, assertion révoltante, & condamnée par les Jésuites même, qui désavouerent l'Ouvrage & punirent l'Auteur.
C’est du malheur que sort communément cette révélation ; quand le monde manque à l’homme supérieur, il se replie sur lui-même et se reconnaît ; quand la nécessité le presse, il recueille ses forces ; et c’est bien souvent pour avoir perdu la faculté de ramper sur la terre que le génie et la vertu se sont élancés vers les cieux. […] Angelo n’est présenté d’abord ni comme un scélérat, ni comme un hypocrite ; c’est au contraire un homme d’une vertu exagérée dans sa sévérité. […] Du reste rien ne tient, rien ne s’enchaîne ; vices, vertus, penchants, desseins, tout change et se transforme à chaque pas. […] Les personnages n’y marchent point ou trompeurs ou trompés, entre le vice et la vertu, la faiblesse et le crime ; ce qu’ils sont, ils le sont franchement, nettement ; leurs actions sont dessinées à grands traits ; l’œil le plus débile ne saurait s’y méprendre. […] Macbeth a bien pris son parti sur le crime ; aucun fil ne retient plus ses actions à la vertu ; et cependant qui peut douter que, dans le caractère de Macbeth, à côté des passions qui poussent au crime n’existent encore les penchants qui font la vertu ?
Les illusions de l’antique indépendance et les vertus premières de la république, objet du culte secret des Romains opprimés, eurent en son poème, à leurs yeux, toute la beauté idéale qui remplaçait le merveilleux mythologique. […] Le chaste amour qu’elle exprime et qui la colore, ne tient plus de la volupté terrestre, et ne paraît être que la flamme de la vertu conjugale. […] Son théâtre, quoique astreint aux rigoureuses unités grecques, n’en a pas moins porté les leçons pathétiques de la vertu et de la philosophie chez toutes les nations vivantes. […] Attila lui-même suspendit ses ravages à la prière du pape Léon, et s’était laissé fléchir, dans la ville de Metz, par les vertus de l’évêque Lupus. […] Comme elle témoigne en effet que les sources du suprême génie ne découlent que des hauts degrés de la vertu !
Il a cultivé différentes branches de la Littérature ; & ses Productions, soit didactiques, soit historiques, soit morales, annoncent en général l’homme instruit, l’observateur éclairé qui connoît les hommes, & sait peindre les vices & les vertus avec les couleurs qui leur sont propres ; mais trop de diffusion, quelquefois de la sécheresse, & assez souvent un ton peu naturel, défigurent son style, & l’excluent du nombre des bons Ecrivains.
On y puise des lumieres propres à éclairer l’ignorance, & des sentimens capables de respecter la vertu ; double mérite dont nos Auteurs philosophes sont bien éloignés.
Leurs Ouvrages, sans aucune éclipse, iront déposer chez la Postérité la gloire des talens & celle des vertus.
Ils paroissent composés dans le dessein d’inculquer la morale, d’attacher à la vertu.
C’est Minerve, c’est une victoire qui soutiennent le portrait du héros ; c’est une Renommée joufflue qui trompette ses vertus.
. — À la base de quelques-unes de leurs œuvres comiques les Français ont mis le sérieux du vice, et dans les autres ils ont supprimé la vertu et le vice, en faisant passer sur le vice, la vertu et toutes choses, l’esprit, ce niveleur universel158.
Prenons Malherbe dans ses bonnes pièces, dans ses odes historiques et ses stances religieuses : ce sont des œuvres fortes et simples, où il y a, en vertu même des sujets, plus de conviction que de passion, plus de raisonnement que d’effusion ; le mouvement, la chaleur viennent surtout de l’intelligence. […] Avec quelle attention voulait-il qu’on l’écoutât, quand il dogmatisait de l’usage et vertu des participes ?