Certes tous ceux que je viens de nommer conserveront toujours dans l’histoire leur légitime aspect de bourreaux et de complices de bourreaux ; mais ils ne furent que des instruments plus ou moins dociles dans la main d’une autorité toute puissante que personnifiait alors un homme, sur la mémoire duquel retombe en poids énorme, le crime d’avoir fait torturer, au nom du Dieu d’amour, quinze cent mille de ses « frères en Jésus-Christ ». […] Si quelques-uns estiment qu’il y a presque incompatibilité entre le génie de Bossuet et le rôle odieux que lui assigne l’histoire — et nous venons de dire pour quelles raisons nous ne sommes pas de cet avis, — d’autres s’étonneront de l’ascendant tout-puissant qu’il dut posséder sur l’esprit du roi, pour diriger de haut l’Inquisition. […] Si, grâce à ceux que nous venons de nommer, c’est-à-dire grâce à la monarchie et au catholicisme, cette époque peut être considérée comme l’une des plus honteuses de notre histoire le spectacle offert par les persécutés, c’est-à-dire par les représentants de la conscience et du droit, est l’un des plus grandioses dont la France et l’Europe aient été les témoins. […] L’électeur Frédéric-Guillaume, « le véritable fondateur de la grandeur de sa maison », comprit tout ce que son pays stérile et sauvage pouvait gagner en mettant à profit la faute énorme que la France venait de commettre. […] Le fait que nous venons de relater n’est qu’un épisode saillant de l’histoire générale des rapports de l’Église et des États.
Trois heureuses journées littéraires I J’ai sur ma table aujourd’hui deux livres que je viens de lire avec un grand charme, et qui me convient, par ce charme même, à me distraire un moment de l’antiquité avec mes lecteurs, pour donner un regard à la jeune France poétique d’aujourd’hui. […] Je viens de voir passer une portion de mon cœur détachée de ma poitrine. […] Il y reviendra, il y revient déjà dans le dernier volume qu’il vient de publier, les Idylles héroïques. […] Mais cette préférence pour les poètes d’enthousiasme sur les poètes d’indignation ( facit indignatio versum ) ne nous empêche pas d’admirer profondément des vers tels que ceux-ci, que Laprade vient de jeter au temps qui court du haut de son immortalité.
Je jouai beaucoup et je repartis le lendemain, aimant fort ce petit enfant qui venait de naître. […] Consolante parole que je viens de méditer, qui me revêt le cœur d’espérance, ce pauvre cœur dépouillé. […] C’est la saison où tout tombe, Aux coups redoublés des vents : Un vent qui vient de la tombe Moissonne aussi les vivants. […] La vie est longue, il faut de temps en temps quelques cordiaux pour la course : il m’en vient du ciel, il m’en vient de la terre, je les prends tous, tous me sont bons, c’est Dieu qui les donne, qui donne la vie à la rosée !
C’est la saison où tout tombe Aux coups redoublés des vents ; Un vent qui vient de la tombe Moissonne aussi les vivants : Ils tombent alors par mille, Comme la plume inutile Que l’aigle abandonne aux airs, Lorsque des plumes nouvelles Viennent réchauffer ses ailes À l’approche des hivers. […] L’enfant dont la mort cruelle Vient de vider le berceau, Qui tomba de la mamelle Au lit glacé du tombeau ; Tous ceux enfin dont la vie, Un jour ou l’autre ravie, Emporte une part de nous, Murmurent sous la poussière : « Vous qui voyez la lumière, De nous vous souvenez-vous ? […] dis-je avec une curiosité qui venait de bonne intention, parlons-en, à moins que cela ne vous fasse trop d’angoisse. […] — Avant cette mort et avant celle de mon mari, poursuivit-elle d’une voix affaissée par de tristes souvenirs, nous étions trop heureux ici, mon mari, moi, Hyeronimo, mon fils, que je portais encore à la mamelle, Antonio, ma sœur et la petite Fior d’Aliza, qui venait de naître.
