Dieu lui-même n’est que la poésie universelle de la terre réunie au ciel.
Mallarmé invente tous ses thèmes et les tire un à un de son propre fond, Heredia récolte les siens dans l’anthologie universelle. […] La dilection particulière qu’il nourrit pour ce fantôme — je n’irai pas jusqu’à dire : la hantise qu’il en a — montre assez que c’est cette race d’hommes qui sollicite sa plus extrême curiosité : gens au cœur ondoyant qui les mène, sensibles qui se contiennent, esprits profondément concertés, qui abandonnent peu au hasard, mais dont cependant les calculs se trouvent déjoués par lui, intelligence limitée d’ailleurs(ce qui est singulier, car quel n’est point l’auteur qui se plaise à douer ses créatures » pour le moins, d’universel génie), toutes les grâces physiques de l’adolescence jointes à la plus complète habileté athlétique, enfin par surcroit manière exquise de tourner les billets et les madrigaux.
Je crois — sans oser en répondre — que le premier article fut celui de L’Universel (22-23 janvier 1830). […] En tout cas, j’ai résolu d’aller en avant, et de ne pas répondre un seul mot. » — M. de Musset-Pathay, aussi attentif et moins calme, écrivait à un ami, à propos de l’article si cruel de L’Universel : « Mes inquiétudes sur les disputes possibles n’étaient heureusement pas fondées, et j’ai su avec une surprise extrême le stoïcisme de notre jeune philosophe.
Trois voix à l’instruction (y compris la primaire), notre « adjonctions des capacités », deux au peut-être regrettable mais indispensable capital, une seule à l’illettré que ce système stimule en attendant une loi d’obligation qui vaudra peut-être moins que la simple, la bonne émulation, cela n’est pas si bête, messieurs les impatients 1 et peut-être notre exemplaire de suffrage universel tumultuaire et le spectacle de ses exploits n’ont-ils pas été sans sagement influencer le Gouvernement et le Parlement belges. […] Et ce n’est pas, j’en suis un bon témoin, moi le lecteur empressé et lent et réitératif de l’auteur, sans un très, très méritoire et qui veut et qui doit être glorieux, en particulier, après cet universel moment d’atroce effort vers on ne sait de bonne foi, trop quoi, sans, dis-je, un effort dont il sied de savoir gré à qui de droit, que nous voici à même d’aimer et d’admirer un pareil but si bien atteint.
Ses études sur la Science nouvelle de Vico, recommandables à plus d’un titre, puisqu’il a su donner une forme nette et précise aux conceptions du philosophe napolitain, qui, dans le texte original, sont loin de posséder ce mérite, son Précis d’histoire moderne, analyse rapide et substantielle des trois derniers siècles, semblaient naturellement le préparer à la tâche qu’il vient d’entreprendre ; mais, disons-le franchement, son Introduction à l’histoire universelle, son Histoire de la République romaine, et surtout son Histoire de France depuis l’invasion germanique jusqu’à la mort de Louis XI, sont en contradiction manifeste avec le génie même de la révolution française. […] L’auteur a bien fait de mettre en scène le père Fauveau, car il était nécessaire que l’opinion acceptée comme règle universelle de conduite fût représentée par un esprit tout à la fois honnête et obstiné.
Et nous adorons la pureté, — même quand nous ne la pratiquons guère, — parce que l’impureté nous semble la plus grande ennemie de l’action bienfaisante et désintéressée, parce que nous sentons l’affreux égoïsme des amours charnelles, même de celles qui s’absolvent par leur folie même et par la douleur qui les suit, et enfin parce que c’est en ne donnant son corps à personne qu’on peut donner son âme à tous, et que la chasteté nous semble une des conditions et même une des formes de la charité universelle… Et ainsi, lorsque je songe à Jeanne d’Arc, je la vois comme Dante Rossetti voyait la « demoiselle bénie » : « La demoiselle bénie se penchait en dehors, Appuyée sur la barrière durée du ciel ; Ses yeux étaient plus profonds que l’abîme Des eaux apaisées, au soir ; Elle avait trois lis à la main, Et sept étoiles dans les cheveux… » Je regrette que les vers de M. […] Le savant Prospero a les Esprits à son service ; c’est la traduction concrète de cette vérité profonde : « Savoir, c’est pouvoir. » Il pardonne à ceux qui lui ont fait du mal, et il marie sa fille au fils de son ennemi ; cela signifie que la plus haute sagesse et la plus haute puissance aboutissent à l’indulgence universelle… Ô symboles ! […] D’où la beauté du Légataire universel.
En les réfutant, je courrais le danger de les faire connaître ; j’ai pris le parti plus sage, selon moi, de les traiter comme non avenues ; je n’en ai pas dit le plus petit mot dans mon discours… » (Interruption, applaudissements universels ;) « grande mesure !
. — J’ai décrit ces visions qui précèdent le sommeil, et qu’on peut observer sur soi-même ; en ce cas, on ferme les yeux, on écarte toutes les excitations du dehors, on pacifie tous ses nerfs, et justement, dans cette immobilité universelle de tous les conducteurs qui d’ordinaire mettent l’encéphale en action, nos images faibles et vagues deviennent intenses et nettes ; elles se changent en sensations ; nous rêvons, nous voyons des objets absents.
Nous reconnaissons l’art dans cette puissance créatrice, indifférente et universelle comme la nature, plus libre et plus puissante que la nature, reprenant l’œuvre ébauchée ou défigurée de sa rivale pour corriger ses fautes et effectuer ses conceptions.
Il a, de plus, la rime tragique aussi bien que comique, et il est poëte de la famille d’Eschyle autant qu’il est poëte de la famille de Plaute ou d’Aristophane, c’est-à-dire universel ; par là même, il est poëte plus haut que Molière ; car la vraie poésie monte et descend, elle plane dans sa liberté partout où il lui plaît de s’élever.
Et c’est une succession de phrases transcendantales « que le péché n’est pas, comme on l’a dit bêtement, la copulation, mais la distraction de l’individu de l’harmonie universelle… que le moi, le moi est tout à fait méprisable, vu que c’est une victime de la subjectivité de l’être, en un monde illusoire… qu’il craint d’être empoigné, comme par une pieuvre, par la subtilité des causes occultes… qu’il s’est fait un changement en lui, que les formes littéraires ne sont rien, qu’il donnerait tout ce qu’il a écrit pour une page de Normand… » Enfin il se lève pour prendre congé, me disant qu’il aimerait bien à se retrouver avec moi, là-haut, que ce serait surtout agréable de se rencontrer dans Sirius, la planète à la blancheur incandescente.