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562. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La Margrave de Bareith Sa correspondance avec Frédéric — II » pp. 414-431

Il faut que toute l’Europe pleure avec moi une vertu trop peu connue. […] La gravité, l’autorité de la parole, celle des doctrines, cette immortalité religieuse acceptée et passée dans le cœur, puisée à la source des croyances, qui s’étend de celui qui parle aux personnes qu’il célèbre et les revêt de leurs vertus épurées comme d’un linceul éblouissant et indestructible, tout cela manquait ; et, il faut le dire, la mémoire même de la généreuse et noble margrave n’y prêtait pas. […] ô vertus, ô grâces adorées !

563. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Études de politique et de philosophie religieuse, par M. Adolphe Guéroult. »

Guéroult croit trop à l’influence et à la vertu d’un gouvernement, pas assez aux forces vitales, et par elles-mêmes si efficaces, de la liberté. […] Le Saint-Simonisme, en tous ceux qu’il a touchés, a tué la foi au libéralisme pur, et tout en ne repoussant rien de ce que la liberté a de bon, d’utile et de pratique, le nom de liberté désormais, pour tous ceux qui ont compris le sens et le bienfait aussi de ce qui n’est pas elle, qui ont conçu, ne fût-ce qu’une fois, le regret ou l’espoir d’une haute direction sociale, a perdu de sa vertu merveilleuse et de sa magie. […] il diminuerait du coup toutes ses vertus.

564. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVI » pp. 413-441

C’est l’erreur que je fuis, c’est la vertu que j’aime. […] Dans la même année, il montra dans Titus la vertu triomphant d’une passion désordonnée ; c’était encourager le roi à la vertu par son propre exemple et rappeler à l’adorateur de madame de Montespan, le sacrifice qu’il avait pu faire de Marie de Mancini.

565. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Pline le Naturaliste. Histoire naturelle, traduite par M. E. Littré. » pp. 44-62

Quand, redescendant des sphères et des astres, et de la région orageuse des météores, il en vient à décrire la terre, il se livre à un lieu commun véritable, exaltant, amplifiant les qualités et les mérites de cette surface du globe, subtilisant pour lui prêter plus de vertus qu’il n’est besoin. […] C’est ainsi qu’à certaines époques du monde la prudence et même la vertu des modérés et des sages se trouvent vaines, et le malade réclame je ne sais quels miracles ou quelles vertus nouvelles pour se sauver.

566. (1714) Discours sur Homère pp. 1-137

Qui jamais a mieux combatu le vice, et mieux servi la vertu ? […] Le poeme employe une méthode toute contraire : il ne représente pas tels et tels hommes ; mais il invente des personnages exprès pour donner en eux une idée de certaines passions, de certains vices ou de certaines vertus ; et il rassemble avec art dans ces personnages, des effets sensibles et continus de ces passions, de ces vices, ou de ces vertus, pour en faire mieux sentir la nature ; au lieu que dans l’histoire, ces effets étant moins choisis et plus interrompus, ils n’en donnent pas une idée si vive ni si distincte. […] Ne diroit-on pas à ce discours, qu’il y avoit plus de vertu dans le siecle d’Homere que dans le nôtre ? […] Il les prend par tous les endroits sensibles du coeur humain ; par l’intérêt, par le plaisir, par la gloire, par la vertu même. […] Il faut donc que le poëte représente la vertu et le vice sous des traits qui justifient notre goût et notre aversion ; et ne fût-ce que pour l’intérêt de plaire, il doit être presque aussi fidéle à la bonne morale, que s’il n’avoit dessein que d’instruire.

567. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 265

L’égoïsme qu’elle prêche est l’anéantissement de toutes les vertus, & principalement de celles qui demandent du courage & des sacrifices.

568. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » p. 492

N’y trouvera-t-elle pas plutôt le monument de la présomption, de l’orgueil & de l’ignorance de notre siecle, que celui de ses lumieres, de ses vertus, & de ses talens ?

569. (1902) Le chemin de velours. Nouvelles dissociations d’idées

On y enseignerait la rebours de la morale usuelle, et non pas la vertu, mais l’art de parvenir. […] Il lui plairait plutôt de paraître vicieux sans vices que vertueux sans vertu. […] Les victimes du vice ne sont peut-être pas plus nombreuses que les victimes de la vertu. Mais cette idée de vertu, quelle bulle ! […] Doué d’une si belle vertu, il l’exploite rationnellement et s’en fait des rentes.

570. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » p. 519

Il a suivi la même méthode dans sa Traduction du Traité des vertus & des récompenses, publié par M. le Marquis Dragonetti, pour servir de suite au fameux Traité des délits & des peines de M. le Marquis de Beccaria.

571. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » p. 386

O Dieux, qui d’un si rare effort, Mîtes tant de vertus en elle, Détournez un si mauvais sort ; Qu’elle ne soit point infidelle : Et faites plutôt que la Belle Vienne à soupirer de ma mort, Que non pas d’une amour nouvelle !

572. (1856) Mémoires du duc de Saint-Simon pp. 5-63

« Escalona, mais qui plus ordinairement portait le nom de Villena, était la vertu, l’honneur, la probité, la foi, la loyauté, la valeur, la piété, l’ancienne chevalerie même, je dis celle de l’illustre Bayard, non pas celle des romans et des romanesques. […] Le grand seigneur ne murmurait-pas plus que l’honnête homme ; avec la révolte du rang, on sentait en lui la révolte de la vertu. […] Cette piété un peu timorée contribua à le rendre honnête homme, et l’orgueil du rang confirma sa vertu. […] Saint-Simon est un noble cœur, sincère, sans restrictions ni ménagements, implacable contre la bassesse, franc envers ses amis et ses ennemis, désespéré quand la nécessité extrême le force à quelque dissimulation ou à quelque condescendance, loyal, hardi pour le bien public, ayant toutes les délicatesses de l’honneur, véritablement épris de la vertu. […] Vous diriez des vices et des vertus échappés de l’Éthique d’Aristote, habillés d’une robe grecque ou romaine, et occupés à s’analyser et à se réfuter.

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