— C’est la faim, disait le fiancé, et il m’offrait un morceau de gâteau bénit que le prêtre du village voisin venait de leur distribuer à la messe des noces ; mais je n’avais pas faim, et je détournais la tête en repoussant sa politesse. […] Je jouai donc l’air à nous deux, avec autant de mémoire que si nous venions de le composer, sous la geôle, et avec autant de tremblement que si notre vie ou notre mort avait dépendu d’une note oubliée sur les trous d’ivoire du chalumeau ; je jetais l’air autant que je pouvais par la lucarne, pour qu’il descendît bien bas dans la noire profondeur de la cour et qu’il n’en tombât pas une note sans être recueillie par une oreille, s’il y avait une oreille ouverte, dans cette nuit et dans ce silence des loges de la prison. […] — Anéantie par ce silence qui répondait seul à l’air que la zampogne venait de jouer au hasard, pour interroger la profondeur des cachots ou bien pour apprendre à Hyeronimo, s’il était là, que Fior d’Aliza y était aussi, se souvenant de lui dans son malheur, je laissai tomber à terre la zampogne et je glissai moi-même, découragée, au pied de la lucarne, les bras accrochés aux barreaux de fer de la fenêtre sans en sentir seulement le froid. […] lui répondis-je, toute rouge de l’idée qu’elle allait peut-être me proposer la place du gendre qui venait de la quitter, et pensant à toutes les occasions que j’aurais ainsi de voir, d’entendre et de servir celui que je cherchais.
Lohengrin à Paris Le Figaro vient de publier sous ce titre un article important ; nous en extrayons le passage suivant dont les renseignements concordent avec ceux que nous avons reçus, et qui nous paraît émaner d’une source autorisée. […] Notes historiques et esthétiques — le motif de réminiscence Meminisse juvat Un soir du printemps passé, notre directeur, de passage à Berlin, me demanda pour sa chère Revue Wagnérienne une réduction de la minutieuse et longue étude que je viens de publier dans la Revue de Bayrteuh55 sur le « Motif de réminiscence » avant Wagner. […] Les souvenirs des scènes précédentes, d’un si bel effet, dans ce morceau peuvent être considérés comme un pastiche du fameux épisode du Final de la neuvième, dont je viens de parler ; Franz Liszt les a splendidement caractérisés et interprétés, comme du reste le rôle entier du motif de l’alto, dans sa célèbre analyse de « Harold »60. […] Plusieurs de nos compatriotes sont ainsi venus de Carlsbad à Bayreuth, donc nous n’avons pu connaître les noms.
Ce tribut payé à la douleur conjugale, elle se souvient du commandant, à qui elle vient de donner des droits en acceptant la démission qu’il lui offrait tout à l’heure ; et vite elle lui écrit de partir « pour respecter son veuvage. » Si Louis Guérin ne lit pas entre les lignes de ce billet doux le conseil de se faire tuer au Mexique ou d’y mourir de fièvre jaune, c’est qu’il a la vue basse, comme tous les amants. […] On vient de prévenir, en même temps, l’administrateur des pompes funèbres et M. le maire. […] Lorsque d’Estrigaud se relève brusquement sous le sarcasme de l’ingénieur, il apparaît dans la tenue irréprochable d’un gentleman qui vient de déjeuner au café Anglais. […] Emile Augier a tiré de cet arrangement nouveau deux scènes vigoureuses : d’Estrigaud, se redressant furieux lorsque sa fraude est découverte, jette à André Lagarde une provocation ; il prétend tuer, pour sa peine, celui qui vient de le ressusciter en sursaut.
On vient de lui enlever un kyste dans le ventre, et il disait à Daudet, qui est allé le voir ces jours-ci : « Pendant l’opération, je pensais à nos dîners, et je cherchais les mots, avec lesquels je pourrais vous donner l’impression juste de l’acier, entamant ma peau et entrant dans ma chair… ainsi qu’un couteau qui couperait une banane. » Jeudi 26 avril À la suite d’un cas de folie érotique, raconté par Charcot, Alphonse Daudet de s’écrier : « Ah ! […] Le soir, dans son atelier, je regardais « La place des Pyramides », qu’il vient de racheter à Goupil, pour la donner au Luxembourg. […] Une jeune femme qui vient de faire un mariage très riche, disait à une cousine à moi : « Oui, oui, c’était l’ancien jeu… du temps que les parents mariaient leurs enfants… Maintenant nous nous marions nous-mêmes. » Et nommant son mari, un voisin de campagne, elle ajoute : « Voilà deux ans que je le roulais… Je m’étais dit qu’il serait mon mari… ah ! […] Je suis fâché avec une p… que j’adore, et je viens de la chasse avec des amis.
Pour cette littérature froide, il n’était pas nécessaire alors d’avoir la chaleur qui vient du cœur ; il suffisait de la clarté qui vient de l’esprit. Buffon y ajoutait le coloris qui vient de l’imagination et qui sert à peindre ce que le naturaliste sans couleur se borne à décrire. […] Un écrivain grave, dont nous avons signalé un des premiers la pénétration et la puissance d’analyse dans les autopsies des nations, M. de Tocqueville, vient de retomber, ce me semble, dans cette erreur de point de vue, en écrivant hier son beau livre sur l’ancien régime et la révolution. […] L’Europe fit silence pour écouter ces représentants d’un siècle nouveau à qui des événements inattendus venaient de donner la parole, non pour la France, répétons-le bien, mais pour l’esprit humain.
Les notions dont nous venons de parler, ce sont ces notiones vulgares ou praenotiones 15 qu’il signale à la base de toutes les sciences16 où elles prennent la place des faits17. […] Les moralistes ne sont pas encore parvenus à cette conception très simple que, comme notre représentation des choses sensibles vient de ces choses mêmes et les exprime plus ou moins exactement, notre représentation de la morale, vient du spectacle même des règles qui fonctionnent sous nos yeux et les figure schématiquement ; que, par conséquent, ce sont ces règles et non la vue sommaire que nous en avons, qui forment la matière de la science, de même que la physique a pour objet les corps tels qu’ils existent, non l’idée que s’en fait le vulgaire. […] Puisque la définition dont nous venons de donner la règle est placée au commencement de la science, elle ne saurait avoir pour objet d’exprimer l’essence de la réalité ; elle doit seulement nous mettre en état d’y parvenir ultérieurement. […] Si les seuls points de repère qui sont donnés sont eux-mêmes variables, s’ils sont perpétuellement divers par rapport à eux-mêmes, toute commune mesure fait défaut et nous n’avons aucun moyen de distinguer dans nos impressions ce qui dépend du dehors, et ce qui leur vient de nous.
Il vient de parler, toujours à propos du château de Richelieu, de deux petits Hercules qui sont agréablement faits, chacun d’eux garni de sa peau de lion et de sa massue. […] Il m’est impossible de tomber sur ce mot… » Il vient de parler de deux esclaves de Michel-Ange qui étaient — je crois qu’ils n’y sont plus — au château de Richelieu et qui étaient, certainement, sa plus sensible attraction. […] Elle paraissait assez jeune et de taille raisonnable, témoignait avoir de l’esprit, déguisait son nom, et venait de plaider en séparation contre son mari : toutes qualités de bon augure [vous voyez dans quel sens parle La Fontaine] et j’y eusse trouvé matière de cajolerie, si la beauté s’y fût rencontrée ; mais sans elle rien ne me touche. » Il ne sera plus question de la comtesse que quand on la quittera à Port-de-Piles, quand elle montera dans un carrosse campagnard qui l’emmènera dans son petit castel. […] Pour ce qui est de la fille d’auberge, je crois que c’est plutôt une fille d’aubergiste, il y a une nuance ; mais, enfin pour ce qui est de la jolie Limousine qu’il a remarquée dans une auberge, voici ce qu’il en dit : « Rien ne m’aurait plu [dans cet affreux gîte qu’il vient de peindre], rien ne m’aurait plu sans la fille du logis, jeune personne et assez jolie.